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J^^:>.oé

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE

TOME XIV.

ON SOUSCRIT :

A ia librairie orientale de DONDEY-DUPRÉ pèrb et FILS, imprimeurs - libfûres , membres de la Société asiatique de Paris , libraires des Socie'tés asiatiques de Liondres et de Calcutta, rue Richelieu, 47 bis.

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE,

RECUEIL DE MÉMOIRES,

D'EXTRAITS ET DE NOTICES

RELATIFS A l'hISTOIBE, A LA PHILOSOPHIE, ADX LANGUES ET A LA LITTÉRATORE DES PEUPLES ORIENTAUX;

ET AUTRES SAVANTS FRÂNQAU BT ËTHAIIGEIU,

ET PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE

Éf.-'«

PARIS.

A L'IMPRIMERIE ROYALE.

M DCCC XXXIV.

If

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE

JUILLET 1834.

&C*i

NOTICE

Sur les trois poètes arabes Akhtal, Farazdak et Djérir,

par A. Câcssin de Perceval.

(Fin.)

■a tt sa

DJERIR.

Djérir fHs tf Atiyè, fils de Khatfi, jJaiîL (^ iUk^, était sous le règne d*Alî. Sa famHie , les Bènou Kolaïb . était, ainsi que celle de Farazdak, les Bènou Médja- chè, une branche de la grande tribu de Tèmim dont f origine remontait à Modhar. Après la naissance du premier de ses fils^ on joignit à son nom le prénom d'Abou Hazra, '»jj^'^\. On lui donna aussi la quali- fication d'Ei Basry, non pas que Basra fut en effet sa patrie , mais parce qu il séjourna en cette ville plus souvent que partout ailleurs.

6 JOURNAL ASIATIQUE.

Abou Obeida raconte que la mère de Djérir, étant enceinte de iui, eut un songe extraordinaire. Il lui sembla qu elle était accouchée d'une corde de crin noir qui s agitait d'elle-même , s entortillait au col de différentes personnes, et les étranglait. Ce riêve lui causa de {'inquiétude , elle se le fit expliquer et on lui diti « Tu mettras au jour un fiU qui deviendra un poète « plein de malice. Ses vers caustiques et mordants se- « ront le tourment de tous ceux qu'il attaquera. » Lors- qu'elle eut donné naissance au fils qui lui était annoncé, elle l'appela Djérir, parce que ce mot signifie une corde semblable à celle qu'elle avait vue en songe et qui sert à conduire un chameau ^

La première pièce de vers dans laquelle Djérir fit remarquer son talent était adressée à son père. H lui reprochait d'être avare de ses dons envers lui , et lui disait :

« Si je ne suis assuré, près ou loin de toi , d'obtenir «ce que je te demande , je porterai mes pas vprs quel- « que autre contrée, vers la Syrie ou le Yèmen.

«Femme, ramène les chameaux à l'balHtatioft , et « charge-les pour partir de ces lieux,, l'un et l'autre M nous ne pouvons plus demeurer.

M Je nourrisdonc lin espoir trompeur, ô monpère, ((depuis que je me flàtti^ que tes richesses sont aussi « les miennes.

«A quel baudrier attacheras- tu ton glaive quand M tu -t'es privé des forces du fils qui te restait pour le «porter?

* Aghani, 11, fo!. 115. - Ebn Khallican.

y

JUILLET 183^. 7

u Avec quel fer pourrais - tu frapper tes ennemis u quand tu as toi-même ôtë à ta lance ^a pointe ace- « rée?

« Pour moi , pauvre , je n'importune point le riche ; « riche, je partage avec ie pauvre. Si ma demeure ne M me convient pas 9 je suis prompt à la quitter.

« Mon cœur est rempli d audace ; aucun danger ne « m'effraie quand ma main est armée de { epée ^.

l

. M. . .. «M

^^_ II, *' JJ,/^ « l j'j

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^£>j— Jt û,- J< *' ^ yUl 4hî-

. Agkani, n, fol. 101 treiM».

. i

8 JOURNAL ASIATIQUE.

Le prince Yézid^ fils du calife Moawia^ s était ap- proprie ces vers , dont l'auteur n'avait pas encore de réputation^ et les avait également adressés à son père. Lorsque Yézid monta sur le trône^ Djérir vint à sa cour et demanda à être introduit avec les autres poètes qui étaient admis en sa présence. Le chambellan lui répondit : u Le calife ne reçoit que les poètes dont il a connaît déjà les productions et dont il peut ainsi ap- « précier le mérite. Dis-lui , répliqua Djérir, que « c'est moi qui ai composé morceau : Ramène les « chameaux' à l'habitation, etc. » Le chambellan s étant acquitté de ce message, Yézid fit entrer Djérir, f ac- cueillit avec bienveillance et lui dit : « Mon père a « quitté ce monde sans cesser d'être persuadé que « l'étais l'auteur de ces vers. » Ensuite il le fit revêtir d'habits d'honneur, et lui assigna une gratification annuelle, comme il en accordait aux poètes les plus distingués ^

Yézid est le premier calife qui ait pensionné des poètes. Ses successeurs trouvèrent cet usage établi et le conservèrent.

La renommée de Djérir continua de saccroitre sous les règnes suivants et excita la jalousie d'un grand nombre de rivaux qu'il combattit tous avec succès. Akhtal et Farazdak furent les seuls qui lui tinrent tête et lui disputèrent le premier rang.

Raèy el Ebel, Jo^l ^^tj^, poète qui appartenait à

> Aghani,n, fol. 135, 133.

^ Le pasteur de chameaux , snmom donné à Obéfd , fils de Hos- sâîn , (^jvjtt^ t^ 4>ULXj^t p&rce qu'à rimitation des anci«ui poètes

JUILLET 1834. 9

la tribu des Bènou Nomaïr, publiait hautement que Farazdak était supérieur à Djérir. Celui-ci en témoigna plusieurs fois de letonnement à des amis de Raêy, et leur fit entendre qu'il croyait avoir mérité plus de mé- nagement de la part d'un homme dont il avait loué la tribu, tandis que Farazdak avait fait des vers contre elle. Raêy, se trouvant à Basra^ se rendait tous les

jours au lieu nommé Merhad ( *>ojit ), et il se

réunissait avec Farazdak et quelques amis communs. Un jour Djérir sortit à pied de chez lui , dans le des- sein de chercher à rencontrer Raëy, au moment oii il quitterait sa société , et d'avoir une explication avec lui. Raëy parut monté sur une mule, et accompagné de son fils Djendèl, qui le suivait à cheval. Djérir s'approcha, salua Raëy affectueusement, et, mettant une main sur la crinière de sa mule, il lui dit : « Abou « Djendèl, tu es le plus considéré des Arabes de Mo- udhar, tes paroles sont reçues par eux comme des « oracles. publies d'une manière injurieuse pour « moi la supériorité que tu accordes à Farazdak , et ce- « pendant j'ai fait f éloge des Bènou Nomaïr, qui ont « été critiqués par mon rival. Lorsqu'il est ainsi que «< moi l'objet d'une conversation à laquelle tu es pré- « sent , ne pourrais-tu pas dire que nous sommes l'un « et l'autre des poëtes de talent, sans t'attirer, par une n préférence trop marquée, Fanimosité de fun de nous «deux?»

il se plaisait k faire dans toutes ses pièces de vers des descriptions de chameaox. Aghani , IV, fol. 366. «

10 JOURNAL ASIATIQUE.

Tandis que Diërir pariait ainsi , Raéy^ retenant sa mule 9 1 écoutait 9 mais ne répondait rien. Son fils Djendèl, survenant alors, s écria : « Pourquoi t arrétes- u tu auprès de ce chien des Bènou Kolaïb, comme si a tu avais quelque mal à craindre , ou quelque bien à « espérer de lui ? »

En disant ces mots il frappa la croupe de la muie de son père avec un fouet qu'il tenait à la main. La mule s élançant brusquement donna une forte secousse à Djérir, dont le bonnet fut jeté par terre. Raëy , sans lui demander aucune excuse , continua son chemin. Djérir ramassa son bonnet^ iepousseta et^ le remettant sur sa tête, il adressa ces paroles à Djendèl : « Que « dira , ô Djendèl , la tribu de Nomaïr, quand je cou- « vrirai ton père de déshonneur? »

En ce moment il entendit Raëy dire à son fils : « Son bonnet que tu as renversé nous attirera une « fôcheuse affaire. Ce n'est pas, ajouta Djérir, lacci- u dent de mon bonnet qui excite le plus mon indi- « gnation. »

n retourna à sa demeure plein de dépit, et, après avoir récité la prière du soir, il s enferma, dans une chambre il s était fait apporter une lampe et une cruche de vin. Quoique religieux et de mœurs pures, il ne s'interdisait pas cette liqueur, mais il n'en faisait qu'un usage modéré, pour exciter sa verve. Il passa la nuit à composer contre Raëy et sa famille une satire de quatre - vingts vers , qu'il termina par ce trait :

« Baisse les yeux , toi qui fais partie des en&nts de

JUILLET 1834. 11

u Nomaïr ; tu es au-dessous de Kaab , au-dessous de u Kèiab ^ »

Alors, sûr de sa vengeance, il «écria dune voix triomphante : « Allah akbar, Allah akbar! » (Dieu est grand ! ) Lorsque le jour parut , il attendit l'heure à laquelle il savait que Raëy et ses amis avaient cou- tume de se réunir, et quand il jugea qu'il les trouve- rait tous rassemblés,, il parfuma sa tête, monta sur son cheval et se rendit au Merbad, accompagné dun esclave. Il s'approcha de Raêy sans le saluer, et dit à son esclave : « Répète de ma part ces paroles à Raëy : « Ta famille ta envoyé en Irak dans Tespoir que tu en u rapporterais des trésors , mais tu n'en rapporteras a que hpnte et confusion. » Ensuite il se mit à réciter la satire qu'il venait de faire. En lentendant , Faraz- dak et Raëy baissèrent la tête , tous les assistants de- meurèrent muets. Lorsqu'il eut fini , il s'en alla brus- quement.

Raëy, la rage dans le cœur, monta sur sa mule et se hâta de s'éloigner. Arrivé à son logis, il cria à ses compagnons de voyage : u Sellez vos montures , nous « ne pouvons plus rester ici ; D jérir nous a désho- « norés. » Quelqu'un d'entre eux lui répondit : « C'est « toi et ton fils qui nous avez attiré cet affront. » Ils partirent à l'instant et rejoignirent leur tribu qui était à Chouraïf. Quand on y connut l'aventure de Raëy et

' J.—X C (^ ^ Oj h tl oàÀi

Aghani, VLy fol. 190, verao.

12 JOURNAL ASIATIQUE.

de Djendèl , on les accabla tous deux d'injures. Dès ce moment D jér^r poursuivit de ses satires les 3ènou Nomaïr^ en masse ou individuellement^ hommes et femmes, avec un acharnement impitoyable^ et le nom de Raëy el Ebel fut pendant de longues années cité proverbialement dans cette tribu ^ comme un nom funeste *.

. « Je ne me suis repenti qu une seule fois., disait « Djérir, d'avoir attaqué dans mes vers les Bènou No- u maïr. Voici à quefie occasion. J'allais à Damas. En «approchant de cette viile^ je passai par un village « je remarquai une maison charmante. J'y entrai « pour demander Fhospitaiité , et je m'informai quel « en était le maître. L'on me répondit qu'elle appar- ue tenait à un homme de la tribu de Nomaïr. Je me u dis à moi-même : Je suis un bédouin , personne « dans le pays ne connaît ma figure. Dans cette con- a fiance^ je me présentai devant le maître de la mai- « son et je fus aussi embarrassé que surpris quand il « me salua par mon nom. II m'a<^cueillit néanmoins « avec honneur^ et me traita de son mieux pendant i( deux jours sans faire aucune allusion à mes satires. « Dans la matinée du troisième ^, tandis que j'étais «assis auprès de lui, il fit venir sa filie, qui, malgré « son extrême jeunesse , était d'une beauté ravissante. « Sa peau était éclatante de blancheur, son haleine «embaumée, et les plus doux parfums s'exhalaient

^ Aghani, II, fol. 190 verso.

' L^hospitalitë dure ordmairement trois jours. Voyez Hariri, xy* séance , pag. 1 54 , e'dit. de M. de Sacy.

JUILLET 1834. 13

a de toute sa personne. II la pressa contre son cœur (i et la baisa sur le front. Ensuite il me dit : Trouves- « tu quelle ait le visage noir? Je répondis en faisant « i'ëloge de ses charmes^ et je prononçai la formule u d*usage pour détourner d'elle toute maligne in- « fluence *. H ajouta : Te semble-t-il quelle ait une «odeur fétide? De grâce, lui dis-je, épargne-moi. u Tu sais que les poètes se permettent bien des li- u cences. Je t'assure que je suis fâché de ce que j ai « dit. Mais aussi c'est le poëtç de ta tribu, c'est Raèy «qui a été lagresseur à mon égard. J'ai été obligé « de ne rien ménager pour terrasser mon ennemi. « Il n'est point nécessaire de t'excuser, me répondit-il , « je n'ai pour toi que des sentiments d'estime et d'a- u mitié. En effet il me donna des provisions de voyage u et des habits. Je me remis en route comblé de ses « bienfaits et le cœur plein de regrets amers *. »

Aucun poète n'a peut-être été en butte à plus d'at- taques que Djérir. On peut dire que sa vie fut une lutte perpétuelle. Suivant Asmaï, quarante-trois poètes, et, selon d'autres auteurs, un nombre beaucoup plus grand, dirigeaient à la fois leurs efforts contre lui, et étaient battus l'un après l'autre. Tous ceux qui culti- vaient la poésie se faisaient en quelque sorte un point

^ Comme le regard de i'enyîe , le regard de l'admiration et Tex- pression de ce sentiment peuvent , 9eion ies idées des Orientaux , porter malheur à ia personne qui en est l'objet , si Ton ne prévient cet effet en invoquant ie nom de Dieu par une formule , telle que Ma challah, A)iSt Iv* avant de manifester l'impression que l'on éprouve.

« Aghani, II, fol. 139.

14 JOURNAL ASIATIQUE.

d'honneur de s exposer à ses coups, les uns préférant la célébrité fâcheuse que ses épigrammes pouvaient attacher à leurs noms, à {obscurité qui sans cela eût été leur partage ; d'autres r^rdant un trait lancé par lui comme le complément nécessaire d une réputation &ite. Béchar, poète distingué qui a vécu sous les Omeyyades et les Abbassides^, disait : <c J'ai composé u autrefois des vers contre Djérir, il me trouva Jrop « jeune pour daigner me répondre. S'il m'eut répliqué , « ma gloire serait maintenant sans égale. » Zéirek, fils de Hobéïra , appelait Djérir l'hippodrome de la poésie. <i Quiconque n a pas couru sur cet hippodrome , di- « sait-il, n'est point un poëte. Oser se mesurer avec « Djérir et être vaincu par lui est un mérite plus « grand que de vaincre un autre que Djérir. »

Le fameux Hadjadj, fils deYoucef, qui d'une con- dition servile s'était élevé à la plus haute fortune , et joignait à de grands talents pour la guerre beaucoup de goût pour la poésie y avait pour Djérir une estime particulière et recherchait sa société. Un soir qu'ils conversaient ensemble, Hadjadj lui dit en plaisantant ; a Ennemi de Dieu que tu es, pourquoi charges4u o tant de monde de ridicule et d'outrages? Pui^e a le ciel conserver ta vie aux dépens de la mienne !

' MVjJ»4>Ji ^^ fjèù^ {jJk* li ^tait avengle-në, et Ton tVton- Dâît de tnmver dans ses poésies des peintures yrres et frappantes de la nature, dont ii neponvait contemplef le spectaeie. Le calife Mefadi le fit mourir sons le bâton, ponr le pntiir d*one satire qn*ii avait faite contre (ni. Agham, Toltime I, fol. 166, 166. B6n Rhaliican. Chrestomathie arabe de M. de Sacj, yoi. Ilf, pages 590 et 593.

JUILLET 1834. 15

u répondit Djérir, je n'attaque personne ^ mais on m'a^ « taque et je sors vainqueur du combat. » Hadjac^ voulut savoir par quels traits de satire ou par qud mauvais procédé chacun de ses adversaires lavait pro- voqué. Djérir lui cita alors les premiers vers que ses rivaux avaient composés contre lui et les réponses qu'il y avait faites : il raconta aussi les justes sujets de plainte que lui avaient donnés d autres individus dont il s était v«i^é par des épigrammes. L'énumération qu il ftt de ses agresseurs fut si longue qu'elle dura toute la nuit et fut interrompue par l'heure de la prière du matin*. Le calife Abdeimélik ne voulait ni voir ni enten* dre les poètes issus du sang de Modhar, pafce qu'ils étaient en général attachés au parti d'Abdallah, fils de Zobéïr, qui lui avait disputé le califat. II avait suppri- mé les pensions qui leur étaient accordées par ses pré- décesseurs. Djérir se trouvait enveloppé dans cette défaveur^ quoiqu'il n'eût point manifesté d'opposition contre les Omeyyades. Il avait au contraire chanté les victoires de Hadjadj, dont les armes avaient fait triompher leur cause. Mais les vers dans lesquels il célébrait {es succès de ce capitaine, sans en rapporter la gloire au calife, excitaient dans l'esprit d'Abdel- mélik un sentiment de jalousie et de dépit qui aug- mentait sa prévention contre le poëte. Hadjadj entre- prit de la détruire. U envoya à Damas son fils Mo- hammed et le chargea de recommander de sa part au calife Djérir qui l'accompagnait. Arrivé à la cour, Mohammed pria Abdeimélik de recevoir Djérir; il

' Aghani, II, fol. 118.

: 1

16 JOURNAL ASIATIQUE.

essuya d'abord un refus; mais, sans se rebuter^ il représenta que le protégé de son père ne pouvait être soupçonné d'avoir été partisan du fils de Zobéïr. ic Commandeur des croyants, lui dit-il, voulez- vous a que les Arabes racontent à l'avenir que votre servi- tt teur fidèle et votre glaive vengeur, Hadjadj , a sofii- « cité votre intérêt en faveur d'un poète que vous au- c< rez renvoyé sans l'admettre en votre présence ? »> AJxIelmélik, cédant à ces instances, fit introduire Djé- rir. Celui-ci parut aussitôt et demanda ia permission de réciter des vers en f honneur du calife. « ! que «pourrais-tu dire de moi, lui répondit Abdelmélik, tt après les éloges pompeux que tu as donnés à Ha- « djadj? N'est-ce pas toi qui as fait pour lui ce « vers :'

a Quelle main a étouffé ie schisme? Quelle valeur « est comparable à la valeur de Hadjadj ^ï»

tt Sache que ce n'est point à Hadjadj, mais à la re- « ligion musulmane et au calife que Dieu a prêté son u secours. Impertinent que tu es! je devrais te punir a de ton audace. Éloigne-toi de mes yeux à l'instant. »

Trois jours après Mohammed fit une nouvdle tenta- tive auprès d' Abdelmélik. a Commandeur des croyants, « lui dit-il y je me suis acquitté du message de votre c( serviteur Hadjadj , je vous ai transmis sa prière en tt Ëiveur de Djérir. L'accueil que vous avez &it à ce

Aghani,nf foi, t28.

JUILLET 1834. 17

« poëte , les paroles que vous lui avez adressées lont « altéré et Font rendu la fable de ses ennemis. Vous a lui auriez causé une peine moins cruelle en persis- te tant à ne point le recevoir. Je vous conjure par les « services de mon père et les miens de pardonner à a Djérir les fautes qui ont pu mériter votre colère. » Le calife consentit de nouveau à faire introduire Djé- rir, mais il ne voulut pas entendre le panégyrique que celui-ci avait préparé pour lui. « Ne me récite point «d'autres vers, lui dit-il, que ceux que tu as com- a posés à la louange de Hadjadj. Tu es le poëte de « Hadjadj. » Djérir fut obligé de se conformer^à la volonté d'Àbdelmélik , qui le congédia ensuite sans lui faire aucun présent.

Le moment approchait Mohammed devait re- tourner auprès de son père. Djérir lui dit : « Si je pars « sans que le calife ait écouté mes vers en Thonneur « de sa maison et sans qu'il m ait accordé une marque « de bienveillance , ma réputation est perdue à ja- « mais. Je ne veux point quitter la cour avant d'avoir « atteint le but de mon ambition ; va sans moi re- « joindre Hadjadj. w Mohammed résolut de tenter un dernier effort, alla trouver Âbdelmélik, iui baisa la main et le pied et obtint que Djérir parût encore une fois devant lui. Lorsque Djérir demanda au caiife la permission de lui réciter son panégyrique, Ab4el- mélik ne répondit point. « Parle, » dit aussitôt Mo- hammed, interprétant favorablement ce silence. Djérir commença, et quand il fut parvenu à ce vers :

« N'êtes-vous pas les meilleurs de ceux qui montent

XIV. 2

18 JOURNAL ASIATIQUE.

a les chameaux dociles ?£st-i{ dans l'univers des mains « aussi généreuses que les vôtres ' ? »

Abdelméiik Tinterrompit en disant : « Oui , nous « sommes généreux et nous le serons toujours. » De ce moment une expression de plaisir se peignit sur sa figure , il prêta une oreille plus attentive ; il dit à Djé- rir qui finissait : « Voilà comme nous aimons à être « loué. » Ensuite il commanda qu on lui donnât cent chamelles de ia plus belle espèce, a Prince des fidèles^ « dit Djérir, je crains qu'elles ne s'échappent, si elles M n'ont point de gardiens. Je t'accorde huit esclaves tt pour les garder, reprit le calife. Il ne me manque M plus qu'un vase pour les traire, » ajouta Djérir en regardant de grands vases d'or placés devant Abdel- méiik. Celui-ci sourit et lui en jeta un ^.

Depuis lors Djérir fut compté au nombre des poètes de la cour d' Abdelméiik. Une pension de quatre mille dragmes lui fut assignée, et il recevait en outre, cha- que fois qu'il allait rendre ses hommages au calife, des habits d'honneur H divers cadeaux.

II était un jour invité à une fête donnée par Abd- elméiik. Un grand nombre de gens de toutes classes avait été admis à prendre part au festin , qui était des plus splendides. Les convives, étonnés de la recher- che et de la profusion des mets, s'écriaient : « Il est it impossible d'assister à un repas plus copieux et plus

^\j y^ la ^ (jjN Il «-JI i^^Kil^

* Ebn-Khailican , art. Djérir. Aghani, II , foi. 128.

JUILLET 1834. 19

u exquis en même temps. Plus copieux ^ je ie veux •( bien , dit un bédouin qui se trouvait à table ^ mais « pour moi jai mangé quelque chose de plus exquis «que tout cela. » Ces paroles^ dans la bouche d'un homme habitué à ia vie frugale des déserts , exdtèrent une risée générale. Le calife , qui les avait entendues^ fit approcher le bédouin et l'engagea à iui faire con- naître le mets qu'il avait vanté. L'Arabe^ avec une gràôe et une facilité delocutionqui semblent être un privilège accordé par la nature aux habitants du dé- sert, fit le récit d'un repas modeste qu'il avait pris à ia chasse, et qui consistait en dattes et en chair d'onagre. La description en fut si attrayante, qu'elle fit' venir feau à la bouche de tous ceux qui l'écoutaient. Le calife fut charmé de fesprit et du langage de cet homme, et, jugeant qu'il devait être bon connaisseur en poésie ', il lui demanda quels étaient les vers qu'il estimait le plus parmi ceux des poètes contemporains. « La poésie a quatre genres principaux , répondit le « bédouin. Dans le premier, jjAJI , le poète vante sa « tribu et lui-même ; dans le second , ^«^^l' , il chante

^ Les bédouins ont passé longtemps pour posséder la connais- sance de la langue ajrabe et ie génie poétique à un plus haut degré que les Arabes des villes. En littérature et en grammaire , ie té* moignage d'un homme du désert était regardé comme une auto- ' rite égaie à celie des savants qui s*étaient livrés aux études ies pins profondes. Le célèbre Younis, fils de Habib, combattant i*opinion de certaines personnes qui mettaient Akhtai au-dessous de Faraz- dak et de Djérir, déclarait ces juges peu compétents en pareiiie matière parce qu'ils nVtaient ni bédouins ni grammairiens y c*est-à- dire'qu lis ne possédaient ia science du iangage ni comme don de ia nature, ni comme fruit du travail. Aghani, If, foi. 178.

i.

a* 1.

20 JOURNAL ASIATIQUE.

« les louanges des autres ; le troisième est la satire , (( LnJI ; le quatrième est le genre erotique , v^^oumuJ) . u Djérir a dit pour vanter sa tribu :

« C^Iui qui a encouru la colère des enfants de Tè- it mim tremble comme s'il avait à redouter le courroux « du monde entier ^

tt II a composé ce vers à ia louange d'une auguste n famille :

« N etes^vous pas les meilleurs de ceux qui mon- u tent les chameaux dociles? Est-ii dans l'univers des M mains aussi bienfaisantes que les vôtres ?n

u Quel trait de satire est plus piquant que celui-ci ?

il Baisse les yeux y toi qui fais partie des enfants de « Nomaïr, tu es au-dessous de Kaab^ au-dessous même « de Kélab *. »

« A Djérir appartient encore ce vers , qui est un u modèle dans le genre erotique :

c( Ces yeux pleins d'une molle langueur nous ont u oté ia vie, et leur cruauté ne veut point nous la a rendre ^. »

M Aucune composition des poètes de ce siècle n'offre « de semblables beautés. »

Pendant ce discours, Djérir exprimait par sa phy-

* Vojez ie texte de ce vers et du précédent , pag. 11 et 18.

bv S i i^ f,^^ ^ f^ Lute

JUILLET 1834. 21

sionomie et ses gestes sa satisfaction toujours crois- sante chaque fois qu'il entendait citer un de ses vers. Enfin quand il vit qu il obtenait la palme dans tous les genres, il s écria transporte de joie : « Prince des «croyants, faites donner à ce bédouin ma gratifi- « cation annuelle, H en aura une sur mon trésor, a répondit le calife^ et toi Djérir tu garderas la tienne ; M je ne veux pas que tu perdes rien avec moi. » Le bédouin fut comblé de présents par Abdelmélik. Lorsqu'il se retira, il portait de ia main droite un sac de huit mille dragmes , et de la main gauche un énorme paquet de riches habillements ^

Les poètes arabes se piquaient peu de modestie , et Djérir, comme ses deux principaux antagonistes, Âkhtal et Farazdak, se mettait lui-même au-dessus de tous ses contemporains. Un jour qu'il était campé avec sa famille dans le désert, un voyageur auquel il avait donné l'hospitalité lui demanda quel était le meilleur des poètes. Il prit par la main l'étranger et le conduisit vers une tente d'oii sortit à leur approche un vieillard mal vêtu ^ dune figure ignoble , dont la barbe était couverte de gouttes de lait. « Sais-tu quel est ce.vieil- « lard? dit Djérir à son hôte. Je l'ignore. C'est « mon père. Sais- tu ce qu'il faisait dans cette tente ? « Non. Il tétait le pis d'une chèvre qu'il ne vou- « lait point traire, de peur que des voisins, entendant « tomber le lait dans le vase, ne vinssent lui en de- tt mander. Je te dirai maintenant que le meilleur des w poètes est celui qui, avec le désavantage d'avoir un

» Aghani, II, fol. 116, 132 verso.

22 JOURNAL ASIATIQUE.

« père comme celui-ci , a pu disputer de noble$i»e (* contre quatre-vingts rivaux qu'il a tous vaincus ^ n

Dans une circonstance Abdelmëlik avait voulu connaître l'opinion de Djérir sur le mérite de.Tarafa, de Zobéir^ d'AmrouIcaïs, de Zourroummè, de Faraz- dak et d'Âkhtai, Djérir fit successivement Téioge de chacun de cea poètes en termes pompeux. « Tu leur a as donné tant de louanges , dit Abdelmâik, que tu « n'as rien réservé pour toi-même. Si^ prive des « fidèles y répliqua Djérir ; moi , je suis b : cité des « vers '^ la patrie d'où ils sortent et à laquelle ils re- « viennent. Je charme dans la poésie erotique; j écrase « dans la satire; j'immortalise dans le panégyrique. J'ex- u celle dans tous les genres, tandis que les autres poètes « ne brillent chacun que dans un genre particulier ^ »

La question de prééminence entre Djérir, Faraz- dak et Akhtal occupait beaucoup les esprits à cette époque. Cétait surtout entre les deux premiers qu'elle s'agitait, soit parce qu'étant plus jeunes ib avaient

devant eux plus d'avenir et que d'ailleurs la publicité de leur inimitié attirait particulièrement les regards sur eux, soit parce que Akhtal, ne professant point la religion dominante, inspirait un intérêt moins vif et moins général. Ce qui montre combien le goût pour la poésie était commun chez les Arabes , c'est que cette

1 Aghani, II, foi. 135.

' Mahomet disait de même : «Je suis la cite' de la science et Ali en estia porte »;L^L ^3 iuJI iu^Jvj* \i\ . D*Ohsson, t. I, pag. 305.

> Aghani, II, foi. 135.

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question était discutée non-seuiement parmi des gens de lettres, dans le caime du séjour des villes; mais encore parmi des soldats, au milieu des fatigues et des dangers. On rapporte que Mohalleb faisant la guerre dans le Khoraçan aux hérétiques nommés ^za- ^vka y entendit un jour dans son camp un grand tu- multe. II en concevait de l'inquiétude, lorsqu'on vint lui en apprendre la cause. Une contestation s'était élevée entre ses soldats au sujet du mérite comparatif de Djérir et de Farazdak. Ils voulaient prendre leur général pour juge. Ils se présentèrent devant lui et ie prièrent de leur donner son opinion , pour terminer leur (lifférend. « Voulez- vous doiic, leur dit Mohalleb, M m exposer au ressentiment de l'un de ces deux chiens « haineux , qui me déchirerait à belles dents ? Je me tt garderai bien de prononcer contre eux; mais je vous <c indiquerai des juges qui ne redoutent ni Djérir ni « Farazdak. Adressez- vous aux Âzareka ; ce sont des « Arabes qui cultivent la poésie et qui sont excellents « connaisseurs. »

Le lendemain les deux armées étant en présence , on des Azareka, nommé Obéïda el Yechkori, sortit des rangs, et vint provoquer en combat singulier un guerrier des troupes de Mohalleb. Un soldat qui avait été des plus animés dans la discussion de la veilla accepta aussitôt le défi, et s'avançant vers Obéïda, il lui dit : « Je te prie, au nom de Dieu, de répondre à «, une question que je veux te faire avant de nous bat- « tre. Parle, répliqua Obéïda.^ Quel est, continua « le soldat , le meilleur poëte , de Farazdak ou de D je-

24 JOURNAL ASIATIQUE.

a rir ? Que Dieu te confonde ! répondit Obéïda , tu u négliges le Coran et les lois divines pour t'occuper «de poésie? H s est élevé parmi nous une contes- a tation au sujet de ces deux rivaux^ reprit ie soldat, a et nous sommes convenus de vous prendre pour ar- u bitres. bien ^ dit Obéïda , quel est celui qui <c a composé ce vers :

« La fatigue des combats a exténué nos coursiers a dont les âancs sont repliés sur eux-mêmes, comme M les étoffes que le marchand de Hadramaut renferme « dans ses ballots ^. »

« L'auteur de ce vers est Djérir, dit ie soldat. M Oui, répondit Obéïda, et c'est à Djérir quappar- « tient la couronne. »

Dans la nation arabe, si avide de poésie, les indi- vidus de toute classe, hommes et femmes, se faisaient un honneur d'orner leur mémoire de vers sur toutes sortes de sujets et de pouvoir les citer à propos. Aussi les traits les plus saillants des compositions poétiques devenaient populaires en peu de temps. La voie né- cessairement lente des copies manuscrites n'était pas le seul moyen qui leur procurât la publicité dont elles jouissaient du vivant même de leurs auteurs. La con- naissance en était surtout répandue par des gens qua- lifiés de Rawia , ^îJ^Ij, rhapsodes ou récitateurs, qui s'attachaient aux poètes les plus célèbres, apprenaient

Aghani, D, fol. 12^ reno.

JUILLET 1834. 25

leurs vers par cœur et les répétaient en tous lieux ^ L'anecdote suivante présente un de ces rawia comme remplissant, entre deux poètes ennemis , le rôle d'un héraut chargé de porter un défi.

Un certain Abdallah, fils d'Atyè, était récitateur des productions de Farazdak et de Djérir. Un jour Faraz- dak l'appela et lui dit : « Je viens de faire un vers adres- « se à Djérir ; s il peut y riposter, je jure de répudier « Nèwar. Le voici :

^ Quelqaes-uns de ces hommes avaient une me'moire e'tonnante. Hammad, fils de Meîçara, mort en 155 de Fhe'gire, était un yéri* table prodige en ce genre. Sa yaste e'rudition , qui embrassait âon- seulement les poésies , mais les traditions historiques et les généa- logies arabes , la grammaire et la lexicographie , le mettait tout à fait hors ligne. Le calife Walid lui demandant pourquoi on l'ap- pelait Hammad errawia, il répondit : a C'est parce je sais des vers « de tous les poètes dont les noms sont parvenus jusqu'à vous et de « beaucoup d'autres encore. De pins je distingue à l'instant si un fcvers que j'entends pour la première fois est d'un auteur ancien «ou moderne. C'est une grande science, dit Walid, et combien «de vers sais-tu par cœur? Je puis, répliqua Hammad, vous « réciter sur chaque rime formée par une lettre de l'alphabet cent «poèmes, cassidè (non compris des fragments), tirés seulement «des compositions antérieures à l'islamisme. Je yeux te mettre «à répreuve, reprit Walid, commence donc.» Hammad se mit à réciter. Après quelques heures, Walid, fatigué d'écouter, quitta la place, et chargea un de ses officiers de confiance d'entendre le reste et d^ lui en rendre un compte fidèle. Hammad remplit ren- gagement qu'il avait pris, et récita de suite deux mille neuf cents poèmes (\e poème cassidè a rarement moins de vingt vers et plus de cent). Walid lui fit donner cent mille dragmes. Aghani , I, fol. 386. Ce même Hammad fut un jour mandé de Coufa à Damas par le calife Hécham , qui lui envoya cinq cents-pièces d'or pour ses frais de route, et lui fit faire un voyage de douze jours à travers le désert, seulement pour lui demander quel était l'auteur d'un vers qui lui était revenu à la mémoire. Ebn Khallican.

26 JOURNAL ASIATIQUE.

« Je suis la mort qui fond sur toi ; que feras-tu pour « la repousser * ? »

Abdallah, sur Finvitation pressante de Farazdâk^ se rendit auprès de Djérir, à Yèmatna. |l le trouTa dans la cour de sa maison jouant avec du sable. Lors- qu'il lui eut répété le vers de son rival , Djérir cher- cha en vain une réplique. Désespéré, il se roula par terre ^ et répandit de la poussière sur sa tête et sa poi- trine. II passa tout le reste de la journée dans cet état violent. Enfin vers le soir il s'écria : « Victoire! Nè- <( war est répudiée. Va dire de ma part à ce libertin « de Farazdak :

« Moi^ je suis le temps qui triomphe de la mort. « Le temps est éternel; que pourrais-tu comparer à sa « durée ' ? •>

Abdallah retourna auprès de Farazdak. Lorsque celui-ci connut la réponse de Djérir^ il dit à Abdallah : « Je t'en conjure, ne parle point de cette affaire. » Il fit ainsi Taveu de sa défaite^ mais il ne tint pas son serment et ne répudia Nèwar que longtemps après.

A lepoque Bachar, fils de Merwan et frère du calife Abdelmélik^ était gouverneur de G)ufa^ Djérir et Farazdak se rencontrèrent chez lui. Il leur dit : « Il

Agham, IV, fol. 236.

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« y a longtemps que vous vous faites la guerre , tantôt a en disputant de gloire , tantôt en aiguisant Tun contre « Fautre les traits de fa satire. Je ne veux point vous « voir combattre devant moi avec les armes du ridi- « cule et de l'injure; mais que chacun de vous célèbre « en vers improvisés le mérite de sa famille. » Aussitôt îes deux poètes "commencèrent ainsi :

FARAZDAK.

«Nous sommes la bosse du chameau, les autres i< hommes en sont les pieds. Qui pourrait mettre en M parallèle les pieds et la bosse ^ ? »

DJÉRIR.

« La bosse, que vous choisissez pour emblème, est « Tendroit s'appliquent les fesses du cavalier, et le M col est en avant de la bosse ^. »

Fi^RAZDAK.

(( Le col est Tignoble canal des msStières alimen- « taires , et le crâne a la prééminence sur le col ^. »

.:* Il M j_jk (.Lu- J^^,^

;j fis >i t^j % n *^j^^^ }^

58 JOURNAL ASIATIQUE.

DJÉRIR.

u Vous prétendez être le crâne, mais le nez est placé « en avant du crâne ^ »

FARAZDAK.

« bien ! nous sommes la corde passée au nçz « du chameau ; ies autres hommes suivent nos direc- « tions, comme ie chameau suit celles que sa longe « lui imprime *. »

DJÉRIR.

« Nous, nous sommes les Bènou 2^ïd, nous cou- « pons la corde qui guide le chameau , et l'animal erre u à l'aventure , comme un fou qui marche dans les « ténèbres ^. »

« Bravo ! Djérir, s écria Bachar,^ tu as vaincu ton (( adversaire , en coupant la corde et lui faisant perdre

(•U ^t bytlyl^.

^^Js,-JL 'jlX\ 4>JUJ1 -U^t ^j^jsxi

Je crois avoir reproduit dans ma traduction, Fidëe principale renfermée dans ce vefs , mais jVvoue que j)e ne saisis point ie sens du second hémistiche.

^y^ A ^i^i— Jt (jMbJvIs j\m^ (LAJt\jii Aghani, II, fol. 122.

JUILLET 1834. 29

i( le chameau. » II donna ensuite de magnifiques pré- sents aux deux poètes, et accorda, dans son opinion, fa supériorité à Djérir.

Dans une autre circonstance^ Djérir obtint sur Fa- razdak un avantage dun genre différent et qui lui fit plus d'honneur qu'un succès de vanité. Ils s'étaient rendus l'un et l'autre à la Mekke en pèlerinage. Le hasard les rapprocha au m^ieu de la foule des pèle- rins qui se pressaient à Mena , lieu destiné aux sacri- fices solennels. Farazdak, qui avait peu de religion et beaucoup d'orgueil , dit à son rival :

« Tu trouves en moi , dans le séjour même de Me- « na^ un homme fier de sa gloire ; mais toi, apprends- «moi duquel de tes ancêtres tu prétends tirer la « tienne ^? »

Djérir, tout entier à ses pieuses méditations, ne repoussa point cette attaque et dit seulement ces mots : «Je suis devant vous, ô mon Dieu! » On admira sa modération et la dignité de sa réponse.

Djérir nourrissait une ardente inimitié contre Âda ben Rakka , poète qui jouissait de la faveur intime du calife Walid, fils d'Abdelmélik. Lorsque Djérir venait à la /Cour de ce prince , il ne manquait jamais de s'as- seoir, en attendant qu'il fût introduit, auprès de quel- que Arabe du Yémen , patrie d'Ada , et il récitait à son voisin des vers satiriques contre le poète qu'il haïssait

' ^^ (^ Jj\ \ IL ^3^ vil ib

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Aghani, II, foi. 121.

30 JOURNAL ASIATIQUE.

et contre toute sa tribu. Il se trouvait un soir dans le palais avec un grand nombre de personnes qui attendaient la permission du calife pour se présenter devant lui. Walid ayant donné Tordre de les faire entrer, Djérir laissa passer la foule , et quand tout le monde se fut mis en place et assis sur deux rangs ^ à droite et à gauche, il s'avança seul au milieu de la saOe, fit un salut respectueux au calife et lui dit : « Le commandeur des croyants me permet-il d'adres- u ser h Ebn Rakka quelques vers détachés ou quelque «tirade de longue haleine? J'aurais plutôt envie, «répondit Walid, de te faire seller et brider, et de « t obliger à porter Ada sur ton dos. » Djérir, sans se déconcerter, répliqua :

« Si vous me défendez de l'attaquer, je me soumets «à votre volonté; sans cela il verrait comment je sais « lapider un adversaire ^ »

« Veuille le ciel , reprit Walid , qu'il n'y ait pas « sur la terre beaucoup d'hommes qui te ressemblent! « —Commandeur des croyants, dit Djérir, moi seul u j'ai déchiré l'Arabie. Si nous étions beaucoup de sa-r « tiriques de même force , nous dévorerions le monde « entier. »

Aghani, II, foL 131.

Le mot iUây^, lurvi de J , me paraît être employé ici dans le sens de J^ i^^§ 4^3^' comme dans l'expression ^ ^j f iLjib

JUILLET 1834, 31

Le calife fut étonné de cette audace ; elle était en effet d'autant plus remarquable , que Djérir avait éprouvé la sévérité de Walid, avant son avènement au trône.

Parmi les ennemis nombreux de Djérir était un poëte nommé Omar, fils de Lédja , de la tribu de Téïm. Us avaient composé f un contre fautre des satires violentes , dans lesquelles chacun d'eux s'était permis les attaques les' plus injurieuses contre ies femmes de la famille de son adversaire. Tous deux se trouvant à Médine lorsque Waiid en était gouverneur, ce prince, pour les punir d'avoir outragé des femmes, les avait fait attacher et garrotter ensemble et exposer ainsi sur une place publique, ils avaient servi pen- dant quelque temps de risée à la populace ^ <

Il est vrai que, suivant un autre récit, ce fut Omar, fils d* Abdelaziz et non Walid , qui infligea à Djérir ce châtiment humiliant, nommé o^UK iut»!. Mai^ l'ac- cueil bienveillant qu'Omar, parvenu au califat , fit à Djérir, paraît rendre cette version moins probable.

Les poètes pensionnés par les prédécesseurs de ce calife étaient venus pour lui faire leur cour et le félici- ter sur son élévation au rang suprême. De ce nombre étaient Djérir et Farazdak. Omar, bien différent des premiers Omeyyades, qui aimaient la magnificence et l'éclat , avait porté sur le trône la modestie et la simplicité d'un particulier. Il voulait supprimer toutes les dépenses superflues dont le luxe des derniers ca- lifçs avait grevé le peuple, et parmi ces dépenses il

^ Aghani, II, foi. 129 vers, et 132.

32 JOURNAL ASIATIQUE.

comptait le traitement accordé aux poètes. Il refusa donc de les recevoir. Tandis qu'ils étaient dans Fanti- chambre, un docteur de la loi se présenta pour en- trer chez le calife. Djérir lui adressa ces deux vers :

« Docteur, qui laisses flotter les deux bouts de ton « turban y le bon temps est arrivé pour toi , et pour u moi il est passé.

« Dis à notre calife , si tu as l'honneur de l'appro- « cher, que je suis ici à la porte, comme enchaîné avec M mes compagnons d'infortune ^ »

Le docteur entra et demanda à Omar la permis- sion d'introduire Djérir. Le calife y consentit. Djérir parut et récita une pièce de vers qui commençait ainsi :

u Quand ie ciel nous refuse ses pluies bienfaisantes u nous demandons au calife les secours que nous at- « tendions du ciel. »

» Omar était digne de la grandeur et de puissance « dont il est revêtu, comme Moyse de la haute mis- <( sion que lui confia son Seigneur ^. »

i^ #> ^ « Ov5 Jl wibUj \S^

JUIULET 1834. 33

Le poète faisait ensuite le tabieau de la misère qui affligeait tine partie des musulmans et de l'espoir que tous les malheureux mettaient dans la générosité et l'humanité du calife.

«L'habitant des villes, disait-il^ et l'habitant des « déserts ; également pressés par le besoin , ne peuvent ce mutuellement s'entr'aider.

« Combien de veuves errent dans les iieux publics V les cheveux épars ! Des orphelins à la voix faibie et i( aux yeux languissants

«Vous invoquent éperdus, comme si {'obsession «d'un génie malfaisant ou la violence des hommes « leur avait fait perdre la raison.

« Ils pensent que vous leur tiendrez lieu de père ; « ils sont comme de petits ofseaux abandonnés dans « le nid , et qui n'ont point la force de voler *. »

Omar fut attendri au point de verser des larmes.

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XIV. 3

« t.

34 JOURNAL ASIATIQUE.

tt Fils de Khatfi , dit-il à Djérir, si tu appartiens aux u familles de ceux qui ont accompagné ie Prophète « dans sa fuite de la Mekke ( ^j^^r^^^ ) 9 ou de ceux « qui l'ont accueilli à Médine et se sont déclarés ses u auxiliaires ( jUa>^l ) , tu as droit de réclamer les u avantages qui leur sont accordés. Si tu es pauvre , « je t'assignerai des secours sur la caisse de charité. Si u tu es voyageur, je te ferai donner des provisions et «des frais de route, et Ton te changera ta monture, « dans le cas la tienne ne pourrait plus te porter. « Commandeur des croyants , répondit D jérir, je « ne suis rien de tout cela , je jouis d une honorable « aisance dans ma tribu; mais je viens vous demander u une faveur à laquelle m ont accoutumé les califes vos u prédécesseurs. Cest une pension de quatre miile « dragmes , sans compter les habits d'honneur et les u divers présents dont ils étaient dans l'usage de me «gratifier. Dieu qui juge les actions des hommes, « reprit le calife, rendra à chacun selon ses œuvres. « Pour moi , je ne te reconnais aucun titre pour tou- «cher cette somme sur le trésor public, qui est ia « propriété de Dieu et^ des pauvres , et dont f emploi « doit être réglé par une sévère justice. Au surplus at- « tends que je fasse les distributions. Lorsque j'aurai « remis à chacun ce qui lui est légitimement du et « pris de quoi faire subsister ma famille et moi-même

JUILLET 1834. 36

«pendant une année ^ alors s H reste quelque chose , « je te le donnerai. Non , répliqua Djérir, mettez-le « plutôt en réserve, pour l'employer plus utilement; « je ne m'en irai pas moins content. A la bonne « heure, dit le calife , j'aime encore mieux cela.» Djérir se retira.

A peine était- il hors de lappartement qu'Omar le fit rappeler et lui dit : « J'ai à moi* quarante dinars « et deux habillements , dont je porte l'un quand je M Élis laver l'autre. Je t'offre de partager avec toi , et «cependant Dieu sait que j'ai moi-même plus besoin « que toi des vingt dinars et de l'habit que je te pro- « pose. Gardez ces dons, commandeur des croyants, « répondit Djérir. Je vous assure que je suis content. « En les acceptant , ajouta Omar, je t'avoue que tu « m'aurais occasionné de la gêne. Ton désintéresse- (i ment me fait encore plus de plaisir que les louanges «dont tu m'as comblé! Va, et que la bénédiction de « Dieu t'accompagne. »

Quand Djérir fut sorti, les autres poètes, qui f at- tendaient avec anxiété, lui demandèrent comment le calife l'avait traité. « Omar, leur dit Djérir, est l'ami « des pauvres et non l'ami des poètes. Mais pour moi , a je suis content de lui. » Aussitôt il monta sur son chameau et partit. Lorsqu'il eut rejoint sa tribu, on le questionna encore sur l'accueil qu'il avait reçu du calife. Il répondit par ces deux vers :

« Vous avez à Damas un ami qui vous est attaché « par des liens forts et indissolubles.

« La magie des vers n'a point de prise sur lui , et

« 3.

36 JOURNAL ASIATIQUE.

M pourtant le démon qui m'inspire est un puissant N magicien ^ »

Djérir étant à Yémama chez Mohadjir^ fils d'Abd- allah 9 apprit la mort de Farazdak. A cette nouvelle il improvisa ce vers :

u Farazdak est mort honteusement mutilé par mes « coups : n eût-il pas mieux valu pour lui vivre moins «longtemps*? »

Mohadjir lui dit : « Ce vers ne te fait point honneur. M Peux-tu bien insulter encore un homme qui n'existe M plus^ et dont la famille était ailiée de la tienne? Au M lieu d'une épigramme , c'était une élégie que tu au- « rais faire. Des regrets et des éloges donnés par ta M bouche à ton rival t'auraient mérité le titre du plus ff généreux comme du meilleur poète des Arabes. « J'ai eu tort, répondit Djérir, je te conjure de cacher N sous le voile du secret la faute que j'ai commise et «que je vais effacer, n En effet il composa à f instant même en Fhonneur de Farazdak une él^ie funèbre, dans laquelle étaient ces deux vers :

Agktmi, n, fol. 1S4.

JUILLET 1834. 37

« Farazdak n'est plus ! qu'après lui les femmes ne M donnent point le jour à une génération nouvelle.

« Sa tribu avait en lui un mandataire habile et « heureux, toujours empressé, dans les circonstances « difficiles, à réparer les fautes des autres ^ »

En achevant de réciter ces vers, Djérir répandit des pleurs et dit: «Je sais que je ne survivrai pas M longtemps à mon rival ; car nous étions Fun et f au- « tre sous l'influence du même astre ^. Deux amis ou M deux ennemis dont les destinées sont unies comme «fêtaient les nôtres doivent se suivre de près au M tombeau. »

Djérir mourut en effet six mois après Farazdak, âgé de plus de quatre-vingts ans. II fut enterré à Yé- ' mama, qui était, je crois, le lieu de sa naissance.

L année de la mort de Djérir fut aussi marquée par le décès de deux célèbres docteurs, Hassan el Basry et Ebn Syrin ^. La mémoire de Fun et de l'autre de ces hommes pieux est encore en grande vénération

Aghani , Vf y fol. 242.

« Jtx^l^ \JL^' yl^»- Aghani, toï. II, foi. 133, et vôI. IV, fol. 949. Le même trait est rapporté dans fe commentaire de ^. de Sacy sar les Mécamat de Hariri , pag. 459.

' Voyez sur ces deux personnages le Hariri de M. de Sacy, p. 451 , (sëance xl) , et pag. 588 (séance l).

38 JOURNAL ASIATIQUE.

parmi les Arabes, qui ies regardent comme des saints, et leurs tombeaux , que l'on voit dans Tancienne Basra , attirent les hommages et les respects de toute la po- pulation dû pays ^ Le mérite des deux poètes n*a pu au contraire les préserver de Ibubli. Leur nation a perdu avec le goût des lettres le souvenir de la plu- part des antiques illustrations purement littéraires , et les noms de Farazdak et de Djérir sont ignorés au- jourd'hui dans les mêmes lieux oii ils ont fait tant de bruit autrefois.

Les anciens critiques qui ont mis en parallèle Fa- razdak et Djérir trouvaient dans te style du premier plus de pompe et pluà d'art ^ dans celui du second plus d'aisance et de naturel. « Les vers de Djérir, di- te sent-ils^ faisaient sur tes auditeurs une impression a plus vive , et étaient plus populaires. » Un jour Djé- rir demandant à un iiomme érudit quel était le meil- leur poète de hii ou de Farazdak , « Tu es le meilleur « aux yeux du vulgaire , répondit celui qu'il interro- ugewiit, mais aux yeux du monde savant Farazdak a « la supériorité. Victoire! s écria Djérir. Par le maî- « tre de la Caaba ! mon partage est le plus avantageux, « car sur cent personnes il n'y a pas un savant *. »

Les partisans de Djérir ajoutaient que ses poésies erotiques avaient plus de grâce et de délicatesse, et qu'il a réussi dans différents genres que Farazdak n'a pas traités avec un égal succès. Tel est celui de l'élé- gie funèbre. A la mort de Nèwar, cousine et ancienne

' Niebvhr, Il , pag. 181,189. * Aghani, II, fol. 131.

JUILLET 1834.

épouse de Farazdak , on récita sur sa toinbe des vers de Dférir*

L'opinion des contemporains sur les trois poëtes auxquels j ai consacré cette notice parait se résumer dans le jugement suivant. Lon y apprécie le mérite de ces rivaux en les comparant à des chevaux de course qui ont souvent lutté ensemble. Akhtal, di- sait-on, est toujours arrivé au but le premier ou ie dernier; Farazdak toujours ie second; Djérir tantôt le premier, tantôt le dernier et quelquefois le second ex œquo avec Farazdak ^

COUP D'OËIL HISTORIQUE

Sur Us peuples et la iitteVature de TOrient, par M. le pro- fesseur Neumann , à Munich.

I/arrivée des Turcs en Europe et l'anéantissement de Tempire byzantin contribuèrent essentiellement à répandre les arts et les sciences de la Grèce dans l'Oc- cident. Les hommes les plus distingués et les plus sa- vants de la nation grecque émigrèrent , et , dépouillés de toute autre ressource, furent souvent obligés, pour se procurer les moyens d'exister, d'avoir recours à leur savoir, que dédaignaient leurs maîtres barbares e\ qui déifiait leur avidité. On pourrait conjecturer que ^ f émigration d'une nation asiatique en Europe aurait pu produire un résultat aussi efficace et aussi ^lutaire

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pour Fextension et la connaissance de la littérature asiatique que celui qu'on devait à la fuite des grands personnages byzantins prives de leurs foyers, dans les pays de l'Occident; mais ce n'était nullement le cas. Les vastes conquêtes que les Turcs avaient faites dans le quinzième siècle , et ieur attitude menaçant de dan- gers toute la chrétienté pendant ie seizième, allu- mèrent une telle inimitié entre les sectateurs des deux religions, les musulmans et les chrétiens, que toute liaison entre l'Orient et l'Occident fut presque rendue impossible. La ruine des royaumes arabes en Espagne ne causa pas un moindre préjudice aux études orien- tales dans rOccident. Suivant une remarque judicieuse de Raynal, les découvertes des Portugais et la navi- gation autour du cap de Bonne-Espérance ont délivré le commerce du monde de l'esclavage honteux qui lui était présagé de la part des Turcs au commencement du seizième siècle, car ceux-ci avaient conquis tous les pays par lesquels avaient passé jusqu'alors ies routes du commerce avec l'Inde. Si le chemin autour de l'Afrique n'eût pas été trouvé, toute l'Europe aurait été dépendante des caprices ou de la politique de la cour ottomane, pour ses relations intellectuelles de même que pour toutes les autres, avec l'Asie. Afin que cela n'arrivât pas, la Providence ouvrit à findus- trie, à l'esprit de recherches et au zèle religieux des peuples chrétiens, des chemins précédemment in- connus.

Avant les conquêtes des Turcs en Syrie, en Asie- Mineure et en Crimée, l'Europe avait, par le moyen

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de f activité des républiques italiennes , de nombreuses communications avec l'Asie; quoiqu'elles ii'eussent que le commerce pour objet, elles avaient cependant procuré diverses notions sur des choses du domaine de Tinteiligence. Les Arabes y qui régnaient sur la pé- ninsule pyrénéenne, ne contribuèrent pas peu à étendre la langue, la littérature et les connaissances de leur nation : celle-ci était redevable des dernières aux Grecs, parmi les peuples chrétiens de l'Europe. Tous ces ca- naux de communication entre l'Orient et l'Occident, entre la culture orientale et la barbarie occidentale, furent plus que remplacés par la nouvelle route entre l'Asie et TEurope à travers TjOcéan atlantique et la mer des Indes. L'esprit d'entreprise des Européens, hardi, et qui, nous devons malheureusement l'avouer, ne connaissait les limites de la justice que dans celles de la violence, ne se contenta pas, dans le cours des seizième et dix-septième siècles de faire le commerce des productions de l'Orient , mais il tenta aussi la con- quête des pays qui fournissaient ces productions pré- cieuses. Ces efforts furent généralement couronnés de succès. Quoique le marchand qui exerçait la domina- tion s'occupât fort peu d'observer l'état intellectuel des peuples qui lui obéissaient, il fut accompagné d'hommes qui consacrèrent tous leurs travaux à cette étude et à celle de divers autres objets.

Parmi ces hommes, les missionnaires tiennent le premier rang : ils furent et sont encore aujourd'hui, dans beaucoup de pays, au milieu de la foule de cor- saires, de charlatans, d'aventuriers et de marchands

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n ayant ^ue le gain en vue , les seuls personnages qui en Asie fassent honneur au caractère européen. C'est clément à eux que la science est redevable de ia plupart des choses qu'elle sait sur l'Orient. Les mis- sionnaires catholiques^ et notamment les hommes doctes de l'ordre des jésuites , apprirent les premiers les langues des indigènes , écrivirent des grammaires et des dictionnaires^ traduisirent des ouvrages euro- péens dans les idiomes de l'Asie, et les ouvrages les plus remarquables des littératures asiatiques dans les langues de l'Orient. Le collège de la Propagande^ fondé à Rome pour l'instruction des missionnaires, fut extrêmement utile à l'étude des langues orientales en Europe. On y imprima des grammaires et des dic- tionnaires de la plupart des idiomes de l'Orient, et il ne sera pas hors de propos de remarquer ici qu'à Rome on fut obligé de faire venir d'Allemagne un fondeur de caractères pour cet établissement.

De même que les missionnaires catholiques avaient par leur zèle religieux favorisé la connaissance des langues et des littératures de l'Asie ^ de même aussi les théologiens et les savants protestants ne rendirent pas un moindre service à la science par une étude afp- profondie de ia Bible. On ne remonta pas seulement à la langue originale dans laquelle l'Ancien Testament est écrit, mais on comprit aussi dans le cercle de l'exé- gèse tous les idiomes ayant de l'aiBnité avec Fhébreu. Ainsi les théologiens doctes et les professeurs d'hé-* breu dirigèrent de bonne heure leur attention vers les langues qui, telles que le syriaque et l'arabe, se

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rapprochent beaucoup de f hébreu. Ce fut, quoique cela parût dans le fond peu important, un grand pas; car par fut ouverte aux langues orientales la voie par laquelle elles purent se frayer une route et mar- cher de pair avec les autres sciences, objet des études européennes.

Le dix-septième et le dix-huitième siècle produi- sirent des hommes qui acquirent des connaissances extraordinaires dans les langues et les littératures de rOrient, et surent développer avec génie ce qu'ils avaient appris. L'Orient put aussi se réjouir de comp- ter parmi ses protecteurs de grands personnages et des rois, qui fondèrent des imprimeries pour les diverses langues asiatiques et firent imprimer des ouvrages magnifiques. Mais tout cela ne produisait pas de fruit. Le grand monde se sentait fort peu de goût pour s'intéresser à une culture étrangère, opposée à la civi- lisation européenne et au christianisme. Les savants même étaient subjugués par leur étude continuelle des Grecs et des Romains, et, pleins de leur Héro- dote, de leur Platon et de leur Pline, ne pouvaient supposer que barbarie chez les Perses, les Indiens et les Sères. On considérait tous les peuples et tous les temps d'après le point de vue rétréci de la science moderne. Tout ce qui ne se rattachait pas aux idées alors en vogue était déclaré grossier et barbare. Par conséquent cette période était peu propre à favoriser en Europe f étu^e des langues orientales et à répandre une connaissance approfondie et impartiale des litté- ratures asiatiques^

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Vers la fin de ce siècle^ on cominence à remarquer un changement. Les grands événements politiques qui ébranlèrent tout le système des états européens et l'anéantirent en grande partie firent rétrograder sur plusieurs points ia marche des idées et ies opi- nions des penseurs. Ce n'est pas seulement dans le monde poh tique, cest aussi dans le domaine de l'intel- ligence, que la révolution française fait époque. On fut déçu dans ses espérances sur les bienfaits que la nouvelle doctrine mise en pratique devait préparer à f homme y et l'on s'occupa de nouveau de Tétude de peuples et de siècles disparus, que l'on avait précé- demment rebutée et méprisée. Les recherches sur le moyen âge et l'Orient se prêtèrent mutuellement leur secours, et, par un résultat auquel on ne songeait guère, se rencontrèrent au but. Le genre humain s'est avancé, comme le soleil, de Test à l'ouest. Dans l'état actuel de la science , ce n'est plus une hypothèse, un système que l'on puisse à sa fantaisie combattre ou adopter; c'est un fait. Les langues grecque et latine sont sœurs de la langue sainte des Indiens, et le goth est un dialecte du perse.

Aujourd'hui l'Asie, à l'exception des empires chi- nois et japonais, et de quelques peuplades et tribus peu civilisées, est soumise à la domination européenne ou se ressent plus ou moins de l'influence des Euro- péens. Au nord, à l'ouest, et jusqu'aux extrémités les plus reculées dans l'est, k Russie étend sa main puis- sante sur cette partie du monde; au sud et à l'est ^ règne la Grande-Bretagne. Encore un siècle, et ces

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deux puissances se livreront ^ pour la souveraineté de {'Asie, des guerres sanglantes^ comme firent autrefois les Romains et les Parthes. Mais la science marche toujours derrière Tarmëe di^ conquérant de même que derrière le navire du marchand. Elle cherche à com- prendre f impulsion qui, chez tous deux, est l'effet d une sorte d'instinct, à connaître et à détenniner ies choses et les peuples dont ils s'emparent. Les con- quêtes gigantesques faites en Asie par les Européens depuis cinquante ans ont fait faire des pas extraordi- naires à la connaissance de cette partie du monde. On ne se contenta plus des parcelles peu nombreuses que ies indigènes consentaient à communiquer aux amis des sciences, ou que les voyageurs recueillaient occasion*- nellement. Les nouveaux maîtres fondèrent, dans les contrées qu'ils avaient acquises l'épée à la main , des écoles, des académies et des sociétés savantes. On établit des imprimeries, on publia des écrits pério- diques, et on obtint des savants indigènes pauvres, pour des sommes comparativement minces, ies ou- vrages sacrés, et, ce qui est plus encore, l'instruction dans les langues dans lesquelles ils sont composés.

Toutes ces causes réunies produisirent en Europe, dans les vingt-cinq premières années du dix-neuvième siècle, un mouvement, parti de l'Angleterre, pouria connaissance de l'Asie, mouvement qui fut presque comparable aux résultats de l'expédition d'Alexandre le Grand. La fondation d'une société savante a Cal- cutta donna un choc qui fit mouvoir tout le domaine de la science et se propagea en agrandissant sans cesse

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le cercle de son action. Des sociétés du même genre se formèrent à Madras et à Bombay. Au bout d'une courte période, ia société britannique des Indes orien- tales saperçut que pour gouverner les peuples qu'elle avak soumis elle devait apprendre à les connaître. En conséquence elle prot^ca avec ardeur toutes les en- treprises savantes qui avaient cet objet pour but. Des travaux dirigés dans le même esprit ^ mais dictés par un sentiment d'un ordre plus élevé, furent ceux des sociétés bibliques , qui , par leurs traductions de l'É- criture sainte dans la plupart des idiomes de l'Asie , portèrent des secours considérables à l'étude des lan- gues. La connaissance de l'Asie reçut aussi de l'aide de la Russie, cependant à un moindre degré. Le gou- vernement fit entreprendre à ses frais des voyages dans toutes les provinces asiatiques de l'empire , com- poser des vocabulaires comparatifs, et appela dans le pays des hommes qui s'étaient acquis de la renommée dans les langues et la littérature de l'Orient. La France tenta par des recherches savantes de remplacer l'in- fluence qu'elle avait perdue en Asie, et à la regagner en quelque sorte de cette manière. L'école spédale des langues orientales est redevable de son établisse- ment à des vues plutôt politiques que scientifiques. Paris a offert et offre encore j pour les études asia- tiques , des avantages que l'on ne trouve dans aucune autre ville du monde. On y voit les plus riches et les plus précieuses collections de manuscrits, et l'imprimerie royale a des types pour toutes les langues et pour tous les alphabets usités. Elle possède même une quantité

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suffisante de caractères chinois pour imprimer des ou- vrages d'une grande étendue. L'Allemagne est par sa position méditerranëe exclue de communications im- médiates et directes avec T Asie : il reste à ses savants à trier et à mettre en œuvre les matériaux que les maîtres occidentaux de TOrient ont découverts etiait connaître^ et ils s occupent de cette tâche avec talent, zèle et persévérance.

Voilà comme la science orientale s'est affranchie de l'esclavage dans lequel elle a langui pendant trois siècles: elle n'est plus une servante de l'exégèse, elle est dans toute la force de l'âge , et si pleine de force vitale , que la plupart des branches des sciences et des recherches auxquelles se livrent les hommes, notam- ment la philosophie, l'histoire et la géographie, lui doivent des preuves nouvelles et des faits nouveaux. La science a fait des pas en avant et les institutions savantes sont restées en arrière. La république germa- nique des lettres peut montrer des hommes qui sont destinés à remplacer les anciens corps savants dans la connaissance des langues et des littératures de l'Asie.

Dans les traités élémentaires et les manuels on cherche encore inutilement le résultat des recherches immenses et des nombreuses découvertes faites dans le domaine de la linguistique et de l'ethnographie de TAsie. On partage cette partie du monde, de même que l'Europe, en une certaine, quantité d'empires, sans prendre en considération les peuples et les tribus de la réunion desquels ces empires se sont formés en un tout politique. Dans quelle géographie a-t-on traité

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de la culture spéciale et de la forme de gouvernement des pays qui sont soumis aux Mandchous , domina- teurs de la Chine y ou leur payent tribut ? Les Ton- gouses^ les Mongols des tribus turques^ les Tubëtains, et d'autres peuples autochthones de Tintërieur du con- tinent^ de même que les royaumes de Corée ^ de Cochinchine et des îles Lieou-khieou , forment des dépendances du gigantesque état politique nommé empire chinois. Afin de décomposer les divers élé- ments de cet ensemble accidentel^ on a fait plu- sieurs fois la tentative^ dans ces derniers temps ^ de ranger les peuples et les tribus de l'Asie d'après les langues et les dialectes. Cette manière de procéder est suffisante tant que Ion n'a en vue qu'une simple classi- fication des peuples^ des tribus et des hordes , pour laquelle lorigine et la langue fournissent les seules preuves sûres; mais ces mêmes éléments ne suffisent nullement aussitôt qu'il s'agit de culture littéraire et de culture intellectuelle en général. La parole distingue rhomme des animaux; la religion et l'instruction sé- parent l'homme policé des sauvages et des barbares. Les habitants de la Nouvelle-Zélande et les Papous sont aussi intéressants pour le philologue que les Indiens et les Persans ; et cependant les deux premiers peuples ont jusqu'à présent été entièrement exclus de l'histoire de la culture intellectuelle de l'homme. Dans un ouvrage sur cette matière importante , la division par empires et par langues ne serait pas regardée comme convenable. Si récrivain qui traite de la géographie physique di- vise notre planète d'après le cours des chaînes de

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montagnes 9 en grandes masses, en vallées et en pla- teaux qui y exposés à des influences semblables^ oflfrent des phénomènes semblables , l'auteur qui s'occupe de décrire Tesprit humain doit, de son côté, chercher les éléments qui lui impriment un caractère particu- lier et le poussent dans une direction qui le distingue des autres. Ces éléments sont la religion et le gouver- nement. Cest d'eux que dépend la culture intellec- tuelle. Ils sont les bases et les pierres angulaires de la civilisation ; ce sont les leviers de chaque système de culture.

On trouve aujourd'hui en Asie, en allant de lest à louest, quatre grands systèmes de culture intellec- tuelle; savoir: le chinois, f indien, le musulman, le chrétien. Les Parses et les Juifs, qui vivent épars dans* plusieurs contrées de l'Asie, ne composent que les restes de cultures et de religions autrefois dominantes. En conséquence , nous décrirons dans quatre articles les peuples et les tribus de f Asie , classés d'après les quatre différents systèmes de culture. Nous expose- . rons sommairement à ce sujet les recherches les plus récentes des Européens sur f Asie et leurs résultats , et, autant que ce sera possible, les progrès littéraires des peuples asiatiques indigènes, et nous en pren- drons occasion de rectifier beaucoup d'erreurs en vogue et de notions fausses.

SYSTÈME DE CULTURE CmNOIS.

Lorsque les eaux se furent écoulées , le genre hu- main descendit des hautes montagnes dans les contrées

XIV. 4

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basses, et des chaînes des monts du nord et du milieu de TAsie, la culture se répandit graduellement dans {es plaines du sud. Cest ce que nous apprend le com- mencement des histoiiens de la Chine et de llnde*

Le pius ancien souverain du peuple chinois^ que les savants les plus circonspects sont obligés de recon- naître pour un personnage historique , tenait sa coar dans un des cantons du nord-ouest de f empire actuel. Yao , dont la première année de r^ne coïncide avec lan 2357 avant notre ère, résidait à Phing<>yang-fou , situé par 36° 6' de latitude nord et V 55' 30" delœi- gitude à louest de Péking , dans le gouvernement de Chansi; sa domination ne s étendait que sur neuf des gouvernements du présent empire. Tout le sud et le sud-ouest, et même plusieurs cantons des gouver- nements qui lui étaient soumis , étaient à cette époque habités par des peuples barbares dont lorigine ré- monte au delà des temps historiques, et qui obéissaient à des chefs indigènes. Familiariser ces barbares avec ia civilisation chinoise, les soumettre aux lois» aux règlements et aux usages de l'empire du milieu , fut l'occupation constante de Yao et de ses successeurs. Conformément aux maximes anciennes de la politique chinoise, il est du devoir du souverain du royaume du milieu de répandre de toutes parts la culture et la civilisation parmi les barbares, et par ce moyen, suivant l'expression des écrivains chinois, de les renou- veler. Une civilisation étrangère contraire aux lois et aux règlements du royaume du milieu est^ dans f o- pinion des Chinois, impossible. En effet, la civilisation

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ne consiste-t-elle pas à reconnaître f excellence des lois et des mœurs chinoises et à se conformer impli- citement à la volonté du dominateur de lempire ou du fiis du ciel? Mais les peuplades subjuguées ou les barbares des pays chinois dédaignèrent une civifeation qui leur arrivait accompagnée de la servitude ; ils se défendirent longtemps et courageusement, jusqu'à ce qu'enfin ils ployassent leur tête farouche sous les règle- ments moraux de Yao et de ses successeurs, règlements qui unissaient et aplanissaient tout. Ce ne fut guère que dans le second siècle avant notre ère que, à Pex- ception de quelques cantons, la domination de l'em- pereur de la Chine fut reconnue dans les dix-huit gouvernements qui composent aujourd'hui l'empire. Alors les lois et les usages du. nord et de l'ouest ré- gnèrent aussi dans le sud : toutefois, dans quelques parties, par exemple dans le Yun-nan, ce ne fut pas pour longtemps.

La culture de Yao et de Chun a , dans la suite des siècles, tellement émoussé les traits caractéristiques et saillants des différentes provinces de la Chine, que les éléments disparates se sont heureusement confon- dus dans un ensemble, et que les dissemblances ori- ginelles sont à peine perceptibles. La Chine proprement dite est maintenant habitée par un peuple parlant la même langue. Il y a , comme on peut aisément se le 6gurar, plusieurs dialectes dans un aussi grand em- pire; quelques uns diffèrent autant de la langue polie en usage, ou kouari'houa du royaume du milieu , que le hoibndais et le plat-allemand du haut-allemand.

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Mais^ à Texception de tribus tubétaines, dan^ le gou- vernement de Szu-tchhouan , on na trouvé, dansau^^ cun des dix-huit qui composent l'empire, une seule peuplade indigène qui ne parlât pas le chinois. On lit à ia vérité , dans une description des peuplades autoch* tliones du gouvernement de Koueï-tcheou , dont nous nous proposons de donner bientôt une traduction complète, que plusieurs d'entre elles ne comprennent pas le chinois. Cela ne veut probablement pas dire autre chose , sinon que les Miao-tsu , ainsi se nomme celte peuplade autochthone, n*ont aucune connaissance de la langue écrite et formée en usage dans le royaume du milieu. La culture et la civilisation propres du royaume du milieu se répandirent au delà des limites de la Chine à lest et à louest^ au sud et au nord. Des nations qui par ia langue et Forigine différaient entièrement des Chinois lui rendirent et lui rendent encore hommage. Les lois et les mœurs , les écritures sacrées et d'autres ouvrages de littérature des Chinois^ se trouvent en Corée et chez les Mandchous et les Tongouses limitrophes, depuis la chaîne neigeuse des Chanyan-alin ^ au nord de Corée, jusqu'au delà des rives du He-loung-kiang, ou Saghalien-oula, ou Amour. Le Japon et d autres îles de la» mer Orientale, telles que les Lieou-khieou, Formose, la Cochinchine et le Laos, appartiennent au vaste territoire du système de civilisation chinoise. La civilisation chinoise exerça, durapt les huitième et neuvième siècles, ainsi que durant les onzième et douzième, une grande influence sur les peuples de l'Asie centrale. La politique du

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royaume du milieu conserve^ H est yrai, aux peuplés soumis, leurs ioiset leurs institutions; cependant les Mongols et les Turcs de l'Asie moyenne et septen-> trionale vivant sous la domination chinoise n éprou- vent pas moins que leurs ancêtres, sous tés dynasties antérieures, l'action de la culture supérieure et de la sagesse du royaume du milieu.. Néanmoins, nous ne pouvons ranger les Mongols, les Turcs de la Petite- Boukharie et les Tubétains dans le domaine du sys- tème de culture chinois. Ces peuples ou ces tribus sont réunis politiquement à f empire chinois, mais, comme le bouddhisme et l'islamisme dominent parmi eux^ ils appartiennent à d'autres systèmes de culture. D'après un calcul probable , le système de civilisation chinoise comprend quatre cents millions d'hommes.

Le caractère particulier de cette civilisation chinoise est de n'avoir pas du tout d'histoire. Comme si elle était jaillie soudainement de la tête de Pallas, la sagesse chinoise se montre complètement développée et ar- mée dès le commencement de la nation. Elle se main- tient inébranlable et immuable au milieu de tous les orages des siècles et des déchirements de f empire. La sagesse de Yao et de Chun a survécu à vingt-six dy- nasties, tant indigènes qu'étrangères, qui, dans une période de quatre mille ans , ont régné , soit sur la Chine entière et une partie des pays limitrophes , soit seulement sur des gouvernements de l'^npire actuel. Elle a été assez forte pour résister à toutes les tenta- tives révolutionnaires de divers empereurs et de quel- ques dynasties, de même qu'au zèle de conversion

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des sectateurs de Bouddha et des pieux et aixilents missionnaires de ia religion chrétienne. Mais on né* prouve pas un sentiment flatteur quand on découvre les ressorts qui peuvent résister a ces pressions genres si divers: car, puisqu'il faut ies appeler par leur nom , ce sont la vanité et ia présomption.

Le grand art du législateur consiste, non-seulement dans la perfection de la loi même, mais aussi dam iart d'inspirer pour elle, au peuple, un saint respeet mêlé de crainte , et l'opinion que ce sont les plus ex* cell<»ites et les plus parfaites que les hommes aient ja-* mais eues. Les législateurs de ! empire chinois, quels qu'ils aient pu être, entendaient cet art à un haut degré. Le peuple chinois fut imbu de l'idée qu'il était le premier du monde, et que les hordes de barbares qui entouraient la Chine devaient, si elles voulaient être réellement dignes du nom d'hommes, devenir d'abord chinoises. Un tel peuple^ chez lequel chaque indigène est pénétré du sentiment de sa supériorité, abandonnera difficilement les usages et les lois de ses ancêtres, surtout lorsqlie cette supériorité sur tous leâ autres peuples de la terre a existé véritablement pendant une période de près de trois mille ans. Eki eSèt la Chine était, comme elle l'est encore aujoor-* d'hui, une contrée civilisée, lorsque nos ancêtres n'avaient pas encore la moindre notion d'une société civile bien ordonnée et défendant les droits et la pro- priété de chacun. /

Jamais des prophètes n'ont apparu dans le royaume au milieu. Toutes les institutions y provenaient tles

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hommes , et par coitséquent n'y étaient calculées que pour le bien temporel des hommes. Ce nest pas en fuyant le monde, afin de se livrer dans les forêts et dans les déserts à des pénitences, comme les Hindous, que le Chinois obtient miséritorde devant ses dieux , mais c est en persévérant patiemment au milieu de la société , c est par une vie consacrée a.ux vertus sociales, par lobéissance aux lois, par l'observance des usages de ses ancêtres. Les lois et les usages du royaume du milieu sont une production de l'esprit humain, et c est pourquoi elles n'ont eu en vue que l'activité et Imstruction de Tesprit. Ce que le Chinois ne peut comprendre en employant son entendemeiit n'existe pas pour lui , et n'est pour lui qu'un objet de dérision. Le système religieux attribué communément à Lao-tsu, mais qui , selon toutes les apparences , est beaucoup plus ancien , n'a pu , par ce motif, trouver de l'écho dans la masse de la nation. Le Livre de la raison et de la vertu, titre que porte le principal livre sacré des sectateurs de la religion de Lao*tsu, est rempli des idées qu'on rencontre aussi dans l'Inde. Lao^tsu était un ennemi des doctrines simples; le sentiment du néant de tous les mobiles terrestres le dominait. L'examen de soi-même, la recherche sur la nature de l'âme et sur l'origine de la pensée lui paraissaient les occupa- tions principales pendant notre existence sur terre.

Comment l'homme qui enseignait dételles doctrines pouvait*il convenir aux Chinois, vivant dans la jouis- sance des plaisirs sensuels? La morale pratique de Confiicius, qui dans sa jeunesse visita Lao-tsu vieillard ,

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et qui en fut vertement réprimandé à cause du temps qu*i{ donnait aux affaires de fétat et à h vie exté- rieure, ne sera pas trouvé moins sévère que celle du fondateur ou réformateur de la religion du TaOy ou de ia raison. Tous ses préceptes et tous ses efforts tendirent uniquement à relever sa patrie, tombée dans un état de dégradation et souillée par le crime, et à y rétablir l'énergie et la pureté antiques. Confucius n e^ nullement le fondateur dune nouvelle religion; sa doctrine ne s'occupe que de l'amélioration de la so- ciété civile ; mais il était bien éloigné de vouloir opé- rer cette réforme par des institutions nouvelles. li n'y a rien de plus parfait, répétait-il partout, que les insti- tutions primitivesdes souverains magnanimes des siècles passés. Afin d'arracher ces institutions à f oubli et de les faire connaître partout, il réunit, dans des ouvrages spéciaux, l'histoire, la philosophie naturelle, les an- tiques, les usages et les lois, ainsi que les règles de la musique qui s'étaient conservées depuis les com- mencements de la monarchie chinoise jusqu'à son temps. Naturellement Confucius n'a admis dans ces dif- férents recueils, qui de tous les temps çnt été vénérés par la nation chinoise comme des écrits sacrés , rien qui fût contraire à sa direction morale et pratique. 4I rejeta non-seulement tous les chants dont le contenu était à double entente, mais aussi, comme lassurent plusieurs sectateurs de Lao-tsu , plusieurs événements et plusieurs usages qui montraient que la religion de la raison avait été observée dans les siècles passés par beaucoup de souverains et par une portion considé-

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rable du peuple chmois. On ne peut pas dire avec certitude que Confucius nlavait pas reconnu un être tout-puissant 9 supérieur à ia nature et la dominant^ mais ii est sûr que dans ses écrit3 et ses entretiens il ne s est pas exprimé avec précision sur ce point fon- damental de toute religion et de toute philosophie. Si ses disciples amenaient la conversation sur des sujets immatériels^ ou il gardait un silence absolu^ ou 'il donnait des réponses évasives. Un jour il réprima la témérité d un de ses écoliers en lui demandant s'il comprenait déjà suffisamment les choses terrestres, puisqu'il manifestait un si vif désir de connaître les choses immatérielles. D'après les idées des Chinois sur la nature et sur Thomme, il paraît effectivement qu'un être tout-puissant n'est pas nécessaire. La nature est une masse solide qui est régie par les vertus et les vices des hommes , d'après la loi immuable de la né- cessité. Les actions vertueuses produisent des effets satisfaisants y les actions vicieuses des effets nuisibles. L'empereur est-il vraiment le père et la mère de son pays, les saisons suivent régulièrement leur cours bien&isant, de riches moissons remplissent les granges, et les vertus domestiques répandent paix et le bon- heur dans la patrie; au contraire la peste et la disette accompagnent la voix d'un souverain vicieux. Maii$ tous les vices passent pour des crimes contre la piété filiale; car l'amour filial est le principe du gouverne- ment chinois. Il n'y a pas de pays où, comme en Qiine, le respect des enfants pour leurs parents soit sans bornes. Les parenté sont pas moins vénérés

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après leur mort que dans le temps de leur vie. Dahs la maison, un lieu particulier est consacré à leu?» mânes ; de temps en temps on y vient leur présemei* des offrandes, et tous les événements heureux cm malheureux qui arrivent à la famille leur sont annon-» ces. Le (ils du ciel, titre ordinaire de Tempefeurde la Chine , honore le ciel comme son' père ; s'il mène une conduite vicieuse, 8*il ne montre pas d*affection pour ses enfants , cest-à^dire pour la. totalité des sujets de fempire, s il est négligent à rendre ses devers au ciel, alors celui-ci retire sa délégation, et la famille qui régnait sur l'empire est remplacée par une autre. Que l'empereur soit le père et la mère du pays, et que tous les habitants du pays lui soient par cette raison dévoués sans bornes par leur amour et leur respect, comme ils le sont pour leurs parents , telle est la loi fondamentale de la politique chinoise.

La littérature est le bel ornement de la culture intellectuelle d*un peuple; plus celle-ci est avancée, plus les richesses de la première sont variées et bril* lantes. La tendance de l'homme pour les nouveautés et les améliorations n'a pas pu être entièrement étouf* fée en Chine. De temps en temps il a aussi apparu dans ce pays des génies hardis qui ont voulu introduire 4es doctrines nouvelles ou expliquer les anciennes de manière qu'elles pouvaient passer pour nouvelles. Ces hommes et leurs écrits sont , du moins pour BOfU^, passés sans laisser de traces, et l'école de Confucîu5> ou de l'ancienne philosophie chinoise , peut se vanter de ne pas compta d'hérétiques dans son sein. Laiit-

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tëratare et la culture iiiteflectuelle de la nation sont presque exclusivenoent dans les mains de cette école; Nous disons presque^ puisque les admirateurs du Ching-Gin , ou de i'homroe parfait , n'ont pas réussi à en faire un modèle complètement privilégié à i ex* ciusion de tous tes autres moyens d'instruction. A la vérité on lit uniquement dans les écoles les ouvrages et les recueils du maître et de ses disciples ; ils sont considérés comme les seules règles depuis lexamen de l'écoiier de village jusqu'aux exercices des acadé- miciens dans le collège de Han-lin , et depuis l'exa- men du fonctionnaire public le plus subalterne jusqu'à celui du ministre d'état. En effet , à l'etception de la postérité de Confucius, qui s'est conservée jusqu'à nos joQTS, et qui peut passer pour la famille la plus an* cienne du monde , et à l'exception de la maison impé- riale, il n'existe pas de noblesse en Chine. Le plus mince sujet de l'empire peut, par ses services ou par de méchants moyens, s'élever aux plus hautes digni- tés ; le père du vice-roi actuel de Canton était tail- leur.

Au milieu de toutes ces circonstances, les secta- teurs de la^ religion de la raison, pour en revenir à notre sujet, ceux de la doctrine de Bouddha, et même ceux de f islamisme, surent acquérir une grande in- fluence chez une partie considérable de la population. Les disciples de Lao-tsu et ceux de Bouddha ont beau- coup de respect pour les monuments de l'ancienne sagesse chinoise recueillis par Confucius ; mais ils sont bien loin de leur' attribuer un caractère de sainteté

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particulier. Ces sectaires ont au contraire des livres canoniques composés par leurs maîtres. En traitant dii système de culture indien , nous reviendrons à h littérature des bouddhistes chinois. Elle se borne presque exclusivement à la doctrine de Bouddha. Celle des sectateurs de Lao-tsu comprend presque toutes les branches des sciences. Non-seulement la philosophie et la physique de cette secte sont entiè- rement diflTérentes de celles des anciens Chinois, ik ont même une mythologie et une histoire particu- lières , et s Joignent beaucoup de ce qui est adopté communément en Ciiihe. L*origine de lempire chi- nois, sa civilisation et son histoire primitives sont tirées des ouvrages de Lo-py, docte sectateur de Lao4su y dans le douzième siècle de notre ère. Quelle dissemblance avec ce quon lit dans les Annales et dans le Y-king, ou Sainte écriture des changements! Nous trouvons 1 écriture en usage chez les Chinois dès le commencement de leur monarchie. Dans les premiers temps, chaque mot reçut sa figure ou spn enveloppe spéciale, dans laquelle il se tenait roide, privé de vie et de mouvement. Des sons pouvaient être, placés à la suite les uns des autres , liés et fondus ensemble, et enfin avec le temps perdre de leur ru- desse et acquérir une uniformité harmonieuse; mais c'était absolument impossible avec des images. C'est donc la cause pour laquelle la langue chinoise est la seule au monde dans laquelle ie mot a conservé. son type primitif, sans nul mélange et sans addition quel- conque. En effet, toutes les autres langues furent, à

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ia première époque de leur fonnation, monosylla- biques , ou plutôt monotoniques. On conçoit aisément quen chinois les relations grammaticales ou logiques ne peuvent pas se manifester dans les mots mêmes. li fallut, comme dans les autres langues cela n a lieu que par exception , que les propositions tinssent la place des flexions et des terminaisons dans celle du royaume du milieu. Ainsi toute la différence qui existe entre la grammaire chinoise et celle des autres langues, quand on examine attentivement la question , consisté uniquement dans l'écriture figurative. Conserver dans la mémoire la masse des figures d'un grand nombre de mots était impossible; on ne tarda donc pas à concevoir l'idée de répartir et de coordonner cette somme de figures , d'après certains caractères distinc- tifs, en classes particulières, comme cela arrive pour les plantes et les herbes. Quand le lecteur rencontre une figure inconnue, il doit, comme fait le botaniste dans un cas pareil , lorsqu'il aperçoit une plante qu'il ne connaît pas, savoir discerner le caractère distinctif de la classe. On trouve dans fa classe, à l'endroit pré- cis le mot expliqué dans les dictionnaires , d'après sa prononciation et sa signification. Tout cela est si simple , si naturel et si éloigné de tout ce qui tient à Textraordinaire , que l'on peut s'étonner avec raison de ce que l'opinion singulière qui existe encore chez beaucoup de personnes en Europe , sur la langue et l'écriture des Chinois, ait pu s'y maintenir si long- temps.

L'histoire, la géographie, les mathématiques, la

62 JOURNAL ASIATIQUE.

poésie , l'éconoinie politique et Texplication des écrits d'anciens auteurs sont regardées en Chine comme des occupations dignes d'un savant et d'un écrivain. Lesbel- ies-tettres, la poésie, qui ne comprend que la chanson, les poèmes lyriques et didactiques, le roman et ies com- positions dramatiques ne sont , suivant ia manière de voir des Chinois , que des productions de ia frivolité et de la sensualité, et ne méritent pas de fixer {'attention d'un homme réfléchi. Quoiqu'il existe une multitude d ouvrages de ce genre, les auteurs, ou gardent absolu- ment Fanonyme, ou bien, au lieu de leur nom, en mettent un d'emprunt. Les romans et la poésie dra- matique sont, d'après l'idée pédantesque de plusieurs lettrés chinois, un opprobre de la littérature nationale. Un homme de ce genre se croirait profondément blessé si on l'appelait un grand romancier ou un grand écrivain dramatique. Suivant le sentiment de ce^ gens- toute la littérature doit avoir pour unique objet des compositions didactiques et morales. Des ouvrages de ce genre, dans toutes les branches des connais- sances cultivées par ies Chinois, sont en effet extrê- mement nombreux, quoiqu'il paraisse qu'il en a péri une quantité considérable. Les Chinois attribuent la perte d'une partie de leur ancienne histoire, de leur astronomie et d'autres monuments, à l'incendie des livres ordonné en l'an 1213 avant J. C. par l'empereur Chi-houang-ti , qui fut un grand innovateur. Néan- moins l'histoire de la Chine, depuis favénement de Yao au trône , offre moins de lacunes importantes que ceik de la Grèce depuis le retour des Héraciides. La litté-

JUILLET 1834. 63

raCurechinoise était déjà répandue dans les pays voisini à f époque de Fincendie des livres, au temps de i en- nemi de {ancienne f)hiIosopfaie. On fut par en état de' compléter ce qui manquait ou ce qui était défec- tueux y à laide d'exemplaires entiers qui se trouvaient dans les royaumes procliains. Cest ainsi qu on prétend que le traité de ^nfucius sur la piété filiale sest conservé plus complet au Japon que dans le royaume du milieu. Les pertes énormes que les sciences ont éprouvées dans les orages des siècles et les révolutions de l'empire (et combien nous connaissons encore peu en Europe la richesse de la littérature chinoise! ), ces pertes, dis- je, sont évidentes par les chapitres des annales des différentes dynasties les ouvrages de littérature qui existaient alors sont déciits et énumé- rés. Combien ne s y trouve-t-il pas de livres irnpor* tants qui sont perdus ou qui n'ont jamais été vus par aucun Européen !

La période heureuse et féconde pour l'esprit hu- main qui lui fait produire des ouvrages nouveaux en littérature et dans les arts semble être écoulée depuis longtemps en Chine. Depuis la mort de Tchu-hi , l'Aristote chinois, arrivée dans le treizième siècle de notre ère, on sest principalement occupé, dans le royaume du milieu , de faire des compilations et des extraits. Mais , ainsi qu'on peut s'y attendre , d'après une littérature si riche et d'après des sources si nom- breuses, les compilations sont immenses. Khian-Iôung, grand -père, du monarque actuel delà Chine, fit com- mencer, en 1773, «n recueil qui comprend les meil-

64 "^JOURNAL ASIATIQUE.

leurs ouvrages nationaux et qui , suivant f expression de ce prince , . se composera de cent soixante mflie volumes. Ce recueil est intitulé Ouvrages réunis deê quatre magasins. On continue encore à l'imprimer, et en 1818 il avait déjà paru soixante-dix-huit miiie sept cent trente-un volumes de cette collection immense. Nous allons ajouter ici les sujets spéciaux et ie nombre de volumes dans lesquels ils sont traités^ d'a- près l'édition la plus récente , 1 8 1 8, du manuel poli- tique de la Chine intitulé Recueil des statuts de f empire. Il n'existe en Europe qu'un seul exemplaire de celte édition, lequel je possède. L'énumération de la réunion des ouvrages de tous les magasins donnera en même temps une idée claire de la manière dont les Chinois divisent leurs livres sous le rapport biblio- graphique; car c'est d'après les catégories que nous allons déduire que les bibliographes chinois rangent les ouvrages littéraires de leur pays.

On a imprimé en 1818 les livres suivants :

OUVRAGES CLASSIQUES OU REGARDES COBOfE SACRES.

[KJNG,)

Le Livre des variations. ( Y king) 1,743 vol.

Le Livre des annales. ( Chou king) 650

Le Livre des chants. ( Chi king) 941

Le Livre des mœurs et usages, ( Li king ) c'est- à-dire , les trois ouvrages intitulés : Tcheou

U,IU,Liki 3,168

Le Livre des annales, printemps et automne. 1,801

A reporter. 7,303 vol.

JUILLET 1834. 65

*

Report. 7,303 vol.

Le Livre de la pie'te' filiale. { Hiao king) .... 17

Tables des matières, figures en bois, etc.. . . 50

LES QUATRE UVRES.

La Grande doctrine , invariable milieu , les Dialogues et Meng-tsu. Ces quatre livres

ensemble 733

Ouvrages sur la musique 489

Livres scolastiques et élémentaires. ( Siao

hio) 913

OUVRAGES HISTORIQUES.

Recueils des histoires de toutes les dynasties . 3,681

Annales 3,066

Histoires générales 1 ,905

Histoires particulières 1,485

Histoires mêlées 973

Recueil des ordonnances et des décisions im- périales 1,474

Biographies 949

Documents historiques 18

Notices de districts particuliers 389

Chronologie 99

Géographie et relations de voyages , descrip- tions de pays étrangers 4,788

Administration et gouvernement 399

Institutions politiques, lois et édits 3,785

Bibliographie et inscriptions 700

Critique d'histoires particulières 389

RELIGION, PHILOSOPHIE ET AUTRES SCIENCES.

Ecole de Confucius 1,694

A reporter. S8,897 vol.

XIV. 5

66 JOURNAL ASIATIQUE.

Report. 98,897 vol.

Science militaire 1 53

Jurisprudence 94

Economie 195

Médecine 1,915

Astronomie et arithmétique. 643

Phjsique,ph jsiognomonie, astrologie et autres

arts magiques 4ti

Peinture , notes ( de musique ) , imprimerie et

danse 1,108

Sciences naturelles , diététiques et ustensiles ,

en figures 363

Mélanges 9,900

Moindres écrits ( Siao choue ) , comme his- toires merveilleuses , etc 1,385

Ecrits bouddhiques 19

Ecrits de la secte de Tao tsu 449

Poèmes de divers genres et toutes sortes de

recueils littéraires 98,998

Total des volumes de tous les ouvrages '. 78,731 vol.

Jetons maintenant un coup d œil sur rhistoireetrétat actuel de fétude de la littérature chinoise en Europe.

Sans les travaux nombreux des missionnaires ca- tholiques qui, à diverses époques du dix-septième et du dix - huitième siècle ^ purent visiter librement toutes les parties de la Chine, et eurent accès à la

^ Tat Thsing hoeï tian, c*est-à-dire , recueil des constitutions de l'empire (livre lxxx, feuillets 11-13). Les principales catégories de ia bibliographie chinoise sont les suivantes : king, livres classi- ques ; szu , histoire ; tsu , ouvrages particuliers d'auteurs célèbres, tsy , recueils. (C'est ce qu'on appelle le Szukhou, ou les Quatre magasins. Kl. )

JUILLET 1834. 67

cour de même que chez le plus mince des sujets, il aurait été presque impossible aux Européens d étudier avec fruit la langue chinoise. Il fallut d abord, par le moyen de traductions même en partie incomplètes et défectueuses^ se procurer la connaissance dune por- tion de cette grande masse étrangère d'histoire et de noms , de mœurs et de lois remarquables , avant de pouvoir comprendre dans la langue originale , même quand on la possédait à fond , les ouvrages de littéra- ture d'une civilisation renfermée en elle-même. Qui- conque s'occupe de l'étude des langues et de la littérature de l'Asie orientale sera pénétré de recon- naissance et d'estime pour les hommes savants de Tordre des jésuites et de l'ordre des dominicains^ tels que Magaillans, Navarette, Bouvet, Noël, Couplet, Gerbillon, Varo, Gaubil, Visdelou, Premare, Mailla et Amiot. En effet presque tous les ouvrages des sinologues européens sont fondés plus ou moins sur les excellents travaux préliminaires de ces apôtres persévérants de la foi. La science tira moins d'avan- tage du séjour des Russes àPéking, séjour assuré par les traités. On s'occupait ordinairement , dans cet éta- blissement, du soin de former de bons interprètes, et on négligeait la partie savante de la langue et de la littérature chinoises. II y eut, dans le cours du dix- huitième et du dix-neuvième siècle, des exceptions louables à ces tentatives d'une utilité passagère, telles furent celles de Léon tiev, de Lipovtsov et surtout de l'ar- chimandrite Hyacinthe. Mais les ouvrages et les traduc- tions qui n'existent qu'en russe sont malheureusement

o

68 JOURNAL ASIATIQUE.

inaccessibles pour la plus grande partie du monde savant. Cest pourquoi on ne peut voir qu'avec beaucoup de satisfaction que plusieurs savants russes aient écrit leurs livres en français, ou du moins les aient fait traduire dans cette langue ou en allemand. C est ainsi que la Description de Péking du père Hyacinthe parut en français, et que ses Mémoires sur les Mon- srols ont été traduits en allemand.

Bien que l'esprit mercantile soit le trait distinctif du caractère anglais, bien que l'on puisse avec leur grand compatriote nommer par dérision les Anglais une nation de marchands, néanmoins l'observateur impartial sera toujours obligé de reconnaître qu'il y a parmi les négociants de cette nation, bien plus que partout ailleurs, une masse d'hommes qui prennent un vif intérêt à toutes les grandes entreprises et à tous les projets qui sont du domaine de l'intelligence. Pendant queli|ues siècles, les Hollandais, les Français, les Danois, les Suédois, les Espagnols et les Portugais ont commercé avec le royaume du milieu, et, à l'excep- tion de quelques relations de voyage , les rapports de ces peuples avec l'extrémité de l'Asie orientale furent presque entièrement infructueux pour la géographie et l'ethnographie. Les liaisons de la compagnie an- glaise des Indes orientales avec la Chine produisirent un résultat tout différent. Cette association dépensa géiiéreusement une somme de dix mille livres sterling pour l'impression d'un dictionnaire chinois, et fit pré- sent à l'auteur de Fédition entière de l'ouvrage. Elle assure une gratification annuelle de cent hvres sterling

JUILLET 1834. 69

à ceux de ses employés du comptoir de Canton qui montrent de la disposition à étudier la langue et la littérature du royaume du milieu. Ainsi on s explique facilement comment les Anglais Tont emporté sur les autres nations de l'Europe par ia quantité et letendue de leurs travaux sur ia littérature chinoise^ depuis le commencement du dix-neuvième siècle. Nous nous bornerohs à citer ici les ouvrages originaux et les tra- ductions d'un Staunton, d'un Morrison^ d'un Davis, dun Medhurst, d'un Milne et d'un Thoms. .

C'est en France qu'on s'est d'abord appliqué à étu- dier la langue chinoise sous le rapport de la science et d'une manière extrêmement fructueuse pour l'his- toire et la géographie. On y avait-, dans les savants travaux des jésuites missionnaires à la Chine, des secours qui ne se trouvaient pas dans d'autres pays. Les membres des académies de France entretenaient une correspondance active avec les missionnaires de Péking, et pouvaient aisément obtenir par leur moyen ia solution de toutes les difficultés qui les embarras- saient. Des hommes tels que Fréret se hasardèrent, sans comprendre le chinois, dans le champ pénible de la chronologie chinoise, et mirent au jour, dans des journaux et dans des recueils, les travaux des doctes membres de la mission. H se manifesta alors de fortes tentations de donner, comme siennes propres, d'ex- cellentes compositions des missionnaires , d'ailleurs peu connues; et un umour désordonné de la renom- mée peut avoir été, chez quelques savants , più» puis- sant que la voix de la conscience. Les personnes qui

70 JOURNAL ASIATIQUE.

connaissent l'histoire littéraire savent aujourd'hui que la grammaire chinoise de Fourmont , vantée si long- temps, n'est que la traduction de ia grammaire écrite en espagnol par le père Varo. La grammaire de ce dominicain est la plus ancienne qui ait été imprimée; ii n'en existe en Europe que quelques exemplaires; fau- teur de cet article en possède un. Du reste , Etienne Fourmont était un enthousiaste qui voulait entre- prendre tout, apprendre et manier toutes les langues orientales. Les caractères chinois de rimprimerie royale à Paris furent gravés sous sa direction , et il (iit le premier qui fit connaître en Europe les deux cent quatorze clefs d'après lesquelles- les dictionnaires chi- nois sont ordinairement distribués. Mais ses deux meilleurs ouvrages furent, suivant ia remarque d'un homme spirituel , ses deux élèves le Roux des Hau- terayes et D^uignes. Ces deux hommes avaient à acquérir, non- seulement une connaissance étonnante de ia langue chinoise, mais encore toutes les autres sciences subsidiaires d'histoire et de géographie , sans lesquelles l'étude de cet idiome restera toujours sté- rile. A ia mort de Deguignes , au commencement du dix-neuvième siècle, il n'y avait personne en France qui fut digne de remplacer le célèbre auteur de ÏHis» toire des Huns, Cependant un jeune homme, qui avait choisi la médecine pour état , se formait dans la retraite et sans Êiire aucun éclat, et au bout d'une dizaine d'années ii fut jugé capable de remplir en 1815 la première chaire de langue et de littérature chinoises qui ait été fondée en Europe. Réniusat,

JUILLET 1834. 71

sans avoir reçu aucune leçon orale , était parvenu , par une application soutenue opiniâtrement pendant plusieurs anhées, à être {'homme de l'Europe qui^ de l'aveu génërSl, sût le mieux le chinois, et personne n'était plus propre que lui, comme professeur célèbre du collège de France, à écarter les préjugés qui en- touraient et en partie entourent encore l'étude de cette langue chez les Européens. Rémusat était plus qu'un savant^ c'était un homme d'esprit, et même, on pourrait le dire, un homme de génie. Il savait si bien manier sa kngue maternelle que , suivant le jugement de ses compatriotes , il aurait pu devenir un grand écrivain. Deux ouvrages imprimés aux frais du gou- v^nement français, le dictionnaire chinois du père Basile de GItmona et les éléments de la langue chi- noise , extraits en partie d'un ouvrage du père Premare et ingénieusement coordonnés par Rémusat, facilitent singulièrement aujourd'hui l'étude de la langue du royaume du milieu. C'est Rémusat lui-même qui a avoué tout ce qu'il devait à hiNolitia linguœ sinicœ du P. Prémare, et c'est lui qui a été ia cause que ce livre précieux ait vu le jour^ Indépendamment de ses grands et nombreux travaux littéraires , Rémusat a le mérite d'avoir fondé une école qui a rendu des iwrvices très- récommandables, et qui fait concevoir ies plus grandes espérances. M. Stanislas Julien , un de ses élèves, qui s'était depuis longtemps fait connaître par des traduc- tions exactes du chihois , a succédé à son maître dahs la

^ Notitia linguœ sinicœ , auctore P. Premare. Malacc» , cura et samptibus collegîi anglo-sinici. Mt)CCCXXXI. In-4o.

72 JOURNAL ASIATIQUE.

chaire unique de cette langue qui existe encore en Europe.

Dans le cours du dix-septième et du dix-huitième siècfey de grands hommes, qui siont cajjables d'em* brasser tous ies travaux et toutes les sciences de fcf- prit humain, ont aussi cherché, en Aflemagne, f on manquait presque de toute relation directe avec la Chine, à fixer Tattention sur la langue chinoise et sur la richesse de sa littérature. Parmi ces hommes, le grand Leibnitz tient le premier rang. Ses ouvrages et sa correspondance témoignent de ses rapports mul-, tipiiés avec ies missionnaires et de son zèle à s'instruire de tout ce qui concerne la Chine. Ses ouvrages à cet égard sont bien plus instructifs que les travaux d'un Menzeiius, d'un Spizelius, d'André MùIIer et de Masson. Quoique l'électeur de Brandebourg eut Êiit venir à Berlin le stvant missionnaire Couplet , traduc^ teur de Confiicius, afin de propager dans son pays l'étude de la langue et de la littérature chinoises, ce- pendant, faute de secours littéraires, il ne put être rien effectué d'important pour la science. Les hommes qui s'appliquaient à connaître un grand nombre de caractères chinois dirigèrent presque exdusiveoaMNit leur attention sur les cas fortuits de lecriturey/ét cherchèrent souvent des prodiges et des mystères oii il n'en existait pas. Ils oublièrent , de màne^ique Montucci de nos jours , que pour le penseur le mot n'a de valeur que comme symbole d'une chose ou d'une idée, et que des recherches relatives aux langues, sans avoir aucun ^ard aux choses, dégénèrent en

JUILLET 1834. 73

passe-temps frivoles. La connaissance que Bayer eut des langues orientales en général, et notamment du thinoiSy fut, relativement à son temps, très-remar- quable, bien que le titre chinois même de son Muséum sinicum contienne une faute. Berlin a été, jusqu'à une épo({ue récente, le seul lieu de l'Allemagne il

' existait les ressources nécessaires pour l'étude du chi- nois. Lia Prusse semblait favoriser, comme un héri- tage de son grand électeur, Tétude de la langue et de la littérature chinoises, et former quelques représen- tants de cette science, afin que le savoir universel du peuple allemand ne parût pas, aux yeux de l'étranger, être en dé&ut sous ce rapport. En effet, les deux Allemands qui, au commencement du dix-neuvième siècle , se consacrèrent principalement à l'étude du chinois , avaient réellement posé à Berlin la base de leurs travaux futurs. Ceux de Hager ( natif de Milan ), qui avait de' bonnes intentions, ms^is qui était dé- pourvu de savoir et encore plus d'esprit, méritent à peine qu'on en fasse mention. En revanche l'Allemagne possède en ISaproth pour la langue et la littérature chinoises, un digne représentant quelle peut opposer

' aux étrangers. H est à regretter que jusqu'à présent n'y ait pas eu, dans une université allemande, de cours de langue et de littérature de l'empire du mi- lieu, et que nulle part des chaires n'aient été fondées à cet effet. Si nous sommes bien informés, le monarque qui règne sur la Bavière s'occupe de remplir cette lacune dans les ini^titutions savantes de la patrie allemande.

, ( La suite au prochain numéro. )

74 JOURNAL ASIATIQUE.

VERS PERSANS.

I.

^j^D f^jy.,M^:> ^•Xaûj^I i^iK^Js^.j:>

TRADUCTION.

O mon cœur, sois heureux de- la présence de 'ta bien-aimëe, et consacre-toi entièrement à son service. Chaque nuit repose-toi charme de sa douce image. Chaque jour fais-toi dans ses embrassements un non- veau jour de fête. O toi qui dans le monde t'es signalée par ta cruauté , si un jour se passe sans que jaie éprouvé tes rigueurs, c'est encore une rigueur de ta part. Toutes les rigueurs dont le ciel peut acca- bler mon âme, que sont-elles, comparées à la peine que mon amour pour toi me fait endurer?

JUILLET 1834. 76

II.

d^

^^

TRABUCTION.

Si un homme généreux devient pauvre, attache- toi à lui, parce que la branche s incline vers la terre lorsqu'elle est chaînée de fruits. Si un homme abject s est enrichi^ fuis loin de sa présence, car lorsque les latrines sont pleines, elles infectent davantage.

III.

TRADUCTION.

Quoique le flambeau de la religion brille sans mé- lange de fumée, il ne saurait être utile à Fhomme qui ferme les yeux.

G. DE L.

76 JOURNAL ASIATIQUE.

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 7 juillet 1S34,

M. S. Cahen écrit au conseil pour lui adresser le tome V de sa traduction de la Bible, Les remerciments du con- seil seront adresses à M. Cahen.

M. Van der Vinne écrit au conseil pour lui adresser les remerciments de la Société de Batavia, pour Penvoi fait à cette Société des ouvrages publies par la Société asiatique.

M. J. Prinsep» secrétaire de la Société asiatique de Cal- cutta, écrit au conseil pour lui offrir les trois séries des Vues de Benarès, et le second volume du Journal of the Asiatic society, publie par M. Prinsep. Les remercîments du conseil seront transmis à M. Prinsep, et M. Mohl est charge' de faire un rapport sur les Vues de Benarès.

M. B. H. Hodgson écrit au conseil en lui adressant, par l'entremise du docteur Nath. Wallich , un magnifique ma- nuscrit tibétain formant une portion de la collection du Kâhgyûr. M. Hodgson offre en même temps à la Socie'te' de faire copier dans le Népal ceux des livres bouddhiques qu'elle lui désignera. On arrête que les remercîments du conseil seront transmis à M. Hodgson pour le présent qu'if a bien voulu faire à la Socie'te', et une commission, formée de MM. Klaproth, Stahl et Eug. Burnouf, est charge'e de déterminer quels ouvrages il serait convenable de se procurer dans l'Inde.

Conformément au règlement, il est procède' au renou- vellement de la commission du journal. Les membres

JUILLET 1834. 77

charges par le conseil de composer cette commission, pour Tannée 1 834-1 835, sont MM. Grangeret de Lagrange , Ëug. Burnouf , Kiaproth , Reinaud , Hase.

M. Stahl fait un rapport verbal sur le premier volume du Journal of the Asiatic society, publie par M. Prinsep, secrétaire de la Société' asiatique de Calcutta. Ce rapport est envoyé à la commission du journal,

M. MohI propose au conseil d'admettre M. B. H. Hodg- son au nombre des membres étrangers de la Société. Cette proposition est renvoyée à Texamen d'une commis- sion formée de MM. MohI et Stahi, qui en feront leur rapport dans la prochaine séance.

OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ.

(Se'ance du 2 juin 1834.)

Par M. A. Jaubert. Éléments de la grammaire turke , V édit. 1 vol. in-8°.

Par M. E. Upham. The Mahaçansi , the Raja Ratnaca- ri, and the Raja IVali, forming the sacrcd books of Cey- lon. In-8**.

Par la Société de géographie. Bulletin, numéro d'avril.

Par M. Cahen. La Bible, traduction nouvelle, avec l'hébreu en regard, tome V, le Deutéronome.

(Séance du 1 juillet 1834. )

Par M. Prinsep. Journal of the Calcutta Asiatic so- ciety, tome II, 1833. In-8°.

Par M. I. Prinsep. Benares illustrated, 3 livr. in-fol. Calcutta, 1833.

Par M. Vaucelle. Adjroumiah , ^v^Lminvàre arabe, in-8".

78 JOURNAL ASIATIQUE.

Par M. Neumann. Histoire de rémigratio^ de 40,000 Arméniens de tAderbidjan en Russie, en 1828, In- 8®.

Par M. Brossbt jeune. Précis de l'histoire de t invasion des Mongols dans l'Asie occidentale au xtn^ siècle, In-8**.

Par M. Denne Baron. Le culte de Mithra, extrait de la France littéraire. Brochure in-8**.

Par M. Achille Jubinal. Li Fablel dou dieu d'amourz, extrait d'un manuscrit de la Bibliothèque rojale. In-8^.

Par la Société de géographie. Bulletin, numéro de mai.

Par FÉDITEDR. Jahrhûcher der Litteratur, tome LXV. Vienne, 1834.

Par M. le comte J. GRiEBERG de Hemso. Notice bio- graphique sur lui-même. In-18. Florence, 1834.

BIBLIOGRAPHIE.

Œuures de Walt,, publie'es en hindoustani par M. Garcin DE Tassy, grand in-4**. Paris, Imprimerie royale. Chez Debure frères , libraires de la Bibliothèque du Roi , rue Serpente, T. Prix: 20 francs en papier ordinaire; 30 francs en papier velin.

Wali est le plus célèbre des écrivains hindoustani. Les Indiens le nomment le père de la poésie, bdbd-é rekhia. Nous reviendrons sur cette publication.

Harivansa, ou Histoire de la famille de Hari, ouvrage formant un appendice du Mahabharata, et traduit sur l'original sanscrit' par M. A. Langlois; imprime a

JUILLET 1834. 79

rimprimerie royale pour je compte du comité des tra- ductions orientales de la Grande-Bretagne et de Flr- fande. 1 834. Tome I**^, 1" livraison, in-4*> de 33 feuilles. Se vend à Londres chez Parburj, Allen et compagnie y Leadenhall street.

ij^/^ ^y^y Muzih'i Curdn, c'est-à-dire V Exposition du Coran (le Coran en arabe, accompagne d'une traduc- tion interlinëaire et de notes marginales en hindoustani ), 1 vol. in-folio de 850 pages. Calcutta, 1839.

IVl Garcin de Tassj a inseVe, dans le numéro de juil- let 1834 du Journal des savants, un. article intéressant sur cet ouvrage.

Lettre à M. le baron A. de Humboldt sur Vinvention de la Boussole, par M. J. Klaproth. Ouvrage orne de trois planches lithographiques. 1 vol. grand in-8*' de 137 pages. Paris, à la librairie orientale de F; Dondej- Duprë, me de Richelieu, n*' 47 his.

Travels into Bochara and Narrative of a voyage on the Indus, by Alex. Burnes. Londres, 1834, 3 vol. in-8^.

La publication de ces voyages a ëtë attendue par le public savant avec impatience. M. Burnes a voyage dans des pays peu ou point connus; il se montre en toute occasion homme de sens et de résolution , qui met son temps à profit pour e'tudier tant les antiquités que l'ëtat actuel des pays qu'il a eu le courage de traverser. Il a suivi la route d'A- lexandre depuis l'embouchure de llndus jusqu'en Bac- triane ; il est aile de à Bokhara , a traverse le désert des Turcomans et a passe par la Perse , pour s'embarquer à

80 JOURNAL ASIATIQUE.

Abouschir. Les détails qu'il donne sur Flndus, sur les monuments indo-scythes du Penjab, sur les idoles de Bamian, dont il donne le premier dessin qui en ait jamais été publié, sur i'Hindoukousch , les prétendus descendants d'Alexandre le Grand, et sur l'état actuel des Sikhs, des Afghans, des Uzbeks et des Turcomans, sont du plus haut intérêt. Son ouvrage contient deux planches de monnaies bactrianes et indo - scjthes , qui remplissent quelques lacunes dans les séries connues jusqu'à présent. Il est à désirer que ce livre important soit traduit promptement et intégralement, et que les gravures soient reproduites au moins en grande partie.

Le tome XVII de V Histoire du Bas-Empire vient de paraître. Entre autres additions importantes, il renferme le dépouillement de la Chronique de Morée, publiée pour la première fois par M. Buchon, et dont une nouvelle édition, qui comprendra le texte grec en entier et une tra- duction latine, est préparée en ce moment par M. Lau- dois, professeur au collège Saint-Louis, pour la Nouvelle^ Byzantine, On voit aussi dans ce volume un précis de l'histoire des invasions mongoles, d'après les historiens arméniens et autres écrivains orientaux, par M. Brosset. Le tome XVIII paraîtra avant la fin de 1834, et les trois derniers volumes du texte , ainsi que la table des matières , 1 efaite sur un nouveau plan , dans le courant de 1 835. Les éditeurs se proposent d'y ajouter une carte générale de l'empire depuis Constantin , indiquant sa plus grande ex- tension et ses dernières limites lors de la prise de Constan- tinople.

NOCVEAD

JOURNAL ASIATIQUE.

AOUT 1834.

iî>0— gea

COUP D'ŒIL HISTORIQUE

Sur les peuples et la Uttérature de FOrient, par M. le pro- fesseur Neumann, de Munich.

( Suite et fin. )

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CIVILISATION INDIENNE.

La forme de ia tête et toute la structure physique dénotent une différencia de race entre .les Indiens et les Chinois. \l suffit en effet, pour s en convaincre, de considérer, d'un côté, l'œil petit, rond, oblique et brillant du Chinois , son nez retroussé et obtus , les pommettes saillantes de ses joues, son corps trapu, ramassé et calculé pour supporter fatigue ; de l'autre, fœil diongé, tranquille, spirituel, le nez bien fait, les joues unies et la taille bien prise , délicate et élancée de rindien. Une différence pareille entre les deux

XIV. 6

82 JOURNAL ASIATIQUE.

peuples voisins se manifeste paiement dans leur langue et leur littérature^ dans ieurs institutions religieuses et civiles, et dans tous ies autres résultats du génie et du caractère. Pour mettre en évidence la multiplicité des cr^tions et ia diversité des institutions humainesy aucun poète ne pourrait imaginer un contraste plus frappant que celui qui existe entre ces deux nations : il suffît de réfléchir au culte peu compliqué de la na- ture, à la théologie morale si restreinte de Cônfucius, et de placer à côté le système religieux des brah- manes, dont les ramifications sont infinies, et qui embrasse dans son action tous les secrets de l'existence humaine ; il suffit de penser à la constitution si simple de Tempire chinois, qui se fonde Sur f égalité devant la loi et sur le bien de Tensemble de la population , et de lui opposer la constitution indienne, qui fait acception de personnes, et le système des castes, conçu avec tant d'artifice; il suffit de comparer les conceptions sèches des Chinois, qui ne s'occupent que des choses extérieures, avec le génie élevé de l'habitant des rives du Gange et du D jemha , qui sou- vent pousse ses idées jusqu'à Taventureux et au ridi- cule; il suffit de prêter l'oreille au sanscrit, doiit ies sons pleins et arrondis surpassent le grec en harmonie, et à I l'idiome aigu, perçant et nasal du royaume tiu milieu; il suffit d'examiner la littérature chinoise, qui s'en tient au positif, aux faits et aux choses d:^n^ d'être connues, et de la mettre en balance avec ies productions philosophieo-ascétiques des Indiéiis , Wa* jours disant des etcursions dans f infini , mêlant e^

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semble les hommes et les dieux ^ et^ selon la remarque dun connaisseur, ayant trouvé le secret de faire pro* duire lennui à la poésie la plus sublime par une intarissable prolixité. Que Ion considère mûrement toutes ces différences y et certainement on ne sera pas enclin à partager l'opinion du plus grand orientaibte anglais du siècle passé, sir William Jones, qui faisait descendre les Chinois des Indiens. ^

Les annales du royaume du milieu, qui ne con- sistent qu'en faits^ nous ont mis en état de suivre rhistoire de la monarchie chinoise depuis son berceau et son origine comme souveraineté élective dans le nord de l'empire, à travers son extension progressive vers le sud. Mais dans lès I^endes indiennes des pouranas et des itihâsas , ou des poèmes mythologiques et héroïques purement fantastiques, mêlant et con- fondant les effets nécessaires des forces de la nature inerte et les actions libres de l'homme, on cherche inutilement quelque chose que, dans l'acception propre du mot, on pourrait nommer une histoire. Néanmoins on peut, d'après les nombreuses traditions et d'après les inductions tirée^ la culture et de la langue, conclure avec une très-grande probabilité que les brahmanes conquérants partirent du. nord et s'éteh^ dirent constamment vers le sud. Cette conquête et cette civilisation de l'Inde méridionale semblent for- mer le principal objet du Râmâyana , le plus ancien poème épique de la littérature sanscrite. Le but final de tontes les aventures de /Rama dans la péninsule méridionale, où, comme il est bon de le remarquer^

6. *

M JOURNAL ASIATIQUE.

il ne rencontre ni villes ni habitants des forêts ou des cavernes, à Fexception d ermites , de singes , d*ours, de vautours, de démons et de magiciennes, est de délivrer tes saints pénitents de la crainte de Ravana et de ses géants, qui habitaient non-seidement Lanka ou Ceyian , mais aussi presque tous les cantons de la presqu'île. A la tète des pénitents était Agastyà, ie premier apôtre du brahmanisme dans le midi, et dont les efforts furent probablement appuyés par Rama et ses guerriers. Après que les princes indigènes bar* bares qui , i epée à ia main , s'opposaient à la nouvelle doctrine, eurent été anéantis ou subjugués, de nom- breuses colonies de brahmanes parties du nord arri- vèrent dans le sud ; de nouvelles familles de souverains s'élevèrent, et toute la population parait avoir été re- léguée dans les deux dernières castes de la société indienne, ou dans la classe des ouvriers et des servi- teurs. Mais la' nature des choses fut plus forte ici que la puissance des hommes. La distinction des castes et toutes les autres institutions de la hiérarchie de la société brahmanique ne furent jamais aussi complète- ment organisées dans le sud que dans l'Inde septen- trionale ou moyenne. De même, la/langue parfaite, tel est le sens du mot sanscrit, des bmhmanes,, ne put expulser absolument la langue tamoule, parlée dans le, sud, et entièrement différente du sanscrit; l'ancien alphabet tamoul parait n'avoir jamais' rien adopté du devanagari, ou de l'écriture des dieux. Les brahmanes du sud firent comme les savants de f Alle- magne qui, dans les siècles précédents, défigurèrent

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leur langue maternelle en y intercalatit des expressions latines ^ iis mêlèrent au tamoul beaucoup de mots sanscrits ; mais la population indigèiie asservie parie uniquement que sa langue maternelle pure et sans mélange. Le tamoui^ mot qui dans l'origine désignait moins la langue que la population de la plus grande partie de la presquile^ parait même avoir été parié ^ non-seulement dans le sud , mais aussi dans le nord de rinde^ à une époque antérieure aux temps histo- riques^. Ce fait^ s'il se confirme, nous donnerait lieu de présumer qu avant les conquêtes des brahmanes un même peupie était répandu sur toute la superficie de rinde.

Le seul canton paît lantilopje noire est pour le brahmane la terre sainte de la vertu (jjouniabhoumi ) ie pieux sectateur de ia doctrine de Veda puisse vivre. Tout pays situé au delà de ses iimites est pour lui la terre des miekhas ou des barbares. Pénétrés de cette opinion , les souverains d'un état brahmanique , n'importe qu'ils fussent assis sur ie trône de Magiadha^ qui durant une iongue période exerça ia suzeraineté sur toute Tlride, ou qu'ils n'occupassent que celui d'un royaume dépendant , ne purent ni effectuer des conquêtes, ni même y songer. C'est pourquoi le brah- manisme pur, ou la religion des védas , ainsi que les institutions dont il est la base, paraissent ne s'être ja-

^ EHis, cite par Wilson , dans Mackenzie collection (Calcutta, 1898 , 1, jxi), li est nëanmoinB ayëré que si la langue des monta- gnards du Radjamahal n a pas la même dëriration radicale que le taraoul et le tëlouga, elle abondç en termes communs à ces idiomes.

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mais étendus au delà de lUhnâlaya , dans {e nord , du Pendjab^ ou du territoire des cinq fleuves, dans f ouest, du cap Comorin, dans le sud, et des mon- tagnes qui séparent THindoustan de la Chine, dans Test. Cette grande contrée de TAsie, considérablement peuplée , riche en productions naturelles de tous les . genres, a été au contraire tantôt entièrement, tantôt partiellement la proie de tous ies conquérants étran" gers. Les expéditions de ilnde attribuées à Hercule, à Bacchus et à Sémiramis appartiennent au domaine de ia mythofc^e. Mais il est certaih que les rois de Perse de la dynastie de Cyrus conquirent une grande partie de rinde , et qu'Alexandre le Grand ne fut empêché que par la mutinerie de ses troupes de* contraindre tous les princes du pays du milieu, c'est ainsi que les brahmanes nomment leur patrie, à le reconnaître comme leur seigneur suzerain. La période de Fhis* toire de Flnde comprise entre f entreprise des Grecs et celle des Mahométans est enveloppée d'une obs- curité qui ne peut être dissipée que sur quelques points par les écrits des Chinois *.

Dès le septième siècle de notre ère coinmencèrent les campagnes des Arabes contre Flnde; mais il se passa trois cents ans avant que Mahmoud de Ghazna fondât un royaume musulman dans le pays des brah- m(ines. Alors les conquérants se succédèrent les uns aux autres; Tamerian, Baber, Nadir chah .et les di-

* Noos avoDS rënni tous les faits des annales chinoises qui con- cernent rinde , et nons ies publierons bientôt âous ie titre de : l'Inde U'aprés les documents fournis par les Chinois.

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vers états européens ou leurs compagnies de com- Qierce. La population du pays, sans faire Une résistapce opiniâtre 9 courba constamment la tête aux pieds de cbaquie vainqueur^ comme un roseau flexible devant ia tempiéte qui se déchaîne. Aii^î> aujourd'hui le destia de Tlnde^ te sort d'une population de plus 9e cent vingt millions d*hommes est, chose yraiment étonnante » dans les mains d une association de mar- chands. Et, <:e qui n'est pas moins surprenant, c'est cet autre &it, que vingt4iuit mille Européens, tel est le nombre total des hommes employés aux ser- vices civil et militaire de la Grande-Bretagne, suffisent p<mr tenir dans la sujétion toute^ la population du pays des brahmanes ^ >

Avant cette période de misère et de corruption , il y a eu, suivant les traditions indiennes, d'autres riodes plus brillantes, plus parfaite^, durant une suite innombrable d'années. Notre âge , nommé kaliyouga, ou la période de la discorde, a commencé, suivant un auteur, trois Inille cent un, suivant un autre, seule- ment trois mille ans avant J.-C; elle doit durer quatre cent trente*deux mille ans. Alors l'ancien ordre de choses sera détruit par des déluges et des incen- dies, et il en naîtra un nouveau qui sortira des pro- fondeurs de lunivers. Si l'origine de l'état brahmanique et la civilisation de l'Inde ne sont pas antérieures à l'âge de la discorde, ou contemporaines de soncom-

. -* Il est yrai qne ia Compagnie des Indes a à son senrice un cent mille eipayes on soldats indigènes commandes par des offi- ciers enropéens.

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mencement^ certainement elles remontent trè84iaut, et au moins à deux mille ans avant notre ère. L'opi- nion de quelques savants du siècle précédent^ qui rapportaient tout à la Grèce ^ et qui prétendaient que les Indiens^ au temps d'Alexandre le Gradd^ étaient des sauvages 9 et qu'ils n'avaient été civilisés que par les rois grecs de la Bactriane , n'a pas besoûgi , au point en est aujourd'hui la connaissance de llnde an* cienne, d'être réfutée. Le tableau de l'état de la cul- ture de la population de l'Hindoustan à l'époque de la conquête des Grecs sufErait seul pour démontrer la complète nullité de cette opinion.

Un seul et même lien , celui de la loi sainte^ em- brasse ici la religion et la politique. La science de l'Indien ôrtiiodoxe n'est pas telle qu'il ait pu l'acquérif par les simples efforts de son esprit ; elle a au contraire été donnée par une puissance suprême ; elle a été ré- vélée. La religion et la science , tous les préceptes de la -vie indienne relatifs aux dieux et aux hommes sont contenus dans les trois védas, ou les trois sciences. Ces trois védas, Rtg, Yadjour et Sama^, furent ex- traits par Brahma du feu, de lair et du soleil ^ afin que l'homme sût comment les offrandes et le culte de dieu devaient être réglés. Le Rig-véda fut ainsi nommé

' II y en a nn quatrième , qui est FAtharvayëda , mais les lois de Manou n'en Font pas mention. Manou ne connaît que les trois yédas que je yiens de nommer. Le passage de Manou TAthar- yavëda est cite y a certainement été ajouté postérieurement : c*est ce qui résulte évidemment du livre premier (chap. 93) et du livre second (chap. 76) de Manou. Le prétendu Ezouvedam, nom Ion retrouve le mot lad jour, estropié, est une imposture littéraire.

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des hymnes et des bénédictions qu il contient; rig signifie iouer^ célébrer. Le Yadjour renferme les pres- criptions relatives aux offrandes qui doivent être pré- sentées aux dieux ; iadj signifie adorer. Le Sama-véda comprend les prières; sama signifie réconcilier, ex- horter. La religion primitive de cette révélation in-, dienne était, selon l'assertion du petit nombre de savants qui ont examiné les védas, absolument diffé- rente d^ l'idolâtrie des siècles suivants. De même que la langue des védas a de l'af&nité avec celle des anciens Parsis, de même aussi il parait que leur doctrine n'est pas très<[if{erente de la religipn de Zoroastre. Le culte des éléments, l'adoration du soleil et du feu, fut en effet la religion la plus ancieime de ces deux peuples, les Indiens et les Perses. Pour donner plus de majesté à ces objets de dévotion, on composa plusieurs hymnes^ qui sont contenues dans le premier véda. Afin de faire connaître l'esprit de ces cantiques de louange je vais en citer quelques passages.

Ausoleil.

« Elle t'est adressée , éclatant soleil , cette hymne de «louange qui te porte la salutation ; ô resplendissant, « elle t'est consacrée. Accueille ma louange avec bien- « veillance; visite intimement mon âme, animée d'un «désir ardent, comme Thomme amoureux visite la « femme» Toi qui vois et qui aperçois tout, sois notre « protecteur.

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AufetL.

M Avec des holocaustes , toi dieu magnifique^ avec «des chants divins et des offrandes^ source de lu- a mière^ plein de majesté^ nous t adorons^ ô feu^ «nous t adorons^ o feu, avec des holocaustes, nous M t'honorons avec des louanges, ô toi digne de tout « honneur; nous t'honorons avec du beurre liquide, ie « sacrificateur, nous t'adorons avec du beurre, dieu M source de lumière. O feu, visite notre offrande avec «les dieux, bënignement accueillant la présentation. «A toi, ô dieu, nous sommes dévoués. O vous, tt maintenez-nous toujours dans la voie du salut ^. »

Cette doctrine simple de l'ancien brahmanisme fut tellement défigurée par la superstition et par les poètes des temps postérieurs, qu'on a de la peine à le recon- naître dans les écrits des siècles suivants. Toutes les forces, toutes les manifestations de la nature, les ver* tus et les vices, furent honorés comme des êtres di- vins et surnaturels, représentés et adorés dans des images symboliques. Des trois périodes de toute exis- tence terrestre, deia formation, de la conservation et de la destruction, on fit trois dieux, Brahma,^ Vichnou et Si va, dont la cour était remplie d'une multitude de dieux subordonnés et de démons qui les servaient. La nature elle-même fut représentée coaime

^ Rig'Çedœ spécimen, edidit Fredericn^ RoseQ./Ijondniî , ira- pensis Jo. Taylor. MDGCCXXX , in-4o.

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une divinité terrible, pourvue de dix à douze mains , pour caractériser ses forces et ses effets multipliés. A ces idées et à ces sentiments personnifiés furent attri- buées des actions et desjiventures semblables à celles des homm^. II en résidta une masse de récits qui tantôt furent imaginés à plaisir, tantôt furent suppoféi expliquer une qualité de la divinité ou des dieux. La conséquence de tout cela fut quil s éleva dans le brahmanisme même une quantité innombrable de sectes dont chacune adora spécialement une divinité et imputa à elle seule tout ce qui' était et tout ce qui devait être. Ces sectes furent si jalouses de la préémi- nence de leur divinité tutélaire , qu a leurs fêtes so- lennelles il survint souvent i^ntre elles, par exemple eixtre Jes vischnaivas , ou sectateurs de Vichnou, et les saïvas, ou adorateurs de Siva, des rixes sanglantes. Les différentes incarnations, les bonnes et les mau- vaises .actions de Tolympe indien, sont décrites dans de$ ouvrages particuliers, qui sont naturellement beaucoup plus mod^nes que les saintes écritures ré- vélées. Ces ouvrages portent le nom de pouranas ; on en compte dix-huit. Oh range aussi dans cette classe autant doupa-pourànas, ou pourânas plus modernes. Chaque pouràna traite , dans des sections particulières, de la création . de la destruction et du renouvellement du monde; de la généalogie des dieux et des héros, du règne des différents Manous et de leurs successeurs. Les dix-huit pourânas comprennent en tout quatre fois cent douze mille stances, chacune de deux vers^

' Les stances tie chaque pourâna sont caiculëes dan> ie ilfoc-

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Les réformateurs qui dans le cours des siècles pa- rurent dans rinde pour amender le brahmanisme cor- rompu paraissent 9 dans le principe^ avoir tous eu pour objet de rétablir dans sa pureté l'ancienne reli- gion, qui ne connaissait ni les sacrifices sanglants^ ni le polythéisme. Tant que ces réformateurs se continrent dans le cercle des spéculatrbns et n'introduisirent que des cérémonies partielles ou d autres .nouveautés qui n'ébranlaient pas i'état dans ses fondements^ les brah- manes les tolérèrent, ou tout au plus les réfutèrent par écrit. Personne n'a été persécuté dans- le pays des brahmanes pour des projets purement spéculatife ou pour une manière particulière d'adorer ia divinité. Les brahmanes imposèrent même aux rois la loi de montrer du respect pour les dieux étrangers et pour les prêtres vertueux dans les pays qu'ils conquéraient. Mais quiconque mettait en danger les institutions po- litiques de Tétat, quiconque avait pour but de détruire l'essence des castes, établissement sacré et par lequel^ suivant les idées des brahmanes, les Indiçns se dis- tinguaient des barbares qui les environnaient, ceiui- là, dis- je, était poursuivi par le feu et le fer. Cette mesure était commandée par l'obligation de la con- servation personnelle.

La société civile indienne repose sur la division éle la population du pays en quatre castes : celle des prêtres et des savants , brahnwnas ; celle des guer- riers, kchatriyas ; celle des commerçants^ vaïsyas,

kenste collection , pag. 48 , d'après le texte dn Sri bhdgavat pou^ râna on le Pourana de Dourga.

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et celle des artisans, soudras. Cependant ii parah qu'ici, comme partout ailieiurs, la native de l'homme a été phis forte que les lois, puisque dsuis le plus ancien code de lois de Manou nous trouvons déjà des classes mélangées. Le roi , bsu de la caste des guep* riers, était le chief de cet état, composé quatre communautés. II est chargé de maintenir h religion, de défendre les opprimés et de conserver Tordre. Dans le commencement, suivant les. traditions an- ciennes, lés hoqumes n'avaient pas besoin de supé- rieurs; ils étaient vertueux et savaient se gouverner éux-mémcs. Mais dès que l'humanité eut^Iévié de la route de la vertu et de I équité, un supérieur devint nécessaire ; son devoir est de les protéger. Les habi- tants du pays lui> doivent mi tribut pour cette protec- tion. Mais on ne trouve nulle part , dans lés institutions politiques de l'Inde, un pouvoir qui eut été en état de s'opposer d'une manière légale à la conduite arbi- traire ou aux cruautés du souverain. Le lien d'un prince hindou est purement moral et religieux ^

Parmi les diverses sectes qui occasionnèrent des scissions dans le brahmanisme, il en est trois qui, par leur importance spéciale^ méritent notre attention particulière : ce sont celles des bouddhistes, des djaï- nas et des seïkhs.

De toutes les sectes bu religions de l'Inde, celle dont nous connaissons l'histoire avec le plus d'exacti- tude est celle des bouddhas ou bouddhistes. Cette

^ Malcolm, A Memoir of central India. London, 1834, t. I , pag. 529:

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doctrine y dont la renommée s'était dé^ répandue en Chine depuis quelque temps, fut, en Fan 65 de notre ère, apportée de ilnde.dans ie royaume du milieu p(ar une ambassade expédiée à eet efiet. La religion de Bouddha fit, dans ie œurs d'un petit nombre de siècles, des progrès extraordinaires dans ce dernier empire. Des prêtres savants allèrent de finde en Chine, et par ordre du souverain , dont les successeurs au trône devinrent de zélés sectateurs cette nouvdie croyance, traduisirent dans la langue du pays les ou- vrages dogmatiques les plus importants, ainsi que d'autres livres relatifs a la religion. Les prêtres indiens surent se <x>nformer au caractère des Chinois. On leur demanda en quelle année , dans quel moi$ et quel jour le fondateur de leur religion était né, qui étaient ses parents, et dans quel lieu ils avaient vécu. On coordonna les réponses de ces prêtres, et on obtint parce moyen, non-si?ulementuneyiedeCAaAyawoMni très-détaillée et appuyée sur des déterminations chro- nologiques , mais aussi des notices partielles sur ceitx de ses disciples qui après lui avaient occupé la pre- mière place , et en même tbmps^ des notices sur la composition des principaux documents relatifs à doctrine de Bouddha. Toutes les traditions contradic* toires en vigueur chez les autres nations converties au bouddhisme durent céder aux déductions des Chinois, rédigées avec exactitude-, et qui n'ofiraient pas dfe contradictions.

Châkya était à Kapilapoura , v^Ie située sur le Gange, par 26° 48' de latitude nord, et 82" 4' de

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longitude à louest de Londres^ dans ie territoire d'Aoude ou Ayodhya, et aajourd'lmî détruite. La naissance de Châkya arriva le huitième jour du qua- trième mois de la vingt -sixième année de Tchao- waug de la dynastie des Tcheou , c'est à-dire au mois d'avril ou de mai de fan 1027 avant notre ère. H mourut âgé de soixante:<Iix-neuf ans , neuf cent cin- quante ans avant J.-C. Châkya ayant épuisé toute espèce de science reçut ie nom de Bouddha^ cest-a^ dire le sage ou l'illuminé. C'est d'après ce titre hono- rifique que ses sectateurs furent nommés bouddhas ou bouddhistes. Châkya ne se borna pas à des inno-» vations purement spéculatives et à l'abolition de tous les sacrifices sanglants; il voulut au contraire renver* ser tout l'édifice des castes^ et par conséquent réformer Tétat social des Indiens. II paraît qu a certaines époques sa doctrine gagna dans, llnde un grand nombre d'a- dhérents ; c est Ce qu'attestent les immenses mordeaux de sculpture bouddhiques qui existent encore dans beaucoup de cantons du pays. Mais dans fag cinquième et le sixième siècle de notre ère> le brahmanisme se releva avec sa force tout entière , et les bouddhistes furent les uns exterminés par le glaive et par le feu^ les autres bannis hors du pays. A cette époque le vingt-huitième patriarche bouddhique > jiommé Bo- dhidharma , c'est-à-dire la loi de la sagesse ^ émigre.et va de t'Inde en Chine. II arrive dans ce dernier pays en l'an 499 de notre ère. La persécution des boud- dhistes fut si sanglante dans le pays qui leur avait donné naissance, que maintenant il n'y a plus, et dès

g6 JOURNAL ASIATIQUE.

le temps de Temperear mongol Akbar on ne pouvait trouver dans i'Inde , aucun sectateur de Bouddha.

Mais les bouddhistes se répandirent d'autant jius dans les autres contrées et dans ies lies de f Asie. Les brahmanes ne voulaient pas recevoir comme prose- lyte quiconque n avait pas appartenu précédemment à une caste; Chàkya recommanda au contraire à ses disciples^ comme le plus essentiel de leurs devoirs, de prêcher sa doctrine aux infidèles. La religion de Bouddha ne reconnait>nuUe distinction héréditsirp parmi les hommes : elle ne les partage qu'en éclaira ou croyants^ et obscurcis ou infidèles. Il paraît aussi que, dès le premier siècle après la mort de leur fon- dateur, les disciples de Bouddha se dispersèrent de tous côtés pour illuminer, par la doctrine de leur maître, les esprits qui étaient plongés dans les té- nèbres. D'après l'unique monument de la tittérature indienne qui subsiste encore , d'après la chronique de Cachemir, écrite dans la langue sacrée des brahmanes dès la cent cinquantième année après le décès de Bouddha, la nQuvelie religion fut introduite au Ca- chemir par un boddhisatva, c'est-à-dire un homme revêtu de la plus haute dignité dans la hiérarchie bouddhique. Le troisième patriarche ou supérieur de la religion bouddhistique, qui mourut en l'an 805 avant notre ère, avait déjà établi son siège dans {a partie sud-est du royaume actuel d'Afghanistan. A quelques lieues de distance de la capitale de la petite horde dea Yuei-chi ou Getes, il y avait une tour bouddhiq^joe qui fut élevée en fan 292 avant notre ère, et le dix-

/.

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AOUT 1854. vr

neuvième patriardbe des bouddhistes était dans le pays deces<jetes. En Tan 121 avant J.-C, un gé- néral chinois battit les Huns. On trouva dans ie butin une grande statue dorée , devant laquelle un roi hun avait coutume de sacrifier. Beaucoup d'écrivains chi- nois pensent qiue ce monument' était une image de Bouddha. Il résulte évidemment de tous ces faits, puisés à des sources chinoises, que la doctrine de Bouddha se répandit de très-bonne heure dans nord de r^indoustan et au delà des monts Himalaya. Peut- être ie bouddhisme ést-il aussi ancien dans l'Asie moyenne que dans l'îlc: de Ceyian, et chez les nations de ia presqu'île orientale du midi de l'Asie. Assuré- ment le bouddhisme fut prêché plus tôt dans certaines conti^ées du nord et du nord- est de cette partie du monde que dans les îles de Java et de Bali et au Japon , oii les premiers indices de cette, croyance se montrent vers fan 552. de notre ère. Les Tongouaes et les Mongols qui, dans le nord de, l'Asie, sortant tout à coup de la nullité, fondèrent des états puissants qui s'écroulèrent aussi promptement qu'ils setaient élevés, aussitôt qu'ils furent retournés à ia vie no- made, ne conservèrent la mémoire que de quelques particularités du système du bouddhisme, tissu- avec tant de subtilité. et dans lequel tout s enchaîne si bien, et ne tardèrent pas à les mêler avec les usages su- perstitieux qu'ils tenaient de leurs pères. C'est ce qu'on désigne, sous le nom de chamanisme, que beaucoup d'ethnographes regardent à tort comme une religion particulière. Le chamattisme est composé de

XIV. 7

m JOUILNAL ASIATIQUE.

bmbeaiux du bouddhisme jadis florisant. Les boud* dhistes et les djaînas nomment en effitt s'ràmtm'n toute personne qui se livre à la contemplation Jeife- même; nom qui, dans quelques dialectes^ se prononce samana; c'est de ce mot que vient la dénomination de samanéens, usitée chez les anciens^ et celle de schamanisme chez les peuples du nord de f Asie. Cest aussi de que dérive le Sominocodom des Sia- mois. En effet ce root est composé de ceux de sammnm et de Gautama, un des noms de Bouddha, et signifie le saint Gautama.

Chez d autres nations plus heureusement organi- sées, le bouddhisme se maintint dans sa pureté en- tière, sans aucun mélange. Néanmoins il ne put échapper au sort de toutes les religions de la terre , et se partagea en quatre sectes. Trente-trois patriarches^ qui se succédèrent dans un ordre régulier, gouver- nèrent ia communauté bouddhique durant une pé- riode de seize cent soixantef-trois ans. Après le décès du trente-troisième patriarche, qui arriva en laii 713 (le notre ère , il ne se trouva personne qui fût jugé iligne detre à la tête de la religion. Dans tons les royaumes, dans toutes les contrées la doctrine de Bouddha avait été répandue, il se leva en consér quenœ des chefs particuliers. La massé des prêtres et des moines avait besoin d- un supérieur, et les institu- tions hiérarchiques en ful*ent une conséquence néces- saire. Les ecclésiastiques, soumis aupcoavant à ?l|Bi puissance temporelle, profitant adroitement de k ciri constance, parvinrent^ dans leTangout, dan^ iirTibri

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et dans quelques cantons de la Mongolie , à se rendre graduellement indépendants^ et à devenir les* souve- rains du pays et de ses habitants. La croyance à la métemp^cose ou à la transmigratioii des âmes^ qui est le principe du bouddhisme^ de même que de la plupart déà religions de* llnde, fut en conséquence ' employée à ce dessein : les hommes puissants furent représentés comme étant Tincamation dune divinité ou d'un saint personnage défunt, qui reparaissait sans cesse, afin de régner comme prince indépendant. Voilà 1 o*- rîgine du Dalai^Iama à Hlasi^, de f autre souv^^in ecclésiastique à Techou-lombou, et de plusieurs autres .prêtres régnatits parmi les Tibétains et les Mongc^<

De toutes les croyances répandues sur la terre le bbuddliisme est celle qui compte le plus grand nombre de sectateurs. La quantité des bouddhistes < dépasse vraisemblablement deux cent soixante millions; ce qui est prodigieux. Le tableau suivant prouve cette assertion. .

Eo 1813 la populatioD de la Chine était de 365,000,000 d'âmes. Sur ce nombre, celui des bouddhistes, ou au moms des hommes qui se conformaient à un éclectisme des trois religiODS, était de. . . .^ 200,000,000

Mandcfaovs et Mongols en Asie et en Eu- rope;*. ..-►......•;.....,- 5,400,000

Empire du Japon et archipel des Lieou- khieou s . . . . 85,000,000

Tibet et Bchitan. . 6,000,000

'■•.•''.'

A reporter* ... ; 936,400,000

«

100 JOURNAL ASIATIQUE.

Refûrt ^36,400,000

Cprée 5,000^000

Presqu'île orientale du midi de l'Asie.. . . 95^000,000

Ile de Ceyian '. 600,000

Nipal ou Naïpala 9,000,000

-H

Total, 969,000,000

' Quoique les bouddhistes rejettent les védas et pos- sèdent beaucoup de livres sacrés qui sont partages en douze classes , toutefois les règles de conduite d'un véritable prosélyte de Bouddha ne différent pias esscfn^ tieliemént de celles d'un disciple des védas. Les de- voirs d'un ecclésiastique bouddhique sont presque les mêmes que ceux d'un brahmatcharà ou d'un docte fauteur des védas, pendant temps que celui-ci s'est consacré à la vie , contemplative. Voici les dix com- mandements du bouddhisme^ suivant l'ordre les présente le catéchisme de cette croyance.

« Ne tuer rien qui soit vivant;

u Ne pas dérober ;

« Ne commettre aucune action impudique ;

« Ne pas dire de mensonge ou de fausseté ;

u Ne boire aucune boisson spiritueuse. »

Les laïcs doivent aùsisi bien que les ecclésiastiques observer ceis lois; les suivantes concernent uniquement le clei^é bouddhique. Les ecclésiastiques doivent

« N'oindre ni la tête. ni ïe corps; *

a N'assister à aucun chant ou spectacle;

M Ne pas dormir sur un lit haut et large;

«K Ne manger qu'une fois !e jour, et avant midi;

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' « Ne posséder nulie propriété, » Plus tes ecclésiastiques sont élevés dans la hiérar- chie bobddhique/ plus les règles de ccmduite qu'ils oat à observer sont nombreuses et restrictives .

. L'origine d une autre secte ou religion de Flnde , laquelle ne s est pas étendue au delà des limitées de' ce' pays y ne peut pas être donnée avec la même exacti- tude historique^ ni suivie dans ses développement», comme l'a été le bouddhisme. Toutefois'^ies djainas sont certainement beaucoup postérieurs à la diffusion de ia doctrine de Cbâkyaj peut-être dans le principe formèrent-ils seulement une branche particulière du système de la religion bouddhique. Les mythes des sectes modernes offrent bien plus de choses extraor- dinaires que ceux des brahmanes que i on trouve dans fes pouranas et dans les autres recueils de légendes. Les djaïnaS ou doctes^ car telle est la signification de ce mot^ honorent vingt-quatre instituteurs^ qui sont nommés avatâras^ ou révélations. Ces sectaires sont encore très-nombreux dans la partie méridionale de la presqu'île de Ilnde, dans le Bahar et à Patna. De même que les bouddhistes^ ils rejettent l'autorité des védasy ainsi que tous les sacrifices et toutes les- céré- monies qui sont fondés sur ces livres.' Ils ont en re-? vanche leurs propres livres saints, dans lesquels les mystères du éiel et de la terre sont exposés à leur manière. Le merveilleux et l'extravagant de ces mythes

^ ,Cc mot signifie proprement ia descente 4*ane diyhiitè sur ia terre; c'est ia dénomination qn*on appiique snrtonf aux dix appa^ ritions on incarnations de Viclinon.

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surpassent toute croyance. Les doctes sont également partages en plusieurs sectes ou écoles, qui honorent dUIerents saints et Suivent une manière de vivre par- ticulière. Les plus maussades sont les digambaras, qui jusqua présent n ont été trouvés que dans le sifd de la péninsule de Flnde. Les adhérents, ou du moins les prêtres de cette secte, vont entièrement nus : ils ont aussi , de même que toutes les sectes indiennes , et de même que la plupart des rameaux particuliers de ces sectes, une littérature qui leur est propre.

La littérature classique ou sacrée des djain^s^ coi»* siste en vingt-quatre pouranas, absolument différents de ceux des brahmanes, et qui traitent de la vie^et des actions des vingt-quatre instituteurs. Cette secte, de même que celle des bouddhistes, semble âusii avoir rejeté, dans les temps anciens, toutes les diffé» rences de caste du brahmanisme. Plus tard ils se conformèrent aux usages de la société indienne, en introduisant une distinction de castes r^Iée d après les professions. Le laboureur est nommé sudra , guer* rier kschatrïa, le marchand vaisia. C'est ce qu'un témoin oculaire, doué d'une grande perspicacité, nous assure expressément au sujet des djaïnas du.Ba- har et de Patna^ Les djaïnas du midi de la péninsule

«

^ «The circamstance by which I was most sarprised was.that « hère the hereditary dividion into the four common tribes of Brah- «mans, Gshatriyas, Vaisiyas, and Sàdras, is tofally denied^ al- ttthoQgh thèse names are coDsidered among them as denoting « distmctioiiB of employmemt and rank. Hamiiton , Memoir on the Jainas, -{TnmmUÊptions of the roy^l asiatie Society ofLondan, Tom. I.)

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de rinde paraissent avoir une divi/sion en ^stes', d'après les principes rigoureux du brahmanisnie. Néan- moins il est T«inarquable qu'on n'a pa$ encore Irouyé de brahmanes chez eux ^

Après les conquêtes des musulmans dans l'Inde ^ plusieurs princes et plusieurs particuliers cherchèrent à fondre ensemble la religion de Mahomet et celle des Hindous 9 et d'écarter ainsi toutes les dissensions religieuses. Les tentatives du ^rand empereur moiigol Akbar sont^connues de la postérité par f ouvrage de son habile ministre Aboul&zei. Quelques courtisans , pourserendreagreabIes.au monarque, firent; profes* sion de sa nouvelle religion^ composée d'unimélange de fislamisme et du brahmanisme; fnab, à la mort d' Akbar, on vit disparâitre cette nouvelle croyance, qui n'avait jamais pris racine dans le pays. La doctrine de Nan&k ou Nanaka, simple kschatrïa sans pouvoir, obtint plus de succès. H naquit en 1469, 'dans up canton du Pendjab. Nanak chercha paiement à réunir aussi ia doctrine de Mahomet sur l'unité de dieu avec les idées et les cérémonies des Hindous, et à concilier par là, s'il était possible, les sectateurs des. deux Teli< gions^ ennemis les un^ des autres. Après l'unité de Dieu, il ifisista principalement sur une soumission absolue à la volonté de la toute-puissance, et sur une conduite miséricordieuse envers toutes les créatiB'es.

^ Colebrooke usure expressément , tant dans son mémoire in- séré dans le tome IX des Asiatic Researches, que dans la qua- trième partie de The philosophy'^of the Indus, que les drainas le conforment à la dirision en castes.

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Sa religion était dans son ensemble extrêmement simple ; éloignée Clément des sacrifices sanglants et de pratiques ridicules ou cruelles; il reconnut aussi Tégalité primitive de tous les hommes^ et rejeta par conséquent toute différence héréditaire. Mais cette religion ne put se maintenir longtemps dans sa pureté originaire. Les patriarches qui succédèrent à Nanak dans le gouvernement de fa communauté se virent obligés de céder aux préjugés du peuple hindou , et de reprendre beaucoup de choses du brahmanisme.

Ranadjid singh, chef actuel des Seïkhs, nom que portent les sectateurs de Nanak, s'occupe deptîis longtemps à acquérir un grand nomi et rattachement de la population indienne, en amalgamant dHine ma- nière prudente (es cérémonies du brahmanisme aurec la doctrine de Nanak. Ranadjid singh est,, dans la véritable acception du terme, le seul prince de f Inde qui soit réellement indépendant. Son armée, qui passe pour très-importante, est commandée par des officiers français de iancienne garde impériale, et exercée à toutes les manœuvres de la tactique euro- péenne. On dit que le monarque des Seïkhs entretient des relations secrètes avec la Russie , communiic^tions qui naturellement sont vues d un œil jaloux par la Grande-Bretagne.

Le nombre des sectateurs de la doctrine de Nanak est h peine de plus de deux millions; toutefois Ra- nadjid singh a conquis une partie considérable de l'Afghanistan, et a assujetti plusieurs princes de f ouest et du nord-ouest de f Inde , qui autrefois jouissaient

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de f indépendance. On estime la population des états sur lesquels il règne à six millions d'âmes.

Un peuple aus^i ignorant et aussi crédule que celui de i'HindousIan se laisse aisément séduire par chaque nouveau saint ou faiseur de prodiges. Quiconque par- court le pays en religieux mendiant ^ se soumet à des austérités extraordinaires, et connaît bien les livres sacrés, trouve facilement des partisans. Dans le temps actuel, il est question d'un pénitent mendiant qui jouit d'i^ne considération immense : partout ou il se montre, plus de quinze mille personncsjse rassemblent instantanément autour de lui. Mais il a été bien plus difficile de se procurer des sectateurs aux hommes qui ont voulu rétablir lantique religion indienne dans sa pureté, et effectuer une réforme de la société civile dégénérée. La doctrine du radjah Rammo-hun-Roy na jusque présent obtenu que très-peu d'approba- teurs parmi ses compatriotes. Ce prince, formé à la civilisation européenne , annonçait {'intention d'abolir les superstitions et l'idolâtrie introduites par la suite des temps, de relever la pure doctrine des védas gt de la rendre de nouveau la religion Nationale. On oit qu'il a embrassé le christianisme, c'est-à-dire celui d'une secte qu'on peut aussi bien ranger parmi celles des prosélytes des védas que parmi celles des prosé- lytes de l'Évangile; savoir celle des unitaires. Par ses différents ouvrages , écrits tant en bengali qi^'en an- glais, il a voulu tantôt fixer l'attention de ses com- patriotes sur la nature criminelle et pernicieuse de quelques cérémonies , tantôt leur prouver que l'idée

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d un dieu tout-puissant qui gouverne le moode est Tâme de lancienne religion indienne^'La doctrine de Rammo-hiHi-Roy peut bien ne pas différer beau-, coup de celle du fondateur de la religion des Selkhs» ainsi qu'on peut s'en convaincre par les préceptes de Nanak qui sont chaque jour répétés par ses sec- tateurs.

(c Obéis à Tétre qui est immuable et étemel; que « la sagesse soit ton étude; puisse la charité diri- Mger; ia nature est la mère du monde; Brahma^ a Vichnou et Siva ses fils , le gouvernent par ia vo^ «lonté de Dieu, qui te voit, mais qui reste caché M pour toujours ; L'univers est des quatre prin- « cipes élémentaires, ainsi que du jour et de la nuit; (i Dieu invisible réside dans la vérité; mille langues ne M pourraient jamais' célébrer ses louanges ; et le pou- « voir de l'honorer d'une manière digne de lui na pas M été donné à Thomme par la nature ; cette faculté est Ci un don particulier de Dieu; la connaissance de Dieu «vaut beaucoup mieux que toutes les cérémonies; « elle seule remplit l'âme de joie ; quiconque a honte. « du péché est heureux ; quiconque &it des œuvres u méritoires aura pour récompense la félicité. »

Nous serions entraîné trop loin si nous voulions

' Rammo-han-Roy a séjourne deux ans en Angleterre , Tan- tenr de ce mëmoîre a eu plusieurs fois Toccasion de le yoir et de iai parier. Les traductions qu'il avait publiées à Calcutta dot été réimprimées en Angleterre sous oe titre : Translation o/seçerml principal books, passages andtexts ofthe veds, and ofsomè cot^ troversial utorks of Brahmanical theology, by Rajah Ranunô boa Roy. London , 1 839 , in-S».

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traiter ici les systèmes philosophiques et ia [ittérature des Indiens avec les mêmes détails que leurs institu- tions, rei^ieuses et civHes. Nous pouvons d'ailleurs être plus concis sdr ces sujets , puisque nous avons déjà &it mention de la littérature religieuse et on partie de la poQsie, en exposant leur état et leur im- portance quand nous avons tracé Thistoire la cul- ture du peuple. - r

Avant l'essor donné de nos jours par l'Angleterre à la connaissance de l'ancienne langue de l'Inde^ on avait eïi Europe des notions de quelques écoles phi- losophiques de l'Hindoustan. La comparaison métho- dique des diverses doctrines de ces écoles a été faite dans ces derniers temps par MM. Colebrooke^^ Frank' et Windischmann^ Les,textes qui composenfrie fond de ces systèmes et la traduction latine iBdèle et litté- rale de M. Lassen^, qui les accompagne^ mettront en état, même les personnes qui ignorent sanscrit, de porter un jugement assuré sur la philosophie in- dienne.

Les brahmanes comptent quatre systèmes philoso- phiques, dont trois, savoir les deux mîmânsâs (dog- matiques) et le nyâya (la logique), sont absolument d'accord avec la dogmatique et la métaphysique des

^ Dans ses mémoires coDtenas dans ie premier yoiame des Tran- sactions ofthe royal astatic Society,

* Fynsa (joi^nal rëdigë par D' Othmar Frank). Mnnich et Leipzig, 1833.

' Geschichte der Philosophie,

^ Gymnosophista, La première fivraîson a para récemment , et sera ?raisemblabiement saiyie par d*ftntre8.

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védaSy et qui, par cette raison, sont nommés ortho- doxes, he système sânk'hya, c est-à-dire un système dans lequel on s'efforce, par une distinction exacte, de comprendre les choses spirituelles, renferme des principes qui seloignent en partie de la métaphysique brahmanique. Ce système, ainsi que celui du nyâySy se subdivbe en deux écoles; mais les systèines hété- rodoxes ou hérétiques sont en grand nombre. Les principaux et les plus connus de ces d(^[mes , qui en même temps produisirent une scission dans la société indienne, sont ceux des bouddhistes et des djaïnas, dont nous avons déjà parié. Les principes et les doc- trines des écoles philosophiques qui viennent d'être nommées sont absolument différents les uns des autres ; et quel nombre d'écoles existent peut-être, et qui nous sont encore entièrement inconnues, en Europe! On conçoit ainsi avec quelle inexactitude on s'ex- prime, comme cela arrive communément, quand on parle d'une seule philosophie indienne ; il y a méine des gens, restés tellement en arrière de la science, qu'ils citent encore une philosophie orientale. L'ex- position des systèmes de philosophie de l'Orient, dans l'histoire la plus récente et la plus détaillée de la phi- losophie, est même plus incomplète que celle qu'où trouve dans l'ouvrage de Brucker. '

Le drame et la poésie épique des Indiens sont au- jourd'hui, connus en Europe par des traductions bien 'faites. Le Râmâyana, dont nous avons décrit plus haut le sujet, contient vingt-quatre mille cinquante stances, composées chacune de deux vers. On aura

•-.*

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lobligation à Auguste-Guillaume Schlegel de la pre^ mière édition complète, accompagnée d'une traduc- tion latine, de cette épopée indienne si vantée.

La seconde grande épopée des Indiens ressemble davantage, pour 'se servir dés termes d'un homme docte , aux poèmes cycliques des Grecs, par letiombre infini d'épisodes et de rapsodiés qui y sont entremêlée, et qui peuvent passer pour autant d'épopées particu- lières. Cet ouvrage ne comprend pas moins de cçnt mille staiices de deux vers chacune; toutefois il est dit dans le poème même qu'il n'est composé que de vingt-quatre mille slok'às ; par conséquent son étendue égaie celte dvL'Ràmâyana. Cette épopée porte le titre de 3/aAéiAAora^a^ c'est-à-dire,- Soit la grande guerre des Indiens, soit le grand roi de l'Inde; puisque bhâ- rata est un nom ordinaire du pays , et ce patronymique bhàrata peut être employé dans les deux sens. Son sujet principal est relatif à une guerre civile qui est aussi fréquemment citée dans les tradition^ indiennes que la guerre de Troie dans les mythes hellènes , et qui doit remonter à une époque extrêmement reculée, puisque les héros qui y figurent sont nommés dans le Rigveda. Voici ce sujet : Bharatas , fils de Dou- chandà, roi de Hastinapoura , dans le voisinage du lieu est aujourd'hui Delhi , fut la souche deux familles , celle. des Kourous et celle des Pandous,.qui dans ce poème se font la guerre pour ie- droit succession. Le père des Kourous était Dhritarachta ; on le nomma/it ainsi parce que, en qualité de premier- né, il devait posséder le trôn^. Mais étant aveugle^ il

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y avait renoncé , et son frère Pandous, ainsi que «es cinq (ils, en prirent possession. Les Pandavas, qui ae distinguaient par tous les genres de vertus > eorent à supporter toutes les persécutions imaginables de la part des Kauravas, fils de Dhritarachta, qui -étaîient jaloux de parvenir à la souveraineté. Ce sont les aventures de ces cinq fils de Pandou qui fournissent une matière abondante au poème. D'ailieursie poète suppose que chacun de ces cinq fils descend des dieux , ce qui lui donne Toccasion de créer une mythologie féconde , et de mettre les divinités en action. La a|a- nière dont le sujet est traité est^ autant que nous pouvons en juger par ce qui a été publié jusqu'à. pres- sent, purement épique; ce nest pas, comme les commentateurs indiens modernes du Mdhabhàrata sont ^clins à le considérer, une allégorie des combats entre les vertus et ies vices; mais en même temps y. à- la manière conséquente dont le sujet principal est suivi, quand on en élague ies épisodes innombcabies, on voit que cette composition est louvrage d un seul auteur. Les Indiens attribuent également ees épisodes au poëte, et nomment pour auteur Vyàsa, tern» qvj signifie Compilateur. Jones , Davis et Bentley, déterr minés en. partie par des motifs fondés sur rastronolnie, placent la guerre , sujet du Méhabhârata , dans k douzième siècle avant notre ère; mais,, à en juger d'après la mythologie qui y est représentée, ce poëme doit être beaucoup postérieur au Râmâyana^ JUn* sie^r& de ces épisodes ont été publiés, dans la Iai^;«ie originale et dans dés traductions, par Bopp et par

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Scblegei. Presque tous appartiennent au troisième re* cueil des Rapsodies , et consistent en récits ({ue le brahmane Markhandeïa fart, dans ie désert;. aux fils de Pandou , pour les consoler et les divertir^ et qui contiennent les aventures arrivées dans ce iieu^. Les poètes postérieurs ont, ^ comme ceux de la cour à Alexandrie et à Constantinople^ arrangé et traité à leur manière le sujet >des anciennes compositions épiques. Cest ainsi que Kaiidàsa a décrit ie contenu du Râmâyana dans un poème intitulé RagkowMm* sa, c'est-à-dire la lignée de Raghùu Km Rama'. M. Stenzler, le premier qui ait publié en Âiiemagne un fragment d\m pourana y a dernièrement fait paraître , aux frais du comité de traduction de Londres, le texte de cet ouvrage avec une version latine.

Quant à la poésie lyrique et à la poésie didactique, nous renvoyons, pour ne pas nous étendre trop y ^ l'ouvrage de M. de Bohlen, cité plus haut^ ou à la Littérature de la, langue sanscrite par M, Adeiung.

Wilkins a été, autant que nous le, sachions, ie premier Européen qui ait pu se vanter d'une connais- tance approfondie de la lang4ie sacrée-des Indiens. Tout le savoir de Haihed paraît avoir été très-super- ficiel. WiUcins publia en 1783, à Londres,. une, tra- duction anglaise du Bhagavadg/uia, ou chant divin ;

^ Éhu alte Indien , mit kss&nderer R&eksicht ouf jSgypêen , dmrgitsieiiei> von D^ P. von, Bohien , tom. II , pag. 34&« BaUen a le mérite d'avoir réuni de nouveaux faits aui: ilnde, falu qm se .Mut connns ^e dïspuis quarante ans, et qu'il a fm k des.toniroes pMi aocevibies. N^anmoina on regretta que pour rilkie an^mne la crîtiqve historique soit so«veFnt tro» peu étendue. -

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aujourd'hui ce respectable vieHIard mène encore une vie active dans cette capitale , il remplit les fonc* tions de bibliothécaire de la compagnie des Indes» Bientôt vinrent des hommes qui, à la persevéranoe de Wilkins, unirent une vaste érudition et la persph cacitc pour les recherches; les travaux d'un Jones, d un Colebrooke et d'un Wilson font époque dans le champ de la littérature indienne et de la science en général. Le premier Français qui, à l'aide de Tinstruc* tion orale de M. Hamilton et par les livres élémentaire;» des Anglais , se procura une connaissance approfondie de la langue sacrée des Indiens y fut Chézy, mort ré* cemment. Chézy fut aussi le premier qui fit un cours public de sanscrit en France. A l'exception de3 excei*- lents travaux de M. Burnouf , cet arbre de science nouvellement planté dans ce royaume, n'a pas encore porté beaucoup de fruits ^ Il en est tout autrement de. l'Allemagne.

-Quand même, si on le considère du point actuel est parvenue l'étude de la langue indienne, le savoir de Frédéric Schlegel aurait été imparfait , néan- moins son livre intitulé Ueber die Sprache und

^ Tout en approavant haatément festime qae M. fe profeMenr Neamann a conçae pour les ouyragerdu sayant habile ici mention- né, nous croyons à propos de Tinformerque ia France possède d*autres personnes qui se livrent avec succès à l'étude de la langue . et de fa littérature sanskrites y et qui ont publié et publierait vral- semblablement encore des ouvrages dignes d'attirer TattentioB de» savants. Nous pourrions citer MM. Lianglois , Loiseleur. des hctng- champs , Eichhoff , etc. , tous élèves de M. Chézy, qui a contrihiitf puissamment , comme on sait , à répandre en Europe le goût et ie connaissance de la langue sacrée de llnde. ( Note du réiimçieur, )

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Weisheitderlnder a contribue principalOTaent a diri- ger Tattention des savants et du public jettré sur la nation et la littérature indiennes. II fut bientôt àuivi des hommes qui fondèrent les nouvelles écoles delà science et introduisirent dans fe monde savant T Al- lemagne, pour toujours y Féludc de h science; ce furent Bopp, Frank et Schlegeï. Èes premiers sont des Bavarois y ce qui doit être noté dans nos annajies; et, si je ne me trompe, c'est grâce au gouvernettient de lepr pays qu'ils ont été ,n^is en état de devenir ce qu'ils sont. Des écofes de Berlin, de Munich et- de Bonn surgit alors une foule d'étudiants, d'amateurs, d'amis de lancieune littérature indienne classique; et itième Ie3 recherches ingénieuses d'un âùiilaume de Humboldt et d'un Bopp, fondées sur le sanscrit et embrassant le domaine entier des langues, donnèrent naissance à la coùiparaisôn des langues, science acces- soire de rhistoire et de la philosophie et extrêmement, importante. La, comparaison raisonnée des langues^ qui se garde également de saisir des analogies acci- dentelles ou d'employer des étymologie's forcées, nibus fournit des édaircissemènts sur des périodes de This^ toire et de la marche du développement du gèhre humain au sujet desquelles on ne peut obtenir aucun témoignage dans les annales des peuples. L'étude des anciens monuments sacrés devient maintenant de plus en plus rare dans l'Inde, suivaYit ce que nous appreftd Radjah Rammo-hùn-Roy , et Beharès compte peu de brahmanes qui sachent bien^'Ia langue des védas. Il pourrait bien arriver que les successeurs de Valmîki, XIV. 8

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de Viàsa et de Kalidasa, de même que ceux d'Homère, d'Hésiode et d'Eschyle , fusant dans la suite obligés de ^enir en Allemagne et en Frapce pour apprendre à comprendre les ouvrages qui formèrent ia base de la religion , de la société civile et de toute la civilisa- tion de leurs ancêtres.

FRAGMENTS

./

d'un mémoire sur le système théogonique et cosmogo- nique des Assyriens ou des Chaldéeos d'Assyrie , gar M. Félix Lajard ^

. £n me déterminant a soumettre a:u jugement du .public mes observations sur f origine, la nature et les monuments figurés du cuite de Vénus çn Orient et .en Occident, ie plan que je me proposais de suivre était de commenôer par f examen détaillé des antiqui- tés orientales littéraires ou figurée^ qui ont été la baae de la première partie de mon travail. Je désirais faire, pour ainsi dire, assister le lecteur à l'opération par laquelle j'étab parvenu à retrouver quelques-mis des traits les plus saillants du système religieux auquel se rattache un culte que Ton n'a pas encore, ce me semble, suffisamment étudié à sa source. Après avoir •constaté les faits qui résultent de la comparaison réci- proque des monuments figurés et des textes, j'aurais déduit pas h pas les conséquences qui me paraissent

^ Ce mëmoire a été in à rAcadëmie royale des Inscriptionfe et BeUet-Lettrés , dans les se'aAces des 17 et 94 janyier dernier.-

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pouvoir en être tirées, et je les aurais réunies toutes, a la fin pour les faire servir- à la restitution du ayêtème théogonique et cosmogonique des Assyriens, ou plur tôt des Chaldéens d'Assyrie; système dont la Connais- sance devait rendre plus &ciie ensuite letude de l'histoire du culte de Vénus chez tous les autres peuplés de TOrient et de l'Occident, puisqu'il est avéré que. ce culte a eu son origine dans les riches et célèbres cohtrées de TAsie occidentale qui furent habitées par les Assyriens et les Chaldéens; mais plu- sieurs savants, qui avaient entendu la lecture dun premier 'mémoire sur les monuments figurés de My- litta, ou la. Vénus assyrienne, mont représenté qu'il était difficile de me suivre dans l'examen des faits sans la connaissance préalable de mes idées' particulières sur le système religieux des Assyriens. J'ai du pren- dre cette observ9tion pour l'expression dun désir, et y voir tout^à la fois un conseil bienveillant et l'in- dice certain de f intérêt qui s'attache au sujet dont je me suis occupé. Toutefois, en m'écartant de mon plan primitif et en, soumettant au public l'exposition du système théc^onique et cosmogonique des Assyrien^ ou des Chaldéens d'Assyrie, avant d'avoir pu mettre SOUS les yeux du lecteur les tex1;es et les monuments figurés sur lesquels s appuie ma restitution, je ne me dissimule point que. je me place dans la position la moins, favorable au succès que j'ambitionne, celui d'obtenir pour mon travail général les ~suffi*ages du monde savant. Ce n'est point sans hésitation ni sans crainte que 'je me décide à présenter ici des résultats

8.

116 JOURNAL ASIATIQUE.

au iieu d'observations. Plusieurs idées qui sont ënon* cëes dans l'exposé de ces résultats pourront renconirer de fâcheuses préventions , qu elles n'eussent peut-éire pas eu à combattre si les nombreux témoignages qui sont réunis dans mon travail avaient pu disposer préa- iabiement les esprits à admettre ces idées comme les conséquences nécessaires des faits: car les unes me paraissent être nouvelles , et les autres peuvent con* trarier des opinions assez généralement admises jusquli ce jour. Celles-là m'ont été tout naturellement suggér rées par les monuments ou les objets nouveaux que depuis vingt-six ans mes voyages et mes collections m'ont donné lieu d'observer et d'étudier. Les secondes ont un inconvénient que je n'ai pas- recherché, et qui est ia conséquence immédiate de la circonstance que je viens d'indiquer. II me sera peut-être permis de dire ici que mon caractère personnel m'aurait porté à éviter cet inconvénient, si j'avais pu le faire sans mancpier au devoir que m'imposait seul sentiment qui m'anime en écrivant, le désir de parvenir à b connaissance de la vérité. Je n'entends et n'entendrai jamais écrire avec l'intention d'attaquer les opinions de qui que ce soit , encore moins avec^ la prétention de croire que mes propres opinions soient exemptes d'erreurs et destinées à prévaloir. Mais c'est précisé- ment pour parvenir à reconnaître quelles erreurs fai commises , quelles conjecture!^ ou quelles assertions je pourrai désormais regarder coinme probables ou comme vraies/ c'est précisément, dis-je, pour o^te raison que je n'ai pas du reculer devant fidée de

AOUT 1834 117

provoquer, par la publication de mon travail général, la discussion ultérieure des faits sur l'observation des- quels s'appuient mes opinions. Je supplie doix: le lecteur de vouloir bien, ju^quaprè^f examen des preuves, suspendre tout jugement critique ou même 'Êivorabie sur fexposé qui va suivre.

' Dès la plus haute antiquité, nous trouvons chez- les Assyriens, ou du tnoins chez les Chaldéens d'Assyrie, un système religieux qui , en admettant {existence d'un dieu suprême, étemel, invisible, incompréhen- sible, enseignait que ce dieu s'était manifeste par la parole au sein^de l'univers. Il enseignait encore que la connaissance de dreu, dans les limités tracées ^par. la constitution iméme de l'homme^ s'acquiert par une seule voie, la connaissance des différents ordres de choses dont se compose l'univers. La théologie, chez ce peuple célèbre, comme d'ailleurs chez tous les autres peuples civilisés de l'ancienne Asie, étiàit donc la science universelle, puisqu'elle comprenait à elle seule ^ toutes ces branches d'enseignement dont les modernes ont fait autant de sciences séparée^. Elle reposait nécessairement sur l'observation préalable et immédiate des faits relatifs à tous les phénomènes de la nature dans l'ordre intellectuei , dans l'ordre physique et dans l'ordre moral; et ces iait$ étaient étudiés sous le point de vue i^plus élevé, cestà«dire, dans leurs rapports avec l'essence même de la divinité.

1Î8 JOURNAL ASIATIQUE.

L'oi^nisation des castes sacerdotales jiermettait d ap- pliquer à Letude de chaque branefare des connais- sanoes humaines^ etau profit d*une seule inteiiigencey ies fàxniités et le talent d'observation propres à chacdin des membres de la communauté. L'homme supérieut qui était le fondateur et le chef de la caste y et le» autres génies que les âges suivants virent parfois' naître et sVIever dans le sanctuaire, eurent chacun à leur tour la faculté de disposer des résultats xles divers travaux scientifiques entrepris et exécutés eh cbknmtin sous leur direction; et ils s en servirent pour établi!'' un système dans lequel ces résultats étaient rame« nés à l'unité religieuse par Funité de conception él rédaction. Ces systèmes, comme tous ceux qu'il est dcHiné à l'esprit humain de concevoir etd'enfantei^ ne furent jamais l'expression de la Térité absolueJ Mais, dans les temps anciens^ ieiir viœ d'imperfec^* tion- fut* dissimulé en^ partie , soit à l'aide de quelque» suppositions qui en rendirent conventionnels certaines bases ^ certains détails, soit en négligeant les rapports de détailis pour ne présenter que des rapports raux. Je ne 'm'arréte^i pas à examiner si ce caractère ne dort pas être attribué à Fétat d'imperfec^ ûon Tétude des -sciences physiques et naturélies se trouvait encore aux 'époques dont il s'agit. Je ne^ rethercherai pas noh plus si la méthode employée, dans ies sanctuaires des castes sacerdotales ne dut pai> nuire sensiblement aux progrès de la théorie 'dfki sctètieies, et même imprimer une ^ fâcheuse» direetioti à Fobsi^rvkticin itfntnédiate des faits ^oî doiveiur é^nié

AOUT 1834. tia,

de fondement à cette théorie; ce serait m*^rter beaucoup trop dii but que je me suis proposé dans tette introduction; il me suffit, pour f atteindre, d'a- voir indiqué que 1& système théologique des Assy- riens « ou des Chaidé^*ns d'Assyrie, reposait, je ie répète, sur. tes connaissances acquises par une longue étude de. tous les phénomènes de la nature^ Ainsi le lifte qui en contenait l'exposition dut être une véri- table encyclopédie universeiie, comme le fut plus tard, au si)(ième siècle qui précéda Tère chrétienne, le code religieux des Perses, dont nous ne possédons maBieureusement que des fragments peu étendus. De semblables ouvrages étaient, dans toutes leurs parties, fortement empreints du sentiment religieux qui en Hiarquait le but , et l'unité de conception et de lédaction qui isn réi^éiait lesprit et Tintention. Ces deux caractères suffisent pour laisser entrevoir ici rkimiensè distance qui sépare. les temps anciens de cette époque les castes sacerdotales ayant succès aiveinent perdu leur influence sociale, en laissant échapper de leurs mains le dépôt des connaissances scientifiques, l'étude des sciences entra dans les habi- tudes de la société et fut successivement divisée en autaot de branches que nous admettons de séries di- verses parmi les phénomènes die la nature. Dans

I

cette marche de l'esprit humain., constatée par les institutions et las composition! qui en furent la con* séquence, «ette autre encyclopédie, que vit native ie siède dernier, peut nous servir de. terme ^tr^ dt

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La religion, en définitive, était iame ou ie prin- cipe de la civilisation ; et la civilisation , comme Ten- tendait l'antiquité, avait pour but 1 amélioration ie bonheur de la société par le développement de toutes les facultés intelit'ctuelles, et pour moyen , Tapplica* tion de ces facultés à 1 étude des phénomènes de It nature, considérés sous le double rapport de fessenœ de dieu et du système du monde. Toutes les sdenoes^ tous les arts, sans en excepter surtout la poésie et les beaux-arts, sont donc fils de la religion.

Mais ces génies supérieurs, qui entreprirent de le &ire les instituteurs et les législateurs du genre ha** main, s'étaient crus autorisés à établir en principe que si les connaissances scientifiques sont du domaine général de Tinteiligence humaine, elles peuvent ce- pendant, loin de servir à atteindre le grand but de b ci vilisatio]>, fournir de vnouveaux .moyens, de nou- velles armes , pour nuire à la société , alors qu'elles ,8e trouvent entre les mains d'hommes .pervers, ou seu- lement enclins au mal par âiiblesse de cœur et raison. L'enseignement de la théologie ou de la science universelle ne fut donc pas public ; il devint le pri- vilège exclusif des sanctuaires. Toutefois la société ne se trouva point, pour cela, déshéritée du droit ffoiàBm avait, et qu'elle eut toujours, de demander etdCèlH tenir le moyen d'accroître son bien-être en augmén^ tant la masse de ses connaissances. L'institution» xb$

r

mystère^ atteste hautement que les. castes sacenlotiieff ■'avaient.pa& méconnu ce droit incontestable»- iJbUiiff^ tiation aux divers grades établis dans ces aiyélèresilbt

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ia porte ouverte à tous {^ homme» que leur esprit, leur jugement^ .leur courage moral et même leur foi:ce- physique^, firent jug^ propres à concourir au but de cette institution^ et capables de garder invio- lablement ie secret des révélations scientifiques qu'ils devaient obtenir dans les sanctuaires du sacerdoce. De trois nécessités pour fes castes sacerdotales,: c^Ue d'assujettir à un certain nombre d'épreuves phy- siques ^ mordes et intellectuelles les personnes qui se présentaient en réclamant le bienfait d'un haut ense^-, gnement religieux çt scientifique; seconde s cette de proportionner ce) enseignement aux^&cuités res^ pectives des initiés, en instituant des grades dont (ordre correspondit à unè^ instruction progressive flsL troisième nécessité fîit enfin 4mventer< un langage nouveau /qui pût n'être pas compris du vulgaire, et servir cependant à communiquer aux initiés des idées ^béoiogiques et cosmologiques nouvelles, tout en sa* tis&isant aussi au besoin nouveau ({ui résultait du principe /même de l'initiation progressive ou gra- duelle. -

Par' langage j'entends ici toute expression possible des idées, c'est-à-dire, non-séulement ies sons articu-^ lés, les mots, les formes et les caractères ou lettres qui constituent les langues proprement dites, ^mais aussi le choix, la forme et la disposition des éléments divers qm entrent dans la composition'des monuments figui^és. Les langues propreiàent dites durent, en conséquence, se constituer ou se modifier mesmète à devenir, chez * les Assyriens et les ' Persesr; : par

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exemple , hiératiques et vulgaires à la fois. AHleurs il y eut simultauément deux langues, et on les ap*-. pela y lune la langue des dieux y I autre la langue des hommes. Le monde ayant été créé par la parole, la parole avait nécessairement une origine divine; et les êtres, les éléments, tous les objets' enfin qui coni* posent ie monde , étaient considérés comme autant de caractères dont les dieux s'étaient ^rvis pour écrire eux-mêmes l'histoire de leurs œuvres ou Tbistoo^ de la création. Tous ces êtres , tous ces éléments^ tous, ces^ objefts furent donc employés par le sacerdoce, à chanter les louanges des dieux et leur histoire/ eest- à-dire, la.création du monde. Mais ils furent employée, soit dans les hymnes , soit dans les livres sacrés, a^ît sur leâ monuments figurés du culte, .lesquels étaient eux-mêmes l'image du monde; ils y furent employés, dis- je, avec deux acceptions, l'une propre. ou malé* rielle, l'autre symt^Iique ou idéographique. . Toutes- fois facceptidQ;«ymboIfque ne (ut pas «ne^comaie on pourrait ie croire^ et cousine on la cru iongleiK^ Les diverses régions dont se compose le monde !erat étant, censées avoir été formées à l'image run^idé l'autre, les caractères .ou f alphabet du langage sym- bolique ^ durent être constitués de manière à pouyoîi^ reproduire non-seulement Tidée^propre à choque é^ me»t, à chaque étrev à tout objet enfin que renferme chacune de ces régiéns, mais aussi les idées qui priment les divers rapports que le système reiigû étabifsaait entre ^cesnatêmes riions et .tout.oe^i/.efl6s contiennenL Ce fut là, du moins à mon lavis, le prin*

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dpe constitutif du .langage hiératique, dans la fcnv mation de^iatigues propreàient dites, coinmedans U fonnation de la langue des monuments figurés. Chaque caractère, cest-à-dife, chaque objet figuré, était donc, on le. voit, un véritable hiéroglyphe idéographique; et le langage symbolique, dans l'Asie occidentale, se trouvait ainsi fondé sur le même principe que celui qui servit à constituer^ sur les papyrus et sur les monuments figgiréir desv égyptiens, le langage hié- roglyphique que Ion a^ nommé, avec toute raison, idéographique. Observons seulemient que^ par une conception abstraite dont lAcun autre '.payé-, je cron, ne' nous of&e d'exemple^ f alphabet ^cré^ qui fut commun à fa plupart , des .peuples anciens? de l'Asie occidentale, avait été coàiposé avec le seul secoure d'un élément unique qui, en se combinant aivec. lui- même, fonhait autant ;de .fettres. qu'en ' exigeait ';ia langue hiératique écrite bu parlée. J'indiquerai plus loin quel me parait avoir été le principe )CQ]tttftuti£ ceC;te combinaison ei de. son élémeiit y si impropre- ment appelés «de neis' fours 'ecr<Ï2irff cunéiforme et écriture à clous,^\> tr-^ - . . ", . ••;

> Mais'si le langage {liéràfique , soit <Ians les laBgûes écrites mi paviées, soit sur les monuments dei'art,' eut le caràdtère propre que je viens.de lui assigner,. il fout nécessairement s'attendre à trouver dans pliisieurs. langOesimoertain -nombre de mbts^ et sur .les mortu- inents-iigurés un certain* nombre- d'objets, qui lesjuiM- et les autres puissent âvdir^été susceptibieatleprër} semer, ^ailt vulgaire; . seulement ^ un sens ihàtériel où'

124 JOURNAL ASIATIQUE.

propre; mais aux initiés, une acception tout àia fm propre et philosophique. J aurai frëquemmeot , dnas mes mémoires subséquents , Toccasion de prodnm des exemples de ces mots et de ces objets; et quel- quefois aussi de montrer comment ies langues , mal- gré l*état de confusion ou d'altération dans lequel nous pouvons les étudier, ont conservé, avec lear acception double et souvent triple, quelques-uns dès mots qui servent de noms propres^ aux* animaux ^ aux plantes, au^ pierres, aux métaux, aux couleurs , et à tous les autres objets que nous trouvons employés avec une intention symbottque dans les compositioiis qui sont du domaine de l'art. Mab les systèmes rdfr* gieux, comme les empires et toutes les institutions humaines , ayant eu »ussi à subir des révolutions ou des modifications, on doit s'attendre encore, le sacerdoce n'avait pas en même temps perdu toute son influence, à découvrir dans le langage des traces plus ou moins évidentes de ces révolutions ou de ces mo- difications , soit qu elles marquent une nouvelle ère de civilisation, soit qu'elles indiquent une époque de décadence. Quelques exemples, que je crois être irrécusables, confirmeront pleinement cette dernière observation. En les produisant, je montrerai ^pde- ment, je i'espcVre, que si les monuments £gurés de rOrient furent autant de pages écrites dans lesqueltcs pouvait puiser, relativement au temps, une instrue* tion profonde et variée, le petit nombre de personnes qui devaient h l'initiation le privilège de savoir'Ies lire et les comprendre , ces pages peuvent enoove,

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mieux c[Ue Les mots et içs phrases dans ies livres, exciter, éveiller, faire naître nos idées, et nous per- mettre de , pénétrer quelquefois dans le secret des doctrines mystérieuses de l'antique Orient.

De ce travail ressor^iront aussi quelq^s rappro* chements nouveaux qui permettront Rétablir/ quant aux doctrines œligieuses, une communauté ou tout au moins . une> analogie d'idées, bien remarquable V seit entré des peuples divers^.mais parlant des langues congénères, soit entreceux-ci et quelques autres na- tions auxquelles on reconnaît une origine et un idiome différents. Mais quelquefois - ces mêmes rapproche'- ments nous conduiront à constater un autre fait qui aurait peut-être le droit de surprendre, cest à savoir, ' que.ie procédé ou lartiBçe àTaide duquel s'est cons- titué le langage symbolique chiez quelques peuples de 1 antiquité, chez les Assyriens, par e:(emple, a été, pour un certain nombre de mots ou d'idées, appliqué à des hngues d'origineou de construction ''différente. Tou- tefois on verra sans étonnement, je pense, de pareils résultats. Car» d un côté, personne n'ignore f influence que, dans les temps anciens, les castes sacerdotales exercèrent sur la civilisation du monde^ personne n'a oublié non pi[us que ces castes eurent souvent à.civi- liser des peuples dopi l'origine était différente de la leun-D'un, autre .côté, ies nombreux travaux philolo- giques, exécutés depuis une trentaine d'années, et ceux qui s'exécutent en ce moment, nous ont révélé une communauté incontestable d'origine entre la plu- part des peuples de l'Orient et ceux de i'Oocidçnt ;

196 JOURNAL ASIATIQUE.

c est k savoir entre les peuples dont le zend , le saqs» crit et les idiomes qui en dérivent sont ou ont été les langues, et ceux qui ont parlé ou qui parlent le groc, le latin ^ laliemand et tous les dialectes dérivés de cas trois idiomes. Or/ après les, résultats de ces brillants et utiles travaux , sérait-il raisonnable de supposer encore, comme on la feit si longtemps, qu'il peut exister aucune ressemblance, aucune analogie entre les idées religieuses/ les idéet3 cosmogoniques et ies monuments figurés des divers peuples que je viens d'indiquer, lorsqu'on sait maintenant que tous ces peuples eurent une même origine, une même langue; et lorsqu'en définitive les mots, dans les langues, et ies symboles, sur les monuments figurés, sont l'ex- pression des idées , et les idées l'expression d^ l'état de

I

la civilisation?

Cela posé, on comprendra sans peine comment, en m'aidant à la fois des traditions écrites et des monuments figurés, j'ai pu parvenir à. ressaisir' ies principaux traits et quelques détails même de l'antique système t héogonique et cosmogonique des Assyriens, ou des Chaldéens d'Assyrie; et comment j'ai pu découvrir ou constater la signification et les acceptions diverses de plusieurs des noms, des mots ou des objets figurés qui appartiennent en particulier au culte de k Vâius assyrienne, ou Mylitta. Il était d'autant plus impor- tant de dierciier à reconstituer le système générai au- quel se rattache ce culte, que jusqu'à ce moment personne ne parait avoir entrepris de le feire. Aussi me sera-t*il permis de dire que , faute d'avoir tenté

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de déterminer préalafolement quelle place occupait, quelles fonctions remplissait Vénus dans le système religieux de l'antique contrée son culte avait pris naissance, on ne s est ffeut*étre -pas fait encore une idée bien juste de ce qu était cette . divinité chez lés peuples de TOrient et chez ceux de l'Occident.

Les principales sources dans lesquelles j'ai puisé les éléments nécessaires pour restituer ce système et indiquer lés modifications successives qu'il éprouva sont, quant à TOrient, les livres des prophètes du peuple juif,, les livres . sacrés des Pai'ses, dont les doctrines religieuses et cosmogoniques ont presque entièrement été einpruntées à celles des Assyriens^ les fragments de Bérose, les Oracula \ctialdaica, et en6iv les monuments figurés de l'Orient, soit ceux qui déjà ont été publiés^ soit ceux qui sont encore inédits et qui font pslrtie de mon ancienne collection ou des collections du même genre que Y on a formées en Europe. Les auteurs occidentaux que j'ai consultés sont Hérodote, Diodore de Sicile, Plutarque, Lucien, Damascius, Serviûs, Hésychrus; plusieurs pères de f église, notamment Clément d'Alexandrie, Julius Firmieus Maternus et Lactance; y£lias de Crète,, l'un des commentateurs de Grégoire de Naziance , etc. La discussion tous les passages des auteurs orientaux et occidentaux que je ffiens d'indiquer trouvera naturel- lement sa place, soit dans les po^moirés subséquents, j'a\u*ai l'occasion de faire aux monuments figurés l'application deis textes, soit dans yil dçmier mémoire qui contiendra le résunié dès £iits constatés par cette

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double voie, et fexposition des conséquences qii'îi me sera permis de tirer de ces faits pour îûstifier l'ensemble y les détails et les modifications du système théogonique et cosmogonique des Chaidéens d'Assy- rie, tels que jai essayé de les restituer ici. Je suis certes bien, loin de croire que cette restitution Soît exempte d'erreurs ou ne présente aucune ^kcuiije. E3Ie serait encore très-imparfaite, lors même que j'aurais eu à ma disposition le secours des livres sacrés des Chaidéens, dont malheureusement il ne nous est parvenu aucun fragment original; car l'interprétation de ces livres n'aurait sans doute pas présenté moins de difficultés que n'en office, aux plus habiles philo- logues d'Etirope, la traduction des fragments que nous possédons des livres sacrés des Parses. Mon. tra- vail particulier sur le système religieux des Assyriens, ou des Chaidéens d'Assyrie , ne peut donc être con- sidéré que comme un simple essai, pour lequel je dois réclamer encore une fois Tindulgence des sa- vants. ^ ,

Nous manquons des renseignements nécessaires pour pousser plus loin la recherche des détails du- système dçs Chaidéens d'Assyrie à la première époque. Bien qu'il eût pour base principale le dualisme, conmie on vient de le voir, je serais tenté de croire que déjà il admettait une triade mystérieuse dont f e^ûs- tence, à une époque postérieure, se révèle. sur- les monuments figurés et dans les traditions qui serap-

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portent auxdoctrines religienses des Assyriens. Mais je n'ai aucune certitude sur ce point; et on doit d'autant moins s'en étonner, que très-probablement ce sys- tème remonte à^une haute antiquîtë? -Je me réserve d'exposer plus tard les motifs qui me donnent lieu de penser qu ii dut être inventé pendant une période comprise environ entre Tannée 4400 et Tannée 2200 avant J. C. Je ferai connaître aussi ^ en même temps, les raisons qui me portent à supposer que ce système nîippartient point directement à un peuple d*origîne assyrienne proprement- dite, et. qu'il fut inventé ou apporté sur les lieux par ce peuple ou cette caste cé- * lèbre qui, sous le nom de Chatdéens, et dès une ' époque très-reculée, vint s'établir dans ces belles et fer- tiles contrées que baignent le Tigre» et f Ëuphrate. Je crois être en état d'ajouter maintenant des observa- tions concluantes à celles d'après lesquelles j'avais déjà , dans le mémoire présenté à jcette académie pour le concours de 1825, cherché à démontrer quç les Cfaaldéens, réputés les inventeurs des mystères de Mithra, c est-à-dire, de Vénus-Mylitta, ne pouvaient, non plus que le nom même de Mithra, avoir une origine Sémitique. Ces nouvelles observations me permettront, je l'espère, de prouver que cette caste, qui occupe une si belle place dans l'histoire de la civilisation de l'empire assyrien , était issue de la race indo-germanique d'où sortirent aussi les Brahmanes , les Mages, et tant d'autres castes moins célèbres que cdies-ci, mais dont l'influence directe sur la civilisa- tion des peuples mêmes de {'Occident devient d'e

XIV. 9

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jour en jour plus facile à constater. Je montrenî , à cette occasion, que le mot Miikra, sous sa forme primitive y était réellement , chez les Chaidéena, le nom de la divinité appelée Mylitta dans k langue des Assyriens; et nous verrons alors que ce mot Mithra se retrouve dans le sanscrit avec le sens pri* mitif qui avait en motiver le choix. Cest au mo« ment de cette discussion que je m efTorcerai d'établir nettement les différences que présentent entre elles, quant à Myiitta et à Mithra , les doctrines religieuses des Assyriens et celles des Perses.

Les monuments figurés du culte assyrien de My» * iitta présentent des caractères généraux qui permettent de les grouper autour de quatre types principaux, dans lesquels se retrouve respectivement le trait sail- lant qui ma servi à caractériser les quatre époques que, relativement aux doctrines théoiogiques, j'ai cru devoir établir dans l'histoire du culte de cette divinité. Ces monuments peuvent donc se diviser «en quatre catégories :

1** Monuments qui représentent Mylitta avec les deux sexes réunis;

Monuments sur lesquels elle est représentée avec le sexe féminin seulement; mais avec le triple caractère de reine du ciel, de reine de la terre et de reine des enfers ;

3" Monuments consacrés à Mylitta comme reine du ciel;

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4** Monuments qui fa reproduisent avec le carac- tère-de mère de f Amour.

Mais je dois me hâter cl ajouter que , dans chacune de ces quatre divisions ^ je suis obligé de comprendre à {a fois les représentations symboliques^ les repré- sentations figurées mixtes , c'est-à-dire , celles dans lesquelles le symbole est uni à la forme humaine'^ et enfin ies représentations figurées qui sont purement empruntées à la nature humaine. D'où il suit que chacune des quatre grandes catégories indiquées^devra être subdivisée en plusieurs clas3es, après la revue générale que nous aurons faite de tous les monuments figurés orientaux dont je me propose de publier soit les dessins^ soit les descriptions.

Pour résumer Tejcposition de lancien jsystème reli*- gieux des Chaldéens d'Assyrie , je dirai que les carac- tères essentiels de. ce système^ étudié sous un rapport tout à la fois théologique^ cosmotogique^ philosophique et moral: sont : . r

1** Monothéisme, unité et éternité, quant au dieu suprême et invisible. Unité et éternité , quant à Fu- nivers considéré comme étant l'idée ou la pensée de Dieu et faisant qu'un avec lui;

^^ Duàlfstne, hermaphroditisme, dualité et durée limitée,' quant aux deux mondes créés, c'est^-dire, ^uant à la pensée de Dieu manifestée ;

3^ Création de la matière par la parole , formation de cette matière par le mélange des ténèbres et de la lumière; création des dieux générateurs et des deux mondes par le mélange du feu çt de f eau , à l'aidé de

9.

132 JOURNAL ASIATIQUE.

fair^ qui est le lien ou l'agent intermédiaire destiné à faciliter l'union intime de deux éléments de nature opposée , dont l'un , le feu , correspond à la lumière et au sexe mâle, et le second^ l'eau ^ aux ténèbres et au sexe féminin ;

4"* Mélange du bien et du mal dès l'origine des dieux générateurs, dès Torigine du monde, dès l'oiî* gine de l'homme enfin ; et durée limitée de l'existence de cette matière, de ces dieux, de ce monde et de l'homme , par suite de ce grand principe déjà rappelé que ce qui a eu un commencement doit avoir une fin ;

5** Anéantissement des deux mondes , ou retour du principe atiimique de la matière, des dieux géné- rateurs, du monde et de Fhomn^e, au sein Téter- nel , après une purification générale p^ l!eau et le feu, c'est-à-dire retour de la dualj^té à l'unité ;

6** De , immortalité de l'âme , vie future sans limite de durée et point, de peines ou châtiments éterneb;

7^ Quant à la morale, nécessité de la pureté de pensée,/ de la pureté de parole et de la pureté d'ac- tion; triple pureté qui est 'formellement exigée aussi par le Zend-Avesta, et que nous y trouvons indiquée à l'aide des expressions- mêmes dont je viens de' me servir.

Si, au premier aperçu, on est frappé des analo- gies, des ressemblances mêmes, qu offre le système théologiqûe dçs Chaldéens d'Assyrie , comparé à celui de plusieurs autres peuples de l'antiquité, il devient

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d'autant plus important d'en observer et d'en constater dés à présent {es principales conséquences dans leurs rapports avec leis phénomènes ou les pàiticuiarités que présentent, soit les langues, soit les monuments qu'on fut obligé d'inventer de modifier pour ex- poser symboliquement les idées qui servent de bases fondamentales à ce même système.

la triade, du dualisme', de rhértoaphroditisnR et de la dualité théogohiques et cosmogoniques, ré- sultait en effet, quant au langage écrit ^ou parlé, une première nécessité , celle d'inventer un caractère qui put imprimer à la langue une origine divine ef en faire la langue des dieux , en rappelant, par Tunité de son élément, l'unité de dieu', et, par la fortne même de cet élément, Fesserice et le mode d'action des trois divinités dont^ se compose chacune des trois triades qui régissent J'uirivers. Une pyramide à trois faces est, en effet, l'unique élément que l'on découvre dans la composition des divers alphabets qui servirent à écrire, sur les monuments religieux de l'ancienne Asie occidentale, les légendes dites en caractères cunéiformes ou à clous.

Une seconde nécessité fut celle d'introduire dans la langue le dualisme, l'hermaphroditisme et la dua- lité*, si je puis m'exprimer ainsi. De là, je le soup- çonne, la' forme du pluriel, qui fut si habituellement employée dans l'Orient lorsqu'on pariait des dieux ou des rois, et quand on les faisait parler. De aussi, je le suppose, ces mots qui, destinés à désigner les animaux symboliques, les éléments et tous les phé-

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nomènes de la nature , durent être constitues avec une forme propre à en indiquer le sexe ou les fonctions. De encore ces mots composes dont la formation synthétique avait pour objet ^ dans la langue sym- bolique écrite ou parlée^ d'exprimer les idées ^n- thétiques qui, sur les monuments figurés, étaient reproduites soit à laide de certains animaux ou de dnains objets intimement combinés entre eux, soit à laide de la combinaison de quelques portions de ces mêmes animaux, tantôt avec la partie supérieure ^ tantôt avec la partie inférieure du corps humain. De semblables compositions , en imprimant aux produc- tions de lart un caractère .vraiment synthétique ^ nous révèlent peut-être à quel nouveau besoin, i quel genre d'idées certaines langues anciennes durent plu» particulièrement ie caractère qui les fait dbtin- guer de celles dites anahjtiques. Ne ' pourraiton supposer enfin que ces artifices de langage , qui sont appelés le duel, ie genre neutre, le genre masculin et le genre féminin , avaient du servir quelquefois ^ soil à marquer dans la iangue le sexe et la place res- pectifs qui y dans le système théologique, étaient attri- bués aux idées, aux éléments et à tous les phéno- mènes de la nature, soit à rappeler la faculté qu a vftienl certains objets employés symboliquement d'exprimer les relations qui existent entre des éicments.ou des ob- jets de sexe différent? C'est donc dans les artifice du langage parlé ou écrit que l'on devrait s'attendre h retrouver les traces de la modification que subirent certaines langues congénères, (>ar suite d une grande

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réformation ou rëvolutiom religieuse que les tnditions et les monuments nous permettent de constater; c'est à savoir^ la division des dieux androgynes en deux divinités^ Tune mâle, lautre femelle. Au premier aperçu, chacun, j'en conviens, ne s^^a pas également disposé à admettre qu'un pareil fait ait 'exserce f in- fluence et amené les résultats que je me trouve porlié à lui attribuer. Mais cette ijnfluence et ces résvdtats peuvent £icilemeut se comprendre et s'expliquer/ ce me semble, lorsqu'on ne perd pas de vue qu'en tattrin buant a la divinité génératrice femelle des fosictionà qui, selon l'ancien systàme théofogîque, étaient rem- plies par un dieuandrogyne, le nouveau système avait changé la place et le sexe de convention primitive-' ment assignés à certains élédients, à certains objets'^' sur lesquels cette divinité féminine était désormais cen^ sée avoir une autorité particulière.

Quant aux monuments figurés, ia néc^itë de lés composer de manière à ce qu'ils pusisent exprimer à leur tour l'idée de la triade, celle du dualisme. ' ou celle de l'hermaphroditisme, eette nécessité ci^éa, nous pouvons le présumer, un système dans leqnèl toutes les parties de fart étaient constituées, oûor*» données sou^ le même point de vue que fe «rkos d'indiquer par rapport aux Ëmgues. Les représenta- tions, soit symboliques, soit antbropomoiphiques^ des divinités durent donc reproduire cefies-ci aviec ies signes quelconques de leur tirigine, de leur essence^ leurs Jonctions , de leurs, rapports entre elles etide leur nature androgyne, ou de leur $ex& particuiiei[>

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quand aux dieux créés et créateurs. D'où H. suit que les formes^ les symboles, les attributs ou i^ccessojlFes, les couleurs et les matières mêmes ^ soit, bois^ soit pierres, soit métaux, quon employait dans la com- position et l'exécution . des images emblématiques et des statues proprement élites, n'avaient'- pu être choisis au hasard ou par le seul motif dune conve- nance d artiste. Le sacerdoce, n'en* doutons pas, avait d avance déterminé leuk* choix et leur disposition dans le but de satisfaire à toutes les obligations que je viens de signaler.

Les temples consacrés aux .divinités génératrices et destinés à recevoir, soit les figures symboliques, soit les statues de celles-qi, durent à leur tour être limage du monde, et pouvoir, par le principe et ies détails de leur composition, reproduire la nature, b forme, la couleur, et, pour ainsi dire, le rôle et le dualisme des objets, des éléments ou des substances avec lesquels ces mêmes divinités étaient censées avoir créé le monde*

Ce même principe se révélait sans doute dans f ins- titution, des fêtes ou des cérémonies et dans le choix et ta forme des costumes, des vases et de tous les instruments ou ustensiles qui entraient dans la partie liturgique du système religieux des Assyriens. J'ajoute que 1(» fêles et les cérémonies du culte durent ae célébrer, chaque année; aux quatre grandes époques de la nature, et avoir un caractère propre à^fappeler celui de chacune des quatre saisons. J ajoute :mfih que, sur les planisphères célestes qui décoraient 'les

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temples ou qui avaient reçu une destination reli- gieuse^ rhistoire particulière des cieux dut^ au moyen des formes de convention attribuée à chaque cons- t^ation, à chaque signe du zodiaque /être retracée avec les mêmes caractères hiéroglyphiques, c est-à- dire, avçb les méknes êtres, les mêmes animaux, les mêmes objets que^, sur les autres monum^its figurés et dans les livres sacrés ou les traditions , nous trou- vons employés à' écrire symboliquement l'histoire générale' de la création de la terre et des cieux.

Cest au^si dans les rapports que Ton avait établis entre la région des dieux, la r^ion du ciel mobile et celle de la terre, et qi;ie Ton exprimait si ingénieu- sement par des symboles ou des hiéroglyphes idéo- grapjiiques communs à Tune et à Fautre de ces trois régions, et susceptibles de trois acceptions principales; c'est d^s ces rapports, si- je ne me trompe^ qu'il

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faut chercher 1 origine et le principe de cette science vaine et puérile qu on appelle l astrologie. Le peu de mots que j'en dis. suffit, je pense, pour donner à <^om- prendre comment, antérieurement à Tépoqve l'as- trologie devint un instrument si commode pour ex- ploiter tous les genres de superstition , l'enseignement de cette branche des connaissances théologiques pou- vait avoir un caractère scientifique et un but plus élevé.

La même observation s'applique à l'institution des sacrifices et des augures* Les premiers durent avoir pont objet de constater, par «leur sens moral ou philo- sophique, la dépendance perpétuelle dans laquelle

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sont placés les dieux créateurs reiativement à la divi- nité supérieure, et rhomme relativement à to^s^Ies dieux. Les cérémonies propres à cette partie du cuite ne purent manquer de rappeler que la. vie en général, et certains actes de la vie en particulier, sont la source de tous les maux/ de toutes les passions. Lorsque Toffrande fut personnelle, elle dut caractériser ces actes et devenir le gage solennel des promesses &itês au pied des autels dans un esprit de pureté, de cbas> tetc ou de repentir. ,Quand loffrande personndiie fut remplacée par l'immolation d un animal quelconque, celui-çi dut être choisi parmi ceux qui, dans ie lan- gage symbolique, représentaient l'idée particulière des actes auxquels je fais allusion ici; et ia victime ce fut immolée , sans doute , qu'après avoir été chargjSe des iniquités du coupable ou du suppliant en fiiveur de qui ie sacrifice était offert à la divinité.

Mais les oiseaux, les quadrupèdes qiH servirent de victimes .expiatoires étaient aussi les symbdies des fonctions attribuées aux dieux créateurs , et, bien plu6', les symboles directs de ces dieux . eux-mêmes. On imagina, en conséquence, qu'au moment.de son im- molation, les entrailles de la victime devaient offirîc certains- signes particuliers à l'aide desquels il était possible de constater si le sacrifice avait été agréable ou non à la divinité qu'on cherchait à se rendre favo* rable; Pour compléter cette supposition-, on avait également admis que, pendant leur vie, ces n^émet oiseaux , ces mêmes quadrupèdes pouvaient par leurs chants, par leurs cris, par leur vol ou par (e?

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marche y par tout autre signe enfin , donner à con- naître aux hommes i^ desseins ou les dispositions des dieux. De ces deux fictions naquit /ià science des augures et des arùspices^ science qui^ on le voit^^ reposait originairement^ comme lastrplogie, sur f idée d'un rapport perpëtiiiel entre les, choses .de la terre et celles du ciel, et .-sur Tidé^ de la dépen- dance absolue . sont les premières à l'égard de celles-ci, - >

'Les différentes . vues qui sont exposées dans les paragraphes je viens d'esquisser rapidement le ta^- bleau des principaux effets que dut avoir Tinâuence directe du système religieux des.Chaldéens d'Assyrie sur.Ia formation ou la modification de la langue^ sur ie principe de composition des monuments figuréa et sur les itistitutions relatives au culte secret ou aux mystères, au culte extérieur et à la liturgie^ <:es vues trouveront' successivement dans mon travail leur applicatipu et leur développeinent. Mais en attendant^ je dois, pour résumer les conséquences qui m'ont paru résulter des faits considérés sous rapport de l'art, dire que les premiers typps des monuments figurés furent très-probablement, inven- tés et exécutés dans les sanctuair<e;s par des prêtres savants qui^ en se faisant artistes ^ s!étaient beaucoup plus o^upés de lexpression des idées que de T.étude des formes naturelles. L'art, dans toutes ses parties^ et notamment l'architecture, la sculpture, la pein-r ture, la gravure sur pierre^ sur métaux, etc») ne purent ahisi échapper à la nécessité de produine des

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ouvrages dont les types étaient rarement Fimitation de la simple nature, mais avaient ëté composés d'a- près un système de convention selon lequel dès êtres ou des objets, bien qu'empruntés en réalité au monde physique 9 devaient être, soit représentés avec des formes de convention aussi, soit combinés entre eux de manière à donner naissance à des êtres ou des figures multiformes qui jamais n avaient eu une existence réelle. La lâche des artistes orientaux qui se formèrent successivement en dehors deb sanctuaires se borna donc à perfectionner ces types^ en appliquant à chacune des diverses parties dont ceux-ci se com- posaient les plus belles, formes ^que leur avait fournies I étude de la nature. * .

Je n'aurais pas achevé d'esquisser les principaux traits du tableau de l'influence qu'exerça, dans l'em- pire assyrien , le système dés Chaldéens , si je n'indi- quais ici comment la constitution politique de cet empire était liée à ssi, constitution religieuse et fondée sur les mêmes principes. Sans vouloir entrer dans des détails que ne comporte pas le plan, de ce mé- moire, je me bornerai à faire remarquer que^ selon les idées théogoniques et cosmogoniques du temps, la terre étant l'image du ciel , comme le ciel est l'image de la régioti des idées, f empire '.'assyrien dut être constitué de manière h reproduire l'idée du monde. Le roi fut le dieu de ce monde inférieur, ou l'incarnation de dieu sur la terre. Ses pensées ou ses idées 'avaient donné l'existence et la vie au grand empire. î^es insignes de la royauté furent ces

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mêmes attributs qui servaient à caractériser la puis* .sance et les fonctions des dieux créateurs du monde. Le' costuîBe de ceux-ci devint le costume du roi. On imposa au souverain f obligation d épouser sa propre sœur^ afin que. reine du grand empijre:se trouvât à la fois sœur ,et épouse du roi , comme Mylitta> reine xlès deux et de la terre, était sœur et épouse de Bélus. Le CQuple royal et adelphe^ devenu l'image fidèle de la^ divinité, eut droit, dès ce moment, à recevoir les adorations des sujets de rêm«- pire. La cour fut exactement composée comme i était celle dont on supposait la divinité emtoqréè dans le séjour céleste. On construisit le palais et la capitale des souverains à l'image du monde, c est-à-dire à l'image du ciel et de la terre; et les divisions territo- riaies de leippire furent calquées sur celles que Ton était convenu» d'adopter pour le ciel. L'organisation civile et militaire eut enfin, pour modèle la distri- bution des r^es et, si je puis m'exprimer ainsi, ^or- ganisation des divers départements que le système religieux avait ^respectivement assignés à chacun des agents pu des dieux secondaires dont se servait, pour régir et gouverner le monde, une divinité qui avait reçu .d'un dieu suprême la double mission d'entretenir la paix et l'harmonie entre les diverses parties du monde et de soutenir une guerre perpétuelle contre le génie du mal, contre l'ennemi commun des>dieux^ du ciel et de la terre. La généalogie divine des rois, leurs fonctions, leurs actions, furent solennellement racontées dans les annales écrites de l'empire,, ou re^

14» JOURNAL ASIATIQUE.

tracées d une manière plus durable sur h iliaii>re au sur la pierre, à côté de Thnage même de chaque* prince. Mais si les rois passaient pour être des dieux, ces récits, ces tableaux ne durent-iis pas être écrits ou composés avec les mêmes' caractères, les mèOM hiéroglyphes idéographiques que ceux dont on s'était servi pour écrire dans ie livre de ia toi, oU représen- ter sur les parois des témpies^ ia généalogie des dieux, leurs attributions et l'histoire de la création du mondé? Cela posé, le principe de composition des anctenâ monuments historiques écrits ou figurés peut-il être cherché ailleurs que dans cette grande pensée du lé* gislateur chaidéen : la terre est l'image du ciel , et ie roi l'image de dieu? Et de ne suit-il pas que sou- vent, en I absence des monuments pureAient religieux, on pourra trouver dans les antiquités historiques d'u* tiles -eni^eignements pour compléter ou contrôler les faits il Taidc desquels il est possible de reconstruire l'ensemble et les principau^c détails du système théo- logique? ' '

Si, chez les Assyriens, 'les doctrines religieuses eurent réellement pour conséquences immédiates les divers résultats qui, dans le cours de ce mémoire, île sont encore présentés que comme autant de supposi- tions , on est en droit de s'attendre à rencontrer dans mon travail général un certain nombre d'observa- tions ou de faits propres à rendre évidentes , ou du moins présumables, et la réalité de ces résultats et l'influence de la cause à laquelle je les atttribue. Quelque bornées que soient mes connaissances en ce

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qui -concerne particulièretnent piosieuFS idiomes de rOrienty mais aidé, comme je lai été, par le puissant secours des lumières et des conseils qu& fai trouvés clans le sein de rAcadémie royale des inscriptions et de la Société asiatique , il m'est permis de prendre, sans trop de témént^ , rengagement de mettre sous les yeux du public, à f appui de mes. conjectures, une série considérable d exemples tiré$ des langues, des textes pu dés monuments de fart. Ces exemple, s'ils ne sont pas jugés concluants, et alors même qu'ils pourraient parfois fournir des armes pour comr batti'e nrés opinions, auront.au moins Tavantage de provoquer une nouvelle discussion des faits , et de * montrer qu'une foule de questions importantes; les uaes anciennes, les v autres nouvelles, ne peuvent, dans Fétat actuelle nos connaissances historiques et ardhéologiqués , se décider, saps les ressources im- menses que l'on a trop négligé jusqu'à présent d'em- pFuntei; à l'étude comparée des nionuments %urés, des langues et des traditions écrites qui appartienneiit respectivement à FOrient et à l'Occident.

NOTICjE LITTÉRAIRE

Sur quelques auteurs géorgiens, par M. BrosSBT jeune.

Rousthwel ou Rousthawel, l'auteur du* roman de l'Homme à la peau de tigre, s'exprime aiîisi dans le dernier quatrain de son livre :

144

JOURNAL ASIATIQUE.

<?Juo 060 ^^Sy^ ' mcn-a ngT)u6.

1506 Ç6(^onm) ooUIj6 * J^cmuor>onm>u6,

«Mosé de Khori a célébré Amiran^ fils de Dare- « djan; le poëme d*AbdouI IVfessia^ écrit par Chawthel, « et riiistoire de Dilar, par Finfatigable écrivain Gfith « Sargis de Thitiogwi, furent dignes d éloges ; Roust^w^ « a versé des larmes sans fin sur son Tariel *. »

Ces vers, d'ailleurs assez peu-poétiques ^ renferment

' des notions intéressântes^sur la iittérature'géorgîenhd,

puisque trois auteuts y sont nommés avec allusion à

* Ms. F de la Bibl. royale : 'JT^^^') «^^o-^*) »

* Ms. £ : rl^^^*»')Q[**'> « ^Voçrnàina nçnno t M». F : TVojnrïiinint»» t

P 6<nonçnr>oV_a»xl$ : Ms. F .* P 6énoium *3ol» 1 %M Ad-ti<n<w. o Amn 06 \ B.

^ Rectifiez ainsi ia tradaction insérée dans le Journal asimtiqmt, noyembre i 830 , pag. 374. B.

s Ms. E

* Ms. E ^ Ms. E

Ms. E ' Ms. E

AOUT 1834. 145

fetirs ouvrages et' au lieu de leur naissance, tous ob- jets ^tement inconnus à f Europe.

Indépendamment de cette difficulté, le texte de nos deux manuscrits du Tariel présente de notables va- riantes, qui en rendraient Fintelligence impossible. L'auteur de ce mémoire eut donc recours à une per- sonne parfaitement instruite de tout ce qui c^hcefrne la littérature et les pays caucasiens , et dont les utiles conseils lui ont toujours servi de , guide. Le prince Théimouraz, membre de la Société asiatique ^ dont il est 1 ornement, lui adressa les renseignements jqu on va lire. Et d'abord le texte , tel qu il est ici , est fidè- lement l;ranscrit d après l'édition publiée en 1 7 1 Si par ie roi Wakhtang, et par lui enrichie notes et de commentaires de toute espèce.

Nous remarquons que ce quatrain porte le numéro 1589 dans Fédition royale, tandis que dans fun des deux manuscrits de la Bibliothèque royale il est le i960*: cela tient à Faddition de plus de 1,200 vers que renferme notfe manuscrit E, et prouve en même temps que le manuscrit F doit être la représentation du texte seul r^ardé comme aiïthentique par le roi WaWitang^

Voici maintenant les notes qui nous ont été com- muniquées sur ce fragment, notes si intéressantes que nous serons sans doute félicité de l'ignorance qui nous a valu une pareille ïeçon.

« Au premier vers, Rousthwel parle d'Amiran , ofils Daredjan. C'est un rpman en prose écrit par

^ Journal asiatique, noy. 1830, pag. 384.

Vkiv. 10

146 JOURNAL ASIATIQUE.

u Mosé de Khoni^ en gëoi^en ancien^ avec toute k « grâce imaginable. II a douze portes ou contes , et a s'appelle Daredianiani ^^ du nom d'Amiran^ fib de u Daredjan^ héros fameux et général^ natif de Bâgb- a dad , l'un de ceux dont les actions éclatantes et les tt guerres variées y sont racontées en détaiL' Mosë, de u Khoni y contemporain de Rousthwei , fut secrétaire H de la glorieuse reine Thamar^ dont (a mémoire soit « immortelle! fille de Giorgi III ^ autocrate de toute a ribérie^ et l'un des personnages les plus distingués « de toute sa cour. Khoni ^ ville autrefois ^^ est dans la a partie de Tlméreth que l'onnommait le.BaS'^Sakartii- « wélo ou Géorgie-Inférieure. Il y a un monastère et u une grande église à coupole, résidence de févéque « de Waca en Iméreth *.

« 2"" Chawthely nommé au deuxième vers, sappe- « lait encore Abdeiul-Messia lorsqu'il- était sécufier. M Plus tard, ayant quitté le monde, il pnt l'habit reli-

^ Mot.copiposé de Daredjan, ayec la particule poaseMiye, déri- vative, et patronymiqne \j.u?ip. B. ^ ^

* Comme les églises de Crëorgie sont toates deMeryies par dtf religieux qui demeurent dans un monastère Toisin^ ia phrase est tournée de façon qn'ii faudrait traduire yiljr à un couvent, grq^nd€ église à coupole. Les Géorgiens venus à Paris en 1831 diisaient toujours-, en voyant une de nos églises : Voilà un beau momwière , un grand monastère.

L'Iméreth se divise en quatre grands districts, Kouthathis, Ra- dclia, Chorapan et Waca. Le nom du deràier vient du mot wacé, piaine. S'il n était point dit dans notre texte que Tévéqae d6 Waca réside à Khoni , j'aurais dA traduire : c'est Vévêohé de la plaine d' Iméreth, Ppur ne point répéter oe que Ton peut voir aifl^iuB, je renvoie, pour la division de Tlméreth, au Voyage ae Hf. Gam^ ba dans la Russie méridionale, tom. I, pag. 331, et sniv. B.

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ffgieux avec le nomade Joahe , au couvent de €rélath\ «en Imëreth, dans ia Ba^se^Gréorgie. liy demetera « fusqu a sa mort, se livrant à la* prière^ aux ^eùn^ et « à la pratique de toutes les vertus.

ff Cbawthel était secrétaire et f un des grands de ia « cour de la reine Thamar. Il écrivit en vers Thistoire V d'un certain Abcloul-Messia, composition si admirable^ « au dire de nos historiens ^ que jamais la poésie géor- « gienne ne se montra pius parfaite q\ie dans ce livre.

M Aujourd'hui méme^ des personnes qui connaissent « bien notre langue, et qui 3'exercent à faire dei^.vé^s^ «s'accordent à dire que Chawthel fut un poète BUpë^' « rieur à Rousthwel ; il jouissait , au temps de Thamar^ A d'une vogue extraordinaire ^^ à laquelle^ comme on «fe voit, l'auteur de ï Homme à la peau de tigre «rend lui-même, hommage.

.-■'*'.

^ Le Trai nom de ce couvent , sitnëli trois heures au nord-est de Routjbathis, est Géhathlïa, ainsi que nous l'apprend le même prince dans sa correspondance, et c'est par corruption que ie tuI- gairc dit Gëlath, Gënath,. et que Ton trouve même Ke'Iat et. Gelât dans Dosithée. II fut construit par les rois ibëriens, pour leur servir de se'pulture^et enrichi , ainsi que fëglise de Kouthathis, de mer- veilleuses peintures d artistes grecs et géorgiens. Dans Fiiçitërieury la Sainte-Table porte, à Torient, un des clous de N. S., donné aux princes d*Ibërie par Constantin fe'Grand.'^n y voit hon'du temple ( lifÂ/erKov ) , à gauche du Despotique , une belle statué de ia Vierge , tenant son fils entre ses bras, et un roi prosterne de- vant elfe. Sur sa tête est une escarboucfe grosse comme un œuf de pigeon. A sa droite est une croix d'or enrichie de pierreries , et an milieu de laquelle est une lame d*or provenant du.mëtal offert par les Mages à Jësns enfant. Au faîte de Tëgiise est une autre statue de la Vierge , non moins précieuse , dans une petite niche toule dorëe en dedans et en dehors. Dosithëe , Histoire des por iriarches de Jérusalem , en grec , pag. 1303. B.

10.

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«Malheureux Géoi^ens! nous avons perdu astte « belle composition poétique d'ÂbdouI-Messia. Le roi « £rëclé II y mon aïeul , qui estimait fort Chawthel , « s est donné beaucoup de peine pour la retrouva; tout « fut inutile. On a du même auteur un Eloge de la « reine Thamar et quelques autres pièces de poésie « très-élégante. ^ - '

a Quant au lieu de sa naissance, Chawthel éfah « originaire de la province de Chawcheth^ en Sames- « khétho^ Chawcheth ou Cbawtha, portio.ndu*San)es- u khétho ^ Samtzkhé y ou Saathabago , qui appartient « au Karthli-Supérieur, est entre la montagne d'Arsian, a le Qalnou Dagh des Turks, et le fleuve Dchorbkh. «D'un côté est le rocher d'Artanoudj, et de^Fautre, cda montagne de Chawcheth, se détachant de celle <( d'Arsian. Entre ces deux points se trouve le district « de Chawcheth, contrée belle et fertile, et couverte « bourgs et de villages^. Le Samtzkhé ou Saatha- u bago, et lieux environnants dont se compose le Sa- « meskhétho, Meskhia ou Meskheth, furent enlevés

^ Sameskhéto est la forme géorgienne de Mo^eL , Mosbhie» Pour les différents noms de ce pays et sa description géographique, à laquelle toutefois manquent les détails ci -rapportés , il faut cou- splter Guldenstâdt, tom. 1, pag. 345 et suiv. Klaproth , Voyage au Caucase, éd; allem. tofti. II; et un article traduit d'indjidjtan, Joumai asiatique, mai 1834, pag. 458 et suiv. B. ,

* Cette position est bien rendue sur la carte très-rare de.J; N. Deliiie (Paris, I76d), et sur celle de G. DeiîIIe (Paris^ l^i3), qui se trouvent au'dépôt de^Ia Bibliothèque royale. On petttanisi consulter une petite carte de TArménie russe , dans Topuscnlè in- titulé : Coup dfœil sur les procinces tioupellement conquises f^er les Russes. XeniêeftSftS, B.

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« violemment par les Turks aux rois de (îéorgie, il y a «deux siècles. Maintenant les Russes en possèdent «encore une partie , à savoir: Akhaitzikhé^ leDjawa- « kheth , Aspindza ^ et autreç lieux ; le reste est etux (( O^mànlis. On parle géorgien dans tout le Sameskbe'' «tho. n y avait beaucoup de magnifiques é^iàeà'y de tt monastères gouvernes par des abfoés, et saints « lieux ^ qui maintenant , grâce aux Tùrks , sont déserts «pour la plupart; des bâtiments restant sùP' pied un « petit nombre ont conservé leurs* prêtres*.* ' ^

« 3** Sai^s, mentionné atu troisième vers^ filt^pà- «reillement un illustre secrétaire de la reine Thâmar «et contemporain de Rousthwd. Il a écrit en prose M belle et élégante-, dans le goût asiatique; une histoire « intitulée Dilariani, du nom de Dilar, grand' et "ptàs* «sant géant, prince souverain de plusieurs royaume, « qui soutint plusieurs guerres , etiitdes actions gk^ttcies «et glorieuses t cet ouvrage esi atis§i pefdu ét'inf^*^* «vable*.

« Sargis de Thmc^i fut encore l'auteur d'un fivi-e «intitulé JVisretmiani , souvent cité par Sôulkhân* « Saba , également en prose relevée;^ dansie gôât asfa-

...•:.•) -ii:-» '.'■•' t;» *

^ Je possède un ëchantilf on..da talent poétique de Chawthel : ce sont quatre yers'du genre nomme phùticaourij ^è' Vîhgf sjliabeg chaque , extraits d^un poëme a iai iouangé de TkadiMt Ôiàûfàa'ëeê quatre membres du vers, et les qua(rç;V«i*8-^sem^e^ n/fifinfi^n o, TchakbrouLhadzë , contemporain du pr^ce'cfent^ a fait ^ un |ntre ëloge de ia même reine en vers de cette espèce , Ta même rime doit revenir au moins seize fois dans ie quatrain : j*ai de courts frairmcnts de ce dernier livre, i^ B: ' ^"' ' i'^y^mW

* Sargis Tlhnogwi est 'encore nonunitf dânil'fèrvTBanef V)àtt îqtta-? train 1831, diins la partie »fd*tëcV ^B. '"' "^ ' "' . '

150 JOURNAL ASIATIQUE.

u tique, qui est un très-beau roman. Wis était la fiiie udun roi^ et Ramin fils d*un autre roi, neveu de u Mohabad , chah de Kharizm. Mariée à ce dernier^ qili tt était un homme d'âge , Wis éprouva de l'amour pour tf Ramin* Le chah , pour qui cette inclination était of- « fensante , fit subir mille vexations aux deux amants. a Cette nouvelle est si pleine d'intérêt qu'il est difficile '. de la lirp sans éprouver des redoublements d ardeur tt et de sensibilité , tant la passion y est habilement <i décrite. Rousthwel a raison d'appeler Sai^ poète u infatigable^ car il est impossible de discourir plus tt longuement sur l'amour; «t vraiment fauteur était M inépuisable sur ce sujet.

« Thmogwi, la patrie de Sar^s, est dans le Samtz- u khé, Saathabago, ouSameskhétho, entre Akhaitzikhé « et Aspindza, au-^Iessus de Khoba, dans la vallée de tt Tzounkaghrd. Au pied du rocher est bâti Thmo- (c^gwiy ville autrefois, gros bourg maintenant*, coule « la Tzounkaghrel, qui va se jeter dans le Kour. Di-r tt laigetb n'est et ne fut jamais un lieu de la Gréorgie. «Dilar est le nom d'un souverain dont Sargis 4 écrit u les aventures : Geth fut le. qom de jEajïi^Ie du poète , u comme appartenant aux Géthis-Chwili , qui subsistent « encore sous ce nom dans le Sdathabago* et dans 11- tf m^retb. Rousthwel na mis dans son vers ce noip de « famille que pour la mesure. »

A ce qui vient d'éire dit sur les œuvres de Sargîs;,

'•«(«•

^ Thmogwi et ZëdarThmog^ ^ lieux goavept nojiunéa A^ff^ if| Chroniqm g4»rg^ef^f^j^ publiée par pouA, aax. frais 4ie ia S^i^té asiatique, ne se trouvent sur AÂcupft 4^, so^ partes 4ft|'AU4ailpi^ë.

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nous sommes heureux de pouvoir ajouter quelques détails extraits d'un roman dont nous parlerons tout à l'heure, ie Baramiahù La princesse^ Grouiidjan, amante du brave Baram , contre le gré de ses parents, écrit à sa mère , en réponse à ses remontrances , une lettre elle essaie de lui prouveii que ses inclinations nont rien que de louable, en lui chant plusieurs exemples de galantes héroïnes. Après s être appuyée dès noms de Nestan-Daredjan et de Thînatliin, beau- tés célèbres du roman de Tanel, et avoir analysé en quatre-vingts vers toute la substance, de leurs 9ven<* tures/eile passe aux amours de Joseph et de Zutéikha , quelle nomme. Joseb et Zilikha; trois'quatrains^y sont consacrés. Seize autres verst font connattre- -Qaï et Léiii, son amante, personnages d'un autre roman in- connu, et les rigueurs de leurs parents., qui forcèrent le jeune homme ^ s'exiler dans les déserts, conroe Baram , loin de l'objet infortuné de sa tendresse. Je ne sais s'il faut conclure de que les amours de Joseph et de Zuléikha, cette charmante production persdne, aient eu les honneurs d'une traduction géorgienne. Letnéme doute me reste pour le second poème. Je sais, du moins par Eugénius, sanSviwo^r vu par uiôr*- néme i'ouvrage dont il parle, qull existe en géorgien une roman fort estimé, le Ouêoupohalièhaniahtf <lont le nom ne paratt pas trop différent de celui de Joseph et Zuléikha, et qui d'ailleurs contient une histoire <le Joseph.

Enfin Goulidjan parle, Wis, et de j^aiîîio. Fille de Charan et de Charo, Wis fut, dit-elle, sensible»

152 JOURNAL ASIATIQUE.

Famour de Ramin ; el^ (ière d'avoir pu soumettre un si noble coéur^ elle se livra à lui pour jamais ; cepen- dant Mohabad devina leur tendresse mutuelle, et sa vengeance fut terrible. « Mais les deux amants, dh le « poëte, s'estimaient heureux de leurs souffrances : se- tt mant le chagrin pour moissonner le bonheur, Ss a n'auraient : pas changé leur sort pour un trône ni «pour une couronne; les fleurs du rosier n'avaient u pour eux aucune épine déchirante. » Pour conclu- sion , Goulidjan déclare qu elle veut ressembler à ses modèles; et ses parents^ bien affligés de la. voir se nourrir de pareilles lectures, ne savent à quel parti se résoudre. ( Baramiani, v. 1209 1368.)

Ce récit confirme le jugement du prince Tbéimou- raz sur le tdent de Sargis , et prouve peut-être aussi qu'en Géorgie la lecture des romans n est ni moins fréquente ni moins pernicieuse que chez nous pour fat' jeunesse.

Le quatrième dès vers dont nous nous occupons ne fournit à l'auteur que des remarques grammaticales sur la construction des mots , après quoi il ajoute :

« Roustwel , -i. e. Rousthawel ; Rousthawi ^ fiit^ une

a ville du Cakheth-Extérieur, sur le bord du-Kour,

«à six milles de Tiflis, autrefois nommée BoaUji^

tt Kalafci (la ville des jardins) , puis Rousthawi (sourèp

du Rou, colline du ruisseau) ^ puis eilfîn Nager

. - ' .

^ On voit, ainsi qne nous TaTions soupçonne, que ie TFoinnii de Tautenr du Tariei est Chotta , et que Roustbwel , comme Ghaw- thel et Thmogwel, sont des ëphhètes tirées du iiett. de It mus- ^ sance. B.

AOUT 1834. 153

«faebr^ (lieu de rencontre). D'un côté, die a le «Kour, de lautre, ia grande plaine de Qaraïa; c était tfia résidence de f archevêque titré Rousthawéii; iors- «que la ville fut détruite, rarchevéché fut triansféré « à Martqoph ; mais ie titre resta ie méme^ jusqu'à nos «jours. Quoiqu'il n'y eût pîus de villeà Roûsthawi, tt les rois cependant se plaisaient à. y résider durant « Fhiver, à cause de fexcellence de la température, et « de ia facilité la chasse, les bétes et les oiseaux y «étant en grand nombre. L'hiver y a la douceur du « printemps, et les chaleurs de l'été y sont très-intenses. . « La demeure royale de JloUsthawi fut réparée en- « tièreoient par Iracfi F', roi de tout le Karthii et du «Cahketh, qui se proposait de relever les piurs de la «ville; mais sa mort arréfia les travaux, et cette viHe, « autrefois* si célèbre, resta démantelée. Rousthwel «naquit dans ce lieu, dont le climat est si chaud, et «porta le nom de Choththa, usité autrefois parmi les «Jîaïens de Géorgie, et queues chrétiens n'ont p^s «prohibé '. Choththa ou Chotta^, nom d'Àrmaz, le

^ Ce dernier, nom se trouve aeni sur la carte 4e J. N. Deiifle.

' Ce fait ts\çénûrmé dans le Journal asiatique, noremb^ l,8ii8 , pag.360.-TB. \ \ ' .,

f Je troaye dan^ iinè correspondance .un 'aiitre exemple de ia différence de religion, m^qu^e par icertains noms, en. Géorgie. Ayant . demande de nouveaux renseignements sur la première monnaie géorgienne expliquée par Adler dans sotl Muséç Borgia. pag. 163^ ii s'appuie de rautorité* d*un .certain Stéfano. A v.ou- thandil, archevêque de Tiflis, il me fut répondu que iamai8>chré* tien ne porta ce iiom d*Avouthandii , qui est musulman.^ ^eutrétre cependant pourrait-on citer .des exemples du coniraire.,7- B# ..

^ A-t-ii eîk vue le nqm de Jou, Zeus, Jéoud ou Jéhud) fils de

154 JOURNAL ASIATIQUE.

a premier des dieux, la pure lumière , se trouve dans « le dictionnaire français de mythologie ^, par Noël, « j ai vu que Chotta Armaz, Ormuzd Chotti désignent a la même divinité.

«Roustfawel fut ministre des finances de la reine u ThamaPv qui avait pour lui la plus grande oonsidëm- u tion et {es égards les plus grands. Non-seulement «c'était un poète très -distingué; mais il n avait, u dit-on, d'^al dan^ aucune espèce de talent ni de «science sacrée, militaire ou civile, tant il était de «tons points supérieur à ses contempora^îns. Son-'-vi- u sage même, son port, toute sa personne, étaient em- « preints d'une grâce merveilleuse. Avant et depuis «Rousthwel,. la Meskhie, la Géorgie, le Cakbeth, tt f Iméreth ont vu nattre sans doute plusieurs belles a compositions en notre langue ; il en est même qfai u préfèrent aux poésies de Rousthwelcelles de Pétritzi*

Jupiter et d^Anoobreth,? M. Eng* Bumouf pense que c*est liue forme analogue k celle sanscrite de Sçâdatâ (donné de soi-même ), qui produit Qaddtâ en zend, et qui est changée parles PersCfis'èn khôda, d*où se forme encore le géorgien gkouthi, Dieu. ^

^ My.thologie se transcrit en géorgien fBT.mephologia ; faute ^de m*étre rendu compte de ce fait, facile à expliquer quanH on cotmait la prononciation russe du th étranger, fai d'abord refusé de tradtmre ce mot dans la cinquième strophe , yen^ quatrième de Tépitapbe du prince Dawith , et ensmte fe Tai renéu en français par cVTli^^lfc y c^omfne venant de fjutfA^ûKx/^/iàL, «n eifet îl est écrit dains Vt/MAiU^ crit mempholigià. Voyez Mémoires inédits sur lit langue httkii^ toire géorgiennes /PtoAà , t833, întrodnctron, pajr. 34, et lif* parC pag. 303.^6.

' Pétritzi ou Joané f e philosophe est cité dans la préfaça dn tô- cabuiaire de Soufkhan-Saba , comme un écrivain recômmaii&^ie , * quoiqu'un peu reléché dans son style. ElcTé dans la ville d* Athènes

AOUT 1884. 155

4 et de Joané de Chawtha; mais^ sejon mon &ibie tt jugement, f ose afBnner que, pour {excellence du style «géorgien^ \ Homme à la peaU de tigre est et de- a meure une production sans, égale pour f usage de la i'mass^ du peuplée Les auteurs ci-dessus désignés « l'emportent peut-être pour la profondeur et la science, u mais le commun de:^ lect^irs entend-il les livres si a profonds?

a Cet homme si distingué par ses talents et son. sa- avoir, Chotta Rousthwei, fit une fin digne.de son « mérite. Ayant renoncé aux vanités du mond^ et à sa «patrie,' pour se retirer dans la solitude, il vint à Jé- «rusalem. Or, il existe en cette ville un grand et su- « perbe 'monastère géorgien, dit de la Croix, fondé « sous Constantin le Grand , empereur des Latins et « des tirées , par le roi Mirian , de la race de Khosrow, «autocrate de toute Flbérie, le premier qui ait abjuré « le paganisme pour se faire chrétien. En effet, cédant «aux exhortations du premier concile général, le grand «Constantin, qurne négligeait rien pour lafTermisse- («ment du christianisme, fit donation nos ancêtres) «de plusieurs lieux dans Jérusalem. Ce fut depuis

à une époque (fui ne m'est pad connue, il y prit' le goàt des vers et eemposa des hymnes, des poésies morales et dtB acrostiches , plus remarquables, encore par ienr bonne factore que pai* la difficnitë TaJBCue. Xai.de très longs fragments de ses ouvrages. Il traduisit en outre quelques dialogues de Platon , et paraît avoir écrit quel- que iraitfé grammatical, ptiisquè le patriarche Antoni s*appuie de son Autorité •{•257. B.

* L'auteur i^me de ;€es notibces a composé on lexique du Tarie! , dans le genre de la Clatn's Homencà; ouyrage précieux pour' l'in- telligence d'une poésie aussi releyée que celle-là. ^ B. '

156 JOURNAL ASIATIQUE.

a lors que les rois de Géorgie ne cessèrent cPembdlir i( ie couvent de la Croix ^ et en construisirent quelques «autres, tant dans la ville qu'aux environs^ spéciaie- « ment destinés à leurs sujets. Ils leur assignèrent des «vassaux et des propriétés nombreuses en Grëorgie^ « dont les revenus annuels servaient à Tentretien des u monastères. Nos saints religieux et traducteurs des u livres sacrés^ qui allaient de temps en tenlps à Jé- « rusalem pour s'occuper de ces pieux travaux , y trou- a vaient un asile au milieu des religieux et des ecclé- « siastiques qui y demeuraient ^ Le monastère de la

*

^ Les GéorgieDS possédaient à Jérusalem, vers la un da xni^ siècle , sept monastères , qui e'taient » outre celui de la Croix » cetix de saint Nicofas, de saint Basile, des saints Thë<^dore,' de. aainte Anne , de saint George et de sainte Thècle. J*en trouve un hui- tième f celur de saint Antoine , mentionné dans un manuscrit histo- rique, envoyé à la Société asiatique en mars 18j33 : ii a^^ ^^ construit par Giorgi IX ou Léon 1 , qui régna de 1471 à 1493. ,Le couvent mingrélien de Koskhéri , qui ne se trouve sur aucune carte, mais qui était situé an confluent de deux rivières , dont i*une paraît être ia Mokwis-Tsqali , dépendait de la Croix de Jéra- salem. Par suite d'une mauvaise gestion, les couvents jbéritns s'étant trouvés endettés de plus de 94,000 gros , à Tépoque doiit fe parie , ce fut avec des peines inouïes -que ie patriarche Dofxthéa réussit à ramasser ies sommes nécessaires pour leur entièro libé^ ration. H y réussit, et de plus -fit toutes les réparations nécesMtëes par le mauvais état des bâtiments, au mois d*aoùt I68i. LVglÎM d*lbérie était affiliée k celle de Jérusalem, dont elk avait lulopté la liturgie. Nous en avons la preuve dans un -gros maauaciilje Ift Bibliothèque royide, extrêmement ancien , qui renferme le ritafl géorgien , copié par un certain Stéphane , qui annonce que f «rdra dtB offices y est absolument le même que celui de-Jérusaleub Noat voyons en outre, dans ia Chronique géorgienne, pag. -7, que, Téglise dlméreth ou de la Basse-Ibérie se regardait comme ma copie vivante de celle de cette dernière viile. Ce sniet teralraitrf

A0UTASS4. 167

(iCrok, devenu par leurs ^soins -un dépôt de livres^ «possède une nombreuse collection d auteurs géor- « giens. Aujourd'hui méme^ il y en a beaucoup non « moins anciens que choisis et bien conserves. Ce fut «là que vint I^abiter Rousthwel^ faisant au monastère «de grandes largesses. €e fut qu'il finit ses jours «dans la pratique des vertus^ tout en restant séculier. « est son tombeau^ et Ton voit encore aujourd'hui « son portrait sur la muraille de leglise du couvçnt.

« Excusez-moi d'avoir fait une- si longue réponse à «une courte ^demande; mais je n'ai voulu rien laisser « sans explication , afin de seconder de tout mon pou- « voir le développement des connaissances relatives à « notre nation. »

Le bienveillant auteur de ce commentaire nous pa^ rait mériter plutôt des remercîments que des excuses de la part des amis de la littérature orientale.

Nous pouvoiis citer encore d'autres poètes géorgiens que ceux dont le savant prince vient de nous entre- tenir; 1** Cest d'abord Joseb Gaba-Chwili, auteur d'un singulier poëme en Thonnéur de la princesse Elisabed, fille de Théimouraz II, et sœuf d'ErccIé II. Cette pièce a quarante vers ^ de seize ou vingt syHabes^ contenant chacun cinq ou six inots, qui commencent successi- vement par l'une des lettres de l'alphabet. Ce curieux ouvrage est rendu intelligible par les savantes explica- tions dont à bien voulu raccompagner la personne de

plus an long dans ies curieux extraits de i*ouTrage du patriarctie Dosithëe, déjà traduits par nous , et dans les notes indispensables dont Hs seront accompagnés.*— B. .>

158 JOURNAL^SIATIQUE.

qui je le tiens ; 2^ Bessarion Graba-Chwili , frère cadet du précèdent^ auteur de charmantes po^es itères , et d'autres plus sérieuses ^ ouvrage de sa vieiHette, lorsqu'il eut quitté le monde; 3"" Zéddiabouc Orbé- liani-Chwili^ secrétaire d*état et poète du temps do roi Iracii II ; 4"" le traducteur anonyme des poésies de saint Grégoire de Nazianze; ô"" le saVantpatrîarche Antoni, auteur d'un .recueil célèbre d'hymnes reli- gieuses et nationales^ traducteur Clément du Télé- moque , du Bélisaire et d un livre intitulé ia Morale de Confucius; 6^ nous avons une traduction géor- gienne en très-beau style et bien fidèle de ia tragédie dAlzire, par un prince de la famille Tchitchavaiké dlméreth, actuellement vivante

Outre ces poètes^ trop imparfaitement connus par leurs noms seuls ou par dfe &ibles portions de leurs travaux, il nous reste à donner des notices sur trois ouvrages également acquis depuis peu par la Biblio- thèque royale.

I.

u Tariel et son épouse, dit l'auteur de t Homme â u la peau de tigre, ou peut-être du suppiànent^ « puisque cela se trouve dans {'addition que j'ai signflf- «lée^ atteignirent une extrême vieillesse, et quatre- « vingts ans pesèrent sur leur tête; deux enËmts beavx « comme eux, im fils et une fiUe^ furent le fruit de u leur union. En les voyant si beaux et si gracieux,

' Cest an manaflcrit in-foi. but papier bieo , d*ane boAse ééri* tare , récemment acquis par la Bibliothèque royale, -^ B. '

.AOUT 1834. 169

« on reconnaissait îa vérité du proverbe : « Tout ce qui « vit engendre son semblable. » Avant de s'endormir «du sommeil sans fin, dégoûtés du trône ^ ils y pia- « Gèrent ieur;^ enfants ; ce furent eux qui , dans la même « tombe, déposèrent le soleil près du lion. »

Le fils de Tariel , nommé Sa^idan , compie son grand -père, épousa la fille d'Awthandii, Fami de Tariei, et de leur union naquit le brave Omaîn, le héros principal du premier des. poèmes dont fai à parler. .

L'histoire d'Omaïn se compose mille sept cent quatre vers de seize sjdlabes, et da peu près un ^al nombre de lignes de prose. On voit, en la lisant, que le tout fut écrit sous Finspinttion du génie de Rous- thwel, et que les idées du continuateur et iesprinci* pales forniies de son style tendent à se calquer sur les trai^ principaux de i auteur, originaL

La lecture m'en a paru peu attachante pour le coeur, et la marche du drame embarrassée d'une mul- titude d'incidents , qui prouvent moins la richesse d'invention du narrateur que son inexpérience dans Fart de tirer un parti Convenable des faits. En un mot, les aventures merveilleuses ou extraordinah*es, si sobrement employées et si habilement décrites dans le Tariel,. sont ici ressource habituelle de l'é- crivain.

Je me borne aujourd'hui à donner ia table des cha- pitres.

160 JOURNAL ASIATIQUE.

TABL£ DES CHAPITRES DU KOMÂN d'oMAJN.

I. Commencement de f histoire du héros Omaîn, fils de Saridan , fiis de Tariel^ histoire qui se rattache à celle de X Homme à la peau de tigre. N'oubliez point les paroles qui commencent ce récit. (Vers, l" quatrain. )

II. Vie du héros Omain, fils de Saridan, fils de Tarie! ; récit de sa jeunesse. { 26* quat.)

UI. Le fils du roi des Mers raconte à Omaïn l'his- toire de la fîile du roi de Misr. (90* quat. )

IV. Omaïn voit le portrait de la fille du roi dTÊ- gypte; il se prend d'amour. (151* quat. J

y. Le roi Saridan fait une journée de chemin, et envoie deux de ses grands à son fils {k)ur savoir de ses nouvelles. (Prose, après le 171* quat.)

VI. I^ fdle du roi de llnde écrit à sa mère tme lettre touchante. ( Prose. )

Vn. Omaïn envoie un exprès au fik du roi des Mers. (Prose.)

yill. Omaïn invite à le suivre Salim le Spasalar, et remmène. (Prose.' )

IX. Omaïn revient près de son père; récit de leurs aventures. (Prose.)

X. Grand combat du fils du roi des Mers et du général Salim, par rivalité d amour. (Prose.)

XI. La fille éplorée vient trouver sa mère et h conjurer. (Prose.)

XII. Mariage du fils du roi des Mers avec la fifle du grand roi de finde. (Prose.)

AOUT 1834. 161

XŒ. Redoublement (f amour d'Omaïn. (1 72*quat.)

XIV. Omaïn se retire chez lui pour cacher ses tourments et ses peines. (186* quat.)

XV. Saridan, roi des Indes, apprend les nou- veaux chagrins d'Omaïn. (196* quat.)

XVI. Omaïn va en Egypte pour chercher la fille du souverain de ce pays. (262* quat.)

XVII. Une femme raconte à Omaïn les particula- rités de f histoire de la fille du roi. (290* quat. )-

XVni. Le roi d*É^ypte voit sa fifle assise sur le trône et raconte Thistoire d'Oman. (386* quat.)

XIX. La fille du roi consent à épouser Omaïn, à lagrandfe satisfaction de son père. (416* quat.)

XX. Histoire du roi d'Egypte nommé Aliekbar, racontée à Omaïn. (Prose.)

XXI.. Lettre du héros* iîourzi de Sistan au roi Âiiekbar; le héros Omaïn en est informé. (Prose.)

XXU. Le roi Aliekbar écrit au héros Gourzi. (Prose.)

XXIII. Le héros Gourai reçoit les ordres et la lettre du roi. ( Prose. )

XXIV. Gourzi ayant eu dans ce temps-là un fiîs de la sœur du roi , ce fiis était élevé comme un hérûs étranger. (Prose.)

XXV. Le roi d'Egypte Aliekbar songe à mettre sur le trône sa fille Bouma Méiik. (Prose.)

^ Nous traduisons ainsi le mot Phalawan , ie même ^e Tav- mënien Pahlaw et le persan Pehlpu, un brave de profession, un chevalier à grandes aventures. Le mot géorgien qlii y répond est Dchabouc, jeune homme , v!j%oç : OmaTii porte toujours ce titre.

XIV. n

im JOURNAL ASIATIQUE.

XXYI, Le roi met sa. fille sur le tr6ne. (Prnse.)

XXVII. Bourna Melik renvoie au roi son exprès. (Prose.)

XXVIII. Le roi communique aux troupes Tordre de sa fdïe. (Prose,)

XXIX. Règne de la princesse Bourna Métik. (Prose.)

XXX. Le héros Z^var écrit au gouverneur chargé de veiller sur sa personne. (Prose.)

XXXI. Bourna Mélik convoque les gouverneurs des villes pour prendre leur avis à ce sujet. (Prose.)

XXXII. Le surveillant du héros Zavar lui répond. ( Prose. )

XXXIII. Grand combat d'Omaïn et de Gourzi. (Prose.)

XXXrV. Mariage du héros Omaïn et la reine Bourna Méiik. ( Prose; )

, XXXV. Omaïn raconte ses histoires à son amante. ( Prose. )

XXXVI . Le héros Omaïn emmène seule avec lui la fille du roi d'Egypte. ( Prose. )

XXXVII. Lettre du héros Omaïn adressée et présentée au roi de Misr. (Prose.)

XXXVIII. Lettre de Bourna Mélifc au roi son père, (Prose.)

XXXIX. Après cinq ans d'absence , Omaïn repa- raît dans rinde; il est reconnu par ses père et mère bien joyeux. (Prose.)

XL. La reine Bourna Mélik reçoit d'É^pte une dot et des meubles. (Prose. )

AOUT 1SS4. 168

XLI. Arrivée du chef des haras en présence de3 deux souverains. (Prose.)

XLU. Omaïn apprend l'histoire du Dew bianc. (Pr.)

XLIII. Le héros Omaïn envoie Sari-Dew comme courrier au souverain d'Egypte. ( Prose. )

XLIV. Le héros Omaïn adresse au souverain des Turks une lettre d!amour. ( Prose/)

XLV. Vers écrits par Omaïn ^ embrasé d'amour et les yeux baignés de larmes, à son amante; ceile-ci lui répond en vers. (421M26* quat.)

XL VI. Omaïn envoie Sari-Dfew au souverain du Tourkistan. (Prose.)

XLVn. Le roi du Tourkistan fait répondre par son fils. (Prose.)

XL Vin. Omaïn épouse la fille du souverain du Tourkistan. (Proàe.)

XLIX. Lettre du fils du roi du Tourkistan à son père. (Prose.)

L. Omaïn entend parler de tigres monstrueux; il part et les massacre. (Prose. )

LI. L'empereur grec entend parler de la bravoure d'Omaïn et vient pour le voir. ( Prose. )

LII. L'empereur grec écrit à Anouchrévan , roi de Perse. (Prose.)

LUI. L'empereur grec et le roi de Perse écrivent au roi Saridan. (Prose.)

LIV. Le roi de Baikh , Boukharie et Touran écrit aux trois rois.

-LV. Réunion et sHmables entretiens de ces grands souverains. (Prose.)

U.

164 JOURNAL ASIATIQUE.

LVI. Histoire de f arrivée du héros Qandkoll; il est vaincu par Omaïn. (Prose.)

LVII. Qarakoïl amené -devant les souverains et rendu à la liberté. (Prose. )

( La fin au prochain cahier. )

DISCOURS

Prononcé par M. le baron Silvestrb de Sâct, dans ia séance de la Chambre des Pairs, le 19 mai 1834.

Messieurs ,

Si je monte à la tribune au moment oii le budget général des dépenses est soumis à votie délibération , ce n est pas sans quelque hésitation et sans craindre d'encourir le reproche d'abuser des moments de la Chambre. Je ne viens point en effet appeler votre at- tention sur aucune des grandes questions cpii se rat- tachent à l'administration intérieure de la Francç^ ou à ses relations extérieures, et que la discussion du budget ramène chaque année dans la Chambre élec- tive; je ne viens pas même réclamer contre l'insertion dans la loi nouvelle de finances, de dispositions qui, par leur nature, ont un caractère tout différent de celui qui est propre à cette loi, et ne peuvent y trou- ver place que par une confusion d'idées qu'on ne sau- rait justifier, ou par un empiétement encore pifis fâcheux. J ai déjà eu l'occasion d'exprimer à cet ^jard une conviction qui est aussi la vôtre. Messieurs, et je

AOUT 1834. DM

me borne à adopter les sages réflexions que cette an^-^ née encore vous a présentées, avec toute 1 autorité de son talent et de son expérience, f honorable rapporteur de votre commission. Un objet tout spécial, et qui se laisse à peine apercevoir dans un budget de plus d'un milliard, m'appelle seul à cette tribune parce qtfè, dans ia discussion qui a eu lieu dans f autre Chambre, il a été l'occasion de quelques. erreurs, et que l'opi- nion publique me fait presque un devoir de rétablir les faits dans toute leur exactitude, et pourrait m'im- poser une sorte de responsabilité si tnon silence devait être cause qu'elles se renouvelassent. J'ose donc espé- rer. Messieurs , que vous voudrez bien user envers moi d'une indulgence que j'ai déjà éprouvée, et m'accorder quelque attention, quoiqu'il ne s'agisse que d'une chaire de langue arabe et d'une très-modique somme annuelle de 4,000 francs.

M. le ministre de f instntction publique avait re- marqué qu'il existait à Mariseille une chaire pour l'en- seignement de la langue arabe vulgaire, et t](ùë ie traitement du professeur n'était porté à aucun chapitre du budget de son ministère; il avait même éprouvé quelques difficultés à acquitter ce trttitttnént pour l'an- née 1833, et ce ne fut qu'en réduisant au taux le pitis bas les dépenses du matériel de l'école spéciale des langues orientales vivantes et du collège royat de France , établissements dont l'administration m'est confiée , et par l'effet de quelques vacances survenues dans le personnel de ces deux écîoles, qu'il parvint à assurer le service du traitement de ce professeur," pour

166 JOURNAL ASIATIQUE.

les exercices 1833 et 1834. Pour que pareii emiMirnis ne se reproduisît pas, je crus devoir lui proposer de 6ire entrer dans son budget un crédit spécial pour fa chaire d'arabe de Marseille. II jugea que cette mesure était réclamée, moins encore par l'intérêt de cette chaire, que par Tordre, la précision, la vérité que les Chambres tendent constamment, et même quelquefois avec une rigueur qu'on pourrait appeler excessive, k introduire dans la spécialité des crédits et fa délimita- tion de leurs applications. Si quelque chose a droit d'étonner, c'est que la commission de Fautre Chambre se soit trouvée ici en opposition avec le ministre , qui allait au devant d'un désir si souvent et si fortement manifesté. De ce que le ministre avait trouvé , dans son budget des années précédentes, le moyen d'ac- quitter ce traitement sans qu'il lui eût ouvert un are- dit spécial , on a conclu qu'il en serait de même ea 1835. On n'a pas fait réflexion, sans doute, que les bonifications obtenues sur d'autres crédits, et qui avaient procuré cette fiicilité , étaient dues en général à des décès, desquels résultaient des vacances de trai- tements plus ou moins longues. Aucune année aa été plus féconde en pareilles bonifications que t'exeiy* cice 1832, époque à faquelle trop malheureusement nous avons , s'il m'est permis de me servir de cette expression, escompté des pertes qui, dans fonfae commun de la nature, auraient se répartôrsur plusieurs années. Mais ce n'est pas assurément le genre d'économie qu'on voudra appdbr au secouns des crédits omis ou insuffisants. U faut eapéier.

AOOT 1M4. J«7

quC) pius ëciairée^ la Chambre dective ne $e refusoi^ pa$^ pour un autre exercice, à adopter une mesure (fordrc contre laquelle ne peut s élever aucune objec-' tion réelle* r ^ .

Mais peut-être je m abuse', et si l'on ^n'a pas accordé au ministre le crédit spécial quil demandait, êsA-oe (fansi» réalité qu'on a jugé qu'il y avait uti luxe 'into- lérable dans cette partie de l'enseignement ^ et que daiileurs le choix même qu'on avait fait pouf re&pfir ia chaire .d'arabe de Marseille d'un étranger qui v a-t-on dit y ignore notre langue, prouvait combien rétablis- sement de cette chaire était superflu*

Il est à regretter qu'on n'ait pas cru devoir, avant d'avancer ces faits, se procurer des renseignements plus exacts. On aurait reconnu qu'il n'y a à Paris que deux chaires publiques pour l'enseignement de l'idiome savant et de la littérature des Arabes, et une' seule pour celui de l'arabe vulgaire; on n'aurait pas donfondu avec cet enseignement public cduiqui est dontl^/^dafis rintërieur èo. ooHége Louis-le<»Gmnd , âun élèv^ éd ministère des affaires étrangères destinée aià sél^cè dd k diplomatie dans le Levant ;i on se set^it asSUi^qoe professeur de Marseille, quoique étttit^fer'pàf sa' naissance, entend, lit et parie fort bien tvôtré langiïej ce qui n'a rien de surprertMt puisqu'une- pàrtte-d^ son éducation hii a été donnée à Lyon; oh aui^itsii^qùà é'est en récompense des services qu'il a ren^s i' Qbtmné interprète, à l'armée française > en Egypte et eu Syvië; âtt péril de sa vie, que le -vainqueur des^ PymtoMes créa podr4ui la chaivedarrtw qu'il occup^^éH^k»^ ; et

168 JOURNAL ASIATIQUE.

que c'est iui qui sous l'empire a été employé à traduire- du fmnçais en arabe les bulletins de la guerre de Prusse; enfin, que sous lui se sont formés .des élèves distingués, qui sont venus se perfectionner à Paris, et ont justifié par leurs succès les efforts de leur pre- mier maître.

Est-ce bien sérieusement, Messieurs, lorsque la possession d'Alger donne une si grande importance administrative et politique à l'étude de la langue qu'on parle sur toute la côte septentrionale de l'Afrique, qu'on se refusera à consolider l'établissement d'une chaire d'arabe dans celle de nos villes qui doit avoir les communications les plus nombreuses comme les plus importantes avec toutes lés villes commerçantes de ce l^toral? D'ailleurs, et à part même cette consi- dération,, n'est-il pas convenable de remarquer que, pour toute ia France, hors cette unique exception, il n'y a véritablement que la capitale qui offre les moyens de cultiver les langues et la littérature de rOrientZ Est-ce. donc lorsque toutes les nations de f Europe rivalisent d'efforts et de sacrifices pour pvopag«r:€t favoris^ ce. genre d'études, que la France, qui b première e^t. entrée dans cette noble carrière, .aura Ii( honte de l'abandonner pour une mesquine écot):0imie!i Se form^rart-il àes hommes, comme les Fourmpni'^ les Renaudpt , les Deguignes > les Chézy, les Remuaaty si auQui) euicouragement, aucune récompense ^n'^ offerle. pour but à leurs efforts, à. leur estimable. cMrf youen)jent, aux sacrifices sans nombre imposés. à* /Cfsloi qui ^içqn^crfi à ces ^tudc». longues et scoileii^eSi? c».

AOUT 1S34. 169

Je n abuserai pas plus longtemps^ Messieurs^ de

votre indulgence; il me suffit d'avoir protesté devant

vous, et avec votre assentiment, jeFespère, contre

les illusions d'une économie mal entendue , et d'avoir

donné aux généreuses intentions du gouvernement

l'appui de ma faible autorité dans une question

mon silence aurait pu être considéré comme une lâche

désertion.

(Extrait du Moniteur, n? 141.)

MAXIMES.

TRADUCTION.

Le riche avance-t-ii une sottise , Tu parles bien , iui dit-on aussitôt,, .çt tout le in0nd^<i'^ppi*ouver ses paroles. Mais si le pauvre dit quelque chose de rai- sonnable , Tu le trompes, ireprerid-dn à Finstant , et tu avances une erreur. Certes- i'atgent, .daiis les assem- blées, revêt les visages de grâce et de majesté; il donne îa parole a éelui qui veùl pàHer, et il est Tarme de celui qui veut combatt^^-ii.

I'. .1' )... »

J.H ■•

\ t

/

170 JOURNAL ASIATIQUE.

II.

(^« V mJt, m tetX Il

TmADUCTION.

La prière est Tarme du croyant '.

III.

TRADUCTION.

Oppose la patience à f envie : ta patience la tuera. Ainsi ie feu se consume luî-méme s'il ne trouve riea

à dévorer.

f . _

G. DE L.

SOUHAITS EN FAVEUR D'UN AMI.

Vy^si ^^ ^^^ u'' '"J^«^

■. f

M 'f*

«. »»

. . I .

» Ce mot est de Mahohièt. . mi t., .'

AOUT 1834. IIV

>3 ^^à :>yà^ ^y^j ^

TRADUCTION.

Qu un sprt toujours prospère fasse épanouir sous ses pas la rose au brillant incarnat ;

Rafraîchisse son front par le souffle caressant du aséphyr matinal ;

Ravisse son oreille par les chants harmonieux du Yossignol des bois ;

Enrichisse sa main d'une perle éclatante et pré-

cieuse;

Fasse de tous ses jours enfin une longue suite de plaisirs et de joies ;

Et de chacune de ses nuits un rêve délicieux, un

songe de bonheur!

Ces vers persans sont extraits d'une correspondance particulière de M. Ruffin, ancien chargé d'affaires de France à Constantin opie , qui les citait, en 1811 à Toc- casion du départ d'un voyageur auquel il portait un vif intérêt. Quel que soit le peu d'étendue de cette citation, et surtout l'imperfection de la traduction en prose que nous en donnons , elle pourra néanmoins mettre le lecteur à même d'apprécier la concision remarquable y l'agrément et l'harmpnie qui caractérisent ordinairement ces petites productions de la poésie per$ane.

B I.

172 JOURNAL ASIATIQUE.

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 4 août 1834,

M. Vaugham, bibliothécaire de la Société philosophique de Philadelphie, écrit à la Société en lui envo/aot uo exemplaire de la dernière livraison du tome IV des Trao- sactions de la Société philosophique américaine. Les re- merciments de la Société seront adressés à M. Vaugham.

M. le capitaine Dumont d'Urville envoie à la Société un volume contenant des recherches philologiques sur les langues de la Polynésie. Les remerciments du conseil seront transmis a M. Dumont d'Urville.

Une lettre de M. Burnes, datée de Londres, accom- pagne l'envoi de trois volumes contenant les voyages de l'auteur à Boukhara et dans le nord de llnde ; une carte de Ilnde et de la Perse est jointe a ce voyage. Les rëmera-

ments du conseil seront adressés à M. Burnes.

Une autre lettre de M. Richy accompagne l'envoi de divers ouvrages en langue sanscrite; elle contient des ren- seignements intéressants sur les moyens de correspondance entre la France et llnde. Les remercimentk du conseil seront transmis à M. Richy.

M. Biânchi annonce par Une lettre qu'il a réussi à fbrm'èr des correspondances pour obtenir l'envoi régulier de di- vers journaux paraissant dans l'Orient. Le conseil, eh riè- merciant de ses soins M. Bianchi, arrête qu'il sera prié de faire de même les recherches nécessaires pour obtenir l'envoi du journal géorgien de Tiflis.

Sur le rapport de M. Mohl, M. Hodgson est admis

AOUT 1834. 173

comme membre étranger de la Société'; M. le secrétaire lui en adressera le diplôme.

M. Lajar^ continue la lecture de son me'moire sur les monuments figures du culte public de Venus chez les Assyriens.

OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ.

( Séance du 4 août 1 834. )

Par M. RiCHY. 1** The Mitakshara, In-4**; 2** Les Lois de Manou. In-4° ; 3^ The Megha-duta, by Caledâsa, translated nM english verses by Horace Hayman Wiïson. Cal- cutta, 1813. In-4<»; Le Nouveau Testament, en bengali. In-8**. Par M. DuMONT d'Urville. Voyage de découvertes de ^Astrolabe. ( Philologie , tome P^, Impart.) Paris, 1834. ln-8°.

Par M. EiCHHOFF. Parallèle des langues de VEuYope et €/« IMnde. Imprimerie royale, 1834. (Introduction.) In-4**. Par la Socie'te philosophique de Philadelphie. Transac- tions of the American philos ophtcal Society. 1834. In-4". Vol. IV, part. 3.

Par M. Richard Lipsius. Paléographie als mittel fur die sprachforshung zunàchst am sanskrit nachgewiesen, Berlin, 1834. In-8°.

Par M. BuRNE. Travels into Bokhara , etc. , 3 vof. in-8**. 1834.

Par M. MooR. Oriental fragments, London, 1834. In-8*».

174 JOURNAL ASIATIQUE.

NECROLOGIE.

La Société asiatique vient de faire une perte très-sen- sible dans la personne de M. J. B. Mablin, membre de son Conseil, maître de conférences à l'Ecole normale de- puis sa fondation, conservateur de la Bibliothèque de l'Université', etc. Ce savant, l'un des principaux ornements de l'Université', a termine' son honorable carrière, le 13 août , à l'âge de soixante ans.

BeVoue' par e'tat à l'enseignement de la langue et de la litteVature grecques , M. Mablin s'était signale de bonne heure par sa science profonde et par le zèle persévérant qu'il mettait à la communiquer à ses jeunes auditeurs/ A la connaissance solide et peu commune qu'il avait du grec il joignait celle des principales langues vivantes de l'Eu- . rope, et il les possédait en homme d'esprit et de goût. Quelques langues de l'Asie, l'arabe et l'he'breu surtout , occupaient ses loisirs ; et deux ans sont à peine écoulés qu'il e'coutait encore avec avidité les leçons d'arabe de M. Silvestre de Sacj. Il n'ignorait rien de ce qui se pu- bliait en matières orientales, et il s'intéressait vivement aux efforts que fait la Société asiatique pour propager les études qui sont l'objet de son institution. Le sentiment qu'il avait du beau dans les lettres, il le manifestait égale- ment dans les arts. Ne l'avons-nous pas vu souvent s'en- flammer devant un tableau de Raphaël et une statue ' antique, ou bien s'attendrir aux doctes symphonies de Cimarosa, de Rossini et de Mozart, comme il faisait à la lecture d'Homère et de Sophocle, du Dante, de Racine et de Milton ? Doux , poli , obligeant , plein de modestie , éloi- gné de toute intrigue, décoré enfin de toutes les vertus qui constituent l'honnête homme , M. Mablin n'a jamais contristé personne : fut-il jamais un plus beau titre de gloire ! Aussi n'a-t-il trouvé que des amis dans ses connais- sances, dans ses collègues et dans ses nombreux élèves.

AOUT 1884. 176

Taus ne cesseront de le regretter, de chérir et d'honorer sa mémoire.

On doit a M. Mablin deux ouvrages distingues y s'al- lient à l'érudition cette sûreté de jugement et cette finesse de goût qui lui donnent tant de relief. Le premier a pour titre : Mémoire sur ces deux questions : Pourquoi ne peut-on faire des vers français sans rimes? Quelles sont les difficultés qui s* opposent à l'introduction du rhythme des anciens dans la poésie française ? In-^^ ,

Cet ouvrage a obtenu une mention honorable à la se- conde classe de ilnstitut, le 5 avril 1815.

LesecoodestuneiettreàPAcadémie royale des sciences de Lisbonne , sur le texte des Lusiades de Camoëns. Pa- ris, 1826. In-8^

Juges éclairés du mérite de cette lettre ,^ MM. les mem* bres de l'Académie royale de Lisbonne s'empressèrent d'admettre l'auteur dans leur société.

Il n'aurait tenu qu'à M. Mablin d'enrichir la littérature de quelques autres bons ouvrages; mais timide à l'excès, et se défiant, bien à tort sans doute, de ses propres forces, il aimait mieux, plutôt que .de s'exposer au grand jour de l'impression , se borner à confier les trésors de son éru- dition au souvenir et à l'intelligence de ses élèves. Il s'est assurément bien acquitte de cette tache. Puisse la jeunesse rencontrer quelquefois un pareil miutre !

G. DE L.

L'Académie royale des inscriptions et belles-lettres a entendu, dans sa séance publique annuelle du 35 juillet dernier, un éloge de M. Abel-Rémusat, par M. le baron Silvestre de. Sacy, son secrétaire perpétuel. C'était une chose touchante de voir le vénérable patriarche de la litté- rature orientale appelé par ses fonctions à rendre ce triste

ERRATA POUR LE CAHIER DE JUILLET.

Page SO , ligne dernière : au lieu de LuJUi i liiez ^AAAg

^ Cet ëloge de M. Abei-Rémusat prononcé par M. de Smj a paru dans ie Moniteur da 31 août.

\

176 JOURNAL ASIATIQUE.

mais éclatant hommage a l'un de ses confrères les plus jeunes, qu'il avait honore de son amitié et dont il aTMt facilité les premiers pas en lui prodiguant ses paternels . encouragements. Aussi le choix des détails dans lesquels 1 il est entré et les observations dont il les a accompagnés ont-ils puissamment excité l'intérêt et l'attention de f audi- toire. Qui mieux que lui pouvait apprécier cette érudition à la fois profonde et variée , que nous avons admirée si souvent et que lui avait vu naître et grandir? En rappelant les principales circonstances de la vie privée de M. Réma- sat et les nombreux services de sa vie littéraire y en parlant de cette clarté d'idées , de cette précision de sens y de cette sûreté de raison qui distinguaient si émiinemment son esprit , il était impossible que la parole de M. de Sacy ne trouvât pas d'écho dans tous les cœurs , des regrets dans tous les souvenirs ^ .

F. L.

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE

SEPTEMBRE 1834.

BREVE NOTIZIA

Del regno del Thibet, dal frà Francesco Ofuzio

DELLA PeNNA DE BiLU. 1730 \

Questo termine Thihet è una parola corrotta in iingua tartara^ ma in buon linguaggîo si deve dire Thobot^ oppure Tangut katzar. Tangut significa

^ Nous ayons iaissd inbsister, k qnelqaei exceptions près , f or- thographe italienne de Tantenr. Pour la rendre conforme k celle qni est employe'e dans d*antres me'moires sur le Tnbet , inse'rës dans le journal de la Société asiatique , nous ayons remplace le C, deyant a, o et u, par un K. Pour exprimer le K et le Tch aspirés, le P. Horace écrit Kah et Cih ; nous ayons remplace ces transcrip- tion!, qui peuyent donner lien k des erreurs, par K'h et Ci,

La lettre tubëtaine L^ ng, qui correspond an 3* dëyanagari,

était exprimée dans Foriginal par gn; nom ayons cru deyoir la transcrire par ng, d*autant plus que gn est ia transcription du

•T êy^*^ tubëtain. Kl.

* Le nom de Thibet (Tubet) est étranger dans ce pays même. Il n'est employé que par lef Mongob et par les peuples mahomé-

XIV. 12

178 JOURNAL ASIATIQUE.

abitatore délie case^ e katzar vuoi dire paese, o regno, cioe Regno degli ahitatori de/le case ', mentre i Tartnri dimorano nelic tende fatte di feltro , o di tele grosse tessute di peli ili lak^ ossiano bovi pefosi , ed i Tliibetani dimorano ncile case. Il Thibet poi in lingua tliibetana si chiama Podf ed i Thibe-

tans de l'Asie ; il paraît être cTorigine turque. Sa ve'ritable ortho>

graphe « en raractôres arabes , est uaa3 Tubet, Les Mongols , qui ont pris cette dénomination chez leurs voisins, ëcrÎTent aussi L^^3'p..^ Tubet ou Tôbet. Cest !a raison pourquoi fai adopte dans mes ouvrages Torthographe Tubet, qui me paraît préférable k cciies de Tibet ou Thibet, Kl.

' J'ai discute' l'origine du nom de j '^ ïîji * i^ Tanggout, dans mes Observations critiques sur les Recherches relatives à l'histoire politique et religieuse de l'intérieur de l'Asie, par M. I. J. Schmidt, insëre'es dans ie V<: volume du «/btirna/ afta<tytie( décembre 1894» pag. 33G). Je pense que le nom de Tanf^goui vient de celui de la tiibu tubc'taine des Tang hiang, dont la partie qui habitait ie pays k l'occident du llouang ho supérieur, appelé Ho *t par les Chînoia, portait ie nom de Tanggou, et avec ia finale du pluriel mongole Tangffout. Je ne connais aucun terme mongol semblable à celai de Tanggout, ayant la signification d*habitant de maison. ^^j-G^ Gadzar, est bien ie mot qui, en mongol, désigne terre, pays. Kl..

^ L^|s.^Il^| Yagh est le nom tubctain du Bos gruniens,\jt

màle s'appelle dans cette langue ^sl ^1^*^^^ ^^^ y^V^ ^^

la vache '^^ (M Bhrimo, En mongol cet animal est nommé I i n i^v i ^ Sarlouk, Le yagh sauvage porte en tubétain le nom de

JShrong, en mongol ,&^.tjû.^C^ L Ll^ Bouka kôrâksou, et sa femelle celui de f^^L^ f^^ Bhrongh bri, Kl.

Q^q-

SEPTEMBRE 1834. 179

tani Poât bà. II Thibet in lingua di Nekpal si chiama Seên^y et Thibetano Seênà. In lingua industana il Thibet si chiama Butant, e Thibetano Bu(ià\

^ Dans une note du P. Horace , ce mot est c'crit Htè, Kl. * Vfl^l^ Bhètângga est une ancienne dénomination sanscrite

du Tnbet. Elle yient vraisemblablement de ceQe de ^--A^ Bhot

on Bhodh , indigène dans le pays , et que notre anteor écrit Poèt, En hindonstani ie Tnbet s*appelle en effet Vi i I •Tl Bhoutdnt, et un Tnbétain ^TonET Bhouiîa. La laogne du Bengale a mieux

conserve la véritable orthographe de ce nom; on y dit (]^T^

Bhôt ou C'Sîfèfô Bhàiânt, Plusieurs auteurs anglais, et entre antres M. ÎV. H. Pearce, qui a publié à Calcutta, et en bengali, une Geography interspersed wt'th informations historical and miS' cellaneous (1899, in-8% pag. 19), ont traduit le terme de Bhô- tant ^BT le pays des montagnes , mais cette dénomination n*a aucun

rapport avec le mot sanscrit }!T^JtBhoûdhara ou ^JJK Bhoûdhra,

qui signifie montagne* En tout cas on voit qu'on a grandement tort dans Tlnde et en Europe d'appliquer la dénomination hindoue *de Bouton au pays du Deb radja {Dépa Dharma râdja)y qui réside à Djachû tsios dziong, ville appelée par les Anglais Tas- sisudon. Ce pays n'est qu'une partie de la vaste contrée du Tubet nommée en hindonstani Bhôtânt, En tabétain, le Boutan des Anglais s'appelle Lhopà ou Uhopato, et en hindonstani Lalto^ jnvaià. Ses habitants, appartenant à une secte bouddhiste nommée Broughpa, ou du tonnerre , portent enz-4némes ce nom chez les Tnbétains. Ils adoptèrent cette croyance dans le dix-septième siècle de notre ère, quand Nagh vâng Nam ghial, un lama très-vénéré, quitta ie Zzang et vint s'établir dans leur pays. Ils parlent un dia- lecte tubétain corrompu; ils ont adopté le costume et les manières des Hindous, et sont plus propres dans leur habillement et dans leurs maisons que les autres Tnbétains. Ils sont aussi plus guer- riers que ceux-ci, et se composent d'environ 40,000 familles. Il est également absurde de suivre la mode des Anglais de Tlnde,

19.

180 ' JOURNAL ASIATIQUE.

La dttà capitale dd Thibet in iingua tartani si chiama Baron-thàlà : Baron significa destra, thà, verso 9 là, mezzogiorao, cioè verso mezzogiomo, a man désira^. In Iingua thibetana si chiama Lhasà. Lhà significa per noi , corne Dei^ sa, terra^ cioè terra de Dei\

Tutto il Thibet^ conforme lasserto de' ministri regii, espressamente constituiti a tenere il conto del numéro degli abitanti in tutto il regno^ monta a irentaire mi- lioni di anime^ y da quaii abitanti ne tragono «etceitto novanta mila soldati^ nel seguente metodo.

et (Tappeier les Tubc'tains de leur nom hmdoiutanî BootheoM oa Bhoutias. Kl.

' LVtymoIogie donne'e ici par le P. Horace du nom de Baràn thalà ne mp paraît nullement heureuse. Baràn signifie effectÎTe- raent en mongol la droite; mais d'abord comment les Mongols joindraient-ils k ce terme deux autres qui sont tubëtaini? D^aUIeim baràn désigne ici le sud-ouest ou ie sud, et ce n'est pas le mot ta,

mais ^ L'ho, qui signifie le sud en tubëtaxn. La dënomînatîoii

mongole U * ^^ In II iVj^ Barohn talà, indique le côté droig, c'est-à-dire le côté sudrouest. La Mongolie au contraire est appelle I j i K^ V^)J^ Dzôhn tala OU. Dzoiin uUa, le côté gauche, c*eft-à- dire le côte nord-est. J'emprunte cette notion de la relation nui- nuscrite du lama kalmuk DJQtji, qui visita le Tubet en 1740. II ajoute que la dénomination de Bouton , employée par tes Euro* péens (de l'Inde) n'est nullement connue aux habitants du payi. Kl.

* Anciennement la yille de L'hasa ou H'iasa s'appelait anin

^J C ^ JL'Aïufaf» ou la dmne ; en mongol Q^ i 1 1 1 ^ Çf^Baar-

khantou. Kl.

' Ce dénombrement me paraît excessivement exagéré; car on •ait que dans le Tubet la population n'est que trè»-clairement se-

SEPTEMBRE 1834. 181

Le provincie che devono sômministrare K ragazzi per essere religiosî, le famiglie d' esse provmcie sono esenti da sommmistrare soldati.

Tutto lo stato délie provmcie d'ï7e Tzangfa cento trenta mila soldati, prendendone «uno per ogni tre £atinîg^^.

mëe, et qae la pbu grande partie des montagnes de ce pays sont inhabitables, parce qn^elles ne produisent presque aucune plante et encore moins des arbres. M. Csoma de Kôr5s , qui a fait nn long sëfonr dans le Tnbet, ne compte que 130,000 famiiles dans les deux proYÎDces de Ou et de Zzang, ou dans le Tubet supé- rieur et moyen , et 50,000 families dans la province de Ngari. Il n'indique pas, à la Téritë, la population de la province de K'ham, qui est la pins grande et la plus peuplée du pays. Si Ton compte cinq individus par famille, la moitié occidentale du Tubet, c*est4i- dire le Ngari, le Zzang et le Ou, n*auraient, d'après M. Kôrôs, que 900,000 habitants; et en comptant même le triple pour le K'ham, et pour tout le Tubet inférieur, on n'obtient que 3,600,000 âmes, calcul qui diffère énormément des 33,000,000 àit% ministres du roi du temps du P. Horace de la Penna. Mais on voit déjà Fexagération de ce dénombrement par ce qui est dît immédiatement après sur la manière de lever des hommes pour f armée. II s*en suit que du temps du P. Horace on comptait :

Dans le Ou et le Zzang 650,000 familles.

Dans le K'ham 108,000

Dans le Ngari : . . . 100,000

Dan» le iTom^o et le raÂ7»o 4i0,000 '

J)anfr Ciang.. 100,000

En tout 1,378,000

Ce nombre de familles multiplié par cinq donne pour ces pro- Tinces la somme totale de 4,161,000 individus. Dans ce compte ne sont pas compris les nomades de Hor et les habitants de la pro- vince de Amdoà, qui avoisine la Chine. Si Ton suppo/ie cette population omise à un million d'âmes, on aura pour tout le Tubet environ 5,000,000 d'habitants in^iqtiés plus haut. Kt.

182 JOURNAL ASIATIQUE.

Tutto lo stato di K'ham fa trecento sessanta mila soldat!^ prendendone parimente uno per ogni tre &- miglie.

Tutto lo stato di Ngari fa cento mila soldati» pren- dendone uno per ciascuna famiglia.

Tutto lo stato di Ciang fa parimenti cento mila soidati ^ prendendone uno per ciascuna famiglia.

Vi sono gli stati degli Hor, ed Amdoà, da qualî stati non si prendono soidati a causa della diffidenza, perche i primi sono piii aderenti a Tartari , e com- munemente parlano in lingua tartara^ ed i second! per essere confinanti colla Cina fuori délia gran muraglia quaii parlano più thibetano che tartaro e cinese.

Vi sono le provincie di Komhb 'e Takpo, che danno soidati nel medesimo modo che gli altri stati , e si traiascia la quantità per non esseme fatta dili- genza , e ricerca per risaperne il numéro per conjet- tura; pero credesi che ambi possino dare 140 mila soidati uno per ogni tre famiglie.

Presentemente ancora si sono soggettati e resi tri- butarii volontariamente al Thibet dopo essersene im- padronito Tlmperatore deila Cina i regni del Bru/cpa^, ossia in lingua îndustana Laltopivalà, di Latà, ossia Ladak, e di NekpaL

Li regni 'C provincie deilo stato dei Thibet sono le seguenti. Il regno di Latà, ossia LacUJcK A pa-

* Voyez la note S, pag. 179.

^ Le nom de ce pays s'écrit \2j ^^|^^ Lm dhaghs (La

SEPTEMBRE 1834. 183

veiit€ confina con i Kasimiri ^ a mezzc^orno col JMogoi^ a levante con Ngari, ed a tramontana con ia Tartaria, e credo de* Tartan Usbek.

Ngari^ si divide in tre provincie, Ngari Sankar, Ngari Purang e Ngari Tamb. Ngari Sankar verso ^nente confina con Latà , a tramontana colla Tahta- ria, credo , con Gaskar ( Kaskar ), a levante con Ngari Purang, a mezzogiomo col Mogol.

Ngari Purang a ponente due punti, a tramon- tana confina èon Ngari Sankar, a tramontalisff^olla Tartaria , a levante con Ngari Tamô , a mezzogiomo col Mogol.

Ngari Tamb a pOnente confina con Ngari Purang, a tramontana coiia Tartaria , a levante cofla provincia di Tzang, a mezzogiomo coi Mogol.

La provincia di Tzang^ a ponente confina con

dhTaghs). On Tappelie aussi JJ^X ^iuN ^""^ V^^^» **" ^* Pays bas. Kl. CS

' L*ortiiographe de ce nom est Jo^(^ /i^^ mNgah

ris. Dans le dictionnaire tube'tain -mongol intitulé Mingghi ghia

' mUb, il est écrit JJ^O JT ^^ mNgah res, maiis ie

gol porte f^^ LjyjjxjSy mNgah ris. Cette contrée, située au nord

et au nord-ouest du Zzang, le sépare du Ladagh. Kl.

< * En tubétain £^|^yxL^ Zzang, Ce mot signifie pur, clair^

saint, II désigne aussi une rivière en général, car on dit bien ^ l-«^ ^ OO^ ^^ ""^ ■'^'^ ' grande rivière ; tA L^^S^

mon-

184 JOURNAL ASIATIQUE.

Nekpal , a tramontana con Ngari Tamo , a mesEZOgrâr- no con Lhb Un ke ^ e Bregion\ ed a levante ooih provincia detta U. Verso ponente fultimo luogo deila provincia di Tzang, in lingua industana si chia- ma Kutt, che significa cagna, ed in lingua thibetana si chiama Gnialam, ed anche Tzongtu, che significa luogo ove s'adunano i mercanti per fare li cou' tratti^. L'ultimo luogo verso levante si chiama Kam^

<

^b w* Z^ang uioung, petite rivière, et tAL^xW ob

Zztùig tsiou, eau de rivière. Kl.

^ Lhb tetii ( oa comme le P. Horace Tayait t^crit k Fit^eiine Lhb ten chè, dont les géographes allemands ont mal k propof fait Lhb ten sche ) paraît être le nom tabétain de la partie septentriiH nale du Népal. Dans cette langac , ce pays entier est appelé Bhalpo

* Bregiong on Bramascion ( prononcez Bredjong et Brmmm chong) est le pays de Sikkim, sitné à Test de la province népalienne de Moroung (en sanscrit J/ayouronA-a^ ayant des paons), entre les rivières Kànkayi ou Konki et Tîstah. Dans la seconde partie de sa carte d'Asie (de 1753), d'Anville nomme ce pays Brmkfm^ song, et y place la ville de Comotay , ainsi que le mont et le passage fortifié de Nagar eu/ (Nagar kote), appelé k présent Sém- dang, Kl.

* (^ *^i Koutti en bindoustani désigne effectivement ime

chienne. Le nom tubétain lXIÇ^O (sJ^ Gmialom ai-

gnifie col du chemin, et HK^ '^ n^N ^'**^ ^* *™'

foire , un marché. Cest une ville considérable dans laquelle or trouve toutes les nécessités de la vie en abondance. La pins grand partie des habitants sont Tubétains ; mais on y trouve anni d< Kachmiriens, des Néwaris et quelques Chinois* Tons poirteatd

SEPTEMBRE 1834. 185

halà\ cbe è nome di un nion te grande^ aila falda dd quale vi spno molti lu(^ki; e nel piano di qnesto monte vi è un gran lago detto landro^ verso mezzo-

habits de laine et parlent tnbëtain. Le gonvemement chinois de HTIassa y tient nne garnison de 500 hommes , avec 4 pièces de canon. Les voyageurs qui viennent de Népal sont obligés d'exhi^ ber à Gnîalam lenrs passe-ports, quon y échange contre de non- yeaiiz* ELl*

^ La montagne Kambha ou Cromba est située au nord du lac landro ou Yar brok you mthso. En venant du sud, hi montée est d'un coss et demi. Arrivé sur la crête, on y trouve une source d*eau excellente, et on y aperçoit au nord une nouvelle chaîne de monts très-élevés et couverts de neiges perpétuefles. Les voya> geurs hindous et tubétains y font leurs adorations. La descente septentrionaie est de trois coss, et on arrive au pied du mont au vâlage de Kambha, consistant en une centaine de maisons tube- taines. Kl.

' Je ne connais pas Forthographe du nom de ce lac. Cest vraisem- blablement ^^Ll ^*^\ / Y^''"^ dhro, c'est-à-dire étendu et

chaud. On Tappeile aussi C<J ^^1 a^OD Yang mthso ou le

lac étendu. II règne en général beaucoup d'incertitude sur ie véri- table nom de ce lac. Le Si yu thoung tuen tchi, qui est un dic- tionnaire géographique sur les pays situés à foccident de fa Chine ,.

tsûnt, et en mandchou 9^ ? i n A (V) \>^ Yarborok you tsou, II traduit yar borok par ample et étendu; you par turquoise (en

chinois J^ jtèt ^^^^ff ^^V ) > ^^ tsiou par eau. Je présume qu'il y a ici une faute, et qu'il faudrait {ireiLJk|^>4J ^ ^^ i I

Yang brogh, et en mandchou ^■*ftV(V) OojlS Yang borok, ce qui signifienut effectivement ample et étendu. Cela parait d'autant plus

186 JOURNAL ASIATIQUE.

giorno y che ha di circuito (seoondo quelli che l'hanno girato) 18 giorni di camino, ma dentro vi sono ai- cune isole di monticelli. Il detto lago non ha ento alcuno almeno visibile, e per quella parte, ovefho costeggiato si neil' andare^ che nel venire per un giorno e mezzo di camino non ho veduto esito venino, ed il simiie per ogni altra parte , corne mi viene certi- ficato da quelli medesimi che f hanno costeggiato. Per passare detto monte Kamhalà si salisce certamente

probable que les ancienoes cartes da Tubet, publiées sous le règne de KhaDg bi , transcrivent toutes le nom de ce lac en chinois par

^ »W> "vt yt% I^"* ^^^ ^^^ k'he, et en mandchou par yjnVj i^ Yam rouk. Celles qui ont été faites sous le règne de Khian loong ont en chinois J^J^^S^J^ .|> j| j|; Yang mou Icu Vhe

y OU mou thsou, et en mandchou <^j 0^ \j gVno * *^ Yangmorauk youmdzo. Dans le Si you thoung wen tchi, on aurait donc mif

dans la première syllabe yang un^I r pour un L^ ng. Le

même lac est encore nommé en tnbétain ^^]^ ^ ^ ^^^l Phal dhi you mthso , ou le lac des turquoises de Pkal-

H*

dhi, c'est-à-dire de la ville de Paldhi on Paidhi, située an nord du lac. Cette ville est plutôt un village , n*ayant aucune impoiv tance. On voit, au milieu du lac, trois îles montagneuse!, nommées Jlfma^a^ Sang rt et Yabotou, habitées par des pâtres qui y font paître de nombreux troupeaux de yaghs. II y a amsi beaucoup de pécheurs; leurs bateaux sont en cuir. Le lac est extrêmement pobsonneux; mais ses eaux sont salées et amèrei. Voyez aussi la Description du Si dzang ou Tubet, que f ai insérée dans le II» volume de mon Magasin asiatique (Paris, ISâG.in-^')» p. 385, et le Nouveau journal asiatique, roi. IV, p. 5I95.-«J^

SEPTEMBRE 1834. 187

2>er un mezzo migiio, e poi si scende per cinque

£>uom miglia ; d'indi si trova un ,fiume ben grande ,

che si chiama C'iasum, altrove pero dicesi Tzam po,

o Tzangcm\ che ha la sua sorgente in Ngari. E

passa tre giornate lontano da Lhasà , e prosegui^ce 3

suo corso sotto la fortezza detta Sgikàkungar^y e

prima di*arrivare a Takpb Cini per un giorno di ca^

mino.si perde in Lhogà^ : e asseriscono che passi

sotto un nxonte , perche passato questo monte si ri-

trova di nuovo, e da Takpb passa per Kombb, e di-

cono che entri poi ne! Gange verso Ragmati, b Scia-

^ Cest ie Yœrou zzang bo tsiou, le plus grand fleuve du Tubet occidental , lequel reçoit les eaux de presque .toutes fes rivières de ce pays* Ne connaissant pas Vorthographe du nom C'iasum ( Tsia- sonm) je ne peux donner sa signification; mais la deiiiière syllabe soum signifie trois, ^^ns la Description de la route de Kathmandou, dans le Népal, à Tâzédo, dans le Tibet, insérée dans ie XVII® vo- lume des A»»,jUio Researches, le nom du Yœrou zzang bo tsiou est e'crit par erreur Yékô changé, au lieu de Yérà' changé ( Ye'rô tchangbô, le b n'étant pap prononcé). Ce fleuve s'appelle ordinai-

rement ^|..^^W ^>l ^^ Zzang po t^iou, c'est-àrdire Teau pnre. Kx.. ^^^

fart blanc de la cime, est une forteresse sur la droite du Zzang tsiou et au. nord-est du lac Yang mtso. Ordinairement on noyé au Tabet les voleurs dans la rivière; mais, si l'on veut leur faire une ei^èce de grâce , on les envoie à Ji ka gbong kar, la plu- part d'eux meurent pendant la première année de leur séjour dans cette place malsaine. Kl.

' L'ho ou L'ho k'ha ptrà sont des montagnards anthropo- phages qui habitent au nord et an nord-est de l'Assam. Voyez oi- dessoos, pag.,193. Kl.

188 JOURNAL ASIATIQUE.

Hgang. La capitale di questa provincia é Sgigaizh^, Il regno di Bregiong, ossia Bramascion\ ytno tramontana confina colla provincia di Tzang, Teno mezzogiorno con Mon-Altibari^ e Brukpà, ossia Laltopivalà, tra levante ^ e mezzogiorno con Lho» bà^ verso levante con Kakb, e Kombo , verso po- nente con Maronga * e Nekpal.

La provincia d' £7 verso ponente confina con Teang, verso levante con Sciarbigonti, verso mezzogiorno con lalha^ e Takpo^, verso tramontana con Ciang;

^ C^Ok -J\ 1 *^^ ^* ^^^ ' *^***' " ^ " ^"^ '• forUrtssz

de la cime; c^est une des pins grandes villes du Tabet. On y compte plus de S3,000 familles. Sa garnison consiste en 3,000 mI- dats tubétains et 3,000 mahomëtans chinois. Les Hindoos pro- noncent Digartchi le nom de cette ville. Elle est située k un cou nord-est de Djachi Vhounbho. A deux ou trois cents pas de la ville conle une rivière qui y porte le nom de Tchoûrr erkou. Elle est très-profonde , et sa largeur est de 300 pas. On la passe fur on pont de fer, de huit arches, qu'on appelle Samba chaér char ) , c'est-à-dire le pont orientid. Kl. * Voyez la note *, pag. 184.

' (J\^ J^on, en tnbëtain, est le nom général des montagnard»

qui habitent entre les plaines de IHindoustan et le Tubet. Jfois- Alàbari doit être la partie septentrionale du district de Rangpoor du Bengale , et particidièrement du canton dont Samachgonta ml le chef-lieu. Kl.

^ Vhohà est la partie occidentale du pays de Déva DhanM radja ou du Bootan des Anglais. -—Kl.

' Voyez la note % pag. 184.

^ Je ne connab pas la situation des cantons de Ckm'bigonii tt de lalha,

^ Le nom de ce pays, situé sur la droite du Zzang po tihià/ait

. SBPTEMIIRB 1^34. 189

e versd tranuonlana termina la provincia cTI/k Ratren, é Tahing-y terso levante con^ Sciarbrgonti, verso ponente con Kambalà ; la capitale di qoesta provincia dlJ è Lhasà, e vicino a questa città passa il fiume detto Tsangiù* che ha la sorgiente sopra a Sciarbi** gonti, ed entra nel fiume C^iasum, vicfaio alla fortezaa detta Ciuciùr^, tre giomate lohtana da Lhasà. Ç significa mezzo,^, perche questa provincia U sta nel

^Zol .^O phagh pà, qui signifie jmr. Il contient les yillefi de

La sol dziong, Kown le Namghïal dziông , Dhom jon eUtof^ et Nai dzwng, Cest une des proTÎnces les pins mëridionaies da Tu- bet. Kl. -s^

' II faudrait Trmîsemblabiement tire ^^ v^^ To laung^

(ririère supérieure). Cf. Qeorgi Alphahetum tibetanum, p. S51.

*' II ne faut pas confondre cette rivière OI^Vx Ll ob

Zzang tsîou, en mongol i i V \ft^ ^ (\i *V,ij Zanggo murèn et Il V^nA^ ^M * (^k \c Galdjao murèn, avec ie fleuye Zzang- bb istou, auquel elle se réunit au-dessOus de la yîlie de Tsiou chouL Elle sort, sous le nom de Moudhik zzang pp tsioù, du lac Mou-^ dhik you mtso, Cest donc près de ce lac qu'il faut chercher le can- ton de Charbigonti, Kl<

' Les rdations hindoues appellent cette place Tchoûchér; ce- pendant son nom est écrit ^J> ^JS^ Tsiou ehoul dans ie iSii

ytt thoung tven tchi, qui Texplique par conduit d'eau , canal. -* Kl. * ^^^^\ ^' ^^ plutôt Wou ou Oui, signifie effective- ment le centre , le milieu. On comprend ordinairement les deux provinces de Ou et de Zzang par le nom commun de ^ ^S^^

ZI1..^I^^0tt zzang. Kl.

IM JOURNAL ASIATIQUE.

inezzo del Thibet, e Lhash sta hel mezzo di questa provincia e percio la chiamono Umbellico del dôvù iiosô regno del Thibet.

La provincia di Ciang^ verso ponente confina con Ngari^^ verso tramontana con Kokonor, verso levante con K^Iiam , verso mezzogîorno colla provincia dlJ. In ({uesta provincia di Ciang ci è il ducato di Dam^f che è iontano otto giornate da Lhasà : ed in Dam ci è idb il palazzo per il Re e la sua. corte ; il restante d^^ abitanti dimorano nelle tende 'di feltro, é di tde tes- sute di pelo, e la maggior parte sono Tartan e.gU aitri Thibetani. Due giornate lontane da Dam ci è Nak ciu ka, ove è l'ultima fortezza del Thibet senza alcun altra casa, ma solo abitazioni di tende , corne sopra. In questo luogo passa un fiume grande chia- mato Nak cUù. Nak significa nero e cUù acqua\

^ Le P. Georgi nomme cette province Kiang» Kl. > Cest-à-dire Ngah ri Tamb. Kl.

^ Dans la petite, carte du Tubet qui fait partie de rimTra|re Wei thsang thou chy, que fai pubiiife dans le Nouveau joummi

asiatique ( tome VI , page 3ô0 ) , le pays de y^f\ 3?J Dàiom,

on des marais, est placé au nord -ouest du grand lac noor. Mais ce n est certainement pas ie duché dont il est queslkm ici , puisque celui-ci doit être situé au nord-est de Hlassa et à deux joomées de Fcndroit Ton passe le Fleuve Noir, duquel 3 sera question dans la note suivante. Ce pays de Dham se tronve sur la route qui de Hlassa conduit en Chine par le pays da lac Khoukhou noor* De H'Iassa à Dham on compte 8 stations et 495 li chinois y et de au gué du Fleuve Noir, 4 stations et 310 li. Ce compte nes*accorde point avec celui du P. Horace. Ki..

* (7)^1 ^^ Nagh tsiou, signifie effectivement FEaa noire.

SEPTEMBRE 1834. 191

^a questo fiume prese il nome questo luogo^ e.per-

^ino si chiama Nak ciu kà, cioè abitatori deflacqua

:K]era. Dope Ai che per circa quaranta giomi di camino

maon si trova piii abitazioni di case, ma solo alcune

4Bbitazioni ai tende con quantité di mandre de lak,

<^>ssiano bovi pelosi, pécore, icavalli^ ed i passaggeti

:sion trovano allra cosa per comprare di cçiinestibile

^he carne, e butiro, tutto Faltro fa di mestîeri portai

. .sseco. Traghettalo questo gran paese si trova un gran«-

^issimo fiume, cliiamato Bic'iù^y che conforme ne

«crisse riUustrissimo signor Samuele Van der^jOhn*

Cest ce même fleuve qui, chez. les Mongols, porte le nom de ^^^^nj^ l^>Mi J?Aarà ousoii, qoi a la même signification. Le Nag^

tsioa sort du lac Bouka noor, on da Bœuf, coule d*abord à l'est, reçoit le So^h tsiou, et se tourne au sud-est pour entrer dans la province de R*ham, on il reçoit le nom de (kùC tsiou f puis il passe dans ia province chinoise de Yan oan , il est appeler Z.ott kiang ou Nou kiang, et va se jeter, suivant les auteurs chinois, dans la mer Méridionale. Kl. ^

^ Le Bi tsiou, ou plutôt i^^ ^V ^^^t' tsiou, le Fleuve de

la vache du Yagh , est le même qui , en mongol , est appelé y^nVnj^ ^^^.ûu. Mourom oussoii et v9-^/^^ ^nVnj^^ Mourous oussoù, c'est-à^ dire VEmL tortueuse. En traversant le Tubet oriental , il reçoit le

nom de 5u ^S^ ^ ^^^ ^'^"' tsiou, ou le fleuve du Dieu

mâle (du Seigneur). Cest la partie supérieure du Grand Ktang de ia Chine. -r- Kl.

* Ce Hollandais s'appelait, avec tout son nom, Samuel van der Put. II était arrivé des Indes au Tubet, il lia amitié avec des lamas , dont il avait appris la langue. Ils le prirent avec eux à Péking. Cest le seul Européen qui, à ce que je crois, ait fait ccl voyage si intéressant de la capitale du Tubet à celle de la Chine.

103 JOURNAL ASIATIQUE.

dese, nativo di Flescingh ^ ddla provinda di Zdanda, si ai^isce ia sua grandezza, mentre da quel che di- ceva che per traversario con barche di pelle , s'îm- barco la mattina , e la sera aloggio in un isoietta di detto flume, e non poté finirio di traversare sino al meno di dei seguente giorno. Vicino a questo fiume d é una gran popolazione che habita nelie tende. Da questo iuogo per un mese incirca di camino si trova Zo/b- mà^'y le genti di che abitano parimente nelle tende, e dopo cinque giorni di camino si arriva a Kokonar, ove finisce il Thibet per questa parte verso tramon- tana.

La provincia di Takpb è assai grande , e si dividc in sette, cîoè Takpb Cini, ove i Missionarii CSapoc- cini hanno l'ospizio. Takpb Ciarà ' verso tramon- tana confina colla provincia d*U y verso mezzogiomo con Komb6, verso levante con K'ham e verso ponientf con Tzang.

La provincia di Komhb a tramontana confina cor Takpô^, a levante con K^ham ^ a ponente con Bregioi

Mathenreasement le joamal de son Toyage paraît perdu pami nous. Voyez Nouveau journal asiatique, toI. X, pag. 3S1.-* Kl

MI y a bien dans l'original Flescingh, mais ii fant lire Fieum gue. Kl.

* Zolomà, on ^jdùj^ I-'J^L"V J^"*^"^ Gourban SoUmm gool, c'est-à-dire les trois rivières qui se réunissent ,. est rendra: le chemin de H'Iassa à Si ning, en Chine , traverse le Homa ho supérieur. On dit aussi Gourban SolomgooL Kl.

' Dhagh po. Voyez ta note 7, pag. 188. Les positions de Mê^ Tchini et de Dhagh pb Tchiara sont inconnues. Kl.

* La province de Kombb ne peut être la même que celle tpù

SEPTEMBRE 1834. 193

e Lhobei , a mezzogiorao con Lhb k'haptrà: Lhb vuoi dire mezzogiomo, k'hà, bocca^ ptrà, tagliata^ per- ché ai fanchilli da piccoiî sono tagliate le labbra, e poi ie coloriscono di color rosso y giallo y turchino y ed altri colori posti neOe tagliature de' loro labbri.

Kliam^^ verso ponente termina con Bikum, Tak- pb, e Komhb, verso tramontana confina con Kokonor, e Ciang, verso levante con Tarcenton, Cina^ e; Amdoà, e verso mezzogiomo confina con Bengala>:a Siam^ o Pegii e Tonchino.

appelée ^]^ ^>] Kongpb on renfoncement. Celle-ci , sitnëe

é

an nord-est du Dhagh pô, en est se'pârée par le flenTe Zzang po tsion,^ et arrosée par ie Kagh hho xzangpo tsiou, Kl.

^ Le Pi Horace écrit partout Kahagn, mais le nom de cette

grande province du Tabet est [^ JJ^ ^JCham ou [^^^ ^

3^>^ K^ham ymU (le pays de K*ham). Cette contrée est aussi

appelée Bhodh tsien ou le Grand TubeU Le mot K'ham signifie propmnent royaume. Les huit subdivisions sur douze, que Tauteur nomme , ne se trouvent pas marquées sur nos cartes. Dans son in- dication âeê limites de ces subdivisions, il paraît régner beaucoup de confusion. Ketong k'ham est la pins occidentale; puis vient Tzwa k'ham, et de de f ouest à Test on rencontre Pombor k'hang, Mingara k'ham et Tstamdo k'ham. Vers le nord est Tst- oung hoU k'ham , et de au nord-est on trouve Kondjiou dourou

k'ham et Kemorong k'ham. Tstamdo est le pays de HK/^ .

>^^ Tsiab mdho (la réunion des courants), temple célèbre,

sitoé à la réunion des rivières Om tsiou et Tsa tsiou, qui forment le La tsiou on L'ho tsiou , appelé par les Chinois Ijm thsmng Jkiang. Kl.

XIV. 13

IM JOURNAL ASIATIQUE.

Lo stato di K'ham si dividc in dodici provincie^ e sono le seguenti.

l"" Tzava K*ham, verso pouente confina con Bî* kun e Takpo, verso levante con Porobor K'Iumiy verso mezzogiorno con Lho k'haptrii.

2* Pombor K'ham, verso ponente con T^ara K*ham y verso levante con Mingara K'bam, verso mes- zogiorno con Bengala , verso tramontana con Bicïii.

3^ MingaràK'ham, verso ponente confina con Pom- bor K*liam y verso levante con la Cina , e si crede colla provîncia di Cenlofà^ ed Amdoà, verso mezzogiorno si crede col Pegu , verso tramontana con Kokonor.

4"* Ketong K'ham, verso ponente confina con Kombo^ verso levante con Tzava K'ham, veirso mes- zogiomo si crede col Pegii , o Siam, verso tramontana con Kokonor.

5^ Ciunghù K!ham, verso ponente confina con Talung, verso levante con Ciamtb, verso mezzogiorno con Sciopadb, verso tramontana con Ciang.

6^ Kongiûdurù K'ham , verso levante con Ke^ morang, verso ponente con Ciang y verso di Dam y a tramontana con Kokonor, verso mezzogiorno con Bha^. II paese di Bhà non si sa di chi si sia o del Pegu, o del Tonchin.

^ Cen toju est la ville de Tehking ton fou, caphide de la pro- vince chinoise de Szn tchhouan. Kl.

* Bhà est le pays de Bhà on ^^^Cj^iSAà thang {plaint

des Vaches), situe par 39» de latitude nord, sur ia gaadM éa Pkm h'imtsiou ou Kin cha kiang, Kl.

SEPUMBRE l«a« 195

. :7** Ciamtify^K^hifpi e fottava Kemorong fCham SOUP, prpvmcie , 46lle,q.uali s'ignorano iipro convoi, sicçomeancorad^fle altre.quattro réîstaiiti provîncie, Yion solo se ne ignorano i confini,.mst eziandioi nq- Sii^ P0F non essiçre potuta sévère noiizîa. perta dapra- l^âj p(er geiosia che hanno î Tbibetani ; non è stato ppssib^e ritra^pç copia g^ografica delïunica qhe, si <:;9pserya in pittu¥;a in diverse stanze del' palazzo 4eDa

frçw-angwC?), oss^/l^^

Domina parimentf îl Re del Thibet lo stato cTw^m- fioà^, corne disopra s*acçenno^. che confinai levante cpUa Gîna^ a tnnoqnlana.con Kpkonor ç CiangrU po^ nenta-; cpn- K'hain^ a. mezzogiorpo crei^ col Ton- çhino, a Pegii, o Siam^ ma non è certo perche i Tbibetani hanno pochissima oognizione Jesso Pegù, Tonchin^ Siam, ed altri paesi confinant!. Qnesto stato dAmdoà è diviso in più provincie, che sono ie sieguenti : Cenisgiunghà, larbà, Ara; Matgniù, Tzator, Tariong, Tebb, Ngabà, Sunggiù, Kor- lung, Chisangy Samblb, Tongor, Kunghungy e di- cesi che ve ne sia'qualchedun* altra^; ma per non

^ Amdoà est la partie sud-est du Tubet , située entre le fleuve Ovî tsfiQu ou Non kiang, et les provinces chinoises de Szu tchhoiMt^a et de Yun nan. Dans les livres mongols ce pays est dé- signé sous la dénomination des trois Amdoo Kkam inférieurs ou des tnois Amdoo K'hamgoiàg inférieurs, r— Kl.

' tous ces cantons et lieux , je ne retrouve que les suivants «or les cartes chinoises du Tabet ainri que dans ie dictiotftaaîre géographique de l'Asie centrale : Margniù est Mar^han; Tsa- tor est Dzadzorgarig ; Tariong est Dhar dziôhg; Te bb est Theghbà; Tongor est Dhoung'kon ftKmngbung est tChioung hhown. Kl. ' .

13.

196 JOURNAL ASIATIQUE.

avère avuto tempo per scarsezza de' religiosi non vi è stata opportunità di tempo, affine di potere riceraire queste cose, dovendosi fàr ci6 a tempo e con cautda per non dar gdosia.

In tutte queste provincie sono cita, terre, e casteUi, Êibricati di pietra, ed altre materie stabffi, e di durata.. La iingua nativa è Thibetana, ma ptr- lano anche Tartaro, e Cinese, e sono diunelevato ing^no , ed a mio tempo tutti li Letton , e Lemi d^ università , Maestri dei supremo Lama , e Grandi Lami rinati, erano quasi tutti d'Amdoày dal quale stato o regno non si prendono soldati , come si disse di sopra.

Tra la Tartaria , e le provincie di Ciang e Ngari, stanno i popoli di Hor^y quaii sono d*ingegno grosso-

^ ^JL Hor, selon M. Gsoma de KSrfif , eit le nom par le- quel les Tubëtains désignent ic 5 neuples de la race turque de fÎD-

teneur de FAne. II tradoit^^^ ^^^ ^'^^ ^'^ (^^ °^ "^

përienr) pur le Tarkestan occidental ; Vl^T U 1 Hormmik

(le Hor infërîenr) par te Tarkestan orientd; ^^jL ^ Bor

la, xin mob turc» compte à la manière torque, enfin ^^JL ^^ Hor hèdk par iangne turque ( Voy. A Dictionwry ôftke Tihetan Umguage. Gdcutu, 1834, inr4o, pag. 333 et 304). Le

même auteur dit que ^^^ ^ Sogk ou ^^^ So^, eat

SEPTEMBRE 1834. 107

lano, portano la treccia, corne li Tartari^ e vestono alla tartara; stanno nelJe tende , e parhno tartaro^ e ihîEetano; ma m^io tartaro.

le. nom tabétain des Mongob (Ibtd. pag. S98). £d effet ce sont dEes tribus mongoles qui errent ayec leors tronpeiuiif dkns les Vastes jplftines des provinces Ngah ri Tamô et Tsiang , aoxq^eiles ies Ta- bëtaina donnent fe nom de JFfor, De même le dictionnaire gëogra- phîqué Si yu thoung wètè tchi tr^dait toujours Aiot iTof* pai'

T_ JT x^^p Mowng hou ou Mongol; ^^L -^S ^^T **^ .P^

d'^wt^^mongoU,et^J^f!^^I^ ^-Hordziùugk k'ha

par chemm ou tnttit des Mongols, Le dictionnaire tubëtaio-mpogol Mmgght gkia nUso explique. le terme Hor par in t » N\ t \t t ^ Sa- mSgûl, qui paraît être le non des tribus mongoles dispersées dans les plaines du Tnbet septentrional. Un antre dictionnaire tubétain mongol y intitalë Togh bmr lo va, et compose par Je célèbre

Djmn^hia khaûioukto», traduit ( pag. 983) ^J^ ifor par ^AL\yuxj^ Mongol et ^^âJ.^J^li.XjL^ Sarmgol , et (page 369 )

Nl^r ^^ Hor pa par mongol. Dans le Miroir des langues

chinoise, mandchoue, mongole et tubétaine, le mot Hor ett ëgalemen t explique par Mongol, Le Tocabulaire tubétain-chinois publié sous la dynastie des Hing par la cour des interprètes k Péking , traduit

le terme Horpa par 3gQ,JEjM ^ to, Tatar ou Mongol. « Dans les

«livres mongols, dit M. I. J. Schmidt {Gesehichte des Ost-Mon- »golen, page 373 ), les Mongols sont souvent appelés Pe te Hor, » ïje mot Pe te est le cbinois Pe ti ( Barbares du Nord) , adopté par les Tnbétains. « Un autre nom des Mongols, ajoute le même au- « teur, est Sokpd, » Le vocabulaire tubétain et cbinois que je viens

de citer tout k Theure explique le mot ^Ol\| ^^ Sogh pu par fSI jSI Hoéi hoà\ c'est-k-dire TnrcR orientaux. Sogh pb est

108 JOURNAL ASIATIQUE.

Nella provincia di TMLng vi sono altri due fiumi alquanto grandi^ oitre diversi altri piocolî. Uno dieba la sua sorgente dal monte Ijuiguir^^ e s^uitaioMKia

dérivé de ^^£^1 Spgh. Ce mot a ploneon flignificatiou. La

première eit ceHe ^omoplate (en mongaT 4)j^*\^ TVUSp»}» Ta ae- conde ett scie (en mongol Ly^p^ç^j Gkiroughè)^ la droinème çnliB celle de prairie ( en mongol L^Jj^L^ Kuddèk et en cbino»

jy^ ^^ Tsao ti), Ceti de cette dernière que dérire le i^t Sfjjf A

pà, q«i par eonié^aent signifie proprement Aaii^^.40rprmkùfÊ^ Ordinairement on Tappliqoe aux nomades mongob, maia nons Toyoni^n'îl peut également désigner des nonsdes tnrca, ynqa^ cette dénomination fut aussi donnée ans ffoe! hùtS, doat qtti^lqw» tribns nomade» haUtaient antrefois lies caftes plaines lîtiiéeyarf «UBi*

est duTttfcet et fnrent appelés ponr cette noMn l^^/jJ' 2^l

Brogh pa (habitants dn désert), en mongei ànnîT^yui^ ^^OM^ Kharà Tanggout, on les Tangoat noirs.

En résumé , il paraît que lés noms de Hor et de 5*01^ "pii' MAI appliqués, par le Tubétain, aussi bien aux nomailes ^nangols qu'aux nomades de la race turque. Ceci est démontré psi' la 4éÉ0- mioation de Hor la, mois turc , ou mois d'après le cdfcul tnrc. Il ne peut être question ici des mois des Mongols, qui ont le mCme calendrier que les Tubétaîns, tandis que celui des Turcs, e^ dès mahométans en général, diffère du calendrier de ces derniers.^ Kl.

^ En se rendant die Kouti ihUaimn de Iflassa, on pam b mont Ijangoér à la seconde journée et avant d^arriver à la villfli.de Tingri. Le nom de Langoûr est donné à cette montagne d'i^irès celui d'un petit viiiage sitné à son pied septentrional ; <lie Rap- pelle proprement Ye loum Keiung la. La neige n*y fond jamaif , et le vent y est si violent que les Tubétains ont Tbabitnde de dire : « Celui qui n'a jamais pleuré son père pleurera certainement ici. « Des yaghs, des mules et des moutons senls peuvent passer cette montagne; encore faut- il jeter de la cendre sur le chemin ponr les emp^rhf^^ de glisser. Pour traverser fe Laitgour, il fmnt ODC

SEPTEMBRE 1834. 199

Sechia, e poi voitando :a meszogiorno^ passa per io statô cli Bregiong ^ osaia Bifamascion > e pot per H regno di'Bengiia entra nel Gunge/ et ai chiama Ponciû^^ !!• aitro fhmie detto Sanctù viene dalla parte tra- montana^credesidà Ctit^tg^'/tfmr^ypassaaitnezzogioilio di: i%TA^toè par dôVe àiegile Ùi\fÀne^^f»àhâo Giantzh « P«^^ restlanido BrègtM a pbnènte^ v&«i sfcoccare iier(3kiiAge a( regno di Bengida.v ' ••'

I coâfint poi del Thibet in comiîne; versb levanlci confinai colla Cina> e Tattèn^on^. QueiM sfato^ ossia

< .* > .. 'W. . . 1 « .

iottmée entièi^, etdnWtlriye qu'à fa nuit av pied op]pMë. A y croît aa grand nombre de plantes médicinaies qui font nn objet ^ Commerce et qui ont nn grand dëbit dans THindonstan. Kx.

^ogk zzang po tsiim, on la rivière parfaite. Elle ne vient pas du ^lont Langoûr : eHé a ses sources dans pInSÎeniiB montagnes sîtoëes JfAxm «a aord , tt, entre dans Flnde , elle reçoit le nom de TU- ^4ih, Kl.

' II j a ici certainement une confusion. Les rivières qui prennent leur origine au sud de la ville de Dsiang larzzè ne vont pas passer ^u midi de Ji ka rzzè, située au sud du Yœrou zzang po tsiou ; ^iles se jettent au contraire dans le Phoun tsogh zïang po tsiou. ^^ rivière qui passé devant Djhianse et Ji ka r2;e^ s'appelle PaXnam ^siou. Elle est formée par le Dziang \o tsiou, qui vient du sud, et \e Niang tsiou , qui couTe du nord-est. Ces deux rivières se réu- Glissent à D|hian8e.'Le Paînam tsion se dirige de au nord-ouest ^t se jette à fest de Ji ka rzze dans la droite du Yœrou zzang po iCsion. n paraît que le Paînam tsiou est la même rivière mentionnée ^ani ia note 1, pag. 18B, sons le nom de Tchoûrr erkou, Kl.

' Torcffiton parait étrelavifle appelée par les voyageurs, hin*

«ions Tâzédà, et qu'ils placent à la frontière entre le Bhodh, ou

Tubet, et ia Chine. Elle est grande et fortifiée. Les habitants sont

des Tnbétains, des Chinois et des Kkatat, ou mahométans de la

200 JOURNAL ASIATIQUE.

provincia^ per quanto mi è stato riferito, confina ooUa Cina fuori della muraglia. Ne tempi trasandati che 3 gran Lama era padrone assoluto, anche temponlmente del Thibet^ Timperatore della Cina semp;ie ne dava ii dominio al supremo gran Lama; ma dopo che detto imperatore s'impadron) dcl Thibct nel 1720 e^ ha riservato il dominio di detto stato a se. Questo paese abbonda di quantità, e diverse specie di the che ne provede tutto il Thibet , qualc termina i suoi confini , verso il mezasogiomo, colli s^uenti regni : Bengala, Lhb ten kè, Altihary, Mon, Brukpà, Lhobà, Lhih k'haptrà, Sciapado, Bhà, che non si"^ a chi spetti; si crede parimente si stendino i confini col P^[ii» Siam^ eTonchîn^ : verso ponente con Kasimiri, una parte del Mogol, Nekpal, Moronga : verso tramon- tana confina colla Tartaria Usbek, Graskar\ Giongar^ e credesi con larkend, e con Kokonor. Gionkar; Gton significa sinistra^ kar mano(mano sinistra),

Chine. Cette TÎIIe parait manquer sur nos cartes. Voici ia ronte de Chopa mdho à Tdzédô, selon les Toyagenrs hindous :

De Chopa mdho k Nobma ri »... i coss

De k Mangam 8

A Tâyâ {Djaya?) 7

A Po tchou zan 8

AAmdà 9

A Tdzédà 13 —Kl.

^ On voit, par cette mention répëtëe du Pegon, du Siam et dn TonquiUi que le P. Horace ëtait très-peu instruit de la géographie du Tubet orientd. Kl. ' Lisez Kaskar (ou Kachgar).

' Les Giongar du P. Horace sont les Oelet» OKAl V^^ D^ot^- gar^ dont le nom signifie en effet à main gauche. ElL.

SEPnaiBRB' 1«34. 201

e JKokonari Koko torchino nor bgo^ e questo în

lifigna tartara. In lingua thibetana Kofconor sigai-

ficai Tzokàf T%o aignifica-Iago^'irà abitatone/'Cioè

abitatori dei iago. Kokonor- yicne detto parimente

Tjso ngonbà ( Tzo Ifigo^ ngonho torchino)^ perché

Sacqua apparisce di'coior turchino^. I Thibetani pre^

tendono^ che questo Iago appartenga à" loroy è che i

^^xafini del Hiibet arrivino a' confiai. déHa chtà di

^cilin, ofisîa Scilingh^, corne esri ^^BSériscoDO. Da

^{Uesto Iago non . esce' vfinme aicuno. Li cinque fiiimi

^^H« comunemente fimno uscire le . cacte geogiafiche

Potiche* da un iago, o «a il sopiachato landrà^i o

^€inizo cbe sta loatano tre giomate da Lhaaà a ponente^

^ aîa il suddetto lago^dî Kokonorcircaiona giorhatada

Scilin, . o SciUnghy a confini del Thibet, che sdno ii

due sdS lagbi dd medemo, sono nisussistenti, ed

aasolutameiite idealî , perché venin fiume esce jAibl

medesimi iaghi y ma sono altri fiumi grossi ^ corne si

disse di sopra, doè vicino a Lhasà Tzangc'iù nella

provincia di Tzang, faltro detto Nakc^iù, oosi ancora

Bic'iù, che sono nello stato di Ciang, ed sJtri due che

ne ho perduta la memoria. Queste notizie û sono

avttte da persone ben pratiche y quali assolutamente

c\^ es ^

* En tubëUin H C^ W Zi Ung; c'est la viHe cbinoise de

S ]^El , située k la frontière occidentale de la province de Chen si Les Mongols rappellent Dobo Seling khotb, Kl.

1

208 JOURNAL ASIATIQUE.

affennsmo essere b sorgente dd Craiige daib ptrtft di Ngari verso la-Tartarâi. •- .

In questo proposîtp t non pare superfhio inserirà ciôehe mi è. sUto:riferito da ben pratici, chèfauMnio girato il Thibet, « fuori del medeaimo la aegqeateTe- lazîone. .■.■■■-.....• it>;»'-..

fl fiume Erdf divide la Mosoovia <da . tuttlii fa Taitaria. V^rso li coiifini d'essa 'Diitànai tiie im a termînare Tta^o «sso ihime Erds, tra ponaiià e mezœgiqraOy ove aono i Tartan detti Turkut\^apmË si sono vdontariamente soggettati atta ftfosooina ooo concKrione che procéda di viveri per essérejA êùm paese steriie , e scaraBO dé' medesimî. ProfcssttiOL 'fa medesima retigione de Thibetani, e questti lo i»^ perché nel 1730 moii il loro Re,.e la rcgina-od fl figlio mandarono aicani grandi con' Sob ubniim con molto ai^ento ed «itre côse a Lhasà per far fare^ on- ziont , ed offerte a i Gniii Lami ^ e Oonventi /in soifra- gio deii* anhaa del Re ; e per vcnire coIà s'imfoarcavono per mare nel loro regno ^ e sbeinsarono in .Ciiia^v ^^

' II B*agit ici des KaTiunk» l.nnH^n^ Tor^od, qui onf ^f nitl^ le territoire russe pour se soumettre à Temperenr de ia Chine.— Kl.

* Ceci est une erreur manifeste. L'ambassade trayersa ia'lfon- golie, et non pas les mers, pour aller en Chine, et de an Tnbet Le prince kidmuk dont il est question ici est le cëièbre jtyamkê han, qui ne mourut qu'en 1731. Cétaient son ilpouse DhanHmhaU et son fils Tehering dondoh, qui enToyèrent cette ambaaadc au Tubet Le but du dernier e'tait d'obtenir du Didal hma M confirmation dans la dignité de khan des Kalmuks. Cette con- firmation arriva en 1735 , et lui fut apportée par le Cftoèsw lama, Tchering dondob reçut à cette occasion le titre de Ckmtc^ hendze Dtûtching khan. Kl.

tTSiy'ifitveodoei io côti qwii pônupalriaimto ;»ni ^Bftodrti ifieit bMlrprtl^' thîb«c&iliv^ percha ûl^ibroi^i^ gvaggio è tartaro^ ed alquanto mosal?riNky, ^ coonlbbi «^'«ir^ssttt^uanM'di (uinié deih CilndaMà.

'^tfelht^^âita'geografica st^^ JEkèttf/iin> >ni> detto £ii^

f^igiMf^em è^'b ^dhà ^kei Bv «cimma Kasciar,. le itta Ioii[«^ ^<io dal reffÉ& 'ék 7àri(:6^<'be^gik>niaie%eà¥dfa>'^ Bi^^ia6g^èrto - di essè ia^nd: Anaignen >è'^mnat xittà , ^'tHegfiib'ltNitiriM>'da-KMCft^ owse

<li camino. larkefid é'hdiilé di 1-^0 ; ^' la' cîttà "Cinpi^ li^Ic tf idihmm^foi^^ I pbp<fli di larfeend/Kaicar, ^bèft^ ta m^igH^ ijfàMèisbncI ' dl :rêlîgmie «mamptû^ '^^ e pariano lingiia turca. Samarkand ^ Bokarify'é

Persiana; corne pèriniente i pc^Iidi ilW^iiiityidie ■^^Sttmo'tm^btfOyidMê Kaii^ >si;Âfé>-Ia mag^bii parte ^aomettaiîîV «e paHano tnrodj T^kW/m apputhiiie'^a OfV?ii^nv!^ (^ iËQ^ I popoli d'Andigen^

^t TurËm, e di Kamul professano comunemçnte ii iïtaoiBe€tisDio> «a quei d'Andigen pariano tavtaro y e gli altri due, turco ed anche tàJ^tar<i/j I)à' 2ft7/n> b Scilingh Ii mercanti con le loro caravane per Kamul ^oimtmano quaranta giorni di camino , e da Kamul a

^ Nel 171 1 y il regno di Kaskar fa soggiogato dal Re di Gionkar, pcr essersene impadronito l'imperatore della Ciiia nef tempo , che «ineito soggiogô il Re di Gionkar; notîtla havuto prima di partire defl* Indie.

* Cest-à-dirc la ville de Balkh. —Kl.

204 JOURNAL ASIATIQUE.

Turbn dodici giornate *: per lo piii proseguono 41 viaggio tra ponente^ e tramontana. Tai^êy^ paeae dd regno d'Amdoà resta lonUno una buona gîoriiata da ScHin , o Scilîngh.

Intomo alla aituazione de nostri cinque oqiizu verra . in acconcio di riferire qui che il primo pqsto nel regno di Bengah a Ciandemajgor è nella latim- dine de' gradi 22 y e minuti 20, dove si ha il sole a picco» ossia zenit li 3 giugno, e 9 luglip.

n seconde di Patnà è nel r^;no di Behar in dja- tanza da Ciandemagor venti giornate di cainino» ref ta a gradi diJatitudine 26» e minuti 3Q.

H terzo nel Nekpalese, ossia. à Kaduif^u\ q BatgaOf si trova a gradi di latitudine 27,. e. ipinutî 30.

U quarto nelia capitale del TJiibet in LAasà è # gradi di latitudine 30, e minuti 20, j. . j ..

II quinto nel Takponese a Trongngh, pare ppwt cssere circa alla latitudine di verso 30 gradi. .,.:.:.

(La suite au prochain numiro\)

', il

1 Le nom tahtftain de cette ville est YamkoUf en langue de N^pd elle s'appefle Ydhè. Kl.

1 i

SEPTEMBRE 1834. 205

NOTICE

Qr h TÎe et les travaux de M. âbbl-Rbmusat , par M. Landressb.

PREMIÈRE PARTIES

s sociétés savantes sont dans i usage d'honorer knoire des membres qu'dies ont perdus > par .un on y dans lequel on retrace et les particularités de \'de celui qui n'est plus, et les services qu'il a is aux lettres. Tous ses travaux y sont rappelés soin; on en offre le résumé, on les analyse, on *ce de les apprécier, et, afin de porter sur-Ie- p à la connaissance d'un plus grand nombre de nnés, des faits souvent peu connus, ou un mé- g;noré, ce morceau est ordinairement lu dans le ces solennités académiques oii le public est particulièrement appelé à connaître des travaiu compagnie. Cet usage est noble et juste, et le r qu'il a consacré, toujours pénible pour celui st chargé de le remplir, ne saurait être jamais ni inrassant ni difficile. Il n'en est pas ainsi lorsqu'un idu obscur, isolé , que des liens de parenté, d'a- , ou simplement de reconnaissance , attachaient

ae k ia sëance générale annuelle de la Société aiiatique , le il 1834*

206 JOURNAL ASIATIQUE.

à un homme illustre, croit , de Iui*méme^ sans mis sion aucune pour le faire, devoir payer au parent , lami, au protecteur que la mort lui a ravî^ h du cœur, bien aussi sacrée qu'aucune autre. Tou les préventions s'élèvent contre lui , car aucun tige ne f environne. Il ne peut prêter à ses parcrf( l'appui d'un nom célèbre, ni imposer ses opinions k. faide d'une réputation briflante. On setomiera de ibi hardiesse à venir toucher à des matières d un ordre si élevé ^ et fon sera disposé à lui refuser d'avance les connaissances nécessaires pour en parier convenable- ment.

Telle est particulièrement ia position de FAiotettr de cette notice , et le juste sentiment de tiitiidfté et d'impuissance dont il est pénétré la ' rend plus' dM- voraUe encore. Placé entre les hésitations ïiine^ in- suffisance que tout justifie et le désir de s'acquitter d'un devoir que ses regrets ne lui imposent pas iseiA; il a reculé longtemps devant une pareille' tâche. II espérait qu'une voix plus digne s'dèverait pami nous pour faire l'éloge de celui dont les travaux ont jeté teit d*édât sur notre Société; il pensait 'que ' ncros aussi nous voudrions nous honorer par un hoiiinii^ public rendu à un de nos plus illiistres tnemEMs. Ce que personne n'a tenté, il l'entreprend; II l'en- treprend, malgré f intervalle immense ^'infrailchb- sable, qui le sépare des hauteurs oii doit Miiëhér son sujet; il f entreprend, parce que; àdteis 'perirfant treize ans dans une. intimité que rien ne saurait lui faire oublier, honoré dune confiance qui.arsiwëci^.à

::SBPTEIIfBRJBLl«a«i «ff

^riiiiijqai faccoixlait^ ii a pu recueiifir «piek|aes:£ûlfi

^ttides àooumenXB qaii neûem pè&iniktilB (k.puk)ifir>^

iLfemsreprend^ parce que difFënentes;GiFCûnBtauceaide

5liinBeiquï.va retracer kii semMenlmaC éonniieft.oti

iDii Ji^prëciées ; A ^'entreprend. eaSûà , au» se: iure^ ii-

iusion sur la faiblesse de ses moyens, mais porsandé

4pp Im bonuDeSi lea plua^ ipstnûtstsont; aussi les ^lus

itiàaSgpnis^ C'est JL eux 3urtoul .qu!il s!adresfte; îLsaUî-

àtfi toute leur ;bieiiveiliaii0ey. pour iui ,, mHi, maÎA.en

dcnfiîiiénition. du» sujet iqu'si trakeé Et à ceux. <{iû^. plus

iévèM8> le: taxeraient de présoinption ou de tëiiiérîtë!»

îE^TOuecait cpieson cœur a parié pius:foi^ que sani-

iM^'jAttîs-que. cette dette^^'admiration. et; de recour:

«■iipaiire», rien ne peoYait- le i dispensent sinoBàde

Faoqoittery au moina la rëconnaltn^. ,

- J«imvP«efT0 Abbi^RbmusaT/ naq^'i Paria^ le 5i*iq»tembre 1749, de Jean^Ienri Rëiausat, fun itf m. chîmigi^s fuivilëgiés duvot^ et de Jeanne^ FfeuiçcMse Aydrée^ Son «père! était de Grasse , et le nonÈ-de liëinusat est hcoorablemeiit connu dans oette paitie^ d^ h Provence ; plusieurs, membres .de cette &- infii^ ont faitie comiherce ; avec ie Levant, et:fun dmxy qui était établi à Cônstantinople, eut occasion éie Tiendre ^elqxtes services: à Michel. Fourmonl^^. lors ilii voyage de ce xlertiier en Grèce.

- Db c&ti maternel,. M^ Rémusât^ appartioït ài la viHe de Besancon; on peut dire même que c'est sa ▼éritaUe , patrie, i car ceî&it ocAe de son adoptÊonjce fiUcelieqai, la première, bonbm ses étifdcii> et reopn* raM BOÊàf mérite naissant à prine, en i'appdmtïà sîi^r

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208 JOURNAL ASIATIQUE.

parmi les membres de son académie. Les Uens du sang y ceux de famitié et de la reconnaissance, tout concourait à l'attacher à cette province de Franche- Comté , qui le placera avec orgueil au premier nmg des nombreuses illustrations auxquelles elle a (kumé naissance.

avec d'heureuses dispositions, un accident , tpi aurait pu avoir les suites les plus funestes, fit qu'elles commencer^ t a se développer chez lui dans un âge l'on aurait à peine songé à les exercer. En jouant aux Tuileries, il tomba de la ten^sse du Bord de l'eau, c'est-à-dire d'une hauteur de dix à douze pieds environ , sur le pavé du quai. On craignit longtemps pour ses jours , ,et sans les soins vigilants de la plus tendre mère, toute l'habileté de son père eût été im-' puissante peut-être pour les lui conserver. Mais -un bras fracturé et plusieurs lésions graves le contrai- gnirent, pendant des années entières, à un repos qui n'était ni de son âge, ni dans ses goûts. II se soumit, malgré la vivacité de son naturel, parce que la néces- sité était plus forte que sa volonté; son esprit, son imagination d'ailleurs étaient libres , et son intelligence profita du sacrifice qu'il était obligé de fiûre de ses plaisirs. Cette vie sédentaire, en lui apprenant de, bonne heure que si l'étude est le meifleur préservatif contre Teiuiui, elle peut être aussi une efficace diver- sion aux soufirances, donna à ses idées une maturité, une profondeur que le caractère vif et enjoué avec lequel il était ne lui aurait permis d'acquérir que dans un âge beaucoup plus avancé. Un dictionnaire

SE3PTEMBRE 1834. 209

mythologique assez considérable fut rédige par lui fondant cette longue retraite. Q avait alors moins de onze ans. Aucun succès ne le rendit aussi heureux que le simple souvenir du petit triomphe qu ii obtint dors; il ne ie rappdait pas sans une sorte de fierté, et plusieurs fois nous l'avons entendu r^etter, avec cet intérêt si naïf et si naturel que Ton conserve pour las g^ires de sa jeunesse , que Ton n'ait pas eu plus d'^rds pour cette première production de sa plume que pour les cahiers d*un écolier ordinaire.

Le rétablissement de sa santé ne modifia en aucune Âiànière le genre de vie sérieuse et appliquée dont il avait contracté Fhabitude. Q possédait déjà la langue btîne de manière à la parler et à l'écrire avec autant de &cilité et d élégance que sa langue maternelle; dr- eonstance digne de remarque dans un si jeune homme et à une tdBe époque. On ne sait que trop qu'il ny avait alors ni pensionnats, ni écoles préparatoires fon pût dier recueillir les leçons de martres habiles. Les usurpations toujours croissantes de l'ignorance avaient entraîné, avec la ruine des connaissances les plus utSes, celle des collèges, des universités, des académies. Aussi le jeune Rémusat ne connut-il d'autre lycée que la maison paternelle, d'autre mattre que Iui*méme. Quelques savants restaient encore ce- pendant qui pouvaient renouer la chaîne de Tinstruc- tioa ainsi interrompue, mais ils vivaient dans la re- traite. Le père de M. Rémusat, qui avait été lié avec F<mcemagne, avait conservé des relations avec la plu- part d'entre eux ; ils s'empressèrent de donner à son

XIV. 14

210 JOURNAL ASIATIQUE.

fils de sages conseils, des directions utiles; et cette conception vive, ces vues étendues , ces connaîssanoes aussi profondes que variées qui ie distinguèrent, peut- être les dut-il a un enseignement moins resserré que celui des collèges, cercle uniforme et banal, les esprits les plus différents , les caractères les plus op- posés sont enfermés, pour être tous jetés dans le même moule et réduits aux mêmes proportions. Son înteOf- gence demandait à être soumise aux travaux de la pensée pfutôt qu'aux exercices de la mémoire/ et dans un collège, Ion n'est que trop disposé à.cid- tiver la seconde au préjudice de la première, on eut étouflTé f une pour faire un trophée de Fautre. A fabri des influences de cette routine, ses études devinrent de jour en jour plus importantes. Tout ce qu'il lisait, latin ou grec, vers ou prose, était lu avec fruit, et ce que sa mémoire n'aurait pu retenir, il le confiait au papier. Ces premières notes, dont quelques-unes échappèrent au triste sort du dictionnaire mytholo- gique, sont faites avec beaucoup de méthode et an- noncent un rare talent d'analyse. Nous pouvons dter entre autres un immense tableau chronologique, gé- néalogique et synchronique des rois de la Grande- Bretagne, qu'il dressa à quatorze ans ( 1.802), d'après f histoire de Rapin Thoyras.

Cette science de l'histoire, une des plus d^es d'exercer f intelligence, était aussi celle à laquelle il donnait le plus de moments parmi ceux qu'il pouvait dérober aux études classiques. Elle offrait à sa curio- sité des Êiits qui tous étaient nouveaux pour dlle, et

SEPTEMBR£ 1834. 211

» variété infinie des objets que présente ce tableau é la sagesse et de la folie des hommes ne pouvait 'smanquer d'intéresser son imagination. En même temps ^sa pénétrante sagacité s exerçait déjà à suivre les progrès <Ies nations^ à observer leurs coutumes, à étudier les <auses qui les modifiaient ^ à saisir les intérêts directe ou éloignés 9 avoués ou secrets , des actions humaines , en les considérant dans leurs rapports avec les évé- nements.

Mais l'histoire des hommes n'était pas la seule dont

il ambitionnât dès lors de percer les mystères; il était

non moins avide de s'initier à ceux que la nature

ne révèle qu'a un bien petit nombre d'adeptes. H y

avait autre chose que de l'en&ntillage dans le soin

<iu'il mettait à fiiire sécher les plantes qu'il rapportait

de ses promenades; dans l'attention avec laquelle il

les rangeait j de manière à en former une sorte d*her-

bîer^ dont la classification, pour n'être pas celle de la

Science, ne manquait ni de méthode ni de clarté. La

Seule distraction qu'il se permît était celle de ces

feux aux combinaisons savantes, la victoire n'est

jamais que pour le plus habile, et non pour le plus

Iietireux.

Ici une pensée nous arrête; un autre motif de dé- couragement, que nous n'avions pas envisagé d'abord^ en ajoutant à k difficulté de notre tâche , rendra notre marche plus pénible, plus incertaine encore.

Quand nous parlons d'un homme avec lequel nous

' avons vécu, dont nous admirions i'éclataïUe supérion

rite et dont nous chérissons la mémoire, tes 'moindres

14.

212 JOURNAL ASIATIQUE.

circonstances nous intéressent. Nous mettons -A n'en négliger aucune un scrupule, un zèle qui purattront trop minutieux , pour ne les qualifier que de la ma- nière la moins dé&vorable. Et pourtant la vie dm homme de lettres qu'est-ce autre chose que l'histoire de son esprit? Pourquoi ne pas chercher à .en snirre la marche? Les différentes phases de son déveIo{qpe- ment et de ses progrès ne peuvent-elles pas othir {dus d un enseignement utile? Et cette éducation da génie, ces tâtonnements d'une intelligence précoce^ qui se trouve à l'étroit dans le cercle des connaissances'ordî- naires, qui s'essaye à découvrir un sentier par lequel elle puisse marcher vers des régions inconnues; cette noble et persévérante émulation, ce tentanda via, mis en pratique dans un âge si jeune, la m^in nuda- droite qui voudrait en tracer le tableau ne ferait-elle que les profaner, et ne serait-elle que sacrilège en voulant être pieuse? Triste condition de la médiocrité de flétrir tout ce qu'elle touche ! Il serait à déplorer, en cette t>ccasion surtout, que l'intérêt de ces détaib ne fût pas absolument indépendant du plus ou moins de talent du biographe à les faire connaître.

En 1805 les études de M. Âbel-Rémusat lurent douloureusement interrompues par la mort de son père. Cet événement, en lui enlevant pour continuer ses travaux les facilités qu'il avait eues jusqu'alors^ ne fit que redoubler son ardeur. Devenu f unique soutien de sa mère, il songea à donner à ses occupations une direction plus spéciale^ à adopter une carrière , et, dans le choix qu'il fit de celle de la médecine , il sa-

SEPTEMBRE 1834. 213

crifia sa vocation et tous ses goûts ^ pour suivre le voeu de cdui qu H venait de perdre.

Cependant il était dans f âge l'esprit et I imagr- nation ont un feu^ une activité qui demandent de f aliment. On voudrait tout embrasser, tout apprendre, tout savoir, et, il Êiut bien le dire, cet entialnement est fiitai au. fins grand nombre. Tous n'apportent ni la mâue aptitude, ni le même courage,; et ce vaste océan san^, horizon , sur lequel on s'embarque à l'a- venture, e|; dont il n'est donné à personne d,e con- naître les limites, n'ouvre ses ports qu'à un bien petit nombre d'hommes privilégiés, tandis que la plupart n'y rencontrent -qu'écueils et naufrages.

M. Réo^usat sut ^;alement éviter les uns et .se pi:é- server des autres, et pourtant il n'aspirait à rien moins qu'à la connaissance de toutes chcœes et à une perfectibilité indéfinie. Ces rêves , que la jeunes^ seule peut concevoir, parce que tout lui paraît facile , même la vertu, avaient séduit son âme; il s y était attaché fortement , et sa croyance , si l'on peut s'ex- primer ainsi , avait entraîné sans peine celle de quel- ques jeunes gens, qui s'associèrent à lui dans le but de discuter ce qu'ils croyaient être le bien ou le mal et de rechercher les moyeji^ fsmyer à faire l'un et à éviter l'autre. ^tr.

Les noms les plus sacrés, qu'on avait vus, peu d an- nées auparavant, employés pour qualifier des actes la barbarie le disputait à f horreur, n'étaient plus pro- fanés alors que par l'abus qu'on en faisait. Les temps s'améUoiaient, mais on n'était pas encore entièrement

214 JOURNAL ASIATIQUE.

revenu de cette fureur d'idëes philanthropiques et d'associations vertueuses , qui s'était comme emparée des esprits à cette époque terribiei insensée, mons- trueuse, où cette philanthropie, ces vertus socîiies étaient cet •qvL-on pratiquait le moins , peut-être parce qu'on en pariait le plus. Nos philosophes de aeise àns', tout en adoptant le nom de société philanthropifue^ voulurent que leur réunion se distinguât, iautânt pkr ies formes que par le fond , de toutes celles qui avaient été créées sous une dénomination analogue! CeHes-ei avaient emprunté quelques termes et quelques «usages aux Homains ; ils empruntèrent les leurs aux Grecs ^ datèrent par olympiades et adoptèrent des nomsgrecs. Celui de M. Rémusat était Megacles. On ûe discutait qu'«n latin; i! y avait des réunions fixes, des fônUes de délibérations, des statuts qui définissaient lelmt de fa société et traçaient les obligations de ses ménibtëàf; ce but était la sagesse; ces obl^tions étarènt Fîk> complissement des devoirs et la pratique des vertus. On voit que personne ne méritait mieux qu*ettxle nom de philosophes qu'ils se donnaient ; et comné leur désir n'était pas moins d'arriver à h perfe<ï6on intellectuelle qu'à la perfection morale , ils ajoutèafent à ce titre celui d! encyclopédistes, u Statuiinus ^ét va- « lumus, dit un article additionnel de leur r^em'eht, « nostris solitis titulis addi tituhim Encuclopeilis- « tamm , nohisque manehit illutn implore et contibi' a mur. n Et qu'on ne croie pas que tout ceci n'était qu'un jeu : c'était fort sérieusement qu'ils traitaiekit les questions de l'ordre le plus élevé; ils les en visa-

SEPTEaklBRE 1834. 215

S^^Çi^^ sous toutes leurs fiices, et les conséquences cf-u'ils en déduisaient étaient réduites en apborismes ^t consignées ensuite sur un journal ^

Malheureusement une conviction spéculative ne suffit pas pour ia pratique de h sagesse. Des devoirs de positxm, les habitudes du monde^ les convenances niéraes de la société, tout s'opposait à Fappiication cl*un grand -nombre de leurs idées. Hs reconnurent bientôt que leur projet était inexécutable, et la seule aissociation philanthropique qui ait jamais peut-être ^të -digne de ce nom hit dissoute presque aussitôt que formée. Mais il reste toujours quelque chose des ef- forts que i on &it pour arriver à la perfection ; s ib ne peuvent conduire au but, au moins ils contribuent à rendre meilleur celui qui les a tent^. II est âidle de reconnaître que beaucoup de ces préceptes moraux et pfaiiosophiques, dont M. Rémusat s'était, dans sa jeu- nesse, proposé la religieuse observation, ont été les

^ Quelques citations, tirées du seul feuillet de ce même journal que nous ayons pu retrouver, prouveront que nous n*ezagërons lien:

«Non in corporis habita, sed in animi dotibns, philofophonun « sapientia jacere débet.

« Scelus est occidere animalîa jucunditatîs et amœnîtatis causA.

« Animalenla etîam que nos yezant non debent à nobis occidi , •quia tàm parra est vezatio, ut melius sitpatihanc, quàm sc^os a committere , nimis delicatudinis causa.

« Potest solùm se occidere bomo, qui se occidendo nnHum aîtiTert «nidnm doloremre aliis.

«Ante voluptatem suam sapiens ponit utilitatem aliomm.

« Qui quum potest facere bonum non facit , est quasi maiefactor.

« Scribere contra religîonem în rêgione snâ constitntam , est ■iparfere discordiam. »

216 JOURNAL ASIATIQUE.

r^es de conduite du reste de sa vie ; en renonçant d'ailleurs à l'espoir de devenir par&it, fl n avait pas renoncé à celui de devenir savant.

L'Ecole centrale lui ofTrait, dans tous les genres, les moyens de perfectionner, de compléter son éducation, et il suivait les cours des sciences et de haige littéra- ture qui avaient lieu dans ce même pidais des Quatre- Nations où, dix ans plus tard, le disciple, devenu le confrère de ses maîtres, prouvait, par les applicatîona qu'il faisait de leurs leçons , combien il avait été digne de les recevoir. , il avait pour condisciple et pour émule un homme dont l'imagination posée, le carac- tère indépendant, la franchise sévère contrastaient singulièrement avec cette ardente vivacité d'eq>rit, cette urbanité de manières, cette délicatesse de eon- venances qui distinguaient M. Rémusat.- Il existait entre eux, au physique comme au moral, la disparité la plus propre à cimenter une amitié durable, parce que leurs qualités, loin de se contrarier et de se nuire, étaient de nature à se modifier avantageuse- ment les unes par les autres ; ainsi celles qui avaient trop d'édat s'adoucissaient, celles qui n'en avaient pas assez devenaient plus saillantes. Le goût de la science était le seul qui leur fût commun. Ils entreprirent un cours d'étude et de lecture suivi et méthodique , et l'habitude de se voir aux mêmes lieux, aux mêmes jours, aux mêmes heures; de s'occuper des. mêmes matières; de se commuiûquer leurs projets, leurs es- pérances, leurs pensées ; ce contact continuel de deux esprits qui n'avaient besoin que de se deviner pour M

SEPTEMBRE 1834. 217

c^omprendre, joint à une confiance exdiuive dans le jiagement fun de f autre ^ à une juste appréciation de leurs sentiments réciproques y forma bientôt une de oes ^Sections profondes que FamabSité la plus cons- tante et la plus égale ne saurait inspirer, et qu'une grande^ |y|ariorité d'intefligence avait fidt nattre.

Tdle' était la nature du sentiment qui attachait M. Saint-Martin à M. Rémusat. Amitié pure et vraie ^ admirable de dévouement et d'abn^tion, qui aurait résisté à h prospérité comme elle résista au malheur, et que la mort die-méme trouva fidèie I

Hâtons-nous de passer à d'autres détails ^ il n est pas tonps encore d'arrêter nos yeux sur k fia d'une vie qui eommence à peine, et dont nous atteignons Une des plus Importantes époques, celle la vocation de M. Rémusat se prononça, le plus heureux ha- sard le mit enfin sur la voie de la carrière qu'il était destiné à parcourir. Ce qui Fentraina dès le premier abord vers un genre de littérature qui n'était cultivé c|ue de cinq ou six personnes ea Europe , ce fut moins la perspective brillante qu'il pouvait entrevoir, que cet attrait irrésistible , si ordinaire chez les hommes d'un esprit supérieur, qui les porte à déchiffrer ce q|ii pa^ raft én%me au vulgaire, et qui ne leur fait -estimer les succès qu'en raison des difficultés qu'il &ut vaincre pour tes obtenir. - <

L'abbé de Tersan avait réuni à l'Abbaye-aux-Bois une collection d'antiquités et ck curiosités qui passait pour une des plus intéressantes qu'il y eût en France. En recueillant ces différents monuments de la barbarie

220 JOURNAL ASIATIQUE.

rang y si ce n est par votre savoir^ devriez être It pif mier à lui porter assistance, loin de lui tendre un main secourable , vous chercherez à gêner ses raolifis ments, à pandyser ses efforts? Et qui donc ferevîM jouir des avantages dont vous pouvez disposer? Flov quel sujet plus digne réservez-vous ces trésors deii science qui ont été confiés à votre garde, et dont vntt méconnaissez la véritable destination en les taniiit hors de la main ceux qui en feraient un noble nsip, et en les confisquant au profit de spécidatioBftiifai mercantiles que littéraires? Malgré ses instuM^ M. Abel Rémus^t ne put avoir conununication cun des dictionnaires chinois intq^rétés en langMi européennes qui sont à la Bibliothèque du inoî. Le refus qu'on lui en fit était fondé sur ce que le goow nement, qui venait d'ordonner l'impression de oeb du P. Basile de Glemona^ les avdt tous mis à la dis position des personnes qu'il avait chargées de oeOi publication. Ce n était qu'un prétexte^ il s'en ccln tenta comme d'une raison ^ et dans son presûeroi] vrage il se borne à rappeler le fait, sans se pennéttP ni plainte ni reproche. «Je n'ai jamais eu enfin» Je «mains, dit-il, je n'ai même jamais vu aucun 'de « nombreux dictionnaires que les missionnaires ifol «Chine ont composés et fait passer en :Enropie,,L « Bibliothèque en possède seize à dix-htùt^ left cihxm « tances ne m'ont pas permis de les consulter* r«\ An jounfhui que chacun sait à quoi s'en tenir :sar« i nature de ces circonstances, il convient d!iiBiter l louable réserve que M. Rémusat s'était impoaée«'e

. SEPTiaifBRE 1834. tl9

'%i^éri|dble passion. Ces caractères si ëteanges, si ën^-

ssiatiques qui accompagnaient ebaque planché étaîenf

.^Bai». dbute le. nom de la fleur; mais cmmiient les'dë^

^jtbiSàfml quipoueni les expliquer? Personne n était

^état de. le fiûre, et ies premier^ élëments< indispensables

"Bpouff y. parYénir étaient encore à créer. 0; se ism à la*

"Sache avec confiance^ avec courage; ies obstacles ne

Seffrayèrentt pas; -dans un^ esprit de cette trempe

^ntone^gMantiede la réussite. Le dësar de connaîlrel

:Bi*étqit idép piosile seul sentiment qui "l'animât; son

^mmif^propre était intéressé. U ne cessait de^ientendre

xépéterqti'il ne réussirait pas^: que «optait unie entrer

prisefdle et vaine, et toutes ^oes' &bles que les ^réju-^

gés et f ignorance avaient accréditées rau-^ujet des

difficattésr- inabordables de la langue chinoise.: II rvèn

tint coBÎpte V et £i bien ^ et M. de Tersan ^en animant

ses efibrts ^ 'ftit une des principales cailles de- ses

Succès.

Q nese borna pas à de simples encouragements; il mit à sa disposition tout ce qu'il possédait de textes originaux; il ne manquait plus que ies ^ouvrages qui pouvaient en faciliter l'inteltigence. Réduit à marcher ainsi seul, sans guide^ sans secours^ sans instruments , cpie^d'hésitation , que d'incertitude dans ces premiers paSyqlû n'étaient ni édairés, ni soidagés par auciJn conseil UenveSIbnt ; que de peines- rebutantes? d&hs ces premiers essais^ si longtemps infructueux^ et qui OQÛtent d'autant plus que ri^i ne les annonce \ Quoi t; co jeane homme que vous voyez courageusement en* g^édans cette pénible lutte , vous qui, par votre

220 JOURNAL ASIATIQUE.

rang, si ce nest par votre savoir, devriez être le pfe- mier à iuî porter assistance , loin de lui tendre une main secourable , vous chercherez à gêner ses monve- mcnts y à paralyser ses efforts ? Et qui donc ferafr^ou jouir des avantages dont vous pouvez disposer? Four quel sujet plus digne réservez-vous ces trësora de fa science qui ont été confiés à votre garde, et dont tous méconnaissez la véritable destination en les tenant hors de la main de ceux qui en feraient un noble wage, et en les confisquant au profit de spéculation» pin» mercantiles que littéraires? Malgré ses instances , M. Abd Rémusat ne put avoir conununication dînir cun des dictionnaires chinois int^rétés en fangnes* européennes qui sont à la Bibliothèque du ni. Le refus qu'on lui en fit était fondé sur ce que le goover- nementy qui venait d'ordonner l'impression de celui du P. Basiie de Giemona^ les avait tous mis à fa âi^ position des personnes qui! avait chai^gées de oelte publication» Ce n était qu un prétexte, il s'en con- tenta comme d'une raison, et dans son premier ou- vrage il se borne à rappeler le fait, sans se permettre ni plainte ni reproche. «Je n'ai jamais eu entre «les. «mains, dit-il^ je nai même jamais vu aucun 'd« « nombreux dictionnaires que les missionnaires de. fa «Chine ont composés et fait passer en Europie. Ia « Bibliothèque en possède seize à dix-huit^ les cgroons- « tances ne m'ont pas permis de les conSMlter* «.Au- jourd'hui que chacun sait à quoi s'en tenir sar. fa nature de ces circonstances, il convient d*iniiter fa louable réserve que M. Rémusat s'était imposée «et

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"dont il ne 9e serait jamais écarté^ si d'autres preuves <Ie malveillance, d'autres tracasseries ne l'y eussent «n quelque sorte forcé. Par caractère il n'aimait pas la ^erre; mais îl devait montrer qu'il était en état de ne la point craindre, et ce fameux axiome, ^t vis _pace9n, para hélium, n'est malheureusement pas ap- plicable qu'à la politique.

Des personnes que les succès d'autrui tiennent ëveîiiées , et qui sont portées à ne reconnaître qu'un certain genre de mérite et de talents, n'ont pas man- qué de dire qu'il n y avant pas plus de gloire que d'in- vention à se rendre familière une langue que d'autres avaient apprise déjà, et qui avait été Fobjet de tra- vaux dont on avait pu profiter. On cite à Tappui les noms de Fourmont, de Deshauterayes, de Deguignes, etsortoHt les ouvrages des missionnaires. II n'est pas permis de se méprendre sur la nature des intentions qui ont dicté ces remarques, et ceux qui poussent ainsi Famour de la vérité jusqu'au scrupule s'empres- seront de reconnaître qu'ils n'étaient pas suffisamment instruits des &its^ et ils regretteront que leur zèle pour le vrai les ait entraînés au delà des bornes de ^exactitude.

Les langues ne se devinent pas, non sans doute; ^ langue chinoise pas plus que les autres; aussi ni ^ourmont, ni les missionnaires, ni M. Rémusat ne ^ ont devinée. II y aurait à le prétendre plus que de ** exagération; il n'y en a pas à affirmer qu'il ne dut ^^s prc^;rès qu'il y a faits à aucun secours étranger, ^Aais seulement à lui seul , à une sagacité rare, édai-

222 JOURNAL ASIATIQUE.

ree par un jugement solide et soutenu^ |4ir ime a|ipli- cation que rien ne rebutait. Fourmont ne ccmmtpas ces dctaib épineux des premières difficultés^ donl son aptitude aurait probablement triomphé, mais tfoe-fai épargnèrent les leçons d'un Chinois instruit qôè Té* véque de Rosalie avait amené en France. Deahaiiltft- rayes et Deguignes se formèrent à son école « {dntAt par la routine de la traduction , que par Tint^^ttice des r^es, car la grammaire de leur maître ne les: en- seignera jamais à personne. Seraitrce dcHic de oHtm- vrage que M. Rémusat aurait tiré un si grand profit pour ses études? Mais le désordre et robscuiitériqu régnent dans ce livre , le peu de méthode qui- a- 1^ sidé à sa rédaction , non moins que la pompeuse re- cherche avec laquelle il est écrit, sont plus propre» i détourner le lecteur qu a i'édairer. On sait d'aifleors que Fourmont ne s était proposé d'y donner qtieies r^Ies de la langue mandarinique ou parlée y et non celles du style littéraire. Quant aux travaux des mis- sionnaires, parmi ceux qui étaient imprimés: il nîy en avait pas un qui put offrir à M. Rémusat les preniien secours qu'il désirait, et aucun de ceux qui ^ient manuscrits ne fut mis à sa disposition.

En se voyant ainsi privés de toute ressource ^ com- bien n'auraient pas cru faire sagement que de reneiiccr à Tentreprise. Ceût été le Eût d'un esprit ordinaire; ce ne pouvait être celui de M. Rémusat. H réadntde suppléer à ce qui lui manquait, et la mafche.^*it a suivie, avec autant, d'habileté (|ue de'cowage^imérte d'être signalée. A l'aide de quelques dicfiiomanes

SEPTEMBRE 1^4 SS8

obînois interprétés en mandchoU) et par la comparai- son SQUvent répétée des originaux avec Je petit nombre de ^trad votions diffuses et inexactes que Ion. possédait alors, il parvint à déterminer Je sens dun certain nombre de mots, et se fonnii ainsi une aorte de vo- cabulaîre provisoire^ quî^ tout incoipplet qu*il était , suffit bientôt pour le consoler des refus qu'une mal- veillaoce jalouse. lui avait &it essuyer*

Maîa cette opération n était pas la plus difficile. Dès que la signification d'ua caractère était connue., S. observait attentivement h, place que ce camctère occupait dans la phrase, f influence qu'iJ y exerçait, les combinaisons auxquefles il pouvait se prêter. Aussi ({ue.de veiDes , que de fatigues ne lui a pas coûtées cette découverte de- l'extrême, simplicité de la langue chir noise, qu'on était si loin de soupçonnier avant lut] Certes, si le génie n'était que la patience, oane.pour^ nit se refuser, de reconnaître ces deux qualités chez Thomme qui. se voue à une pareille tâche ; mais heu- reusement M» Aémusat avait mieux. que cela; le.tai- lent, sans lequel le génie n'est rien, et-quiest^uadon de la' nature que le travail perfectionne, mais .que Ja patience ne donne pas.

Ce né. fut qulapr>ès cinq ansd'une:appIiGationi.in&- tigaUe qu'il crut pouvoh- publier les première résul. tats.de ses- recherches et de ses, observations. II les ccmsigna dans. un Essai sur la langue et la Httéwa-r tuée chinoises^ qui parut en.; 1811 S avec cette! épi* graphe empruntée à Confucius : « Il est des personnes

^ Iti-8« de.x-160 pag. et 4 pi.

234 JOURNAL ASIATIQUE.

« qui ne peuvent agir ou qui manquent de patience; ^ qu elles persévèrent. Ce que d'autres font en on joa', <c elles le feront en cent ; ce que d'autres font en dix u jours 9 elles le feront en mille. » Cétait Ui son his- toire; c était celle de son livre.

Le pian que Spizelius s'était proposé , et qu H avait si ma! rempli , se trouve exécuté , dans cet ouvrage, avec plus d'érudition que n'en avait déployé le savant sdiemand , avec plus de véritable science surtout , et avec ce goût judicieux sans lequel l'érudition n est pas un mérite. Mais le but du jeune auteur n'est penft- étre pas assez arrêté ; il se sent trop de son empresw- ment à enregistrer les découvertes à mesure qu eflies se présentent y de son ardeur à profiter sur-IeK;hamp de ses nouvelles conquêtes. Au milieu de tant de phénomènes philosophiques et d'anomalies littéiairei^ parmi tous ces trésors de &its intéressants, de notions neuves, sa pensée , errante, indécise, ne se fixait sur un point que pour .revenir à un autre, et pour lès traiter tous ensuite successivement. La variété de ses travaux prouve qu'il n'a jamais renonce i cette mé- thode , mais plus tard d était supérieur à son sujeC^ ici il est encore dominé par lui. De quelques inco- hérences et des irrégularités qui n'auraient pas eu lieu dans un ouvrage composé d'un seul jet. On remarque dans celui-ci des manques de transition , des pasM^es brusques et sans suite, qui indiquent qu'il a été fidt à plusieurs reprises, et, pour ainsi dire, de pièces np- portées. Mais ces dé&uts, qui ne tiennent qu% ia forme, sont peu essentiels; ce qui Test bien {dos.

SEPTEMBRE 1834. 225

fevactitude des détails que le livre renferme la oomposition des caractères et sur leur origine; leurs formes et leurs variétés; sur lart de les "e et sur celui de les lire ; sur le son qui est propre Bcun d^eux, et sur les influences que les accents ont subir. Rien n'est avancé sans preuves^ et les idres assertions y tirées des écrivains originaux ,

justifiées souvent par des passages extraits des leurs auteurs. Les textes étaient rares alors ; .-ci offraient aux étudiants des sujets de version y lyës de remarques grammaticales ou littéraires, [eur permettaient de recourir des principes aux ications, et des faits particuliers aux faits gé- ox.

i l'époque cet Essai parut, il ne renfermait rien de neuf et d'intéressant; si aujourd'hui on ne lui nnaît plus les mêmes qualités , il ne fiiut Fattri- * qu'au point de perfection ou M. Rémusat a con-

Tétude de cette même langue, dont il n'offrait i que les premiers éléments et quelques généralî- qui, depuis qu'il nous les a apprises et que nous répétons et les défigurons de mille manières, ne s paraissent plus que des lieux communs. Nous mes ainsi faits. Nos progrès nous rendent difficiles, ^ent même dédaigneux. Nous repoussons bienlom trument qui a servi à dégrossir nos premiers tm- k; heureux encore si l'ingratitude ne s'étend pas ^instrument à celui qui nous fa mis entre les maîns ious en a montré Fusage ! : :

IJependant cet Essai, n'eût-il que le seul hiérite de

XIV. 15

226 JOURNAL ASIATiaUE.

noas faire voir comment le chéiie est sartî du ^sa=^ ne serait pas sans importance. On trouvera de fKri térét à chserver tout ce que fëcrivaîn a donné à i juvëmlitë de son caractère, à la jeunesse de «es imoh pressions; et cette ferveur de néophyte, qui àichai^w page trahit une âme ardente, pssionnée poor set sujet, est trop rare pour ne pas être remaiiqu^A Vkm plus, si le lecteur est dans l'âge fenthousÎHnne je communique facilement, le tableau qu'on liiî èSt9 des beautés de cette langue singulière et des noBh breoses richesses qu'elle possède, celui des jouîaMM^ qu'elle promet à lesprit, ne provoquferokit^âi-* JMp en lui le désir de s'associer, autrement, que snr:b foi d'autnii , à une admiration si complète et si prm fonde?

n n'ya rien que de réel, rien qui neaoit arrivéi Est-ce donc im ouvrage inutile que celui qui -peut produire de tels effets^ et combiea en^ citen|*t»«a>^ papmi ceux qu'on regarde comme les plus recontmMh dables, qui soient dans le même oaslt luEêMpi &àp lëê' langue et la littérature ckinoiie9*9itfioi^ibh't Malgré se» imperfections, pour l'intélligencfr de cet idiome, qu'aucun des ouvragées de Founaônt' oit des nnœionnàires. II en a inspiré le goût tfkit en ea fi» iitant Tetode, et en ne présentant qu'un petit nombie de documents vrais et feciles à saisir^ fl » oomnatenoé à battre- en brèche des préventions absunks; dont une série d'ouvrages plus considérables-devait succes- sivement entraîner la ruine^ ' -- î

En plaçant à ia> tête de cette série méaMÎNf sur

SEPTEMBRE 1834. 227

TEiude deê langues étrangères chez les Chinois ^ nous pourrions avoir moins ^;ard à la date de sa pu» bikation qu a f importance du fi»t qu!ii ajoute à tous ceux qu'on peut opposer aux détracteurs du peuple chinois. Ce morceau^ qui parut ëgaleaient en 1811, produisit une révolution notable dans les idées ad- mises. ak«3 au sujet d une natioa dont la bariMirie- et Tignorance étaient c^oame établies en principe.: Des personnes qui simagineni qu'un peuple n'est pas ci* vHisé quand il ne Test pas comme nous n'apprirent pas sans étonnemeni que les Chinois^ malgré ieii^ orgueil national , ne se contentaient pas de leur litté- rature; que Fétude des langues étrangères, n'occupait pas seulement ks vei&es de quelque lettré patient et laborieux ; qu'elle était encore Ëuirorisée par le gou- vernement et enseignée dans un assez* grand nombre de livres ; qu'on possédait à la Chine des dictionnaires polyglottes, et que, depuis six sièdes, ii y avait- k Péking un coil^e pour renseignement des langues occidentales, ainsi qu'une institutioa pour les jeunes de langue et les interprètes. Enfin des traductions chinoises d'ouvrages indiens et tibétains portèrent à penses que tant de travaux, sur xles iclîome&tous si différents de ia langue dans laquelle ils étaient entre- pris., pouvaient avoir pour leurs auteurs un autre in- térêt que celui desimpies considérations politiques, et cet intérêt n'est pas du nombre de ceux qu.'on peujde* barbare saurait apprécier.

^ 1811 ; ni-8'' de 39 pag.» et dans te Magasin encyclopédique d'octobre 1811. Mélanges asiatiques , tom. II , pag. 349.

15.

2-28 JOURNAL ASIATIQUE.

Toutes ces notions, qui, indépendamment du rite qui leur était propre, avaient encore celui qii.x s attache à une découverte, firent rechercher ie petrfc écrit oii M. Rémusat les avait exposées. Il crut devoir se borner à les indiquer alors ; plus tard il les déve - loppera et les appliquera à ia solution de questioiis historiques et philosophiques de la plus haute portée. On ne saurait douter en eflet que la dissertation qui nous occupe n*ait été ia première idée des Rechercha sur les langues tartares, comme il est incontestable que c est elle qui a donné naissance aux travaux de M. Rémusat sur le Bouddhisme. Quel parti un eqprit comme le sien ne devait-il pas tirer de ce vocabulaire, tout à ia fois philosophique et rdigieux, écrit en sanscrit et interprété en chinois, quil découvrit à la BibKothèque royale, et que Ton avait pris jusque-là pour un dictionnaire tibétain ! Si Ton juge de ce qu'il aurait pu faire par ce qu'il a tait, quels ne doivent pas être les regrets des amis de la science ! Ce vocabu- laire, primitivement composté d^ns l'antique bu^e des brahmes , et transporté ensuite dans les idiomes tibétain, mandchou, monirol et chinois, il était à la veille de ie publier, en y ioipiant un commentaire ^ians lequel il aunzit traite les p^nnts les plus essentiels des croyances et de la phiU\$i>phie bouddhiques! Quelle source de iumières {XHir rhbtoire de la civ3i- iàtion des peuples de ia Haute- A^te. pour Fédaircis- :«cnent de leurs docurne». ^vur L connaissance de ii^urs migrations, pour {'interprvcition enfin de leurs f/vres'

^ SEPTEMBRE 1834. 229

Ce premier fait seui, inconnu avant lui, des rdia- tions littéraires des Indiens avec les Chinois, était un grand pas; c était le premier, celui qui facilite tous ies autres. On savait bien , il est vrai , que la religion de Bouddha, dominante autrefois dans finde, s*était répandue à b Chine vers le premier siècle de notre ère, etqudie y était professée aujourd'hui par la plus grande partie de la population ; on supposait que les religieux qui y avaient introduit leur culte pouvaient y «voir aussi porté quelques-uns de leurs livres; mais on en était resté la. On ignorait et l'existence de ces mêmes livres qui, pour ceux dont les originaux sont perdus, se retrouvent dans les traductions chinoises, et les nombreux emprunts que les auteurs chinois ont Êiits aux écrivains hindous. On ignorait qu'il y eut des dictionnaires destinés à faciliter f intelligence, Qon-seuiement de la lettre, mais de l'esprit des textes consacrés, et l'on ne savait absolument rien de cette langue ^on, si cultivée à la Chine et mentionnée dans un si gprand nombre d'ouvrages, qu'il semble étonnant <|a aucun missionnaire n'en ait jamais parlé.

M. Rémusat établit de la manière la plus positive c]u il n'est pas de langue étrangère qui ait été plus étudiée et mieux connue par les Chinois que cette langue yin»^ dont il constate f identité parÊûte avec le sanscrit ;^ &it extrêmement curieux^ dont l'importance nest peut-être pas assez généralement sentie, parce €]ue trop peu de personnes sont encore en état d'en- trevoir les. résultats immenses auxquels il peut con- duire. Et cependant, combien de découvertes d'un

230 JOURNAL ASIATIQUE.

médiocre intérêt^ et qui souvent ne sont dues qu'au hasard , ont plus de retentissement que pdie qui -ëlait le fruit d'une étude attentive, et à bquelie se ratta- chaient tant de questions grandes et neuves 1 Mais fauteur^ moins soigneux de ses succès que deses^cw** vrages, et plus occupé de les compléter que de ies Élire valoir^ repoussait ces triomphes faciles que la médiocrité usurpe sur f ignorance , ou que ie charla- tanisme impose à la crédulité. II avait trop de véritalilc t&Ient pour qu il lui fût utile de les recha!chery tpop d'élévation dans Tesprit pour ne pas les mépriser. La popularité n est pas la gloire ; ce n est pas du moms la ^oire qu'il ambitionnait. La renommée qu elle procai^ aussi légère que ie mérite qui f obtient, est aussi iti- gitive que le souvenir de ceux qui l'accordent; tandis que celle qui repose sur rapproI)ation des homnes que leurs lumières placent à la tête des sociétés; celle qui rend la concurrence difficile, la rivalité da^e- reuse ; celle enfin qui excite l'attention et pravqtfÊe les hommages des savants qui, dans tous les pays, suivant à peu près la même carrière, sont seuls JQg^ delà difficulté et du prix d'un bon ouvrage, cettiB re- nommée est impérissable.

M. Rémusat la voyait nahre et grandir avae^tfei travaux, et tous ses effi3rts tendaient à f accroître ;eii- core de jour en jour. Déjà ils lui avaient valu d'^IK distingué par un de ces hommes rares , qu'ua immense savoir élève également au-dessus des jalouses peracm- nellcs et des préventions nationales. Après les avoir puissamment encouragés , il prit une part active'tMtx

SEPTEMBRE 1834. ^1

simccés dont ils étaient suivis. Aussi heureux de ceux qu'il procurait que s*il les avait obtenus fui-méme , toujours disposé à admettre d'autres ^ées que les siennes, à récohnattre comme utiïes d'autres travaux ({lie ceux qui faisaient f objet de ses re^her<jfi«&!; tiisîs regardant comme un devoir de favoriser ceux-ci plus particulièrement, et de stimuler, de seconder le zèle des personnes ^uil jugeait ca[iafoles'de s'y livrer ^âvec frQÎt;.8e re&usànt faire <ie la scîencé.un /mbnapble, de la littérature t|ne ^éetilation, on 'le vit àccuifiîr avec une 'égaie bteiifeillahce , et presque à la £dîsî^ les Bémusati, les Suint-Martin /les QuatremvreylesiGhé- 2y ;:|m)diguatit h chacun d'jEfux ses lumièhes, -son appui, ^ les formant, pour ainsi dire, autànl par âèii dxempife ^f^ pi»* ses leçptM'OU* ses conseils. Ce savant illusl»*^ les soflSuges du monde entier l'ont prodané lé^prinàë ^ orientaliâes ; qti'^t^U: besoin de désigner d^lne ''^ftnière pIuspecsonàeHe? Son nom reiâetMbà souvent dans fc cotM de 'cette notice, et une: respectueuse reserve nous interdit de placer ici^^à h'taitë'dhïn ^lOgequon'He-se serait pais permis, s*il n avait <eu pour S^Etats que i^ jugement et les sentiments de oeiui^qm ^^ ainsi méier sa voira la vosx de tons* ceux quffod- '^^Bcnt et le vénèrent. ::..!j

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\ Lûisuite au prochain caliiéf, ')

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232 JOURNAL ASIATIQUE.

NOTICE LITTÉRAIRE

Sur q^uelqu«s «utears géorgiens, par M., BsOBgBT jenii^-

(Suite et fin.)

Quant au manuscrit du roman d* Omaïn, c est un petri^ in-^**^ d'une écriture correcte^ mais épaisse et sans ê£^ gance; il secompose de onze huitains et on quart, ioa cent quatre-vingts pages^ et Ton voit au commencement une peinture non sans mérite^ mais qui n'a aucune re- lation avec le texte. Un roi, ia tiare en tête, revêtu de beaux habits de soie à fleurs, est assis sur un tabouret élevé ; sa main gauche tient un mouchoir, de sa droite il reçoit une tasse de sorbet qui lui est pr^ntée par une femme. Celle-ci est assise vis-à-vis du roi , sur on simple Êiuteuil de façon européenne. Sa tête nue, ceinte d'un ruban , porte une aigrette. Près d'die est un chambellan, remarquable à sa longue verge; plus bas, une moutrib, ou musicienne, tenant la guitare et tournant le dos aux principaux personnages ; enfin, derrière h musicienne est un officier portant une corbeille de fruits , et derrière le roi un petit page debout. La scène parait se passer dans un jardin sablé en jaune et émaillé de fleurs; Tazur du ciel se voit dans le haut du tableau, sans eflèt de perspective. Au reste , rien de géorgien dans cette composition ; ce sont les costumes persans et la main d'un artiste asiatique, sans aucun cachet d*originaIité.

SBPTEBIBRE 1834. 933

L'auteur de f histoire (fOmaïn ne êétmtùtit con- tre ni dans sa prëfiice, ni dans le cours de son ivre, ni dans les dernières I^nes, Voici ce qui nous à faire- pour supjpleer à son silence. Tout à fait â la fin du lirre, on lit deux -quatrains doht les pre^ ^mières lettres forment f acrostiche <Iu mot Dawith , et les trob dernières syllabes y répétées chacune quatre fois, vjk jeu de mots ou madjanUt (ç4t)/ dans le goût gébtgien signalé ailleurs^. Dans ie titre de ces quatrains assez peu poétiques, le poète s exprime ainsi : « Vers de ma façon, faits en forme de jeu de mots « et d acrostiche, mon nom (Dawith) se trouve. » a Autre jeu de mots, avec acrostiche de mon nom «Dawith'. » . .

Après quoi, s'adressant à ceux qui Verront ou^ii* ront son livre, et les priant de se souvenir de thomUé Dawith, fils d'Alexis :

« Je conviens, dilril , qu'il n'est pas nécessaire de «lire, comme il ne 1 était pas d'écrire ces fiîvoieset «pro&nes récits, ni dy donner des soins:; Mais j'étais « asses mâanicolique dans ma chambre , en proie à « mille chagrinantes pensées, et privé de toute conso- «lation. Sans me plaindre du sort, j'admirais cepen- «dant son opiniâtreté à me poursuivre, et à me «décocher d'une main sûre toutes les flèches de sa « haine* En butte aux traits de mon ennemi , accablé « de maux dans ma prison , je n'ai pu que me choisir « un malheureux sujet. Au sein de f infortune , jlàt-

' *

^ Journal asiatique, cahier cTaoÂt 1830, article sur les cacbetg gfforgiens. B.

234 JOURNAL ASIATIQUE.

a tendrai ma: délivrance du dieu qui n'est ni pufûjite- « ment connu ni tout à fait inconnu.

« Achevé le 4 février 1782, Dawith. »

Et plus bas ^ d'une autre main, «Le «haut et noUe u recteur Dawith, fils d'Alexis. CoHationné. b

On ne peut s empêcher de croire d'après xeeî?'qne Dawith soit l'auteur de rhbtoîred'Omaïn.

Le texte en est pur et d'un bon géoi^en; jnais certaines formes de noms décèlent un habi-tant de riméreth ou du -Caklieth : je pendbersos 'pius pourtla dernière supposition .

Pour donner une juste idée d'un autre ]b9re àiti- tulé Baramiani, du manuscrit qui le contient, et de la tournure d'esprit de son auteur, fl Êiudraît: citer en entier l'avertissement mis à la fin de l'ouvrage, oh 'h composition des romans est envisagée de haut et sous un point de vue tout moral; mais ce morceau :èst long et irop diSus peut-être.

Voici «ce qu'il y a de positif: » J'ai- cGmsraenoé «à écrire l'histoire de D joncher^ le grand empereur <<de la Chiae., et des désirs qui al^irasent vers h «beauté les inoompao^es héros de; cet empite^'^et <i ensuite celle des brûlantes et interminables aideivs « du brave Baram pour Goulidjan, fiUe'deTjempereur.

(( Baram donc était un rejeton , une bkunche, ime « fleur entre mille feuifies de la noble fiimitle împé- a riale ; fils adoptif du souverain , devenu son fiis à « défaut de génération directe. II brillait de l'éclat de

SEPTUMfiRE . Ift34. ^6

« la èeauté et de tûutes sortes ^attrdts. Goulidjan <* -^taitiiiie-de fenDJ^ereur, et iis éprouvaient Tuftpcnir ^ -S'sHBlare toutes les acdeiirsides désirs les plus «vifr.. :Ib «c se cbarisnieilit plus «fue a^'aîiiMi famais iâocmi des «très doués'à lafacede la.terre.'Leiu: histoire^ ayant «« -'parconnuf univers 9 fut connue des' sages de la Perse «t se répandit dans toute ia contrée. Des philosophes ^n horeiA ttouché»^ «des :savants y furent sqnsiblet; «< ib s«n emparêfent^da liédigèront'et fécriTÎijentieii «• laiigageifa|)ei8an.

'u Uq sage et vertueux Tdiôld)id, qoi manqMijt «« 'ni d'instruction m de tact, et qui était «r^inaire. de «s Kiraiàn^ arnm^fea ie récit des '-aventures de ces « amant5;<et vous savez tous que^ partout ou les braves «< jeimes fabuines dntrbràlé d'amour pour fes iannies «< au visage en pleineiiune^ partout les: belles sfeunes « feosmes^ont séduit les iiommes par f appât de 'leurs «« dducesicAreSsesy les auteurs persans en ont tiaoéfia «« peinture dan&.^uti style plein, de dooceur ^ettde « charmés V -se : frisant ies histdriens i de. leurs ardenra Des 3i^;e8'6éc9ffgî^isanpruntèrent aux Persans leurs «« récîtSy et oelukai tnéme est tradiiilj'de laiangue per-

' ( - 1

c<

« J'étais idein du «désir -de trouvsk* un ipareiiraBjet et de me l'approprier, lorsque j'ai eu^ie bonheur- de faire cette rencontre; moi le plus imparfait des hommes, indigne même d'imiter l'ombre de ces grands écrivains; moi fif s du secrétaire d'état du tXkhetfa>: secrétaire d^éCait nloirsiteie^: OnanaJ^ et j'ai

mis en vers l'histoire întévessah te decesemints^» 'i

236 JOURNAL ASIATIQUE.

Oiiana se plaint ensuite des distractions ooatînnelies que lue faisaient éprouver, durant la compoBÎtîoa de son livre 9 les fréquentes allées et venues de gens de toute espèce dans son appartement. H s'excuse de sa mauvaise écriture sur l'emploi des plumes d'eue mu lieu de calam , sur la rapidité de son travail, qui n'é- tait pas moins de trois cent quatre-vingt-quatre vers copiés par jour, sur. les importunités des aiouche- ronSy etc. Commencé en février 1726, Touvrage fut achevé au mois d*avril de la même année, ft la copie que possède la Bibliothèque royale au mois de mai suivant. A en voir lea ratures, les isurchaigeS' et toute la mauvaise apparence extérieure, on na pas de pekie à croire que c'est ici la copie faite par l'auteur même, corrigée depuis au mob de juin 1 788 par David, fiis d*AIexis , dont il a déjà été question.

C'est un petit in-4'' fort mal écrit de cent soixante- quatre pages, en dix cahiers et un quart, formant iin total de quatre mHie cinquante-deux vers; en qua- rante-trois chapitres. Je ne sais comment 9 se.fiut que l'auteur et copiste ait pu ne trouver dans son livre que huit cent douze quatrains ou trois mille quarante- huit vers , ainsi qu'il le dit à la fin ; car j'ai numéroté soigneusement le tout,- et je sub sûr de n'avoir pas commis d'erreur. .

TABLE DES CHAPIimES DU BAEAMIAHI.

I. Commencement de f histoire de Fempemir jde Chine D joncher ( l^*" quatrain. )

SEPTEMBRE 1834. 237

II. Commenoement de Thistoire de» amours du Hëros Baram et de Goulidjan. (44^ quat.)

ni. Lettre de Gouiidfan à son bien-aimë. (80* quat. )

TV. Réponse de Baram à son amante. (95* quat.)

V. Redoublement d'amour de Barain; son afflic- tiion. (144* quat.)

VI. Fétè et innquet de. Tempereur de Chine; îi connaît l'amour de Baram. (197* quat;) '.

VII. Troisième mention des amours de Baram et de Goulidjan ; l'empereur en est informé. ( 227* quat.)

Vin. Premier départ de- Baram hors la Chine. (271* quat.)

IX. Goulidjan apprend le départ. de Baram; sa tristesse 9 ses larattes^ (284* quat.) . .

X. Lettre de fustification de Gouiidîan à sa mère , en réponse à ses questions. (303* quat.)

XI. Histoire de: Baram pendant son séjour dans les champs. (350* quat.)

XIL Baram s'entretient avec les planètes suivant ieur jiature. (3 5 S* quat.)

Xm. Baram va dans le jardin de la maison aux parfums et s'entretient avec les fleurs. (374* quât.)

- ^

XTV. Discours de la rose à Baram. (391* quat) XV. Baram répond; discours de la rose. (397*

quat.)

XVL Boulboui (le rossignol) aime la rose; ses

peintes; Baram s'entretient avec lui. (447* quat.) XVn. Réponse de Baram; il parle au rossignol.

(459* quat.)

238 JOURNAL ASIATIQUE.

XVIII. Discours de b rose a Boulbcmh (4g3*qaat)

XIX. Le rossignol répond à la rose. ( 490* qmt)

XX. Testament de la rose, en présence de Ba- ram , au moment oii elle se flétrit. ( 495^quat. ) .

XXI. Baram répond à la rose; celle-ci meurt; tris> tesse de Baram. (504* quat.)

XXII. Baram sort du jardin du Magasin des.piiw fumsy et rencontre une caravane. (513* qnati)

XXIII. Baram ra au pays de Baikh; il reacontoe Miladi. (549* quat.)

XXIV. Réponsede Baram. (592* quat,)

XXV. Paroles de MSadi; ses conseils à Bftvam. (583* quat.)

XXVI. Réponse de Baram. (575* quat )

XXVII. Paroles de Miladi. (59»* quat.) XXVm. Lettre du général Miladi au roi de Bflikh,

son souverain. (618* quaU )

XXIX. Réponse du roi de Balkti k Blikdi, son général. (639* quat.)

XXX. Réponse de Baram au roi. ( 6^8* qùâU)

XXXI. Conseils du roi Nariman àBarami; paroles mystérieuses. (679* quat.)

XXXIL Réponse de Baram-; son. discours- an wmi Nariman (688* quat. )

XXXm. Conseil tenu par Nariman et siés gnuùds, en partant pour la Chine. (732* quat.)

XXXrV. Départ du roi Nariman pour la Cbme , avec une grande armée destinée à secoimr 'Baran^ (744*quat.)

XXXV. Arrivée de Barzaman, officier de Ftfti-

240 JOURNAL ASIATIQUE.

1 ^ on qoatnÎD da roi Artchil, fils aîné de CShahniawBi^ tour à tour roi d'Iméreth , de Gikheth et de Karfflrff s'y trouve trente-six mots commençant sucœssiveiiMnf par l'une des lettres de falphabet dans leur oisbe. 2^ Un quatrain d'Anna B^oum, en rholinearda rôi Théimouraz I"^ à ce que pense la personne qui fa transcrit. Quatre vers adressés ik ses pûentspir un malheureux Créoi^ien exilé en Russie. 4* En outre il s*y trouve un alphabet secret (antchiouri), dont il sera parlé plus bas. 5^ enfin ^ dans une pièce de qua- rante vers, du 6 octobre 1769, fauteur luînasème nous apprend que c'est à Astrakhan , loin du GaklieA sa patrie, qu'il espère bien revoir, qu'il a composé son livre. Ainsi il avait sans doute suivi dans son eifl la famille du roi Wakhtang le L^idateur. Pub 3 revient encore sur les désagréments de la phmie doie, sur le mauvais papier (non lissé), et suk- k mauvaise encre, qu'il avait seuls à sa dispositioiii s'excusant ainsi de sa pitoyable écriture. 'Cest qu'en Orient le mérite de bien peindre est regardé eonme ajoutant beaucoup à celui de bien dire.

m.

Je terminerai ces notices par celfe d'un ouvrage fort original pour la forme ^ le Miriani, ou Histoire dt Mirifjils de r empereur de la Chine, L'écriture dain»> nuscrit est r^Iière, mais pleine d'abréviations, et si difficiïe à Inre que je ne pense pas avoir toujours léom à saisir la vraie lecture des noms propres; Seldenienît, comme ils sont tous persans et significatifs , on am un

SEPTEBfBRE 1834. 241

^}en aisé de les rectifier. Au reste, ie copiste prend '^ peine de nous dire à la fin qu'il a terminé sa copie ^ trois jours 9 et que c'est pour cela qu'elle est si ^uvaise. Elle fut achevée le 17 février 1770. C'est, en vingt-trois chapitres, formant à peine soixante- trois pages, un recueil d'aventures merveilleuses et extraordinaires, plutôt esquissées que décrites. On y voit des voyages d'iles en îles, dans des pays d'en- chanteurs et de talismans; des palais de cristal et des princesses captives en cage sous la forme d'une co- lombe , délivrées par des charmes plus énergiques que ceux de leurs ravisseurs ; des rencontres avec des dew, espèces de demi-génies dont les formes sont les plus bizarres qu'il soit possible d'imaginer; et, pour les hommes, des complications d'événements tellement hasardées , tellement hors des licences de la vie réelle, qu'il est impossible de ne pas éprouver en les lisant, et après les avoir lues , une espèce de tourbillonne- ment dans les idées, pareil à celui qui accompagne les jongleries d'un habile prestidigitateur. Il y a , pour un romancier de nos jours, la matière de quatre in*octavo. Les titres des divisions d'un pareil livre n'en donne- raient qu'une idée imparfaite, parce qu'ils laisseraient de trop grandes lacunes dans Fesprit des lecteurs.

Quant au style, je ne crains pas de dire qu'il est vu^ire, pauvre, sans rhétorique ni science, et rempli d'idiotismes du plus bas aloi. C'est sous ce rapport que je regarde le Miriani comme très-inté- ressant pour Thistoire littéraire de la Géorgie. L'auteur ni son pays ne sont connus.

XIV. 16

242 JOURNAL ASIATIQUE.

NOTE SUPPLÉMENTAIRE

POIJK LA PAGE 933.

Dans l'avis du copiste , à la suite du livre intitule JD&r»- nographira, ou Abre'ge chronologique de l'histoire ancienne des Juifs, des Grecs, des Romains et des Othomans, je retrouve le nom d'un écrivain calligraphe nomme Aksis. Ce manuscrit , plus précieux par l'admirable ele'gaace de récriture que par son contenu, puisqu'il ne rcnrenîM rien que nous ne connaissions d'ailleurs, fut apporte en France en 1831 par les princes neveux du roi Salomon H dlniereth, et j'ai pu en copier de longs fragments. La ligne de l'avis du copiste se trouve le nom d'Alexis j était presque entièrement efikcëe, et il n'en restait qae quelques portions de lettres , formant la syllabe let. a C'est moi, habitant de Tifiis, .lek. . du prêtre Grigo!» u peintre de profession, qui entrepris d'e'erire ce livre. « Et sur la dernière page , dans une tirade tout en caractères enchevêtrés d'une très- grande beauté : « Souvenez- vons u d'Alexis, très-grand pécheur, qui a écrit ce livre. » Le tout daté de 1753, quatre cent quarante-et -unième amieÎB. du cycle géorgien. Or j'ai retrouvé les noms de Grigulf peintre, et d'Alexis, dans un petit manuscrit Lhoutzoujrîy le plus remarquable de ceux que possède la Bibliothèque royale, et dont elle a fait l'acquisition avec celle des romans d'Omaïn , de Baram et de Miri.

C'est un petit in-*lB^ sur papier oriental, d'une eztrêi finesse, dont tontes les pages sont encadrées de noir et or, et brisées en beaucoup d'endroits. On y trouve,

1 On remarque sur le dos da sachet dans lequel H est eùfèMàé le restant d*un titre en papier, portant les lettres sufpkp nadmjpn ou nomarita. Le premier mot n a pa3 ^ sens pour moi, le .second peut signifier de Nodmr ou du guerrier, suivant la le^fon que Ton adoptera.

SEPTEMBRE 1834. US

1** Vingt-qufttre prières, dont les oommenoements sont indiques en marge par des lettres vulgaire» d'un genre orné très-remarquable ^ ;

Une prière à la Vierge, par Philotbee, arcbevéque de Constantinople, sans doute celui qui fut sacré en 1354; (Voyez Lebeau, I. cxiv, 5 13) ;

3** Une prière. a la sainte Vierge, qui se trouve égale- ment à la suite de la vie de saint Alexis , dans un petit manuscrit que j'ai copié en 1831, et qui appartient au prince Tariel;

4^ Plusieurs autres prières pour la communion , suivies d'âne petite image de la Vierge, assez bien. faite;

5^ An revers de cette image , un emblème très-curieux de h sainte Trinité, consistant en une tête fort bien tra» vaiBée, qui a trois nez, trois bouches et six yeux, et au- dessous, un triangle dont les trois sommets portent les noms latins Pater, Filius, Spiritus sanctus, séparés par «ne ligne Ton lit les mots non esti dans l'intérieur du triangle, trois lignes partant des sinus, avec le mot est, abotitissent à un centre commun, ou se lit le mot Deus;

'6^ Des psaumes pour tous les jours de la semaine sainte, pois un hymne en vers d'inégale grandeur, le deuxième de ce genre que je connaisse ;

t^ Un calendrier abrégé de tous les saints pour chaque jour de Pannée (septembre-août), qu'il- faudra comparer avec ceux de même genre à fin de la Bible, dans le Sounaksari et dans la liturgie manuscrite de la Biblio- thèque royale ; on n'y trouve pas les saints géongiens. Les marges sont ornées de jolis dessins au trait,' qui représentent les^ douze lignes du zodiaque. Ces dessins, et en général tous ceux du livre, sont faits absolument dans le genre de ceux que l'on rencontre dans les livres arméniens : plu- sieurs même ont, moins les couleurs, le contour de

^ Je sonpçonne que c'est une tradaction d«^ prieras .de aiiat Grégoire de Narec.

16.

244 JOURNAL ASIATIQUE.

miniatures arméniennes de plusieurs manuscrits de la Bi^ bliothèque royale;

Cinq pages de caractères que je soupçonne appartenir à des alphabets secrets qui me sont inconnus ; les marges portent quelques explications en caractères rnlgaîres \

9^ Soixante-et-une pages de prières , en lignés alternati- vement rouges et noires, parfaitement bien peintes, mais qui me paraissent de'pourvues de suite , parce que tantAt la phrase rouge se continue dans la rouge suivante; tantAt le noir termine le sens du rouge , et le plus souvent les mêmes mots sont re'pétes sans que Ton en voie la raison : ces prières sont divisées en trente-et-une sections , qui sont des fêtes de J.-C. ou des saints. Le tout est d'âne écriture khoutzouri merveilleusement pure et menue, mais assez souvent illisible , parce que la finesse du papier fiût que les caractères d'une page marquent sur la sui- vante ^ ;

10° Neuf pages de fleurs, réelles ou fantastiques , je l'ignore, entremêlées de lettres numéral.es et de tableaux relatifs aux divisions de Tannée, aux cycles, etc., d'une beauté rare d'exécution *. Ce qu'il y a de remarquable sous ce rapport, ce sont, à mon sens, les titres de chaque division du livre en capitales khoutzouri ou vulgaire», enchevêtrées de manière à ce que les parties semblaUea de plusieurs lettres ne soient représentées qu'une fois daoa le même groupe , et qu'il faille les deviner a iears traita caractéristiques. J'ai cherché à imiter ce qu'il y a de mieux en ce genre dans les bas de pages, et notamment sur le titre de mes Mémoires inédits ;

11® Plus loin, je vois un tableau complet desnoma des

^ Ce flingidier caprice de copiste porte en tète ces mots : £ert- ture neskki variée et parfaite. Ce n*eflt donc qn'nn etni cilligra- phiqae , et non nne série de prières,

* An milieu de tontes ces peintores , fl y en a nne qni repré- sente ie pied d'un onrs charge aussi de lettres qui penvent dtra des symboles de quelque mystère inconnu.

SEPTEMBRE 1834. 245

mois iatias et géorgiens , avec le sigoe du zodiaque qui y répond , et une épigraphe pour chaque. On y trouvera le mojen d'augmenter et de rectifier nos connaissances a ce sujet I en comparant la présente liste avec celles qui ont été données dans le Journal asiatique, août 1839/ p. 171, et octobre 1839, page 596.

Septembre. Balance. Nouvel an {akhal^sili). Le ven- dang^ir.

Octobre. Scorpion. Récolte ( sthouUsa ). Chasseur joyeux.

Novembre. Sagittaire. Bouquets en pleurs (lirti-eoiit ). Labooreuf travaillant avec |oie.

Décembre. Chèvre. Flux de pleurs [tirU-dini). Ivresse générale.

Janvier. Verseau. Cri de douleur [apani). Assis et se reposant

Février. Poissons. Eau abondante (sourtsqounisi). On se chauffe assis sur ia cendre.

Mars. Bâier. Mars (Mircani), Vaillant guerrier.

Avril. Taureau. Féminin (igrica). Naissance des agneaux.

Aiaf. Gvémeaux. Roses (wardobisa). Fertile en fleurs.

Juin. Cancer. Chdleur croissante (ntum/t). Moisson* neor t>aigné de sueur.

Juillet Lion. Fenaison (thiba). Chaleur brûlante.

Août. Vierge. Abondance (Ati;«/Moia). Ivresse chance- lante.

Cest ce qu'il j a de plus complet sur la matière.

190 Huit pages de fleurs et de chiffines; le titre encadré des péchés capitaux et vertus correspondantes;

18® Le bureau d'un écrivain calligraphe géorgien^ tel que nous l'avons reproduit par un calque fidèle sur. .la couverture des Mémoires inédits y 1 v : < =

1 Quatre mains faites sans goût , avec des chifires et un avertissement, traduit dans la Chronique géorgienne, préface , p. xxvj ;

246 JOURNAL ASIATIQUE.

15** Il 7 a encore diderents tableaux de fleurs ou rehdfs aux sphères et au zodiaque, ou contenant, en earactèies vulgaires merreilleusement fins et purs, les noms 'àm livres de l'Ancien Testament et ceux du Noorean, ban les e'vangiles et l'apocalypse; enfin une rose des ireMi'i divisée en trente-deux cases, avec des noms h plapait transcrits du grec ou du latin. Comme SooIUiaii, dans son lexique , donne la même rose avec un commenfiûré, ce sera que l'on indiquera les différences qui existent entre les deux peintures. C'est sur l'une de ces pages qil6 je lis les mots suivants : « O Dieu , sauve 6ri^oI,*!e peintre u de ce livre; Dieu , sauve ma mère Thamar et sota Hh u Alexis ; Dieu , sauve ina mère Thamar. » Et un peu'ptus loin, en caractères vulgaires enchevêtres d'une AmtiiferCi e'tonnante, dont il est impossible de faire comprendre l'effet: « Sauveur, sois mifeVicordieux envers le ti t>gt'Md * pécheur Alexis, o D'où je crois pouvoir conclure ^utf le présent livre est le produit de Passocîatron de lïiibile calligraphe Alexis, e'crivain du Khroiiographira, >ét du peintre Grigol, prêtre, peut-être son père, qur s'est dl'Â^ de toutes les miniatures;

16^ Un catéchisme, par demandes et réponses, dont vîngtrSTX pages en khoutzonri très-elegant; les denîanHes en rouge et les re'ponses en noir ; puis trente-bnit pages en caractères vulgaires fins, mais négliges ;

17^ Huit pages d'une admirable pureté , en éarabtfcres vulgaires, relatives a la chiromancie, traduites dans les^Mé- moires inédits, P* partie, pièce première, sul'7astrdfe|^e;

18*" L'enfer représente par quatre graiids cerdes îcbn- cen triques :

1^ Prison des princes (des âges), circonférence 91 nrfHes, 100500 milles; longueur, 90 milles *, iOOOOO làillëa'; largeur, 10 milles, 100009 milles;

' Je ne puis me rendre compte de ces différents milles sëpwrément pour la même partie de la mesure.

SEPTEMBRE 1834. U7

.%** Demeare des enfants non baptisés, circonférence, 936SS milies; iargeur, 7516 miUes et demi^ distance, 1 93 J milles trois quarts;

<3* L'enfer, droonféreHce , 5750 miiies; 4oïigtMiQr, 5.miIIes, 600011 milles; distance de la terre, 5 milles, I04>ail miUes;

4** Le Tartwe, dnconférence, 7S75 miibs; largneor, 9665^ miUes et demi; distance, 3555 milles an cin- quième;

. 1%^ Après eet enfer, il y en a un antre, drrise en sept eoioiMies - vertîcaleft ^ ^Ieînes> d*ane poussière d^écnture. En tête d'une colonne est le nom d'une vertu , et au héM vice opposé; entre ces eirtrémes se trouvent dix défauts, ^ vont aiutantd'efiets de ce vice, et tftte sentence per- pettdieaiaire) relative au même objet, nofnencktiire très- oftiiispour dictionnaire, et qui comprend sept vertusf; sept vices et soixante^îx défauts interm^taires entré eux ; ' 18* Une page avec emblème: un eœur enflammé, sur- monté d'une croix et d'une colombe, qui est l'Esprit satat; derrière la croix^, une pyramide tronquée nommée Svirfer (^éna), ait bas la légende: Celui qui en sera digne reeepra le Saint'^Esprit ;

/%09 Une page oit sont les catégories d'Aristote, avec quelques difierences dans l'exposition, relativement' au taUean qui se trouve dans la grammaire du prince Dawith et dans le lexique de Soulkhan ;

•!<* Après plusieurs pages remplies 'd'objets divers; toujours remarquables par la netteté de i'écritiire, idn voit nae jolie peinture représentant une guirlande de; fleurs. Au baut, et dans l'intérieur de la guiriande, on fit les KMtt^éfitable mariage; à gauche est un arbre chargé de fruits vermeils, et, au^essus, le moi garcen; à diN^fte, sur une tige de fleurs^ le mot Jille; sous la couronne , aitt milieu, le mot sawéziro^j et, sous la fille, un cœur en-

^ Sawéziro signifie proprement la place du wisir. Le «ens sp<f-

248 JOURNAL ASIATIQUE.

flammé percé cTune flèche, avec cette légende : Cmmr de la bien-aimée, percé ttune Jièehe, Ceci doit être ane mii- sation du Cantique des cantiques ;

sa® Plus loin on trouve une guirlande de trente tu- lipes, dont chacune contient le nom d'un oiieaii, avec l'épigraphe connaissance des volatiles; et les mémei répéta dans une tulipe, au centre de la page;

S3° Une peinture de même genre contient trente d'arbres et la légende connaissance des arbres;

34^ Une autre enfin contient trente noms d'aDimaas, répétés également au centre de la page. Si Ton eut pu s'assurer d'une synonymie parfaite, il n'aurait pas Ai sans intérêt de donner ici ces trois listes;

95° Divers auteurs ont parlé, dans le récit de leurs voyages, de langages secrets usités dans le Caucase, qui ne sont connus que des initiés, et comme oous-mêmesy en France , en avons quelques-uns dont la connaissanee se perpétue dans les pensionnats et dans les prisons. Outre ces moyens commodes de dissimuler sa pensée devant le public, la Géorgie a des alphabets secrets, ici représentés: celui d'Artchil; le Cadchaphkaourf 3<* celui 'dks Takalthiens; celui de Soulkhan; 5** celui de Tchkli^ idze (c'est le nom d'une famille géorgienne); celoî des habitants de Moukhran; six autres alphabets sans nom. Jusqu'ici le copiste a donné les caractères mystérieux, qui sont pour la plupart les lettres usudJes, mais dépia- cées et contournées d'une façon insolite. Les correspon- dants de i'idphabet ordinaire n'étant point placés à càtii^ ces alphabets seront pour nous de peu d'usage ^ et ce dW- tant mieux que le nombre des signes secrets ne répObd point à celui des lettres ; il varie jusqu'ici de trente-trois à trente-sept,- et nous avons besoin de trente-neuf; 8* nous avons un chiffre complet et les moyens de le lire.

cia! que ce mot pourrait avoir ici n'étant pas expliqué dans 8oml- khan, chacon peut faire ses conjecturet.

SEPTEMBRE 1834. UO

Dans le premier morceau de chiromancîede mes Mémoires, j'ai trouvé plusieurs phrases écrites avec ce ofaiflte , et j'ai parfaitement réussi a les deviner, à l'aide de la clef donnée par le copiste; 9* je trouve un quatorzième alpliabet in- complet, dont il parut que le copiste n'avait pu se rappeler toutes les formes; 10® un antre iJphabet de trente-quatre signes, que fappelierai rençersé, parce que les dix-sept dernières figures sont la répétition des dix-sept premières: seulement cdies-ci se mettent au-dessus de la ligne, et cdIes-lÀ an-dessous; l'explication jest jointe; 11® il y a ensuite l'idpfaabet d'Antoni, le fameux patriarche, avec son explication; vingt-sept signes; 19® enfin quatre com- binaisons des lettres de l'alphabet ordinaire, teBes qu'elles doivent se remplacer Tune l'autre réciproquement, a, tch (alphabet antchiouri); a, dj (andjiouri) ; a, hoe (anhoou- ri); a^ r (anraouri^) : en tout vingt séries. Tous ces alpha- bets, excepté les quatre derniers, me paraissent difficiles i tracer, et par peu commodes pour le but que l'on se propose;

S Enfin le mémoire se termine par une table de chiffires relatifs aux fêtes mobiles , et par une recette pour dorer la tranche des livres , que je vais essayer de traduire littéralement

« Quand vous voudrez dorer la tranche d'un livre, cr prenez votre livre bien assemblé, et rognez-le à la cr presse ; qu'il soit poli comme l'os. Sur la tranche nou- «r vellement rognée, versez un blanc d'osuf au-dessus d'an «tf pot de terre. La, agitez le blanc d'oeuf avec un bâtonnet, «r jusqu'à ce qu'il soit épaissi et ne s'affaisse plus; laissez- oie reposer une nuit et se clarifier. Le matin, il s'y for- «i mera une écume, que vous àterezet verserez dehors.- «« Quant à l'eau du blanc qui restera au fond, prenez-la, c versez-la sur la tranche et laissez-la sécher un peu. En-

^ Cest celui-ci que j'ai signalé anr le maniiscrit du BmmmiÊnip ci-deasns, pag. 340.

i60 JOURNAL ASIATIQUE.

(. suite étendes deisus, avec la main , une feuille dfar; u Quand le tout sera pariai tement sec, tous polîm en u froUant ferme. »

r

J'aTais omis de traduire cette pièce, à la derMèiopuge de mes Mémoires, parce qu'elle est en très-maurab gm^ gien et pleine de mots techniques, dont le acna. naUteil iuoonno. Il ne me reste maintenant de doute qns soriBS deux mots laisses en italique.

Pour arriver a la conclusion que jje-vonlaia tirer ?de cette notice, lorsqu'elle a e'te' écrite, je suis poita àrordln que Dawith , auteur de l'histoire d'Omaïn /ietqai alBlilnh fils d'Alexis, avait pour père le célèbre calligrapha >dcat nous venons de parler.

' il III ij II

LAMIYYAT AL-ARAB,

Poëme de Schanfara, traduction nouvelle^.,

par M. Fresnsl.

Le Caire, 99 octobre 1933.

Mon cher Watson ,

J ai lutté pendant longtemps contre le désir de ffn- biier une nouvelle traducticfn du poëme de Schan&ra intitulé Lâmiyyat al-arab. Cctait refaire ce que M* de Sacy avait fait avant moi et à deux reprîtei, dans la première et dans la seconde éditioD' de ja Chr^omathie. Et en vérité les travaux sans nombre

* Nous plaçons en tête de ce poème une partie de la lettre que M.PrwBeI aodreiiëc à M. Walson, savant ëeoiMif,'«n4iii en- Toyant sa traduction.

SBPTE9MBRB 1M4. fSl

de cet Sostre savant font [rfacé si hant dans f esdme publique, et surtout dans Festinie de ceux qui peuvent en apprécier une petite partie, qu'ily aurail plus que de. h Xéwairité à vouloir iÊdre mieux que lui sur. «m même sujet , ^avec les mêmes uiatëriaux. Fort heureu- sement fpour moi je ne me trouve pas ton ta ùài dails ceca^là^ et, en cédant- à un désir longtemps càat' battu, /f ai pour excuse la rencontre jqui le -fit naître. Tandis jqtte.fétudÎBb le poème deSchanfara dans 'la ChvestoBuithie de M. de iSacy, et a^viec ie secours» de ses notes lumineuses, Yahya-ïdlendy«y fun desmusnf- mans ies plus accessibles et les plus instruits de FO«- lient , me communiqua et mit à ma disposition , pour an temps indéfini , le commentaire de ZiSniafchschary sur <3e même poème, ouvrage dont .M. de Sacy con» naissait . fort bien Texistenoe, mais qu'il n'a pas pu consulter, car il parait qu'on ne possède en Europe qu'un seul manuscrit de. ce commentaire, et qui se trouve dans la. bibliothèque de l'Ëscurial. Il m'a donc ^té dofiné, 'et c'est la- mon unique -exeuse, d'étudier durant . plusieurs mois ies scolies >de Zamakhschary sur le Lâmh/yat al'Hsrab. Je n'ai 'garde de £eiire va*- loirwcomme un avantage relatif moni séjour de deux «na en Egypte et mes conférences foiHmailièrca'avBc -on '.des cheiks les plus intefligent» de la Grande- Moaquée ; <sary quoique œs conférences m'aia»t été fort utiles en raison, de ma &iblesse, je suis parfaitement convaincu que toutes les intelligences. de la Mosquée al AsJiar ne formeraient pomt en se réunissant une somme digne d'entrer en lice, sur son propre terrain

S52 JOURNAL ASIATIQUE.

( celui de l'antiquité arabe ) , avec f unité înteflectuelle de notre célèbre compatriote. L*étude des ouvnges anciens autres que rAIooran est presque entièrement abandonnée aujourd'hui dans les universités musul- manes; la théologie scolastique a tout envahi; d*oii il arrive que les savants de ce pays sont tout aussi embarrassés que les iiâtres quand il leur Ëiut inter- préter, sans le secours d'un commentaire, les yen de qudque poëte païen. Je dirai plus : le nombre des Orientaux qui comprennent Hariry est extrêmement restreint; or ce très-petit nombre de juges ccmipëteats affirme que le meilleur commentaire airabe des séances de Hariry est celui du professeur firançaiSi Je n'ai donc qu'une seule autorité à opposer à M. de Sacy (encore me manquera-t-elie quelquefois) dans les endroits ma traduction diffère de la sienne , et cette autorité est cdie du plus savant des interprétés de FAIcoran;- mais je me hâte d'ajouter qu'il n'en est point (fun texte arabe conîime d'un texte grec ou latin , dont le sens est un et déterminé. Un grand nombre de vers arabes et de versets de l'AIcoran comportent plu- sieurs sens , que le même commentateur propose sou- vent l'un après l'autre, laissant à son lecteur la liberté ou l'embarras du choix. Jugez maintenant de la lati- tude qui doit résulter de la réunion de plusieuré sôo^ liastes. De ce fait fort singulier que deux tradndtioné d'un même texte arabe peuvent être toutes detik bonnes, quoique avec de très-notables différences, en tant qu'elles s'appuient toutes deux sur des auto- rités respectables ou sur de bonnes raisons. Une

V

SEPTEMBRE 1834. %6&

^^^^^îon approfondie des causes de cette indéteniimatîoh

^^tralnerait trop loin et dépasserait mes forces; je

^ bornerai à dire ici qu ii ne faut pas en conclure

^^^ les anciens poètes recherchassent le vague ou les

^^ts à double entente , mais bien que leurs plus sa-

. ^Hts interprètes n'ont jamais eu qu une çonnaissMice

^^par&ite de h langue dans laquelle ils s'exprimaient

^^ des moeurs dont cette langue devait être l'image.

^^tte triste vérité, une fois reconnue, le champ de

t arbitraire va s'agrandir encore devant les modernes,

Car, du moment ils n'auront jius une confiance

implicite dans leurs guides, fls chercheront natureHe-

ment à se conduire eux-mêmes; et c'est, je l'avoue,

ce qui m'est arrivé quelquefois dans le cours de ma

traduction.

Le commentaire de Zamakhscbary sur le poème de Schanfara, quoique prolixe et très-prolixe sous un rapport, celui de fanaiyse grammatiode, laisse beau- coup à désirer sous un autre, malheureusement plus important, la fixation du sens ou des sens divers dont le texte est susceptible. En outre, le manuscrit unique que j'ai eu à ma disposition est fort loin d'être correct; mais, appuyé sur le docte et consciencieux travail de M. de Sacy, aidé de Dieu et du cheik Mohammed al Thantàwy, qui comprend très-bien les scoliastes, je suis parvenu, je crois, à rétablir dans un état très- voisin de leur intégrité primitive le commentaire de 2jamakhschary et le texte qu'il avait sous les yeux. Ce travail, qui exigeait de la patience et une attention soutenue , n'ofirait pourtant pas de grandes difficultés.

254 JOURNAL ASIATIQUE.

attendu qu'un texte et un commentBÎre se oontoâieiit mutuellement, et que les définitions données par' Za» makhschary des expressions dont se sert le poète païen se retrouvent presque toutes mot pour mot dms- ic Sehàh de Djawhary. En attendant que les cîreoii»> tances me permettent de publier le résultat an et travail, fai cru pouvoir offrir, sinon aux savanta^ du moins aux gens du monde, une nouille appn>x»> mation du sens contenu dans les cent trente -six hémistiches de Schanfiira. Vous trouverez cbns la Chrestomathie de M. de Sacy (tom. U, pag. 337» 345 et suiv., 397 et suiv. de la V édit.) toutce i|iit l'on sait de la vie de cet homme extraordinaire , sur qui pèse la malédiction du ciel et qui n'en est point écrasé. Vous jugerez avec moi que son poëme n'est pas une fiction part les hyperboles qui sont de f es- sence même de la poésie orientale )9 et quau. moins sous ce rapport il a le pas sur tous les poëtss qnî n'ont &it que rêver le meurtre et la vie sauvage.. •.* :-. . .i

Agréez, etc.

F. Frbsnbl.

POEME.

Enfisints de ma mère , retournez sur voa paa : S me faut d-autres compagnons que vous^ une. autre &niiHe que la vôtre. Aussi: bien tout est prêt pour mon ià^

SEPTEMBRE îMi.

p«rt; iei Iiine Iwilie dans ie cki, et javaisisans doute un but quand f ai &it aeUer mes chameaux; ^ Il est sur la terre une retmîte ^JKrnr i'hoainie de oœiir fuyant ie cfaagnin^ et un :a8iifi> pour celtiik qui redoute» les traits U' haine. J*en piee pav vos viea, ceittîfjà» ne tombera jamais dans ia délresse» qui a du jugumentet sait marcher b-. nuit, cherchant oe quS aîme^ ëvitant ce quili déteste. A. dé&ut de tous^ f'ai ià-bas tout une familie; le ioùp^ coureur iafatigabie, la panthère au poil ras et lisse , f hiène au pod hérisse. Voilà mon monde. Avec ces gen&*là un. secret confié n«iC point dîmdgué^ et ie ooupable n-est point ab«»- donné en punition -de* sa fiiute. Tous ils nejlottsaenc rinsulte., tous sont braves, moins*Im^es que moi ce» pendant quand il faut soutenir ie choc des premiers chevaux de f^nnemi; mais je leur code ie pas quand ii sagit d'attaquen les vivres, alors que le plus glouton est le [dus diligent. Tout cda nlest que- l'effet d'iuni) générosîtié qui déI>onie et par iaquefle je prétenéi m'éievep au*dessus d*eux ; et id ie prétendant est en effet le plus digne. Trois fidèles amis- me tiendront iîeu de ces iionunes qui ne savent pas rendre le 'bien pour ie bien, et dont ie voisinage noffi*e aucune res* source, pas même celle d'un passe-temps : ces tsvis amis sont un cœur intrépide, un glaive étinceiant et un arc denaba, long, retentissant, au bois fort, jaune et poli, orné de courroies, muni d un-baudrier ; quand la. flèche- part de soa centre, il gémit icmg«ie» ment'comflie une ^ mère épioirée* qui vient de ^perdre son- enfimt;! *

256 JOURNAL ASIATIQUE.

Je ne suis pas de ces pasteurs sujets à k soif qui, n'osant s'écarter des puits , font paitre au soir leun troupeaux dans des lieux sans cesse parcourus et dé- pouilla de verdure ; les petits de leurs chameaux font pitié à voir^ quoique les mères n'aient point d'entiavet aux mamelles. Je ne suis point de ces lâches et stupides époux qui , toujours auprès de leurs femmes, les tiennent au courant de tout et les consultent sur tout ce qu'ils ont à &ire; ni de ces cceurs cTau- truche qui montent et baissent comme porta sur les ailes d'un petit oiseau; ni de ces marchands de musc, rebut de leur famille, qui ne sont bons quli singer l'amour, qui soir et matin se parfument et se teignent les paupières en noir; ni de ces hommes chétifs et inertes qui cachent toujours un nud derrière un bien , qui ne portent point d'armes et s'épouvantent d'une menace ; je ne suis pas non plus de ces voya- geurs pusillanimes que les ténèbres saisissent ti effixH quand, une fois égarés dans le désert, ils n'ont devant eux qu'une vaste plaine sans route frayée ni moyens de reconnaissance.

Lorsque la plante calleuse de mes pieds frappe une terre dure semée de cailloux, elle en tire des étin- celles et les fait voler en éclats.

Je réponds aux exigences de la faim par des dâais successifs ; je labuse et la promène jusqu'à ce qu'en- fin je la tue. J'en détourne ma pensée et finis par l'oublier. Au besoin , j'avaie une motte de terre phi- tôt que de subir f hospitalité d'un homme arrogu&t qui me croirait son débiteur parce qu'il m'aurait donné

SEPTEMBRE 1834. 257

manger. N était fhorreur du blàme qui sattache à

toutes mes entreprises^ c'est chez moi que fon vien»

lît mai^r; on ne trouverait que chez moi tout ce

li peut calmer la &im et la soif. Maïs fâme fière

i réside en mon sein ne peut tenir contre le M^me

c|tt autant que je mène une vie vagabonde. Je replie

donc mes entrailles sur la feim comme un fileur tord

ses* fils entre eux et les enroule sur le fuseau.

Je me mets en course le matin n'ayant pris qu'une bouchée, comme un loup aux fesses maigres et au po9 griS| qu'une solitude conduit à une autre. Impart au point du jour> entortillant ia &im dans ies 'réfdis deiiesentraifles; trottant contre ie vent; Vâançaiit au (oûd des ravins , et trottant de plus belle. Mais après uAe quête vaine , quand le besoin l'a diassë d^'Couè les lieux le besoin l'avait poussé, il appelle. A ssi Tpix répondent des loups efllanqués comme {ui^ dont ia fiu^e est blanchie par l'âge ; ^ voir leurs monveniènfi ftfécipités on dirait des flèches qui s'entrechoquent dans les m&is de cdui qui fes mêlé pour consulter ie sort, ou des abeilles expulsées de leur demeure et dont f essaim hâte sa fuite , harcelé par les baguettes -4{a enfonce dans leur nid l'homme perché là-haut pour recueillir leur miel. Ces loups ouvrent une gueulé immense; leurs mâchoires écartées semblent des bâ- tons fendus en deux ; ils montrent leurs dents , rident leur nez et font peur à vohr. he premier a hurlé d'un son lamentable , et les autres huiient après lui' dans le désert; on croit entendredes pleureusesqui pleurent dù< haut des collines la perte d'un époux ou d'un eti-

XIV. 17

268 JOURNAL ASIATIQUE.

fant. Après avoir hurlé il se tait; les autres setuieiit à son exemple , malheureux qu'un malheureux -conide en se consolant avec eux. II se plaint et ils se plaîgneat; puis il se résigne et les autres se résignent comme Ia|> et certes, quand la plainte ne sert de rien y la patience a bien meilleure grâce. Enfin il retourne surses pai^ et ses compagnons s'en retournent au plui^^vîte, et chacun d eux, malgré la faim qui le dévore, âit.boiuie mine à son voisin.

Les kathas au plumage cendré ne parviennent à boire -que mes restes , après qu'Ss ont volé .Um^ we nuit .d un vol lourd et bruyant pour se dësaftéver "^ matin. Nous partons ensemble, excités par. Je méiÉe désir. Cest à qui arrivera le premier k la dtenie J kathas, avec leurs ailes pendantes etlenr fvéLip^^i&iy ressemblent à des gens dont la course est enliBwè parleurs robes flottantes; mcM, au contriiirej-4le*qni la blouse est relevée dans 19a ceinture, je les devancé sans effort, et deviens le chef de leur tronpe^ Ifa m^ étanchée, je. m'en va& C^t-aiors qu'3s?;«rrivieBtuét s abattent, sur le bordcle/ia cîteme, à^rendroit même .l'eau dégouttait deima main.; ils enfoncent' jus- qu'au jabot leuis cous dans la vase. 'Le tapage -.qùlifs font, autour de ce réservoir est comme celiliid'one tribu voyageuse au moment ellea'arrété ponr cnnâ- per. Ils affluent de tousx^âités i ce rende9qriotts:cQ■lr mun, ;qni 'les. reçoit •: et '.'les rasse^ble^'ialnsfrqnhBl abreuvoir rassemble, autour de .lui :le9 chioneaialxfifai camp voisii^ 'Apnèsiavoîf bu en tonte hâter)' i|js! paitlnii aux premiers rayons de l-auroreytds •quHiné^jMkidb

de h tiîbu dH^bàzha d^erprt le matin ai» appkx)cahcb dtt'dangeri ^■•.•, *. ■■•: :'^> . •i.i'-".

Toutoaaigre que je suis^ fakneà fiiire .menffift îde la terre ; et c est avec plaisir que j etendsrsnr sa^fàce-iln do6 que tiennent à distance des vert^es arides.. J*ai pô«ir oreiller un braa décharné dont les jointures 'sail- iantes semblent des déi lancés par un foueur. ; ^ .<^^. . Si la^guerre et les alarmes se plaignent de l-absence de Schanfara, jelieur répondrai :. Kavezî'vous pas joui assez longtemps; de SchanfaraP'Poursuiyipar des ven- geances qui se promettaient partager sa ^ chair leti iats^<et d avanoe les tiraient au sort^iisoidemaniolast <8ma^ cesse i De laqueSe tombera^^je viotimé? laquelle ^atteindra la première? jSi-quelquiefoiB ji.dormait dun ^ni sommeH » sesiennemia dormaient les yeux.ouverts, i»^)daffs.aux|agael9> toujours prêts » /fondre ^ur lui. Obsédé: par des soucis- qui venaiént-me; visiter: régu- fièreoiéot^ tds.èt phis accablants' qtfeiies^aœ^ d'une £è vre' = quarte> je le» < chassais . chaqné > fois*^ mais: * ils Balaient paâ loin ^ et ^revenaîentinenaoïfe et d*rem;hsiut lOt-d'Cn bas. Si donc vous me voyeii^i d/ soucia dévo- anutSy exposé, comme le: reptile desBaUes^^à on soleH lunàiantr le corps à peine couvert et les pîeds nus, .asaçhez que jie auis le lieutenant de la Patience', que je revêts son manteau sans dépouiller mon .coeur dhiène, -^ que la fermeléime tient lieu de. suRidales: :. < ^

Jie>l5uis tabtôt rîcbey-it^ntôt pauvre; Celuî«4à seul

«st toujours riche; qui se prostitue à 1 étranger ; Panvvè,

je ne donne. aucun signe. idjmt)adence> et 'ne- laisse

pas voir ma pauvreté. Riche, je ne deviens 'pasîhao-

17.

260 JOURNAL ASIATIQUE.

lent. Lies injures grossières n ébranlent pas ma iongi- nîmité. On ne me voit pas à la piste des propos irritants m'informer de ce qu'un tel a dit pour le re- dire à tel autre.

Combien de fois^ par une de ces nuits froides du- rant lesquelles ie chasseur brûle pour se réchauffer son arc et ses flèches , combien de fois ne me suis-je pas mis en course à. travers les ténèbres et la pluie, ayant pour compagnie la faim, le froid et la terreur! £h bien , j'avais rendu des femmes veuves et des en- fants orphelins^ et jetais déjà de retour que la nuit était encore toute noire. Au matin qui suivit l'une de ces expéditions , deux bandes raisonnaient ensemble sur mon exploit à Ghomaysâ y dans le Nadjd. Qud- qu un disait : « Nos chiens ont murmuré la nuit pas- u sec. Je me suis dit : Serait-ce un loup qui rôde ou « bien une jeune hiène? Mais ils n'ont donné de k « voix qu'un instant et se sont rendormis ; alors j'ai « dit en moi-même : Suis-je donc comme ie katha « iepervicr» que ie moindre bruit réveiHe? A présent a que nous savons la cause terrible de ce bruit léger, 0 que devons-nous penser du meurtrier? Si c'est un u djinn qui nous a visités dans la nuit , sa visite nous

« a été bien funeste; Si c'est un homme Mais

« un liorame ne fait pas de ces coups-ià. »

G)mbien de fois, par un de ces jours que marque ie lever de Sirius y de ces jours l'air devenu liquide forme des ondes visibles à la surface du sol , les vipères s*agitent sur ie sabie comme sur des cendres brûlantes; combien de fois alors nai-je pas expose ma

SEPTEMBRE 1634. %M

tête au soleil, sans autre voile qu'un manteau déchiré et une épaisse chevelure, doù s'élevaient, quand le vent soufflait, des touffes compactes et feutrées, qui depuis longtemps n'avait été ni parfumée ni puisée de vermine, enduite d'une crasse solide sur laquelle une année entière avait passé depuis le dernier hvage l Combien n'ai-je pas traversé, sur mes deux jambes, de ces plaines désertes, nues comme le dos d'un bou- clier, les caravanes ne passent point.. Dans la rapi- dité de ma course, j'en faisais joindre les deux bouts, et terminais ma carrière en grimpant sur un pic élevé, tantôt debout, tantôt accroupi. Les biches au poil Êiuve allaient et venaient autour de moi comme de jeunes filles vêtues de la moulaa à longue queue, aussi douces, aus$i familières; et, s'arrétant près, de moi dans la soirée, elles semblaient me prendre pour un bouquetin aux pattes blanches et aux cornes rabat- tues qui gagnait le pçnçhant de la moqtagne, inacces- sible dans sa retraite.

CONSEILS.

I.

ol__JL_JLJl

262 JOURNAL ASIATIQUE.

TBADUCTION.

Tant que tu le pourras, ne prête point de livres. Si tu en prêtes, tu auras lieu de t*en repentir. Que de fois un livre prêté à un ami est tlevenu ia cause d'une rupture, sans que ie livre ait été rendu!

II.

JkUl^ lyi^ jUdt^ lyS^' jUI^ l4i^ «LU lyijjs

^M MM> J

TRADUCTIOir.

Lorsque tu auras &it une collection de livres, hâte-toi de confier à ta mémoire ce qu'ils renferment, car les livres éprouvent des accidents qui peuvent t'en séparer : l'eau les submerge, le feu les dévore^ le rat les ronge, le voieur les emporte.

III.

U J 5^ p, ,^1 JJa aL t^

i SEPTEMBRE 1834. i«3

THAOCCTIQN.

Es- tu accablé de chagrins; pe trouves-tu personne qui puisse te consoler; ton cœur a-t-il du dégoût pour toute société;, alors aie recours à ces livres dont les jMiges sont dépositaires de poésies et de choses ins- tructives : eux seuls dissiperont tes chagrins, car H est bien rare que les livres causent de Tennui à l'homme qui a de Tinstructioh.

GJdbL.

■„ ■'■■'*'■ ."' 'l' U "l I . ,H ',1-1

■»•— ^»^

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE. ; '

Séance du /*^ septembre i834.

Les peraonnes dont les'rioins "sliiveht sont présentées et admises comme membres de la Société :

MM. BoDiN, curé de Cieré, près Langeais (Indre* et Loire), le docteur Eusèbe de Salles, à Paris. i''

M. Brosset lit un rapport sur l'ouvrage intitulé : Histoire de T émigration de quarante mille Arméniens de VAderbi- 4^'a» é» Russie.. . .; » >; : «'

|il.jEl^i)ii(Qd fait un r^pf^ort sur la, Gifamnmirê 0tmhe vulgaire pour les dialectes d^ Orient et de Barbarie,, fi^ M; Cajpssia de Peroèval. . : .' ♦ir»!»;^

M. Marcçl lit en son nom et ^ pelui de M^ Jé(cq<K||ii|^ rapport sur le premier volume de philologie- awH£ié>iHl Voyage de M. le capit^ne Dumont-DunôIIe., .m uyi-i

264 JOURNAL ASIATIQUE.

OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIBTlî. (Séance da 1^^ septembre 1834.)

Par M. L. A. Sedillot. Traité des instruments astro' nomiques des Arabes, compose au treizième siècle pir Aboul Hhassan AIî, de Maroc, traduit de Farabe pa^ 6. J. Se'dillot, et publie par L. A. Sedillot. Paris, Impri- merie royale. 1834. In-4^.

Par M. Giannantoniô Arri. Lapide fenieia di Nota w Sardignia dichiarata. Torino, 1834. In-4®.

Par M. SiLVESTRE de Sacy. Plusieurs exemplaires de sa Notice sur la vie et les ouprages de M. AbeURémustit, In-8*».

Par Fediteur A. Nunez de Carvalho. Roteiro em que se content a viagem quejizeram os portuguezes no anuo de iô41, partindo da nohre cidade de Goa atee Soez que he no Jim, estremidade do mar Roxo, Com o sitio epintura de todo o syno arabico, por dom Ioam de Castro. In-8*. ( Des cartes accompagnent cet ouvrage. )

Par les éditeurs. The Quarterly journal of éducation. London, 1834.In-8^ Le n<* 15.

Par la Société de géographie. 9* série , tome I*', n9 6 de son bulletin. 1834.

Par les éditeurs. Nouvelle revue germanique, le noméro de mai 1834.

M. EJphinstone est le premier qui ait signale à i^atlell- tion des antiquaires Fexistence des monuments bactrieBa, appelés topés dans le Penjab et dans TAfghaaistan. Le général Ventura fit ouvrir celui de Manikjrftla, daiM le Penjab, «C y trouva quelques antiquités et des monnÉÎes bactriennes; M. Burnes en a trouvé depuis un asses grand nombre sur la route de Lahere & Caboul, et dans

SEPTEMBRE 1834. 265

les derniers temps , Mohun Lui, un jeune interprète indien y qui avait accompagne MM. Burnes et Gérard k Boukhara, et qui est revenu avec le dernier par Herat et Candahar, a annoncé dans VIndian gazette que M. GeVard et lui en avaient de'couvert un grand nombre entre Ca- boul et Djelallabad. Us ont rencontre près de cette der- nière ville un Allemand nomme' Martin Bergren, qui avait fiût ouvrir plus de trente de ces monuments , dans les- quels il avait trouvé quelques boîtes d'or et de pierre, des ossements et un nombre considérable de monnaies grecques en cuivre et en or. Une des dernières porte le nom d*un roi Satereages. Ces antiquités ont été envoyées au général Allard, au service du maharajah de Lahore. M. Gérard fît entamer quelques-uns de ces mausolées aux environs de Bdabagh; il n'eut pas le temps de faire des recherches suffisantes, mais il recueillit un nombre con- sidérable de monnaies bactriennes. II découvrit aussi, dans les environs de Caboul, une sculpture indienne dont Mohun Lui donne la description suivante : a Nous a creusâmes la terre dans les ruines de Fancienne vif le, 1 u deux milles de Caboul, et nous y trouvâmes, après cinq u jours de travail, une idole sculptée en pierre noire. La <r figure est singulière et fort belle; elle porte deux petits tf porteur» de massues sur les épaules. Je pense que les tf Hindous détruisirent leurs maisons du temps de Pinva- ét sion musulmane, et y enterrèrent leurs propriétés et a leurs idoles, dans l'espoir de recouvrer un jour leur « pays. Les gens des villages environnants trouvent fr dans les temps de pluies des rubis et souvent des ha- éi bits décomposés. Notre idole est, suivant l'opinion de a M. Gmurd, un Bouddha; elle a des cheveux boudés a qui flottent sur ses épaules; ses deux mains reposent <r sur ses genoux; son. front est mutilé. La taille des por- u teurs de massues est mince, comme celle de Hanouman, a pendant que leur poitrine est large. Cette figure me rap- ^ pelle celle de Salug Ram, telle qu'elle est adorée par les

966 J OURNAL ASIATIQUE.

u Baishroni hindous, qui miingent pu 'de viande. Près u db Balabogh est nne ville en raines, nonmée fioUàr, u ies musalmans trouvent souvent de Por et des idèies^ u ib . brisent ces dernières dans >ienr stupide- fimathae. a Ils trouvent aussi souvent de grandes jarres de pîem tf (ou de terre? êtone vBuels)^ qui conCicttdenf^ des ca- adavres. On me dit que oenx^oi ont Fair de pérsomica «en pénitence; leurs cheveux et leurs seukvils ne>soBt u pas de'tniits par le laps du temp; sous lennr pieds sa a trouvent de petites boites de ctiivre qui contieiment des ti quantités de -monnaies de même métdi. « M.

■• •.

L'usage de la lithographie se répand paniii Jca Malr rattes; un des chefs féodaux les plus considérables dans le midi de Maharastra, Chintaman Rao Appo' Sabîby patwardan, a établi îi y a trois ans une UthograplUe dans sa ville de Sangli, par laquelle il a déjà fiût publier un nombre considérable de livres sanscrits. Le-ràjah.dê Sattarah a fait de même venir de Bombai une presscrlîtfaoï- graphique, au moyen de laquelle il se propose !de fouriûr les livres aux écoles de son pays. La lithogn^^hîe est évidemment destinée à servir d'intermédiaire entre; les manuscrits, et l'impression : elle n'exige pas un grand, éta^ blissement, elle ne détruit pas la classe des copistes^ -èQe conserve la forme des lettres à laquelle sont aocoutnméa les lecteurs des manuscrits, qui ont toujours une grande répugnance à s'habituer aux livres imprimés; die oflfre une grande économie quand on p'a . besoin .^e -d^n nombre limité d'exemplaires-, pendant q«-on y.êrottved^à une partie des avantages de l'impression, eh ifNBrptftottit les efforts de la critique .pour épurer le texte,etBn lii^rant les moyens d'études à plus bas prix que par ie moyen copies. M.

SEPTEMBRE 1834. 267

IUI80N ALLÉGUÉE PAR LES HÀHOMÉTANS POUR REJETER

l'Évangile, traduit de l'arabe <.

Après la mort de Jésus , tous ses disciples s'accordaient à persévérer dans les doctrines de son évangile; au nombre de ces disciples était un homme plus instruit que les autres : un jour cette pensée s'empara de cet imposteur ( Rafle j ^) : ft Puisque les doctrines de ce livre sont si rigoureuses , je « n'ai qu'a faire dès aujourdliui un autre évangile pour (t que tout le genre humain suive ma voie. 9 Ayant uQsi dit, il fabriqua un livre sous l'influence de ces mauvais sentiments. Ce qui e'tait de'fendu par TeVangile , il le pres- crivit; ce qui par l'évangile était appelé juste, il le déclara injuste. Lorsqu'il eut fini de rédiger cette imposture, il songea à trouver les moyens de la faire passer si^ns laisser paraître son nom. Il était gardien de bestiaux, de vaches, de chèvres et de chameaux: une pensée se présenta à lui; il pouvait accomplir son dessein en déposant ie livre dflns un arbre, au milieu des bois, et en affirmant qu'il avait TU en songe Jésus lui apparaître et lui dire : « Je vous ai « donné un nouvel évangile et je l'ai déposé dans un arbre, A au milieu des bois. » Dans cette intention , il tailla dans un gros arbre un trou de la grandeur du livre, et y cacha le livré lui-même, qui était écrit avec de l'or liquide. Avec le temps, l'écorce en croissant recouvrit le .trou, et il ne resta plus de traces de la fraude. Il continuait cependant à enseigner les doctrines de Jésus. Chaque jour il menait

* Ind(hchinese Gleaner, août 1818. Le tradnctenr annonce qn'ii a trcrayë cette £abie ridicule coniigrnëe dtnft un conte arabe, -«à •O^t .expliqnëes les diSé^eactB qui existent entre ie Coran et- ie Noa?eaa Xestaineqt. II n'ose 4^ider U question -d A savoir m cette fable est une tradition altérée concernant le psendo^^^angile Bamabas on rœnvre de queiqne docteur enthousiaste de i^ loi m|i- snlmane, inconnu dans rhistoire.

' li y a encore aujourd'hui en Perse une secte qui rapporte ses croyances k cet homme.

268 JOURNAL ASIATIQUE

son troupeau auprès de cet arbre pour le faire pmitre, de manière qu'après un certain temps . lorsque les bestianz e'taient presses par la faim , ils se rassemblaient tous en cet endroit; mais lui seul possédait son secret Une certaine nuit enfin, vers minuit, il cria de toute la force de sa voix pour rassembler le peuple. Entendant la voix de leur ini- tituteur religieux, tous se levèrent, tous,bommesetfemniei| et accoururent pour savoir le motif de ces cris à une heure si avancée dans la nuit. Il leur re'pondit: « Jéms «m'est apparu dans un songe, accablé d'affliction. Et «tque vous a-t-il dit,» reprit le peuple. Raflej (c'e'taît k nom de l'imposteur) répondit: « Il m'a annoncé que ce u que vous croyez n'est pas son évangile, parce que ces u doctrines sont trop difficiles à pratiquer pour Yoas.<7— «Jésus vous a-t-il annoncé, dit le peuple, s'il 7 a un autre « livre dans lequel nous puissions apprendre ce que nous u devons croire et ce que nous devons faire? H m'a an- * nonce, dit l'imposteur, un autre livre auquel vous deyes «vous conformer jusqu'au jour du jugement esf « ce livre? dirent-ils. Jésus m'a ordonné de rassembler «demain matin tous les croyants; lorsqu'ils seront as- a semblés , a-t-il ajouté , fais sortir le troupeau que «élèves; suis-le partout il ira, et à quelque arbr^ «qu'il s'arrête, est le livre. N'en doute points (ooa « ceux qui ne voudront point croire seront précipités daim «Fenfer. 9 Loirsqu'il entendit ces paroles, le peuple eatiôç y eut foi. Le lendemain matin tout le peuple s'asseinbh et suivit le troupeau dans les bois. Lorsque le troopean vint et s'arrêta , suivant son habitude , à l'arbre qu'il- con- naissait « Voici, dit l'imposteur, voici l'arbre dont Jéisiar a « parlé. 9 L'arbre fut abattu par le peuple-, et le livre fbt découvert Chacun porta le livre à ses yeux et à ses lèVrëlÉ^ puis adora le chef de la nouvelle croyance. Gest ainsi ' qu'ils devinrent tous impies et sectateurs d'un infidèle.

E.' J.

SEPTEMBRE 1834. «69

BIBLIOGRAPHIE.

Graminaire arate vulgaire pour, les dialectes ^Orient et de Barbarie, par M. A. P. Caiissin Pêrceval, professeur d'arabe littéral au collège de Fratice et d*ariibe vulgaire à la Bibliothèque du 'Roi , interprète honoraire du mi- nistère de la guerre. Paris, Dondey-Dupre'. 9* e'dition,

On sait qu'il en est de ia lan^e arabe comme de toutes les langues qui se sont répandues sur une vaste e'tendne -de pays et se sont maintenues pendant un grand nombi^ cle siècles. Des mots nouveaux ou de nouvelles acceptions «f introduisent successivement dans le langage -parle et écrit; les mêmes mots ne sont pas toujours prononces de même, et finissent par s'écrire différemment. II j a' dérail- leurs des expressions et des tournures qui , bien qû'ànssi «ociennes que la langue même, n'ont jamais passe dans le langage écrit, et qui n'en méritent pas moins- d'être con- jwrvées. Une grammaire arabe vulgaire était donc un ou- irfage essentiellement utile. Elle l'était maintenant plus que jamais, depuis que l'Egypte , sous le gouvernement de Mo- liammed Ali, s'est en grande partie aflBranchie de i'inâueace turque pour reprendre son ancienne physionomie arabe, et que les Turcs , ayant été dépossédés d'Alger, la presque totalité de TAfrique musulmane ne peut plus avoir de langue commune que la langue même de l'Alcoran.

li existait plusieurs grammaires arabes vulgaires, mais tontes étaient d'une exécution imparfaite , on se bornaient à quelque dialecte particulier à certaines localités. M. Oains- 8În qui déjà, dans une première édition , avait donné un tableau très-exact do langage parié de nos jours en Syrie -et

270 JOURNAL ASIATIQUE.

en Egypte , a cm devoir étendre son plan , et j a com les dialectes usités en Barbarie. Pour cette partie de sonr travail, M. Caussin n'a pas eu, comme pour la première^ i'avantaj^c de parler d'après des obserrationc faites par Inr sur les lieux mêmes ; mais il a consulte des personnes ori- ginaires des câtes d'Afrique , il a pu d'ailleurs, par Im cor» respondance du ministère de France avec les contré^p barbaresques , correspondance qui, dans ces dernières anne'es, a pris une grande extension , se fiûre une idée exacte des formes du langage usitées dans les régions afri- caines.

L'ouvrage de M. Caussin étant destiné à aller danales mains de toutes les personnes qui désirent avoir une tein- ture de l'arabe vulgaire, est rédigé- avec une grande oéfecî» sion , et si l'auteur a chercbé à 7 faire coanaitre les fi usitées dans les divers pajs, il. a rejeté tout détail trait dans 1 arabe littéral. Il a pensé avec raison que ce qu'il pourrait dire à cet égard se trouvait déjà tdaoa'Ia grammaire de M. Silvestre de Sacj, et il a phsie parti- d*j renvoyer le lecteur. . . -j-

On ne s'attend pas ici à ce que nous noua étendiôoarrat i'ouvxage de M.. Caussin; cet ouvrage est déJBr-cNMinaraft apprécié: Il nous suffira donc de 'dire que:l'aatau:.c?y montre également liisbile dans les ditJectes éprils 'rtparina^ ce qui lui permet mettre dans Ics^pproohcnieiits.gani est souvent dans le cas de- faire toute i'exactknde et tirirtf la précision convenables. Nous ne pouvons cepéidaat. noua dispenser de faire remarquer les signeaqui servent wijoiuy d'bui chez les Arabes pour indiqueriIeft;nonibrte fraolîavr nairqs, signes que M. Caussin a fait connaître » cCljqiic nous ne nous rappelons pas avoir vas nulle fêrti» ^ ^o i<

^n finissant nous émettons un vœu. Il existe . dè|hib quelque temps des secours fort abondants pour appMfiMi^ dir f étude de l'arabe (littéral, et ces secours ne'cesqtMipofc de s*accroitre. Il n'en est pas de même pour Farlabe :▼■!-• gaire, et M. Caussin, bien loin de multiplier en: fiorcfnr

■; SERTBMBREf . ÎB94L) : 371

prcwîâre :editioQ , Idi , diminués, «a ies iPe^kuoiisà tqueti; qaes.dUlogue6«iiisezi e<iarts.;Neisef«îi>îijpMij|4ib'shreiiiq«e le public «ut à sa disposition un choix de morceaux en arabe vulgaire, en vers et en prose, servant dVchantiQon de tous les dialectes usite's maintenant? Or. qui est pl|is càjpaUe que M. Câussin de' satisfaire le public a cçt eg^a^

. ' ; •>;''. i '. I '■ .

JûHtmal of three voyages along the Côdstraf^Okfiial by Cbf. GuzLAÉF; Lotidèn-, 18S'4.* 12*''X€lil etlso* pâ^iS.

Cf^t:tta9.rçifQpnt$skMl)]dfl!ek r«ppprtfi<deiAljGuriafft]ui

ne peut qu'applaudir à leur publication en Ëwiafict v r

M. Guzlaff est un missionnaire allemand, et certaine- ment le plus entreprenant, le plus actif et le plus coura- ^éat^ dés missionnaires protèÀtai)t9ett' OhinVi/^A^^ réMé i^sréui^ années en* Chine ^et'en'^Siâh^,*^ét'^ajiTès tfëfe irâdiifMÎiilièrësiiesfenguëéife i;es pa^s^^i s'èÀiBar- qua, en 1831, à 3ankock, sur un vaisseau chinois^ ëi fit à son bord le voyage le foii]B^ de ia cote de Chine jusqu'en Tartarie. L'année suivante il accoiuo^na . le capitaine Lindsay dans son voyage le Tohg de la même c6te; enfin, en 1833, il .fi^.Aii^i^irpMQm^nK<0^gt» ^^r/.Ie..y^ le

Sy^he,, Ses remarques; ^^4'ïéM^(d0$ .pi^YiAMs. 0lf^rl^e8 sont fort curieuses, ses connaissances médicales lui ayant donné le moyeu d'entretenir facilement des rapports avec les gens du peuple.

Il entre dans quelque» détails sur les différentes reli- gions suivies en Chine ; mais ce qu'il en dit est fort loin d'être instructif, dans l'état actuel de nos connaissances, et ne montre pas une étude approfondie de la littéra- ture philosophique et religieuse des (chinois. L'ouvrage est précédé d'une longue introduction sur la Siam et la

N

272 JOURNAL ASIATIQUE.

Chine, de la plume de M. Ellis, l'auteur des recherches polynésiennes; elle ne contient absolument rien de nou- ▼eau, et augmente le prix du livre sans aucune utilité.

M.

Blanche et Bleue, ou les deux eouleuçrtM'fies, roman chinob; traduit par Stanislas Julien. Paris, Gosselin, 1834. i vol. in-8^

Gulistan, ou le Parterre de fleurs, du cheik Moslih-eddin Sadi, traduit litteValement en français par N. Sbmelbt. Paris, 1834. ln-4®. Imprimerie royale. Chez Fauteur» rue des Tournelles, 59 ; Dondey-Dupre' , rue de Riche- lien, 49 biê^et Théophile Barrois, même mci 14. Prix: 19 francs.

Chrestomathia arabica grammatica historica , m awm» scholarum arabicarum ex codicibus ineditis canseripta, a Georg. Guill. Fbbttag. Bonne ad Rhénan, 1S34^

m-8<'.

ERRATA POUR LE CAHIER d'aoAt.

Page 144 : Mose de Khoni au lieu de Kkori, Note 9 : }J*3«D«!««i Ru lieu de c)^^s«*gc;«««-

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE.

OCTOBRE 1834.

, BREVE NOTIZIA

Del regno del Thibet, da! frà Francesco Orazio dblla

Penna de Bilu. 1730.

( Suite. )

»•••«

BRBTE RAGGUAGLIO DEL GRAN REGNO DEL THIBET PER Cl6 CHE RIGUARDA LA QUALITA DELLA POSITURA DEL PAESB E Cl6 CHE PRODUCE : DI ClÔ CHE BfANGIANO E BEYONO QUELLE GENTI: INTORNO LE MERCI CHE CORRONO IN COM- HERCIO : INTORNO AL NATUBALE DE' POPOU, POUTICO E TEMPORALE GOTERNO : AMMINISTRAZIONE DI GIUSTIZIA , E COMPENDIO SUCCINTISSIMO DEL VABTISSIMO CHAOS DEL- LA LEGGE de' THIBETANI \

Qnalità del regno del Tb'ibet , e notizia di ciô che prodace.

H regno del Thibet è tutto montuoso, e tra fe montagne vi sono deile pianure^ dove sono fabbricate

^ Per il geographico, estenzione del regno , drversitk délie pro- yincie, e stati dei Thibet si riposta air altro scritto présentât» sepiuramente da questo présente.

XIV. 18

•274 JOURNAL ASIATIQUE.

città e terre, e casteili nella parte che riguarda il mezzogîorno, vicino alie quali piantano alcune selvette di salcî ed albucci non essendovi per le montagne ne pur iino sterpo , non che arboscello. Verso poi me^ zogîorno, clie sono le provincie di Takpb, Komho, e K'kaniy vi sono delle selve, ma nelle provînde di Ngari, Tzang, U e Ciang in tutte quelle montagne non vi c pur un arboscello, ma sofo alcuni arbori, e I)cn pochi per far travie travicelli per le fabbriche delIe case vicino a^ luoghi habitati, come si disse servendosi di soli rami per il fuoco y quali si vendono a carissi- mo prezzo bnigiandosi comunemente da tutti steica di cavalii, bovi ed altri animali. li dima è fireddiaiî- mo y c tutto Tanno le cime de' monti sono piene di neve, e cio procède dalla grand' allezza della terra, e per i grandi Venti ligidissimi, che regnano in quet paese , che percio il terreno per sopra circa sei mesî defl* anno resta come un duro macigno, e dove do- mina simil rigidezza d*aria e durezza di terreno non vi è alcun animale velenoso.

Seminano al principio di maggio , e ne &nBOi la messe di poco grano, perche poco ne seminano, di molto orzo y ed alquanto di piselli ( che se ne servono per darli rotti per biada a' cavalli, giumenti, ec., perché non si ctKx;ono ) che raccolgono nel principio dt set- tembre. Di queste raccolte, come délia ravizza (d^ cui semi si fa oglio ) si ha il 60 per uno, e quando £l molto bene giunge sino ad 80 per uno. Altro di più non seminano quelle genti, che alquanto di rape piccole rosse , radici , agiio molto y e poche picccdine

OCTOBRE 1834. 27S

cipoUe. Ve^ la parte di mezzogiorno altro di più non si trova^ che alcune poche noci^ pîccoie péni- che^ e pomi selvaggi> ed in Trongngè vr sono al- cune viti incolte^ che fanno un poco duTa^ aicune pocfaîssime sorti di fiori , che è quanto si racole dalla terra.

Per vestire non è altro che il panno di lana, s«ja o sia stametta, coperte di lana, il tutto di .far- ghcasa al [»ii un palmo e mezzo^ e pdUi conce coi pdo. Vi sono moite minière Joro nelle provincîe SU, di Tzang, di Ciang, di Takpo, Komhb e ICham; dai^ento (per cpiello si sa) nella provinda AiK^ham» Vi sono ancora le minière di ferro^ rame, ed altra di minérale duro a guisa deg^i altri metalli di color bianco a guisa di stagno, ma non è stagno> e lo chiamano tikzà (che se ne servono per fare una q)ecie dottone mescolandolo col rame) di zolfo, vp- triolo, ginapro, azurro, piètre turchine, color giaiïo che chiamano paulà, hovs^ce^ sale in pietra, terra bianca minérale ^ che serve per le case in luogo délia catcé^ un* altra specie di terra candida minérale cor- rosiva^ che serve per sapone^ per tirar fuori il colore, e far cuocere sollecitamente le vivande, piètre qua- drate di Ire specie di color di ferro, dargento e doro, cristalio di monte ^ che se ne servono per fare piètre fôcaje, ed alabastro. Vi è il reopontico ed altre me- dicine. Vi sono ancora diverse acque minerali, medi- cinali, calde e fredde, che percio non sono molto

' L'tntenr parle ici du pied romaÎD , qai fait huit ponces et trois lignes du pied français.

18

276 JOURNAL ASiATiaUE.

buone a bcvere per esser mescolate coite suddette acque minerali.

Yi sono cavalli^ bovî nostrali piccotissimi e pochi, bovi dei paese, che hanno il pelo lungo, giumenti, muii; pécore in quantità^ câpre, vacche delf una e deir altra specie, che ne ritragono abbondanza di but- tiro, per il latte molto che producono i detti anhnafi, senza pero saperne fare il formaggio, porci piccoli, la carne de qusJi è poco diversa dalF altre carni^ cani m quantità e grandissimi, e poche gafline. Animali lel- vaggi, alcuni iepri , animaii del muschio in quantità, marmotte, alcuni cervi e capri, e bovi pelosi. Vola- t3i, passeri^ poche lodole, corvi/Ëdchi, aquile ed aitri uccelii di rapina , anatre ed oche selvatîche m quantité. Yi è anche molto pesce, ma pero dal primo giorno dell* anno sino air ultimo del settimo mese è proibito di prenderlo, e la caccia de volatili è sempre proiblta.

Circa il mangiare.

I Thibetani tutti bevono quantità di thé £sitto con latte, buttiro e sale, e lasciano un poco di thë nella tazza, ove mettono la farina d'orzo e fanno la pasta, e poi se la mangiano. Per il pranzo e per la cena &nno la pasta dellà farina d^orzo o col thé, o acqua, che mangiano con la carne, e pesce, che tanto Tuna come laltro mangiano crudi senza cuocere, o came seccsL senza sale, alla riserva d'alcuni più comodi, e riochi^ che si trattano con un poco più di distinzione.

OCTOBRE 1834. 277.

Intorno le merci del Thtbet.

Vi sono li sopraddetti minerali, panna di lana^ stamina, coperte di lana^ muschio e bestiami anti- detti; carta che si fa in Takpb e Pari, che sta al mez- zogiorno deila provincia di Tzang, ch' è quanto sta nel Thibet. Da altri regni poi corne dafla Cina ven- gono maiolica, pochi vetri^ drappi di seta^ di bavel- la ^y brocati^ tele di bombace bianche e colorite^ seta e filo di bombace per cuscire^ poco thë (mentre la quantité grande viene dallo stato di Tarcenton^) ed altre cose. Da Népal vengono teie di bombace, ottone e nime lavorato^ ed altre cose. Dal MogoP vengono bombagine bianche e fiorate, drappi di seta e ricamati, brocati, scaiiato, coralli ed ambra (che queste tre cose ultime vengono d*Europa ) , piccoli diamanti ed altre cose. Da altri regni vengono altre merci ^ ed i mer- canti^ credo, che guadagnino molto, perche prendono i danari ad interesse comunemente sino a 120 per cento, ma aile voite sino al30el40 per cento, con darsi anche per il più il pegno in mano per assicurarsi deD' imprestito.

Circa â natnraie de^ Thibetani.

I Thibetani , comunemente parlando, sono indinati aDa vendetta , ma sanno ben dissimulare^ quando pero

^ Ce 9ont des tîssns faits avec les cocons de soie , qu*on carde nprès en avoir filë la soie , quand ils ont été sécbés et qu'on en a été le corps de Tinsecte.

* Voyez ci-dessus, pag. 199, note 3.

< Cest-À-dire de Tempire du Grand^MogoI de Tlnde,

OCTOBRE 1834. S79

Amdoà, che sono acutisnoii ) si dioiostrano docili ed

umani^ sottomettendosi al ragionevole, speciafmente

*^rfle tioïe deHailegge pni i secolari che î réligîo^, quaii

'Si'Mtidonopiii pertmaci in dîfesadîloro isetta, quando

pero questi ancora sentano ragioni convincentî , cessa-

410 «dalla loFO pertinacia in modo, che anch'essi si ri-

tnéttono, e per le tagioni addottéK da missionarîi

dippucoini contro ia magia, hanno tfalasciato di più

«esôrcttarla. Sono ancora dedid alla pietà t devozione,

led'ïi &r demosine pin specialmente i secolari, e per

qaest' opère pie non fanno conto del danaro, ne di

'vîdhessse, -speoiafmente f>er sofragare Fanimede' de-

!(tmti, non meno sônô profusi nell' elemosine, liia

ezkodio si danno a fare grandi orazioni , e molti sa-

^ficii , ohiamando molti reKgiosi per taii fafizioni spi-

tftnali, e stimanoun peccato grande ed enortne il

ritenersi quanto un minimo danaro delIe cose del de-

fiinto. I religiosi parimente non mancano ancor essi di

fiire per i defiinti elemosine ed altre opère di pietà.

TPcrqneHo ho vedirto e sentîto, e p^pt^attca dd paëse nel sesso femminino si scorge e vede una gran modestia nel vestire e nel conversare , e neir andare in puhblico , e nel restare in privato nelle proprie case in o^\ parte del regno, eccetto che hi Lha^a, t qualche altra città di commercioj a cagione délia diver- àùi delle nazioni che vi concorrono , mostrasi qualche lib^rtà , non peraltro acceclente. Quando fanno ibâili, bdiano donne i6on donne, ed uomini con uomini, e sarebbe un gran scandalo se baliasse una donna con un m&mo.

280 JOURNAL ASIATIQUE.

Intorno al polîtico e temporale goyerno.

Prima del 1 706 il grande e supremo Lama} en padrone di tutto il Thibet , ma per aver più di atm-

' Lama significa che non vi c aTcuno sopra di lui , e Tien prew per «nperiore def Convento. Qaesti lami lono di più aorti. GVjoï dî- conai lami rinati, e aono qaelli, che morendo credonai pataue da un corpo ail* ahro^ e di questi sono li grandi lamî, qn^i aono molti ed ogn' uno ha sotto di se varii conventî, i snperiori de* qualÎTCiH gono eletti dal respettiro gran lama, o per virtù o per gruia e qnesto in vita, ne ai levano se non per graviasimi ecceaai, benal id- Yolta vengono mntati da un convento inferiore ad un* «Itro aspe- riore, e questi diconsi lamî non rinati ma eletti. Il grande e snpremo lama non pu 6 prevalersi de* religiosi de' conTenti, che dipcndoBO dagli altri grandi lami per eleggerii lami delF univeraità. I grandi lami benchc non siano soggctti al supremo, pure ha qnesto Bvpre- mo lama, ed in oggi il vice supremo lama, precedenxa dagli altri, e nelle differenze tra di loro il snpremo o TÎce inpremo è qnello che décide e definisce , ec. Tengono quelle genti e credono infonnati li corpi 6i questi lami dall' anima d* alcnno àà. che sono varii come si disse di sopra.

Le mot lama s'e'crit en tnbëtain ^ ^J bLa ma, il lignifie

supérieur ou prêtre supérieur, et non pas mère des âmes, camme Pallas le dit dans son ouvrage allemand sur les Peuples mongols (vol. II, pag. 119). Ce savant s*est trompe parce qu'il a cm que

ce mot s*ëcrivait ^ jj H'ia ma, ce qui signifierait, non pas

mère des âmes, mais mère des dieux (dëvas). Quant à la ddipomi-

CN

nation de H V<JC^ ^ C^ '^"^ Ità'la ma, elle se compote du terme tnbétain lama et du mongol \J * ^* v> Talrn on DoUâ,

qui signifie mer* Cest la traduction du tnbëtaîn ^l (^^QU

rGhia mtso, mer, océan , titre que depuis longtemps ont adopte les membres des hautes classes de la hiérarchie bonddbiqaew

OCTOBRE 1834. 281

dere ai govemo spiritusde, teneva per difensore del regno un Tartaro delIa famiglia dei Capo delli trenta- due Regoli di Kokonor Talà kuscy^ ed a cui dava nome di Re, ed andava per successione ne* fi^ in mancanza di proie mascolina, il supremo gran Lama eleggeva altro deOa suddetta Ëunig^ia, dandogli per suo appanaggio tutta ia provincia di Ciange per rendite, e per dominio; esso Re SiS ne resta va poi nelF estate a Dam e nelf invemo a Lhasa^ nel palazzo detto Kadèn khang sar, il cui dovere era di difiendere il r^no dafl' invasione de' nemici con soldati proprii Tartari e Thibetani del regno , stendendosi solo il govemo po-

Le titre tnbétam du Grand* lama est *N JJ J<U\ ^\ db

La ma rmpo tsie, cest-à-dire : « Grand-prétre , joyan précieux.»

^ Le prince que le P. Horace appelle ici Taîà kouchi est le ce'-

ièbre ^il^^ fNA,r\,^o Lj-VI V>V^ Gouchikhan tourou batkhou,

fils de Khanaî noyan khonggor, de la tribu des Khochot des Dzonngars. Ce prince étant retourne avec tous ses sujets aux bords du iac Kokonor,. leur ancienne patrie, fut le premier de tous iey chefs et comtes àea Dzoungar qui reçut un titre de la dynastie des Mandchous, nouvellement établie en Chine. Sous le Dalai lama de la cinquième génération, Ngawang lohdzang ghia tntso, qui aTait obtenu .en 1563 rinyestitare deTempereur de la Chine, il y eut de grands troubles dans ie Tnbet. Zzang pa ou Dzang ba khan, chef des tribus nomades de ce pays, résolut de détruire ia reli- gion bouddhique. Le diba, ou vicaire du royaume, eut alors recours à Croachi khan, qui arriva à son secours, battit Dzang ba khan et mit son propre fils Dayan khan sur le trône du Tubet. A celui- ci succéda son fils Kontchok talat khan, qui eut pour successeur son fils H'ia zang kkan, le même que le P. Horace appelle

es Cs

Ftr^ZSl J^^^[2^î!^^ Dziing ghir khang. Kl,

282 JOURNAL ASIATIQUE.

litico per qualunqve causa a snoi sudditi Tartan , e per il militare ed in tempo di guem aneke a' tteteni soldati thibetani.

Esso supremo gran Lama paritaente tfn' akro Ttà- betano di gran rango scetto per merito 'di 4Bli[licill, ïiobiltà , ingegno e sapere , a cui da^ il nome éi lÏÊfâ, quale per i ampia autorità , che veni^a umafalilt M medemo supremo gran Lama nel totale fiâÉiticii'^ vemo di tutto if r^o esso medesmio Re tamirb ^ veva cedere il luogo , e sedere neile puMiIiche fuiiiiwi in parte itiferîore al Tisri, sensa pero casctthOâ qo/Mo s<^etto. Esso Tisri neiie pubblicfae fuittiotii , •eiidRe visite de! supremo gran Lama vestir doveva con abito religioso. AI solo Tisri spettava eleggere î quattro Khalong, cioè ministri di stato , a' quali communicava la facoltà.di eleg^ere i governatori non provinciali , ma subaltemi a tutti i governatori generali deHe provinde, e città primarie di tutto il r^no, che solo ït TVffi el^geva di sua autorità, corne parimente tutti gfi aitn prinoipalr ministri, ed officiaii maggiori dittittoîl re- gno, con riserbarsi anche le cause di lûotte, ed alUrè di gran rilievo, allé quali non si poteva stendere Eau- torita de' ministri di stato , ne govematofi geimidi>, «é altri principali ministri ed oi&ciali. Da queSte sâdJefte disposizionî de ministri , ufici e go verni tempondi , il supremo gran Lama si dispensava d'ogni îngiBratta aile cose politiche (se non fossero state in appelfaûiritlift a lui contro H medesimo Tisri ) per maggiormente attendere aile materie spiritusdi e délia le^e.

Lultimo grande e supremo I^ama padrone ïsflOfiito

OCTOBRE 1834. 283

dei Thibet per nome Loszang rincen Txang jttng

ghianUzhb, che significa, grande cdotthno cuore

e mare del canto musico^ o (igurato di Tzang(ch' è

un faiogo delii Lhà^ ossia per dir Dei) e quantunqnë

fiasse d'un grande ed elevato ingegno^ ben mdto libe»

ndfe^ anzi prodigo, ed amatore delfe grandezze, vîveva

perb dissdutissioiamente a tal segno, che ne H Tiif%

per nome Sangkih ghiamtzho, ne il Re tartaro per

nomé Ginkir khang, ne l'imperator deila Cina y ne il

Bjedi Giankar, ne i r^oli di Kokonot per mézzo de'

ioro ambasciatori gli potevano far cangiare i di iiii

pessimi costumi. In quest* anno 1706 furono grtmdî

dissensioni tra il Re Ginkir khang, ed il Tisri Sang-

kiè ghiamtzhb sino a ta! puntoy che il Re Gihkir

khang fece uccidere il Tisri, dopo di che il saddetto

grande e supremo Lama seguitando pure le sue diso-

lutezze^ 3 Re Ginkir khang non potendolo più soffrire,

si determino , col consenso pero dell* imperator délia

Cma di deporlo ; onde fingendo che i'imperator della

Cim f k> chiamasse a se con pretesto d onore-^ dal ctMi-

vento di Brèpung, o sia Brèboh, ove i rdigiôsi la-

vevano condotto per saivarlo, manuforti armati tutti

^ 'LkUp Dei» cioè quelli che per ricevete H prémio delIe bnoile opère fiitte, si trasmigrano in altrî corpi in Inogbi di dilirioi obe ne nomerano trentadue, in uno de' quaii passano a misnre delle Ioro Bnone opère, ed i libri délia ioro iegge dicono che yi possono pe64Bire,manonoperare opère meritevoli, e peccando, a tenere di efltfî peccati , o per i peccati antécédent! , ti trasmigrano poi neile hestie o Tantaii o neii' infemo, e se non hanno aicun peccato,ripas- MBO negU Homini ; intanto perd che sono Lha ne* Inoghi di delizie sono ÎBTOcati e yenerati.

284 JOURNAL ASIATIQUE.

sopra al numéro di 60 mila, il vaiore perè delT annî ciel suddetto Re lo toise dalie mani de' religîosi e lo condusse a Dam, dove (conforme i'asserto comune) lo fece decapitare, nonostante che riferisca il libro ddl' istoria intitolata Naue ciu len i k'hyk^hun ka sgiusb : cioè stare in grande attenzione e oon cuore allegro per udire i successi registrati (cioè în questo libro ) lo mandasse in Cina , e per strada moriaK d"!- dropisia , e questo successe nel fine de! 1 707 nd quil anno li 12 giugno arrivarono li nostrî primi Padri, missionarii capuccini della provincia deDa Marcad'An» cona, missione del Thibet.

Dopo di questi successi il Re Ginkir khang cosd- tuî per grande e supremo Lama, il Lama del convento di C'iapohri^ per nome Ngawang yiscie ghiamtzho, in cui per asserto dei CUokhtong era passato non Fa- nima ma lo spirito del supremo e grande defunto an- tecessore.

Nel 1 709 giunsero cinque ambasciatori del impe- rator della Cina, che ordinarono da parte del mede- simo imperatore a tutti i Thibetani di riconosoere il suddetto Lama Ngawang yi scie ghiamtzhb per yero supremo Lama , ed il Re Ginkir khang per vero e legitimo Re di tutto il Thibet come fu es^oito da tutti.

Deve pero notarsi ^ che Fanima del prefato defimto supremo Lama secondo il credere pazzo de' Thibetani era passata ad informare il corpo d un fanciullo figlio

* Cest-à-dire « de la montagne de fer. » Voy. le iVoMpeffi Je nal asiatique^ vol. VI, pag. 344 , et Description du Tuket, pag. 975»

OCTOBRE 1834. 285

d'uin religioso thibetàno espuiso dal convento di Brè- pung, o sia Brehon, nella città di Lithtmg proyincia di Kham, cfae dicono rinato, e nacque net 170& che sparsasi la voce esser rinato il gran Lama, gran numéro di religiosi e scolari furono a riconoscerio ; ma perché Fimperatore delIa Cina voleva al govemo spi- ritude il di sopranominato dal Re tartaro^ e da lui confermato y feçe prendere e porre col detto fanciullo lutta la famiglia per custodirlo y corne fece con cinque . miia soldati^ dentro ia fortez&a di Scilin o Scilingh, dove fil trattenutô sino ail* anno 1720^ nei quale anno Fesercito Cinese composto di 107 mila soldati dnesT^ e 30 milâ Tartan riprese la metropoli di Lhasa, e s'impadroni di tuito il regno del Thibet li 20 set- tembre^ e rovina totale dé* Tartari Gionkari, che proditoriamente coIF intefligenza d*un gran partito Tbibetano avevano usurpato il Thibet e dati piii sacdiî coSa presa di Lhasa tra novembre e décembre 1717. Ripreso dunque da Tartari Gionkari il Thibet e Lhasa da Cinesi^ questi li 6 ottobre delF anno suddetto 1720 riuosero in possesso il detto rinato gran Lama a cui «sso imperatore di Cina çonstituî unicamente per go- vemo spirituale^ e per temporale e politico elesse, ma suo tributariOy in luogo di Ginkir khang ucciso colla Y-oviria di/tutta la famiglia da Gionkari, per Re Tel- cin hathur^.

^ TWcth hathour est ie même prince que K'hang tsien nm Sodhnam ghialbo, qui fut nommé à la dignité de bei dzu par f em- pereur Young tchmg. Noup, Joum^asiat. t. IV, p. 126, etVI,^ p. 949. Descripu du Tubet. Paris, 1831, pag. 46et343._Ku

286 JOURNAL ASIATIQUE.

Nel 1727 per ordine dei gran Lama unito coldi lui Padre, tre ministri di stato e moltî grandi del regno 5 agosto nella saia regia fît trucidato H Re Tekin balhur\ e nel 17-28 l'impcratore délia Cina mandando un* altix> esercito di sopra 40 mila soidati , fece pm- dcre tutti i complici , e nel primo di novembre fisoe giustîziare atrocissimamente 1 7 capî principali, e Bai- ûssîmî altxi che non poteron future, e coBipiiâdi tai assassinamento furono mandati in Cina, e nel me- desimo anno 1728, li 23 décembre per ordine id medesimo imperatore fïi oondotto via il gran Luna con suo Padre, e con lutte le loro rîspettive corfr, e furono posti in una fortezza vicino a CenioJu% e fii eletto dal medesimo imperatore per govemo spîritode il Lama molto accreditato, e bastantemente potente del convento di C'iotin nelfa medesima provincB d'I7 drca quattro giomate da LJiasa in vecedein* premo gran Lama y per nome Kiesri ribocè, che tf- siede nei paiazzo del Putalà^, o a Brèpung, oome

' y oj, Nouff eau Jûumal asiatique, t. VI, p. 249, «t asiatique. Paris, 1836, m-8<>, Tolume II, page 919. Kl. * 7cAAi?i^r<mybti, capitale du Sza tchonan.— Kl.

' Puialà, nome del paiazzo délia residenza del supremo ÏMmt, ck« è straordinariamente alto. Fntalà è fabbricato sopra im piccolo colle, alie falde di f|aelio, ed air intorno ne sono confcati. fi supremo Liama mai sta assiso sopra Taltare, ma bensi inUimo Ticiao air altare, o sia in chiesa, e nel paiazzo, ove yi è la capella con Tal- tare. II supremo Lama per il Re grandi Lami rinati, ambaasndori dfaltri Re, e simili personaggi si leva in piedi , e tocca teste con teste. Il supremo Lama morto ne bavera 400 religioaî elettî dfe Iw, qnesto ne ha 900, ma non sono lami , ma religiosi, e di qiicste poi ne degge per lami de convento.

-^

OCTOBRE ia»i 387

façemiB^. Uitti^glî aitri e supremi Laaia. Nel 1729^. rimpeiatcure ddila Cma constitua Re di detto TbihH a. lui tributoiio Todicurno i:^;najite Mi vang^, che JidiO' pfçapm e^ felfcîti sino ad abbracciare la sauta, fkde cattelica^i come u'è ben propenso aasieme con tulta la

Il medeswp imp^ratore deUa Cma b«1 dichianuoe: !Re îL auddetto Mi nang gfi ba conferito anche tiiilo. il govecDA tomfiondk ^dbîario e poIitîoQ, corne aveva pialicato coff antecessore Tekin hathur^ aot- tsacaKlone tûtidmente i autorilà temporale dal suprême graii.Laiiia> cfae pefcio in oggi il Re auctoritate prorr JEWÛ* ekg^ il quattïo Kbalong, o sîano ministii dî. stato, li Tebà o Deha cinbo, o siano go-vernatori gène* xaîi. deSk provincie e città prisiarie , corne' ancora tutti 1^ aitri vunisti:! ed ufficiaii maggîori y e principaii, <lAlNfe iorOk tttt^ Tanlorità si ckca il geiyerno po&ticô e criminaley corne anche militare in iuM le cause ^ che non sono capitali e gravi. In eleggere li suddetti go- vernatori generali, e ministri^ ed ufScialî mag^iori CQnsîgtia e sente il parère de* suddetti quattro ministri <Ji stale», con i quali il Re tiene consiglio tre voite pf^. c^ni settimana assieme con aitri ministri, e set il. Be è aasente presiede il primo ministro di atato, non daildoai peiîo esecuûone venina suite loro risoluzîoni semfttCapprovazione del Re. Questo parimente non f csecuaîone di veruna causa di morte , o di gran rilie-

^ Ce roî 3ii wang est le prince Phoh'lanœ sodhnam tohgiœi il porta ce dernier nom parce qu il habita autrefois dans un lîea ap pdë Pkoh'Umœ» Voy. Magasin asiatique , ioc. cit. Kl.

288 JOLRXAL ASIATIQUE.

vo scnza il sentimento e consiglio di ma. ministri di stato , grandi di sua corte , e consiglio secrète. Li mi- nistri poi con altri consiglicri si congr^no negli a&ri giorni tutti , per le discussioni d'sdtre cause oomuni, ordinarie^ c di non molto riiievo. Âppaitîene poi i rninistri di stato lel^gere gli aitri govematori, mi- nistri cd ufficiali inferiorî, subaitemi e dipendenti di govematori delle provincie, e da principali ministri ed udîciaii^ di modo che in oggi ad supremo gnn Lama altro non resta che il govemo spiritualej e de' religiosi, se sono professi, e se tali per gravi (fafitti vcngano espuisi dal convento^ il tribunale li castigi, corne ancora punisce queHi che non sono profiessi; ae poi non diffettosi gravemente^ li religiosi sono punid o dai Lama superiore del convento y o dal vice supn- mo gran Lama, che in oggi govema in luogo ddsii- premo gran Lama , che resta ristretto néBsL forteai vicino a Ccnfu come si disse sdtrove.

Intorno alF amministrazione delfa ghuduft.

I giudici thibetani, che sono tre tassano le pêne a deiinqucnti , secondo vengono prescritte dalli loro lihri , cho po.'^ono dirsi legali , che ass^poano ii cas- tighi a niisum degli eccessi tanto in materie criminali quanto in controversie civili , non mancando neppur ahri lihri che trnttano di simili materie come esposi- tori; di quosti os|.xisitori perà non se n è fiitt» (ffîgenai ]HT attondero alla oi>gni7Jone degli altri, che tiatluio di rrligiono.

Vi 0 lui^^-o d appoHazione . dalii capî dcgli nomi-

OCTOBRE 1834. 289

ni ^, che sono giudici ordinarii , ad altri mini^tri che

sono riveditori délie cause, dalli riveditoriafli ministri

<Ii staXOy e da questi in oggi al Re ; e quando il supremo

Lama era assoluto padrone nd temporale , pér .cui

-eteggeva il Tisri a questo si faceva ricorso, e poi in

caso di bisogno al supremo gran Lama, con questa

cautela perô de ministri, o maestri di caméra non

j^resentare d. supremo Lama le cause criminafi de'

Aondannati ad esser puniti corporalmente c6n basto-

nate, tagliamento di mani, morte, etc., se non volevano

fbssero graziati ii reî, perché erano certi daver la

grazîa , e le presentavano solamente quando volevano

fiir la grazia a qualcheduno, perché il gran Lama è

ttibunale di misericordia. I iftuddetti tre giudici si

uniscono quotidianamente in luogo del loro tribunfde

in ore fisse mattina e sera.'E nella mattina niun mer-

cunte ne venditore puà vendere cosa alcuna fintanto

che Ii suddetti gitidici non aprano dal loro palazzo la

ringhiera maggiore, che resta aperta dalla parte delta

piazza e verso ilmezzo di riserano , e devono parimente

Ii venditori riserare le loro merci e ritornare poi nel

dopo pranzo nel modo stesao che la mattina, bastando

aimeno che un solo de giudici si trovi nçl suddçtto

palazzo. lo non ho letto molto i librl delIa giustizia,

^ ^J l^^CTJ ^i pf^> <^*po dagli uommi, de* qoali flono

gîadici, facendo eseguire la giustizia su le cause che loro spettano, ed m Lhasa souo tre, che si uniscono nelia propria residenzâ, etc., corne è stato riferito nelF aitro foglio sull* anùninistfazione' delIa ^ustizia.

XIV. 19

JtlLIIinAL ASIATIQUE ' Atriy (jiicj poco die ho lettn. ed ht> t-e-

.(.- csusr ôviJi è necessario pndam le V4> Il imtônoDU , e s«coiiclo qoefli rfango II

. >il utQ;i V. ^. prrscnlaDo le scrilture e pmc I , M non suno causû (ti scrilturv I«flg|ire iiilwiviiuDvi e domuiùdanno U seatom, l>naM (furlln catisii che prima i' Jtiia pn^ u tiuvor pagare i ^iudici, ne ajiri iiiiiiiiliiL ..i.'liv tiUli wnu, stipcDdûli (lulla caméra n^n.ev k 4^ ^UtticUu taâsn di pvnu pecuniai-ia , la metioaa rfi F nuuwguuHa aJIÎ mintstrî di stalo al fiacdetf i.' w iliiit in appre&so; str pot min *i spoo n^ i>i> (inivc. rie trstimonii prr Ir cc»e pâiïrfp wwinpiM iim> liii hnpreïtalD qoakrfae am. !■ ^Knitura nr l^»limonro, piodici biUM Il iilU lor [in-sritra . i- tfuelk} & ptn nsnCH^ <)ticltw > vwriitlco; ])«r le rose di rilievo cfamo d gî^ LtuirilUi lit tlut> DMidi : ano cui tnriien* dur pteM., •iiiH Kmmu* * l'ultH) n^ra, in ima ptf^ d'tiglro faollMI^,, '■«UM V<»I*><U a Mtrlr. si la tirar foori ooo le mani wrir*.. - ^%.kM«tiA> * h nkiDO ntM) ^offcM, qorlfo c t ikttfo vi poiifiB b nHiQ« ; k poi ) «MiM,** brnch* non avcssr imuk tf» M i tuiutoitf u SCT> ono d'au c^rto > wt <u IV iM^iâ ' ii»u raentitorc dew Takiv

c U UNMmï. L'AUrv> moilo di duv H f^anuneato iV

■MBopir nu» qad lèm>, cacl*

^41X <•

OCTOBRE 1834. 391

Intomo aile cause crimînali di contrasti^ parole in-

{^arioise, percosse^ e simili vi è pena pecuniaria ed

«m numéro di bastonate, le quali se ii colpeyoli non

hanno danari, si raddopiano le bastonate, *ed il mede-

simo praticasi con ie donne* L'uso di bastonare ù uo-

mîni che donne , si è posti in terra a bocoone, e dare

gfi aasegnati, o tassati coipi con Iiuighi bastoni sopra

le natiche nude. Se poi quello che offènde fosse ubrîa-

co, non vi è alcuna pena. Se ferisce , e la ferita non è

mortale, vi è la carcere , pena pecuniaria , e tante bas-

tonate; se poi era ubriaco diminuisce la pena; se poî

b ferita era mortaie, e muore per qudia ferita dopo

(anti giorni, si fr^za, o getta si fiume con un gran

tasso al collo; se poi muore nella baruffii subito, con-

servano il cadavere, e preso che sia i'uccisdrey si I^

fl cadavere sopra l'uccisore, e dopo 24 oré inteirano

unîtamente il morto ed il vivo ; nelle risse in cai vi sono

glî spettatoriy questi vedendo tirar fiiori armr offen*

ahrç, devono impedire, e se non impediscono,- vi è ia

penu pecuniaria ancora per gli assistenti. Se Ii signori

-m padroni feriscoiio i loro sudditi ^ o servi- o siano in

buon senhOy o ubriachi non vi è alcuna pena, corne

tiqppure se Ii uccidono, ma solo si discrecKtanOy e

perdono il buon nome, di modo chè non saranno

promossi a gradi o dignità.

AI fine deil' anno tutti tre i giudici di Lhasa si peitano dai ministri di stato e presentano il conto ed 2 provenuto di tutte le pêne pecuniarie, che per or- dîne del Re, quelle delIe cause civili si pongono ndia caméra r^ia , e quelle criminaii si pongono sepani-

19.

29i JOURNAL ASIATIQUE.

Uimeiite per &r eiemosina ai rdigiosi perché facdano sagrifiui e preghierc. Il medesimo osservano gli aitri giudici subordinati ai govematori generali, e quesd passaiio al Re immedia ta mente il suddctto conto.

Circa .le violazioni se uno è ceiigioso e i'altni mo- naca fuori del.monastera, che sono come seryentî dt queili di dentro, e cercano per li medesimi limoaine, o pure sia anche monaca del monastero, che non ba clausuray.tal monaca vien espulsa dal servizîo o mo- nastero, e rimandata a casa, che è d'un grande diao- nore, e se avesse &tto professione, il disonore è assaî grande, equesta non si polrebbe maritare, ancôrchè trovasse partito. II reiigioso poi se è professo è espolao dalia religionè , e per alcuni anni lo mandano tra ^ animali selvaggi nelle montagne j se non è profesao îl reiigioso ne la monaca e di pari consenso, se vogliona possono maritarsiy ne vi è alcuna pena, se perà non si maritano , il reiigioso già espuiso vien ad esser bsM- tonato in pubblico e gli vien dato f esilio da quel luogOy se poiè secolare il viola tore di religiose, vi è reàitio da tutto il regno con l'impronta d un ^igilio infiDcato in fronte.

Intorno air adulterio , ail' adultero se gli la pcna che tassa il marito delf adultéra, e f adultéra, se il maiita non la vuole piîi, ritorna alla casa sua disonorata, e ae il marito consente, di coabitare con lei. Circa poi il lipu- dio se si riclaïua al giudice, il giudice esaraina le ragionî dell' uno e delT altra, e se ha ragione la donna , il marito è obbligato re$tituirle tutta la dote, e darie.iii piii 4 analy d'orzo (ogni analy pesa circa due.Ii

OCTOBRE 1834. 293

romane 9 24 oncie francesi) per ciascun giorno da die si sposarcno sino a quel di che si ripudiano; se ha ragione luorno, la donna perde tutta la sua dote, e ritorna a casa sua. Intorno agli altri delitti contre 3 sesto precet^o vi sono le sue pêne, ma io non ho letto nei iibri ddla giustizia, ne me ne sono informato.

Ch*ca il fiirto quasdo è preso il ladro sr mette in prigîohe, e cônfessato il furto, se la robba è appresso del ladro si fa restituîre al padrone; se poi la robba f ha yfenduta, il compratore perde la detta robba, ed il danaro venendo restituita la robba al proprietario pa- drone; ed il danaro se ë appresso al Iftdro, !o prende il giudice per la Caméra regia; e se fhà speso, qudio che l'ha ricevuto Io deve restituire e viene parimenti applicato alla Caméra ; e se ha rubbato danaro propria- mente spiccio , se si ritrova tutto appresso il ladro, si réstttuisce al padrone, ed il giudice mette la pena pe* cuniaria sopra il ladro per la Caméra, e se è povero si raddopia la pena corporale. Se il ladro ha rubbato pocp ed è la prima volta , oitre la carcere se gli danno tante bastonate, se è molto ed a rubbato à particolari SI raddopiano le bastonate e la carcere. Se la prima volta ha rubbato poco o molto alla Caméra regia o nel palazzo reale o ne' convenli o tempii, si getta al fiume o si frezza , ma mdte volte per grazia gli tagliano ambe le mani; se rubba la seconda volta gli tâgliano la mano sînistrà , la terza volta ambe le mani e poi Io gettanb al fiume, e se non Io gettano al fiume per grazia Io man- dano alla fortezza detta Sgikàkungar quattro giomate sotte a Lhasa , verso mezz(^orno , in vita , deve per

±94 JOURNAL ASIATIQUE.

i mali trattamenti e fatiche non ponno vivere che circa un anno al più , ma sono pochi che vi arrivino.

Se poi il bdro è religîoso , per piccoli furti , e per i grandi ancora , ma pero nel proprio convento , per i piccoli fa la giustizia ii superiore del convento, eper i grandi de! proprio convento , o ii supremo, ma m oggi in assenza di questo, il vice gran Lama; alpre^* sente peirù per il furto di rilievo, o per altri ddKtti anche de religiosi prétende e di fatto e & la causa 3 medesimo Re. Se un reiigioso poi rubba a' secolari V tempii o ad altre persone riguardevoli ed in molta quantità, sarà espuiso prima dal convento, e poi & giudici lo mettono in prigione, e dopo ritrovata tutta la robba lo manda no a guardare le bestie selvag^ ne monti o in vita o ad iempuSy o bastonato e mandato in esilio. Questo perà vi è di maie , che il ooin(Nna* tore, quale ha comprata la robba rubbata, benchè ignori che sia nibbata, e la paghi con prezzo Conve- niente> secondo richîedesse il ladro veuditore, «h cuî non puô sapere se sia o n6 robba rubbata, pure esâo compratore , perde tutto il danaro pagato, ed 9 p^«- gio si èy che credesi al iadro, che dice d'à ver venduto la robba al taie, benchè non sia vero, corne è suix»- duto moite volte a tempo mio, e queHo benchè in- nocente è sforzato dalla giustizia a dar queOa robba o il prezzo equivsdente a quelia.

Vi sono moite pêne per altri diversî delitti, ma io non me ne ricordo , ho portato meco ii libre che traita del modo di far la giustizia e ddle pêne tassate per i deiinquenti. AUi stranieri pero diminuiscono

OCTOBRE }8a<> ^ 396

asfiii le pêne. I tprmentî^.ch^ danno o p^r ignouifaiûi âoiuf bastonate, mettere dentro delT acqw fredda niidi sîtio iJia tesijta, e.poi Urarli fuori e. baistonarli CAP wr^e dî. pelle ),ie riijDetterii ndT acqua e tinMrli fiftori.e di pupvoTÎbaUerli, e cosi^pî^volte; ferirli ic^** gî^rmetifeB con çort^ e tisciai^i le feri jbe coi mie ^ t^ffu-Ii ad uit pulo îgnudi ndla pubblka.pîazxniç ia#- <fliiiî .coâ tiltto il giorno; oppiuie m^Ueiii:^igmuii in

■it .-

. ,' .

un patibolo di legno, ligandofî coi proprii capegli ai n"* 1 ; al n"* 2 legando ia man destra^ al n"* 3 la.mano sinistra, ai n"" 4 il piede doitro, ed ai n"* 5 ii sinistro, e gli danno altri tormenti, the non mi ricordo, fino ad obbiigare. ii rei alla propria confessione de com- messi dêlitti.

y i è poi il costume, chc se ad alcun reo per im- fegai per spécial grazia ^ venisse commutata la pena corporale in pena pecuniaria, e questa non si potesse soddia&r dal reo per easer povero e. aon aver di che, vi.Kmq cinque o sei principali s^ori> che banno i m«- QQItibeKMsa xli dimandare feieinosina ^ per coi prendpno qH^dunqjoe apecié. di robbe,.finchè. ^giuliga al pressep t4issilto> ed i giudîci per prezzo préndôno ie medesime

296 JOURNAL ASIATIQUE.

robbe finchè giungano ail' intera soddîs&zioiie , e libé- ra no il reo. •»

Altra pratica vi è, che dodici altri prindpili sî- gnori sono destinati ed hanno incombenza di ancfaie dal Re per dimandare la grazia p^ quakhe reo dr morte ^ o per altra gran pena corporale, e m H Re è propenso voler far !a grazia , accorda rudienai idiî pre%tti signori , e quando non volasse il Re br td grazia^ con qualche pretesto nega loro Tudienza. Le prefate signorie primarie, quando viene çondannalo alcuno alla morte, vanno con molti principsdi e nudto popolo a far piii voite il giro attorno il tempio, ed anche quando si conduce il reo a giustiziare, i ministri della giustizia fanno assieme col reo il giro attorno il tempio con molto popolo didietro.

( La fin au prochain cahier. )

NOTICE

Sur la vie et les travaux de M. ABEL-RiiiuaAT,

par M. LAja)R£ssE.

(Suite de la première polie.}

Cependant ces nouveaux travaux et Tardeur avec laquelle M. Rcmusat s y livrait ne lui frisaient pas né- gliger les sciences naturelles, et dans la distribution qu'il faisait de ses jouniëes^ la meiDeure part ëtait toujours réservée à l'acquisition des connaissance»

OCTOBRE 18S4. ' »7

nombreuses qu'ex^e fart de guérir. Cette multipiicitjé cTétudes/qni est si souvent une cause 'de perturba^' tîcHi, même pour les intelligences les plus dévelop^- pëes, prouve bien la supériorité de celle dans laquelle elie n'apporte ni trouble ni désordre. L'esprit -humain ne semble jamai3 plus limité que qiiand il cherche à s'étendre. B trouve, dans son ambition même de tout8avoir> mîfle obstacles qui i- arrêtent et qu'il ne peut' vaincre; les idées se croisent, les faits. se con- fondent , les détaib s'effacent en se succédant ; on perd d'un côté ce qu'on gagnait de l'autre ;.au moment saisir les liuance», la couleur dominante disparaît, et il ne reste de tant d'efforts qu'obscurité, incertitude et humiliation. M. Rémusat est-il donc une exception à cette 'loi de Dieu, qui ne permet pas que. l'homme perde jamais le sentiment de son infériorité? On pourf rait le penser, si Ton ne savait que ses études, quelle qu'en fut la variété, étaient toutes dir^ées vers un but unique, avec une rare puissance de moyens, que secondait une méthode combinée avec sagesse, suivie avec persévérance, qui lui faisait trouver le temps d'apprendre beaucoup et le secret de ne rien oublier. Il avançait ainsi d'un pas égal dans presque tous les genres de' sujets, et c'est en s'entourant d'un savoir en quelque sorte encyclopédique qu'il se préparait à des travaux conçus dès lors, mais qu'il' voulait mar- quer au sceau de la perfection avant d'y attacher son nom. Suivez ses progrès, et vous verrez comment, loin de se nuire, le noiàbre et la diversité des ma- tières peuvent se prêter un mutuel appui. Ses^rcr

298 JOURNAL ASIATIQUE.

cherches se confirment ies unes par les autres , elles se rectifient à mesure qu'elles s étendent; et, en leur appliquant les connaissances qu'il possède déjà sur d'autres points, il s'enrichit d*une multitude de coÊk* naissances nouvelles. Tout se lie, tout s'enchatno dans cette tête si bien organisée, et ce n est pins seo^ lement le désir de se faire un état, secreet dei ressources pour un avenir qui n'est rien moîiis quW sure, qui anime son zèle et sollicite ses effintsf^'ce n'est qu'un stimulant bien fiiible, quand fanloiiir des lettres, plutôt encore que celui de la ooiukUnH tion quelles procurent, ne s'y joint pas« Maïs les in^ téréts d'un peuple que la prévention et l'enthcRiiiasnie avaient seuls jugé, étaient, pour ainsi dire, dsvettus les siens. Désormais il fera cause commune avec iei Chinois; il lui importe que les préjugés dîspareîsMBt et entraînent avec eux ce reste de ridicule qu'ib avaient comme attaché au nom de cette grande natiûiLi Y<iHk ce qui le porte à pénétrer tous les mystères de k iw« ture , à s'initier à toutes les abstractions de ia pliife* Sophie, à se rendre familiers tant et de si dMKrenta idiomes. Pour la plupart des hommes l'érudition n est qu'un but, pour lui c'était un moyen ^ et. h acieiice même de la médecine, qu'il possédait alors ckna touA ses détails, devait concourir aussi à i'accomplinement de ses projets.

A n'en croire que l'opinion la plus généraiemeoi accréditée , cette science, ni aucune de celles qui oon* tribuent à sa perfection, ne seraient pratiquées àià Chine; Fanatomie n'y inspirerait qu'horreur et d^ieftC;

OCTOBRE 1834. 299

on ne reconnaitraît aucun principe physiologique; les ressources que f histoire naturelle et la chimie ofirent pour le traitement des maladies seraient inconnues ion méprisées^ et toute la thérapeutique consisterait en prescriptions ridicules et en pratiques superstitieuses. En vérité, H sembleraîc; ou que les Chinois ne coh* naissent aucun des maux inséparables de noire èxia* tenoe, puisqu'ils n'ont ni éprouvé Je besoin , ni trouyé le moyen de ies soulager» ou que, lorsqu'ils les af^ fligent, ils exercent chez eux plus de ravages quç partout ailleurs; mais l'exubérante population de cet immense empire démontre le contraire : il &ut donc admettre que f expérience et {observation tie sont pas aussi méconnues des Chinois qu'on se plait à ie sup- poser, et qu'elles sont, chez eux comme chez.nous> la baoe d'un système médical dont f application est, à la Chine ainsi qu'én France , tout a fait indépendante de la momerie des jon^eurs et de f imposture des charlatans. Parce que ce système est moins étendu^ iBoins par&it que le nôtre, en concIura^t-on qu'il n'existe pas; et s'il exbte, le rejettera-f-on sans exa** men? Les sciences n'ont pas deux manières de se for* mer : ies principes sont les mêmes partout. Sans doute ii y a une grande différence entre vouloir expliquer la nature d'une maladie et chercher à la guérir. Aussi > que les théories des médecins chinois soient fausses, alisurdés, cela peut être; mais leur expérienbe est trèfr-longue, et par conséquent très-édahrée , et kur pratique est souvent heureuse, parce que leurs obser- vations sont très-exactes.

aoo JOURNAL ASIATFQUE.

Us ne sont pas d'ailleurs plus ignorants en anato- mie que ne Tctaient les Grecs : loin de , ils possé- daient des traités suffisants pour donner une idée générale du nombre, de la situation et de la disposi- tion des parties^ longtemps avant que les préjugés permissent aux Européens de 8*occuper de semblables matières. Aucun peuple n'a porté une plus patiente sagacité dans Fétude des moindres phénomène» phy- siologiques , une plus minutieuse exactitude dans la connaissance des signes des maladies, une plus grande variété dans les moyens de les prévenir et de les com- battre. Dès le dixième siècle on les voit pratiquer Finoculation; et le moxa, l'acupuncture ont en quel- que sorte pris naissance chez eux. Leur diagnostique au moyen du pouls est devenue célèbre, surtout depuis que Bordeu se l'est appropriée en partie. Enfin les pronostics qu'ils tirent de l'inspection de la langae , conformes pour la plupart à la doctrine européenne, indiqueht assez leur attention à examiner les rapports, des organes. Ce genre d'esprit patient et observateur qui les caractérise les porte même souvent à aperce- voir une action mutuelle entre les oignes les plus éloignés, et le seul reproche qu'on pourrait .leur bire serait tout au plus de l'étendre au delà du nécessairej et^ il faut Favouer, du possible.

Tels sont, en aperçu, les principaux fîiits contenus dans deux écrits relatif à la médecine des Chinois, que M. Abel-Rémusat publia en 1813^ L'un d'eux,

^ Sur la médecine des Chinois, m-8^ Mélanges antàtqoM, tom. I, pag. 340.

OCTOBRE 1834.' r 301

rédigé en latin ^/ fut la dissertation inaugurale qui! présenta pour le doctorat , et il obtint ce grade avec une distinction qu'il dut moins à la nouveauté du mir jet qui! avait choisi^ qua la manière dont jl en avait développé et soutenu les diverses propositions..:

Quoique I épreuve qu il venait de jsubir soit ôrdi^ nairement le terme des études , M. Rémusat était:i&ui de considérer les siennes comme achevées. Aux-, théo- ries des autres il voulait encore joindre la protide de sa propre expérience; mais ia clien telle dun'.^iine médecin, qui vient à peine de revêtir la. robe^ estpeii propre à remplir de telles vues. Aussi les soins jfpaad d autres auraient mis à s'en former une., îl les enlploya à se Êdre admettre dans les hôpitaux. ies obsenrfr' tiens sont profitables, parce quelles sont.de ^ous iis instants et de tous les genres. On y exerce sa: profes^ sien de la manière la plus noble, en sappijquarit; sans aucun autre motif d'intérêt que celui.de ia science^ au. soulèvement de ses semblables. les ieçons; -se gravent dautsint mieux dans l'esprit quelles sont s6u«^, vent déchirantes , et quelquefois terribles. Pour iqui a connu M. Rémusat , aucun.parti ne semblera moins convenir à. sa personne et à son caractire que celui qu'il embrassait. Doué d'une extrême délicatesse d'or*' ganes et d une sensibilité profonde ,. qu'il ne pouvait surmonter, quoiqail cherchât à la dissimuler à tous ies yeux; contagioniste par crainte, plus, encore. peuti

être que par conviction , il sut vaincre ses répugnances^*

•• . '

*■ Dissertatio de glossosemeiotice , stpe de'signis morbonmquœ è Hïïiguâ êunUitUUr, prœsertim apud Sinênses; in-4o. " '

303 JOURNAL ASIATIQUE.

et mérita d*étre distingue pftr M. Percy, qui ëofnah en pariant de lui : « Ce jeune docteur, rhonneor de « notre école , qui a su ailier l'étude des bAguea ana^ « taies à celle de la médecine^ connaît assez celte « science pour l'exercer utilement et avec sticoès. Il a « fréquenté les grands hospices de Paris , et je fai plus cd*une ibis distingué dans nos dîniques, oit fl prts a crivait et remplissait de temps en temps fenctioiis « de praticien. »

Bientôt les circonstances f obligèrent à finie par devcHT ce qu* il n'avait entrepris que par zèle. Il avait réussi^ en 1808, à éviter les rigueurs de la cooscrip* tion. La loi admettait quelques exceptions.alofs. Fib unique d'une veuve dont il était le soutien, et de piuA afiêcté de strabisme , il avait obtenu d'être reformé, et devait se croire à jamais àffiianchi du service mSi- taire, quand parut un sénat us-consulte dont les eif- gences étaient proportionnéctià l'imminence du danger qui menaçait Fempire. Le Rhin et l'Escaut, les Alpes et les Pyrénées allaient être franchis. On appela aow les drapeaux tous ceux qui avaient étéprëcédemmeiit libénés, en remontant douze années en ahière. Ce rappel atteignait M. Rémusat, et cette fois quel'éaiKMr avait-il d'être exempté? Il felkit trois cent 'nSHé hommes, il les fallait sur-le-champ, sans e^sAtae ni prétexte! Cependant sa position, ses travaux, les es- pérances qu'on «tavt en droit de concevoir de-%riV intéressèrent en sa faveur quelques hommes pitt»- in- fluents encore par leur mérite que par leur rang. On hasarda des démarches; M. de Sacy surtout déplo^

OCTOBRE 1834. 808

en cette oc4a8Îon tout le -zèle que peut înspîrer b plus bfenyei&ante fifTeclion. Ce n était pas ia première ibis qotiL en donnait des preuves i M. Rémusat, mais il ne lui en donna jamais de plus éclatante. Non content de ses propres sollicitations, et pour mieux en, assurer le succès, il fit intervenir T Académie des Inscriptions elle-même ^ qui, d'un acc(»rd unanime, adoptant en quelque sorte. M. Rémusat, demanda qu!il ne fât pas forcé d'interrompre des études chéries et d'abanden* ner une carrière tout Êûsait présager ses succès^

Heureusement cette a&ire dépendait d'un ministi>e que les soins de Tadministration , pas pins que les £i* t^es de la guerre , n'avaient pu rendre étranger auf lettres* II pensa que la faveur qui .résultenrit 4une pareille -distinction pouvait être accordée sans^brain te d'ouvrir une porte aux abu&i Toutefois; la- Joi était st rigouretBe,.]es instructions étaient < si précises,' que M* Diaru ne cîrut pas pouvoir; sans restriction, &ire droit i ce qu'on pourrait appeler la réclapiatiop df f Académie , et autant peut-être pour garantir sa ^res* pousabifité que pour mettre le: protégé de fInstiniV ^ coiiveiï-de' toute inquiétude; il lefit nommer ofainu» gîèn aide»*major aux nouveaux . établissements formés daiiS' Paris pour recevoir lés militanfes blessés ei nuM» iadetqpe les hôpitaux ordinaires hè' pouvaient .]pibif contenir; Quelque temps après il 'lot adjoint au; iiMf> deci» efi chef de Thôpital de Montaigu, « pour étre^ dit sa conmission, chargé Sun service de fiévrrâx; tt fonction p(u$ conforme à ses moyens et à Tobjet de « s^s études que la chirurgie. » Ce fut alors qu'on le

304 JOURNAL ASIATIQUE.

vit, oubliant ses appréhensions, surmontant ses dé^ goûts, écoutant la pitié plus encore que ie'deFoir, affronter, avec ufi dévouement qui ne fut pas nos exemple à cette époque , les horreurs et les dangeis d'un typhus cruel, qui comptait pour victimes preaqiie tous ceux qu il atteignait.

M. Rémusat eut ie bonheur d*échapper à la cdib tagion ; mais tant de pénibles fonctions et de dou- loureux spectacles, tant de sollicitude et de sonas^ l'avaient depuis longtemps forcé d'interrompre ses travaux. Il ne laissa pas pourtant de publier, à fa fin de cette même année 1813, deux écrits qu'il avait préparés antérieurement, et qui sont l*un et f autre rédigés en latin. Le premier^ a pour but de nous faire connaître un système astronomique introduit chez les Mongols: par les empereurs mandchou», et podr résultat de constater que fa division du dd, t^e que ces peuples fa reconnaissent, ne leur appartient pas plus que la noroencfature des trois cent soixante- six. constellations qu'ils admettent, et dont Ss ont em- prunté les dénominations tant aux Indienis quain Chinois. Si ce travail ne permet pas de résoudre- en* core avec certitude les questions qui se sont Aevées sur f Age et le lieu de l'invention de fastrononôe, peut-être ajoute-t-il à la vraisembfance des con|ectiires qui lui donnent l'Inde, pour berceau, en achevant de renverser les hypothèses que les rêves de Baffly avaaent enfantées. &udra-t«-il chercher ce fameux peupU

* UraiiographiaiiMhgàtica , dans les Mines de tOnénég I. lu, p. 179; et en frança» dans les Mélanges msi'atiques, I. ff, p. 918.

OCTOBRE 1834. 305

perdu, ce peuple antérieur à tous les autres j inven- teur de toutes les sciences , et de f astronomie en par- ticulier, qu'il plaçait dans la Tartarie^ lorsqu'on voit l'une des nations tartares les plus anciennement civi- lisées, ainsi dépouillée, dans une de ses parties ies jdus essentielles , de ce caractère original et primitif qu'il leur attribuait?

Tandis que M. Rémusat mettait ainsi victorieu- seinent des faits irrévocables et des raisonnements i»ncluants à la place d'allégations peu exactes et d'in- ductions chimériques; pendant qu'il s'efforçait, au lieu de créer des systèmes, d'arriver à la vérité par Fintei^ prétation des monuments les plus authentiques, on l'accusait lui-même de se laisser entraîner au paradoxe et de vouloir aussi donner des pensées plus ingé- nieuses que fondées en raison. Ce reproche lui fut adressé à Foccasion de la dissertation qui parut en même temps que TUranographie mongole, et oii il entreprend de prouver l'inexactitude de l'opinion gé- néralement admise sur la nature monosyllabique de Ja langue chinoise^. Ce serait une erreur, la seule erreur peut-être de son esprit; mais nous sommes loin d'^ivisager la chose de cette manière. On ne peut supposer que la misérable envie de se distinguer par de puériles subtilités ait porté M. Rémusat à soute-

^ Utrùm lingua sinica sit verè monosyUabical Disputatio phi- lologica ; dans les Mines de FOrient , tom. III , pag. S79 ; pubiie'e à part en français sons ce titre , Considérations sur la nature tno- nosyîlabique attribuée communément à la langue chinoise, et re- produite dans ies Mélanges asiatiques , tom. II , pag. 47.

XIV. 30

306 JOURNAL ASIATIQUE.

nir ce qu il savait iielrc pas rigoureusement vrai cl exact. Personne n'c*crivait avec pius de bonne foi, plus de conviction que lui; et s'il s était jamais engagé' dans cette route si séduisante du paradoxe, s'il avait voulu avoir plus d'imagination que de jugement, {dus desprit que d érudition, il aurait obtenu plus de sue- ces, mais mérité moins de gloire.

Cependant, parmi ceux qui paraissent le plus dis- posés à adopter ses idées sur tous les autres points, il en est qui refusent d'admettre celui-ci , et qui ne veulent y voir qu'une question sans importance qui avait séduit sa jeunesse, et qu'il était aussi inutile de soulever qu'il leur semble superflu de l'approfondir. Peut-être la sévérité de ce jugement ne vient-elle que de ce qu'on n'a pas suQisamment pénétré la pensée de Fauteur, de ce qu'on a plutôt considéré les formei. extérieures que l'essence, fa nature intime de la langue.

Essayons pour un instant d'oublier les préjugés, ou, si l'on aime mieux, les idées auxquelles fétiide des langues de l'Occident nous a accoutumés ; ëcarlDii% des dénominations que nous n'avons inventées que pour répondre à ces idées, des r^es que nous nar vous bâties que sur des rapports-'|)arfaitement. ana- logues dans la manière , soit d'exprimer la pensée pur la parole, soit de la peindre par l'écriture; considérons enfin le chinois tout à fait abstractivement, et noiu comprendrons toute la portée de la proposition sou tenue par M. Rémusat : car c'est en voulant réduir la langue chinoise à une système grammatical tu

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pour d'aatres langues, dont elfe diâk'e autant par sa structure que par son organisation , que f on est arrirë aux conséquences les plus erronées, et par suite aux notions les plus vagues et aux conjectures les moins admissibles. De ce qu on ne trouve jamais plusieurs syllabes réunies pour exprimer le son d'un caractère, on devait tout au plus déduire que la langue était sans inflexions et sans dérivations ; mais on a été plus loin : on lui a refusé toute méthode et toute règle gram* maticale. La nécessité de la grammaire dans les langues a paru alors problématique, et on a été jusqu'à ad- mettre implicitCTCient une opinion dont i énoncé seul est absurde, à savoir, qu'une nation nombreuse et éclairée avait adopté et conservait une langue qui lut sofiisait à peine pour s'entendre sur les besoins les plus ordinaires de la vie.

Si fon n'a ^rd qu'au fait absolument matérid, qui consiste à n'affecter à chaque caractère qu'une prononciation très-courte, il n'y a pas de doute, la langue chinoise est monosyllabique; M. Rémusat est le premier à le reconnaître. Mais si la plupart de ces caractères sont insignifiants par eux-mêmes et nac- quièt^nt de sens que par leur composition avec d'autres, ne doit^on pas les envisager alors, non plus comme des signes isolés, mais comme des éléments qui, par iem réunion , exprimeront , même que les syllabes dans les autres langues, des noms et des idées simples? Ce sont des syllabes d'idées au lieu d'être des syllobei de tons. La différence que Ton a remarquée entre le chinois et les autres idiomes est donc plus apparente

30.

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que réeiie. Elle provient de remploi cfune écriture dont ie système est presque indépendant deb ptrole, qui représente immédiatement les idées par des sym- lK>Ies au lieu de les rappeler à (a mémoire par Tintai médiaire des sons, et qui ne permet pas de ramener à l'unité les parties d'un même mot concourant à Fex- pression d'un sens unique. Elle ne tient qu au mode de transcription que nous avons adopté, et Ton serait, pour ainsi dire, maître de la faire disparaître, ai Ton considérait le langage indépendamment de récritore qui y est attachée , ainsi que cela aurait lieu ai les Chinois n'avaient pas de signes représentatifs de lenxi idées, ou si ces signes nous étaient inconnus. Des voyageurs, qui se trouvaient placés dans le cas de cette seconde hypothèse, ont rapporté des vocabor laires qui contiennent beaucoup de mots polysyflia- biques, parce qu'ils les ont recueillis sans avcHr égard aux caractères qui les représentent.

A cette première dasse ^expressions composées, 3 Êiut en ajouter une autre bien plus nombreuse ^ bien plus intéressante à étudier, celle qui résulte de f a- grégation à l'idée simple de signes exdusivement ooih sacrés à marquer sa liaison et ses rapports avec d'aufires idées , de manière à exprimer toutes les circonstanoes de la pensée. On le voit , il ne s'agit plus seidement ici de discuter un simple effet de l'écriture, maia de traiter unr des points les plus intéressants de* b philosophie du langage ; de constater, par Texeraple d'un idiome unique et absolument primitif, le phé* nomène de l'introduction de la grammaire dans les

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langues. H est probable qu'elles ont toutes procédé à peu près de la même manière que le Chinois; mais lemrs progrès ont été obscurs , leurs variations arbi- traires^ au lieu qu'ici toutes les anciennes tradition» se sont religieusement conservées à côté des modifi* cations que le temps et fusage rendaient indispen- saMes. La tnarche de f esprit, dans formation des langues, a été la même partout. Les mêmes besoins, les mêmes passions ont d'abord affecté les hommes. La nécessité de les satis&ire a produit celle de les ex- primer. On l'a fait brièvement, par instinct, par imi- tation plutôt que par calcul et par réflexion. Chaque idée n'était alors exprimée que par un son , qui n'était pas non plus, qui n'était pas encore lié avec les sons qui fa voisinaient. Les nuances ne sont venues que plus tard et successivement se faire jour à travers la masse des id^ matérielles. L'occasion les avait fait naître, riiabitude les perpétua et l'art les étendit en les com- binant de mille manières. Les catégories de la gram- maire, les formes servant à circonstancier les idées ont été imaginées , composées de la sorte. Le premier mouvement a été de dire la chose, le second d'ajouter les cinxmstances. E3Ies sont exprimées chez tous les peuples par des moyens plus ou moins analogues, mais il est indispensable qu'elles le soient. Dans les langues qui nous sont familières , dans celles que nous cultivons de préférence, il est arrivé que les termes simples, distincts et séparés, dans l'origine, de ceux qui n'étaient que modificatifs et accessoires, ont fini le plus souvent par se confondre dans une forme syn- '

1)11' <.*>t\

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thctique. La racine primordiale , qui n'ëtait d'abord que monosyllabique , prit autant d'extension qu'il eD fallait pour correspondre au nombre et i la variétrf des idées. Ce fut comme un noyau autour duquel on rassembla continuellement de nouvelles inflezioiu, susceptibles elles-mêmes de tant de dëreioppemeiits et de modifications^ que bientôt la connezité ^ Fando- gie qui avait fait rapprocher ces divers déments d'être sensible. Les langues alphabétiques se merveilleusement à cette multitude de et de dérivations par lesquelles Thomme parvient^ dans la mesure d un mot^ à formuler sa pensée dTane manière absolue et complète , à en peindre tous {es mouvements, toutes les alternatives, à en rendre {es perceptions sensibles jusque dans leurs nuances les plus délicates, dans leurs abstractions les {dus subtfles. Les Chinois, au contraire, en conservant cette écri- ture première et figurative qui a été celle de tons lea hommes , ont rendu impossible toute réunion , toate modification de ce genre. Ils y ont suppléé du mieux qu'ils ont pu par f invention de nouveaux àgacB , pri- vés par eux-mêmes de toute signification, mais senrant à compléter, à diversifier celle des autres, & peu près comme les terminaisons des noms et des verbes en latin et en grec. encore il n'y a d'autre différence, entre le chinois et les autres langues, que cdDe qui résulte de l'usage constant et invariable d'écrire avec des caractères séparés les thèmes des noms et des verbes d'un côté, et de l'autre, les marques dea cas, des temps, des modes, etc. L'idée et les cîrcon»-

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Unces de f idée sont distinctes au iieu d'être confon- dues.

Voiià comment M* Rémusat entend prouver que ia langue chinoise ne peut être qualifiée de monpsyl- bbîque, puisqu*en effet elle réunit plusieurs syllabes pour exprimer un même mot, Ceta le conduit $i nous montrer comment la langue écrite^ riche en expres- sions et formée d'après des principes savants « est venue au recours de ia langue parlée, si pauvre, si împarÊiite; comment il en est résulté deâ combinai-* tons inverses, pour ainsi dire, de celles qui ont lieu dans les autres idiomes, c'est ia parole qui a le plus concouru à perfectionner, à étendre l'écriture ; combinaisons variées à l'infini, qui, dans l'un et dans f autre cas, satisfont également l'esprit et i'ipm- gination. Quant à balancer le mérite de ces systèmes et à prononcer sur celui qui présente le pius d'avan- tages, c'est tout une autre question que M, Ré- musat discutera plus tard. Ici ii lui suffit detabiir comment, par des moyens entièrement opposés, on ^urrive au dernier et même résultat, l'intelligence de la pensée, quelle que soit la forme qu'elle revête. Plus qu'à tout autre il lui aurait été faciie de soutenir SB thèse à faide de raisonnements spécieux oUv d'allé- gaticHis spiritueiies; mais ie préjugé qu'il avait à com- battre, fortifié par l'usage, justifié par le nombre et f autorité des écrivains, exigeait cette méthode forte de raisons et de vérités, qui exclut les conjectures sans fondements et les idées hasardées. 11 ne s'ap- puya donc que sur des fiiits avérés, des exenApies

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faciles, et sur ces rapprochements philosophiques qui sont la base de Tétude comparative des langues. L'o* pinion qu il émettait , faible parce qu'^e était nais- sante, n*a pas été examinée assez mûrement ou treo une suffisante connaissance des &its par ceux qui fout taxée detre paradoxale; accusation l^ère, qui senit sans importance en toute autre occasion, mais qui en acquiert ici une double , et par l'homme & qui cfle s'adresse^ et par le doute quefle peut laisser dans les esprits sur une matière Ton nest déjà que trop' habitué à prendre des systèmes pour des réalités, des conjectures pour des certitudes , f erreur pour la vé- rité. C'est parce que nous la considérons ainsi, que nous nous sommes laûssé entraîner à des dévefeppe- ments qui ne seront pas trop étendus si nous avons réussi à la détruire. Si nous ne f avions fait que bien im* parfaitement, si, comme il n arrive que trop souvent^ nous avions affaibli les preuves en voulant les étendre, il nous suffirait, pour porter dans les esprits la convic- tion que nous aurions désiré y Ëdre nattre, de rap- peler que M. de Sacy et M. de Humbddt, apjHedunt mieux la rectitude de Tesprit de M. Rémusat et Fin- térét qui s'attache à de semblables recherches, noilt pas hésité à adopter ses conclusions, auxquelles Fub d'eux applaudissait en ces termes : a L'auteur donne « dans cette dissertation, dit M. de Sacy, une nou^ « veiïe preuve du jugement exquis avec lequel 3 met «( en œuvre les trésors de Férudition, et nous croyons « que toute personne qui aura lu ce morceau sans » préjugés, et avec le seul désir de connaître la vérité

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« ctî4i6 lorarendre honiiiu^^ ne pouitm t'easpêcheré^ «ttomaCTia^ au résultat que M. Rëmusat tire de- 80»^ «ttaTaîL n

-'i'Le Plan d'un dictionnaire ehinoiê ^ sunrit de ptu^de. mois ia dissertation qui ^ent de nous occupeD? et précéda de près d une année la publication du dîc* tionnaire du P. Basile de Glemona^ que i^ gouveiw nement avait confiée au fils du célèbre auteur de FHîstoire des Huns* M. Rémusat, en ^^osant les tarranix. que les Européens avaient entrepris dans vue de répandre et de Êtciliter Fétude du. chinois, montrait, par l'appréciation de leurs mérites et de leurs dé&uts, comment on pouvait profiter des matéf liaux déjà rassemblés, en les corrigeant et en Iqs complétant. II faisait voir que si f ouvrage du P; Ba« sîle était digne d'être choisi entre tous pouc être livré ^l'impression, on y remarquait cependant des imt perfections qui pouvaient ^trahier dans de |prave^ erreurs. Indiquer en quoi elles consistaient, c'était marquer ce qu'il fallait faire poiur les corriger. . Màf* heureusement ces observations nont pas^été mises à profit^ et ie dictionnaire du P. Basile, tel quil a été publié, ne peut &ire perdre ie désir d'en voir paraître un autre plus complet, plus r^ulier et plus com* mode. *.

Toutefois le plan que proposait M. Rémusat rem-» plirait trop bien les deux pr^oodères conditions pour que la dernière ne fut pas entièrement négligée; mais

^ Paris y 1814» in- 8^ de 80 pag. Mélangées asiatiques, t. If» pag. 69.

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aussi il s*agissait moins de composer un dictîoniiaire usuel qu'un ouvrage qui pût ofinr, pour la bngne chinoise 9 les mêmes secours que Férudition grecque et latine trouve dans les Trésors des Étieniie et de Forcellini. M. Rémusat ne se dissimulait dès Ion ni f immensité de ce plan , ni les difiicuitës qu'en présen- terait l'exécution. Plus tard il reconnut oomhiai 3 est aisé, dans de semblables projets, de oonsniter plus son zèle que ses forces, et de se laisser (mtraînor & entreprendre des travaux qui, pour être achevés, exigeraient souvent , indépendamment de seoomi ma* térieb considérables, les efforts et les lumières de plusieurs hommes réunis. Cette sorte d'exagérition, qu'on ne saurait blâmer, est le fruit d'un premier, en- thousiasme, difficile à modérer quand on fiût de la langue et de l'histoire du peuple chinois Tobjet de ses recherches. Fourmont n avait-il pas aussi rêvé la oom- position d'un dictionnaire divisé en cinq parties, qui ne devait pas former moins de dix-sept vcrfumes in- folio? Deshauterayes n'a-t-il pas commencé, sous le titre de Bibliothèque chinoise, un dictionnaee dans lequel il se proposait de renfermer tout ce qui con- cerne l'histoire et la géographie des peuples de la Hauto-Asie? Enfin, tout récemment, navons^noas |ms vu un savant missionnaire anglais, que sa position au milieu des Chinois mettait à la portée de Ions les suamrs, et qui pouvait disposer de fonds oonsidé- nihh^s, essayer de réaliser à Macao les vues que M. lli'*inus«U avait présentées à Paris, prouver avec Mici-(\s (|iu* co plan n'avait rien d'inexécutable, et

OCTOBRE 1884. «15

pendant f abandonner bientôt^ comme si cefui-Ià seul qui avait pu le concevoir eût été seul aussi capable de fexécuter et de ie suivre jusqu'au bout ? Qu'il en* trevoie la possibi&të de publier un four le fruit de ses efforts, et aucune difficulté ne farrétera; il comptera pour rien les veilles, les privations, les sacrifices! « Quels trésors amasserait celui qui se livrerait à un « pareS travail! s'écrieot-il. La composition d'un die-* tîonnaire en deviendrait pour lui ie moindre réeul-* « tat. Une connaissance parfaite de la langue et des «meHleurs livres, l'éclaircissement d'une fèofe de «ijpoints difficiles en histoire et en géographie, de « nombreux et hnportants sujets de mémoires sur les « antiquités , la philosophie , les sciences et les arts de « ia Chine , voilà des récompenses capables de tenter, « indépendammrât d aucun autre motif, tout sinologue « nn peu zéié. n

Mais aucune facilité n'était entre ses mains. Les chroonstances , loin de favoriser le zèle ardent qu'il manifestait, semblaient prêtes à f étouffer, quand un mmvel ordre de choses s'établit, et avec lui, la paix, Tamour des lettres et la vcdonté de les protéger. Une chaire de Ian£[ue et de littérature chinoises fut créée pour M. Rémusat au Collège de France , et cette faveur inespérée , en assurant son avenir, le ramena tout entier à sa véritable vocation. On put s'applaudir alors de ne pas lui avoir vu consumer, en un travail utile mais ingrat, un temps et des efforts si bien employés plus tard à traiter les questions les plus importantes, à édaircir les points les plus obscurs, a fixer enfin

316 JOURNAL ASIATIQUE.

nos idées incertaines ou égarées. L'enthousiasme ëtah toujours le même chez lui, mais h critique et l'expé- rience l'avaient éclairé. La carrière de Fétudiant venait de finir; celle du savant, celle de l'homme de génie qui a triomphé de tous les obstacles et qui ne doit m fortune qu'à lui seul allait commencer. Noos avons essayé de fiiire apprécier les travaux qui ont conduit M. Rémusat à ce point ; il nous reste à exposer com- ment la seconde moitié de sa vie a été consacrée i procurer aux autres les moyens d'atteindre avec IkcSité aux résultats qu'il n'avait obtenus lui-même qa*avec tant de peine; comment f étude du chinois cessa <fétre alors ce qu elle avait toujours été , mystérieuse , vagne^ insignifiante, et jusqu'à un certain point ridicide; comment enfin cette réforme créa chez nous un genre d'érudition qui , par les progrès que M. Rémusat loi a fait faire, a pris en Europe un rang qu'il est désormais impossible qu'elle perde.

Nous solliciterons encore une fois^ pour cette deuxième partie de notre tâche, l'attention de la So-> ciété, et nous aurons plus que jamais besoin Jètre encouragé par son indulgence.

OCTOMIE 1834. 817

' I

LA MORT DE ZOHAÏR,

épisode tire da roman d'Anttr^ par M. A. Caussin

DK Pbrceval \

Le roi Z^baïr^ chef de la nombreuse tribu arabe des Bènou'Âbs , était en proie à de vives inquiétudes sur le sort de Chas, lainé de ses enfants, qu'il avait envoyé à la ville de Hira , et dont f absence se prolon- geait au delà de toutes ses prévisions. Un soir, renfermé dans sa tente , silencieux et livré à de tristes conjec- tures, il vit entrer un esclave noir qui avait accompa* gné son fik dans son voyage. Le nègre, les yeux en pleurs, lui raconta que Chas, revenant de Hira et ra- menant avec lui un chameau chargé de parfums dont son beau-frère, le roi Noman, lui avait fait présent, lavait été tué, pendant la nuit, d'un coup de flèche parti d'une main inconnue. «Dans quelle terre son a sang a-t-il été répandu? s écria Zohaïr. Dans la a terre des Bènou-Amer, » dit Tesclave. La douleur et 2a colère obscurcirent les yeux du malheureux père. Bientôt f affreuse nouvelle parvint aux oreilles de ses autres enfants et de son épouse Témadour, qui se frappa le visage. Ses serviteurs imitèrent son exemple. Dans un instant toutes les habitations retentirent de

^ Ce morceau est presque entièrement historique. Tout le fond du rëcit , ayec quelques yariantes dans les dëtaifs , se trouye dans ie Kitab eUaghani, yol. II , fol. 366 yers. et suir.

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plaintes et de sanglots ; les hommes et les femmes ae découvrirent la tête et s'abandonnèrent à toutes les démonstrations du désespoir.

Le lendemain 9 Rabie, fils de Ziad» se présenta devant Zohaîr. Il s'assit avec lui sur le tapit de CMI- doléance et lui dit : « O roi, aucun ennemi n'est re- « dou table pour nous^ car nos glaives sont tranchants , « nos lances longues , nos guerriers braves. Que f idée « d'une vengeance assurée adoucisse ton afflicti(tti. - « Qu'on se prépare i la guerre, dit Zohaîr; dans trûb « jours nous combattrons. »

Les Bènou-Abs s'empressèrent d'obéir. Deux m3b cavaliers se rassemblèrent et partirent avec leur roi Zcihafr et les frères de Chas, qui ne cessaient de te la- menter. Ils marchèrent avec célérité et se trouvèrent bientôt en vue du pays des Bènou-Amer.

Cette contrée était habitée par trois tribus , «Bel d'Amer, de Kélab et de Gani. Leurs eaux , leurs pâ- turages étaient contigus, et de nombreuses aSiancés contractées entre elles en faisaient une seule grande famille, comprise sous la dénomination g^érale de Bènou-Amer, et dont le chef suprême était Khaïedi fils de Dfafar. Ce prince se trouvait alors éloigné du camp avec une partie de ses guerriers; il était id[ë passer quelque temps auprès de sa nièce Soad^ mariée au frère du roi Noman. En son absence, le commânr- dément était dévolu à Gachem , fHs de Mdik , snmoni- le joueur de lance , qui était le plus vaillant des eniants d'Amer.

A la vue du nuage de poussière qui paraissaît an

OCTOBRE 183i. 3t«

ioîti f Gachem monta à chevid y suivi if un petit nombre des. siens ;, ii s'avança à la rencontre de Zohaïr^ lui donna ie salut et iui dit : k Seigneur, quel motif ^etr « tmprdinaire t'amèiie vers nous? Viens-tu nous ap«* «porter ia guerre , ou nous visiter comme ami?» Zohaïr répondit: a Non, Grachem, non, je ne viens « pas vous visiter comme ami; je viens vous détruire « avec le glaive. --*^ Et pour quel sujet les liens d amttië «qui nous unissent seraient^ib rompus?*-^ Je veui « vous massacrer tous jusqu'au dernier, parce que ibm « && Ciias a été assassiné dans f ombre de ia nuit près « des eaux qui vous appartiennent; -^ Et qui te Ta « dit ?— ^ L'esclave qui {accompagnait. -^ Ainsi dbne^ «seigneur, cest sur la foi du récit d'un vii esdave « que tu ferais périr des milliers d'innocents pour ^ pu- « nir un prétendu coupable ! Et quand ier rapport de (tf esdave serait la vérité même, n^est-i! pas poflsible « que ton (ils ait été rencontré sur nos terres par quci- «que bandit errant, ou quelque voyageur étranger à encore tribu, qui, dans l'obscurité, ahrmé par fap- ^ proche d'un guerrier inconnu , lui aura tiré une flèche « et t'aura malheureusement atteint? Veux-tu donc •> mettre du sang entre nous? Non , à Dieu ne plaise ^ C]ue nous cessions de vivre en paix ! Si tu n'as pdMt ' ^gard à ma prière, si tu oublies les droits d'une ami- ancienne, que la pitié te parie du moins en fe- "^eur de faibles femmes, d'en&nts, de vieillards, qui implorent par ma bouche. » Ces paroles firent rentrer Zohaïr en iui-méme; il monça à ses projets hostiles, dans k crainte de corn-

3S0 JOURNAL ASIATIQUE.

mettre une injustice et d'en subir plus tanl f inëVitibfe diàtiment. Il retourna chez lui avec k même prorap- tilude qu'il avait mise à venir. Alors CaHs, le second de ses fils, se livra sans interruption aux regrets et à la douleur. Non , s écria-t-il enfin , je ne hisseiai pas « le sang de mon frère sans vengeance

Cette année , la terre avait été avare de ses prodno- tions et la disette régnait dans l'Arabie. GkIs dwrgea deux chameaux de dattes , de beurre et de fiuine; en- suite il envoya chercher une femme qui avait eervi de nourrice k Chas et dont il connaissait Fintdl^ieilce. L'âge avait blanchi ses cheveux sans rien ôter à son esprit de sa finesse et de son énei^e. « Rends4oi^ lui «dit Cals, au pays des Bènou-Amer. Parcours les tt trois tribus alliées de Gani , d'Amer et de Kélabj et a échange la chai|;e de ces chameaux contre des pai^ « fums exquis. Lorsqu'on t'en aura donné de la qualité a de ceux dont les rois font usage , informe-toi adroi- « tçment et comment on se les est procurés. » La vieille saisit son idée et se mit aussitôt en devoir de l'exécuter. Animée d'un courage que n'effinayait aucun péril, elle partit accompagnée seulement d'un guide que Caïs lui donna pour la conduire chez. les BÂnm- Amer.

Parvenue au but de son voyage, elle se présenta successivement devant les tentes et offirit de céder les provisions qu elle apportait pour d'excdlents parfums, annonçant que c'était le seul prix qu elle désirait Elle visita ainsi inutilement les habitations des Bènou- Amer et des Bènou-Kélab; elle passa ensuite à œfies

OCTOBRE 1834. 321

des Bènou-Gani. Elle allait de porte en porte, et avait presque perdu l'espoir du succès , lorsqu'elle arriva à la tente du chasseur Tàiébé, fils d'Âradj. Talébé était alors absent et sa femme restée seuie avait besoin de fiirine. Aussitôt quelle aperçut la vieille avec ses cha- meaux chargés, elle lappela et la fit entrer dans sa tente. eile tira d'un coffire de f aloës , du musc, de f^mbre et diverses essences dont l'odeur délicieuse einbauma à l'instant l'atmosphère. La vieille fut saisie d'étonaement et de joie. « Ah ! s'écria-t^lle-, ce n'est « pa3 avec de la &rine seulement que je veux te payer ;

« tout ce que portent mes chameaux est à toi; mais a apprends-moi , ma chère enfant, d'où te tiennent « ces parfums qui répandent au loin une odeur si suave. a Us sont justement l'objet de mes recherches et de ornes désirs, et aucun marchand n'en fiossède.de «cjsemblables. » La femme du chasseur répondit : « Ma tt tante, l'aventure qui les a mis entre mes mains est «iiîen curieuse; mais mon mari m'a défendu de ia ra- « conter à qui que ce fiît. Cependant je te h dirai, si tt to t'engages par serment à n'en parier à personne. »

' ; La. vieille se soumit volontiers à cette condition et fif le serment que lui demandait la femme de Talébé. Cdie-ci prit alors la parole en ces termes : « Mon mari

tt se nomme le chasseur Talébé , fils d'Arad j. Q était « pauvre ; mais il a eu une bonne fortune que tous tt les chasseurs pourraient; lui envier. .Une. nuit qu'il .ii;était en embuscade auprès. de notre étang, un cava- lier passa près de lui dans l'obscurité, et le. bruit de tt sa marche fit prendre la fuite aux animaux, que mon

XIV. 91

322 JOURNAL ASIATIQUE.

H mari épiait. Taiélxr, dans son dépit, apostropha Fin- a connu avec rudesse; celuiH:i répondît sur le même (I ton. Mon mari irrité lui décocha une flèche et le tua. a Ce cavalier avait avec lui un esclave et un chameau « dont la chargée était tout entière composée de pai^ « fums. L'esclave, voyant son maître étendu sans vie a sur la poussière , s'enfuit aussitôt. Mon mari ientem (c le cadavre sous le sable et se hâta de revenir chitt ic lui avec le chameau , le cheval et les déjpouillefr « voyageur. Il m*a quittée ces jours derniers pour der V les vendre dans quelque tribu éloignée et i^pporfier u en échange de l'argent et de Tor. »

La fiemme du chasseur finit en recommandant, de nouveau ia discrétion à sa confidente. La vieille lui réitéra ia promesse d'un secret inviolable, lui donna toutes ses provisions et prit les parfums. EHe s'éio^na ensuite^ impatiente de r^agner le camp des BènoQ- Abs. :■ . i

Elle arrive, court i la tente de Zohalret lai dit: H O roi, le meurtrier de ton fils est décoirrert.-i-mael « est-il? demande Zohaïr. II se nommç, répond^eBe, « le. chasseur Taiébé, fils d'Aradj, de la tribn de-JGîa- tt ni. n ^Puis elle l'instruit du stratagème imagiiié 'jphîr CàiSj iui donne tous les détails de ses recheitbcir^à lui montre les parfums que Chas avait reçus de No- man. ZohaYr lui laisse à peine le temps d*acfaevttr «on rédt ; il crie aux guerriers qui l'environnent : é' Vii|. « geance ! vengeance ! aux aripes , mes cousins'! Dte le ^ur même il monte à cheval et se met en roilte avec to|is les cavaliers d'Abs.

OCTOBRE 1834. ;. 3S3

II cheminait à leur téte^ fe3prit ég^ré par ,Iat4opi- leur. Autour de lui é.taient;8e5 neuf fi{/9^ ci kiBfiLjitoite Rabie , le chef de la famille de Ziad ^;a^$5i.l)4bil<^(|Ml8 Iç^îonseU.que fermç dans ïaç\àç>né,^pi^smx^ tpul de la même soif de vengeance^ ilSi. powsiuiv4i^ll:iJb^ar marchesan» pre|idre;de repos*, jout cdi bifxm^ui; ,: /irZoimr^ en^i^vochmlid/^ habitations; {dw.^iltar Ag»tT, reconnut qi4'^Ies,eui6nt dfpriiîesrdi^p^fiartîe de Ieuc& défenseurs Khaled^ fils de DJ9&r^ .n.étgîtjiaji encore de r^tQur, î^t.iexamp n-ëtajt|[fird^ qf|# pwiJW peiit nombriedecAvaliersâQua Ie$ ordref^. 4t G»cih^* Aussitôt, quïl3'>ap^rç«rent le rot Zohâ'nryiîlSjaSèimt au-jJciY0Ut de lui et J^ prièrent de fies: iBStrufijeidu nsotif >qui le ramenait. Zohaïr- bu ri apprit :par*qiiel iQpy^aU avait acquis la certitude- que. ierpearlridcifle ^n fils Chas: était le chasseur Talébéi, Jàh.:d^Amif^ Lé^S;BèD0u-Amer. firent chercher Talébé^'^iiiiiijoi^ljse tiHHi va ipoijrUr« Alors on fit^Venir sa femrn^ieliMriia inenaça de Ja: mort si elle . ' déckaôl 'y^^pilé. Biie QfHi&ssarCQiquaVait.fait son mari et juni qttjelle^nor Q^titJjeuroii 3 était allé., r . .,. ;i ..;»ii i i noa «

' rrili^ r^ Zk>haïry v/oyantque leioettïtiier «tait échappa dek4eS(painSv entra dans 'une violente çofjbre. jy^ijeta des t negarda ; furieux*: sur les SèôouT^Ameftiot: sTéoirîa.: « Eafianls d'Amer> fe vous donne le choixtdet|nnu/CQn>- « ditions; si vous n*en acceptez une, je vousLy&is'âous «: tomber, sous le fer, je-plonge dans resdaina^] vos « femmea tit.Yos filles.. Ouinendez^.la'ioe- à.numirfib ^Chas». eu remplissez moaimaniteaiï deb. éloilési atiaf ékishées au firasament, ou «nfin Uvre^imor tonsvi^

31.

3S4 JOURNAL ASTATiaUE.

« Beiiou-Gairi 9 afin que je les massacre jusqaau der- tf niet", parce que c'est à leur tribu qu'appartient Ta- «ilAdy fils (fAradj. »

-'•' L^s Bènon-Amer r^ondirent : « Seigneur^ tesde^ « tnaiidéfi^ ne sont pas raisonnables. Exiger ce qui est (( au-dessus de la puissance des hommes est ua acte i^de* lyraiinie. Celui-là seul peut rendre la vie^Saux v'til)0tt9 qui'a étendu sous nos pieds la terre que nous ti fpoions et élevé la voûte des cîeux au-dessus de nos i^ tétés, LivrÂ-moi, dis-tu , les Bènou-Gani pour que «joules égorge tous, enfants et vieilhrds. Seigneur^ ittaile pourrais exécuter cette menace; ta, sagesse ne kifieje- permettrait pas. Tu es un roi juste et magna* tf 'fiime ; . ne punis donc point l'innocent pour le ooip- ^•pabte« La perte cruelle que tu as faite causer^t-effie 4WiÂjre nous une rupture? Non, Dieu nous preserve tt'd^éohâr^er l'amitié contre la haine, la paix contre tel ttihorrèursde la guerre ! Nous te payerons pour le prix «l'tfà -sMg' dix fois autant que pour un meurtre <mii- i«jin^ei' et^nous' te conjurons d'avoir compassioâ* du « sort de nos filles et de nos femmes. Ta généèosîtitte tf^fiqraide 'chacun de nous un esclave dévoile.' Nous «'tilDèb .engageons de plus à chercher Talébé partom uiQÙ» il! afura pu se réfugier et à le remettre «qtte tés << mains <potir que tu lui fasses souBrir la mort quf3 a ttjraéritëe'. i> " îî"

I

..' . Pju* des discours de ce genre , les Bènou-Araer "par- «inisnl; émouvoir le roi Zohaïr. Cependant il hâr- tait: il QOBSulta Rabie-, fils de Ziad, pour savoir à'3 devait scdéterminer à faire grâce, a Quel est ceJan-

OCTOBRE 1834. âf5

« gage, seigneur? s écria Rabie; devant quei^Atttbe <c oserions-nous désonnais lever le front , si.&ouiS}iais- « sions Chas sans vengeance? quoi ! lorsque tttfCOd;ir « nais le meurtrier de ton fils^^u te; laisse^aîs apaiser « par de trompeuses paroles d'humilité! n . .:: ;;'-

En disant ces mots; Rabie tire, son sabre, it.crîe. : «c Vengeance à Chas ! » et frappe le premier jesBèliou- Amer. Les fils de 2k)hajr lui répondent par df ^ jçris semblables qui font au loin retentir, les écb^r- Au même instant les guerriers brandissejnt leui^ ianoes , les glaives s entrechoquent ,. les voix se confondent, les combattants se mêlent avec fureur,. le sang coule de toutes parts, les blessés et les mourants jonchent* Ja terre , des tourbillons de poussière obscurciss»çpt tous les yeux, les têtes roulent loin des corps qui leisi. por- taient. ,:

Les Bènou-Amer défendaient avec le courage, du désespoir leurs femmes et leurs en&hts.; mais ils iie pouvaient résister à la supériorité de leurs advei^saires. Leurs plus braves cavaliers reçurent la mort; la valeur de Gachem put seule arrêter quelque temp^l effort des Bènou-Abs,.car c'était un des héros de rAraJ>ie. Lorsqu'il vit que les siens étaient taillés en pièces et que leur nombre diminuait sensiblement , tandis que celui des ennemis semblait à ciiaque instant s'accroître, il craignit la destruction totale de sa troupe, le dés- honneur et la ruine.de sa tribu. Alors il prit avec lui les vieillards les plus vénérables des Bènou-Amer et se dirigea vers le lieu d'où Zohaïr observait ^ le combat.

3i6 JOURNAL ASIATIQUE.

Ce prinoe était placé sur une éminenoe, entouré de ses enfants et de quelques guerriers' qui tenaient en main des drapeaux ; au-dessus de sa tête se déployait renseigne de i'aigle, marque de sa dignité.

En approchant de la colline , Gachem deacoodit^de cheval; il s'avança humblement vers le roi, et prenant fétrier de Zohaïr, il lui baisa le pied, a Sdgneur, lui a dit-il y n'agis point comme les hommes oigueffleilk k et lâches ; ce n'est pas ce qui convient à ton grand « et noble caractère. Arrête les massacres, etnoQS'ine* « pousserons de notre sein la tribu coupable dnmeiBlie Il de ton fils; nous briserons avec elle et noutf l'àban-- «donnerons à ton ressentiment. II n est point juste « que tu nous fasses périr pour expier les fsiutes'del « autres , et que tu nous demandes compte d une action K à laquelle nous sommes étrangers. Nous te sup^iîou « de nous accorder une trêve jusqu a la fin de cette « journée , et demain , dès 1 aurore*, tu prendi;» tes « victimes. » : iw -m

Les vieiflards joignirent leurs prières à cdles idt Gachem , et Zohaïr fléchit enfin. « Pari^rd poo^ vos «cheveux blancs^ leur dit-^il, et pour la hanté re^ « nommée du ffls de Msdik , je vous accorde b resté «de cette journée. » Aussitôt il envoya' ses esdsvtfs ordonner à ses guerriers de cesser le camagei^On ne parvint cependant à &ire quitter le champ de bà^ taifle aux vainqueurs et aux vaincus qu'au moment les ténèbres de la nuit succédaient à la clarté du jour.

Gachem y de retour vers les siens, leur dit: « Hâ-

OCTOBRE I8M.'' 3f7

datiez- vous de meure en sûreté vos femmes et vos.en- « &nts sur les sommets des mojntagnes. J*ai fait une « promesse trompeuse au roi Z^baîr^ afin de gagner « 44 temps et de pourvoir à la conservation de n'os m fiuAiiies et de nos biens. Nous tâcherons de noiis «maintenir dans des positions inaccessibles ^.jusqu'à «,oç\que ce mois s'achève et qtie la lune dq mois sacré ^ipKraisse et mette fin aux combisits. Notre ennemi sera mfcfcé alors de s'éloigner. Nous sommes perdus si «nous ne mettons promptemept ce plan à exécu- « tîon. »

A l'instant les BènourAiHer s'empressent .plier (eurs tentes; ils chaînent leurs bagages sur les cha- meaux, et^ favorisés par* la nuit qui dérobe leurs itfouvements a^xx Bënou-Abs^ ib vont établir leurs fa- milles sur des monts escarpés. Au poit^t du four^ la plaine ils campaient la veille n'était plus qti'un dé- ficit 9 et les trois tribus , placées sur des cimes élevées , liftaient coipitae les vagues de la mer lorsqu'elle est battue par le vent du nord.

. Jîie roi Zohaïr était toonté à cbetal au levet du soleil; il s'avança à la tête de tou$ ses guerriers ^t vit de loin > sur le couronnement des montagnes,, les tentes des Bènpu-Amer, Il reconnut que Gachenx l'a- ifait trompé, et sa fureur n'eut plus de bornesw H at- taqua les Bènou-Amer dans lei^r asile et les assiégea pendant cinq jours, faisant égorger tous, les prison- niers qui tombaient en son pouvoir. Le sixième jour, la lune du mois sacré se montra à l'horizon.

Ce mois était celui de Rédjeb, pour lequel les

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328 JOURNAL ASIATIQUE.

Arabes, avant l'islamisme^ avaient une vénération par- ticulière. Pendant sa durée ils ne faisaient point b guerre , et si quelqu'un rencontrait le meurtrier de son père ou de son frcre , il ne chercliait point à lui iiire de mal^ malgré Tardent désir qu'il éprouvait de se venger. Tout le monde voyageait alors librement et sans armes ; et comme les oreilles n'étaient plus firqH pées par le bruit du fer^ on avait donné à ce mois le surnom Sel asamniy c'est-à-dire le sourd. Cétait le temps les Arabes se rendaient de toutes parts en pèlerinage au temple de la Mekke pour demander an ciel le pardon de leurs &utes.

Lorsque ie roi Zohaïr aperçut le croissant et se convainquit que le mois de Rédjeb était commencé, il en conçut un mortel déplaisir. Il s*indignait de nV voir pu satisfaire son ressentiment; il fit néanmoins cesser les combats, pour ne pas introduire par son exemple un funeste usage; mais il jura de ne p'ràat retourner dans sa tribu avant d'avoir détruit jusqu'aux vestiges des Bènou-Amer.

II renvoya les cavaliers d'Abs dans leurs fimiKes , et dit à son fils Cals : « Pars avec eux, mon fils^ et « amène ta mère à la Mekke^ je vais me transporter «moi-même, afin que nous visitions ensemble le u temple saint. Quand les jours de paix seront éoou- « iés, nous reviendrons exterminer nos ennemis. Ven- « ger la mort de Chas par leur extinction totde est b « seule satisfaction qui puisse apaiser le feu dont u mon cœur est consumé. »

Caïs se mit en route avec les Bènou-Abs et se di*

OCTOBRE 1S34. 3S9

rigea vers la terre de Chourbë. Zjohaïr^ escorté de ses autres enfants et d*un petit nombre de guerriers, ar- riva à ia Mekke, et attendit son épouse Tëmadôur, qui ne tarda pas à venir Ty joindre y conduite pai' Caïs< Elle avait lin cortège de femmes toutes vêtues d'habits de deuil. Ils s établirent dans la vallée de Haram y qui était le lieu réservé de tout temps aux Bènou-Abs; car chaque famille distinguée parmi les Arabes avait une place particulière qui lui était assignée dans les alentours du temple.

Le hasard voulut que Khaied , fiis de Djafar, s'étant séparé de sa nièce précisément à cette époque, eat f idée d*aiter à la Mekke avec ses coÎBpagnons , avant de regagner leur contrée. Gachem, fils de Msdik, suivi de plusieurs des Bènou-Amer, avait fait aussi le pèlerinage. Ils rencontrèrent Khaied à la Mekke et f informèrent de ce qui s'était passé entre eux et le roi Zohaïr, qui les avait rendus responsables du meurtre de Chas et avait massaoré un grand nombre de leurs guerriers. Ce récit enflamma Khaied de colère; ses yeux devinrent rouges, et la violence de ses sentiments pensa le suflToquer. « O Zohaïr, s'écriâ-t-il, pourquoi « n etais-je pas quand tu as traité ainsi ma tribu ? Tu « as profité de mon absence pour exercer à ton gré ta « vengeance sur les miens. Mais si je ne punis pa» ta «lâcheté, que je ne sois point le véritable fik de « Djafar ! »

La nuit que passa Khaied lui parut d'une mortelle longueur. Le lendemain matin il alla faire le tour du temple , selon l'usage solennd. En accomplissant cette

380 JOURNAL ASIATIQUE.

cérémonie, il se trouva face a Eaicd avec Zdhair. A to vue, il sentit son cœur et ses entrailles s'embiuer. « Ziohaïr, lui dit-il , tu assouvi ton resseUtimeAt u contre les Bènou-Amer. Heureux d'uvoir tam le mo* tt ment nos tribus étaient privées de leurs 4lâèll^ tt seurs, tu as &it fuir de leurs modeste^ retraites' iMfe <i femmes éperdues. Eh ! crois-tu donc^'r^^dit «Zohaïr^ que je me regarde comme vèligé? Pta* le a dieu du ciel! sans mon respect pour ie moia'sacië, o je n'aurais laissé dans ta tribu ni enfants ni vieillMdk tf Mais quand ce mois sera écoidé , je porterai Ift 4^80- 41 lation dans ton pays , j'anéantirai ju$qu'aux vestigei «( de ses habitants. Zohaïr^ dit Khdèd., ne^ cruné:ttt u pas que le destin n'appesantisse son brds sur toî? qu'A « ne te détruise comme il a détruit les pui8sant$ ifd u ont existé avant toi ? Par la sainte Caaba ! si j'avais été a présent quand tu as attaqué les miens, j aurak dUtié « ton audace. Mais puisque le sang a été versé entre « nos tribus, bientôt tu verras lequel de nous deift a mordra ses mains de r^et et de désespoir. » -,

Caïs, s'approchant alors de Khaled^ .lui dit: «Si a tu tenab ce propos partout ailleurs qu'en ce liçu, |e « ne te répondrais qu'avec mon sabre. MaiS'tu recueil» « ieras le fruit de tes paroles dès que la guerre recopi- « mencera. Elle recommencera trop tôt pour vous, a reprit Khaled ; et le plus ardent de mes vœux, c'est u de rencontrer ton père dans la mêlée et de *n'étre M séparé de lui qu'après que la mort de f un de nous M deux aura satisfait la haine de son adversaire. »

Zohaïr sourit avec dédain. « Khaled, dit-ii, si j'é-

QlGfOBBEà9a».M: Mt

ff.tais endowfnif tu n oserais meveiiier; et ai je tirais « mcm "sabré/ ia crainte t empêcherait daraler^tlei^nt M.inor ta satîVe. »

V Pour réponse, Khaled-se tourna -vers la Caaba et fit eetDe prière : « O mon Dieui toi ^ui «as élevé cet «.édifice sur d'iiiébraniabiias''fehdenieAts, Uxt qui as V fiût de ce sanctuaire un asiie de:aiîséricorde pôuribs tt en&nts de.i'Arabie , ne permets fiAS que cette année « MoiièVe sans que tume fournisses foccasioB-decom* « battre Zohaïr^ que tu mettes sa gorge entre mes «*iiiains> et que je triomphedè lui par ton seéou^s! »

^'Zohaîr, aveuglé jpar loi^^ueil et triatasporté de fub* rcuTi fit à son tour, eette prière : v Seigneur 1 : ne per* «.DBets*;point que cette année s'ilcbève-^ans^qôe tu «aràocŒrdes ia demande que je t'adresse. Fournis^moi «Joboadioii de me mesurer seul à^ seul àvee'Khaled; «Pourvu que je puisse le combattre^ j*ai assez de •force pour iui arracher ia vie, et ne réclame de toi «aoeènseoiEnu'Srfiv ■■■■',■■..

Un grand nombre d'Arabes se trouvaient debout en. ce moment autour du temple.. Lorsqu'ils enten- clir^it.ies paioles que Zohaïr venait de proférer,' ils serf)fDSternèrent devant les idoles, ib baisèrent^ rea* peotuèusement les- pierres angulaires'^ de f édifice >^ et dirent 3 leTu mourras, Zohaïr^ avant la fin de cette « année ^*;parce que tu as mis* ta confiance- en toi seul « elqoe tu as «outragé rÉtemel. » - » ^ j

•Toujours hors de lui-même y Zohaïr leur répondit : « Trêve de remontrances ! n exigez point de moi que « je sois calme comme un homme sans honneur. La *

332 JOURNAL ASIATIQUE.

« colère qui ne peut s'assouvir ùit éprouver a un ooeor « généreux les mêmes tourments que si était percé «d'un glaive. Oui, j'en jure par Late^ Ozza et tous a les dieux dont les images sont placées sur ce temple, « sans la sainteté du mois de Rédjeb je tuerais Khaied « à Finstant même et boirais son sang comme on boit « le vin dans les repas. »

Khaied allait répliquer; mais les assistants. a^»r rèrent les deux ennemis et les obligèrent de cesser leur querelle.

Après cette scène , Khaied ne demeura que trois jours à la Mekke. II reprit le cliemin de son pays, voyageant à grandes journées , avec ses guerriers, fls arrivèrent enfin à leur tribu. Leurs &miiles avaient quitté le sommet des montagnes pour dresser leus tentes dans la plaine, auprès des sources et des lacs. Le mois sacré de Rédjeb leur avait rendu la sécurité; mais presque toutes les habitations retentissaient de sanglqts et de gémissements que faisait pousser le tré- pas des braves qu'on avait perdus.

Aussitôt que Khaied eut mis pied à terre , il ex- horta les parents des morts :i prendre courage , et fit assembler les trois tribus alliées. Il leur raconta son aventure à la Mekke avec Zohaïr ; ensuite il ajouta : « Mon dessein est d'aller chercher notre ennemi à sa « sortie du territoire de la Mekke , pour lui fiûre payer « le sang qu'il a versé. Quand nous serons débanassés « de Zohaïr, nous irons attaquer sa tribu et nous la a détruirons tout entière. En ce moment Antar, éloî- «gné des siens ^ est occupé à Ëiire la guerre dans

OCTOBRE 1834. S33

«fYémen; si nous ne profitons de cette occasion , « donnais les Bènou - Abs nous abreuveront sans « cesse de nouveaux outrages. »

Ces paroles furent accueillies avec des acclamations d'enthousiasme p^ les Bènou-Âmer. « Nous approu- tf vons toh projet, dirent«ils à Khaled; prends donc ^ toutes les mesures convenables pour en assurer la d réussite; Nous sommes ici cinq mille hommes qui « pouvons aisément écraser la faible escorte de 2k)haïr. « Combien en veux-tu d entre nous, pour t'accompa- « gner?-^ Je veux vous emmener tous, répondit Kha- tffed;* je vous partagerai en plusieurs bandes et vous (^enverrai sur divers chemins , afin que notre proie jK ne puisse nous échapper. »

''^ Ibùs se préparèrent donc à cette importante expé- dition. Il restait encore dix jours du mois sacré. lues apprêts du départ furent terminés en sept jours; fls se imifent en marche trois jours avant la. fin de Rédjeb. Lorsqu'ils furent à une certaine distance de leurs ha- bitationsi, Khaled les- divisa en plusieurs troupes, à chaoone desquelles il indiqua une route différente. (< Afiâ, leur dit-il^ soyez pleins de zèle et dei-cèu*» «rage. Notre rendez-vous sera- la terre d'HaoUas»^ i> Lés divers détachements partirent chacun de ieu^-câté et se mirent à traverser les cEéserts, en pressant et ra- lentissant tour à tour faQure de leurs coursiers.

2Lohaïr, après avoir accompli son pMerinage, quitta laMekke avec sa famille, nourrissant dans son cœur un ressentiment profond contre Khaled. II se rendît à

Itfoire d'Occaz. II avait dés amis : c'étaient de lii^es

334 JOURNAL ASIATIQUE.

seigneurs dont il reçut l'hospitalité. II prit diez eu quelque repos et continué ^ rouW, conduit par b fatalité, qui le fit parvenir à. la. terre d'Ibouaiett^pen de jours après l'expiration du moisrde Rédjebw B4crai ses tentes auprès du lac^.sanâ se éouter duMrtiftt lui réservait le maître des cieux^ celui; don trh.vokntë sexéoute sans que rien puisse.ea vetUTdertf^Skt^i^tHki qui a fait .périr les forts et le^ puissaoU/y <)nî?fi «ftpé du livre des vivants des milliers de. géfliéiatîffmk.vi

Cétait aux approches du soir i que. ZobâQhAKftk campé sur le bord du> lac. Il prit un^Iégflr rept8i,.ct quand la: nuit fut,dose.| il se disposa à àe. HftfiihM sommeil.. M Partons ^ mon père, lui dit Cvs; hâtonS' «nous de franchir les déserts qui sont devant 'MM» «Afin de passer, pendant lobscuritév iCtpais^dcAlBè- «nbu-Amer. Us brûlent de se venger dei1iliyiieti|i «crains le génie rusé de.Khaled, fils.de.Djaftr.j'je ce cijaih&qail ne nous surprenne daiMiCe; lieihet'j|id «1 n'use envers noua. de terribles. représaflles. * ';j;V.fo_i

Zo^ïr se prit k rire. « Qùed^s^tU^v.Caïs? céptiadlti' « il; qu'est-ce à mes yeux que désr lâches- Mb .que les « Bènou-Amer? Qu'est-ce que Kh^Ied, fib dc^Dlibri « Qu'eat-^ce que tous les .{[uerriers.tiiii iabiteB|iiBS «vastes plaines de l'Arabie? J'en jiire parr {c^iDiek « étemel, |e ne quitterai pas cette plaoe : avant 'trab « jours et trois nuits j quand même . des i mauam « viendraient fondre sur moi de tous lesaientoÉrt; Je « ne veux pas qu'on dise que j'ai traversé h/Oonfrié « des Bènou-Amer à la faveur.de la ;nuit..OB4Zoindt « qu'ils mont inspiré de l'effréi, et ronne^uniki^

OCTOBRE 1834. 335

« que je les ai ëpai^nës naguère par ie seul effet de

« ma modération et de ma générosité. » . ~

Cals> entendant ce discours > reconnut que>ia vie

de son père était parvenue au terme fatal. Obligé de

se conformer iune volonté imprudente^ il engage

ses compagnons à se tenir ^préts au combat/ à tout

événement, .et à veiller tandis que Zobaïr dormait.'

.^ jGependaht Khaled ^ fils de D jaÊ|r^ étfdt arrivé dans

. le pays. d'Haouazen.- H avait choisi un ^dvoit 2

set£t-mis en embuscade, et il attendait le. «passage

de son ennemr. Voyant que Zohaîr tardait k paraitœ,

il dit à:ses guerriers : « Qui de vous^ mes cousins^ ira

K^jp^endre des renseignements sur la route. qÎLai-susvie

«Zohaïcet sur le lieu il se trouve^ ;^fin^ que nos

« mesures nesoient pas déconcertées par le basardiB

« doit être parvenu aux eaux d'Haouazea^ et les espaides

a-d[u désert s<mvrent maintenant devait lui*. J*as {leur

a4|ti'il ne nous échappe et que Jiousiie perdix^nSofe

a frait<de nos peines. » . .:...., ..: i

« Khaled^ répondirent-ils^ personne ne peut jRfmih tt pl^r tes désirs mieux qu'Amrou, fiis'dè Chérid, parce tf qu'il jest allié: par le sang aux BènOu-Ab& et qu'il a a un prétexte pour se présenter à eux. U pourra LoÉir « dire qu'il est venu féliciteîz ^ .sœury ja reine Téma- tf dour, à fqccasion de son pèlerinage^ Il reconifflitni « fe iieu;oi^ ils sont campés et reviendra nouseriinforr «mer.' Mais quiconque d'entre xious< entreprendrait o d*ailer iépier des ennemis qui doivent, être- sur leurs « gardes tomberait probablemeqit entre leurs ttains^et a ne serait plus revu de ses compagnons, n .. . sï.'\'\

336 JOURNAL ASIATIQUE.

u Mes cousins, dit Khated, je crains qa'Amrou ne « nous trahisse. »

« Sois sans inquiétude, reprirent les Bènou-Amer; « des sentiments brûlants d'inimitié animent Amrau 0 contre Zohaïr, qui fa exilé de la terre de Choiiii)é, K et l'eût Ëiit mourir si sa sœur Témadour n'eut inter* « cédé pour lui. Nous te garantissons sa fidâîte. »...

Khalcd appela près de lui Amrou et lui expliqua la mission qu*il voulait lui confier. « Je Paccepte, dit «Amrou; mais j'exige de vous une condition.. Pro- a mettez-moi solennellement de la remplir. i Quelle «est-elle? demanda Khaled. Lorsque vous aura a tué Zohaïr^ reprit Amrou , vous n'emmènerez pas « ma sœur prisonnière ; vous ne ferez souffirîr aucun a mauvais traitement à ses enfants et vous les taisMtcz a libres comme elle. »

. Khaled lui jura de protéger Témadour et «es .ffls. Satisfait de cette assurance, Amrou prtit, et les^ nou-Amer^ pleins d'espoir, attendirent son retour arâ; impatience.

C'était au milieu de la nuit qu*Anux>u sëtait/séparë d'eux. Au point du jour il se trouvait jprès des .eaux d'Haouazen.

Caïs fut le premier qui Faperçut. II le jnecomuit, malgré la distance, à la manière dont il montait ùnm cheval; et, pénétrant aussitôt le dessein perfide l'amenait, il dit à Zohaïr: «Mon père, voici iinon^" « oncle. qui s'avance vers nous de toute b vitesse dc^ « son cheval.» Je suis persuadé qu'il vient coramc « pion des Bènou-Amer. »

OCTOBRE 1834. 337

A peine Caïs achevait ces mots qa Amrou était près de lui. II donna le salut au roi Zohaïr et entra dans la tente de sa soeur. Zohaïr et Caïs l'y suivirent ; on s'as- sit et la conversation commença.

«Mon oncle, dit Giïs, quel motif t'a fait entre- a prendre un pénible voyage et ta conduit vers nous?» Amrou répondit : « Je suis venu pour vous féliciter «de votre pèlerinage et vous apprendre en même « temps une nouvelle. Khaled^ fris de Djafar, a ras- « semblé tous les Bènou-Amer et a formé avec eux le « projet de tirer de vous une vengeance éclatante. Ils « se sont mis en marche depuis douze jours^ au nombre ude cinq mille cavaliers, pour chercher à vous ren- « contrer quand vous reviendriez de la Mekke. Pour «moi, j'en atteste le créateur du monde, depuis vfe moment de leur départ, je n'ai pas goûté un ins- «tant de repos, tant était vive ma sollicitude pour «vous. J'ai marché sur leiirs traces^ dans le dessein « d'épier leurs mouvements et de vous en instruire. «Ils ont d'abord porté leurs pas jusqu'auprès de la «Mekke; de ils sont revenus et se sont enfoncés «dans les déserts, en prenant la direction de leur « pays. Quand j'ai vu qu'ils avaient désespéré de vous «atteindre et qu'ils renonçaient à leur entreprise, ce mon inquiétude s'est calmée. J'ai suivi cette route « pour vous joindre, bien certain que vous n'auriez <c pas choisi un chemin détourné, quand mèmié vous auriez être attaqués par des ennemis aussi nom- « breux que les grains de sable du désert. Maintenant ^ u je suis au comble de la joie de vous avoir trouvés

XIV. 22

338 JOURNAL ASIATIQUE.

u ici et d*étre assuré que vous n'avez plus rien à re- M douter. »

Ces dernières paroles firent sourire le roi Zohair. « Fils de Chérid , dit-il , sache que des hommes teb uque nous ne redoutent rien. Par Lâte et Osea! le M plus ardent de mes souhaits, c'est de rencontrer les Cl Bènou - Amer. Je les attends. S'ils t'ont envoyé u comme espion , retourne vers eux et dis-leur ^e tt je ne quitterai pas cet endroit avant trois joiirs en- « tiers. »

ff O roi, reprit Amrou, ton cœur n'a donc pu en- ce core oublié sa haine contre moi? Tu imputes à de u mauvaises intenlions le bien que je fais^ et. ta me i( soupçonnes de trahison ! Le danger de ma sceor et « de ses enfants ma seul attiré ici. Jai craint 'que Té- « madour ne fût emmenée prisonnière et que la hoitfe « n'en rejaillît sur moi. Mais puisque je faî 'viie::im ce instant et que je suis tranquille pour elle, je pan: «adieu; et si je me présente à tes yeux une autre « fois , m'épargne pas. »

En pariant ainsi, Amrou se leva. Il voulut reoioti'- ter à cheval et s'en aller; mais Caîs ne le lui penlôt point ; il s'élança sur lui et le garrotta fortemenL » Mqa K onde, lui dit-il, je ne te laisserai pas ainsi Véku^ner a de nous; je te retiendrai captif jusqu'à ce qaetMMfts u ayons traversé cette contrée et que nous soyona. <^ tt vue de ia nôtre. Mon coeur me dit que ndussommfs « entourés de périls; j'ai des pressentiments qui pcnt- « être ne se réaliseront que trop tôt. Que Uà^, «Caïs? dit Témadour. Comment peux-tu metCre-la

OCTOBRE 1834. a39

tf main sur ton onde et le traiter si indignement ? Est^ « ce ainsi que tu lui témoignes ta reconnaissance de a la peine qu*d a prise pour venir nous faire cette vî- « site? T-Cesse, ma mère, répondit Caïs , de m'adres- « ser d'inutiles reproches, et ne t'oppose point à ce que « je fais, parce que je devine mieux que personne au « monde la pensée de mon oncle. Je nef le dégaigerak « pa& de ses liens avant que nous soyons hors de cette « terre dangereuse.

« Lâche-le, Cai's, cria Zohaïr; c'est moi quite Fôr- tt donne. »

Caîs obéit à regret. « Au moins, dit-il, qu'Amrou a s'engage à ne parier de nous à aucune créature hu- amaine, jusqu'à ce que nous ayons eu le* temps de « gagner notre pays. bien ! Amîoû, dit Téma- « dotar à son frère, contente Caïs et fàis^Iui cçtte pro* «messe. »

Ai^irou ne balança pas; il jura par le dieu créateur de^ l'univers et par toutes les idoles placées sur la Caaba , qu'il ne parlerait des Bènou-Abs à aucun être humain, avant l'expiration de sept jours. Alors Giïs le délia et lui rendit sa liberté. Amrou demanda à sa sœur quelques provisions de j^yage pour * retourner chei; lui. Témadour lui donna du pain et une outre remplie de lait. Amrou monta sur son cheval et par*- tity pouvant à peine ajouter foi à sa délivrance. '^Lorsqu'il approcha du lieu ou étaient les' Bènou- Amer, ceux-ci l'aperçurent de loin et accoururent ^férs faii. ifihaied', qui avait craint pendant quelque temps de. ne plus le revoir, le questionna avec empresse-»

23.

340 JOURNAL ASIATIQUE.

ment. Amrou ne lui répondit pas; il alla vers un arbre, descendit de cheval sous son ombrage, et, je- tant à terre Foutre qui contenait le lait que Témadour lui avait donné , il se mit à dire : « Arbre insensiUe « et muet^ toi qui n'as rien de la nature humaine et « ne peux distinguer f homme de la brute, cest à toi a que je m*adresse en ce moment. Apprends q[uc jai « reçu ce lait des fils de Bagid et d*Âdnan. Je n oie « ie boire et je veux que tu le goûtes pour me tran- <f quilliser et pour que je reste fidèle à mes engage- u ments.

a Par le dieu du ciel! dit Khaled à ceux qui Fen- u touraient, Amrou n'a point trompé notre confiance. « Sans doute il a vu les Bènou-Abs, mais ils Fauiont «forcé à prêter quelque serment qui Fempéché de « s'expliquer avec clarté. Groùtez donc ce lait; s'3 est « doux et dans son état naturel, c'est un indice que « les Bènou-Abs sont près de nous; s'il est a^ri et « gâté, c'est que nos ennemis se sont éloignés a travers « les déserts. »

Quelques guerriers s'avancèrent et burent de ce lait. II avait toute sa douceur et semblait trait

ment. « Khaled, s'écrièrent-ils, réjouis-toi; les Bànon- tt Abs sont près d'ici. La distance qui nous a^iare tt d'eux ne peut pas être de plus d'une course de dia- «meau. Oui, reprit Khaled, Amrou lesaœrtai'- « nement laissés dans quelque endroit de la terre « dllaouazen. Peut-être depuis se seront-ils mis en tt route et les rencontrerons-nous dans les montagnes; « sinon , nous irons vers ie grand lac , et nous fes

OCTOBRE 1834. 341

n chercherons dans la plaine. Donne-nous tes ordres, « dirent ses compagnons, nous sommes tous prêts à « les suivre. »

Khaied commanda le départ à l'instant. II parcourut avec ses guerriers les collines et les montagnes jusqu'à fa nuit. Alors il alla gagner la grande route de la plaine et marcha droit vers les eaux d^Haouazen. II était hors de lui-même et semblait avoir perdu la raison , tant il était agité par la crainte de manquer f occasion &vo- rable. Enfin , au moment oii f aurore commençait à dissiper les ténèbres, il découvrit le lac.

Caïs faisait sentinelle. Il vit de loin la poussière qui s'âevait sous les pieds des chevaux des Bènou- Amer. Aussitôt il courut à la tente de Zohaîr. « Mon «père, lui dit-il, mets-toi sur tes gardeSt; ce que tu « désirais va arriver.* Qu'y a-t-il? demanda Zohaîr. « J'aperçois, reprit Caïs, un nuage de poussière; a sans doute c'est Khaled, fils de Djafar, qui vient avec « ses cavaliers. » En achevant ces mots, Caïs ne put retenir ses larmes.

2ohaïr se revêtit de son armure , s'élança sur son coursier et vola au devant des ennemis en criant: «Sois le bienvenu, Khaled, fils de Djafar, toi dont « f attente allumait dans mon cœur un feu dévorant. « Par Lfite et Ozza ! aujourd'hui je reconnais tpjLé le « ciel a écouté ma prière et exaucé mes vœux, n

En même temps Zohaîr pressait les flancs de sa jument , nommée Caasa , qui f emportait avec h rapi- dité de la flèche ou de l'éclair sillonnant la nue. Ses enfants et ses guerriers galopaient derrière lui.

342 JOURNAL ASIATIQUE.

A leur vue Khaied poussa un grand cri, pour ex- citer au combat les Bènou-Amer, qui tirèrent aussitAt leurs sabres et mirent leurs lances en arrêt. Bîent6t les deux partis se précipitent fun contre 1 autre; la terre tremble sous les pieds des chevaux; ou se mâe, on se presse , la fureur fait bouillonner le sang dans toutes les veines; on n articule ni menace ni plainte; mais on ouvre les crânes ^ oq brise les os ; les coupes de la mort circulent parmi les braves et des touri)fl- lons de poussière les environnent.

Au plus fort de la mêlée on entendait h voix de Zohaïr, semblable à un affreux rugissement Livtië à tout l'emportement de la rage, il combattait avec w acharnement sans égal. Sa lance perçait les cuirasser, son sabre fendait les casques; il fiûsait roidâr les. tètes comme des boules et tomber les noains commd 'îles feuilles d ari)re.

Vers le milieu du jour les BénourAmerj ne pou- vant plus soutenir le choc des Bènou-Abs et de leur roi f commencèrent à lâcher pied. Khaied seul oppo- sait encore une résistance opiniâtre. Aimant tnieux perdre la vie que de la sauver honteusement ', if atta- qua Zohaïr et engagea avec lui une lutte dans hqttefle il était près de succomber, quand les autres bandes de Bènou-Amer, qui avaient suivi des chemins différents, arrivèrent toutes à la fois et s*empres9èrent de prendre part au combat.

Elles avaient traversé les déserts chacune de leur côté, et, ne rencontrant pas les Bènou-Ai>s, elles s étaient rendues à la terre d'Haouazen. Parvenues eu

OCTOBRE 1834. 343

iac j efles y trouvèrent Khaled aux prises arec Zohaïr. Conduites par des chefs vaHIantS; entre lesqirels on <fistmguait Dfendah ^ fils de Bèca, elles chargèrent les Bètiou-Àbs en faisant retentir iair de cris terribles.

Ces puissants renforts écrasèrent la faible ti^oupe de 2dhaïr. Une partie des Bènou-Afos fat masser<^r^ ; les autres, couverts de sang^ furent saisis de découra- gement et de stupeur. II leur semblait que (a pfoine entière était heiîssée de sabres et de lances qui les fittlipaient de tous côtés.

Zk)haïr, voyant que ilieure de k mort était venue , pi'ésenta sa poitrine aux lances dirigées contrit lui. II M précipita sur les ennemis qui fentouraienl / avec l'intrépidité dti désespoir. Ëientôt tous ses thefmbfes n*étâient plus qu'une plaie ; Fénergie scfule (fe sôtt âdie ie -ikmtenait encore^ lorsque Khafed se jétà £IUf iùi et l'attaqua une seconde fois en combat singulier.

Malgré les blessures de Zohaïr^ Kbaied sentit (](u'il ne ^tirrait achever de le tuer sans périr après lui. Ils fondirent l'un sur l'autre en grondant et frémisisânt ràgè. Leurs yeux se remplirent de tông; le ciel et Id terre diisparurent a leur vue. Que Dieu nous pré- MTve ces haines furieuses qui^ au temps de la bar- barie, dévoraient les cœurs dés Arabes côtiime le feu dévore le bois !

Leurs lances volent bientôt en éclats; ils tirent leurs sabres, et, tous deux décidés à mourir, ils se fmppent jusqu'à ce que la force manque â leurs bras. Alors ils jettent leurs armes à terre et se saisissent corps à corps dessus leurs chevaux, ils s'étreigneht ,

344 JOURNAL ASIATIQUE.

ils cherchent à s'arracher de la selle. Enfin la btîgue engourdit tous leurs nerfs ; ils tombent tous deux sur la poussière. Khaled se trouve sur Zohaïr; il vent n- masser son sabre pour en percer son adversaire : Zo- haïr f en empêche en le tenant étroitement embiusë. « A moi, mes cousins! s écrie Khaled^ tuez Zohaïr; « ou si vous ne pouvez le frapper seul , tuez-nous tous (c deux ensemble. »

En ce moment Ouarca y fils de 2k)haïr^ s'approchait du lieu de cette scène. Il entendit les paroles de Kha- led et aperçut Zohaïr exposé au péril le plus immi- nent. Il ne put proférer que cette exclamation , « O tt mon père et , renversant les Bènou- Amer qui étaient sur son passage, il parvint jusqu'à Khaled et lui porta un coup de sabre sur l'épaule. Mais la lame se brisa sur la cuirasse, et Ouarca ne sauva point jqil père du danger.

Un instant après Ouarca était arrivé un guerrier couvert de fer; c'était Djendah, fils de Bèca. HJefa le bras et déchargea un coup terrible sur ie devant de la tête de 2k)haïr. Le casque du roi avait roulé loin de lui. Le sabre de Djendah tomba sur son front et le partagea en deux. La lame en frappant les os dn cnftne rendit un tintement sourd.

Djendah vit que le coup était mortel et dit à Kha-^ led : M Lève-toi de dessus la poitrine de ton ennemi. c( II est mort et tes désirs sont satîsfiiits. » EJbaied^ releva aussitôt , remonta à cheval et cria à ses compa- gnons : tt Mes cousins ! épargnez maintenant les vaid- '< eus. Lâte et Ozza ont comblé mes vœux; mon

OCTOBRE 1834. 345

à entreprise est achevée. Eh quoi ! dit Djendah ^ dta nous ordonnes de faire grâce aux Bènou-Abs! « Penses-tu donc que la paix puisse jamais renaître « entre eux et nous^ ou espères-tu retrouver une oc* «easion semblable à celle-ci? Djendah, répondit ff Khaied y je crains de m'exposer aux chàtimetits que a le ciel réserve aux hommes injustes et qu a subis ie « roi Zohaïr. Quand jai envoyé Amrou, fiis de Ché^ « rid^ reconnaître la position des Bènou-Abs, je lui ai « promis^ au nom du créateur des inondes, que je ne M ferab aucun mal à ses neveux dans cette expédition « et que je n'emmènerais pas sa soeur prisonnière. Eh « tuant Zrohaïr nous avons détruit la souche de nui u ennemis. II ne nous reste maintenant qu'à rem{£r « nos serments 9 pour témoigner au Très-Haut notre « reconnaissance de cette victoire. »

En même temps Khaied dépêcha sur tous les points des cavaliers qui firent revenir auprès de lui les guer- riers des trois tribus. Il reprit ensuite le chemin de son pays, en rendant grâce au Seigneur de la ven- geance qu'il lui avait accordée. A quelque distance du champ de bataille il dit à Djendah: k Mon cousin! ■« si le coup que tu as porté à 2k)haïr n'était pas mor- « tel !... Cest que j'ai juré, dans le temple delà Mekke, « que le jour je ie rencontrerais je ne me séparerais « pas de lui sans qu'un de nous deux eût reçu la mort. « Cousin ! répondit Djendah^ quand un brevet de u vie descendrait en ce moment du ciel^ il ne rendrait u pas la respiration à Zohaïr. Tu sais que mon bras « est robuste et mon sabre affilé. J'ai entendu la lame

346 JOURNAL ASIATIQUE.

M résonner contre le crâne de Zohàïr. En la retirant a de h blessure , j'ai vu sur le tranchant quelque chose tt qui ressemblait à de b graisse ; |*y ai goûté avec le tt bout de ma langue, et je Tai trouvé salé ; j*ai reconnu a que c'était k cervelle de Zohaïr. J'ai été convaincu « alors qu'il n'en reviendrait pas et que son àikie allait « rejoindre son père Djèdimè. » Ces paroles firent sou- rire Khaled, qui remercia Djendah ce qu'il avait Êit pour lui.

Cependant les fils de Zohaïr et un petit nomfare de cavaliers y échappés avec eux au carnage^ avaient. pris la fuite aussitôt qu'ils avaient su que leur roî était blessé mortellement. Lorsqu'ils virent les ennemis cesser de les poursuivre , Caïs dit à ses frères : « Re- a tournons vers notre père, et emportons^Ie avec nous us'il lui reste encore un souffle de vie* Sans doute ff quelque événement inattendu occupe les Bénou- « Amer et nous a délivrés d'eux. » -

Ils revinrent donc sur leurs pas, et /parvenus au lieu oii était étendu le roi Zohaïr, ils le trouvèrent se roulant sur le sable , en proie à de cruelles donteurs^ Caïs descendit de cheval et lui parla, a Que me veux- « tu, mon fils? lui dit Zohaïr. Retire-toi. C'est toi que tf ma tribu et mes guerriers doivent reconnaître jk>ur « mon successeur. Souviens-toi de me venger des Bè- « nou-Amer, et de t'attacher Antar, fils de Cheddad. « C'est Antar qui punira Khaled. n II lui recomiiianda encore ses autres frères, auxquels il enjoignit de lui obéir; ensuite il s'évanouit.

Ses enfants et leurs compagnons se mirent h vârser

OCTOBRE 1894. 347.

des larmes et à sangioler. Hs rabattirent leurs turbans sur leurs cols. « Mon père ! dit Caïs ^ ne veux-tu point tf que nous te transportions à la terre de Chourbè? » Z^haïr, rouvrant les yeux^ répondit: «Laissez-moi

« mourir sans me tourmenter davantage , La bies-

u sure que fai reçue à la tête me fiiit sooffiîrfQsque

« dans les vertèbres du dos II ne faut aux morts

« que de la terre pour les garantir des corbeaux et des « loups... » En ce moment sa voix s éteignit et il avala le breuvage de ia mort.

Les Bènou-Abs jetèrent de la poussière aui;>$Dn corps et déchirèrent leurs vêtements, puis ib re^ prirent, dans une profonde tristesse, la toute qui dé^ vait les conduire h leut tribu. Celui dont le chagrin était le plus cuisant, c'était Ouafca, qui avait porté à Kfaaied un coup inutile. Pendant tout le chemin , sea pleurs oouf aient en abondance sur son Thage. !J!éma-* dont se livrait aussi à un affreux désespoit*;.éttè ëtilit tentée de se donner la mort. Son amour pour ses en- fants f empêchait seul de céder à ce4ésir ; mais elle aç, frappait les joues de ses deux mains et mettait .«no lambeaux avec ses dents ia chair de ses bras.

m

1

■•!:i

348 JOURNAL ASIATIQUE.

REMARQUES

Relatives aux extraite de l'histoire de Rachid-^din commentes dans le Nouveau journal asiatique '.

NOTE PRÉLIMINAIRE.

Les remarques suivantes de M. de Hammer m'ont été communiquées par la commission du Journal asiatique pour y répondre, si je le trouvais convenable. Je le fais en intercalant mes observations, composées en petits oa- ractères, dans le texte de M. de Hammer. En résultat, les remarques et les excuses de ce savant démontrent que le manuscrit de Vienne est une très-mauvaise copie f ouvrage de Raéhid-eddin , et d'après laquelle il ne aérait point possible de faire une traduction. Quant aux denz manuscrits de Paris , ils lui sont préférables et ont mxa notre savant collègue M. E. Quatremère en état de faire une version complète de Hiistoire des Mongols cfn cé- lèbre vizir de Ghazân khan. Elle est actuellement bôqb presse à llmprimerie royale, et nous désirons ardem- ment de la voir paraître le plus tât possible. Klaproth.

M. Klaproth, dont les travaux embrassent laiangue^ f hbtoire et la géographie de la Chine , vient de com- menter d'une manière fort instructive la notice donnée par f historien persan Rachid-eddin (ou, pour pro-

' Vol. XI; mai 1833, pag. 447 et saiv.

OCTOBRE 1834. 340

noncer plus correctement, Reckid^eddin^) sur les établissements et les règlements de la Chine ordonnés par Koubilaï khan , notice qui a paru d'abord traduite dans le Bulletin de la société de Gr^graphie. Le ma» nuscrit de la Bibliothèque royale de Paris étant plus correct que celui de la Bibliothèque impériale de Vienne, M. Klaproth a rectifié d autant plus aisément la mauvaise orthographe du dernier et a tracé la véri- table origine chinoise de la plupart des noms propres.^ U a cependant quelquefois attribué au traducteur ce qui nest que la faute du manuscrit. C'est ainsi, par exemple, qu'il dit:

« M. de Hammer s'est mépris sur le dernier mot ; « il a lu Tezrek et Khatledje. »

Mais le manuscrit de Vienne porte effectivement tf};^ et ^"ÂÂ. en assez belle écriture ; et puis :

«Dans l'original : ^a-jL^^^j 3^ 3«>s>J^3 ^l^bil^ « f-i I ^Dy^ . M. de Hammer a traduit ces mots par « à Khanbaligh sont deux grandes maisons; mais u AiU^d^j est le terme le plus usité en persan pour « désigner une rivière. »

On lit effectivement dans le manuscrit de Vienne :

m

^ II faut prononcer Rechid, paisqae ce nom i*ëcrit àx^Ay » et non pu Jyuâtj Rachid, qai est le nom de plusieurs reis-effendi» ottomans. Comme H faut prononcer Rechid et non pas Rachid, qoand il ny a point d*élif , ii faut aussi prononcer Noutnan et non pas Noptan, car dans le Ferheng Chououri (yoL II y fol. 409 1^), ii est expressément dit Nouffian et Noupin , Tun et Fautre ayec un waio maerout, c'est-Mire qui se prononce comme o«.— oDB Ham.

350 JOURNAL ASUTIQUÉ.

ce qu ii est impossible de traduire autnraaent que par deux maisons à Khanbaligh et Daidou. Au reste, M. Klaproth eût pu se convaincre, par le Fësumé de géographie persane publié d*abord dans les Anmdss de littérature de Vienne, et puis incorporé en partie dans les mémoires de la société ( ? ), que M. de Hammer y a traduit plus d une fois le mot de roudkhané par rivière, mot en effet si usité quli se trouve même dans la plupart des voyages anciens et modemea en Perse.

Dans deux capitales aussi célèbres que KhânbiUgh et Daïdou, il devait naturellement y avoir plus que deux grandes maisons , et le contenu du passage en question aurait du indiquer au traducteur qu'il y avait quelqaa faute dans le texte, ou qu'il y manquait quelqqe ohose ( la syllabe ^^j roud) devant le mot sù\à^ khaneh,^ Ce malheureux terme de àj\^^^^ roudkhineh est de mau- vais augure pour M. de Hammer, et lui a dé|i' joué plusieurs tours. Par exemple dans les Mines dei^OffîèDt ( vol. lU , p, 399 ) , ii Ta traduit une fois p«r y^ggaiffm d'eau, et une autre fois par maison deau» P'aiOjeun le texte de Rachid-eddin dit : a A Khanbaligh et à Daïdou il A y a deux grandes et importantes roûdkhiheh (fivièirès^ u ou, selon M. de Hammer, khdneh, maîsohs). EÎIdl vien. u nent du nord, est le c|iemin qui conduit au campe- u ment d'été ( du Kaan ) , à la frontière de Djemdfélj et u se réunissent à une' autre rivière. ( Le manuscrit de « Vienne porte peut- être matVon.) 9

Plus loin : u Khingsai, oi non pas Kkaheai, « M. de Hammrî- a lu , est le mot chinois qui «gpiifiè « résidence impériale. »

Les caractères ^^UJCh. , qui se trouvent clammaBt

;

OCTOBRE 1834. 3&1

écrits dans le manuscrit de Vienne y ne sauraient être lus Khingsai,

La largeur du canal qui va depuis Péking à Khing- sai est donnée dans le manuscrit de Vienne telle qu'elle est traduite, à mille trente guiz,j^» (^ ^l>t^«

Un canal large de mille et trente ghez, ou aunes , et qui traverserait la plus grande partie de la Chine , serait une œuvre beaucoup plus surprenante que les sept mer- veilles du monde. Le bon sens aurait du faire sentir au traducteur qu'il y avait une erreur dans la copie du texte.

Le Komoundar, que M. l^aproth donne pour le mot persan qui signifie échantillon, est probablement une faute d'impression; car fe mot persan est nu^ moudar, j\^yji.

Le mot komonddr est une faute d'impression; aussi iit-on, datis le texte persan que faî donnée jt5^ ^u- moudâr, original.

Pour ce qui r^arde les titres des|[rands digixitaires^ le mpt que M. Kiaproth croit devoir lire ka^dj,an se trouve dans le passage cité écrit {j^^^ tendjan; mais dans la suite toujours ^j^-^^ menhan, II est sûr iquil est Féquivalent de vizir, ou ministre d'état , puisque dans le récit de l'exécution du vizir Finaktti, le vizir chinois son rival est toujours qualifié de ce même terme de menhan; de sorte qu'il est très-probable qu'il f<^ut Ijire JcO'bhan, comme M. Kiaproth le propose;^

Le passage traduit par M. Kiaproth, d'après le ma- nuscrit de Paris , « Le principal kabdjân ési nommé ^l^J» j^ sou kabdjân, ou Félu parmi les kabdjân, » se te; dans le manuscrit de Vienne:

352 JOURNAL ASIATIQUE.

« On appelle leur chef menhanan {kabhanan). Le sou ne se trouve pas ici , et ce mot de sou est expliqué par Rechid-eddin , dans un autre endroit, comme on va le voir plus bas , par un tout autre équi- valent que s«>^j y qui signifie Yélu, ou plutôt la crème. il f explique par vigilant, j\*KKi. C'est aux sino- logues à décider quelle est en chinois la véritable si- gnification du mot sou, qui se retrouve dans les Sou Mogols ( Jy^ y»» ; c est ainsi que Wassaf écrit ce mot)^ et même dans le ^^\i ym sou bachi, ou liedte- nant de police des ottomans.

L'orthographe du mot /^L^o» ii\ ^. rt ou ^1 qu'on peut lire hahdjân, kahhin, menkdn ou ten^in, n'étant pas de'terminée, il n'y a rien de positif à dire sur sa signification en langue mongole; il faut attendra la découverte d'un manuscrit de Rachid-eddin , plus exact que ceux que nous possédons , pour décider de sa véri- table prononciation. Le mot ^^^1 sou, que Rachid-eddîn traduit par Jvjj crème ou élu , ne peut être le mongol t-H/ ^^^9 qui ne signifie que laiti la crème s'appelle dans cette langue ^ ^j"^"^^"-^- orômà.

Quant aux dénominations de Jyl« ym Sou Moghol, et ^If ym sou bachi, il est connu que la syllabe, «oar j est le mot turc qui signifie eau. M. de Hammer aurait déjà pu trouver les uSumongol, ou Mongols aquatiques* dans le voyage du cordelier Plan Carpin , qui fut en* yojé en Tartane par le pape Innocent IV, en 1946 ( Relation des voyages en Tartarie, recueilli par P^ Ber- geron; Paris, 1636, in-8^ pag. 349). Les auteurs chi- nois appellent ces Mongols •'^;«^^ ^^ CAotftJlfoM|p

OCTOBRE 1834. 359

.,kou,ce qui signifie aussi Mongols d'eau. CW la même

tribu qu'on appelle aussi iJ^^îîÉTK. Choux Tha tha,

Tatars cTeau ou aquatiques. Sou hacki, chef des eaux, est ie titre des lieutenants de police dans toutes les villes de FAsie Ton parie des dialectes turcs, parce que ces fonctionnaires publics sont charges d'entretenir en bon état les puits et les conduits d'eau. Les sinologues , pour leur part , n'ont donc rien à faire avec le mot sou dans Sou Moghol et sou hachi,

M. Klaproth a porte, dans sa reTntàtion dhr^ée contre M. Schmidt (publiée à Paris en 1829), sur Rechid-eddin , le jugement qui suit :

« Si jamais historien asiatique a mérité d'être tra- it dmt, c'est celui-ci , et tel orientaliste ferait mieux de « se charger d un travail aussi glorieux que de traduire « du phébus persan et arabe depuis Firdewsi jusc[u'à « Motenebbi en vers allemands mai martelés^. »

Cest pour répondre au moins en partie à cet appel, que les passages de Rechid-eddin publiés dans le bul- letin de la Société de géographie ont été traduits. Comme M. Klaproth vient de prouver que le manus- crit de Vienne n'est pas si correct que celui Paris, les orientalistes de Vienne perdront leur temps et leur peine en traduisant Rechid-eddin d'après ce manuscrit.

^ Wenn je eîn asîatischer geschîchtschreiber yerdient bat « fibersetzt zn werden so ist es dieser, und mancher Orifentalist «wûrde besser thnn sicb an eine solcbe ruhmbriDgende Arbeit azu macben, aïs Persicb-Arabiscben Bombast yen Firdewsi bis «211 Motenebbi in deatsche Knfippelyerse zn ûbersetzen. » J7e/e«cA- tumgund Widerlegung der Forschungen ueber die Gesekithte der mùieUuiatischen Vôlker. Paris, 1834, pag. 69.

XIV. 33

3M JOURNAL ASIATIQUE.

Ce n'est que des orientalistes de Paris , de Londres et de Pétersbourg quon pourra attendre l'exploitation de leurs manuscrits, qui sont plus complets et plus corrects que ceux de Vienne. Personne assurément ne serait plus capable de venir h bout de cette tâche glorieuse que M. Klaproth lui-même; et 1 étude de l'histoire delà Haute-Asie serait bien plus avancée par cette traduc- tion que par toutes celles qui ont été publiées jusqu a présent par les sociétés asiatiques.

En attendant que ce pieux desiderium soit accom- pli , nous soumettons ici laux sinologues une diaine de dénominations de chai|[es et de titres que Rechid- eddin donne comme chinoises (Khatayi), et dont il sera impossible au traducteur de cette histoire de rétablir la véritable leçon , parce qu'il n'a pas f avantage d'être profondément versé dans la langue et la littératun? chinoises.

J. DB Hamiur.

Pour cp qui concerne la langue du Khàiaïj M. de Hamnier est complètement en erreur s'il croit que o^est la même que la chinoise. Le nom Khataï ne conirâent qu'à la Chine spptenirionale ; il provient des Khitans, peuple d'origine inconnue, qui est venu du nord-est a^établir sur les frontières de la Chine. Ces KhiuUiSy devinrent bientôt puissants et fondèrent, en 907 de notre ère, le royaume de Liao. II fut de'truit par les Djouré^ek, nation d'origine toungouse, qui occupa les provinces de. ce royaume et y fonda la dynastie des Kin, dont les prince» sont appelés AUoun khans par les auteurs mabomélpiis. Cette dynastie fut détniite par les Mongob. On voîidoiio que le Khataï, ou la Chine septentrionale , a été

OCTOBRE 1834. a&^

par des peuples tartares depuis 907 jusqu'à la chute to- tale de l'empire des Kin, eo 1934, ou peadant plus de trois, siècles. Quoiqu'il ne paraisse pas que les Chinois , soumis à ces étrangers, aient adopté beaucoup de termes de leurs idiomes , les dénominations géographiques et administratives , ainsi que les titres des grands officiers et des magistrats de cette époque, furent soumis a cette influence. Nous ne possédons que fort peu de mots de la langue des Khitans^ ils ressemblent autant au mongol et au mandchou qu'à d'autres idiomes de l'Asie moyenne; on y rencontre même des termes qui montrent de la con- formité avec des mots samoyèdes. On lit, dans Y Histotre de la dynastie des LÀao ou Khitan (Khataï), un exposé de leur idiome, dont je traduis ici l'introduction.

« Depuis que les Liao changèrent de place et rappro-

« chèrent leur frontière de celle des empires des Tsin

«et des Thang, leur histoire, quoique étudiée dans sa

, it plus gran'de étendue par les hommes les plus habiles ,

u n'a pu être encore parfaitement connue. Pheï in, Yan

u szu kou , Li hien ho, Tchhao toung tchhoung nous ont

«laissé àes mémoires fort instructifs sur ces matières,

« et c'est d'eux qu'on peut tirer les noms de différents

« objets , les expressions particulières [fang yan ) et les

«mots étrangers, pour que, d'un seul coup d'œil, ceux

« qui viendront après nous puissent en tirer de l'utilité.

«Dans le commencement de l'élévation des Liao,

« leurs mœurs et leur langue avaient en général beau-

« coup d'analogie avec celles des Ht, des Chi' weï et des

^ My eul (tribus toungouses et mongoles); elles étaient

<f£ort grossières. Sous Thaï tsou et Thti^ tsoung [de

<f 907 à 947 de J.-C. ), quand ils se furent emparés de la

«- Tartarie , ils commencèrent à employer beaucoup de

^ ooutumes chinoises. Mais néanmoins les habitudes dif-

r /^rentes des siècles précédents les guidèrent et les for-

^ cèrent à conserver beaucoup de choses. La succession

cfe fils et de petits-fils, qui fait qu'on se conforme fa-

83.

356 JOURNAL ASIATIQUE.

u cîlement les uns aux antres, les engagea amai à ne «pas changer certaines choses. (7est poorqaor, dans c^rhistoire, les fondions des mandarins, les jMiais, 0 les forteresses, les cours, les degrés de parenté, les A choses qui concernent la terre, les charges mîli- u taires, sont nomme's dans lear propre langue. Si tous u ces titres n'avaient pomt cPezpIication qui aervît à les u interpréter, comment eût-on pu les entendre dans h u suite , et se former une idée de ce que ces titres s^i- u fient? On les a donc examinés à fond et on a fait un 0 choix dans Phistoire des Lîao, pour joindre ici an u exemple de leur langue. Ceux qui voadront Fétadier u n'auront pas la peine de faire un trayail découaa.,*

La plupart des dénominations et des titres khitans qu'on trouve dans ce vocabulaire sont, ou des termes chinois ma! employés, ou composés de mots chinob et khitans; de sorte que ce vocabulaire n'est que de peu d'utilité pour comparer le dernier avec les autres idiomes de la Tartarîe.

La langue des Djourdjeh ou Kin ilous est raîenz con- nue que celle des Khitans , quoiqu'il ne nons en reste quenviron quatre-vingts mots (voy. Asia pofyglottu, pag. 999). Mais ces mots désignent en partie dea objeta naturels et sont par conséquent propres k la comparai- son des langues. Ils démontrent que Fidiomedea I^onr- djeh appartenait à fa même souche de langues qae le mandchou et les dialectes toungouses de nos joara.

Les mots khataïens que Rachid-eddin cite dùa son histoire des Mongols peuvent donc être chinois,' khi- tans ou djourdjeh. Par conséquent le secours de la langue chinoise est insuffisant à les expliquer tous , et en effet un grand nombre n'ont nullement Pair dbinou. M. de Hammer ne doit donc pas prétendre qné lea si- nologues retrouvent tous ces termes, qui appartiennent en pai*tie à des langages qui ' n'existent pIuA.V

OCTOBRE 1834. 3&7

^^yi ^33^:5' ^ V^ C"*^ jW* *iUl-*fcâfcfc^

•XXL ^JâM j^^ ^jUl^ ^l*J^ iS'Url^

aliC djingsang susdit lui donne de grands éloges « et le surnom de Odjaoutkodi, qui veut dire en «chinois un grand émir, »

Dans la traduction de ce passage , M. Hatnmer a eu tort de joindre le pronom^) 6, atànom ^^^S i::jy^j>^ JDjaout koudi, ou plutât ^^^ «^jV^* Tchàoùt lôùdi, comme on le lit dans le manuscrit de Paria, ^l*^ dV^..^ (^^>^ ^3^ signifie a la lettre « il lui d^nna u ie titre de Tchaout koudi. n La même construction se retrouve dans le passage qui suit immëdiàtemeiït

après dans le manuscrit Paris : ^ ^\ u^ J^^

^S^ ^Iâ^ dlj^t 3I cJlI ^ En même temps le Djingsang

â mentionne' donna au roi de Karaït, qui portait le nom' u de Thoghrîl, le titre de Ouang kfian\*n"

Quant au terme Djaout koudi ou Tchaout koudi, il n'est certainement pas chinois ; il appartient yraisembla- bleiiient, ou à fa langue des Djonrdjeh , ou à celiedes Mongols. On lit dans Rachid-eddin (fol. i42 recto):

a Djaou kout désigne le Khataï, le Tanjj[kout| le Dfour- it djeh , le SoUnglui^ (le nord de la Corée] ; car ces limites « sont appelées Djaou kout chçz Içs Mongols, n Dans l'histoire du Khataï du Vseudo- Abdallah Beidhaweï,

publiée par A. Miiller ( pag. 9 ) , on lit : ^y^ ^^

if"*Vrj

'"^T^FÏg^.

^Ommglàm,

^Lr^uprau ; jd «isk

^#1»-

4^^

-ssnnï- a: i- j:

r-^ OC «- cmnD&B- m iDo:

r as;

r: iTAiEr. . prince. Je n'û lUUK mes notes m imt cboK pâumlement nr skck Ganfafl, Hùimf* Jk i','ru4car. I^etb l*3î«. ii>-4'. pag. 4.)

OCTOBRE nu. 8M

G>? /^ 4}^ u'v^ r^*^ <^^^

« Linkoum veut dire en chinois un grand émir, »

' . ' ' *

P fc ^ ; ^ Ltn ^oum, pourrait bien être le chinois

^^^^^K "^^'"^ koung, qui signifie seigneur ou. comte,

« Le nom de Taîanak khan ëtait aupararant Tot- M houka; les empereurs chinois le nommèrent Tat « wank, c'est-a-dire^/5 rfc khan. »

Si M. de Hammer avait connu mes Lettres sur la lit- térature mandchou [Mém, relatifs à VAsie,JS.j 8I), il

n'aurait pas lu Taianak khan le nom de ^ ^ «My Tayang khan, qui est le l-i-iU-vt j-»-^-M> Tayan khaghan, de l'histoire monc^ole publiée par M. I. J. Schniîdt { P^' 9*7 ). Pour ce qui regarde le titre de A^\^ ^b Taï

Wang, il me paraît être le chinois ^.'fnf '^^^ ^'^^^g* ce qui signifierait roi d'origine ou roi fils de rois.

|J* 0lj&^3 4|r^ 6^^' *J853 ♦^^^^ <:T^'^ J^^ g^W

« Le nom de son père iëtait htanidj , ou plutôt « Bekou khan; Inanidj veut dire ajouter foi {«f oit « éii crédit), et Bonkan est plutdt le nom d'un grand

« roi. »

- -j:z;.-n»-r i -imosezesneBE 3iai entenda ce pu-

iTe ->^ ;r-«:anr ? nue joka ''<î^Â.q[iiî fait partie do

.■vm -rrarp . .oiir '.j. .-arccme acrsme heikêk, qwflgni-

:.^ 'var.'C. laiis .^ oon. le Pins 'la ih aISI^ ^W^ \^3

^ i^i^ «^s*»* leJâ» 1^ Ati[|i

j^«;>: . El ''a .*j.Dpef& BtdntÇ Mlgwk BomÊam tfaa.

înunai ii^uie jrctjoju: ôugek tM. OD titre Amb, et

JouA-oii chan -aoni «f un ancien roitrès-graadtide

«mi 1^ - royenr aa'il uvah renni on grand nomlm An: :res ^etinies .inx Oni^ours. ■•

^nanuj ^<z tutc ec rient du Terlie f&^U^t ÎMâmmàk, .'roire. JL'^en esc également tnrc et signifie stumi^ de _^\j uimck. Boukou ou bougon est le même mot qne \.^ ''Oi:hà, qui en mrc signifie taureau, Cetait amn

'a ?i::niiîcation Ju nom d'un célèbre roi des Ooigoon. ^05 :zires turcs donnes à nn prince naïmam donon- -renc iiue sa uation e'tait d'origine torque, oooime je i'ai àejà t'aie observer ailleurs.

Le iwit Je la mort du vizir Finâk'iti (le Bi ies liisturienâ persans) commciacc par dire que son ^'Tval le vizir chinois, lorsqu'il sVtait mis en crédit, iiit appelé Son menhan. '""^ - ""'

C'est le même. mot qui, au uwiwdiKiniiÉl de notre manuscrit, est écrit tenéj^Bfi . toujours menhan , et que M. Khiprtiik fit Kn tout ras il signifie ministre"» •« ^tsjt cjt^

* : OCTOBRE! 'IKKj •• : Ml

'l'histoire des vîzirs^ de Kbondemîr> de rival est tou- jours qualifie de vizir chinois. Rechid-eddin. explique ensuite le mot sou.

.1

r t'.

« <So?< n^nhan, c'est-à-dire vizir vigilanU a(m,esi « le surnom du grand vizir ^ »

1 Dans le paragraphe qui. traite 4?s secr^ire^ à&. Kpu- hilai khanj les temples du Kain sont nommëi>d'un nom qu'il est impossible de- lire au' juste dai» ma- nuscrit de Vienne, puisque les points y manquent.

- - .. ■.^, .

« Dans les pagodes particulières du Kaân , lesquefles « sont nommées Tenkas ? Bikas ? Netkas ? »

Le mpt ^l^ n'est certaîfif^mçnt pas chinois, «f^ Pré- sume que la première syllabe e^t bout , comme dans psk^ Boutkhaneh^ t<:ipple de Bpuddba.

' '. -éW '

Dans le .paragraphe jIu. vol de joyaux :

...» '. ) ■.

.,.\ jCfiUe explication da mot 5oi»,dâiiQi)trç;^ne la mamère dont les orientalistes ont entendu jasqn ici le mbt .^ftL m*» sou bâ^hi (lieutenant de police), en le dëriyant de mi» Sou |;màl), lie donne

pas la juste ëtymologie. C'est san^ doute. un rçste de la tepnino- logié du'gouTériiémeiit mongol bUcHhiôb qîii s'I^st donsiiryë Jus* qu*à nos jours chez les ottomans. Cette' ëtymologie an i^àï^Sou donne en ménrè^ temps le véritable setts JUâ* mMê '8ou M'ogol (c'est ainsi que Wassaf récrit), dont les voyageurs et historiens européens ont fait jusqu'ici des Mongols aquatiques ! ^- du Ham.

JOURlfAL ASIATIQUE.

« Par voie d'emprisonnement oa «TairestatkMi , qac « i on nomme en langue chinoise Link kis ?

j^ JgJ Ling kis, parait être an mot estropié. Une prison s'appelle en effet- en chinois j^ t»ing, oa

l'S i^ ^^^S y^' P^^^ ^^^ ^^^ ^^'m Lmg

kien, de sorte que je crois qu'il faut lire dans le teUe persan ^js,^ JLÎJ Ling kiën. Le manuscrit de Ràchid- eddîn se trourant actuellement enire las mama de It Éi Quatremère , je n'ai pu rectifier cette lef qiu

'Dans Te paragraphe de la généalogie de Hotakau:

dfytyJL «_

<i Les souverains du Tangout l'appelèrent Djaki' « mou, c'est-à-dire grand et puissant prinèe. »

aU^L (S^, Jot AXà^ db\^^ Ijjt a»j(^ Ai^y

«Les peuples djourdjè (les Niutdbî) fuppdèrent « Kojanik, c est-à-dire souverain d^un seuldistrieL» (Dans ce cas, Kojanik serait à peu près synonyme SOung khan.)

La langue des I>jourdjeh n'existe plus; il serait donô difficile de retrouver le synonyme de viU!<^^ ^ ^V^ . cas il ne faut pas lire ce mot KojanU, mais KdKuyfingm

OCTOBRE 1834. 903

'"

AVIS.

iJàsyA [^ c;Ui^^ Os^T ^1 A^Xfr ^^U» ^^Jbu>r ^Uj éù<Ji j.2j^ ^j^j JiXx* JU3 ^^j&^ S:iytjk^^

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I . . /

j\ \>^ jU^li tK «:»-» f^^ (jmT JAi. CA^

J^U ^j^ c;^^ ^^ô {j^it^ y^\3 ^^-^-^H^ tf'/r*

364 JOURNAL ASIATIQUE.

TBADUCTIOIf.

On apprend par la tradition qu'un personnage se présenta devant Timam Djafar^ surnommé le juste (que la paix soit sur lui! ), dans le dessein de devenir son disciple y et lui dit : « Donne-moi quelque avis. » Djafar lui repondit : « Si le Dieu très-haut garantit à « tous les hommes leur nourriture journalière, ponr- <( quoi donc te chagriner? Si Dieu lui-même départit <c cette nourriture^ pourquoi montrer de la cupidité? « S'il faut au jour de la résurrection que chacun rende « compte de ses œuvres , pourquoi amasser des ri- « chcsses? Si les dons que tu répands dans la voie de (f Dieu doivent trouver auprès de Dieu leur réoom- « pense ^ pourquoi manifester de f avarice? Si le chitî- u ment de Dieu est le feu de Fenfer, pourquoi refuser « d*obéir à Dieu? Si la mort est certaine, pourquoi se « livrer à la joie? Si tout est exposé 9ux regards de «Dieu^ pourquoi mettre la tromperie en usage? Si « Satan est ton ennemi , pourquoi ne te pas tenir sur «tes gardes? Si tous les hommes doivent passer sur « le Sinit^, pourquoi faire paraître de fa vanité et de il l'orgueil ? Si tout arrive par la prédestination divine, u pourquoi s'abandonner à la tristesse? Si ce monde est « périssable , pourquoi attacher son cceur à ce monde?

G; mr Li.

^ Nom d'un pont fort étroit que les mnsaimaiis discal être ^àmeé au milieu de l'enfer, et qu'après le jugrmmi les bons et les méchaati bel unt o\i\\géê de traverser pour se rendre «m iie« de Icnr iT< ili— . liiiii. Voy . Marracci, Prodr, ad re/iit. Alcor. pars tcrtîa. Voj. avMÎ (j. haie , Ohserç. histor, et cn't. sur le MmÂt^métisme, fect. IV, $ SI.

OCTOBRE 1834(. Mt

I '

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 6 octobre 1834,

Sir John Speil6er Smith écrit à la Soéieté etl lui adi^s- sant un exemplaire d'une ' brochure intitulée Reeherchëê sur la vie et les ouvrages de Samuel Bàehart, par Ëdtr. ' Herbert Smith. Les remerçîments de la Société seront adressés à sir Spencer Smith. ' .

MM. Parbury et Allen adressent au conseiP, au nom -de la Société asiatique de Calcutta, la seconde partie du dit-» huitième volume des Recherches asiatiques de la Socii^tl^ de Calcutta. Les remerçîments du eonseil seront adressés à la Société asiatique de Calcutta.

M. J. Aydall, de Calcutta, adresse au conseil une série d'ouvrages, en arménien, publiés par lui à Calcq|ta. Il e^ donné lecture de la liste de ces ouvrages', qui ne sont pas encore parvenus à la Société. On arrête que les irèmerei* mefits du conseil seront adressés à M. Avdaiï. ^ '

M. Seihelet adresse au conseil un exemplaire de sa tra^- ductidn littérale du Gulistan de Sadi, exécutée d'après l'édition autographîque du texte persan publiée par M. Sei- melet. Les remerçîments de la Société seront adressés M. Semclet. •' '

M. Manockfi Cursetji écrit à la Société asiatique en lui adressant quatre ouvrages, en persan et en guzarati; ooii» tenant des fragments zends et pehivis, et relatifs à l'intei^ cdation dans* l'année religieuse des Persans.- II demandie que la Société prenne coniiMssanoe de ces ouvrages «t prononce sur la question qui j est examinée. Le conseil

366 JOURNAL ASIATIQUE.

arrête que les remercîments de la Société seront adreues à M. Manockji Cursdtji et que les oovrages oKrts par loi à la Société seront renvoyés à Texamen de M. MohL On ilécide en même temps qu'on exemplaire dn Vendîdad- Suilt* sera envoyé en présent à M. Manockji Carsetji.

M. Lajard communique au conseil le résaltnt de Toa- vcrturc des caisses envoyées de Constantinople an minîs- tèiv des aiFaircs étrangères et contenant les documents uiunuscrits et objets d'antiquités recueillis par fen le doc- teur Schultz pendant son voyage dans la Géorgie et la Furse. Le même membre fait connutre avec de grands dé» taits la nature de ces matériaux et annonce en particulier lexistence des journaux de voyage de M. Schultz et celle de la copie autographe de quarante-deux inscriptions re- levées pour la première fois par M. Schultz dans les enn- roiiM de Van. Il annonce que le ministre des aflaires étrangères est disposé à remettre les mannscrita -de ce voyageur entre les mains d'une commission prise dans le seiu de la Société asiatique, aussitôt que le conaeil U aura fait connaître les intentions de la Société relativement à la |)ublicatioD de la relation du voyage de M. Schultz. M. le président adresse à M. Lajard les remercinients dn isoiiHeil pour cette communication , et il consulte Faasem- blée sur la question de savoir s'il ne serait pas couTenaUe de procéder immédiatement à la nomination d'une oam- iiiission chargée de prendre connaissance des matériaux rassemblés par M. Schuia ei de faire an conseil une pro- position sur le meilleur mode à suivre pour la pnblicafioii de ces précieux document». Le conseil adopte cette propo- MÙou et arrête en principe que la Société fera toua aei ellorts pour exécuter cette pubLcaiioB dans le jjdiia pro- chain délai; le conseil nomme en conséquence membres celte commission MM. Laiard. Reinaud et MohI, anz- qiicU «l'adjoindra le bune^tu iTd j a lien ; et il charge en ifiêfufc temps le secrûairv de ijàkrt connaître ccttn rmli^ Ufaii « M. fe mîniscrf ^et adùirn» emngères.

OCTOBRE I8M.:: Wf

M. Lajard aanonce au conseil, de h part de le baron S, de Sacjy président honoraire de la Socie'te^ que ce sa- vant a reçu de Leyde l'assurance qiï'npe copie du manns- orit de la Géographie d'AbouIfeda' serait adressée à la So- ciété.

M. Brosset communique au cepseîl «ne pièce ^e vers traduite du géorgien.

OUVRAGES OFFERTS 1 LA SOCIETE.

(Séance da 6 octobre IS34. y '

. . » . < ...

Par M. SteMÈLÉT. GuKstan, ou Parterre de Jleune, èé Sâdi, traductioâ littérale, piak' M. SEMfiLÈt. Itt-4«.- -- '''

Par M. Pauthibr. Essais sur la fhUosophie dêê Jndôitèi, par H. T. Colebrooke, traduits de l'anglais et «ujfmènlâi de textes sanskrits et de notes notubretises par 6. PAt^ ttimn. 8* paitie. In-8*. - -

Pa^ M. E. JACQtnËT. Légende de Vtntrepue du dâietéût lutksingi ai^ee C esprit dufoyer/itAàtatdû chinois. In^ft'*:

Par M. E. T. Huard. HisVùire dfi peinture italienne^ dépuis Proméihée jusqu'à nôs jours, par£. T. Huard. Pk- rfSjDelattnay, 1«34. In-8^ * ^

Paï- M. F. Bopp. Kritishè gtamk&iick der IsdiùUiUt^ sprache in kiirzerer Fassung, von Franz Bopp. Beriiby 1834. In-8^

Par M. John Spencer Smith , éditeur. Samuel Bochart. Recherches sur la me et les ouvrages de cet auteur illustre. Mémoire adressé à l'Académie royiJe des Sciences, arts et belles-lettres de Caen, par Edw. Herbert. Caen. ^-8®.

Par les éditeurs et rédacteurs :

Bulletin de la Société de géographie. 3*^ série ^

tome IL N*» 7. Juillet. In-8*». . Journal de rinstitùt historique. V* année. Août 1834.

368 JOURNAL ASIATIQUE.

Asiatie researckes. Transaerimu of ike pkgâieal

cloês ofthe asiatie Society ofBengml, Partie 9i

Calcutta , 1 833. In-4*. Transactions ofthe royal asimtie Society ofGrêët

Britain and Ireland, Volume IIL Partie 3. Lo»^

don y 1834. Iii-4^ The journal of the royal asiatie Society of Ctreat

Britain and Ireland, London, July 1834. In-8^

N<» 1.

M. Fabbe Glaire , membre de la Société asiatique, pro- fesseur de la faculté de théologie , connu avantageusement par quelques ouvrages relatifs a la littérature sacrée , vient de mettre sous presse une belle édition du PentatenquCi accompagné d'une traduction française et de notes pliilo- logjques et critiques. Nous avons vu le spécimen de ce nouveau travail, dans lequel le savant professeur est se- condé du talent de M. Franck, membre de la Société asiatique , et nous ne craignons pas de promettre aux hé- braïsants un excellent texte et des aperçus pleins de în»- tesse et de goût sur la manière de rendre les livres de Moïse. Cet ouvrage formera cinq volumes in-8®. On sous- crit chez MM. Dondey-Dupré, rue Richelieu, n** 47 iù^ Méquighon , rue des Grands-Augustins , n** 9 , et antres li- braires.

^r

NOUVEAU

JOURNAL ASIATIQUE.

NOVEMBRE 1834.

APERÇU (iÉNÉftÀL

De la langue géorgienne, par M. Brosset jeune.

i ' I . . .

On voit pour f ordinaire un grand arbre ^ à la tige antique et noueuse^ profondément enracinée dans le sol , se diviser^ à une certaine élévatidn> en plusieurs vigotireux rameaux; ceux*ei^donner bientôt naissdnœ à d'autres rejetons différents de force et d'allure ; et; mille branches plus, petites^ s'échelonnant sur eux^ se couvrir de mille feuifles aux contours variés d'un type toujours le même.

Tdflè est, aux yeux du philologue, la génénitiotl des langues. Leur individualité se ccfmpôsfedë trois élénierits^ des radicaux^ des formes grammaticales^ et dune syntaxe, dont la ressemblance chez plusieurs constitue le caéhët d'une pàrehté* commtme, La plu- part des dialectes^ et c'est leur propriété fondam^fi- tale, modifient ces éléments d'une manière systéma- tique et r^[ulièrey tantôt isolés, tantôt- pris deux

XIV. S4

370 JOURNAL ASIATIQUE.

deux. Tout en faisant subir des altérations plus ou moins légères à la forme primitive des motSyjpielques autres ae distinguent par une marche grammaticide tout à fait différente; ce sont les langues secondaires , d'où dérivent dans la même progression d'autres lan- gues, d'autres dialectes. Les patois^ selon qu'ils se rapprochent de Fune de ces deux clauses, restent dia- lectes inférieurs y ou, s'ils sont parlés par des popmiar rions nombreuses y et qu'ils se soient créé une littéra- ture nationale, s'élèvent au rang des langues.

Essayons d'appliquer à l'idiome géoi^en ces prin- cipes d'analyse. Si, par f ensemble de sa méthode, i[ rentre dans la grande famille indo-gennanique, il pa- rait s'être implanté par ses radicaux sur Fantique re- jeton mède, c'est-à-dire persan et arménien, en adop- tant en partie les formes grammaticales du zend telles que le sanscrit les a modifiées. Quant à ia syntaxe, je ne lui connais aucun analogue.

I. DE l'ÉTYMOLOGIB.

: Le plus ancien témoignage que nous ayons sur la langue géorgienne est celui de la chronique de Wakh- tangy cité, d'après M. Klaproth, par M. Saint-«MartIn dans ses Mémoires (tom. II, pag. 184), il est dit que dans les temps anciens les langues de i'Ibérie et de l'Arménie étaient semblables. Cela dut étre« puis- que ces peuples sont issus de deux frères, Kartidoa. et Haïk.

Au moment de sa plus grande extension, au xni* siècle, la langue géorgienne fut parlée dans un espafçe

NOVEMBRE 1S34. 371

dont ies points extrêmes sont Baïbourt^ et ia ligne de i'Araxe jusqu à Bakou «t Derbent , au sud et à Fest ; les sommités du Caucase au nord ; ies Souanes , F Aba^ zîe et la mer Noire au couchant. . Au pays'des Lazes , dans le Chirwan et le Daghes* tan f le géorgien dut régner seulement en irainqueuri et s insinuer du droit des armes dans les relations des peuples conquis , tout en introduisant partni eux des populations nouvelles. Cette dernière cause influa surtout dans le sud-ouest. il s est détérioré ^ en raison de féloignement de la mère patrie^ par <Ies mélanges et par de mauvaises prononciations.

Dans les provinces^ ci -devant arméniennes^ de Taik et de Gougark, o.ù la conquête commença par les mœurs et par les besoins du voisinage , bien avant l'emploi des armes, le géorgien domine à côté de iannénien, à peu près par portions égales, ou fa fait disparaître'.

Reste le pays que nous nommons spécialement Grëorgie , entre ia mer Noire , C Alazan et le Kour.

Le Cakheth , qui comprend la vallée montueose et arrosée de vingt rivières entre TAIazan et la lOra, fut de toute antiquité un pays distinct, sous le nom de

\ M. Fontanier fa retroayëe gënëndementemployëe à Baîl^pEiit en 139*7. Voyez Voyage en Orient et en Turquie d'Asie, pag. 4Ç. ^ . Le ge'orgien laze a gnivi Faitëration mingr^iemie , comme on peut le Toir poar le mingrélien , Chronique géorgienne, pag. 135 et suiy. ; et pour le Ivae^Asia polyglotta, pag. 183: ce fait. tient à rhistoire 4e la Colchide.

* Lie P. Indiidjian exprime ce foit k chaque ligne de sa defcrip- tioB.du pachaiik d^Akhaitzikhé. Voy. Asie, I, pag. 199 et snW.

24.

372 JOURNAL ASIATIQUE.

Hcretb. .le ne sais de quelle époque date le nom de Cakliethy Ëiute de monuments historiques. Si ia momuie citée par Adier ^ avait été bien lue \ ce serait le pins ancien monument que nous connaissions. Renferme comme il l'est dans une ceinture de limites natufelks, le Héreth dut avoir une langue ^ ou du moins un dia- lecte propre.

L'Imérefli ou Imérith , par son nom -, rappelle odoi d'Ibéric, sous lequel la contrée entière lut connue des anciens. L'arménien vir, qui en est la représentation, a pu former celui de gourgistan y car il y a -de Par-

mcnien ati géorgien un passage régulier du ^ti au O g simple, ou au m g aspiré : tlt^trvem, géiiit. t^Mlfi vimiy rocher, OÇpydn mgliwime ; ilhp ver, Ues- sure, Qnmdo gerchi ; tl^puMui virap, c^erùe,

p^^lOmào gwirab (arahe ^^ ghouair). Bornée par

le Tzkhénistsqal et le Rion , Tlméreth forma au XIV* siècIi!!}Un royaume séparé. Sa langue, outre qudqpes locutions qui lui appartiennent, nest quune m€xlîfi- cation continuelle du géorgien central ^. .

* 3fus, Borgr, pag. 59, 162.

* II sera parie de. cette monnaie dans un travail générwl mr b numismatique géorgienne , termine dès k présent. Quant on nom de'Cakheth, on le tronye dans les fragments de traduction de la chronique de Wakhtang, rapportés par M. J. SaintrMartîn {Mém. t. II, p. 186 sqq.), mais les géographies de Mojse de Khéiren et du docteur Vardan ne le mentionnent pas. D'après une chroid^ne de Géorgie en arménien et inédite, le royaume de Gakheih À'attraît commence à subsister qu'en 1466.

' Je possède une histoire manuscrite de saint Alexis- en gëorpea

NOVEMBRE 1834. 373

Entre le Caucase^ le Rion et la mer Noire .s éta- blirent les fils d'Égros, peuple qui, par ses relations habituelles avec les moins civilisés des Caucasiens, devint une race géorgienne secondaire , avec un ian^ gage dont nous avons fait connaître la marche génér raie dans une note de notre Chronique géorgienne, pag. 135 et suiv.

Par sa position sur la gauche du. Rion let par ses rapports politiques, le Gouria fut appelé à subir: tour autour et tout à la fois l'influence de Flméreth^de la Mingrélie et de la Turkîe; toujours réussitril à. main- tenir son indépendance depuis le XV*' siède, -sous des atabeks propres, II a également son patois.:!. . . *'

Nous pouvons donc établir cinq dialectes dans la langue géorgienne, ceux de Cakheth, d'Iméreth, de Mingrélie, de Gouria et du Karthli centraL Puis hors de là, nous trouvons le patois des Souanes du Cau- case et des Tzanes ou Tchanes de la LaziquéV des Abkhazs et de la Meskhie, dont plusieurs inot^sènt cités dans le lexique de Souïkhan Saba. Nous trou- vons dans notre correspondance un texte préoreux oîi l'auteur, parfaitement instruit de tout ce qui regarde sa langue, dit que « le plus pur idiome géorgien se « parie dans le pays des Phchaws et des Khewspujrs , « au nord-ouest du Cakheth , dont ils dépendent; :peu- « plade que n'ont pu soumettre les armes roiiiàines, a et qui , à Tabri de> ses montagnes, sut cop^rver in- « tactes sa langue et ses traditions historiques. .C'est

d'Imëreth , qui m'a été communiquée par ieg .priiKCMI fiifcla f:pi<8a- lomon venus à Paris en 1831, •»•• •*•' ••

374 JOURNAL ASIATIQUE.

M dans leur idiome que furent traduites les Samtes- « Écritures, l'archétype du beau langage géorgien. u Bien qu'ils n'écrivent guère eux-mêmes, ils parient a comme Ion écrit ^ » CTest un fait non moins im- portant pour la philologie- que pour f histoire, car Pharasman , le premier roi de Géologie qui ait eu fe titre de Méphé venait des contrées du nord appelées China ' et Chida karthli.

Si ies deux langues arménienne et géoigiouie waox sœurs f elles ne doivent pas avoir entièrement rompu leurs liens de fiimille. Voici donc les. rapports que f on observe entre elles.

Premièrement y même nombre de lettres, à une

ri^oMMMnbo « |05 M«6»A AMDA Q a^Bnno^ riMoHAw f ^p^ AS^ fM»*

«De J^ovwnA 1l>md<nooM baMomtMiO «ibd &<nnll . mft|0^j.^Mrk ll^S3^*'**'^ o»mo hM%j*ç^9i% o65L&<nDo, 0Ain46mneo ^^ •^nV^Mmoa 2dryoift^j.do MnoM ^

â$ 0*iA35m5 an»o AD . tf6i.^<n6^ •|&<nvi«nmrM> yo^bo a* eo<m«J«& &m *nAB •tel tfOTmol t ri<««»«ilMncn65D<> ^ MAçmbo ^oôàodo ^m>«kmnoa iitmiAv «

* '^n chi, arec le G n enphonîque'^nC ehin , et ayec nu * a égale- ment euphonique 1U^ china, signifie dans. Mais comme les pnr- ticales se déciînent en géorgien , on dit anftii?3«Mk chida, en a|on- tant ^ da, marqne du datif local dans les pronoms et dans qadi|nes autres mots.

NOVEMBRE 1834. 375

prèsjgfnéoies articulations, presque mêmes voyeiïes. he {STjou eiley whie, et les consonnes S khh et m

q' manquent à l'armënien , comme ^ t; et le o o au géorgien. Du reste ^ peut-être n'existe-t-il pas deux alphabets qui puissent aussi bien se reproduire Tun Fautre par le seul secours de leurs signes simples. Seulement si I on était obligé d'admettre comme nor- males les transcriptions de Farménien en lettres /fran- çaises adoptées aujourd'hui par les Mékhitaristes, et que suivait M. Saint-Martin , il faudrait dire , ou que les prononciations arméniennes se sont altérées par la suite des temps , ou que les Gréoi^ens leur font subir une modification semblable à celle du français pro- noncé par un allemand , qui tend à adoucir les lettres fortes', et à faire vibrer les douces. Je trouve , par exemple, l'arménien pLtuqjufnuut tr^inscrh pakctrad ,

les Géorgiens écrivent OUf^mô/â et prononcent

Bagrat. Dans l'alphabet géorgien^ les lettres doubles et articulations propres à la langue, sont toutes re- jetées à la fin, après avoir suivi jusque-là l'ordre grec; Farménien au contraire offre dans sa comparution un amalgame irrégulier.

Quant à letymologie géorgienne, on ne peut mettre en doute que beaucoup de mots arméniens ne soient restés dans le fond de la langue , mais pour les y re- connaître y il faut autre chose qu'un dictionnaire de vingt mots ou des listes copiées d'après la prononcia- tÎMi des naturels. Si- une langue était écrite dans une autre en toutes lettres , les recherches bbortensés des

376 JOURNAL ASIATIQUE.

philologues n'auraient pas de but, i oreille sqde ou la vue jugerait des analogies; mais il n'en est pas ainsi, et ce n'est pas trop de la pluS' persévérante sagacité pour s'y reconnaître.

Plusieurs causes peuvent altérer la prononciation des langues : 1 ° le défaut d'instruction ou d'études systématiques dans la jeunesse. 2^ L'absence d'une ci- vilisation perfectionnée et d'un ordre social solidement assis ne permet pas qu'il s'établisse au sein des peu- ples un centre de lumières dont chacun soit obligé de sentir l'influence. 3^ Enfm tous les habitants d'une ville, tous les membres d'une famille ne prononcent point de la même manière. Un caprice de la nature^ un accident, f habitude d'une certaine profession^ va- rient le jeu des oi^anes. Sans sortir de Paris, j'fiî en- tendu un médecin prononcer toujours / comme g, ga vig, la ville y patroug, patrouille; une personne dire prume , prumet pour plume, plumet; c'est le q^ ghad arménien, ou / grasseyce. L'arménien paraît avoir toujours été porté à rendre guttural le son du /, puisque, au lieu de Teflis, les anciens livres por- tent Tephkhis. Un Picard, ayant le gosier confirmé comme celui des Espagnols , disait serhent au lieu de sergent; un autre, prononça q comme ,li, disait Deiiêne pour Dequéne. Beaucoup d'enfiints et mâme de grandes personnes disent ze four je; paça 9ku lieu de pacha; tsk pour tx; pour gué. On pourra^ étendre fort loin ces remarques. Il suffît qu'ui» .chef de famille ait eu de pareils dé&uts, pour qu'ils fWtft sent à la génération.

NOVEMBRE 1894. 977

En parcourant donc rapidement le dictionnaire ar- ménien d'Auger, j'y avais trouvé, à première vue> deux cent cinquante niots géorgiens plus ou moins fidèlement rendus. Soit ia lettre «Tm^ par exemple.;

JiâMbll manc , fraude^ OubQùbnOu mancanebq; 0710 6b lCt>- oumanco, sans malice ni défaut; tflupuA maran, imlriluipuâii^ chtemaran^csiyey cantine^ 06- môbu màrana ;- MutniMUMù attan, JuanlmMÙ ^ ma- tian, lîvre^ rôle^ du/âoobo matiane ; ^Mra»^ met ^ poids ^ moment; 6à^O mati, c)ô/âO meti; Jt-tf. megy nuée^ brouillard ^ oyiO.mekhif arabe^^ .|É*f;

</^4 ^ckak, cultivateur^ danci6;:20 mouchad , arabe, vS^'^^ 9 serviteur; dnUnMfnù, monozon^ moine , v~bô DCD-bo monazoni; JuanfiuMli matrac , fouet, d6/«m6:)0 matraci.

Mais quand jy ai regardé de plus près^ f<ai trouvé des analogies dont l'existence, inaperçue d'abord, m'en fait maintenant soupçonner un plus grand, nombre.

Par exemple : tfilfpuiii phetac, ruche, Qï^^î^- mo phoutcari, abeiHe; ûiùthjùL parav , vieille;

i , , . , ' 1 * ' *,

I . , t . -

^ Cet appendice luitr chte, qui ressemble assez bien aii'^«i» chtha, dans-, préposition inséparable, serait-il de ia même racine, et déritant d*un fonds commun ? * ' < ' .

^ Plnsienrs mots arméniens prennent cp àTm ibîtiai , qui répqood assez bien au^ m déterminât^ des Géorgiens ; par exemjj^Ie : «^ff air, Jujjff màïr, tfhpp mort, tron» cayeme, etc. un grand nombre d'antres exemples donnerait ie moyen d'ëtaUir une régie. .

378 JOURNAL ASIATIQUE.

OOmO beri; é-é-n§,alp. dzdzoumb, soufre, ycnjO-

Yfcmdu IsoutnUouma; qjuqutinnu gaghatos, maçon^

cJ6mf)6/«a>-DO kalatozi; p.uy bai, parole, radical

de QflcmobcD-O weoubnob, je parie ;|Efifiriif|^&aiui/,

ouvrir, expliquer, QuODOQ wabneto, fe répands;

ces deux derniers mots ont ies mêmes racines et les mêmes homophones avec même difierencede valeurs;

fLiupntf barour, faute, ômôçnOO brait; pMqm^ borot , lépreux, OCO-m-Op boroti, mauvais; f^^, gaïl, loup, nçnoo mgeli, avec le d m dëtennî- natif initial; enfin mpufnLiT trtoum^ chagrin, OMT)- a)(Y>-œr)6 thrthola^ tremblement; ^ufuti kand, en- taille, qubçoonpcirirrno kandacebouU , gravé, Pers^ «fJiXÂ^ , retranchement; c'est assez de détails.

La déclinaison géorgienne n a avec Farménien au- cune ressemblance. La première est simple et unique pour tous les noms, adjectifs et pronoms; la seconde a plus de vingt formes , variées quoique r^olières ; on y. trouve des analogues ^œ, i, ov, comme dans le grec et le latin , et mille accidents dont je ne puis citer les sources ni les dérivés. Les procédés employés pour élever la signification des adjectifs n ont qu'une seule ressemblance, la répétition pour le superiatif. Quelques pronoms, comme le relatif np or, le p'r

domine comme dans mu ra et OKoHOpo rameU,

NOVEMBRE 1634. 379

et le démonstratif uiu sa, oxx se trouve s, comme

dans bhaSf Ou is et olu es en géorgien > sont à peu

près ici les seuls points de contact pour les mots dé- clinables.

Les verbes ne se ressemblent que dans la terminai- son de la première personne du singulier de Tindicatif présent, et dans f emploi, en arménien vulgaire, de

.la servile ^^ ke, ^fti- kou initiale, cominele jc he géorgien, dont on reparlera plus longuement. Les règles de la métrique sont les mêmes pour les deux langues.

Si f on veut se faire une juste idée de l'état inté- rieur de la langue géorgienne et de ses possessions originales, voici ce que fon trouve en procédant du plus connu au moins conntr.

Le journal de Tiâis, qui parait être ce qu'il y a de moins archaïque en fait de géoipen, relativement au choix des mots et à la tournure de la phrase, est plein de mots français ou latins venus par la voie de Russie; artilleria, linia, corpousi^ posta, pachporti, ofitzeri, et mille autres de cette espèce, qu'il eût été pourtant bien facile de remplacer par des mots indi- gènes. Avec de tels procédés, il n'y aura plus de langue géorgienne dans moins d'un siècle. Ce ne sera pïus quun patois bâtard, jurant avec une écriture de pure race; si tant est que celle-ci, désormais accident sans substance, puisse résister à un pareil choc. Déjà méntè, la Bible, imprimée au dernier siècle, n'avait pas conservé l'orthographe des manuscrits. > -

380 JOURNAL ASIATIQUE.

Les mémoires historiques contenant la vie du {HÎnce David sont écrits avec assez de respect pour Fantique; et, bien que le style se sente un peu de l'influence de la phraséologie européenne , Pauteûr cependant peut être regardé comme un écrivain non moins pur et correct qu'il est élégant et facile.

N'oublions pas de mentionner les catéchismes de Baghinant ( 1 800 et 1 741 ) et de Tlukaant, dont le plus grand défaut n'est point dans l'emploi «de mots étrangers à la langue, mais dans une absence totale des formes r^uliëres, et dans un jai^on de baa-lloi comme ia populace à qui ils étaient destinés. Cepen- dant Fouvrage de Tiukaant est mieux écrit que cdui de son commentateur. : '

Dans le CxhIc géorgien , ouvn^e qui dut ^tre achevé avant la (in du xvii* siècle, dans le temps. que WaUi- tang n'était que prince royal, comme l'indique le titre même de la partie dont il est Fauteur, on troave plus de cent cinquante mots empruntés au persan,. ou par lui à l'arabe, et à Farménien ou au turk. Par exemple :

ÔCD-m <] Y^ boretsi, jjyj, bride; O Hx ieA, *»î bon, entier, arrhes; Ou on baj, jl;,^iifcf, tribut, douane; OOoto bidchi ou QÙono vaji, *j?, en&nt; OCHV bnôu bouneba, ^, nature, ^tî; à^n)0 beri, vieillard , ^^ , uiÊunjui^'^ Oubo bahi, fondement)

(j^; o6m6or)0 baraChi, diplôme, ^l^\ OnOo6

S ^ c '. bebia, grand mère maternelle, <a^; OmjKu ftrc^a,

NOVEMBI\E 1834. 381

tour^ ^j^ ; O nooo6m)o6gT) heithalmal, maison de

dépots, jm cxAj. \

* '

Je distingue ces emprunts en deux classes. Au pre- mier rang sont I^s mots expriniant une idée positive^ qu'un écrîvaii) prend dans son voisinage, soit qu'il ne trouve pas dans sa langue un mot propre ou con- venable, 3oit. plutôt qu'ayant Fusage &cile des deux idiomes, le ;nQt étranger se présente le premier à lui et lui fasse négliger ses propres richesses. Ces mots,-Ià entrent seuls, sous leur forme plus. ou moins altérée , etrestent sans génération : leur isolement suffit pour les faire reconnaître. La plupart .des mots ét!nàx^e;xs di^ Code rentrent dans cette catégorie. Ou hien..ce sont des idées esseqtielies, hors de toute convention ou. besoin spécial du moment, qui de toute antiquité se sont i^i^omérés à Tidionie primitif , y ont pris ra- çin^ et. ont pou^é des rejetons^ Ceux-ci appartiennent ^u fonds commun des deu^ peuples , ^t l'on ne peut en.^ssignerja possession à, lun. ou à Fautre que par de, longues redierches,;qui souvent résistent à Fapa- lys^, C'e^ à Finsuffisance de mes divers lexiques que fai d'être forcé de rechercher dans les dictionnaires arménien et persaa.ces sortes de mpts : je crois avoir souvent réussi à en fixer le -sens et l'origine d'une manière certaine,; mais je n'ai point acquis Févidenoe pour tous les. cas. Le lexique. géorgien de Soulkhan est lui-même bien loin d'être complet à cet égard..

La grammaire du patriarche Antoni fourmille, ainsi que je Fai fait observer dans le Journal asiatique, mai

382 JOURNAL ASIATIQUE.

1833, de nëoiogismes par traduction ou par trans- cription : elle date de 1767.

La chronique que la Société asiatique a bien vouh publier à ses frais renferme un nombre assez considé- rable de mots exotiques^ que j'ai relevés dans les nota^ et dans un supplément préparé pour ce livre. Qr cet, ouvrage fut achevé au plus tôt en 1703; puisque ses derniers récits se. rapportent à cette époque. On y voit en plein Finfluence persane dominant l'influcnoe turke : Thistoire elle-même explique ce Eût.

Parmi les autres "ouvrages originaux que j'ai entre les mains ^ le roman d'Omaïn, suite du Tariel, te;Bt- ramiani et le Miriani présentent également beaucoup d emprunts faits dans le même système, ôiais ptutAt pour des expressions techniques on Jusàgé habîtudl entre conquérants et vaincus ; j'ignore jusqu'è prdseDt la biographie de leurs auteurs. Le Tariel surtout', k phis ancienne composition poétique qui me sôit OM- nue, compte au moins un mot, sur quatre vèn, tiré de la langue persane. Or ce poème est de huit ittiHe vers; ce qui^ avec les répétitiotis, peut former un total d'au moins quatre ou cinq cents mots, la plupftrt expliqués par Soulkhan.

De cette époque du xu* siècle je passé surs IkuH sitfon à la Bible, que Ton croit avoir été traduite pÉr S. KuphémiuSy ou Euthymîus, au hoitîèmê^'Ia B^ bliothèque royale de Paris jx>ssede une liturgie ma* iiuscrite sur parchemin qui contient uiie (xinnejMirtw k\v la Bible par leçons qui doivent être Iue& cbtqœ

* Sriiiànif rapport de U Société biblique , publié en 1830.

NOVEMBRE 1834. S83

jour de I*annëe. La les textes géorgiens sont sans di- vision de chapitres ni de versets , tout à (ait dans f état oii les trouvèrent les rois Wakhtang^ Artchil et Bakar^ quand ils socdupèrent de ia publication des saints livres. C'est qu il faut chercher la véritable ft' an- tique orthographe de la langue. Ce manuscrit, et un autre martyrologe également sur parchemin, apparte- nant au même dépôts dont j'ai donné la notice à la suite de ma Chronique, ne peuvent avoir moins de cinq ou six cents ans d'antiquité.

Arrivés à cette première époque de la littérature géorgienne , nous allons exposer un court tableau mots essentiels empruntés par l'idiome ibérien à ceux du voisinage, ou plutôt qui lui sont communs avec eux, comme rejeton de la même tige. Je ne m'arrê- terai ici qu'à l'étymologie , ensuite à la conjugaison , parce que les mots déclinables et leurs inflexions ont été traités ailleurs.

Indépendamment des changements de lettres en leurs analogues de même oi^ana^ il y en a dans l'sur- ménien dont la marche n'est pas moins régvhère, quoique moins systématique en apparence : ce sont ceux-là surtout dont il faut s'occuper. Soient pour exemple :

I .

uMp^bum arhestf tupntJi-utn arovestj art.

iMiJtu/p amaïi, vain, K^oàcù- amào. En arménien, uy aise change régulièrement en o o dans les dé- irivationà itfôp inot^ génitif de i/Z^/i maïr, mère*; ^o^ A(?r, génitif de ^i^/p AflîfV père^ . ';*'

384 JOURNAL ASIATIQUE.

iuaJrp aver, ruiné; uit^iup avavy butin, oô^lùm

iawar. Persan , 1^ ioua , ruine , «^l» iaveh , On voit ici le hc final changé en p r ; aîDeura le if r représente le (jm « ; {jh^ nevis, présent^ ^m^tp nover; c'est le visai^ S sanscrit, rendn par r ou « ; arhoT^ arbos. Ailleurs enfin / le final de- vient lie: aUL namah , lettre , ituifUil^ hamaei;

ou jO d : MfpuM^ zrah, cuirasse, uanoomuiTOO mouzaradt, t^L-p diour, facile, ujpQOçnoo adwilL Les vôycDes

6 a, n 6 , O t , cm oii sont formatives inîtiiles des

dérives, en géorgien. tlliinlMi^y dttel, savoir, produit de q^m det, skvaiit, le fr e se changeant en /r i, comme en hébreu et en géorgien. Persan, (j<3s!^ diden, ttJkit, yidtrè, QOr^O witzi, je sais; ajoutez, pour. plu de res- semblance, (j^-^Mbjb danisten, savoir, Qriâb

wiian, je sais: a est la formatîve de la première personne. p- th se changeant en "^ dj , en ir dz 6t en v s, qnLUMpp- zovarth, iinL-uMpTr zovardj y éveillé-^ TÎf. tlipp-uMiiftf_phrthanil, tppA-uAlii^jfhrdzûftil, 6ter. p-ff-p thiour, ^pt-p dziouvj tortu. p-uip thar, untp sour, épée.

é-iun. dzar, bois, arbre, o HWO dzeli.'

Il c se changeant en rf ts, : lipp-l^i^ orthelj^ .exisrcfsr,

U'cmmœbu tsourthna.

NOVEMBRE iS34. ' SUS

, le radical est '^^dhcèl', précède àe 0 lomiative: du radical 2çno c/. marquant indigence, privation:

doù dcT>-2çnr) n mode, court, d :^Œr)6!>o i^aW^

le court, le bras, comme P>ç$iC^^i de iSAw^* ejAr^g-

lum.

lAtrj^tzoneï, daiinéT, où'lé ra^c^ est îo©*ife(?n, forme Qrvnd, nT^'^ tzema; persan^ ^^i^da- den, SiStvoji^ dare, q-iu^JiaL

1/r/i tziVy offrande, TTanoâù tstrwa. '; ;. ^ gpp tstr, disperse, (j]tOCT)0 nitstn^^etTAnger.

SrtMMqk^ljdzaghel, rire, QOr^ODCy^ïïim^^ i«; ifor-

mative, y^xoLco, ' -■ ^

qtuquA ghazan, bête féroce, b TT^O kHèt:^, "t^ gh

arthénrttï rend scriivent> la gùttntalé ftwè c6tfim^ quji ghan, khan; quifuuîù ^AkkiMai^> tekhan, quibnù ghanon, advcùi, . >w>iii :> ,".:v •o.'> t. **:

^âuJi^plri_^hamareL, , e^timeir ; tup^uâdu^ppri^arko/ipia^ rel, mépriser. Comme il n y a pasi\d'AUtr«iiXiyGkt de

. même forme , je ne sais si Ton peiU; |dé4ujtrÇ) c^e c^ iui-ci seul f existence en arménien de'^la^ particule

négative u#/i ar, correspondant à la négation 6 m

' '• * -i' »■ ■'

ar, non , ne pas.

Dans les mùts'aiînkufu atian/kfSnùttijX ina-

> \ticm, livre, d6vM>6b<] 93iWfia)ii:^,^X)ïi> croit '^^sAri reconnaître, comme en ^géorgien , l'emploi dii d

XIV. S5

386 JOURNAL ASIATIQUE.

m initiai (létcrminatif. Autres exemples : uyp air, tliyi' inaïry trou, caverne; ^"jp hair, père, Jlyp inaïr, more.

dômjyQnpô fuardjwena, la droite; arménien êu^ adch,

dumrjbnbô martzkhena, la gauche; arménien,

Itulu isakh; /ua/)ii, main, est-il indien? tPrii se changeant enîf // ; ilhp^mortch, jeune plante,

bm-mno iwrtchi, fm se changeant en O 6 .* *^g^i mrtsel, combattre,

omoCD-çnou hrdzola, guerre; iMum/^ Imial ,

adouci, çnQÔOçnoo Ibilif doux. ly 01 se changeant en n o : q^yi zoïgj ensemble ,

OfD-D zog.

fuiJp, dcliamb, nourriture, ^6 du dchama; mand- chou, djemen. fhp dcher, chaleur, 5tepV. it( p se changeant en tPm: é^upnfn jptil, sourire,

thi/infi/ jmtil.

u s se'cliahgeant en rr ts : uni-q. song, chagrin , VuTlb tsoukh; sanscrit, soutch,

u s se changeant en d ch ou s aspiré , et en m : ost, bi-anche, d/«(ï>- chio, m/SOV rto. ip ph se changeant en ci k: ilttupp-iùtPphartam^ opu- lence, cjmcnudo At/û5w/, présent.

nuin

NOVEMBRE 1834. 387

. Souvent il y a tom up travail dans un seul mot. Par exemple le sanscrit f^fT hima, hiver, forme hiems, 'Xyifjiùùy ^ iJbtrSiM tzmern, ylJUiwt;, zemstân, Oud-

or)6cwO zamthari: comme x''^^> neige^ '^'^ ^^^^^\ X^^pf main, Ibni. tzem,}i HçnOO ArA^i^; turk, Jt e^:^ comme encore sv t^m^ jour, J-unTiam, y 6d /fo»»

et b6b khnn, qU) zéman, tempus^ temps;

La seule |Rt)nonçiatipn^ du /^ A. arménien forme

mille nuances diverses. '

^nq^hogh , sonSïè f flatus. î . j

^ir^ Amg*, cinq, ^em, «kW, ^^y pendj, ;* . '

^jj/ii A{?m, gué, OîîCïvbo /îA£?wi. .\ . . . . ,

^yL ^^^h Fl/L ^^^^f ^'.fïVÇp 2^ Pff^iy ^WP^• . <;ilfhoï, iunj fchoi, Ï^Iier. , . . . , . .,^^^. ,

. ^uâi^ hank, miné, c^ubo kimi,,(j\^9^ i ;„. . -

<^uMirham, goût, Q odcïV-g'cmo, -V^. ' ' " ' ^y*L^otz, luyq_knoîz^ fabé' kkej /txA\e y '^\h.

'^ftL.ulri^hivsel, ultL.ulMi^vivsel, pA}ÇÇ>-Vi\> Uspiva,

tisser. ^^P hiduthf'^ItL.p- m*<?MM,chose, boQOOÔ ntw- thi: Ainsi ^ A- devient jf, v, h, kh\ g, h: '*

Les renversements de lettres ne sont pas sans eKempIe en arménien.» ainai vttqti t^ghi, Ueu,;^iflu|^

etgh. : : : ^ :-^

95.

388 JOURNAL ASIATIQUE.

» j/i/r Sri, vide, rt6mo ngpo tzarieU et rj6qnn- nmb tzaliert. Le ^ ^/z donne lieu à d'autres remarques. Ainsi le isanscrit T|^ m/iha, grand, oômômn maghali, Aé- tnedz, a^cj^V, maghus. é-h-pniAJi dzerouni, vieux 9 yipwj O 'Jf^O dzweU,S\j zalj'Jlpyç, blrac, tupé-iup ardzath, ai^entum, 'Q'WnpjbOTm wertz- khli et îl'lrtoçnDO wetzkkb\' é-itiT dzom , chèvea , œdô thma ; tP^i_grcli écrire, yf^^ , devient QçTom wtser.

Quelquefois aussi il y a en géorgien* deux mots d origine diverse pour exprimer la même idée. Par

exemple :jij/if hois, espcTancè, ^^^ wèsàw, sans- crit asaya, j'espcre; «^^^a-^I, espérance, OOnroo

imedi; le premier de ces deux mots est ancien, le second ne se trouve, que je sache, que dans les livres plus modernes.

Ypici maintenant quelques anal(^es que j'ai rele- vées sans idées systématiques , et que je livre à Fob- servation. .

*

1** Sanscrit; ^[^ vani, habitation; ihfÎKBL vank, iULJMMb avan, Qubo wani ; bâs^ paiier, pfùf lai,

le radical die u6(mô6mo, cliscours, ctfiçmp

iveoubnebi, je parie; bahu, beaucoup, |uiiif«ic^*fti^ zoum; desam, iieu, mtrq^ teghi, tnnqjetgh; sa, ta.

NOVEMBRE 1834. 380

lui, ce, uiu sa y *pi# ta, w as, Mb es, Ou is; hrit, coeur, if/yiiH sirt; soutch, chagrin, unLtf. aoug, Yrwb tsoukh; harati, il prend, iunSbm-ijarhnaul , Omno àgeh; sri, venir, hmtstvm sroul , yen\i\ sàfvam, tout, UmOTinfp sroul; kevala, tout, Oj ^IfÇp^ qwela;

iva, comme, /r/i/i îèr, ^ eh, QO<i) ebr; tad, frapper, til^pj^O wst^em^ le même que donner, comme en persan {j^^^ daden et {j^x^/i^^n^^tifaB., abandonner, pnqbi_thoghel, A^'X teta^nxri. (^o6

lia; grah, prendre, t^M^pf! geii^ captif, «HOi(T)6 kijna,

ce que Ton prend engage, pers. ^S kro^ Et pour les formes grammaticales, veh, augmentatif et négatif,

comme en] ou en géoi^ien : C^jpOiTO OuO oudidesi, plus grand, C0]dou(ï>-(JO oumisod, sans lui-. ABlatif en ad ou a^^ selon la lettre qui suit; uiX) ad, 6oQ a^, en géorgien; ni formant des attributifs' passifs: ni- hâtas, tué (du radical hanti, il tue), bu 2C/T]ipob <] QO

na-coudinewi; ka final marquant ies diminutifs, comme lift ci et 20 ci; poittraka, petit eni^nt,

çTODOu 30 tsignaci, petit livre; ces détails sont tirés de Fanalyse de XYadjnadàttà bada pai* Ml Chéri.' Pali; cousala, bon, ifOOOgno cethili; axiousaia,

390 JOURNAL ASIATIQUE.

mauvais, cm7ror)cmmO oucethouri; kamna, acte,

cjobô kmna ou dbu kna, acte; tasseva, lui aussi,

nUHQn esewe, oii rafCrmative est marquée par va, we; sanscrit, prinàmi, je plais, zend, âfrindfiÊ,

on^mOObnOO weprianehi; dans la langue thai, sam thwtty trois têtes, Irdo OOUQO samtthawi.

Les mots suivants ne sont pas sans analc^e réci- proque : GOuOOU meswis, j'ai, il est à moi, siub; dnlliQÔ meswa, il était à moi, qu. suebat mihî; me- suas, jaurai, qu. suet; dôob mabn, OÔOOO ma- bià, j'ai , habeo ; OctI Qu tnakws, j'ai, qui se prononce

aussi mckws, €^; :>6odçmano cazmouli, orné;

waiTfjioç'y spetac, blanc, venu de sefid, «oçnV, clair. En grec ûLfuii, vertu, vient d*tff€(v, eifinuâ; en gëoi|[ien

saihnoeba vient de doobuQU tnlknatvs, il me platt.

2^ Turk; je trouve, page 22 des Éléments de la grammaire turke de M. Jaubert, que les noms ont un ablatif en ten et un en den , qui me paraissent ressem- bler assez aux ablatifs géorgiens OOOÔ itha, oroûo

idam; page 24 , que le nom d'agent dérivé du verbe peut sous divers rapports être considéré comme une espèce de participe présent, et que le nom Jaçtiôb n'est le plus souvent autre chose qMC f infinitif décli- nable du verbe : deux principes également applicables à la grammaire géoi^enne , les participes sont

NOVEMBRE 1834. 391

que des adjectifs sujets à la même construction que les autres^ et quant aux noms verbaux, qai tiennent lieu des infinitifs et gérondi&, ce sont de purs noins^ mab ayant une désinence verbale. J y vois aussi ces

mots : ghun, jour, Wçon dghe; miche y çhëne, O^n- d6 moukha; ledi, sept, OqtO^O chividi ; j)ir, un, iom 0!çn)O pirweli ^ premier; ou, lui, C/T) ou; Aê* man, eman, lui, lui-même, OdûD aman; ckoub, doute, Qn<3ea>-0 wcdchob; boulmak, irûw/eTy a^r (TV-CYVO wpoob; war, il y a, q6(t) war, je suis; im- di, donc, odoO) imith; iaqen , près, Oiugncu- qkhlo; djeh, icheh final, dans, nu tçha^ .COQu

chthay do chi; enfin ces observation^,, j^es ijbS, 104, que les postpositions sont susceptibles; de se décliner, et que les adverbes se forment d'adjectifs pris adverbialement, sont absolument applicables à la grammaire géorgienne.

Copte; M. Thilorier, dans ses rech^hes sqr les principaux groupes hiéroglyphiques, opuscule. qui parait fait avec beaucoup de soin et de talent, fait ob- server que les formes hiéroglyphiques du k et. eX t ne diffèrent que par la grandeur du cintre , comme le i^. et le q. arméniens, qui du reste, se confondent souvent dans les mots, comme n.J'u.Siilii^djdmnîl èX q.<hÊiJfblii_ gjdmnil, se fâcher, et doniie b'éâucôtip d'exemples de leurs permutations régulières (pdg^ 1 5

392 JOURNAL ASIATIQUE.

et suiv.). Voici quelques mots coptes qu'il dte, et qui ne sont pas sans analogues en géoi^en : cheere

(sa'idique), cAtï/i (bachmourîque)^ {^^)f 0QOOf)O chtoili, fiile; {43),jal ou chai, boiteux , /[tuicagk,

O l'\qpcrhO <\qpo mceloheli; (50), choich, saUe, ciydô ktoicha, (f/rST cidj ; chaire, se réjouir, OÙ-

m nû6 kharcba; enfin ces ressemblances de lettres

(38), X, dj copte, '^ dj arménien, V dj géoi|[îen; ^y copte, »ly arménien, ilphte géorgien; (23), H n

accentué, signe du pluriel, comme bo ni en géoTffea et la syiiabe n&^ na attributive des deux côtés; (40),

lT&^-Chuut.on(tv na-amoun, consacre à Amon, b6a-

mubo nazrakhif conseillé. J'ai pensé que ces détafls pourraient peut-être mener à quelque condusion.

f

II. DE lA CONJUGAISON GBOBGIBNNB.

La conjugaison est, dans toutes les langues, ce qa*îl y a de plus compliqué et quj^montre mieux le génie des peuples , parce qu'il entre dans le mécanisme du verbe une grande variété d'éléments; sa racine,^. va forme, ses modes, ses temps et leurs niiancçs,.s^ modifications de sens en passant de Factif. au passif, au transitif, du primitif au dérivé, de celui-ci à un nombre infini de puissances diverses, manjuées pouf l'ordinaire par de simples lettres caractéristiques.^

Soit le radical géorgien Dm 6 b zrakh, il foiTue :

NOVEMBRE 1834.. 363

1 ^ actif: Q Om Oo 6 9 wzrakhaw, je pense; S"" passif:

Q075m6o7 wizrakhwi, je suis pensé; 3"* transitif:

Qu^mub na wazrakhew, je fais penser; dérivé

fréquentatif : ou Omub n Qob nO wazrakhewineb ,

je fais penser souvent; passif: QOOm6o HQob 0-

OO wizrakhewinehi , je suis feit penser; : 900-

mùboQobnoobnoO toizrakhewinehinehi , je sois

fsiit penser souvent.

Le jpassif du transitif est le même que le pasàtf simple.

Nul doute que, dans ia génération des idée^ , çàke de Faction ne précédé ie nom même de cette action exprimée avec circonstances de temps et de manières; mais le contraire a souvent lieu dans la formation des langues, par exemple en grec, la plupart des for- mes nominales sont dérivées des formes verbales, car si l'agent existe avant faction, fattion se fait avant d*étre nommée. Aussi ia grande majorité des noms grecs se forme-t-elie des parfaits passif ou moyen , ou des futurs; ii/A^y^aiÇf F^^^u^ulol supposent liTtjuuamyiismij yi'y^ût^ufjLOJi'y il ny a guère que lés noms en n ou /«qui paraissent radicaux et répondent au présent indicatif, comme omoLy pf0c<p»t\ ou les noms de substances qui ne peuvent produire directement une action , comtiie

(hèhoçy in^Çy Xfiaç,

Le patriarche Antoni , dans sa définition du verbe 233), le fait déiîver invariablement du nom , t[e

304 JOURNAL ASIATIQUE.

l'adjectif et d'afttres mots ou particules veiinlisables : cela est vrai pour la plupart des exemples' qu'il cite,

comme Q doicn-O} (YVO tvmqophob, j'existe, venant de da](ï>-œo mqophi, celui qui est; ^"rt"^Tf>"\|l" opno wstskhoweleh , je rends vivant^ de péOCTV- Qnœoo tzkhoweliy vivant. . . etc.; mais non pour

Quinnp no waqcneh , je retiens, qui ne vient pas de

0] non Ou qeneba, empêchement etc. ffil pré- existait en grammaire une langue parfaite, 3 bocfrait que le nom radical de chaque verbe s*y trouvât agi- lement, et que Ion pût en suivre toutes les phises.

Il est impossible de se faire une idée nette du verbe géoi|[ien , si Ton ne connaît bien d'abord la nature du nom verbal , type ou expression simple du verbe. On

appelle noms verbaux, UuboOT) oobô sakhel-

zmna, ceux qui expriment la substance, faction ou i état , auxquels le verbe joint les idées accessoîreB du temps, de manière, de personne et de nombre.

Or il y a en géorgien deux espèces de <res ncnns :

les uns, que j appelle radicaux purs, sont substantifiés

^

par un u a ou un O i final, en se souvenant toute- fois que ces derniers sont foncièrement attrîbatib ou appellatifs» les autres élant de simples nomsw Deœ

nombre sont ot6d6 dchama, le manger; tf^^mO- <ft6 dchicreta, le re^rder; OuDu batèa, lefaa^

NOVEMBRE 1834. aiiK

u(T)uO arsi , Têtre, le étant; ômumoo braU, ia

Êiute^ la cause; ces radicaux sont d'une à cinq con- sonnes^ articulés par une ou deux voyeHes paiement radicales et écrites^ à la différence des langues sémi- tiques^ où elles ne le sont pas. Ces radicaux ^ étant la plus simple expression de ia pensée , ne renferment en eux rien qui indique aucun accident verbal, et sont proprement l'objet de ces questions : Le verbe précède-t-il ou dérive-t-il?

. Ces sortes de noms radicaux , à très-jpeu de chose près, sont ia représentation de ia troisième personne singulière du par&it que je nomme simpie, eu ^rd à sa formation , et les grammairiens géorgiens parfait très-passé, eu égard au sens. Mais il est impossible, à moins d'une subtiie recherche, d'y trouver une idée

de temps quelconque, à moins de supposer que Dubu

knsna, par exempie, ne nomme Faction de délivrer, comme accomplie depuis telle époque, à la façon des noms grecs dérivés du parfait.

L'autre classe de noms verbaux porte l'empreinte évidente du présent de Findicatif , et des participes

actifs ou passifs : 6m6-^dojOno6 ara-tsmidebà , le être impur; r4D nOu tzkheha, le oindre; 00O(ï>—

06 thboba, le chauffer; OVOlOOnnou qophileba,

le exister.

Pour que cette idée soit mieux saisie étant divisée, il Ê(ut savoir que le présent indicatif géorgien affecte

trois sortes de terminabons : 1*" ud am, <|d em,

396 JOURNAL ASIATIQUE.

m-O om; 2" 6o ab, eb, Cï>-Ô ob; 3" 6a aw,

<\V^ ew, CD-Q OU), et dans le langage Yu^iaîre, noo

eph, CtXO oph; quoique régulier, ôo) aph ne s'est

jamais présente à moi. Or ces trois formes reviennent , à une seule , c est toujours une labiale précédée d*une

voyelle. De même que la finale O m représente h con- jugaison fjuy de même 6q av) représente a», «ai; na

ctv icù'j (Y>-Q ow oa. Or voici comment se forme la

première diphthongue : en arménien , par exemple, tutp^ib afchin, MUL^fi* avchin, o^pb ocfiin, sont le même sous trois formes^ dont la première est la pins antique , et la dernière la plus moderne.

Si je ne me suis pas fait une idée fausse du radicd des verbes, toute lettre qui ne se perd point dans le

cours de la conjugaison mérite ce titre. Ainsi O ni est radicale dans ^^6d wdcham, je mange, et jEbr-

mative dans QUcmud wsouam, je bois, car on dît an

parfidt simple é/sjAà dchama, il a mangé, ef uoy)6

soutty il a bu. La portée de ceci est plus g[r?i>de quelle ne parait au premier coup d'oeil, car nous retrouvons ici la conjugaison fit du grec, du persah et JTSe

f arménien : ainsi, bien que Ucmdu ««««a {potot 8ma)y le boire; pLnC/6 tzema, le donner; ubdo skhma, le jeter, soient les noms verbaux de ^uÇflfvSd wsouam, %r\!\^ wtzem, Qubud wskham^ïi&jûLfiff.

NOVEMBRE 1834. 397

peuvent être {a source primitive, puisque au contraire ifs ont emprunté leurs. formciS; II y a d ailleurs tel verbe qui n a point de nom verbal pour sa forme primitive, et qui en a plusieurs pour ses formes dérivées. Eln

vain cbercherait-on le verbal de. QorjO ti;tVzr^ je sais, taara on trouve riOCThoô tznoha, dpfb'0o6 mtzneba, et 6 ^(V>^ *)m nOu inetznieréha, pour Qrjbcn-O wtznob, o6dr^pnO:'f««imtene6, et î^on-

.\0metznierol\f je [Sais, je fais sayoix»)

£n appliquant cette méoie .règle à d autre^î verbes» nous . eq trouvons un '«certain .nombre eh 6 Q aw,,

terminaison à peu près homophone de Çth'0,sôù$ la forme ^ dirai'-je plus ancienne. ou pfus moderne,

certaihehieiït moins usitée de ' cx) am au présent in- dicatif:' ôbôbuQ wnaîchaw, bfeubùo wnàkham,

je trouvé; Qr|t0)m6 0 wtzouram, Q^^lcrnmo Q wtzoti-

raw, je nage, etc. J'ai, non sans raison, séparé ces derniers verbes dés précédents, parce que, dans ceux

de 'seconde espèce et dans quelques autres^ le O

à plusieurs temps îlp{ *) O ipo wtzenidi, Qr<ncr"<roo wtzemodi, je donnais, et les futurs ana- logues : audoiTOO wsmii^i, je buyiiis, QubdojpK) wskhmidi, je jetais, au lieu que dans la première le d m est invariablement remplacé par 9 w:. SK>6-

m se conserve

398 JOURNAL ASIATIQUE.

bn^jpO ^onakhewdi, je trouvais, ^bnjpnojroo tÊfe- khedewdi, je voyais. Un autre motif ma engage i

Eure deux classes des verbes en d m^ c'est que cette forme ne se trouve jamab, que je sache, dans les titres anciens ni dans la Bible, ce qui n empêche pas de fa regarder comme bonne pour ceux qui n ont pas à

la fois les deux formes 6d am et ua atc;, puisque elle se trouve dans ie fond de la langue. Pour s'ex- pliquer comment 6d am et UQ aii; peuvent se pro- ^

duîre fun Fautre, il faut songer que d m filud çst une lettre à peu près aussi sourde à ia- pnnu>nciaibn que a Wy lettre quiescente de sa nature, et peu iqp- prëciable à l'oreilie. i^ ,. ;, ..;

De 60 ab à uQ aw, il ny a qu'un pas, mais je dois dire que je ne connais qu'un seul exeipple v^^

en dans les auteurs originaux : c'est ccit hëmistî Jm che de Tarie! :

6b6or)6SL iromnl/^ ^9o66I)6

« il éclaire le jour de rayons brillants comme le soleyl ^IB^ encore un autre manuscrit porte obuO) noif. (T^ricct^^^ vers 758 , man. F.)j mais le dictionnaire dlrbach c fourmille: 1506m 3t)D6o, iro6anD6/A6o.. .'.. et J'imagine que c'est la représentation d'une dé' prononciations locales, que ce moine, d'aiDeurs instruit de sa langue, a voulu conserver. .

Le passage de od emÀ OQ ew, à HO e&setà \ <0

r

NOVEMBRE 1834. 399

eph n'est pas moins aisé. Quant au œ ph final , c'est

bien certainement une prononciation montagnarde, ordinaire dans flméreth et dans la Mingrélie. Le dic- tionnaire d'Irbach et la vie de saint Alexis peuvent en fournir beaucoup d exemples; et j'ai entendu plusieurs habitants dlméreth prononcer de la sorte.

En résume, on trouve dans le géorgien des verbes primitifs purs termina à rindicatif présent par une ra- dicale suivie ou non de O i; d'autres verbes enQ m,

O 6; Q ti^ ou 01 ph, précédés d'une voyeHe. A ces verbes répondent des noms verbauic ou radicaux purs terminés en 6 a, o i, ou en du ma, o6 ba, q6

"loa et ODu phtty formés du présent ou du par&it sim- ple. Ceux en ha, wa,pha ne peuvent jamais entrer dans la question de priorité du nom ou du verbe, puisqu'ils portent une trace évidente de leur origine, et ce sont les trois quarts la langue.

Voici quel est le mécanisme de la conjugaison.

Trois temps simples, présent, passé, futur; trois passés et autant de modifications pour diverses nuances du temps à venir; trois modes, l'indicatif, avec sept temps conjugués , fimpératif proprement dit et celui de permission , le participe présent et futur potentiel ou facultatif; point de passé, si ce n'est dans la voie p!assive ; l'optatif et le conditionnel se font par des par- ticules, et le {lom verbal décliné remplace l'inÇnitif.

Les personnes ont chacune leur caractéristique:

Q w OU Q^ wh initial, première personne du singu-

400 JOURNAL ASIATIQUE

lier; au pinriei on ajoute (X) th final ; jc h, deûnème personne du singulier ;^au pluriel on ajoute (7) th fi- nal; x, h, avec U s final,, trojjsième personne du sin-

■■■ r ■■■•'' •■■■', ^

gulier; on .ajoute b; n final au plur»d ;: au lien ide

jC a initid, les verbes passifs prèniient ^ i ou ^é^\

les transitifs 6 a. Soit Q^œmqp whphren, j^ yd^i

le jc A^ après Q ii;^ ne se prononce psi^ hajbituc^eipiepf ;

mais ii a se prononcer autrefois ; dans la bouchie

du peuple, il devient presque m r^ et dans la Biin- grélie il se change en tcé. Précisément tes vei^es.vid- gaires arméniens prennent ce même appendice sbos les formes Im ke, linu hou; ceci doit tenir à d^as? çiennes relations entre les deux idiomes. . Ainsi Fjod dit: whsdzraw, j ébranle; hsdzraw , Xn &xvïàw^ hs^zrawsj il ébranle; whsdzrawth, nous ébnmlpni; hsdzrawth, vous ébranlez; hsdzrouen, ils ébranlent.

U s, qui se voit ici après ia formative des per- sonnes , est un appendice qui s'ajoute devant la jdu- part des lettres initiales des verbes, principalement devant les dentales d, t, th, et devant les sifflanfea 99 dz, ts, tz; il me paraît que c'est par une loi 4*^1^ phonie.

; .■ '

^ II y a cependant des verbes dont la significatîoii eft actmt et qui prennent la caraclëristique en wi, mais ce sont des sortes Jtè déponents dont Antonî fait parfaitement connaître la ntture S'184« vP 7, et qui peuvent aossî avoir une forme doablemf]pt,pas|n[0« on bien ce sont des verbes neutres , qu'il nomme ingtfnères , parce qu'ils ne peuvent produire de de'rivà, J 938.

NOVEMBRE 1834. 401

Enfin, quand le régime du verbe est un pronom > on le joint comme préfixe au verbe ^ en supprimant la lettre personnelle , et répétant ensuite le pronom séparé. Voici les préfixes : m pour la première per- sonne du singulier, moi , à moi ; g pour la deuxikne personne des deux nombres ; ou pour k troisième ; gouy composé des caractéristiques des deux personnes, pour la première plurielle.

Gcraw cheriy je te lie; mcraw me, \xi me lies; mcraws me, il me lie ; oucraw mas, je le lie; oùcraw mas, tu le lies; gcraws chen, 'A te lie.

Qu'il y a loin de ce peu de mots , renfermant la synthèse la plus simplifiée du verbe géorgien, à la riche et vaste analyse qui occupe vingt-trois grands chapitres dans la grammaire d'AntoniM Son travail pourtant est un immense service rendu aux lettres orientales; parce que rarement inexact et incomplet, il embrasse les plus minutieux détails d une matière toutes nos recherches avaient laissé d'importantes lacunes.

Moins occupé de l'ensemble que des détails , An- toni trouve huit conjugaisons dans sa langue, carac- térisées chacune par la voyelle de la dernière syllabe; 1*^ a, 2** e, y e faible, i, o, 6^ ou, T whi, 8*^ e cheva; ce sont les impersonnels. Mais, comme chaque conjugaison a autant d espèces qu'il y a de consonnes finales pouvant suivre la yoyelle, le nombre total s en élève à soixante et une, parmi lesquelles il a choisi les plus saillantes, pour donner des paradigmes

* Première partie, 4-14; seconde partie, 14-95.

XIV. 2G

4(» JOURNAL ASUTIQUE.

d'actif et de passif, jusqu au iKHobre de trente-huit. Nous ne pouvons suivre fauteur dans le labyrinthe de tous ces tableaux ; une marche aussi peu logiqiie ne produit pas assez de résultats d ensemble.

Pour les temps et les modes , Antoni a cru devoir suivre les méthodes européennes ; on le voit à sa WBr nière de suppléer aux verbes géoif;iens des modes ({u'ils n'ont pas. En latin, amo, ama, amem, amare, amans, marquent évidemment cinq modifications du radical am; de même, en grec, w, «t , Woi/ii, m, «ur, wf, expriment six modifications de faction d'honoicr. Mais en latin Foptatif manque, et serait imparfrite- ment rendu par amem précédé de utinam* Que dire d'un grammairien qui allongerait d'autant ses para- digmes ? Les temps composés du passif sont euxrmémes autant d'inutilités. Comme il n'y a rien qui soit pins propre à une langue que sa grammaire, vouloir appli- quer à des idiomes différents la même méthode, c'est mesurer du liquide à l'aune. Aussi Fourmont et le P. Rodrîguez ont fait d'étranges bévues en écrivant pour le chinois et le japonais des rudiments à la Des- pautèrc.

Il n'y a donc pas d'optatif en géoi^ien, et 90 o6"

OOCTT] wachathou, que l'auteur donne comme marque

de ce mode, est une formule inconnue à Fancienne langue. En géoi^ien, point d'infinitif proprement dit; il en fallait un à Fauteur, qui prend pour cela le cas

modd des noms verbaux ^maôiTO crwad, lier; or

ce mot signifie en liant, pour Uer; il lui faKait un

NOVEMBRE 1884. ^ 408

futttr, il nous donne i adjectif :>mQ6igpo ovwadi, fiable. "

Un autre défaut plus considérable , c'est que fau- teur a choisi pour modèle de la première espèce de la première conjugaison un verbe composé;^ libre à lui; mais quand je vois à Finfinitif le simple de ce composé; je suis porté à croire^ moi étranger^ que ia valeur des temps change suivant la présence ou l'absence de ce signe ôté du verbe à certains temps, que j'ignore être une préposition. Findof, Vater, le prince David lui-même ^ sont tombés dans Je même défaut.

Rien de plus simple que la théorie des préfixes telle que je fai exposée plus haut; Ântoni b conçoit autrement. Réfléchissant que, dans la combinaison des préfixes avec les personnes , n y a toujours qu'un agent et un patient, il appelle défectueux de la pre- mière, de la deuxième ou de la trobième personne, suivant le cas , le verbe qui porte ainsi en lui-même son régime. Mais au lieu que, dans la nature des choses* sur les neuf combinaisons des trois pronoms, H n y en a que -six de possibles, les réfléchies étant exclues, Ântoni en compte six doubles, eu égard, non à leur nature , mais à la réalité des formes possibles, quoique non existantes en géorgien.

l^'Jete lie, il te lie; 2** tu me lies, il me lie; 3** tu es lié par moi, par lui (i. e. je te lie, il te lie) ; je suis lié par toi, par lui (i. e. tu me lies, il me lie) ; 6** tu es lié , il est lié par moi ( i. e. je te lie , je le lie) ; la sixième espèce se rattache en même temps à la hui-

96.

404 JOURNAL ASIATIQUE.

tième conjugaison des impersonnels , il pleut, il neige. Que de répétitions ! Quatre fois le rapport de la pre- mière à la deuxième personne; trois fois cdui de la troisième à la deuxième ; deux fois celui de la deuxième à la première. Que d'excès dans une pareille analyse!

Dans ces sortes de verbes il faut bien distinguer ceux le préfixe n'est que le régime du verbe de ceux où, par une combinaison propre au géorgien, il est sujet réel , quoique régime apparent. Dans le litté- ral, une seule lettre, la caractéristique du passif,

explique ce mystère. Par exemple, 0:>môau OH mcraws me, il me lie; Q m, GO me est r^me. do^mÔQo dn OQO micraws me igi, ou bien

O 0 :^mô d n olu n mecra me ese, je fai lié, mot à mot

OOO OîmuQU t^" icrawSf est fié, njbn n:)m6

d^^ôb ese ecra tchem-gan, il a été lié par moi.

Ces deux formes sont chez Antoni le parlait trè»-passé et le parfait plus que très-passé. Tous les veAes ont ces deux temps ; quelques uns sont ainsi renversés à

toutes les personnes, dmlîr^du mrtsams, je crois,

i. e. il est cru à moi ; d Yf 6<rou mûsads, je désire , etc.

Dans le langage vulgaire , les lettres passives sont sou- vent oubliées , et le sujet étant au datif tandis que le régime est au cas direct , il est beaucoup de cas Ton peut mal traduire , tout en sachant très-bien les règles , faute de moyens de préciser autrement le sens.

NOVEMBRE 1834. - 405

J'ai toujours appelé ces temps et ces verbes indirects; M. le colonel Rottiers^ page 44 de son Itinéraire, tout en me faisant f honneur da citer à ce sujet ma notice de la langue géorgienne, affirme qu'il v^ut mieux les nommer défectueux : on voit . que c est le système géorgien.

Au reste cette question , qui se rattache à Finves- tigatîon du thème, est difficile à résoudre, parce que, à moins de savoir Jalapgue mieux même que les na- turels du pays, on aura toujours à hésiter en cher- chant f indicatif présent d'après un tempft donné autre que le par&it et ftitaF caractéristiqttes. ' En efièt

lomoôbijonu hbrdzandes, il ordonnera, peut

aussi bien venir de QjcOmOUQ phhrdzan que de

aOmo6bno. De pareib* embarras ont /lieu en grec

p0ur la Recherche des verbes terminés par avec une lettre' appartenant à Fun dés trois oi^anes. *

Enfin il faut appliquer au travail d'Ântoni j»ur lès verbes une remarque semblable à celle sur les noms. Ântoni ne fait connaître dans son livre ni Fétitt an- cien ou littéral, ni letat moderne ou vulgaire de la langue^ mais seulement une situation intermédiaire indéfinie. S'il y a beaucoup de faits dans son exposé, H existe aussi plusieurs formes nominales bu verbales que l'on y chercherait en vain.

i;

406 JOURNAL ASIATIQUE.

BREVE NOTIZIA

Del rcgno del Thibet, dal frà Franceioo Ohazio

DELLA PeNNA DI BlLU. 1730.

(Fin.) Raggnaglio saccinto delIa legge de' Tbibetanî.

I iibri ddla legge thibetana che tengono cokne par evangelio sono cento otto volutni grandi die chîiniaiio K'haghiur^ cioè precettt tradotti, che è a dire, ttêr duztone de precettt della legge dalla lingua indiutana nella thibetana. Questo K'ha ghiur ha i suoi csposî- tori che sono piîi di quattrocento Iibri, e poi hanno iDoIti altri Iibri d'istoria e filosofia, ne' quali ifi «0119 moltissime cose, che questi dottori religioû e pqpoii tengono di fede. In questa voluminosissima leg^ dd K'ha ghiur s'inseff^ esseryi otto miiioni di mondi attualmente esistenti, oitre questo nostro vi^îbile/e palpabile. Questo ed un altro mondo solamente banfio avuto principio ex vi delT opère de' vîventi degU abri mondi invisibdi : il modo pero corne fossero piip- dotti questi du^ mondi, ch'ebbero principio, per ei^r una série assai prolissa, per s^^uire la prefissa bra- vità, si tralascia. Tutti gli altri mondi poi sono ab etcmo a parte antc, ed uno ajiche a parte posi, corne si dira. Lanime tutte de viventi sono eteme a parte ante, et a parte post, la leg^e parimenti

NOVEMBRE 1834. 407

è ab œlerno per6 a parte ante, non aparté post, perché terminate le trasmigrazioni , e portandosî tutti î vivent! al paradiso, che si dira appresso^ cessa ogni legge.

Questa legge insegna che in alcuni delii chimeri- zati mondi non vi è la legge, ed in tutti gii altri dove vi è la legge ) vi è anche il paradiso, che Ip credotio etiam a parte ante, et a parte post, corne credono tutte f anime de* viventi, ai eccetua pero questo nostro visibiie, dove non ammettono paradiso, nm.'Iiiehsi trentadue luoghi di delizîe, in alcuni de' qaali si tra»- feriscono queili ^ che sono giunti ad esser sànti in questo medesimo mondo, ove sono i Lhà^ o siaiio corne Dei, quali luoghi se li figurano essi nell' aria sopra, a quel gran monte che Êivoleggiano i Thibettini in mezzo a questo mondo 160 (sic) miia leghe d* altezza ( la I^a Thibetana consta di cinque miglia ) e di trentadue mila I^he di giro in quattro parti.; dail' Oriente è di cristallo, dall' Occidente è delb pietra pre- ziosa delta peimaraca ^ di color rossO, credo rubino, da tramontana è d' oro, e da mezzogiorno è della pie- tra preziosa detta hendruie^Ai ccdor verde, ed in detti luoghi di delizia restano fincbè vo^iono, e poi di passano al paradiso d^i altri mondi.

^ On plutôt ^J^ >Ai. I I ^^^^ ^^g^f c'est le smis- crit L|^é|«| Pudmarâffa, rnbis. Kl.

* C^ Ql T Ved'ourya; c'est !c mot sansdrit ^7^ ^«- doûryyo, qui signifie lapù /duii/t.— Kl»

408 JOURNAL ASIATIQUE.

In vigore defla loro legge verso le parti dii ponente di questo mondo esservi un mondo etemo a parie ante ed a parte post, ove è il paradiso^ ed in questo vi è un santo solo detto per nome Hb pahms, cfae significa santo di splendori, e luce infinita. Qoesto santo ha molUssimi discepoli^ quali tutti sono Gang ciub ^ ; questi Ciang c*iuh non sono ancora amvati ad esser santi^ ma possedono in sommo grade quette cinque virtii , che chiamano C'inba, Tzultrim, Sxopà, Tzontrù, e Samden, che sarebbe a dire : carilà im^ mensa spkituale e temporale, osservanza immeiua della legge, pazienza immensa in qualunque evenlo, diligenza immensa in operare perfettamente, e ood- templazione sublimissima. Questi Ciang cUub hanno terminato il corso deDe trasm^[razioni e acmo esenti dal trasmigrarsi, ma solo passano -da un corpo d^un Lama ad un altro corpo, ma il Lama sempre saii coff istessa anima del medesimo Ciang cîub, oppnre in altri corpi se sia per beneficio de' viventi per inaegoare la legge, cii è il fine per il quaie non vogliono esser

l^^ (^ZJ" Ctanff c'iub sîgnifica ^nho di q.elli che

per la loro perfezione non ti cnrano ener sfoiti per usiitere ed informare ii corpi de* grandi iami rinati, corne sono ▼• g. CsafWtt^ Semba cenbà, Izetrung rimbocè, etc. a fine -di poTare a' Tirenti, e far loro terminare tante trasmigrauoni , corne ftià meglio Tedeni neir altro scritto di compendio deila lor legge.

Le mot qa*on prononce ordinairement Tchang tchhamh e'éerit, comme on voit, en tubëtain Byang tsioubh, et signifie aeeen^K, CTest le nom qu'on donne aux êtres qui ont atteint le plus haut d^ gré de perfection ayant celui de Bouddha, et qn*on appelle en

crit «Of^HT^ Bôdhisattm ou vtritable mMigemce, Kl.

NOVEMBRE 1834. 409

santi^, perche non potrebbero insegnarla; come da compassione e misericordia' môssi^ vogliono testar Ciang c'iub ad ammaestrare i vîvenU nella I<^[ge per farii finir presto il corso tnivaglioso delle trasmig[ra- ziouî. Di piii se vogliono questi Ciang c iub è in loro lîbertà di trasmigrarsi in questo 6 negli'altri mondi, e tnismigrandosi nel medesimo tempo in piùinoghi per îf medesimo fine.

La trasmigmzione delf anime di qualmique vivente da un corpo in un aitrô^ come si disse, è un. punto di le^e thibetana più principale e primario^ vengono ass^[Dati per queste trasmigrazioni sei luc^i, che sono^ i .

' Cest par ie mot santi qae Tantear àéûgaià partout l^^wd" > Les Bonddhistea donnent à tous (es êtres da inonde le nom de

marcheurs, en tnbëtain l«< ] LmA J^ '^à, parce que. leurs âmes sont sujettes à la transmigration. Hs le» dhritont en six classes;

nommées en tnbëUm Q^^/^^ T /S|^^ ^^^ ^^ *'" rig^hs dhrough. Ce sont :

i*^' ^ Lhà, en sanscrit^^ Deim OQ^5ot»ra, les dieux.

a" ^^J^^C^(J^Z:^a ma ym^ en sanscrit îlfg^^^ott^

ra ou Xct4 DaXtya, les non dieux ou démons. 3o ^J Mi, en sanscrit l|«iDe| Mmnoàohia, les bommes »

nommés aussi en tubétain »J^ ^J Jv^

410 JOURNAL ASIATIQUE.

Primo-de Llià, o siano corne Dei, e sono questi luoglii quasi innumerabîli , benchë se ne aasegnano qui soli 32 : corne si scorge nelia figoiB del mondo thibetano sopra il descriuo grande monte in meno di dette mondo. OItre anoora gT aocennati laoghi dei Lhà, la medesima I^e ins^na esservi parimenle luoghi di trasmigraaioni per i Lha ndli sette pianetî, ed in tutte le stelle, dove esse anime tnsoiignte neî Lha devono licevere il premio délie buone q;>ere per un tempo prefisso secondo F opère buone fiitte, quai godimento poi terminato che sia, vanno esBÎIilà'a ricevere la pena che loro si deve secondo la quaiîtà de' peccati se commessi ne lianno, o prima di passare-al luogo dei Lhà, o se peccassero in essi luoghi, mentre ammettono ivi nel godimento dei Lhà di poteré pec- care, come medesimamente peccar possonp. mede- simi Lhà, e non possono operare opère meritorîe,. e per ricevere ta! pena y passando ad altri éorpi in lao- ghi penali , corne si dira appresso, ae pcM non^ a^waaero

T

Dro va rm tsien, lea marcheun précienz.

en sanscrit mce4C]| TVryycib. 50 ^^^i^^]^^ Yi dhçagks, en. niucrh ^ Avtt,

gobelins , démons faméliques. Go ^WQJ' Z^^^y «/ hd, en sanscrit rfl^ Nârmkm,

habitants de fenfer. Kl.

NOVEMBRE ISM. 411

peccato alcuno dope H godîmento del premio, si tras- migrano in corpi d' uomini.

Secondo luogo délit Lhà ma in, o stano corne iuogo de* semidei^ quale è unicamente solo, dove pa- rimente ie anime passano con altri corpi a ricevere il premio délie buone opère, non perà qtiîvi hanno tante delizie, come negii altrî descritti Iw^hi dei Lhà, ma assai inferiori. \

Terzo Iu(^ , è Tudrb, o sia Iuogo d* ogni specie d* animaii , e bestie ove ie anime trasmigrane in penà de peccati veniali , e reati de' mortalli. *

Quarto Iuogo d^* Ita o siano tantaii, dove â tras- migrano pure con idtri corpi , per ricerere la penaude peccati veniali piii gravi, corne anche a reati cotn- messi mortali parimente più gravi.

Quinto Iuogo dd Gnteha, osia infemo dove si trasmigrano parimenti con altri corpi per ricevere la pena de peccati mortali , che non hanno cancdlati col dolore, e proponimento, ammettendo questi due atti di cuore per cancellare le colpe, come si dirày é qui a proporzione délia grandezza de' mortidi ricevdno li tormenti; pero a tempo, benchè lunghissimo peithè non etemo, mentre termhiata la pena sif trasmîgfano, se non hanno ivi commessi altri peccati, n^i uomini, e se altri peccati ccmimettessero, o moltipUcano la pena neii' infemo, o passano agT anîmalî, o lantali. '

Nefli sopradetti cinque luoghi noir va f anima sola > ma prendono un' altro corpo, perché insegtnîsî che f anima separata dal corpo non è espace di ricevere ne premio ne pena.

412 JOURNAL ASIATIQUE.

Sesto luogo dd Grikthen, o sia qaesto mondo, cioè gli uomini che stanno nei mondo, e questa è b mîgiiore trasmigrazione di tutte F altre, perché in questa possono operar bene e &r opère meritiorie, e cancellare i peccati con il dolore e proponimento : chç neU' altre questonon lo possoBo &re> e gli aomhii diiTettosi^ corne ciecbi, sordi, zoppi, stropi, etc., sono tali per cagione di qualche piccolo reato de' pec- cati mortali deti' aitre trasmigrazioni commessi e non purgati col dolore, corne anche i poveri, meachini, lavoratori, contadini ed altri, ehe sono so^getti A travaglio corponde, servi, schiavi, etCb, sonosî ces trasmigrati per la medesima cagione. Le comodiA, richezze, Dobiltà, sovninità de gitindi, principi/re, etc., s' insegna neUa lor l^;ge, provenire dal merilD d^e buone opère &Ue invaltre trasmigrazioni per bene degli altri; ne vogliono esser santi, come«si disse , ed anche i Ciang c'iub moite volte si trasmigrano re, corne si puo vedere dafle Ic»t> atorie.

K ^rticolo di lor fede ancora, che -ciascun nonio psservando parimenti ia i'^e, per il corso tli cmqoe cento trasmigrazioni senza commettere dcun peccato diventa santo, se poi commette de' peccati si nudti(& cano le trasmigrazioni a tenore de*medeaimipeoati; finchè poi giunghino col ben operare a dpvenfar santi Per esser poi santo, prima deve esser Ciang' c- M, e per divenir Ciang cUub è necessario, che idmeno neir ultima trasmigrazione sia religioso, perché i soo- lari di qualunque stato, condizione e preminenn sa, quantunque vivano bene, non possono . arrivare ad

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esser Ciang^ c'iub se non si fimno religtosi aiineno nelf ultima trasmigrazione, corne si disse. Li Ciang ciubper farsi e dîvenir santi, bisc^a, che prima neHo stato religioso o in questo mondo^ o in uno de- gii adtri mondi; ove è la legge, e per conoscere xjuelli che^sono divenuti santi dopo detto ristabilimènto di iegge, non è necessario sia dichiarato con venin atto di chi che sia, ma viene riconosciuto per taie quando ndr ultima trasmigrazione averii nd proprio çorpo trentadue segni, ed ottanta qualità, per le qnali ailora è riconosciuto per santo^ ed adorato. Li s^;ni sarebbero V. g. Âver nelle piante délie mani e de'pîedî una forma di ruota; ayer la pelle dd corpo sottile^ e di ccioT doro; aver nel mezzo délia fronte un<piccoio luogo , che ritorto forma corne annello , aver le dita délie mani e de piedi con una pdle framezzo corne i piedi délie anitre^ etc. Le qualità comé, caminare come Telefante, volare come gli uccelli^ caminar dritto come un palo, caminar sempre prima col piede destro^ etc. Che per essere di prolissa spiegsaionef per brevita si tralasciano.

Da questi santi tutti poi uniti insieme n*esce un' entità, e questa sola entità è il Dio che adoratio i Thibetani , e moltiplicandosi i santi , quest' entità di- vien piii grande^ e quando tutti gli uomini saranno

^ Dans rhistoire mongole de Saqiuig setsen , la même chose est dite du premier roi du Tubet qui arriva de THindoustan : V^^-U ^^^1 Q)A\n 1 ^\ii inVk i ^i {l ^i:2a- |.nn IlnAn\t. La. ^J^

« Les doigts de ses mains et de ses pieds étaient réunis comme chez « les oies. » Schmidt's Geschichte der Ost-Mongolen, p. 90. Kl.

414 JOURNAL ASIATIQUE.

(livenuti sand, non potrà piii crescere queBt'entitày quale entîtà la chiamano Sankie k'hon eUoâ^, che â- gnifica a lottimo di tutto » o sia Dio risnltato da santi, e viene ad esser per loro la prima persona, disbngueodo solo le persone realmente distinte una dalTaltray e tutte tre costare d' una sola entitk, o ottima e perfrt- tissima sostanza.

La seconda persoiia la chiamano CUo k^han e*iùà\ Dio délia I^;e, perché questi santi avendo ristabilîla la I^[ge nel pristino stato y è come avesaero data k legge , e cosi è l^e venuta da Dio , e pcr mes» di questa si diventa Dio.

La terza peraona poi si chiama Kedun k^hfm c*iùà\ che significa , il complesso di tutti i religiosî eiser Dîoi perché questi santi avendo ristabilita ia leggt banao conseguentemente ristabilita la legge e r^oia de' r^ iigiosi , e perché tutti questi saqti provengona da religiosi , e tutti questi santi é come avessero aiFata l'essenza propria da' religiosi medesimi, e percià io chiamano Kedun kfhon c*ioà.

kon tsiogh, c'est-à-dire ie trcA-prëcienz Bouddha. - Kl.

précieuse Loi. Rl.

tsiogh, la très-prëcieuie réunion des vertueux, cest-à-dn clergé. Kl.

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Insegna poi questa i^ge, che tutte queste trie per- sone sono reelmente distinte ^ ma Tessenza è nna soh, L'essenza di questo ioro Dio è unita al corpo, equesto corpo è di una pietra presiosa aguisa di cristaHo, o sia di splendidissimo diamante, ed ammettono questo corpo perché,, corne si è detto, f anima sola non è capace ne di godere, ne di penare.

A questo ioro Dio solamente attribuisconai la mbe- riçordia, la compassione oon tutte faltre perfezioni annesse alla pietà in grado sommo , îmmenso ed hifr- nîtOy non pero la giustizia, o punizione, perdiè asâ* curano esser cio contrario alla misericordia, etc. Queili atti di compassione per ioro non si stendono in Dio esctra se con i viventî, ma solo -in se, perché siocoBie non lo credono punitor de mali, cosi ancora ne tam- poco rimuneratore del bene , tenendosi provenire il bene ed il maie dalla forza deiie buone e maie opère de' viventiy e per conseguenza aiaeriscono che questa forza d opère è i* autore dei tntto, e d'ogni oosa pro- dotta, che propriamente dicono procedere dsi cuore de* viventiy e non da Dio, quaie soio compassiona in se per pietà il travagiioso e proiissis^imo corso délie accenate trasmigrazioni.

La iegge thtbetana ammette ancora ia presenza di Dio, ma per multiplicationem corporum et anima- rum, onde quando uno i'invoca, o fa orazione, o gli oflTerisce sagrificii subito si trova présente, ma per6 invisibilmente, e soiamente è veduto da quefli, che sono arrivât! ad essere Ciang ciuh, ed a qualchedun altro, che per grazia si fa vedere , ed è perché conosce

416 JOURNAL ASIATIQUE.

la bontà del cuor di queHo per esser omimciente e pénétrante i cuori di tutti, e tutto il bene, che puol fare questo lor Dio , si è di dare al cuore buone în»- pirazioni, secondo le quali possono, se vog^ono i viventi operar bene, quando perà non siano impe- diti dalla forza deli' opère ree delT altre trasmigni- zîoni.

Insegna ancora questa iegge, che fessemûde deDa beatitudine del paradiso (ed il paradîso lo p-1im«»«pa Teva cenbb^, o pure Teva izèmè, che sarebbea dire: luogo di somma pace o di pace senza misura^ o iii immensa) che consiste in esser esente da ogni minima perturbazione y ed avère tutti li godimenti îmmagîiuh bili, e stare sempre in amplextbus et tUectbrzs aisque consumatione.

Per luogo di purgatorio , se si puol ooù chiamare per nostra inteiligenza , ammette essa legge ^ •nmafi' ed i tantali ne' quali 4jrasmigrati gli uomini patiaoono quelle pene^ alie quali sono soggette le bestie e tan- tali, colle quali pêne dicono pui^^are dalli peocati ve- niali , e reati de' mortali , con quest' articolo di credena pero, che in quel tempo possono peccare, ma noD operar bene. Se in questo per loro pui^gatorio pcM non commettono altri peccati , terminata la pena , di nuovo ritornano a trasmigrarsi negli uomini.

Si ammette ancora f infemo destinato per li pec- cati mortali, per la sodisfazione de' quali si assq^nano

* ^^^ Cm^ OD^ ^J A-Dei'à tsienpo, U pins hante Wa- titade. Kl.

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ottd luoghî di tonnent! di fuooo/ ed altri otto di frdddo con aitri toitnentL II giodice deii* mfemo è un Giang cUub, che âchiama Cenrezt^, ma perà corne ghidtce deO' infemo chîamasi i9cmcè cUo kiel *, che vaoi dire Re Tettissimo e giastissimo deUa iegge» Qaesto ior ghidîce deif infemo tiene m mano un tersissîmo spe* chio, nel quale vede tuttef opère e peccaminose^ secondo quelle giudica. Ciaschedun Homo ha-per^uo custode un Lhà, e glî serve per difetisore quando va air infemo per* esporre d giudice le^ buonc' ôpere del presentato reo^ quale Uià pone n^e biiande ie ba- iotte bianche, ed altresi vi è dall' aitra parte di qudBo deve giudicare un Dre (che sono corne unà specîe di <Iemoniî), quale. espone l'opère pessime, ed a ténor della gravita de pc^cati mortati, pone pure neff ait» parte della bilancia balotte nere; e pesandosi a inisura de peccati , che prevafgono allé buoné opère vien giu- dicato. Di queste specie di demonii ne ammeitono due sorti.

La prima si chiama Drh^, quali non sonôâd(tr6 che uomini e donne ^ che per U troppo attacco a questo mondo, o aile richezze^ o alla bellezza comittibile, o ad altra cosa simile, quando muojono non prendono

1 En sanscrit Avalokitesvara, Voy. Nouveau Journal asititique, vol. VIII ; pag. 1 90. Kl.

« ^^(îj^t ^(JN^JQJ^ Chin mhè tsios rghM. Kl.

O^^ADr^. Kl.

XIV. 87

418 JOURNAL ASIATIQUE.

I

alcun'a frasmîgrazione, ma restano net Airlè^; gmaia Parla signifies sqMirazione ddT anima dfd €Qr|io rper sette gîorni^ che parimente questo è un artioolo lior Gredenza, perché per loro legge tutti g& Domidie donne quando muojonOy le anime reslano aepànle-dii carpo per sette giomi prima di prendere dcuna tnami^ grasîoney quali sette giomi terminati, prendono leanime la loro trasmigracione secondo le opère buone o re& «

Le sopradelte anime adunque degli uomîm rdoaae restano nel Parte, o siano sqnrate dal corpoft.car gione de predetti attaechi non oome i'altre periMCie giorni, ma per una lunga série d'annî, andàndocMiè queste anime sempre per f aria arrabbiate, e acomo» late, e solo alquanto contente, quando posson^ Jm»^ n^l^re agli uomini, ed ailora ia ioro contentesea. converte in furore per non aver nochito di pîbaid a tutti gif uomini. Terminât! poi i loro anni êos', dopé si trasmîgrano nelF infemo detto Narmè\ e costiluîa- cono una specie di demonii^ che come si disse;- dî^ consi Drè, destinati ministrî di giustizià BeiT jntemo, «d essi benchè tormentino i dannatî, più degli ahn restano poi tormentati. «.^r

L'altra specie poi di demonii si chiama J\k\t^pu3i

* /^j T^ ^ Bar dho, est le temps entre la inorC et la iMràvelIe încarDation de Fàme. Hl*.

^ '

* ON^/i. J^ ^^^ '"^' ^®^ ^ sonffWincc. Kii.

* ^n >.^ èDhoudh, di-mona. Kl. - \

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fNirmiente sonô uoniini e donne /che si trasmigrano in fuogodei Uià, chiamato Do k'ham, o Dupe hfham^j quali altrô fine non hanno^ che di sempre nuocere agli altri, e quando questî ritomano a trasmigrarsi negli uomini sono persohe pessime^ e procurano sempre il danno ad altrui. Il capo di qaesto luc^ ai Do k'hnm si chiamà Karoh vang eUu ^. Questb capo ogni giorno vibn cinque freccie ne! mondo^ che sono : NgtMrkiel, snperbia^ DocUa, hissuria, Sceiang, m, Praioâ, iâvidia, Thimù, accidia, e queili, che reitano ferid qneste freccie , vengono arraolati soCt<9 il suo domi* nio , e diventano uornini pessimi. Se poi questd capo si trasmigra in questo mondo^ o neglî aitri nella per» sema di qualche re, in quel tempo il règno sarà isempre tnTagfiato o dafia guerra^-o dafla &me y o peste, ed esso re ancora afHigerii grandemente i suoi sndditi, é questa specie di demonii detti Tu, secoudo i loro iibri, sono demonii tentatori, che tentano a peccare gli aomim inf qiiesto mondo.

L'ultimo santo ch* ha ristabilito la legge de' Thibe** tani si chiama Sciakia Thuphà, che significa il po- tente dei Sciakia, cM è il nome délia sua stirpe, ed in lingua industana-^ si chiama Sciakia Muni, figlio

. Q^' [2iJ^M'z>w*'*a« ou Q^'qQ'

iZA^J^^ Dkodh paS k'ham, irëgion et H conciipisceDce.— Kl.

€mgh, prince de la pins haute fonissance. Kl.

87*

420 JOURNAL ASIATIQUE.

del re Sezang^ Sciakia della città di Serkitugy^nd regno di Bengala y nato da un apeituni pipd^îosa dd fîanco destro deila madré per nome Lhà mb tzupnU* Dea prodigiosa, e ricolto da un Lhâ per nome Kiacln\ lavato con acqua tepîda venuta dal àéLo^ e divenne subito il corpo di cofor d'oro , e cio per conto fiitto nel 1730 si rilev6 esser costui venuto al monda 959 anni prima deih venuta di Cristo 3696 Mm sono. Questo Sciakia Thuphà ristabiO ia legge, clie dicono altora decaduta y quale consbte j come dtrofe si disse ^ in 109 volumi^ quali voiumî li disoepoii ik Sciakia Thupbà scriasero tutto il contenuto di eaiî libri dopo la morte del loro maestro ; come FaTetano ' dal medesimo udito di sua bocca. Dicono che prima fossero trecento volumi, ma che poi |^ infedeir (eh' erano i Bracmani y e loro seguaci, de quali ci asseriMV aveme convertiti molti alla sua 1^^) ne aLbrôcil^ sero cento novantadue.

In esso regno di Bengala , e ne* suoi confini , e qoat che aitro luogo Sciakia Thuphà ha propagata k éoêl I^e. Questi volumi dividonsi in due specie di kggi/ iuna delle quali contiene settanta libri, che chiamano

' ^^\ ^^"^S^ ZAf f^ofi^^ le pnr mang^iir. Kl.

i ^ CtBiW ynXie àe Ktq^ilaçasthùu. Ex.

' ^}^^Qj^O^''u>*mogy,^hp'hr^Méi»Ê»

de riliiuioQ. -— Kl.

es

* ^^^^ Ghiatchim, c'eitle IndndesHmdoni.— Kl

NOVEMBRE 1834« 4SI

leggi dd Dote ^, e f altra che consiste m trent'otto vo-* lumî li chiamano Khiutè\

Nelli primi settanta volumi detû Doté sta regk- trata la vita di Sciakia Thupbà cxm tutte le* di lui pretese, gesta ed opère maravig^ose Êitte nd corso di tuUa la sua vita, che fii di cento sessaat'uno.auno, corne segui la sua morte , e quanto sin qui in 8UCf> cînto. si è riferito, ed in oppresso si inferisoe brève- mente, corne è la i^oh de' reiigîosî^ colii gradi di dignità, officii, mini&teri d'essireligiosîi Per' Jr.ooviiâ^ cbe è per più anni vi sono cinque. precettii, .e^uIsUi , che hanno finito ii noviziato^ e poi dopo iineidiàfinH Cessione che è in liberta d ogni jel^oso dii6tia> o no, benchè vesta Tabito, vi sono dieci precetti, e per ^elii hanno &tta prof^ssiofie «odo duecnito cin- qwnta quattro precetti -oitte i trè votiidi Gastità, Qb(edienza e Povertà, m P:9Vertà aguisa de religiosii, che sebbene possedano resta poi al monastCFO dopo la Jor morte. II medesimo r^oIamenV> è per. le. mo- nache ', e per quello ë r^istrato negii accenati libri , che veramente Scic^kia Thupbà non le voleva insti^ tuire, perché diceva, che queste monaçhe avrebbero pregiudicato molto alla pura osservanzi^ de'relxgiosi, corne poi successe, secopdo referiscono i loro scrit-

^ i^^ ^ Dhù dhèp »ont les timditîona Im SoAtras des Hindous. Ki". ......

* ^ U ^^^^ ^^> °^ leg. traités, sont les Ttmtrasdti Hiu-

do«&-^KL. ■■■ -• '

422 JOURNAL ASIATIQUE.

tori^ qualî poi decantano essere qaesta una delIe pro- fezie verificatasi di questo lor santo, ma po* contentare i suoi discepoli , che venivano hnportunatî dalle donne, li medesimi discepoli obbligarono il loro maestro Scior kia Thupbà ad instituirie corne fece. Di queste ve ne sono che non hanno dausura , e possono nscire , e noo possono andarvi neppure le donne ne' loro monaateri. Questi religiosi poi hanno convenu di dausura , per- ché non possono entrarvi le donne sensa ficena de' superiori, ed i monasteri délie monache ancon hanno la dausura , perche non possono entrarvi sodari, ne religiosi, eccetto qudio che ha cum del monasteio per ordine del superiore a cui propriamente spetta k cura di esse.

Vi sono ancora le trè vie délia perfezione degfi b- cipientiy Proficienti, e Perfetti, corne sarebbe a dbe manière di purgarsi , dolendosi de' peccati , meroeodiè ammettono il doiore ed il proposito di corrigerai, ed una tal specie di confessione, come quasi Augustana, perché tutti i religiosi , e quasi tutti î scolari si deg*- gono un Lama, o religioso per padre spirituaie, ed il pénitente avanti il suo padre spirituale si accusa d*aver peccato in génère , ed il padre spirituale fii orasioiie (fopo per quello si è accusato per la remissione <fe' suoi peccati. H padre spirituale in quel tempo o atto si chiama Sciak paho, che vuoi dire condonatore, quelIo che si accusa si chiama Sciak iul, che vuoI dir pénitente, e Faccusa che si fa si chiama Tholscia, che vuol dir confessione. Secondo grado dopo questo è di attendere aif acquisto délie virtu morali , e per

NOVEMBRE ÏUfL * 4iâ

terzo.di easere gionto aihcontempiazione.deUeiriebiiie deiia vita futura, dis^t^ocati da tutte cose deila-vita présente ooi coÉnpaçsionare le tante mûeiie fie^.vo^ Diini, e fesser soggettiad un cosi tnvagiioà>^torso di insmigrazioni. - ^ -:' . - ;' ^<: m.:

'\. Yi sono poî fi preoetti: copimuni par tutti si refi* giosi che scollnîi^ ma in tràsgressipaeidi essipéro^per i reiigiosi è più grave' peccato che non è péri sùoha^^j e sono: primo non lanmazaire^ciôè tanto iioiautiir[ cbme ^tte sorti- daninifli); secondô' nonfosniductf; tenso f^on rubare;- qiiwrtO'<iionimormonkTe(>i|ilititb noa dir bugie; sesto amare il padwi e»'la(:tnfdïé\y)o ffouù sei precetti si ordina y çhe si osser<ndb daik:4Te porte del cuore , délia iingua é del corpo, ch^fBarebbt lt dire : cogitazienç , verbo ed^pert.; Si aggiini^ aiti fbaritatf coili suçidettijoin' altro prèce^ô- obbiigalÎKo> quai è che il ma4tp€[igÎDnioiipii<debl3aicono»&erefiA ooosprte, ma ;SoIoia: tempo* dinotte^^iM^iéssiiJfiempê^ solamente le vpite assegnate dafia iegg<r, è 'notiijpiiili: Mentre si è assegnato Fobbligo de' oongiugatiy «asà A proposito spiegare il resto. Per mantarû ordùiain dadla legge del Dotè^ che non û prendino parenti siaiqo consanguineità , o d'affinità se non è. passato i aettîmo grado, vero é perè, che questo li signori e graiidt non fosservano, e circa ii œaritaggi tra le personé non taolto comode yi è un pessimo abuso, non-peiÀordit- nato daila legge, ma introdotto dall' abuso, che cpiànti iratelli sono in una casa pigliano una soimogiie par' tutti y attrîbuendosi la prcdea queflo, di^cui la doni^ asserisce di aver conceputo^ ma questo ordinariamente

424 JOURNAL ASIATIQUE.

non succède tn persone ncAHi e comodey quafi pran- dono una moglie sola, e talun grande pni d'nna, ma di raro. I sposaliziî si &nno m questo modo: dopo aver &tta h poliza dd contratto matrimoniale, il giorno stabilito per lo sposalîzio, va lo sposo con i suoi proprii parent! alla casa defla sposa , dove devonsi trovare li parenti pure delIa sposa, ed il padre, x) il più prosainio parente dello sposo, addimanda^afla sposa se Ynol prendere il suo figlio o parente per marito, e se dioe di si, il postulatore mette i lin. poco di b«ttin> aiiBi fronte defla sposa; il padre o ilpiù piossimo parant» délia sposa fa la medesima dimanda:ai)o apoao,;.ad avutone il reciproco consenso çoBb medesima ma monia mette il buttiro in fronte corne alla sposa, e se» gui te le suddette linniture, il matrimonîaè^già-fiillQ^ dopo di che si portano alla visita del tempio^tattiliiû tamente e fanno il giro attbrno il^tempio, e se ne ritornano tutti alla casa deUa sposa, e per loi spano di quindfci giomi stanno a banchettare , andando per la dttà da parenti ed amici in comitiya,-tener oon- versazioni e rall^prarsi, etc.; termihatii quindicî|[icHii^ lo aposo conduce la sposa a casa sua^i

In questa legge del Doté vi sono le orazioni e^ma* niere di orare, che fanno i religiosi^ ed il modo.dî Tare i sacrifizii, quali consistono in &re piramidi..eot lu pas ta di farina d'orzo, e poi fimno alcune rosettedi hiittiro bianche o gialle o rosse o torchine o veicfee d'altri colori, quaii attaccano ad esse piramidi.dalla parte visibde, come si puo vedere nelh fi^[ura.y i.v*'

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Esponendole suif altare, se si £uilio nisl témpio ,- o su §^ titarini , che coms capdiim tutti gli scoiarî oome reiigîosi hauno nelle.proprie case e stanze coi loro i(k£ j Questi sacrifizii si âuino quotidiaaamente oon alcuné preghiere, e ne* tempii e nelle case, ma da soiiireli-i giosi destinatiinigradodi iacrificatoriyed in altreloro s^nnità sacrificano . con canti e suoni ^ e questi sono di diverse specie, corne d'unà sorte di flauti. grandi, di trombette di piîi sorti un ^ canello^ ritorte e Iunghissime«, grosse . lumachè marine y i gnaccare . di pîii sortiy tamburi e tamburini, etc.'II canto pofèfi- gurato e con note, a cui si conformano li sudde&ti strumenti a suono. Vi è ancora ii sacrificio che fenrio dfuoco> che è una iunga funzione, e vi si gettano moite diverse cose/e si fa con cantine suoni 'e con moita solenità, ma non si fa costispessoiâi :praticano ancora quotidiananiente , e ne' ténipii e nelle casé si dé* religiosi che de secolari diverse altre offerte, d'acqua semplice, e colorita di fioriy<di bira ^ed altre cose, e la bira sempre la mettono nei crani degii uon^ini, tutte le pnmizie y e prima di mangi^i^ un pcfop 4l

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Hmrmp à Bkiu ^ae Mvti di il^^iwiii li HHirfiiin dsiifrmf . f oiMi ctMiiwo Gmuuiè^ e fidtr» CWiiii>» #iie jM|^ii6caiio cbgnnio rigorofo e dBgiono'Huifiiirt; il prfOMr auMTvaJio cm rj^oromnaite per yemifyHr tro ore, che neppure devono ingfaiottirB ifc'iÂi^ ne fntmre, e se talano tuoI fiirIo<per ttci'giailircMi" tiniif , cricne molti pratkan'Oy ogm veiitiqaatli»4nv (ler ifl mattîna soda prendpno semplipemente IniÉBB di Mtnpiicc thi^ alla Thibetana. Laltra^soitt^-digHaMI (inennh non k cosi rigoroso^ merceochè k-aen mufBÊk innnffiond possono bere. Ma questî dj^pimi fi pîii p(!r i scoiari , che i religiosi. Ai rdîgiosi |)ffrà Â prccTCttOy per il tempo tutto che vivono^ dope priin») non possono mangiare alcana oosiy poawn Wim ben* , ccoetto la bira, ch* è proîbîta a tadi î w- ligîtuii in genert> di beverb » se non ibsw lArta o iiumolnta.

Itanno per coiuisdio di ior ic{^ di

NOVEMBRE 1634 ^

cadauno se vuole un ritiro spirituale^ e spedalmente i religiosî per diecr o qniûdicr giorni^ un itiese, o piii secondo la volontà d'ogni, uno e li scoI%ri commodi> signori grandi li fanno nei oônventi de' reIigiosi> ed îi Re quando ne conventi , quandp nei palazzo pHn» opale y ed in tempo di ritiro veruno tratta oôn-esAÎy eccetto per li biaogni necessari, un* altro rel^ioso ba cura di proyedeiio, ma senzii parlare, eâoio con cennî, e se sono in stanza^ foori d'aleun brève tempo tbe ponno trattate , attendendo alia lettura; de' ioro librîv oraxioni , meditazioni délie miserie della vita umana ; e se ialuno dovesse trattare cx>iii ritirati , è d'uopo ptltb prima ottener lioenza.

Nelie process^ni , che îfifra annum &nno, i rèli- gioH usano di portare una spede di totiicdle poco différend o dissimili dalle nostre, ed il supremo La^^ ma, corne tutti li grandi Lami, e Lami rinati^ e tutti li Lami superiori dlsi conventi portano ii Piviali per appunto <x>me i nostri,.sempItcemente perà sopni fabito religioso. Hanno una spéde di croce> che tei^ golio con Yeherazione.

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Questo è un brevissimo sostanziaie défia iegge detta

428 JOURNAL ASIATIQUE.

Dote , camino piii sicuro per ioro ( credono) ma Inn- ghissimo per la quantiâ defle trasmignaianig che Gon- viea prenderp prima di arrivare ad esser aanto. .

Laltra parte dei trentasei voliuni della legge detti Khiuth insegna i precetU per £ire perfettaiiiente la n^agîa ed altre materie immonde di lussurîa e di iibî- dine^ ed i religiosi seguaci di questo Khiuti mvudo çonventi con un gran tempio, e le stanze per S Lama o superiore del convento, ma i religio4Î.mBngîano, bevono e mangiano in comune tutû nei swddetlD tempio. lo, questa in&me e sporca legge del KhM^ non i'ho molto letta per non imbrattare la mcQle>..« per non esser molto necessaria , perché per confutaria basta sapere in^tratto quello che tratta^ e pMP ti è di cosa buona o indifférente, che poi è mfnwoByJiialn di molto ma^ior maie di stregonarie, soRtifegi, for cantQsimi ed oscenità. Ai rei^osi di ^aata iiid^[liî^ sima ie^e Basta che iqiparino a meptç ventîoôiqiie carte per conseguîre la ,Iaui)ea dottoral^^ iim iglî aittî. religioai àxjL.Dot^ {^r addpttorarsî è.niactsssariQjciiti studino dodeci anni la filosofia, eiMkiMff'jperiimRIMt^ annoy ogni giorno facciano le dispute^ e dopo ii do- dici anni passando alf esame , cons^[uiscano la laurea dottorale. Questa legge di Khiuth è ia più brève stra- da, ma incerta e scabrosa per arrivare alla santiâ, perché quelli che osservano bene i precetti di questa legge, e praticano queiio che ins^na, in una sol viti senza prendere altre trasmigrazioni, arrivano ad euéi santi, ma se poi non l*osservano bene, dipoi si mol- tifdicano assai le traflmigrazioni , e beoe^pesso

NOVEMBRE 1834. 429

air înfemo Narmh, dove devono' restare piiîi di tutti gli altri y o sono pm tormentatî degli altri.

Vi è ne! Thibet ancora un altra legge data da Ur- kien^y quale è piii che pessima y e di tutte Faltre mos- truose suddette, che tutta consiste neHa magra ed oscenitk. Questo legislatore ancora ha instituito i reli- giosi e monache, ma pero diversi da quelli di Sciakia Tkupbà, perché le monache di questo Urkien, sono mogli de' religiosi e ne hanno più d*una. Tanto in questa legge à! Urkien, che nelle altre due di Sciakia Tkupbà, s insegna di far corone con le ossa de cbrpi umani^-de crani umani dr famé tazze per la magia, comç anche con li stinchi delIe gambe^ ed ossa delIe braccia &nno li (iscbi, o ciufoli per servirsene a far iucantesimi, sortiiegi , ed ogni altra sorte dopefaisione magica^ onde a tal effetto e fine guardano corpi de' giuslîziati in una caméra.

Nelle infermità vanno i religiosi , se sono richiesti, e quanti^ trattandosi e stipendîandosi con gran iibe-. ralilà da secolari; e se ë spirante o spirato Tinfermo^ subito vien chiamato uno di que' religiosi d^tinati ne* conventi ali' ufficio di cavar l'anima dal corpo dalh parte di sopra di essô corpo ^ col svellere alcuni cape- g^i daila somità dalk testa, perché è un articolo di lor credenza che Tanima non esce dalla parte supe-

^ >( 2^^ ^ rghian est proprement ie nom du pajg d*Otf-

dyana de Flnde , patrie de Ou rghian Padma, célèbre Pandit qni yëcut pluueurs années au Tnbet dans les Yi!i« et ix^ siècle». On rappelle aussi Padma sambhaça et Padma bdjoung ghmn. Ce fat lui qni institua fa doctrine appelée Ou rghian, •— Kl.

430 JOURNAL ASIATIQUE.

riore del coqw per aver a prendere uria boona mi^razione , se non è tîrata daiT accenato refigioso, nel modo cbe si è detto, perché se a caso ooii tinta non fosse, uscirebbe dalla parte inferiore del oorpo^ e prenderebbe una cattîva trasm^;raEÎone.

Fatta lai funzione , recitate divene loro jmfjUflie dai preddetto religioso oolT assîstenza d^gfi amiâ c parenti del defunto, li quali, dopo e^ser stalo oonni- tato il (yio khîong^ a quaf ora debbasi H morto po^ tare ad uno de' luoghi destinati per fiùre 3 resto Mk fanzione, îvi lo portano coU' accompagnamoAlD de* suddetti e molti altrî recitando diverse coae^ dove giunti y &cendosi alcune cerimonie , metlèdcio 9tifn una gran pietm il cadavere ignudo, uno aoobre éïlil professione, che prima di porvelo, lo spoglia, pri»

' Cibkkiong: C'ib significalegge; JTAtbfi^dîfilBSOia, dM£- fensor della legge. Qaesto Tien eletto dal pnbblico per orfiae AI grmnde e sapremo Lama, qmde péril pià aMÎite eaio flnpremé LuH coir aMÎBtenza del Re, miniitri di itato, lignori graôdi 0 pipii nameroso nel tempio in congiantiira 4i alcana lor fciUv|^fîllil viene eletto che pîù esperienxa mostra in YÎgore deflà di vie magîca: Eletto dunqne dalli prefatl peraonaggî e rieràMcim*tf popolo, yiene poi ad eiter conraltato dal popolo nrfip ooeaman quasi da ogn' uno, nelli loro biaogni e per cofe future per feat|nH roracolo deile sue risposte. In tntti ii quart! Im&â eace mpnbUifil per fare il Korà o sia gtro fdP intomo del gran fempîo, Tetdto éfia abito spéciale proprio ad esfo lolo, eon seguito diaerTÎ,€liep«rtHt stendardi, corteili e frezze, caminando sempre con ponts di piedî baldanzosamente baliando e di qoando in qnan^o tira de' colieni dclie frezze, secondo che pîù 0 meno è inTasato, cbi ne rieefi loffesa ra a buttarsegii a piedi, eotto a qnali pongomo il ca^|Mi ildetto Rorà, se ne ritoma alia sna casa vestendon e«^^bilDnif- gioso se è religîosè, e secoiare se è tde. Di qneiti Ciè kbnmg « at ne eieggono molti in altre cittk e grosM popolaiianL '

: NOVEMBRE 1«I4.

dendo per se tutte veâtimenta , e eon jon grtn ferro ne va &LCtg^ de' pezzî, e li distribuUce a'cani^ «lia presenza di tutta ia comitiva^ e dopo poi.chelî mas^r tini ai sono saziati, ti parenti del defuBtjo ràcoolgono le ossa più spoipate e grosse che dq &nno Un fescettO, gettando ogn' altro avanzô de' cani sd fiume.viciiio, ai quale sono li luoghi destinati a tai faarbara funzione* li tuttp che prendono i pirenti del morto , $i èçhç ^ uomini, per. il tempo che. dura, mai vestono d^ sefa ma solo di lana e le donne ioigono dal capello , ail' uso dei paese, gli ornamenli di perle ed altr^ pre-* zîosîtà ) che sogiiono in altri tempi portare , e da ogn' altra parte dd corpo^ sciogiiendo il crîne e legandoio sopra il capello per sei mesî ed attri aei mesi sparso lo portano sotto il detto capeflo, e se è di primo gradQ dura per un anno, e se è di minor grado, per minor tempo. U suddetto &scetto d'ossa,. Il proprii parenti portano a casa , Tappendono iri stanza dove era morto ed ivi per molti gionxi vengono tenuti più o meno numéro di reiigiosi per far orazioni e sagrilSci in suf- fragio ddi defunto pércliè non abbia da patire nella presa trasmigrazione ^ distribuendo largaménte, ed a ienore de più o meno benestanti , a' reiigiosi ed a' po- veri in limosina quanto di mobili. e danari aveva il morto.

Neli* anniversario poi li parenti coHi reiigiosi ché chiamati sono , amici , etc. , fatte in polvere le sud- dette ossa le portano al fiume, e per alcuni altri gior- ni , in casa del morto , essi reiigiosi fanno altre ora- zioni e sagrifici corne sopra.

432 JOURNAL ASIâTTQUE.

Li cadaveri di qualche nobilissima pcnona, coHi permîssione dd supremo o vice gran IdÊ^g^^ se fao- corda^ sono abbrucciati.

Quelli del Re supremo o vice gran Lama parimenti si abbrucciano con l^no di sandale , ed anche gli altri grandi Lami. Qudli de' religiosi e monache sono tnt- portati aile cime de monti, per pascolo d^li ncœlli di rapina. Taii distribuzioni di cadaveri a' canî lo bnno per atto di carità a quelle bestie^ perché anche dopo morte esser utile ai viventi ; come queHi de' rdigiosÊ, perche credono trasmigrarsi li religiosi in uccelli ed altri volatili , a' quali pure devonsi atti di carità ooHe cami de' propri corpi. Che è quanto laconicamente puo dirsi in una matteria cosi prolissa ed întricati, che seco porta il confusissimo chaos deila legge TU- betana.

Fra Francesco Orazio della Pevna bi ViluS

Cappucino delIa provmcia delIa Marca d'Anconai fk ( F. J.) prefetto delIe Mltsioni dd Thibet

^ Frmneesco Orazio è il nome di battesimo delTantim o foaBi preao entrmndo nella reiigione corne aogliono Sure tattî glî vt&À de mcndicanti.

Penna diBilli è iina terra nelIa Marca d'AncoDa dîatute vorfi mifflia circa da Ifacerata. I mendicanti agginngono sempre ai lare nomi o di batteaimo o presi entrando nell* ordine, qnello deliMgt délia lor naacità. ( Nota del sign. Salvi.)

NOVEMBRE 1884, ' 488

i ,1 . ;

«

TCHAO-MEI-HIANG,

Oa Us Intrigues d'une spubr^i:fe , cqmédifi «hnioîsey tra- duite par M. Bazin I membre de bl Socie'te asiatique.

f - . ■•11. . ' M .'

l C . . 1 . . ( # !».•'■

NOMS'DBS PEB80NNAGEfl. . .i . '

Madame H AN, veuve de Peï-tou, prince de, Tsin^ com- mandant en chef des armées de Fempteréùr. ' '-*'

PÉ-MIN-TCH4pG, fils de Pe% gênerai d'infanterie, et amant de Sia6-man.

S^O-MAN , fiHe de Peï-tôu^t amaiate de Pe'-min-tchongJ

||pN-SOU, suivante de DÎao-man.

LI-fclANG, président du tribunal de la magistrature.

Une ENTREMETTEUSE DES MAGISTRATS.

' '

Un MESSAGER DES NOCES.

Un HUISSIER de la suite de Pé-mîn-tchong. , -

Plusieurs huissiers de la suite de Li-Liang. Domestiques de Madame Han.

■•• î

«■

iaO.

; 1.

XIV. S8

434 JOURNAL ASUTIOUE.

PROLOGUE.

SCÈNE I.

: •■ La icfee ett dani rAppartcmciit de PënanMchong.

' ' T'É.MIN.TCHONG,.enU * ' ', '

Mon nom de famille est Pc^ mon surnom Min- tcl^ong; je suis le frère cadet de Pé-yo-tien; Hial- youan^ est mon pays natal. A Fâge de cinq ans, je savais lire; à sept ans. je composais avec fiicîlité sur dés sujets Uttéraires; à neuf ans,; JLeq^nflWK ff™ bout a Tautre les six livres canoniqu|dD4^B £^-iH^ étude profonde de tous les philpa^Eêa» Quand, je coniposais une pièce de vers , les lettrés se I|^ talent pour la copier. Tout 4e moude me m comme un jeune hooime d*un mérite accomplît je n*ctais pas au-dessous de mon frère aine Yo-tieii« Mon père était général d'infanterie. Ce$t lui qui aSi| dans ces derniers temps , avec Peï-tou ^^ prince Tsin , réprimer l'insurrection de Hoaï-si^ Apràs avônr

* Thu-youAD , capitale du Chan-fi » proriiice ^t^tmtmmfilM '

* Pe?-toa, natif d*nne yille dépendante 4^Po«4cbeoii, dnale Chan-si, général, poia miniatre de Temperenr Hien-taong, de b djnaatie dea Tang, était d'une de» pina iUnatrea famiflea de fen- pire. « II était bon général, dit le père Ganbil , aaTant et conaonuDd « dana le maniement dea affairée. Cétait un de cea grande hnmww qui aontau-deaaus de toua iea éTénementa et qui ae font Topeelv « dana quelque état qu ils ae trouvent. ( Voyea Iea liémoîrei cea- cemant les Chinois, tome XVI , page 178.)

' Cest l'insurrection qui éclata l'an 815 de notre ère, amu le

NOTfiMBRE 1«34. 435

glcn-ieusement soul^mi l'un et t autre un gnmi Éiombre àé combats, ils se vireût tout à eoup ëtrmteo^ntoer^ nés par les rebeti€S.«Pei4ou était dans le plns'gfyiid péril : sans différer^ mon père s'élance; au mifieades combattants 9 et par sa généreuse vadeur sauve^iairrie du prince. Comme 3 ftit atteint de six «Hmpadeihnice «hns cette mélée^ lepnnce etiiu eon tractèrent ;itne amitié qui- ne devait finir 'qat^yèclvt> me. A queUpie temps de les blesslire» de mon -père^e rouvrirent; Peï4ou vint lui*méme e'tiNiner de son état, «Avant ^f tout., général^ bài dit-il^ ne me cachez rien* Quelles «sont vos dernières volontés? tpie reeonmandés- «voos à mes soins, n Mon. père répondit: «Je n'ai «qnune recommandation à vous faire; la vôid ; fat «f lin fils nommé Pé*min4chongi Quoique jeune en* icicore, ii s'applique avec ardeur à Fétude. Si votre

¥ègBe de femperenr HiettiBong, quelque temp§ après mort ^Oa*cbao-yang , gouTerneiir de Nan-yukg-fou et de KoaeK*te-foa, dans le Ho-nan. Ou-yuen-tsi, fils d'Oa-chao-yang, prit de ini-méine le titre de gouvemeur, sans demander rinvestitnre impërîide. Après avoir fait d^immenses proyisions et ramasse un grand nombre de brigands et de vagabonds pour les incorporer dans ses troupes , il se ligua avec Lî-sse-tao , gonremeur de Tsîng-tcfieou- fou, dans ieChan-tong, et arbora IVtendard de fa térolte. Cette guerre dura près de trois ans et ne finît que dani le mois de dé- cembre 817. Ou-yuen-tsî, fauteur et cbéf la rëvolte, fotfott prisonnier, amené à Si-gan-foù et publiquement exécuté comme rébéife. L'empereur récompensa les généraux et les officiers sui- vant leurs grades et leurs rangs ; Pel-ton fut fait prnice du troî» sième tordre et rappelé à la cour, il reprit le Ininistère ; toute rarmée reçut des gratifications. (Voyez l'Histoire générale de la Chine , tome VI, pages 404 et suivantes; les Mémoires concerhant les Chinois, tome XVI, pages 166 et suivantes. )

28.

4M JOURNAL ASIATIQUE.

« 'diodieBce daigne Tëlever en proporliûa de-am tf^ritei je mourrai sans regret.» A ces parolM|^ hs lames- cbulèrent des yeux dii prkiee. « Général;^ >fé- « jJiqua»t-iI, je vous en supplie, songez k vos Ues^ « sures, aux soin» que réclame votre guàison, et ne « votts inquiëtei pas sur le sod de votre fib; car, s'il « finitque je vous dise larvrfrité, j'ai lùtefifleidoBtib <i;nom d'en&nce est Siao4Éan;:;raon intentioâ>!«Bt « qu elle xlevîenne 1 épouse de voire fib.'Mitt-lchong4>» Alors, détachant la ceint4l|de Jade qui luÎAvaiiieté donnée quand il prit possession idé sa AaLrgd, ilibinf laissa comme un gage de sa promesse. Ua instent^afioès mon père mourut; le prince ne tarde pas h le aame dans la tombe ^ Pour moi, retenu- jusqultipréa^ par mes affaires domestiques, je nai pas pu in*db^ gner de ces lieux. Il &ut maintenant que IlsHle-ià-Ja capitale pour obtenir mes degrés; en second lieu, il convient que je porte des consolations à la venve dm prince. Prenons avec nous la ceinture de jade- et courons vite chercher des nouvelles de notre maixiaj^^

(niort.),..

?'•".■• 1

^ Ici notre auteur ne suit pas l'histoire avec fidélité. PeT-toa |i^ mourut pas durant fa guerre de Hoaî-si, maii. Ucn r doiaé «nf après cette guerre , à la troisième lune de Tannée 839,^d^n# W^^ fort avancé. Vers f année 830, ce ministre, infirme et déj^oAk^.d^ la conr, avait accepte un commandement dans U proTÎnce d^ Cfif^ ton. (Voyez les Mémoires concernant les Chinoif, -tome XVI, pages 198 étais.) . rr. r

NOVEMBRE 1834. ' 417

» : -■ t * i

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. SG£NJS If.

Lasoène'cttdniileJMlttsdtf'rnii* ' '-r. .ii>

. AfAOABIB HANy BVÎYM d'un .DOXBfltlQVB.i

r liicfn nom de fiiniHIe est Htn ; fe sa» b «Baratnëe deHan-wen-iokig ; le nomtdd mon mari était Peïy som aamom Tou. li avaitiétë bonoré du titrer de priaoe de : Tsin . Msdheureuseinent la > moit |at* la' ^niévé;* Lorsqu'il sentit que sa fin approchait , îi ipe'dit : «Auri «trefois, quand j'allai soumettre le paryadeHoal^iV « je fîis surpris et cerné étixMtement' {tarâtes Éisorgés.' «QueDes obligations ne dois-fe pas au généraF'Pét/II' «accourut à ma défense/ se' précipita au fàilieu de^ re-- «l>ellèft et les mit en fuite après un carnage effrdyabitb> « C'est iui qui me sauva la vie. Quelque tempÎMaprèsy « ies blessures qn'ii reçut dans cette > action > se rou- a vrirent. Je m'informai moi-^méme de son^étajy^ -qt^kii «db que s'il venait à' succomber je désirais- 'qucîi 'ma; « fille Siao-man épousât son fiis. Aussitôt, détachant' « la ceinture de jade que je reçus en prenant- -poifies^' a sien de ma charge, je la- lui donnai oomipe un>gs^e> a de ma parole. Le deuil de Pé*ipin*tchôiig>m^ateiB^* « péché jusqu'ici d'accomplir ma promesse; Voici'qu'en' <c outre ma maladie prend d'heure en heure un'-'oirao: « tgre plus grave : qu^nd j'aurai cçssé de f^vreV ce- u jeune homme assistera sans doute à mea-finîémiileff/t « S'il ne vient pas, attendant que son deuâsoitrfiniv < «envoyez-le chercher pour qu'il: néaIisej)C6i mariage. ^ «Quand. un homme a reçu un si) grandi l^ieiifiâtj/''fc('

43S JOURNAL ASIATIQUE.

tt devoir lui commande de témoigner sa reconnaissance. « Si vous n'exécutiez pas mes dernières volontés, cette « désobéissance coupable metounnenteraitenove dans a l'autre monde. » En achevant ces mots, A mourut J étais loin de penser que Pé-min-tchong ne serait pas venu donner des consolations à sa veuve; I0 ^'ai pas même reçu de ses nouvelles. L'ékâgnement' dn lieux, la difficidtë du voyage, l'auront sans lla«itieiie« tardé. Je vais prendre dea infiurmatîons sur ce fèuiid homme , et quand j'aurai découvert le liea «.ire* traite, j'enverrai quelqu'un le cherdber pojur qstt vienne accomplir cette aDianoe. Je n'ai qu'une fiïle : elle a dix-neuf ans ; je la vob cultiver de plus en plut la sagesse et la inodestie , dons précieux qu'elle « reçu» du ciel en naissant. Discrète et réservée dans sa» pa-^ rôles, eHe se distingue jencore par son inteIl^;enoe et sa pénétration. Il n'y a pas un livre qui lui soit, étran- ger, pas. une pièce de vers qu'elle n'ait lue. Dans œ pidais, habite avec elle une suivante nommée Fan- sou : elle a dix-sept ans ; c'est la compagne d'études de Siao-man. La nature a doué cette jeune ffle d'une finesse d'esprit remarquable. Quand elle lîiavec Sîao^> man , elle saisit toujours avant sa jeune maîtresse le. sens de l'auteur. Ce n'est pas tout. Elle sait aussi composer des vers , et tout ce qu'elle écrit est vrai- ment digne d'âoges. Une fois on l'envoya dana^Ia maison de son exceOence Wang-kong, pour y porter une nouvelle. Eh bien, cette jeune fille n'empUyA» pas un seul mot trivial ou vulgaire; mais âtoutesies questions qui' lui étaient adressées ^e rq>onidait cb

NOVCMBRE yWBti ^ ' ^

termes nobles et choîsni. DttAs ce pahis^ comme au dehors 9 il n'est pertonne quinc io«e,9èti'Wérick< Cest pourquoi tout lo m^nde lappelieia soubrette accom" pUe^. Je me souviens toujours qu'en la voyant étudier mon frère Han-touj me dit autrefois : « Ma sœur, cette «petite Pan-sou, si spirituelle ^ si sage, si aimable, « attendez queiie soit devenue grande; vous en ferez nf^potisn^ de votre néveit Ng«Ktâfateg. -^ Eh bien, « lui répondisse eti tiaftt/ attehdèMs')q[u'«)fe ttAt déve- « htielgrande, kioûs Veïtbns. n H<^^île tettipë's^éeduIe btert ràpidemetit. Mai» \tt "^m 'pA iitftittrJtmi t^ deux jeunes filles. Comment sb* tiaiii-fl i^io^és ne viennent pâ^ étudier? •*' '

SGEN£ III.

Maï>aii« HAN, SÎAO-MAW, PAN-SOtï,

UN DOBIBSTIQDV.

SUO-MAN.

Fan-sou , allons réciter notre leçon*

> Lm SùuhtM aeûùraplie, en «hmofi Tt^iM&-Ma^iiâhg : c*Mir îé titre CQurant de la pièite. J*aTaû d*abord ^rh pour mu «pm j^pre

le caractère Talgaire 'iSL croyant apetoeroir nâe aHvniiM hitUf*

rique ; mais M. Klaproth a ea la bonté de me faire connaître la si- gnification de ce mot. En eâTet, sairant le dictionnaire de Khang-

hl, que je n'ai ptts en ma possession , «OM est synonyme ile ^Mt

qni, prononce tseou, yent dire beau, bon, excellent, et prononcé têin, m le «ens de mulier gtaindû, Morris, a pfegtutm toùtàan. Le titre de fa pièce porte en entier: Tchao-meî-hiang^enrhanrlin fong-^ouéî, Intrignes d'une 0oilbr«ftt^'habi(tf qtff trfMil)»^*tkn acadé- micien (han^iin). ' ■' •'' -*'■'

440 JOURNAL ASIATIQUE.

Mademoiselie , je suis à vos ordres.

(Elles «perçoÎTtntWdUBo Haa.)

MADAME HAN.

Mes enfants I quel livre exjpllquez-vous aujourdinu)

8IA0-MAN. .,

Ma mère, votre fille oserait-dle vous dumindlr Texplication de ce passage Menciiu dit:,

« Si Si-tseu^ se fût couvert la téta d'un voile sde et a infect; tous les hommes se seraient enfiû d'cStf «9 « se bouchant le nez*. »

Quel est le sens véritable de cette phnse?

MADAME hIh.

Voici le sens généhtl de ce paragraphe. Bien que des hommes aient pratiqué la vertu durant leur vie, il ne fiiut pas malgré cela qu on aperçoive dans leur conduite la tache la plus légère ; et quoique d'autres soient tombés dans la voie du mal^ ils peuvent^ par leurs propres efforts ^ se réformer entièrement. Cest dans cette pensée que les saints et les sages de Fànd- quité exhortaient les hommes à veiller sur euz-ttiémâ et à corriger leurs dé&uts. •'

•"

FAN-SOU.

.■lifr.. 1

Madame j oserai- je vous prier de me dire qut^ e9l; le sens exact de cette phrase :

« On lit dans le livre des Rites : Soit en domuipit^

> Si-tsen ëtut vM feoime June beanU remarquable^ . . * Meng^tien, Iît. II, cbi^p. ii. .' .t . .,;

N0yEliBR£r.t«l4i r 4<1

« soit en recevant, rhomme .et la femme ne doivent « pas se touctier b main^. » ' '

MÂiuttai'Hàiii ^'. .-/./. i Mlle/.'- :if' Voici ie sens général de ce passage. Quoique les lettrés et les, sages puissent 4ti:e. jyges, des. ca$ excep- tionnels où ii est permis de sécarter des règles éta- bfies, ils doivent encore s'examiner eux-mêmes, peser les circonstances 9 ét^ en' toutes chûM,' h'agir jamais avec précipitation. ; ! - ;j\...

.-... ,.,., '.scène' IV,' ;: .,,,,.■

PÉ-MIN-TCHONG, on dombstiCdb. i !■>-

PÉ-MIN-TCHOMG. >

Çest moi q[ui suis Pé-minrtchong^ Me voici b^ç;^tôt arrivé à la capitale de 1 ouest. > Demandons si ç'e^ bien ici ie palais de Tsin. Hoià ! domestique, annoncez à madame Hàn que Pé-min-tchong est venu tout ex- près pour la saluer.

^ La précision du styte m*a empêché de traduire exactement ce paoRge qui cst^ tiré da Li-ki < liv. ^I ,:foiR) 5 N«î-tf e. Voici .4ai para- phrase : «Si rhomme présente un yase à iin^ femn)e,^que patte ^ç]> « niëre le reçoive dans une corbeille d'osier ; k défaut de icorbeifie^ que afliomine pose îe vase' k terre et que la feînme le'iffeîiikie éUb^irinS^ liant,» Un sophiste da royaume de Thsi,* nommé Chnn-yu-kbonfft, roulant ergoter sur ce précepte, faft k Meiu)|u« Tobjection Aui- yante : « Mais si ma belic-sœur tombe dans les flots , ne dois-ie pas «la secourir en lui tendant fa main?» Lephilosophe fui' répond': m Celui qui ne tend patf la main k sa belle-sœur eu danger 4e pérar » est une héte féroce. II est vrai que les rites défendent k Thomme « et k la femme de se donner la main , mais ie danger que court votre « belle-sœur est un cas exceptionnel il est permis de 8*écarter da « précepte. » ( V. Mepg*tsen, traduit par M^& Jtilicii, i. U^tC^i, p.SS.)

441 JOURNAL ASIAUQUE.

SCÈNE V. .....'....".. ,.!

Màdam»^HAN, SIA04fAN, PAN-SOU, P&MIN-

TCHONG9 UN DOMBÉTIIWVp. :

( Le tfomettiqne ùnonce U TÎrine 4e P^min-tdioBg.)

: 4 . .

MADÂMB HAN.

J'étais plongée dans mes réflexions et [e.m fongonô plus à Farrivée de ce jeune homme.

SIAO-MAN , ferrant leB Irrret.

(A Fan-ion.) Il y B Un jeune homme qui va veirir, retirons-nous.

XADAMB HAV.

Il nest pas nécessaire de vous retirer. Cest Pémin-

tchong^ jeune étudiant, que j'ai engagé h venir me

voir.

LB DOimBTlQUB , à Pë-min-tcliong,

Monsieur le bachelier, on vous prie d'entrer.

PÉ-MIN-TCHONG , aperceTant mmAmmm Han.

Madame, quand vous perdîtes votre époux, fisa le ministre detat, les rites me prescrivaient d'assi^tei'à set funérailles. Mais, hélas! de grandes distances vie séparaient de ces lieux; }es nouvelles parvenaient Ht ficHement. Madame, si vous daignez excuser oMte négligence involontaire ^ vous mettrez* ie comble i mon bonheur. * . ..;

( Il aaliie madame Haa. )

MADAMB HAN. ' ,'V

Mon fils, ne vous arrêtez pas à ces céwémfmim.

Quand la mort enleva ▼oereiHiutre père^ je ne vous aipont consolé éaps xotr^ Jouteur, <)a.ina4if jque vous aviez porté le deuil pem^m tr^i^ mSi% cf^Uçce^t duite honore votre piété fijyiale. ' : ; - ; !/f,t)

; /. - r ni-Hni^TcaMifa.' - ■^■■' ■: •■'. .<- ■'■■ ->

5*^ gardé le deinf-pendaiit trbb anaC Cétait Té'de- voîr d'un fils; mais je n*ai pas osé interrompre tedoiîtrt de mes études.

r »

Mài>amb bas.

'Quand Un homme est doué d^n profoniSt savoir et qu^ a obtenu une charge , c'est ainsi qu'il doit i^.

Monsieur le bachelier/ je vous prie vous asseoir.

•-.'■■•', . . "

pb-min-tchong.

Je ne puis. Dans mon humble situation ^ si [observe ponctueQement les rites ^ comment oserai-je m'asseoîr en &ce de madaxne?

MADAME HAN.

Gardez-vous d'un tel excès d'humilité. Asseyez*- vous , je vous prie.

PB^MIfir-TCaONG.

Pukque madame m'acccvde céttef faveur, je ne ré^

sistèrai pas à ses ordres. Me voilà assis. -4

(H.Weii.)

MADAMB HAN.

Mes enfants 9 approchez-vous et saluez votre frère.

(Siao-man et Fan-«oa saluent Pëmin-tcbong; ce dernier rend le

saint.) (A Pë-min-tchong.) Lorsque deux sœurs saluent un fffère^ qu^est-if besoin rehdre ietolut? - ''«-

444 JOURNAL ASIATIQUE.

Certes je n'oserai jamais m'en dispieMëir. ^ Qddntf feu votre ëpoux approcha de sa fin ^ fe ne ^àdiéfas qu'il ait parlé des cérémonies prescrites entre lirètès et sœurs. Si je montre maintenant la ceinture de jade donnée en gage, puis-je recevoir leur; aal^t sans le

rendre? i ...

MAPAMB BAJf I Tirement. :>|ri-i ^. },,:

Monsieur le bactielier,. ne parions pas de cela. Mesdemoiselles, saluez donc votre frèrQ. {^é^^nuffag

reik4 encore le niat ) (A Famob.) Appo^t^ 1,^ }h4f^ |[ ^^^^ iert le thë.) ( A P<-BMii-teboDg.) VouS (fû ny^»,pN^.afUUf|

d'entreprendre un voyage de mille lis pour me voir, vous direz que dans la maison d'un si grand ministre on ne vous a pas offert une tasse vm^"qaèT(m'a servi du thé. Monsieur, vous ne îs^Vëi paft '<|aii depuis la mort du ministre d'état nous noui sAimilkés tbtis abstenus de vin dans ce palais. Monsieur ie badie- lier, ne m'en fautes, pas un crime. : . r. ^ . . ,..j_

PÉ-MIN-TCHONG. ' '■ '/ '.: . .;iiJ;

1

Madame, vous avez raison^ Qu'est-il besoin de frire usage de vin 7 Je vous assure que JQ< n'en pcMurmi- pas ( hoire. ■• . n.i iU*'

MADAME HAN , à Sîao-man et à Pan-flon.

Mes enfants , faites vos adieux à votre frère et re- tournez dans votre appartement.

SIAO-MAN , k part

J < . i ■■

Je ne s^.pa9 ea. vérité quelle, est- i'Jn^ntÎQB: de

«Il

il •!• ■. '*.

ifia mère en nous ordonnant de le saluer comme s*il était notre 6«eJ* î f »> . i i . ' /

FAN*80fT*y irpait.

Voici «une entrevue. ^4 noiis^ avons (ait assaut de politesses et de cérémonies.

Je vais prendre congé de madame et me retirer dans une hôteiierie.

' - M onscenr^ je ne éoii0rim-{ipia que» iv^tus: vous'reti^ rîMs dans une %âteiDëi4ë.''Anéis' vbii^'tépàsër dattS'b ibîBKotfikr'ue qui'èst au milieu du iàrâiri fvotis V ibrè^ très-convenabJ,e^e|it, *.. ; . î.

-'■■ ' ^l'ii ,1 •,■ ■•■A

PÉ-MIN-TCHONG.

. Madame, puisque vous daigniez arrêter vos re&[ards sur moi , le vais chercher mon basage et je reviens a 1 instant.

MADAME HANy au domestique.

Préparez promptement'^t'avec soin Tappartement dC' ce jeune homme. Fournîssez-Iùi tous Jes oBjets

cTont il peut avoir besoin et faites en sorte qù*il ne

•■•■ •■■ ' . •'". '"•'■'1

inanbué ni de thé ni de riz. Quand' il aura reposé, firai moi-même ïuî faire visite.

PIN DV PROLOGim. '

■• I

. I- .,...,

44e JOURMAL AfllATHMJE.

. ■■' ■■ v iu. ■; [-.'■ •■' •■•1 rfr,

ACTE PREMIER^,.. ;

ttm

■'■ SCÈNE I. ■• ' "»'""".

' . . > :

L* KèDC «M duM.Ift svi^,4M fjrinM TUb.

PÉ-MD^-tCliONG.

( Il récite des Yen '. )

^ . .;. i:*iJ rin.!:

Dans cette solitude, ou je yîs avec ma gohare et mei livres , il me semble que le froid Vient glacer mon fit de bambou. La ohalear du printompa dévdoppe-lt |NMfiM de Teiicre étendue sur la pierre à broje^, ^iW>|i W. J^ffi^ homme n'a pas reidise les vœux de son cœur andeatèl passionne, en coupant jusqu'au bout la mécl^eemouuee.oc sa lampe, il s'afflige de la longueur dës^tffttf;''^ rr^t*Ayir!ri'

Hier, dans la bibliothèque, j'ai reçu la ▼inte.cfe j

dame Han. Depuis ce moment je cherché, et nie puis dernier dans quel but elle a jusqulcî garde le silei^ sur tout ce qui concerne mon mariage. QûuKtdb ordonna à Siao-man et à sa jeune sui^vante de me sa- luer comme leur frère , je pris fa parole pour lui fiôre observer que le ministre d'étal, pendant sa vié^'nawt pas parié des cérémonies prescrites entre 'frèfes'ijt sœurs. Ce n est pas tout: lorsque je voulus ruinippàer qu il avait donné sa ceinture de jadîe comine fiM^D ck

' Je saisis ici roccasion d'sTertir le lecteur qne la des morceaux lyriques de» pièces -cbinoisap-préMnie en génénl ée grandes difficultés , et j'avoue franchement que f ai en pins twmt fois recours au zèle penëvërant et aux bons avis de M. le pwfes seur Stanislas Julien , dont je suis les leçons depuis denx

sa promesse : « Monsieur ie l>acheliery répliqua-t-eHe u d'un ton assez brusque, "M-piarMris pas de cela. » Mais comme eiie avait dit , «.Mw fPA^^> saluez votre frère, » je ne pus me dispenser de recevoir le saiut de sa fille. pè^: que 'fapecçns k %iire'de:âiaof nteuy'tdftibia êlie iÉ'e parût iiB)x>teiit£^fdef)vès>f^3fa' to^tJ^Mici^yër» tablement eUe est'e(^e.d'étréTépoasfté*ua:hiiiiqi{e ârvéauxp{u8^haitec8 çhftfgesJL&oHtscja dît:: ■•:?'..' ^ . K Lorsqu'on n'auSetepas ises rcgandf sur un. dbjet 4t fait pour inspirer de& désirs yodconaerveia .pttK- du «ooeur^.»: r, '.' ■:..;.;■■ I». »>::■ ;^. ..

>v Voilà une nia^ipe<qiir-9appIiqpecn^toii$'pAÎBtsà ma? situa tion. Au fiit, si dès i<MÎgine:ji;:.:ned«ffBDS«plis vue^ tout. finÊrait.ià; mais âpappëcomme jejlesuis eneore de Tirrésiâtible attrait deses cbaniieft^ ierjonp fe ne mangç pas, la nuit je ne_^piiîs phis dorinir. Il me semble quÉ mon àme est toujours piréte à s\fchap«* p«r, comme pouii coiu*ir après un objet perdu.. Daiis fa bibliothèque fe me suis. retire, liiacfam^ Han me conxble^l'attentions ;'mMSi, au bout du compte, cen^ pssià ce que je désirab. Depuis^ et à diverses reprises, je lui ai fait adresser, touchaqt mon mariage, plusieuip questions auxquelles eHe n-aj'épondu.qnlen tennès vagues et indécis, ^r^ Dans une pareffle situation y 4fde ânitMi fatre^ ie veux enfy)yer k domestique annenceii à madanse ttan que je désire prendre cong^ d eUe pour retourner dans ma famille. Lorstfue fim lui faine- mai adieuît , fe verrai oe qu'etle m#'dka>^ -«***puÎB jei m'ar*^ rnng!E>rai<eii-con6équen€e4^i<^ ' ?■':•■■ •■■^■■i ' i-i;;-'

4t» JOUUIAL AHATIQUE,

■|l .4 .: .,1 ■■;i!"l.' >---|-M-

i, . ,.$icjsJiE.a..,,.:.-.. . ..

I»,. .'« ■•• ' .i-

dtJid-HÂN.

>.

La tristesse et bt&tigaem*acciiblcnt.N^jEUlMl {• me sonriens toujoun ^e.Ie,ainii8tra:defat^ idée ^A apprecha de sa fin , «dît i U- ma mère :-» ÏJérufufMt » soumettre le paysdef Hoal-M, îeAttJnu^pfivat censé «étroitement par les rebelles^ Les glaivea-aflaient r m atteindre, quand je vis accourir à<Bia drffienaeLle «générsJ d'infanterie Pë. Il s élança au miiieiii'des «combattants et imimit en fuitei apràs enfavbirw- « terminé un grand nombre. C'est lui qui rmcf aawia»h « vie; Pour lui témoigner ma reconnaîasmcevîte pva- «mis d*unir ma fille à Pé*min<-tchong, fib du'gënéni. «.Aussitôt, détacliant ma ceinture de jade,. jela^hnssM «comme un gage de ma* promesse. «Hékialflî'entraia alors dans ma treizième année. Les'demièrearuolontés de mon père étant si daires, si précisesiy .on^^nôi s étonner que depuis cette époque Pé^mîn-tGiioii|[iae se fut pas mis en relation avec ma faibille. YoSà^ptar* quoi le mariage ne s'est point réaliaéi. iCes îèun;dèt>* niers,. pendant, que j'étudiais avec Fan-isou danaiilffr chambre de ma mère, un< domestiqué ViaU annonoer i'arrivée de Pé-min-tchông ; je irouIustnérerihér/aDM ma mère, je ne sais pour quel motif^imJoFdoilHiiié le saluer comme s'il ^ùt été véritablement knoa bèuL

Ce jeune homme répondit Je ne sache pas qaq dtt aw u vivant le ministre d'état ait parlé dea.cérmwiniga |pa» » entes entre frères et sœurs. Monsieur le hachdier,

« réplîqiifrviyement iiiamève/né'.p&rions pasdtecidB* » -—* Quand je yis pouria preniièbefois Pé-mimtçfaoDgi ses sourcils agréablement arqués^ ses yeux ;¥i£i et brillants, ses manières capables de surprendre iUmi-i- ration; quand je Considérai, qu'à'pdne 'ig^ de. vingt ans sa renommée littéraire a déjà' pareoum tout fenk- pire, je me dis à moi-même: Si ce jeune: honmre'^wiit afief à ia capitale prendre ses degrés^ à-quor ne' peut- il pas parvenir ! Depu» que je TaîiiFu^.niOfk coeur -né jouit plus de sa paix accoutumée. Ce nest point que fe me laisse aller à de foHes pensées; niais il sagit du bonheur de toute ma vie, et d'ailleurs lei dernières paroles de mon père mourant sont toujours pn^rates à ma mémoire. Si par hasard ma mèire allait désoh béir à ses ordres, de quel front oserait->eHe soutenir ses regards quand ils se rencontreront luh. et :f autre, dans f autre monde, au bord des neuf fontaines ?^*^ Je viens d apprendre tout à f heure que Pémin-tchong a f intention de retourner chez lui etrde faire ses adieux à ma mère. Réfléchissons un peu.'-^H est hors de doute que, revenu dans son pays, Fâoignement des lieux, les défilés et les' montagnes, intercepteront encore une fois les communications. Hélas ! cette al- liance promise par mon père, quand pourra-t-elle se réaliser? JI y a deux jours, j'ai brodé en cachette un petit sac d'odeur- sur lequel on lit un quatrain. Les vers dont il se compose. expriment mes senti'^ ments; mais; je n ose pas' envoyer queiqnuh le -lui offiir. Il ny a que Fan^sou, ma. coinpagne d*^tudes^ que je puisse chaig^ de ce soin.. Cette jeune Sife^st

XIV. 29

450 JOURNAL ASIATIQUE.

intelligente et entendue en tontes chows. S091 ^ien des rapports, c'est une personne aceompKe; mais elle est un peu l^ère. Si elle vient à découvrir cette m* triguCy toute la maison ne tardera pas à la connattre. Ck>mment faire?- Voilà deux jours c|U'eIIe me réfètê à chaque moment : « Mademoiselle, allons donc da|» le c jardin voir les fleurs. » Mes reproches font contramte de s éloigner. Cette nuit je veux allumer une lampe; j'irai sans -bruit étudier avec Fan-sou. Si 'die renod^ vcUe sa proposition , oh j alors je l'accompagnerai dans le jardin ; puis-, en* passant devant le .cabinet d*étade reste Pé-min-tciiong, je jetterai fe sac d'odeur sur le seuil de la porte. Si ce jeune homme le Tamasae, il lira les vers et connairra mes sentiments pour lui; si c'est une autre personne qui le trouve, ma défense sera facile: je dirai que cela ne me regarde pas. Met- tons à cette aflàire le plus grand soin et souvenons* nous toujours de l'axiome : a Celui qui ne s'inquiète tt pas des malheurs éloignés succombe souvent aux « dangers qui Fentourent. » Je pense que Fan-aon va venir d'un moment k l'autre.

SCÈNE m.

FAN-SOU.

Ces! 0ioi qui suis Fan-sou. B y a quelque temps» j'étais dans la bibliothèque avec mademoîsene; sa mère nous faisait expliquer les livres , quand on vint annon» cer l'arrivée de Pé-min-tchong% Je pe puis deviniBr par quel motif madame Han ordonna à sa fille de ie

NOVEMBRE 1834. 461

saluer comme s'il eût été son frère. Depuis pi r^rdë mademoiselle à la dérobée; eHe ma paru triste et rê- veuse : il faut qu il y ait de Famour là-dessous* Ma- demoiselle est' une personne qui connaît les rites, et jamais elle n'est sortie de son appartement. Moi-même je ne la quitte pas d'un instant. Souvent je f ai engagée à venir avec moi dans le jardin pour voir les fleurs; eHe a toujours résisté à mes instances. C'est aujour- d'hui le quinzième jour de la troisième lune; voici en outre le Tsing-ming * qui va commencer* Tout à f heure le domestique vient de dire que dans le jardin, que nous oublions de visiter, toutes les fleurs se soii^ épa- nouies et que des' milliers de plantes rivalisent de fraîcheur et de beauté. Je vais engager mademoiselle à y faire un tour.de promenade.

( li^e aperçoit Sûo-mân. )

SCÈNE IV.

SIAO-MAN ET FAN-SOU.

SIAO-MAN.

Fan-sou, d'où viens-tu? Je . t attendais pour expli- quer les livres.

FAN-SOU, à part.

Mademoiselle a bien autre chose à &ire qu a m at- tendre pour étudier.

^ Le Tsing-ming commence cent cinq ioors après ie tolatioe «Thi- nrcr» yen le temps, le soleil entre dans ie seizième decrë da bélier, c'eslrà-dire ie 5 ayrii. Cest ie four ou ies Qùnoif yisitent Us tombes de leurs ancêtres et accomplissent les cérémonies sacrées.

39. î

454 JOURNAL ASIATIQUE.

8UO-1UN.

Confuchis a dit : ' i-

(I A Tâge de quinze ans je m'appliquais à l'étude. A plus forte raison devons-nous , à notre âge, îiliî- ter le saint homme.

FÀM-BOU, kpart

n parait qu eHe raffole littérature. Gomment cela finira-t-il? Le mieux est de la bisser fiûie. (ASîm- man.) (Elle chante.) Eh bien, mademoiselle, dAina les travauf de votre sexe; appliquez-vous à f étude des neuf livres sacrés; comme Confucius, itexamâta- « vous trois fois le jour. » ' "/'

SIAO-MAN. '

tt Les jours et les mois s'écoulent^, les années ne « nous attendent past » Pourquoi ^onc refiûies^tu dex- pliquer les livres? Fan-sou, veux-tu aller dani le 'ftr- din?

FAIC-SOU.

■-♦ ,'j:. ■■■Il 1

Mademoiselle, ne parlons plus des beaux shës( qui sont dans le jardin derrière la maison. Écoutez donc.

SIAOrMAli.

Que veux-to que fécoute? : : t'irti

FAN-SOU. '•

(EClAchnitew) ^ : "

Entendez^vons les modulations paras et fcarmpnkiwd

de Poiseau tou-kian-ing? sentez-vous le parfam des p4çhW^

qui vient réjouir l'odorat? Mademoiselle, ouUiez uiT îns-

I ■•

' Cette phrase est tirée du Lan-ya, liy. XI, cbap XVlliiS 1^.

NO^VEMKRE 1834. 453

Chi-king^ et le Chou-kûig^'Les six livres canoniques furent transmis de cette manière aux siècles^ suûvaMs, car le.ciél ne voufait jkis que'Ie |;Qut'de la littëc&ture sWtïèigiiit parmi le^ hoimoie^^'Tôutes^ies khiqn^^-oiivre

m

un livre, je sens mon cœur sepanow-iJc^ipuia^udit^ri tout le jour sans éprouver la moindre fatigue. Pour- tant n'est-ce pas une psnèce, d[,e démence de négliger les travaux de inon sçxe pour me livrer 3ari's partage a 1 étude des livres?

■■■•.: , ■.'■Hi'/.i)i:V^ .•;■•■ s. .■«:::. ' '.ir;.;.;

.. FAN-SOU. " .

J94a^i^a^oiseUe> H^iYPV^lluSît^^^^ 1^§ jfoqrif&^la^r siques pour vous trouver ejj .^f^ jdja.^ï^%jfp\xfix)/^. Vous devez en retirer de grands avantages.

. SUO-MAN.

Eh bien, je , yeux encore . expliquer un ^ chapitre

avec toi.

FAN-SOU.

Mademoiselle, vous voulez encore étudier! Tout à rheure, étant allée avec madame, dans le jardia qui est derrière fa maison, pour LnUer des parfums, jai remarque que les sites avaient un charme inexpri- mable. Si avec un ciel si'pûr, une nuit si belle, nous n'allions pas jouir des agréments qnC' cette délieiènse saison étale à nos yeux., ,ne serait-ce pas nous mon- trer insensibles aux charmes du printemps jiilQu'est-il besoin d'expliqué les Iivrès?i Allons un peu nous pro- mener. ;-■ ■• •'. '■" " ' ' »■ ■■' '''•'*•'

■' ' ■■ ' ■■■■•■' I , i •: . * . ; ' : ;i i'j»

* Le livre des vers. ^ Le livre dç^ Annales» ' I. ■:•• .

464 JOURNAL ASIATIQUE.

Confiichis a dit :

tt A rflge de quinze ans je m'appliquais à l'étude. « A plus forte raison devons-nous, à notre âge-, nliî- ter le saint homme.

FÀM-BOU, kpart

n parait qu eOe raffole littérature. Conunent cela finira-t-il? Le mieux est de la bisser fiûfe. (ASîm- man.) (Eile chante.) Eh bien, mademoiselle , débma les travaux de votre sexe; âppIiquez-vous à Fétude des neufiivres sacrés; comme ConJhcius, é'eiauiflhgr «vous trois fois le jour. » ' * ' '' ^ ".■'

. î ; j . . ; •>■ î- SIAO-MAN. '

« Les jours et les mois s'écoulent^, les années ne « nous attendent pas t » Pourquoi donc refoses-ta dVx- piiquer les livres ? Fan-sou , veux-tu aller dani le jiu^

din ?

FAÏf-SOÛ.

MademoiseHe^ ne parions plus des beaiix sîtèa qui' sont dans le jardin derrière la maison. Ecoutez donc.

SIAOrMAli. . i ' .

' .11-

Que veux-to que j'écoute? . ::!« ri

FAN-SOU. •;■.-.!...

(GIUehMltew) > ' : "

Entendez-vous les modulations pures et hanPDnieqaed de Foiseau tou-kian-ing? sentez-vous le parfam des p4c||^m qui vient rejouir Todorat? Mademoiselle, onUiez otf ins-

■• ;

' Cette phrase esi tirée du Lun-yu , liv. U, chap xviiirj 4^-

NOVEMBRE lBS4i : 46»

tant l'amour de Tetude y et venez goûter avec moi les plai- sirs de la promenade. Laissez iwtre iamf e Mlitai,re.

SIAO-IMuN;. , . ...,.':.,... .... . .

Fan-sou, si je consen3.,|L.aI{er me promener avec toi et que madame Han vienne à l^s/ikyWi'.ipe de-

IHâkldrair^?"!./ -.J m Oj> •■;«} -t.''.: \

FAN-80U. •■^''•

( Elie chante. ) v ' ' =' ■'' =

A;«ette' Iienre •madatare>rtpoie'da»(^oar4Hi;rfe»«By|[es ^iMif^.bere^9flS9iiijif^.f|9f)pfe<ii^ ^nah .-:

Ma mère ta ordonne de me tenir .mu/Épugtà^ pour Ifre<4e8 livres , et toi,' vmœntmiffS^i^^W'fiemimé^ptes'

ser dabandonfter rctùde. '- - •- ^ •'' ' "'*' * " ' " '■

PÂN-sïij*.

. * ' / 1

madame vient à fe savoir^ je Hthd'i^^^'Vbuî h y éték^urrietin^ Rendrai tout sur' iBof:* ' '^'"' '■'"

(ËHe chanté.) DemkJn matin P^an-s'ôd Viîeftfira' éllé-to'értië i/ëcéSf Jhi^ son' châtiment. ' •-" '* ' '' ':^ ■'•■'

( Eile parle. )

Je vous sollicite, S -est vrai, de .qMÎUerf éluda,

( Eiie chante. ) Je ressemble à Rouan-ning, de Tchong-nan-chan , qui romrpit toute communauté dVuides avefr iion amf Hoa'-m^ /

' Kotkan-nmg et Hoa-în étaient denx étaâhnts , com^agnonâ de Kt et de table. Un jour qu'ifs îaboaraient dauft {ârdhi potager,' Kooan-nÎBg heurta, sans y faire grande attention, un lingot ^Or; mais Hoa-in le ramassa bientôt et fut réprimandé par son ami. Un autre jour, un riche mandarin venant à passer devant la porte , ' dans un grand apparat, pendant qu'ils étudiaient, Hoa-in ent la

.4"i

456 JOURNAL ASIATIQUE.

J'ignore dans quelle intention tu veux ftHer 4iDi le jardin derrière ia maison. '

PAN-BOV. '■.'•■

(EIfèc1iÉBte.>) ■■' ' '■• ' '. '•• i' =

Je n'ai pas de motif particulier pour Toni âi^iltriàiy aller.

(Eilepuie.) .,:; :.î .'n ;

Mais n w^ei*vcNn<^ pas 'entendul dire * «qi^iw.t^iiut d'heure d'une nuit de pritlteiB{is'-tanf -itfttte'^dliéiilf d'argent?

; •(Elii.ekflit».)'^'>'' •: - ..f;<*'i''-* -'Wn nf/.

ITaDe* paf manquer œtta eharniànte; saison qii'tilball lissent les fleurs et les chants de l'oiseau ing^- -,/j .,,,^

SUO-KAN.

Puisque cest ainsi j je cède i tes îqstanceSieti0;iais avec toi; mais, songe bien que tu repo^ulf de^topjv, cette afiàire. Cette nuit je sens un peu la fi]^clieur du printepips; attends que j'aille rem^ejQ^^ j^jiff^re vêtement. Va , conduis^moi. ..■..*>:» î i jisil.-i

FAN-sou. . : ♦• .:: .

Marchons ensemble. •• ' •• *' •■' ■'•' '•'^•'

( Sîao-man et Fan-MasortaalL');

Goriositë cTalIer le voir ; iJon Kon^D-niog coupa eii.deiu^paRkiff^{|k. natte de bambou sur laquelle îfs couebaient ensemble , ne Tondant pas , dit-il , être l'intime ami d*nn homme qoi ^raH des habiti&jjeaâ différente* des siennes^ (Voyez Gon^ves^ ArU chimt^ pafs 3P%f

^°®'0 ... ».. . V. r-rîi;aii>'

. ' 'fi'".

NOVEMBRE 1834J' -^ 4Sf

SilN-TCHONG, SlAOiMÀiS «i ïfA»-S<yij;

il/

^.: I.

I f

î>;,/» î '/>îfr)'î>

(I]i,rëche des vers;) . -m .:• ,.- . ; : -t-v»

Elle unit au vermillpn deêjp^v^^je tmdj^jw^^ dfj^^ fleurs. Qui n'admirerait pas. les plumes cîe Tspui qui onleiit sa tête y les cheveux qui émBragéiit ses tèmpëi^ c6mm)& Ùii legernuage? Dès qu'un homme a ete touche 'clèi"B;étrtîiîRs^ d'une belle femme, il voit saGgare en songe et la suit avec ardeur; il rêve qu^I repose près d'elle dans les ^grottes mysterieiosies de Tsan.>- .* *-i^ ■■■--■*■•; ç'>î.'>i'.-..;it;.?> alL

Cest moi qui suis Pé-miib-tehong. Depuis que j'ai vu., CQ^.jours derniers; Siààqoiin;, qoi: ff sawibie'^par sa figure à upe jeune immortdËkfjdu iwi'df^.jsdfii^iptûc. sa taille svelte et gracieuse à ia fille d^ iajbeil^ Sn^ié^ ma pensée ne peut plus se détacher d'dle, pas même pendant mon sommeil. J'oublie de pren(||re J[|Ç thé et le riz; et madame JHan me .dit pa^ un mot de ce, ma- riiage! ^A cette heure aYanç^e de la. nuit, Is^jimei est brillante, lair est pur. Depui3 cfue/fe auîs<b!n9:cfè

cabinet d'étude,- ia tristesse m'acc^abië. Je vais^fôu» un air sur ma guitare. (Il parle àéa'gûi&e.yïe't'iriVyJîfi d une VOIX suppliante ; souviens-toi que pendant plu- sieurs années je t'ai suivie^ oomnie' un ami ifid^^îsur les lacs et les mers. Je vais jouer un aif,; jetineîîm^ mortelle! C'est dans- ta ceinture ^^istince et syette comme celle d'uneL.jeune vierge, dans 4onseîa y: nuance comme celui d'un serpent, dans^ ta gamme: d'9r>;itod

4M JOURNAL ASIATIQUE.

chevalet de jade, c'est dans tes sept cordes , pures comme le cristal, que teside toute ia puissance de mes chants. O ciel ! puisse une brise heureiise rece- voir ^ sons de ma guitare et les porter m<JIeiii«nt «uz oreilles de cette jeune b^uté , qui semble formée de jade et pétrie de vermillon/ O ma guitare! je te sss- pendraî dans ma chambre, je fôflTrinri dès Sacrifices aux quatre saisôhs de f année, et je he n^anqtièmtar mais de te saluer, soir et matin^ pour te temoi^er ma reconuaîssaaoe.

■' iTAN-soc. '•• •; "*• ' Mademoiselle, promenons-nous à la iMc^hM^ .:V'.:>-

. SIAO-MAir. vV'>

Fm-flK>n , gafie^toi de faire du bruit. RetiÂonii bM^ ceiptures qui -sont gamieB de pierreB'sonbréft^'ifefinBl^ chons tout fiouceitiont. ' * "'< » /'

PAN-SOC.

(Elle chante.) ]

Les pierres de nos cèîntares s'agitent' ttveéïùk brnk nàr- moDÎeuK ; que dos petits pieds , «etnblalbles'ï des nénnpliiiri^ ^or, eflBearent mollement !a terre. (Bis. ) L* IwM brille sur nos têtes pendant que nous foulons- U mousse yer*; dosante. {Bis.) La fraîcheur humide de. la nmt pénètre DOS le'gers vêtements.

. Mademoiselle^ voyea dqncoomnîe ôea ûemswcM vermeilles; riies ressemblent à une étoffis de ^imhvoÀ dée; "voyez la verdure des saules; de- leift bril^faeii des masses -de vapeurs qui se baianoeikt*'daB&>:fflDB;i Nous jouissons de toutes les bqautésdw prîntenqH*fij

NOViaiBRE ISMJn 4sg

Que ces perspectives soiiii:' revissantes!' '■ -^'j^'î"

. .-..'■ ,1 ■. I .# 1 '■• ]»l iJl .■ .:

( ^lie ClU»te. ) ^ .•'.'..: .;:;■■, . li Vi-.<-:/i

Ce printemps qui dure ^iiatre*?|pg|^x fcum'^iéfloié* awinteoaojC tous ses charmes. Neus yçôeiidaos ocftbufpaesi nuits qui valent mille onoesdWgeaUiJËBviérité^jl est «diffir. cîle de goûter à la fois tant d^agréflàents-jn^nini.. j c h, . ir/ 1

(Eïïe parie") ="^ -■' -^ =; "•"■' - ='M^

Regardez ces pêchers Venneifi et ces saules ver- doyants. Voici un printcteps délicieux !

(Eïïe diàate. ) "" : -- 'î. . iM..-f '7

Les fleurs et les saules semblent sourire à noOT^'aj^jjHrb" che ; le vent et la lune redoufaleiit de tendresse. Ce sont eux qui font naître «es cpulei|r^ vari^^Sj^ue noys adjç^îrons. Dans ces 'moments ddicieux, un pôeté se sentmît presse d'épancher en beaux vers les sentinièttW de Iro^taM^'i ' '^î'

(EHc parie.) ''''■ '

Mademoiselle^ ies sites que vôii»'rajr^Lm'èfltt{ian- tent à tel point que je voudrais profiter de cette heure délicieuse, de i^ nuit ppui* composer^ifuel^es jer^ Je vous prie^ ne vous en moquez pas.

SIAO-MAN.

. ^ ■■':;:: ... . ;:> /.j -.'■". ^ .'i-.î

Je désire les entendre. ,,,!.,•,.

FAN-SOU.

(Elle chante.)

Un ban-lin , avec tout son talent, ne pourrait décrire les

charmes de ces ravissantes neîrâpeciîves ; un peintre lialvifë

ne pourrait les représenter" avec/ sei br^aoites couleur^'.

Voyez la fleur hai-tan£:^^ dont la'brisieaffite le calice èii-

460 JOURNAL Î&SIATIQIIE.

tr'ouvert ; la frmicl«eur de ia auit pénètre nos robes de foie ornées de perles;^ II» plwit^ pdoz^iQrantefi.spiit^fy^ d'une vapeur légère ; notre lampe- jette line Aamme An- quille au milieu de la gaze Mené qui Tentoure ; les sanles laissent flotter leurs soies verdoyantes, dPoik Vécliappent d«s> perles 4t rosée qui tombent, comme une plilâe ifé- toiies )' dans cet étang iimfide : on dirait des baHès de jidkf qur'bn jetterait- dans lin bassm de cristal. Vdjues lA ttittè qlH brilleàla pointe des^sairies; eileressemUeaadraii^'Biaii» qui apporta jadis le miroir de Hoang-tî. * >; ;

r. ; ( Pë-mm-tchoDg joue de la guitare.) .f

SIAO-'IUN. . : I !-•*

I

Fan-sou y de quel endroit viennent pesao^oinds har-

's * .

Sans .doute c'est Pé-mîh-tchohiz.Ie'féiiiie'S£ft^ quijôw,.^le.k.g)ii.Uire. .:,.., ,r,.;i:v{..i

SIAO-MAM. . .. . .,11-.) >

Qnsl air joue-t4l?< . *:' :v;ij.l.!.

•' ■'•'■••■ -^ »A^-iflou.' X '■",■ ' ■=■ i «^J •"= ^•-'-•'

Allons en cachette ééoùter ait bki Bë' èfetttt jfetf JHfev

PE-MIN-TCHONG.

»_•»■

En présence de ces beaux sites , je vaiç chanter

une romance.

■■-■/".

( II chante en s'accompagnant de m gaitare^) i lune bi vent ben<

elle repose loin de moi dans . sa. chambj^e solitai^, ^-.-

quelle a toucne mon cœur, aucun oiseau messager" lie m'apporte de ses nouvelles. Il lui est difiieîU; 4e.itMiTer

N&VBHfiRE'18S4.0- ^«1

quelqu'un à qui clié poissé caaQeR'uneilettre; M«n«]iiq-se brise de douleur, ma tristesse s'accroît 4e plus ei» fioft^ et cependant ma chanson n'est pas encore JS^ûe.;Lfs larmes inondent mon visage. MiHfi |js me séparent -de mon pays natal; j'erre à Taventure comme la Feuille emportée par le vent. Quand serai- je asseii-liiElaréux pour posséder la belle

lu-feï? ■.'•. M-^-'- ( ,.1» ■;?,.*!

Les paroles de ce jeune homme .votas .attristent le cœur.; ■■ j ' ■■■** -" -.'"•'■:"': '■

FAN-SOC. .... .1.

(Elle chante.) » ?■

Avant la fin de sa chansod> j'ai senâ mon une<aé briser.

(Elle parle.) » !' i: . -"' *•■' ''■'

Et moi aussi , je comnnençe. à devenir émue. .

(Elle chante.) ' ' ».i ;v ., . i r. ')\ i

•A peine Tai-je entendu que.j'ïu senti s'accroître mes en- nuis. La douceui* de ses accents faisait, naître piur degrés le trouble au fond de mon âme ; sa voix toucI||pte injspire l'amour. Avec quelle vérité il a dépeint les tourments de cette passion ! Ne croirait-pn pal^ qu pn prenant ^a guitare il a voulu décrire votre at)Andon, votre tristesse?- ^e semble-t-il pas dire qu'en dehoi^ de sa fenêtre > il JF a une jeune fille qui gémit comme lui sur sa couche sotitair^,? .

PÉ-MIN-TCHONG.

. ( licbante de nonveau en s*accompagDa&t de la guitare^ ) Le phénix solitaire cherche* la. compagne qu'il . aîiqe : il chanté d'une voix plaintive; est-elle pour écouter ses tendres accents?

FAN-SOU.

Que ne joue-t-il un autre air ?

( Elle chante. ) Lorsqu'il peint avec sa guitare les plaintes ^U phénix

462 JOURNAL ASIATIQUE.

sépare de sa compagne,' ii semble fiûre allnsioii à nos peines. -

(Elle parie.)

Mademoiselle^ afloils-hous-eii.

flUO-XAN.

Pourquoi es-tu donc si pressée?

VAN-SOU.

(BHechmite.) .^

Ce jeune homme ne paraît pas un lettre d'un caracdn droit et sincère.

( Elle parle d'an ton effrayé. )

Holà ! mademoiselle , est-ce que vous ne voyei pas un homme qui- vient?

SUO-MAN.

De quel côté vien^il?

FAN-BOU. (Elle chante.) Les baiAboiis froisse's résopnent sur son passage; tm fleurs laissent tomber avec bruit leurs pétales décolorés; les oiseaux, qui dormaient sur les branches, Renvoient de frayeur. ( Eile écoute. ) J'ai écouté longtemps avec inquié- tude : je n'entends personne ; autour de uous riigneni & sb- littide et le rilence.

SIAO-MAN.

Pourquoi fais-tu f effrayée? Comment tin homme pourràit-il venir à cette heure? Ëiùt que ta sois folle! ' . '

m .

FAN-son, K mettant h rire.

Ah!- ah! ah!

SUO-MAN.

Pourquoi ris4u? .:.._:

NO VEBfBRB ISU, ' 401

FAN-SOU. ' ''■

. (EneehavtB.) î^

A peine ai-je eclttte de riie qu'un effeài soudain. Tient

étouffer ma voix.

0 .. . ^ ' ! . ). ;

PB-HIN^TCHONa.

t , . ' . . .■■■'■■■./•.■■■

Il me semf^Ie que je viens .<f^Qtfiiidre parl^si* pla* sieurs personnes au bas de cette fenêtre. Ne serait-ce pas parce quelles m'ont entendu jouer de ia guitare? Ouvrons la porte de ce cabinet pour regarder.

FAN-SOU.

« (Elle chante.)

Ah! j'ai entendu résonner Fauneau de ia porte; il m'a semblé voir quelqu'un venir. Le bruit qui 'a frappé mon oreille m'annonçait une personne qui marche dans l'ombre. Soudain j'ai arrêté mes yeux de ce c$té ; ce n'était que le bruit des gouttes de ros€^ ; oe n'était que le murmure de la brise du soir. Les fleurs balancent capricieusement leur ombre ; elles ont failli me faire mourir d^ frayeur.

•(E«e parie.)

Mademoiselle 9 alions-llous-en. Japprëhetide qu'il ne vienne quelqu tm.

SIAO-MAN.

Écoutons encore un aîr. Qu est-ce que tu as à craindre? " =. '

FAN-SO^. (Elle chante.) * . *

Mademoiselle, c'est à votre sollicitation que je ttié' pro- mène cette nuit dans' le jifrdiiil. Si liïadame vient à- le -sa*- voir, je ne pourrai trouver aucune excuse. De plus, cette démarche excitera peut-être des propos malveillants. Ma- dame est sévère sur les convenances et 'cRe gouverné sa maison avec une inflexible rigueur. '.'

464 JOURNAL ASIATIQUE.

( Elle parle. )

Si madame vient à le savoir^ elle dîn qaeUe con- naît ia coupable^ que c'est Fan-sou , cette petite soé^ lërate ; puis elle m'appellera et me fera mettre ï jgt- noux. La nuit devient obscure ; retournons-nous-en. Holà ! je crois entendre l'arrivée de quelqu'un.

SIÀO-MAN.'

Eh bien, retirons-nous.

FAN-SOU. ( Elie chante. ) Dites-moi un peu, quand vous êtes sortie de votre chambre parfumée, la cour était-elle tranquille? toat le monde était-il en repos?

SIAO-MAN.

A l'heure quil est, qui pourrait venir ici ? '

«

FAN-SOU.

Ne serait-ce pas Pé-min-tchong, qui vient déjouer de la guitare? 0

( Ptf-miii-tchoDg fait lemUant de tmu^ar^) .' SIAO-MAN. ,

Il sait que nous sommes là; mais comment poui^ rait-il deviner ce que nous venons faire ioi?

FAN-80U.

(EItt chante.) *•■ Quoique nous ne pensions pas à Tamour, il va soppoier que f amour nous amène dans cet endroit.

SIAO-MAlf. . '

Quel motif pourrait autoriser un semblaUe abiij[H çon?

» >

NOVEMBRE 1834.*' 465

PAN-80U.

( Eile chante. ) , , . .

II cherchera naturellement dans qudte intention nous sommes venues écouter sa romance.

( Elle parle. )

La nuit devîent sdtnbre; retirons-hous». ' '

SlAQ-llAN.

'

Quelle heure est-il à présent? . .

FAN-SOU. ( Eile chante. ) II y « longtemps .que fai. entendu jipppçr I^ j^jreniière

I « ••

veille. La nuit s'avance; ne restons pas davantage.

HAO^MAN. /

Si tu veux rester, reste; si tu v^ipx t'eti'allcr, va- t'en; moi je désire attendre encore un peu. Q^eifrce gue j'ai à craindre? : ^

PAN-SOU. .. . . ^ , ,^j.

( Eile chante. )

Vous avez donc grande envie d'attendre ! ponr. moi , je vais me retirer.

SUO-MAN.

i vas-tu maintenant ? ^

FAN-SOU.

(Elle chante.) Je vais près du puits, a Tombre de ces arbres touffqs.

SIAO-MAN.

» . Et pourquoi vas-tu de ce côté ? '

% ■•

FAN-SOn. * . . ' .

»

(Eiie chante.} . ',. - >

Je me cacherai derrière la bidustrade iki puits.

XIV. 30

466 JOURNAL ASIATIQUE.

8IAO-MAN.

Eh bien ! marche la première ; je te suivrai.

FAN-80U. ^

( Elle rhante. ) Cachez-vous à la faveur de Tombre que je projette en marchant.

SIAO-MAN.

Fan-sou, tu diras que je ne t*aî pas vue.

FAN-sor.

( Elle chante. ) L'éclat de la lune peut nous trahir: je mean dPinqDÎe'- tude.

SIAO-MAN, MuIe.

Me- voici débarrassée de Fan-sou; prenons 'mainte- nant notre sac d*odeur et jetons-le sur le seuil de cette porte. Si Pc-min-tchong sort du cabinet d'ëtîldeV H ne peut manquer de l'apercevoir!

( Eile recite àea vers. )

Les fleurs de pâcher ^ emportées par les flots servirent de guide à Lieou-chin* et à Youen-chao, et les condui- sirent vers une île habitée par les dieux.

( Elle iette lac d'odnor et sorti )

* Voyez la preTacc du Hoei-Ian-ki , page 34.

' Dans les années yong-ping ( de 58 à 76 de J.-C.) an homme du pays de Kieou, nommé Lieourckin, aUa snr mie montigBe pour y recueillir des plantes médicinales ; il sVgara dans son chemin, et, après avoir parcouru plusieurs lu, arriva an bord d'une ririère. Deux feunes filles, parfaitement belfes, vinrent- an dflvaotde&îet le menèrenti^ans une grotte elles le nourrirent de mets délî' cieux. Quand il voulut les quitter, ces jeunes filles loi montreront le chemin de son pays natal. De retour ches laî, il tronva ses petits-fils de la Mptième génération , tant sob absenoe avak été

NOVEMBRE 1834. Wl

PÉ-WN-TCHONC, teni.! ■■.: '■■•■ ..<-. (1( iort da cabinet «t k^egarde. ) ■•.'' ' '

Ah! ah ! cetart <lonc m&demoiseHe.quf ëtâitiàj écoutant l6S accords de ma guitare! Pètti^lK>i ^Vst^ eiie éloignée? Courons vile aprétf eHè. iHélaflijiiest trop tard maintenant. ^Ne serait**efie^ pafr 'fefttiéAir^ tivement dans cet endroit pour éptëMkieâ'déliiéit^bes? C'est moi peut-être qui ^ansie aa^dit' ai ^m^)ijpA fiiite. Ah! tout: me démontre que: j^^'àïi'pa^tiAë destinée heureuse pour ie fiiatiage;'*T-^iRqfôimkdlM dans notre cabinet; Mais qtiestH^e-'que fa^éltfbti^^lt k clarté de ia \une1 '^lVnaûM$t\é4ati'éi1eTégMBé)y'Gedî un petit sac 4 odenr que Sîao^m'an viètit sakii ndéatë de laisser tomber à dessein^ Je vais iempoi^e^ dliki le cabinet d'étude- et rexamîner-tt«tenttp«fii}ënn'''(l}

rentré dans ie.cabïAet*) Coupons un peuia.mllckR^lllOWI*

sée de cette iampe> afin que sa darté-sbit'pluai<mev Voici d abord deux nœuds qui indiquent iVmiDni ides cœurs^ la sympathie des caractireisri'£{ieIa:brodé^/sur ce sac un joli étangs, . couvert de nénuphars,, et deux oiseaux^ le youen et le yang,. qui entrelacent leurs cous. II y a des vers au-dessus. Voyfens^Ies donc.

■1* ji.

(H litleg vers.). Dans sa chambre silencieuse et solitaire, Nan-yong s'afflige de la longueur des nuits. Pun-Iàh^;."^;iÉrtle2- fous de rae quitter à la légère. •*- Je viDus donne^pe ïmmi

d'odeur en soie violette. . r , . ),;-.j-,:..

Ion£uc. A trente lis au nord-onest du district de Tien-taî on.Toif encore le temple de Lieou-chin et de Youen-chao. ( encyclopédie- chinoise f San^tsmk-t4)Urko€Û) :

30.

168 JOURNAL ASIATIQUE.

Je ne me trompais pas^ c'est Siao-man qui a laissé tomber à dessein ce sac d'odeur, qu'elle a brodé pour moi. II faut; que je l'examine avec le plus graud soin et quQ \». tâche d'interpréter ses sentiments. - Com- mençons., par . les noeuds qui se trouvent. auk* deux bu^ts.pl qui marquent la douce .union des âmes; éBe veut Akf( sans doute que l'amour confondra nos cœun et nos pensées. Quant auxinéniipharii-quî recouvrent ce ipetit étang ,. je vois ce qu'ils représeutient. Le cœur du ipénuphar porte un nom qui se prononce ngeou, Ciomme. celui qui exprime Tunion de deux jépoux. Efle me donne à,:entendre qu'elle désire m'épouser.- Au-- dessus elle a brodé deux oiseaux, aux cous«ntreIacca.

Ellf* veut dire que, lorsque la même couche nous re- oevra V lorsque nous reposerons l'un «t f autre «sur le miime ^oreiller, nous nous entrelacerons tendrement comme : ces deux oiseaux > qui sont l'eniblènie db Ta» mouFoonfugal. '•.(.,'

:>. Voici maintenant les vers: '^ ..

'Dans cette chambre silencîéasé et solitaire.

Elle veut dire qu* elle haLite une chambre solitaire et qu'aucun homme ne connaît le lieu sa rétraite.

Nan-yong s'afflige de la longueur des nuits.

Nan-yong était une belle fem^ie. de Tantiquîté. Pourquoi se compare-t-elleà Nain-yong? Nan-yong signifie visage du midi, et elle emprunte ce" nom parce qu'elle s'appelle Siao-man , nom qui veut dire petite barbare du midi,

Fun-lang , gardez-vous de me quitter à la légère.

NOVEMBRE 1834. 469

Mon nom de famille est (blanc), et cest pour cela qu efle nie donne le nom de Fun-Iang ( qui signifie époux blanô).

 diverses reprises, j'ai voulu &ire mes adieux; à madame Han pour retourner dans ma famjfle; par ce vers elle m'engage à me désister de mon projet.

Je vous donne ce sac d'odeur en soie violette.

•• ■- f j

Cest à dessein (]ue Siao-man a laissé ce Sfiç'd odeur, afin que je le gardasse comme un gage de soii amoun Mais puisque mademoiselle me témoigné ainsi son at- tachement, quel plaisir trouverais-je à jouer' de guitare ou à étudier? Non , chaque jour, matin et soir^ je veux rendre des hommages à ce sac parfume. Pj'e- nons-Ie donc et ofTrons-Iuî des sacrifices. Ô sac d*©- deur! tu me feras mourir de tourment.

( II récite des yen. ) ,. "■. . , j,., .

Ce sac est plus précieux pour moi ^u'un lingot .d'pr. li

a allumé dans mon sein une passion qui pénètre mes os ;

mais Famour même m'accable de û^istesse' et cferiàuiï;.

Quand pourraî-je goûter le bonheur qùè-tne promet cette

union !

. . . I

PIN DU PRBMIER AGTB.

1 I*.

( La suitfi ^u prochain iiumérp^^ )

.1'

f. .::■■■■. t

: . ' ■■•II! ■' I i

^ I

470 JOURNAL ASIATIQUE.

NOTE

Sur les idoles colossales a Bamian, par Alex. Bdhmbs, lieutenant dans Parme'e de Bombaj.

m

Nous atteignîmes Bamian, endroit devenu

célèbre par ses idoles et ses excavations ; ces dernières se voient dans toute la vallée sur une étendue de huit lieues et sont encore aujourd'hui habitées par la ma- jeure partie des habitants; on les y nomme Sumach} une colline détachée, située dans le milieu de la val- lée, en est toute couverte, et nous rappelle les. Tro- glodytes des historiens d'Alexandre : cet assemblage se nomme la ville de Ghulghula, et consiste dans une succession de caveaux dans toutes les directions, et est y à ce qu*on dit, Fouvrage d'un roi nommé DjulaL La colline de Bamian est composée d'argile et de cailloux, ce qui a rendu l'excavation peu difficile; néanmoins la grande étendue du travaH ne laisse pas que d'exciter l'attention. On trouve des caveaux sur les deux côtés de la vallée; mais la partie septentrio- nale en contient le plus grand nombre ; ce côté con- tient aussi les idoles ; le tout forme une cité immense. On paye souvent des laboureurs pour qu'ils creusent dans les ruines , et ils en retirent des anneaux , des reliques, des «monnaies , etc.; ces dernières portent des inscriptions coufiques et sont d'une date posté- rieure à Mohammed. Les caveaux ou maisons n'offrent aux regards aucun ornement d'architecture, n'étant

NOV£MB{US 1834:^ 471

que des cavernes carrées, creusées dans la coUînef quelques-unes se terminent en une sorte de dôme et ont une (frise) entaillée au^essous de l'endroit d s élève la coupole. Les habitants racontent beau-^ Coup d'histoires merveilleuses des caveaux de Bamian , entre autres qu'une mère y perdit son enfant, qu'elle ne retrouva qu'après douze années. Quoi qu'on pense de cette histoire, elle donne toujours une idée de retendue de ces ouvragés. H y a des excavations de tous côtés autour des idoles , et dans une des plus grandes, la moitié d'un régiment pourrtit s'y loger. Bamian est sujette à Caix)ui et parait être un endroit d'une haute antiquité; c'est peut-être la vHIe qu'A- lexandre fonda au pied du Saropamise avant d'entrer en Bactriane. En «ffet, la contrée entre Caboul et Baikh est appelée encore aujourd'hui Bakhtar Zamin, ou la contrée de Bakhtar. On prétend que Bamian tire son nom de son élévation» Bam signifiant un balcon , et f affixe tan une contrée , elle pourrait avoir été ainsi nommée à cause des caveaux ereusés dansie roc les uns au-dessus des autres.

Il n'y a guère de restes des antiquités ^asia tiques qui aient excité autant la curiosité des savants que les idoles colossales de Bamian. J'ai étéassez heureux pour pouvoir en prendre un dessin. Ce sont deu% figures, funemàlc, l'autre femelle; l'une se nomme Salsul, et l'autre Schah Marna; elles sont taillées en relief sur la face de la colline et représentent. deux images colossales. La figure mâle est la plus grande, et a en- viron cent vingt pieds de haut; elle ocdupe un front

472 JOURNAL ASIATIQUE.

de soixante et dix pieds , et la niclie dans faqudie elle est taillée s'étend aussi à soixante et dix pieds de profon- deur dans l'intérieur de la colline. Cette idole est ma* tilée, les deux cuisses ayant été brisées par des coups de canon et la partie au-dessus de la bouche ayant été fracturée. Les lèvres sont très-grandes, les oreffiei longues et pendantes , et il paraît que sur la tête îl y avait eu une tiare. La figure est couverte par un man- teau qui l'entoure de tous côtés y et qui parait avoiiê été fait dune espèce de plâtre, et Fimage, en bean- coup d'endroits , avait été garnie de chevilles pour le. retenir. La figure elle-même est sans symétrie et ii draperie est dépourvue d élégance ; les mains, qui rete- naient ie manteau, ont été brisées.

La figure femelle est plus parfaite que l'autre et est habillée de même; e&e se trouve dans iaméiBiè colline, à la distance de deux cents aunes (^ardt)^ mais nest pas de moitié aussi élevée. Ce n est qa'au dire des gens du pays que l'on est assuré que ottte dame n'est pas un frère ou un fils de l'autre colooe. Je remarquerai encore que les caravanes qui se irai- dent à Caboul ou qui en viennent s'arrêtent dans les caveaux inférieurs; et dans ceux de dessus les bain* tants déposent leur blé.

J'en viens maintenant à ce qu'il y a de plus curieux dans les idoles. Les niches en avaient été couvertes de plâtre et ornées de peintures consistant en figui humaines, qui ont disparu maintenant, excepte î médiatement au-dessus des têtes des idoles; ici. les couleurs sont aussi vives et les dessins aussi bien om^

NOVEMBRE; 1834. 473

serves que dans les tombeaux égyptiens ; ii règne peu de variété dans ces dessins , q«H représentent >buste d'une femme ayant lés cheveux réunis en touffe sur la téte^ et un (plaid) sur h moitié du seih^ le .tout entouré dune auréole et la tête entourée, d'une se«> conde auréole. D'-un côté je pus démêler un groupé de trois figures de femmes qui se suiventf une iautrei L exécution en est mauvaise et nuflem^it supérieuHB aux peintures que font les Chinois en imitationMes artistes européens.

Les traditions des habitants sur- le^ idcjes-de Ba«i mian sont vagues et peu satis&isantes. On. prétend qu'elles furent Élites, vers le coromencenent de notre ère, par une race de Kafres, pour réprésenter un roi nommé Sais al, avec son épouse; ii r^nait dans une contrée éloignée et fut adoré, à cause de sa grandeur. Les Indiens prétendent que c'est l'ouvrage des Pan- dava et qu'il en est question dans le Mahabharat. Ce qu'il y a de certain /c'est que les Indiens., encore \ ce jour, en passant devant ces idoles, âèvent leurs mains pour les adorer, quoiqu'ils ne leur fiissont au^ cune oblation , ce qui pourrait avoir cessé depuis Ré- tablissement de l'islamisme. Des conjectures attribucint; ces images aux bduddhistes, ce qui, est rendu asse;^ probable par les longues oreilles de la grande figure. Je ne puis leur. reconnaître ime ressemblance. avec les sculptures de Salsette ; mais la forme de la tête ressemble à celle de la grande trimurti, à Elephanta. A Manikyala, dans le Pandjab, auprès de la célèbre colline^ je trouvai une cornaline antique qui ressemble

474 JOURNAL ASIATIQUE.

exactement à cette tète. Dans les peintures au-dessus ries idoles je remarque beaucoup de ressemblanoe avec les images des temples djaïnas dans f Inde orien- tale, sur le mont Ahou, à Girvan et Palitana dans le Katyvar, Je pense que ce sont des figures de femmes, mais très^rossières» quoique les peintura soient brillantes et belles. Rien dans ces images n*în* diquede grands progrès dans les arts, ou ce que des geris ordinaires n'eussent pu exécuter avec succès, fl est certain qu'on ne saurait les rapporter à f invasion des GnscSy et il n'en est pas question dans les histo- riens d'Alexandre. Je trouve, dans rhistonre de Ti- mour par Scherefeddin , une mention des iàxÂe% et des excavations de Bamian ; on y dit que les idoles sont si grandes qu'aucun archer ne peut en atteindre fa tête; on les y nomme Lah et Manah, noms de deux idoles célèbres mentionnées dans le Coran , et Sche- refeddin fait allusion au chemin qui de fintërieur de la colline se dirigeait vers elles. Des inscriptions qai pourraient nous guider manquent^ et toutes les trt" ditions postérieures sont tellement en contact a?ec Ali, gendre de Mohapamed, qui n'est jamais venu ici, qu'il n'y a pas moyen de s'y rapporter. II est assez probable que nous devons ^ces idoles à quel^ que personne de qualité qui résidait dans le voisinage et qui les a ikit exécuter pour se procurer une renom- mée immortelle.

Le premier qui ait su se procurer des notices détalBées sur Bamian est Wilford , voyez Asiatic researckës^ VI',

NOVEMBRE 1834. 475

463 et 8UÎV. MooR {Panthéon, S47) pense que dans les temps recules cette ville était. le centre du bouddhisme, et James Ross (Gulchin, Asiatic journal, VI, 343) va jus- qu'à Fidentifier avec Balkh. Le râle que joue cette dernière viiïe dans l'histoire Zoroastre, sa langue, dont les In- dien» avaient 6on naissance ( Lsyden et Colebrookb, Asia- tic researchesi X, 976, 395), et; d'autres points encore rendraient trèsrcurieux les éclaircbsements qu'on pourrait donner à ce sujet. Nous ajouterons que la Bactriane des Grecs est évidemment le (S^J j/"^^^^ Jes Persans ; ce nom désigne, de même que le Khorasân , la contrée orientale, voyez Seir MuvARHAiaN, I, 19S, 196; Erskinb, Baber, XXX; Stewart, Mulfuzat, VJI. S.

L'AVARE.

V** -'^^ ->' f^* •*** "* C*-> '^' ^*^^ '^J y^^*

JJ ^CipSJI ^^Jsi'^ jU-.i(I -ka. fcH ca^j ^tiW ^

TRABÇCTION.

^1

Un homme était possédé davarice. Lorsqu'une piècie d'or ou dTargent tombait entre ses mains, il la

476 JOURNAL ASIATIQUE.

frappait du doigt , puî$ il la mettait dans le creux de sa main et tenait ce langage : « Dieu soit loue \ "cet « objet est du plus grand prjx devant Dieu. En lui se « trouvent la fidélité et le remède à tous les maux. u O lumière de mes yeux! ô charme de mon cœur! u dans combien de villes tu es entré, dans combien de « mains tu es tombé, sans que Ton ait connu ton mé- « rite ! Je livrerais pour toi et mon père et nui mire. « Maintenant ta demeure sera permanente etçn sûreté

« contre toute visite. Tu as échappa aux dangers dei Cl voyages et aux mains des marchands : tu vds.trottw tt la joie dans une bourse de diverses couleurs et dans u un coffre orné de peintures. » En disant ces mots, il couvrait la pièce de baisers et la posait dans le coflSie.

Le même trait d'avarice a été ainsi raconté bn penaiK :

}jj\m^[i jlkm^ ^ é^^ p*^ j\^MU j3 fj> cft {fià^y

y>ôl •i>j4 j»y (:JS*>J ^/>Kù* J^*^3 «V^ 4>/* jb*i JjVm (fi-iS" Ji:^\Sj^ *M^^»i^pâlj ttMk.tMl

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. -If . . . .: J.T'^^^. ^fTTj ^

NOVEMBRE' l«84l* 477

TRAJMJfQ'^ON.

Lav9riçe pondait le ^çœifx 4'ufl Jt)piBinc;..,Toi]tes {es fois qu'une pièce 'd'argent tombait dans ses mains> îl la plaçait de vàrtt lut, entrait en tbnvetsitioh'^^è elle et lui disait : « O pièce d'argent, tu as vu bien «dés hotniûes, tu as éIevé*téair<x>up'^è'géns^-mi^j)W'' tf sables et tu as renversé jmai^ts grands .p^rsoniiages. « Aujourd'hui te voiià tombée dans une place que les «rayons du soleil ne pourront jamais ëcl^iréf. »'Lorft- quïl la jetait, dans sa bourse : «^Prends une^gaenre « stable, disait -il, et repose en pai?; car tu es des- « cëndue dans un lieu d'où 3 ne sera possibfe de le « tirer qua l'heure de ma mort.,» . .

> «^ V k ^U* ■i-'v'a.

LE PARASITE.

TàADUCTION.-

«■ . . ' ..-■:■...

Certain parasite passant un jour auprès de gens qui mangeaient, s'assit et mangea avec eux. Alors line personne de la société lui dit : jk Est-ce que tu connais u quelqu'un parmi noys? ^^C^çi., » répondit- jl; et de la main il montrait la nourriture. Tous aussitôt de rire à son sujet.

478 JOURNAL ASIATIQUE.

HOTfe.

L'origine préramée vrtfie dn mot ^J^jJio « pmtasiie, éeomifleMr, eit indiquf'e daiu le commentmirc de Uuvy, pa^. 155. La note siMTante , que fai extraite d'un mannscrit arabe, contient une antn origine de ce mot.

5Kéit ^ Âi/k w\<' J^j JL v.r*i- J^» yb

(^^ Â^i ^3 joyi <^ 5^u Ail j^j irt''/^.'

^iSbi» dJov j;! Jui^ (jj^ 3M «Wàil, i^^ dJjJ^ ^\^l ie.cMI ^ySS'^y.\ii\ ^ JM^ JJiU

' j V 4e Ju) (^ JuU>t J^l i

« On dit que ie mot ^JLaâW * paro/i'le^ éeomi^ieur, eit « rwlatif de JkAilo Tkofml, nom d*iin habitant de Coii&t qui vfmt « rhabitude de se présenter aux repas de noces sans j uwoir été în- « Titë ; c'est pourquoi on l'appelait ie Tkofnl desAtrii^ On dit asvi

«que ce mot vient de Jui^ t^ifl» pria dans le seni de ténèbres,

« parce que les pauvres d'entre les Arabes se présentaient ans repas «où ils n'e'taient point invités, enveloppés dans les ténèbres, afin « de n'être point reconnus. On dit que le parasite a été nommé ainâ «parce qu'il y a quelque chose de louche dans sa conduite ^^er- « sonne ne sachant qui l'a invité. On dit encore qu^ce mot Tient

« plutôt de JJi^ thajl, parce que ie parasite se précipite sur le « monde comme la nuit sur. le jour. Aussi, en parlant de qnetqn%ii,'^ « se sert-on de cette comparaison : il se précipite plnavite qi|e &i ainît « ne se précipite sur ie jour. »

G. D^L. ., .. ,

NOVEMBRE 1894.. r 479

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE. ■.••■■■>

^. . . . . .. ■,;...,. .,,..1

Séance du 6uo(f€mbre-/SS^. ■■■■

II est donne lecture d'une lettre de M. le ministre des affisures étrangères, par laquelle il fi^t<?oB naître àjbt $t9<iétë que ia coniinUsion nommeei par le çanseil, pour VoccHpieç 4e la publication. çUs papiers: dq feu Ji/B dopteu^f Sfihi^ltaç\ peut se présenter au ministère des affaires e'trangères.pour prendre communication d^ ces^.papiers-) aprè^: en .avoir donne', un récépissé.. M. Lajard depoi^ en ménie A^o^ sur le bureau copie du récépissé doaiié,par.la qonoifmssjoii

à M. le directeur des archives deç. affaires. eVapgèi'^'K annonce que le travail de l^qotjf^misÂç^ e^déjjàcdn^^eippe. I4e3 remerciments du conseil ; son tadress^Và laiÇoo^ipûuiiDn. ; . M. Eusèbe de Sidles communique fkH^ POQseil uae.09l]ç sur las. médecinfii arabes, . ; ' . i. . -;;:;;:'.::

4

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OUyiUGES. OFFERTS À liA BOClÛfi, . -. t

I * j ff

(Sëance da 6 novembre 1834.)

Bulletin de la Société de géographie. 3^ série, tome II. N*»'«. Aoih. în-8^ ^ ' * ' -

Journal ^e V Institut historique.^ V^ anhée. Sej^téhilire. »• fivraisoh. Paris, 1834. In-8«.

Recueil encyclopédique bétge, Tornè V,' ï**4i^riGson, année. Bruxelles. Juillet 1834. In-8**.

De la doctrine du progrès continu. Extrait de la Revue encyclopédique ( publication d'aou^ 1834). In-8®.

480 JOURNAL ASIATIQUE.

BIBLIOGRAPHIE.

Guide de la conversation arabe, par Jean Hvmbbrt, pro- fesseur de langue arabe a rAcadëmie de Genève. I to- lume in-8° d^enyirofi 930 pagies. (Sons presse , à Bonn, en Prusse. )

Dans nn temptf ou nos relations avec Alger ehaque jour plus d'extension , d'activité et de Consistance, l'opportunité du livre que nous annonçoiis sera vivement sentie.

Sans avoir voyagé danîi l'Orient, M. le profiessenr Humbert a constamment fréquente', depuis vingt ans, des Syriens, des Egyptiens et des Algériens iiistmits, et a puisé ainsi dans des sources avérées et j|yarês set recher- ches sut* la langue arabe vulgaire.

Nous ne doutons pas que, dès l'apparition de ce Mannri du voyageur en Orient, le gouvernement ne ij'empresae de Taccueillir et de le répandre parmi les militaires de la co- lonie africaine. L'auteur de ce livre , quoique Suisse , n'est point étranger en France : il y a longtemps que ses oa- vrages en langues* orientales, sortis des presses de llmprî- merie royale, l'ont^naturalisé parmi nos savants.

Sacra Pentecostalia pie ceUhranda, etc. Inest Je Béfr Alio et Bar Bahlulo, lexicographie syro-^rahiei^^ mé- dita commentatio Htteraria pkilologica,.auMare.Çt. Get SBNio. Lipsiae^ 1834. In-é"*. 39 pages.

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NOUVEAU

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JOURNAL ASIATIQUE.

DÉCEMBRE 1834.

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ANALYSE

De l'ouvrage de Bâr-Hebraeus intitule' jLj^|CUD L

le Flambeau des saints \

Nous ne donnerons point ici la* biographie de ïil- lustre écrivain dont nous nous proposons d examiner

1 Le titre latin appose an manuscrit est celni-ci : Tractatus théo- logiens de ecclesiœ christianœ Jundamentis, prœc^ua theologica capita complectens , autore Gtegorio Abulfaragip. A cette note Joseph Ascarî en ajoute nne antre qui porte la date de 1736. Il traduit les mots syriaques par candelabrum sanctttatis, traduction incorrecte , puisqu'il faut lire candelabrum sanctorum. Le manus- crit fait partie du fonds syriaque de la Bibliothèque royide, n9 191. Cette copie est fort ancienne : on lit, dans une note syriaque à fa fin de Touvrage, que le copiste, nonund Jacobus, termina son travail i année des Grecs 1715, c*est4i-dire Tan de J.-C. 1393. Les caractères sont en généra! beaux et fort lisibles; seidement, par i*effet de la vétusté, plusieurs feuilfes sont largement trouées; le papier se fend et tombe en poussière lorsqu'on y touche, et, sans le secours des additions marginales prises avec soin sur un autre exemplaire, on ne pourrait lire un grand nombre de passages. L'ouvrage en entier se compose de trois cent quatre-vingt-douze

XIV. 31

482 JOURNAL ASIATIQUE.

un ouvrage; Assémani fa déjà &it^ Nous nous con- tenterons de rappder quAbou'I-Faradjë naquît fan 1226. II était fils d'un médecin nommé Aron, d'or!* gine juive, ce qui lui a fait donner le nom de Bar- Hebranis, ovifils de t Hébreu. Sa patrie est Miêiitèoe\ La position politique et topographique de cette ville fit qu'il apprit en même temps le syriaque, le grec et l'arabe. Il maniait avec la même facilité ces trois langues. Forcé de fuir devant les Tartares, qui en- vahissaient l'Arménie en 1243, il vint à Antioche, il composa son Histoire des dynasties. Élevé au siège d'Alep en 1264> il devint peu de temps apris maphrien, ou primat de l'église des jacobites , et 3

feuillets. A partir du feuillet 388 jusqu'à la fin, on reeoBDtit k main d*un nouTean copiste nommé Eliel. L*éeritnre est plnt fine et moins élc^gante.

* Bibl, orient, tom. II , p. 360.

* Mëlitène est une ville de Cappadoce qui fit cnsnhe partie de TArmënie. Procop: édifie. liv. III, chap. iv. Strab. Ihr.'XIIy pag. 573. Elle est célèbre par la mort de saint Polyeocte, prnnîfr martyr de TArménie. Elle fut le berceau de saint Melèee, éréqae d'Antioche au iv« siècle, et de saint Enthyme, lomommé II Grand. La légion fulminante y tenait sa garnison. Voici M qa*A- bonlfeda nous dit sur sa position, Tab. geog. man. 396 :

i>AÊ. "à^^ «/ijlj JUa 0^

Posita est ad austrum Sebastes, tribus circker mnnnowbaa^ <■ ca distans : ad occasum Cachts et Gargane, doabns ferè flMUMia- «nibus ab iisdem dissita , et ad Aqnilonem Zabatns, à q«â iongâ ft mansione distat. »

DÉCEMBRE 18S4. ^ 483

occupa plusieurs années cette fiaoeK H mourut à

■i. .:•!.

Maradje^ en 1285. .

Barsuma, 3on frère, qui succéda à sa dignké-, et qui nous a. donné d^s détails, précieux sur sa vie, ter- inine sou éloge par. ces mets : « Qui ne s jipitoieiait «sur le sort de l'illustre ^;Iise des jacobites^' en la a. voyant privée d'un bomme aus^ rare et d'un phiio- u sopbe aussi admirable ? Qui mieux que lui pouvait M vous éclairer sur; une.queation: (béoli^que oostir M tout autre sujet profane^ £fit-il simf^e ou ardu? Qui tt pourrait écrire une lettre avec le talent, la douceur «i et . la grâce de cet homme que Dieu avait om^ de u toutes les connaissances imaginables? Depuis fâge M de vingt ans jusqu'à son dernier soupir il ne cessa « d'étudier ni d'écrire '. »

En effet Bar-Hebraeus a écrit un nombre prodigieux d'ouvrages sur les sujets les plus variés. théologie , la philosophie^ l'histoire, la physique, la géologie, l'astronomie, la médecine et la grammaire fui ont fourni tour à tour la matière d autant de traités spé-

^ Quant à Tëtymologie du mot maphrÛH, quei^aei tiiM ont

Toulu la ramener au mot -Q^^^- , instruire, d'où

maitre, docteur; mais Assëmani, avec piosienrs antres, fah "dé- river avec raison ce nom de dignité ecclésiastiqae de f^phei,

^^d( , d*où JL^^AàO I id est fœcunattatem tribuens, quasi pa-

ter patrum. Ce titre re'pond à celai de catholicos chez les Armé- niens.

* Cest une ville de TAderbidjane , Jl^SJO. Abon*(féda, TabL

geogr, pag. 417. ~ Renaud. Ldtur, orient, tom. II, pag. 40. ' Assém. BihL orient» tom. II , pag. 67.

31.

484 JOURNAL ASIATIQUE.

ciaux il déploie ia même érudition et la même |>éiiétration d'esprit. Barsuma nous a transmis la liste de ses ouvrages , et il en énumère trente et an^

Le Flambeau des saints est peut-être, de toutes les. productions de Bartiebraeus, celle qui peut mieiu nouft donner une juste idée de la fécondité et de la multiplicité de son génie. Ici Fauteur est k ia fois théo- logien, philosophe et naturaliste; il soumet à' ses in- vestigations Dieu, l'homme et ia nature. Cetoûvnge est une espèce de système philosophique , fortement conçu et assez rigoureusement lié dans toutes aes par^

ties; et la longue chaîne de ses déductions, rattachée

* .

* Voici cGiiz que possède la Bibliothèque roj^e et qui mb^ int- crîts an catalogue des manuscrits syriaques :

N<> 1 1 8. Opusculum uhi ad examen repoeatur AcAMi ittkli Sa* eraiù, phiiosophiam legi prœstare,

ISS. Tractattts de morihus béni insUtuendiM seetmdam chrisiianœ religionis prœcepta.

No 1S8. Candelahrum sanetorum arùhicè sed ekmtttet^ àg- n'aco. Cest la traduction dn manuscrit tf^SSl, qnc noiu inBlji— >

No tS9. lÂber spUndorum et confirwuUiomÊm md ttl^giMiem christtanam probandam.

130. Opéra poetiea.

No 135. Demonstrationes inteliectuaies deprmc^uis ekrittùmm Jidei fundamentis. Cest un rësnmë rapide et concis da Flambean des saints.

No 137. Jus civile et cananicum apud Syroêjmeokitmim

No 138. Nomocanon Syrorum jacobitarum ex conctZbSfml e«- nonibus, arabicè, caractère syriaco. .. ^

No 140. Idem,

No 157. Opuscula theologica et phUosophica,

No 160. Ldber con/abulationum ubi historiœ cow^bi^rtê, bicè, caractère syriaco.

No 169. Ascensio inteliectualis.

No 166. (xrammatica syriaea.

DÉCEMBRE 1834. 485

à I élément infini, à Dieu^ redescend dans f ordre fini de ia création et en embrasse successivement tous les ordres^ qu elle lie en un seul faisceau pour les déposer ensuite aux pieds du souverain maître , comme un hommage rendu à sa grandeur et à sa; toute-puissance. Toutefois le principe rationnel y est continuellement - subordonné au principe traditionneL La foi sert de point de départ et de base au vaste édifice que* la science construit; cest elle qui en éclaire Ies> parties obscures et mystérieuses , et qui nous 3ert de guide dans cet inextricable labyrinthe la raison seule, té- nébreuse et impuissante, s'^[arerait in&iliibleàient.

Cet ouvrage, qui embrasse toute la science epntem» poraine ^ montre que Fesprit philosophique faisait alors un grand effort pour enfanter une doctrine qui, résu- mant les connaissances des âges précédents, put les transmettre aux siècles à venir sous une forme nou- velle, plus compréhensible et plus en harmonie avec l'état actuel de l'esprit humain. Ce tfavaîi est comme une prolongation des vastes travaux des gnostiques , bien que la forme synthétique et intuitive y domine moins que dans f école d'Alexandrie, et quon sente l'influence de l'esprit aristotélique quîf pénétrait de toutes parts dans le monde arabe et qui desséchait en quelque sorte la sève du génie oriental avec les for- mules algébriques et les sophismes de ^ logique. D une autre part le Flambeau des saints ^ quand on considère sa méthode analytique, nous révèle la maix^he prochaine de la science en Europe pendant moyen âge. On reconnaît déjà , dans ses divisions et siil^vi-

486 JOURNAL ASIATIQUE.

sions , dans ses cat^orîes , qui ressemblent aux cases dun médailler ^, et dans i alimentation animée, mais trop uniforme , qui s établit entre i'auteur et de subtils adversaires, qui ne sont qudquefois que des. personnages ûctik; on reconnaît, dis-je, la forme philosophique qui se reproduit a un plus haut degr^ dans la sodastique. Bar-Hebraeus nous appafatt sous ce rapport comme le précurseur de saint Hiomai?, et il y a même une analogie frappante entre ses ouThigies et ia Somme du grand théologien K

L analyse du Flambeau des saints, que ntas es^ sayons de faire , aura , nous osons Fespérer, quelque intérêt pour ceux qui aiment à étudier l'esprit humain sous toutes ses Êices , et elle pourra peut-être servir i

' Les mou techniques dont fantenr le. lert sont n^breu, tt nom en donnons ici U liste dans leur ordre logique. La drnssM

principale est )JQ^O|J^^^ on fondement , puis JLoQAAf

diçtsion; yOjUàJ^j Kâ^euo¥, ckmpitrt; JLà*J. fmrmgr^lmi

S^UQ^^taçant-'propoM, introduction; ] UO^l^Oké^SÊO 9 frem^êj

Ik^Aaoi, addition f /feiGU, éelmrdssemenif IffOtfb.

conjirmatwn; |f Oio) , avertissement! f -**^fVj Suâtist,

théorie; | J^^^Aei» objection, et ce mot est toujours suM de

ceux-ci : Jlin fCI , réponse, et ( LofO^S , tém&ignmge} dt

même qu'après J -^-ft^ , qui désigne une objection hérëtiiiaet és^

iomnieuse, on lit JL»^JL> réfutation, et | A^OU^Li déntotêM' tratùm, exemple,

* Grégoire Bar-Hebnras et lAÎnt Thomas Tiraîent aonainiiB ment dans le même siècle, mais la date de leur naissance ne dzflftn que d'une annëe. En effet saint Thomas naquit en 1997, et H mourut douze ans aTant celui auquel nous le comparons.

DÉCEMBRE 1834. 487

compléter l'admiration que le nom cTAbou {-Faradje a inspirée aux orientalistes qui connaissent déjà c^ grand homme comme historien'.

L'ouvrage se compose de douze traités ou fonde- ments, autour desquels vient se grouper une multi- tude de vérités et de faits secondaires. Maintenant quelle est la manière de procéder de l'auteur ?

' La vérité existe ; quiconque nie son existence se retranche par le fait même dans le scepticisme univer- sel, absolu, et se condamne à un éternel silence. Cette vérité^ une et immense comme Dieu^ dont die nest que ia substance^ se subdivise/ sous le r^rd analytique de f esprit humain , en une riche variété de vérités partielles et secondaires qui , rapprochées les unes des autres et liées par la raison ^ recomposent un tout harmonique que I on appelle science, La science est larène l'intelligence s'exerce, et c'est nous devons commencer par nous placer pour nous livrer à une spéculation quelconque. Aussi le premier fondement du livre traite-t-il de la science dans sa notion simple et générale \f^ ^ t - ^^ -% j^ h--}^-rt^ L'homme, en tant qu'être intelligetit, doit se nourrir et se rassasier de cettcj^science; elle est la respiration de son âme^ l'aliment quotidien de son intelligence: s'en abstenir, c'est renoncer à la vie spi- rituelle^.

^ Historia compendiosa dynasi, ab éd. Pocock. Ozon. 1663. Greg. Abulphar. Siçe Bar-Hebrœi chromcon syriae, à Bntns et Kirsch, Leips. 1789.

' Man. pag. 4 et saiv.

488 JOURNAL ASIATIQUE.

Comme ce principe pourrait être conteste et être traité de simple assertion , particulière à la manière de juger de l'auteur^ Bar-Hebraeus prévient les objec- tions et établit une forme d argumentation évoIutÎYe, qui revient cliaque fois qu'il veut prouver une vérité importante. Il s appuie d'abord sur le témoignage dei livres saints; la parole de Dieu est la pierre angulaire sur laquelle la raison humaine , en se posant, demeure inébranlable ^ Les pères défrise viennent ensuite ap- porter le tribut de leurs preuves, corroborant par le«r unanimité celles des saintes lettres; et, en troisième lieu, l'auteur, dans sa méthode large et généreuse d'argumenter, ne dédaigne pas d'invoquer le témoi- gnage des philosophes profanes, lorsquSs s'accordent avec les autres , en sorte qu'il enveloppe chaque de ia lumière la plus éclatante qu elle puisse voir, et qu'il lui donne en même temps la plus haute sanction possible ici-bas.

Après avoir établi ce qu'il veut démontrer, fauteur passe en revue toutes les objections et les difl&coliéi que l'ignorance, la mauvaise foi ou le doute peuvent susciter et lui élever sur sa route. Ici il réfute natUf» rellement le scepticisme et toute doctrine qui cherche à altérer ou à détruire la vérité^.

' Voici Ib formale qui revient souTent :

« Testimonia scriptnramm confirmantÎB hoc vgumentmii. Mt^ pag. 5 et floiy.

* ^^SjX^O JàÊ^fûO» Le premier mot muiqiie dm im

DÉCEMBRE 1834. 489

L'existence et la véracité de science étant ad- mises, rintdligence doit sappiiquer à connaître €e qui la compose et ce qui relève de son domaine. Sur quel objet s exercera d'abord son activité?

Bar-Hebraeus suit ia voie analytique; il s élève du fini à l'infini. Ce qui frappe, selon lui, d'abord l'atten- tion de rhomme, ce sont et cette terre sur laquelle il est jeté y et les êtres innombrables qui la couvrent, eC les phénomènes divers qui la caractérisent, et toute» ces sphères lumineuses qui semblent se mouvoir autour d'elle dans l'espace. Cet ensemble forme le monde , et la connaissance de ce monde est le sujet du second fondement.

L'homme , par une loi secrète de son être qui s'est développée en lui lors de sa déchéance, est sans cesse abaissé des hauteurs de l'intelligence vers la matière et les sens. Il est porté à s'identifier à la nature sen- sible et à croire plutôt ce qu'il voit, et ce qu'il palpe et ce qu'il sent , que les vérités qui lui sont révélées par la foi. La sage et admirable économie de cet uni- vers, loin d'élever son esprit à l'idée d'un ordonnateur suprême, peut quelquefois déconcerter sa raison, lors- qu'elle a fait. divorce avec la foi, et la conduire à se représenter ce même univers comme un grand être se suffisant à lui-même , ayant sa vie et ses fonctions propres, et se mouvant dans une éternelle indépen- dance. C'est pourquoi, en pariant du monde, Fauteur doit aborder la question de sa création. Il commence

dictionnaires; il est probablement identique k la rtcine chaldéeàne av dans. le sens A' altérer, falsifier. Man. pag. 11-12.

400 JOURNAL ASIATIQUE.

par prouver qu'H n'est point étemel S et il réfute lon- guement les philosophes qui ont cru à son éternité*. Toutefois, s appuyant sur le mystérieux passage de saint Pierre', il croit à Tétemité à posteriori de œ monde et à sa future régénération \

Ensuite, par une conception grande et synthétique, Bar-Hebneus, pour expliquer le monde, suit Tordre traditionnd des six jours de ia création. Cette idée' néanmoins ne lui est pas propre ; plusieurs pères, et entre autres saint Basile , avaient suivi un plan an»- logue \ Dans le premier jour de la création , il encadre ses réflexions sur les cieux^ ia terre, les montagnes,

le sable, les métaux, ^ - ^ "^^J ^^^ '^ fossHes,

JL;AA»fete I et les autres questions sur la fixité dçk

/

^ Man. pag. 13.

* Man. pag. 14-16.

' Epist. Petr, eh. m, ven. 7 et 13.

* Notre langae manque de mots poar exprimer VOêfiTétÊnàé à posteriori* La langne arabe est pins henrense, eHc a rnTprwrifli «>^* et J)l pour rétemité à priori. Voy. Angnst. De eipiim di.ZTi» et ziY. Id. S, Thom, in qnartâ dist. xlyiii, qnesC S; mt. 4.

' Basil. Op, tom. I , hexam. * 3

* Le planisphère dn mannscrit (pag. 38) sur lequel est mi^ qntfe cette dirision est très - incorrect et fort confnsL Demîette.

^JUao} est placé entre Tjr et Jëmsdem, Chypre ^0O(ft^0 avoisine Tripoli. Qnelqaes noms ne nons sont pas dairemeat

connus, tels que le pays qu*il appelle yLCkd} I ' L|« Nous pea^

sons que c>st ni3 et nrM3, mentionnes an lirre 11 Roâ, 17, 30, que quelques interprètes ont placés dans la Peiie;1a'pnni-

mitë du mot y) *àoei > ijl«Vit > iustifierait notre conjecture* Le

mot ^jUld ne désigne-t-ii pas^^kd^ qui se trouve en Amiébiel

DÉCEMBRE 1834. 491

terre ^ sur sa dÎTÎsièh en sept^ dîmats, qu'H décrit les uns après les autres^ sur ia distinction des races da- près les fiis de Noë, sur k natore de feau, sur les ëiëments de fair, sur les nuages v la pluie, la neige et la rosée 2. Larc-en-ciel, le tonnerre, les cdairs*, les comètes, fa voie lactée^, les oamgans, les tempêtes, les' vents et direction de leurs souffles^ les tremble- ments de terre, te feu, sa nature et ses éléments^ les volcans ^ : tous ces phénomènes sont examinés et ex- pliqués avec les données de h science actuelle. Itdis- serte ensuite sur ta lumière, et il prouve qu'elle' n'est pas tH»pordte. La présence ou labsenoe de la lutnière

he» antres mots JLjL^f | } JbOd» qui Tentoiireiit partissent nous

autoriser à ie croire. JK^MD^A^^At P^^^^^Mat, est peut- être (^^Ly».

^ Man. pag. 17, 94. H explique en passant les mots de la Ge- nèse (ch. I , rers. 3) : D*D ♦3D Sy nCîT^D OTiSn HI'VI, et, comme plusieurs pères de FEglise , il pense que le mot TJX^ désîgnel'Esprit Saint, et il reproclie à saint Ephrem (Tayoir entendu par nn yent matériel et naturel. Voy. son comment. Bibi, orient, tom. h

* Bar-Hebrœus ajoute le mot { y-irVTjj qu^ n*explique pas et que fon cherche inutilement dans les dîcttonnaires. Sa pétition porterait à croire qu'il entend par la geiée kloÊtçÂe du mmtéi,

* II mentionne en outre plusieurs antres phénomènes appelés \ - J^fff^-;^- 'XieAÇtpÀj ou éolàmbe, forme sons laqnefie le fen

dm ciel tombe souvent, dit-il. Les mots ttf OI^«M«Aii^JOO} et

(fJLSlXCï^) i'eJhv^eiy Jkiç, hajiivmç (telle est probablement leur étymologîe) expriment des phénomènes ànidognes.

* JUdL^^Mb2UW< Les Arabes Tappellentaussi indifféremment (^\ Sxx^ et (jjyJJI JoçH-.

^ Il les désigne sous le nom de feux sortant des monttKnts de Pbrygie , de Crète et de Sicile.

492 JOURNAL ASIATIQUE.

fait la nuit ou le jour, ce qui le Conduit à parler du temps et de ses divisions.

En passant aux autres jours de la création , il paiie de la mer^ de son flux et reflux, de sa position et cfe son étendue, des fleuves , des rivières et des fontaines, des poissons, des oiseaux, des reptiles, des quadru- pèdes ; et , après avoir soumis à ses investigations tout ce qui se trouve sur cette terre, il s élève au ciel et en décrit les constellations, base de h science astrono- mique de ce temps. Nous pensons que leur ënum^ ration , sous le rapport lexia^praphique , ne sera pas sans un certain intérêt, vu quelles manquent dans nos dictionnaires^ et que, d'un autre côté, leurs notais serviront à prouver que les Syriens ne faisaient guère que traduire le langage scientifique et technique des Arabes. Nous supprimons les douze signes du zodiaque déjà connus et classés dans les lexiques, et, en énu- mérant les trente-trois constellations que dte. notre auteur, nous suivrons scrupuleusement i ordre dans lequel il les range.

Nous avons vérifié, dans le savant ouvrage de M. Ideler ', les noms arabes et grecs correspondants

^ L*étnde des textes Doayeaax dam h langue ayriaque oSrinl des difficnltës iDSurmon tables tantqae les dictionnaires ne aérant pas pins complets. L'orientdiste qni possède aajonrdlni le plus h fond cette langue, M. Etienne Quatremère, a ramassé dans lis immenses lectures tons les matériaux nécessaires k ia compoaitîoB d'un dictionnaire, lequel ferait disparaître tous les obstacles qui nous arrêtent. Espérons qu*ii lui sera bientét permis de pnblier ee .précieux travaii.

' UnterguckuM^en ûber den Ursprung umd die iedetmtumg dtr stemnamen von Lud. Ideler, Beriin, 1809.

f

DÉCEMBRE 1884.

aux noms syriaques, et qui sont fidèlement trAduîts dans lexemplaire arabe écrit en caractères syriaques. L'exemplaire syriaque port» en marge les nojDS grecs également écrits en langue syriaque.

jLu-lL w^.cJUJt 9 AçsiruAVy ie dragon.

' ', . > Kfi^Jf , Cepfaée.

Jud^ ^Jkj) jUUJ!) Boûûinçj le gardien du nord.

couronne Boréale. '. - "

OICLD9CO ^^Ib^ yy^;^^; OOI

. ha tradu^ûon £(rabe est littérale :

L'homme à gebotix^.

- * .. . ■•■.■■

iioLS^.j^î» Ât/e^, lalyre.

Iw^^jil» M^jJl,''0/»yic, lecîgne». * ^"

KûLostiTmay la dame du lit.

' Le texte syriaque porte « geptentrionalû ant borealis cof ona. » La traduction arabe de 3 jJ^. est inexacte : il faut probablement

lire JU^I JuX^^I f Çi^Avoç ^ptioç^ La cause de la méprise ▼ient ce que Ptolémëe lui donne à la fois le nom de càUronne du stui et du nord. Idel. ibid. pag. 58. i

' En marge du manuscrit se trouve ie mot ^^ifidJLjCl^^l Ot qui évidemment est grec et doit se traduire probablement par les mots 0 cv '^vaatv ; ce qui nouB donne le même sens que les mots 'syriaques.

s En syriaque il y a lapoule.

r m. .J3B jjjtf^Tlijwi.fcAd

)rîoa.

-TT'*^ .^ij^ J-çMC m A.qaK, te Bène.

. V i-a<— - ■--- 't -ào^B. le BSTiK.

yaa> ..-l^' -'l«^f ^^9. le lérnlbui, fhjibb

^

DÉCEMBRE 18S4. 497

procédant du père et du fils, ne tont point .ccspeadasit m formes, ni créés^. '. i> :

Après nous avoir fait connaître Dieu>,t{oi)]tjbl) no- tion générale est ceUe de la première. p^i^nqe^. de la Sainte-Trinité , Bar-Hebraeus passe i^ }a seconde personne, au fils, et il développe le mystère 4e t In- carnation ^ ceiqui iait le sujet du quatrième ^;t|^ fneni, -jfj' , ,, ,-,

Tout le christianisme repose sut;.cei,dogm0;^ ii est donc de k plus haute importance poyr tpuf fii^lor gien, mais surtout pour Bsiv^Heb^ns y fnifpfiner^otL patriarche des jacobites, ainsi que nous, allons fe^r pliquer:

Le dogme catholique est que le fils de Die^p.<ç|i |$e faisant homme, a uni :1a nature humaine. à la n$itnrie divine, en <Ionnant à f une et à f autre de ces deux natures pour hypôstase sa personnalité divine, en sorte qu il y a dans Jésus-Christ unité de persqnnç et dualité de nature. Ce point de la foi, compréhqpçible jusqu'à un certain degré à la raison humaine, mais renfermant toujours en soi de saintçs et impénétrables obscurités, fut fortement attaqué par les novateurs d^ premiers siècles de Tère chrétienne. Nestorius crut que la conséquence de la dualité de natures était la dualité des personnes. Eutychès, en le combattant, tomba dans Fexcès contraire, et, en revendiquant Tunité des personnes, fut entraîné à soutenir f unité

XIV. 33

4M JOURNAL ASIATIQUE.

%JLoijL^d. ifi3\m^3 ntpmfiif Penée.

' ^7^ }--( l'homme qai tient les rénet; AâmM iftiAp ou Amêf 'Hfsù^Çf le cocher.

JLoa* t kxÂ^ "O^tç^ le serpent.

jLaA*f JLoa*! ^^Utt'H^iouMc, le ■erpcfi^^ t9ji^.t ^^ y,mi\ » 'Owiiçf Antînoiu.

M»;A? ) Waul. ^UaJt ^.i^uJl , 'Af«V, Paigie Toluit. '

Of * (:j:^«3jl, AtAÇiF, le daaphin.

J^i I Vit ov^ V^* '* portion de çhenl. Ce nom correspond probablement au jULlI tmJjHt t^* petit cheval.

JL»a£9, ^Jâ^^l ou ^^t ^^1, n^ym^ç.h akml par excellence.

JLoo09^{ , AKinifJH 1 Andromède.

yCUCk^;.^» eJlXI , AfArraV, le triangle.

UPftA<UD t (yJcLifi > Knisf y la baleine.

2^âbl^« jQL> Orion.

1 f OM * j-i^l « liùiofâoç^ Éridan.

jLâJf ) * ^j^^ > Aaywoç ou Aa>aiV9 1^ Uèvre.

Jlof Jb&M>.jaâ>^t ^Jiift.KuW, le chien.

ifOS^i JL:îkO.yu0^t uJiCtl.ne^xi/âir^Procjon.

I J^UftfO f iuijuuJt f 'Af^\ le navire.

yO J^^O^ , JUûJt ^ ''rlc9t, le leviathan , Phjdre.

* Ideler ne donne pu ce mot , qui se troove dsns le de la tndaction arabe.

DÉCEMBRE 18S4. 497

procédant du père et du fils , ne tont point cepefidwt m formes, ni créés^.

Après nous avoir fait connaître Dieu,, dont id.no- tiop générale est celle de la première pçr$iiOnqe^.de ia Sainte-Trinité^ Bar-Hebrœus passe à la seconde penibnne, au fils, et il développe le mystère dfi ï In- carnation ^ ce qui fait le sujet du quatrième ^^ti^e-

Tout le christianisme repose sur. ce. dogme; il est iouc de k plus haute importance pour tout théolor gien, mais surtout pour Bar-Hebt^eus , m^phrien oxx patriarche des jacobites, ainsi que nous allons Fexr -pliquer:

Le dogme catholique est que le fils de DieU|.^|i se faisant homme, a unirla nature humaine à la nature divine, en donnant à fune et à f autre de ces deux natures pour hypôstase sa personnalité divipe, en sorte qu'il y a dans Jésus-Christ unité de persqnne et dualité de nature. Ce point de la foi, compréhqpçible jusqu'à un certain <Iegré à la raison humaine, mais renfermant toujours en soi de saintçs et impénétraibles obscurités, fut fortement attaqué par les novateurs d^ premiers siècles de Tère chrétienne. Nestorius crut que ïa conséquence de la dualité de natures était la dualité des personnes. Eutychès, en le combattant, tomba dans Fexcès contraire, et, en revendiquant l'unité des personnes, fut entraîné à soutenir f unité

XIV. 33

4W JOURNAL ASIATIQUE.

di^à naCu)res ^ On donna k ses partisanB b nom de moffophtjsites, dénomination génëriquequiceniimnid les dibscorîens, les sévériens, les thëodosiena, Iwaoë- phales, les thëopiichistes et dix-neuf autres sectes qaSl serait tiop iong d enutnérer*. Au nombre de résianques était un certain Jacobus Baradvus^; Talus^', «fui se distingua par ton lèle k rëpuMfav il doctrine du monophysisme dans ia Syrie et la Mélo»- potbniie. C'est lui qui donna nâiimoe à h seste des jacobif es , bien que ceux^i prétendent lûnr remoofeir ieur nom à saint Jacques, parent de notre Mgiwar Jésus^Christ. ;:■

Bar-Hebraeus embrassa ses erreurs, ou pIstAl M opinions, suivant lui, car, en étant jacobite^ ilofese regardait point comme retranché de f unité cathoiîqM^ ainsi qu'il le dit dans plusieurs de ses oa¥ragc8/«t notamment dans celui-ci^; ainsi, loin de se rqjinkr comme un disciple d'Ëatychés, il combat' cet km» sîarque et lui reproche de mêler et de confendreks dêm natures ^ et de nier h passîbilxté de JésnaJCShnit avant sb résurrection. Il réfute également. les jufi>- nistes et ces autres sectaires appelés phaMmithig^ se subdivisent en plusieurs autres branches^. Toute-

1 ■!■■■■

* Voy. AeU eoncil. ChtUced, PAgghw , ad amnmm^t^ Nf*^ 38. Ibid. p. 3 Jpud Labb. tom. IV. Concil. p. 1079.

^ Rcnaadot, tom. I. Ut, orient, pag. 365. 6'alAikiif , tolk. I et II. -t— Concil. ecclesias, Amten% eum Romùm, ■*'

' Assem. Bibl. orient, tom. II, p. 4. De monoph, « Man. 168, 169. ^ Man. 166. ' *" :;; '

* Cette classe assez nombreuse de moMOfbyttlis tiritnifj* 1|W

DÉCEMBRE 1834 48»

fois il serait facile.de lui prouver qu'il est^spiawUiît Jo^- giquament aux mémefi! conaéquetuceï que <wiix.!<|Mi'îi attaque si ardemment, puisqu'il part toujourâ^iaip» queux^ de ce principe que ia personnalité et Ja nature soot identiques, qu'une seule personne «yipppeie^ «uie nature Auiique, (et néçiproquemenL ... i . :..:rri; . Le mystère de f incarnation étant jk plus grtii4p^ dige de la miséricorde divine , Bar^Hçbneus, qui>,vi9iit en prouver la possibilité, commence^ par étaUir une théorie sur les miracles. Il les divise en trois g^ndes cat^ories : la première comprend ceux opères en %- veur de Jésus-Christ^; la seconde ceu^ opérés par JésuS'Christ; et la troisième se composé de tous lès autres prodiges qu'ont opérés les saints par 1 intermé- diaire des mérites de Jésus-Christ*. Toutes Ie6 objec- tions contre la possibilité, Fauthentîcité , f opportu- nité et la convenance des miracles sotit savamment et longuement réfutées, et, chose remarqu2d)Ie, quelques- uns de ses adversaires lui opposent, certains argu- ments réproduits avec assez d'éclat oans dernier siècle, entre autres ceux-ci : que le'niiracle peut être possible en soi , mais qu'il y a impossibilité ^ur

Id corps- de Jésu»-Chri6t et aa natare humaint n'ëtaitiit :qtét|>par rents. Ils étaient Irès-rëpandus dans TArmënie. Jean ie philosophe, catbolicos de TArménie, les a é{oqnemDientrieluté0.^t-klbank-GbthoI. Orat. vont. Phantast, a P. bap, Aucher, Venise, 1816. jP|^. 33, 42, 54 etpass. .

,. ^ Cette premère cale'goric se subdivise elle-méiine en. deux branches: 1** les miracles faits OlJB^Af3 > fî» emie <^W;.d^v«Mix

fni»« AnT< m/» lui, ma ^ >^fOw . ,.-,

^ Mao. pag. 121.

32.

MO JOURNAL ASIATIQUE.

i'homm^de discerner tel cas miraculeux de tout autre fait naturel ; qu un miracle étant une sorte d'infnctÎQii Mfi lois de ia nature, il est incompatible avec ia sa- gesse divine'. :^l Du mysti^re de la trinitë fauteur passe à- œs élMs surnaturels, les plus ëievës datis l'ordre de -iaicréalîou -»rpri*k Dieu , et que l'Ecriture nous neprésente dansnne iextft^'perpi^tHeile d'adoration et d'amour, je veux dire

les anges ^ jLdjMo, ce qui fait .lobjet dja cinqûiiine fondement. Ces êtres bienheureux eidstent , les jivre;s saints en fout foi, et. le témçignage.de^ j^ilo- sqplies profanes vient à l'appui de leur autqrité. Qp retrouve , d:ins la classification de leur céleste hiénir- çliie, quelques-unes des idées, gooâtîques Denys l'Aréonaffitc'^ aussi le cite-t-il plusieurs fois. TI disserte sur leurs noms, et, de concert avec samt TbQnuiSL\ il (icploie a nos res^ards les ordres hierarciuques de leur milice, rant^es devant le trône de rEternel.erms- posés comme des espèces de miroirs svmetriques mu se renvoient iun a i autre les rayons toujours pâlis- sants de la lumière incréée à mesure que celui ^ui les

■J ^ : ^ '■! ^. . t:A ..,1,

réfléchit est plus éloigné de la source. L*ordre snpi^ rieur initie ^ aux secrets divins Tordre, mfëcîeiffi > et

* Mmn. ISBe^pOM. / i '! -•-.:'. îiîi-

* Man. 183. .»i-' ' Dion. Areop. De nomin. dt'çin, de cœiest. kiermr, ' ' * ' *'

* SoAim. S. Thom. qnœst. cvi , art. 1, S', 3. De hoc mkumm^g^- lontm quod est inpicem seie iiiuminare. < i-

' Cette initiation ve'ritable est orjiiMirciiÉeat détîgaéii MM Jt

nom de ( LoLlOlf JL^ » en tant quelle est mctipe, et-fea iMit qae

'DÉCEMBRE 1834. SOl

Tordre inférieur purement passif reçoit cette initiation sans pouvoir rien lui rendre en échange. Leur talune est finie et bornée^ quelle que soit d'ailleurs leur puissance ; ils sont libres \ immortels ,. supérieur a en ^oire et en mérites aux simples élus*; ils sont pré- posés à la garde des hommes^ des viQeset des nar tions. .;.. .

Au-dessous des êtres du monde surnaturel la, foi' chrétienne place immédiatement le prêtre^ qui doit vivre aussi de contemplation et de prières , et qui, par la sainteté de sa vie et la grandeur de son minis- tère^ doit en quelque sorte être sur la terre comme. le prolongement de la chaîne des esprits célestes. Le sacerdoce ^ fait la matière du sixième fondement, Bar-Hebraeus l'embrasse sous toutes ses &ces; il nous montre la hiérarchie sacerdotale se développant parallèlement à celle du ciel; il nous explique la nature, l'ordre de ses d^és, les conditions requises pour y être élevé, le mode de sa consécration, lés rites symboliques de ses cérémonies*. La fonction' la plus haute et ceQe qui exige la plus grande perfection est loblation sacramentelle de l'autel *. Ici Fauteur nous donne un traité complet de liturgie y bii le payant

passive, il lappellc {LOLjff(lbte- Ces deux mots ma'iîqaeiît

dans les lexiques, ^ ... ,

' Man. 197.

" < , '■

» Man. 200.

' ) loJO^- Man. pag. 207.

* Man. 209-217.

' Man. 208. ' :

fÊ^.

âOS JOURNAL ASIATIQUE.

abbé Renaadot a puisé antrefois d ntHes rèuseigne- ^Ients^

En descendant le dernier d^ré de i'écheHe des êtres intelligents, nous arrivons à cette classe d'esprits mauvais et déchus que tontes les croyances antîquà nous montrent expiant dans un étemel supplice une faute ancienne, inconnue et immense comme leur

misère : on fes appelle ( f JLj^, ou démons. Ce noiir veau traité compose le sepùème fondemenL l/CS dé- mons sont des êtres réels et non pas fictif \ ainsi que le prétendent certains philosophes, qui ne voient en euX qu'une personnification des sens corrompus et du prin- cipe mauvab qui est en nous '. Néanmoins ib ne sont pas, comme renseignaient les mages, les manichéeq^ ^t tous les partisans du dualisme, les représentants du principe mauvais, être infini et co-étemel à letre bon^. 0)mme les anges, ils ont été créés bons, et s'ils sont tombés dans le mal, c'est par un effet de leor libre arbitre. Ils sont tous égaux entre eux, et ni^ hiérarchie nest possible dan^ f enfer, parce que le mal n'est que Tabsence de Fétre , ou le néant, et que l'on ne peut concevoir de d^[ré dans ce qui nest pas ^ Leur tourment n'aura pas de fin , il durera au- tant que la justice de Dieu. Â toutes ces considérations

' Renaud. IdU orient, tom. II. Man. 919 et leq.

* Man. 995.

* Man. 996.

* Man. 997.

^ Man. pag. 939. Sam. S. Thom. ^nsest çix. lie •ràmêmiÊge-' lurum stçe dœmoniomm.

DÉCEMBRE 1894. j^

lauteur joint des conseils relatiis à. la vifi spirituelle et ascétique^ sur ia manière de prévenir; I^.tentation§ ou d'en triompher ^

Ce triomphe de 1 ame sur les sollioitfitîpns des e^t prits mauvais dépend^il de la volonté ou I^ grdc^ divine? Pour résoudre cette question ilifaut'conu^itffa d'abord la nature et les puissances d^ Famé. humaine en général y et, d'un autre côté^ fo; p^rt.d'iniluenQe qu'ioxerce sur nous Tinterventiçtii de h grâçç ou de la volonté de Dieu, Cette double qiie$tîpp dosne nai^ sance aux deux livres ou fondement& ràfvants, inti- tulés de l'âme ratiatmelle'^ ; de le^ Uherté H du destin ^. Qu est-ce que f âme humaineT Est-ielie îm* matërielfe? oui^. Les âmes de tous {es hommes sont- elles semblables et identiques? non. Égales quant à b uature de la substance dont elles sont formées^ elles difl^rent essentiellement quant à leurs puissances et à leurs facultés internes^ L'âme est attirée , par une loi constitutive de sa nature, vers la science et la con^ naissance de la vérité ; elle a àe% aflTections que nous nommons passions, lesquelles fprment le fond desoii

* Man. 235. Le copiste écrit toujours l^ m^\\x<^JË^SatamâS,

avec les lettres renversées , ce qui éqpiyaiqit saqs doute k qqeliiaf formule déprécative.

* Man. pag. 237.

' Man. pag. 293. Le texte contient trois mots différents pour

exprimer cette idée : f H^ "^ t qni équÎT^nt 9, .^t,^ J^p, proprement terminus, terme, et ( -iD , qui correspond k s\

* Man. 238. ^ ^ Man. 238, 244-256.

^ I I t fr>. * :

504 JOURNAL ASIATIQUE.

activité et de son énei|;ie. Sa cràitkm est tante à celle du corps ^, et elle n'est point ëtemeUe à priori, comme Font affirmé plusieurs philoaiqpliCB} mais elle est réellement étemeDe à posteriori, c'est- à-dire quelle survivra à la dissolution du corps, et que dans cet état elle aura une pleine connaissance de tons les actes de sa vie terrestre*. L'élévation, le bonheur et la perfection qui embelliront cette phase noaveiie de son existence seront proportionnés aux mérites qu'elle aura acquis dans la vie terrestre'.

Ces mérites supposent le libre arbitre, Joà k question de k liberté ^. Comme au temps de BaivHe- brœus le mahométisme^ répandu dans tout FOrienl par les rapides conquêtes des Arabes, comptait ife nouveaux prosélytes parmi ks populations de k lié? sopotamie et de k Syrie, et que Fidée fondamentab de sa doctrine résumée dans k loi de fer du destin, kquelle conduit à l'annîhiktion complète du nbî hu- main , réagissait sourdement et d une manière occidte^ et tendait à altérer la pureté du dogme chrétien amk liberté^ notre théol(^en sent le besoin d'insister sur cette question et de montrer sa compatibilité avec l'idée de k providence et de k prescience divines. L'homme est libre dans ses actes ; il n'est point

' Man. S66. Ici Bar-Hebrseus n'fate en paisant la doctrine de la métempsycose et les assertions de ceux qui accordent aux bétea une âme done'e de raison. '*< '

* Man.SSl,

« Man. «90.

« Man. 99S.

DÉCeaMBRE- 1834. fte5

site à faire soit le bien, soit le mal > et il établit celte définition par cette distinction juste et lumineuse que le bien est naturel, {j^^jub , tandis que le mal est simplement légal, ) j^N.Aa>OLâaJr ceaitÀ^dire que le mal n'est point quelque chose d'eoûstant par s6i> qu'à n'est que l'infraction de la loi à. laquelle l'homme est tenu de se conformer, et qu'en conséquence le rien ne peut modifier la volonté humaine; qu'il n'est point poussé tantôt au bien ou tantôt au mal, en vatu de deux principes ^aux et opposés , suivant la doctrine des dualistes. Dieu veille sur l'homme comme une mère sur l'enfant qu'elle tient parlsi lisière .et: à qui elle laisse, en le soutenant, la faculté de se mouvoir et de tomber ^. L'idée du destin^ n'est que l'idée de la providence faussée par les philosophe^. Tout ce' que nous faisons^ Dieu fa prévu; mais il fâ: prévu parce que nous agissons de la sorte , tandis que notre acte n'est aucunement modifié par cette prescience ^^ .Tojus les témoignages de l'ancien et du nouveau Testament, des pères et des philosophes, viennent cônfirm^.cçtte vérité. , . .;i; '

Ces développements touchaient à cette quçstion tant débattue parmi. les Arabes et les musuIinaQi; en général, à savoir : si les hommes meurent dans^ leur

^ n appelle la providence { UCLmk^JSA' Man.pag. 998.

* Man. pair. 292.

' Man. pag. 298. On trouve ici béaacpnp.^e termes de Tëcole empruntés à Aristote , comme cette règle , a posfie ad actum yalet

* Man. 327. * ^ '

50» JOURNAL ASTAUQUE.

temps, et si l'époque &taie n'est pomt et lie peut dire avancée ou rectdëe. Toute cette dispute; qoitt denné naissance à une multitude d'éoits dans oe aîède, s*é^ vanouit d'elie»niéme iorsqu on a bien posé uoe fbii II notion de la prescience divine. Aussi fauteur ooQibili ii les philosophes qui , après avoir ébranlé le» fonde- ments de la liberté humaine, cherchent enooM-è dtérer la plénitude de ia toute^puisnnce de Dîeo^

L'homme donc meurt dans le temps fixé par ht» ionté divine. La mort est ia séparation qui B'eflbdM entre Tâme et ses oi^anes , séparatityii qui n'eal que temporaire et qui doit finir au jour de ia résuiveolioii générale y sujet du àuLihaxe fondement» Le eovpsiMi élus éprouvera une transformation qui le reiidn léei* lement spirituel, spirituale, selon f expmsiODdMiinl Paul*^ toutefois sans que l'état de ses parties et uns que sa conformation soient radicalement chaiigrii. Ainsi , pour ta communication de nos pensées^ mwi n'aurons plus besoin d'un bngage articulé^} 'qoant aux autres changements , notre thédbglen ne fait guère que commenter ce texte de rÉcriture mêfue nent, neque nuhent, elc* etc,

TeOe sera la condition des bons; quant k cem qii

I Man. 330-33S.

* Bar-HebrseuB l'occupe ici de cee qaetdom scolafdqnett riei moing que futiles et oiseuses, à sayoir, n aa jour it h rënÉmctÎM if ne manquera à notre corps aucune de lei pardet. RcMUCÎt^ rons-nous avec la même taille? Auront-nom encore dai chrrfliwel des ongles ? Aurons-nous besoin de yétements ? Comment pooRMt- nous traverser des milieux opaques? etc. , etp.

DÉCEMBRE 1834.' SW

aarotit abusé de la vie/ fe jour de la rësurrectton scirt pour eux le jour du jugement^ et des vengeances, thre du onzième fondement. Des signes avantK^ou- reurs annonceront ia venue du fils de i'honnne; mais cette seconde venue n aura pas lieu sur {a terre y ainsi que f espèrent ite Juifs', Les peines des pécheurs se- ront moins des souffrances physiques et sensibles du corps que des peines de fâme^^ et c'est dans le même sens qu'il faut^tehdre les plaisirs et les foies dtf cid. La question de 1 éternité des peines est longuement traitée, et toutes les objections qui tendent à montrer que tant de sévérité de la part de Dieu n'est pas com- patible avec ridée de sa justice sont combattues et renversées *.

Bar-Hebraeus montre ensuite queia perfection chré- tienne consiste dans l'union de la foi et des oeuvres. L'homme croyant doit agir; s'il sépare l'acte de ia croyance , il n a qu'une foi morte et stérile. Le moyen le plus efficace de parvenir à fa perfection chrétienne y c'est la confession^, et il explique au long quel est ce sacrement et quelles sont les dispositions qu'il exige.

L'homme par&it aura pour récompense le bonheur du ciel y dont l'image typique se retrouve dans ia tradi- tion primitive du paradis terrestre. C'est par cette idée

' Maii.344. .

^ Man. 345-347. II traite aussi de la Tenue de TAntechrist, et il nous montre à quels signes les hommes pourront le reconnaître. > Man. 349. * Man. .354.

' IloLl^fOi:»- Man. pag. 37(^373.

f

508 JOURNAL ASIATIQUE.

que Bar-Hebranis termine, et il commente savam- ment les premiers cliapitres de la Genèse, pour nous expliquer la position de ce lieu fortune^ ie nom des quatre fleuves et le mystérieux symbole de 1 arbre ée la science du bien et du mal ^

On voit que l'illustre maphrien des jacobites se proposait de donner dans cet ouvrage un trahë com- plet de la religion. II a voulu nous montrer la scîenoe partant de la notion de la vérité et s'élevant, à Faîde de ce levier, jusqua la connaissance de Dieu, qu'elfe étudie et qu'elle contemple dans funité mystérieuse de sa substance et la tripiicité de» personnes qu'elle renferme; puis, redescendant de ces hauteurs danala création et promenant ses regards sur tous^les êtres qui la composent jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur Thomme, qu elle andyse physiologiquement et psycologîque^ nient, en fixant sa place dans la hiérarchie des tees intelligents et en développant la série de vérités qn*il doit croire et réaliser par ses œuvres pour remplir d^ gnement la mission qui lui a été confiée et mériter b récompense qui lui est promise; en sorte que Dira est le principe sur lequel elle s'appuie et. le ténnie dans lequel elle rentre après avoir achevé le .ceràie ses démonstrations. i :.

Ce plan est vaste et beau; nous laissons au lecteur

le soin de conclure, d'après l'analyse imparfidtè et

abrégée que nous en donnons^ si Bar-Hebraeùâ Fâi yé-

ritablement exécuté. ,. .,,

Eug. Bore.. ...

» Man. 377-399. - «w- i :

DÉCEMBRE 1834.

500

I <

I

t . .

t *# -fl?

TCHAO-MEI-HÎANG,

Ou les IniHgues et une soubrette, comédie chitioiâe, tra-i- duîte par M. Bazin, membre de la Société asiatique.

(Snite.)

' > I !..

ACTE DEUXIÈME.

'i.

Il ' "11'

SCENE I.

La scène est dans 1 appartement de ihadame Hau. ' MADAME HAN ET FAN-SOU.

'»:. .

I I

MADAME HAN. (EWc récite des vers.) Le palais majestueux du ministre d'état est ferme d'une 'doublé porte. Les fleurs de ]péchër y brillent dans'toui lenJr «'clat. Je ne veux pas que réserve avec laquelle |e goui- rerne ma maisoii m'attire ou dehors uaé brillante reuomH mee; je désire seulement dejwser en paix les |ourp.que 1^ ciel m'a départis.

C est moi qui suis madame Han. Ces jours derniers jetais dans la salleid*étucle avec mes enfants. Au mo- ment même j'expliquais un passage des livres clas-

510 JOURNAL ASIATIQUE.

siqucs, on vint m annoncer Tarrivée de Pé-min-tchong. Ce jeune homme, à peine entré, voulut m'entretenîr de son mariage. Je détournai la conversation en or- donnant à ma fille de le saluer comme s'il eût été son frère ; puis je fengageai sur-le-champ à se retirer dans la hibliothëque située au milieu du jardin, derrière la maison j afin qu'il pût se livrer à f étude. Je ne m'at- tendais pas alors que ce bachelier dût y Inaser chaque jour dans les angoisses et le chagrin. Pé-min-tchong est un jeune homme doué d'une grande piété filiale; la mort vient de lui enlever son père et sa mère; il est hors de doute que le souvenir de cette perte Faf- flige profondément. Cest à cause de cd» qu'étant tombé malade dans le cabinet d'étude il a gardé le lit. J'éprouve au fond du cceur le désir de m'assurer par moi-même de son état; mais hélas! il est malade, et j appréhende que ma visite ne le Êttigue et l'impor-

^

tune. Je veux auparavant chaîner Fan-sou d'aller le voir de ma part et de lui témoigner fintârét que je prends à sa situation. Je ferai venir ensuite un habile médecin pour le traiter. Il n'y a pas d'inconvénient. (A Fan-soa.) Fan -SOU, Va voir de ma part .'Pé-min- tchong qui est malade dans le cabinet dTétuaj^^ Ol^Ff^ tu te seras informé de sa santé , je priemi .UQr Ôléçtem habile de venir iur donner ses soins. Reviens pramp- tement me rapporter la réponse. •,•;"*

■•. •■' ;. ;. ■• FAN-SOU.

Madame, j'obéis.

< GIfvfl sortSentensenMé.')

..«>..

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DECËMBRJB t»S4. bit

>:

* . . .;

SCENE II.

PÉ-MIN-TGHÔNG. ( n a l'arr souffrrfiit. )

Depuis que Siao-màn ma fait présent d un sac d'odeur, je ne cesse de lui offrir chaque jour des sa- crifices, de brûler des parfums en son honneur^ de le saluer. Hé(asJ je le sens bien , à forcé de songer au présent de mademoiselle , je mourrai de tourment/

( Il s^endort. )

SCÈNE lïï.

FAN^PU»

C'est moi qui suis Fan-SOu. Je ne savais pas ehcore jusqua quel point famour peut jeter le trouble dans le cœur d'un homme. Celui qui est atteint de ce mal funeste n'écoute plus (es conseils de son père et de sa mère ; il néglige le soin de son avaticement , expose ses jours ; il serait capable de se précipiter dans f eau bouillante et les flammes. Je me rappeUe d'ayoir lu qu'autrefois Han-kao détacha sa ceinture 9 Han-cheou^

^ Han-cheou, qui vivait sons'fa ^dh^astié ded Tsm, était un homme d'une rare beauté'. Il fut secrétaire de Kou-tchongi mî- nÎBlre de Woi»-ti. A oette époque ««(es amby^Jeai» ëtnoigers «jft«t offert à Tetaq^erear des parAtuM dont i!oJtmf se coaservak piendant un mois, iorsqu'en en arait iiAfvégné ses rétements-, WouHî ipn fit présent À Ko^-tchong. fille <[« ce miniMne 'éirukm les pûrfiùns et les donna à Hau'KiMea, avec qui eiie amt des re*- iations; Kou-tchong s en aperçnti bientôt^ mail eratgnast de ^^' véier ie déshoancar de sa fille, iiia dontia en. nnniage ii seniAe^ crétaire. ( V.oj. la préface du lioet-kàt^ki^ drame chinois Iradcst par M. Stanislas Julien , pag. xxTÎif.) ' .,.'■.,

512 JOURNAL ASIATIQUE.

déroba des parfums ; Chin-yo composa des vers ; ^ng- jou^ chanti en sacconfpagnant de sa guitare; or, pour agir de cette façon , il fallait bien /qu'ils fussent ëpris d'amour; aussi, pendant leur vie^ restèrent-ils fidèles à leurs engagements; mais, en vérité^ ils n'appro- chaient pas encore de ce jêiine homme. Après avoir vu la figure de Siao-man, le premier jour il a oublié de manger ; le second jour il n a pas dormi ; le troi- sième jour il est tombé malade; te quatrième jour 9 a gardé le lit. On n a pas encore vu dans tout Feminne un homme que f amour ait rendu malade à ce point N est-ce pas ridicule ? Tout à l'heure je viens de re^ cevoir les ordres de madame Han : elle me charge de m'ilifbrmer de 1 état de Pé-min-tchojpg, - ILfiuit que jaille dans la bibliothèque.

(Elle chante.)

Le bruit de mes pas a fait fuir les oiseanx qiif dormaient sur les branches. £d traversant les bosquets , j'ai fait tom- ber une pluie de pétales rouges ; maintenant la tète des plantes ressemble aux joues d'une belle dépouillé^ de l'éclat du fard.

( Elle parle. )

Me voici bientôt arrivée.

.1 . . I, " -îî' ■•.

S0e-ma*iiaiig-ioii se trouTait nn jour à dîner «Imb hb riche nomme Tcho-^ang^nn, dont la fille ( WeB-kiaa) étià depuis quelque temps, ^yant été înTÎté à.jouer de ia goîtare, fl fit entendre la chanson « da phënix qui recherche sa compagne afin de toucher le cœur de Wen-kiun. Celle-ci ayant entendu Siui|^ fou par les interstices de la porte, en devint ëpriae et la mùrmémt eiie aenfuit avec lui à Lin4Lhiong. ( Voy. M. Davis, Mémoire smr la poésie chinoise, pag. 438; comp. TTimig'eki, liv. iVrfoLM; preTace du //oei-Zon-Art', pag. xxvij. ) .-/->,

DÉGBMBR& iêS4. '913

( Elle chante. )

Le seuil de la porte est couvert de mooise verdoyante ; le silence règne dans ce cabinet d'étude.

( Elle parle. )

Je vais percer cette fenêtre de papier; tâchons de voir.

( Elle chante. ) Par cette fenêtre de papier je regarde furtivement.

(Elle parie.)

Depuis deux jours que je ne i ai pas vu , est-ii pos- sible que la maladie i'ait maigri à ce point ? II est vrai- ment digne de pitié. Entrons dans le cabinet d'étude.

SCÈNE IV.

La scène est dans le cabinet d'étude.

PÉ-MIN-TCHONG et FAN-SOU.

FAN-SOU.

Monsieur, je vous salue.

PÉ-MIN-TCHONG j la serrant dans ses bras avec émotion.

Ah ! mademoiselle , vous voift donc venue !

FAN-SOD.

Comment vous trouvez- vous ?

PÉ-MIN-TCHONG, rougissant.

Je meurs de honte ! La maladie s'est emparée de moi; c est elle qui m*a réduit à cet état. Mademoi- selle , n en soyez pas surprise.

FAN-SOU.

Me reconnaissez- vous bien ?

XIV. 33

514 JOURNAL ASIATIQUE.

PÉ-MIN-TCHONG.

Mademoiselle, puis-je savoir quel motif vous amène

ici?

FAN-80U.

Madame vous porte beaucoup d'intérêt; elle ignore si vous avez pris du repos et si vous éprouvez quelque soulagement.

(Elle chante. ) Elle vous recommande, monsieur, de prendre des po- tions et de soigoer votre noble personne.

ra-lUN-TCHONG.

Mademoiselle vous a-t-eile chargée de me trans- mettre quelques conseils ?

FAN-SOC.

( Elle chante. } Elle désire que vous e'tudiiez avec ardeur ies Ring et les historiens, et que vovs ne négligiez pas les bdies -lettres.

PÉ-MIN-TCHONG.

Votre maîtresse me donne^t-elle en outre quelques conseils dictés par son cœur ?

FAN-SOD , lai fermant la bonche. ( Elle chante. ) Gardez-vous de laisser échapper quelque parole indis- crète.

PE-MIN-TCHONG.

Je suis malade à ce point que mon âme est boule- versée , que mes songes ne sont plus paisibles* Vrai- ment, est-ce que mademoiselle a pensé à moî?

FAN-SOU.

Mademoiselle dit que si votre maiadie ^9ggn:we,

DBCEMSRE 18M. 615

( Elle chante. } Oii vous appliquera de f armoire enflamme. < Efie parie. )

Que si son frère vvent à mourir, on coupera un saule.

PB-mN^TCHONG.

On coupera un saide! Et pour qud i!notîf?

FAN-SOU. ( E!Ie chante. ) Pour brûfer vos restes 'manîmes.

PE-MIN-TCHÔNG.

Comment se décîderait-ene à brùlef mes restes ina- nimés? Mademoiselle, il ny a pas d'étranger ici , nous sommes seuls dans ce cabinet ; permettez-moi de vous exprimer avec franchise mes sentiments pour made- moiselle Siao-man.

FAN-SOD. ^

Quavez-vous à me dire?

PÉ-MIN-TCHONG , se mettant à genoaK.

Si je n ai pas craint d'entreprendre un voyage de mille lis pour venir dans ce palais , ce n'est a cause de mon mariage avec mademoiseÙe. Pouvaîs-ie m*i- maginer que madame Han, oubliant les demicres volontés de son époux , ne voudrait pas le réaliser? Depuis le jour , dans la bibliothèque^ je vis pour la première fois la beauté de votre jeune maîtresse , la maladie s empare de moi. Que je marche ou que je sois assis, ma pensée ne peut plus se détacher d«He ; le sommeil m'abandonne ; je ne songe plus à prendre

33.

M 6 JOURNAL ASIATIQUE.

(ie nourriture; et quand je pense que je n*ai plus que (fuelques instants à vivre , puis-je étudier avec goût ies King et les livres classiques? II n'y a que Siao-man qui puisse me sauver; sans elle je succomberai au mal qui me consume.

FAN-801].

Quelles paroles se sont échappées de votre bouche! Un homme d'un caractère élevé doit avant toutes choses songer à ses succès littéraires et à son avance- ment. Son devoir est d*étendre au loin sa renommée pour obtenir un rang honorable et illustrer la mémoire (le son père et de sa mère. Quand je pense qu'un jeune homme, doué comme vous de tous les avan- tages de la science, néglige , à cause d'une jeune fifle, le soin de son avancement et compromet sa santé, j'avoue que c'est le comble de l'aveuglement. Vous n'avez donc pas entendu dire aux bouddhistes :

« L'apparence est le vide^ et le vide n'est autre » chose que f apparence? »

Est-ce que vous ne connaissez pas cette pensée de Lao-tseu :

u Les cinq couleurs font que les hommes ont des » yeux et ne voient pas ; les cinq sens font que les « hommes ont des oreilles et n'entendent pas? »

Confucius lui-même n'a-t-il pas dit :

•< Mettez- vous en garde contre la volupté? »

Vous êtes un homme d'un esprit éclairé. Songa d'ailleurs que la fille du ministre d'état est pénétrée du sentiment des convenances. Toute sa conduite est pleine de cnrconspection ; dans ses moindres démar-

DECEMBRE 1834. 517

ches^ dans ses repas ^ et jusque dans son sommeil ^ elle ne s est jamais écartée des rites; éfle parle tou- jours avec réserve : c'est vraiment ce qu'on appelle une personne d'une vertu accomplie. Quant à vous, monsieur, jai bien peur que vous n'ayez violé les rites en vous laissant aller, aprèâ I avoir vue une seule fois , à une affection qui vous a changé à ce point.

PÉ-MIN-TCHONG.

Quand on l'a vue une seule fois^ il est impossible de ne pas penser à elle avec émotion.

FAN-SOU, riant.

r - . . t t

En ce cas, monsieur le bachelier^ gard^-voiis de

■* la faire venir ici.

PÉ-MIN-TCHONG.

Mademoiselle, je n'ai plus qu'une recooupandation à vous faire, c'est de transmettre fidèlement à votre jeune maîtresse les sentiments . dont ipon cœur est animé pour elfe.

FAN-SOU. '

(EHe chante.)

Une folle passion est faite pour exciter la risée. En son- geant au mariage, vous avez renoncé aux- nobles- études qui faisaient le bonheur de Yen-hoeï.

PÉ-MIN-TCHONG.

Si, dans cette vie, je ne puis accomplir ce mariage, j'espère qu'un jour nous nous réunirons au bord des neuf fontaines.

FAN-SOU. ( EHe chante. )

Avant de s'être assis à la même taUe,' de s'étrè tépààé

518 JOURNAL ASIATIQUE.

sur le même oreiller, il espère être réuni à elle dans h tombe. I! ne se souvient plus des pensées qui doivent oe- cuper le cœur d'un sage; son unique désir est de la voir furtivement en songe.

PÉ-MIN-TCHONG.

Ayez pitié de moi. Si vous réalisez ce mariage , je veux transmigrer dans le corps d'un chien ou d'un cheval pour vous servir dans une autre vie.

FAN-SOU.

Monsieur le bachelier, vous avez lu les livres da sage G)nfucius ; vous devez connaître aussi le livre de Tcheou-kong sur les rites ; et cependant , lorsque madame m'envoie dans ce cabinet pour m'informerde votre situation , vous ne songez quà me dire des ex- travagances. Je vous le demande, cette conduite est- elle conforme aux rites?

( Elle chintc. )

Jeune comme vous êtes, vous ne pouvez mataquer de vous élever jusqu'aux nues par les succès litténnies. Un jour votre nom sera suspendu devant le pavillon de jade et inscrit sur la liste des docteurs. Pourquoi Tunion tardive du phénix excite-t-elle votre douleur? Btentât vons bril- lerez à la cour, revêtu d'un riche costume.

( Elle parle. )

Monsieur le bachelier, il faut vous soigner davan- tage. Je m'en vais rendre réponse à madame.

PÉ-MIN-TCHONG, se mettant à genouz.

Rien ne peut me guérir; il n'y a que mademoiscAe Siao-man, si elle daigne avoir compassion de md: dans ce cas, elle dbc sauvera la vie.

DÉCEMBRE 18â4. 51^

FAN-SOU.

Monsieur^ leve&vaos , fe vous prie. Comment ose^* vous TOUS htrunlfer amsr à csmse dttme femme? Est-ce que vous ne savez pas que Confueîiis a dit :

« Je n*ai pas encore rencontré un homme qui aimât « la vertu comme on aime la volupté? »

Vous en offrez^la preuve.

PE-MIN-TCHONG > toii|oan à genooz.

Mademoiselle y ne soyez pas surprise de ce que je m'agenouille un instant devant vous, car, si vous daignez lui transmettre un seui mot, je resterai vo- lontiers dans cette humble posture jusqu'à demaiii matin.

FAN-SOU.

Mademoiselle étaivt encore fort jeune, je l'accom- pagne toujours. Elle n'a pas oublié les sages tnstruo tiens qu'elle a reçues de sa mère dan& son enfance , et se distingue en toutes choses par sa réserve et sa modestie. Elle vient d'atteindre i'âge nubile. $on res- pect pour les rites est porté si loin que , dans ses repas, elle refuse de toucher aux mets qui ne sont pas servis suivant l'ancien usage ^ ; elle ne voudrait pas s'asseoir sur une natte disposée contrairement aux règles éta- blies; elle ne se prêterait point à une démarche blâ- mable, et son cœur est fermé aux désirs déréglés. Une personne au-dessus d'elle par son rang et par son âge n oserait lui faire une communication contraire aux

^ «FsTv traduit librement cette pbnuie, ^i ciC tirëe iki Lmh-^, liv. I, chap. iO^, $ 8^ et 9.

5S0 JOURNAL ASIATIQUE.

rites; comment moi, qui suis dans sa dépendance, oserais-je lui tenir un langage qui blesserait sa modes- tie? En vérité, je ne puis remplir vos intentions.

PÉ-MIN-TCHONG, i^agenouilluit de noaTtea.

Mademoiselle, vous voyez dans quel abattement je suis plongé. Comment pouvez-vous me r^;arder ainsi de sang-froid et me refuser votre assbtance?

FANHSOU.

Monsieur, levez-vous, je vous prie. Je vais voir quelles sont les dispositions de mademoiselle. Si je trouve une occasion favorable, je me servirai d'un prétexte pour mettre l'af&ire sur le tapis. A Fair de sa figure et a ses réponses , je reconnaîtrai sans peine si elle donne ou refuse son assentiment. Pour peu que les nouvelles soient favorables , je me ferai un devoir de courir vous les annoncer. J appréhende seo- iement, monsieur, que si votre mariage n'a pas été fixé par le destin ^ vous n'excitiez son courroux : dans ce cas, que faut-il faire?

PÉ-MIN-TCHONG.

Mademoiselle, puisque vous daignez me prêter votre assistance , je vais vous remettre un objet à la

^ An interesting dirinity, called Yuelaou, >the oid man bf the « moon » deserves some notice. It is hit pecninr buspieM to lie together at their birth, with an invifible «ilken cord, afl yoalhf and maidens who are predestined for each other, afcer which tbe mogt distant séparation and apparently insnrmountable obi^iJci, cannot prevent their nitimate anion. This is what is c^ed (Kev- yuen ) , « haying a connection in fate. * ( Voy. M. Davii , JVmiumt lions ofthe royal Asiatic society, pag. 439, tom. II.)

DÉCEMBRE 1834. 5U

vue duquel vous n aurez plus la moindre inquiétude.

( Il prend ie sac d*odear et le remet à Fan-son. ) Cet objet , Cest

mademoiselle qui me la laissé comme un gage de son attachement: emportez-le avec vous, il n'y a pas dm- convénient.

FAN-SOU , prenant ie sac d*odeur et rezaminant.

C'est un sac d'odeur que mademoiselle a pris soin de broder elie-méme. Naurait-eiie pas eu qudque intention secrète? Ah! mademoiselle, vous vous ca- chez de moi! Au bout du compté, je ne me suis pas encore assurée du fait. Je vais prendre ce sac d'o- deur et transmettre à Siao-man f expression de vos sentiments.

PE-MIN-TCHONG.

Mademoiselle , je veux encore vous charger d'une lettre que j'ai écrite il y a déjà longtemps.

( II prend la lettre et la lit à Fannson. )

u Je confie mes pensées à ma guitare solitaire. Mon « âme est remplie de tristesse , mon cœur se brise en « attendant le rendez- vous du soir. Le mal qui m'ac- (( cable ne ressemble point au charme que me pro- u mettait l'amour. Le poëte maigrit de chagrin au « milieu de la froideur des nuits. Comment voulez- « vous que je ne pense pas à votre rare beauté? Si, « pour mon bonheur, elle apprend les tourments que tt j'endure, pourra-t-elle rester insensible à mes peines?

« Pé-min-tchong, de Ho-tong^ salue cent fois la jeune tf beauté a qui il vient d'exprimer ses sentiments. »

' ( li pleure. )

522 JOURNAL ASIATIQUE.

Si , dans ce monde, je ne pub vous renconticTy mon unique désir est de vous revoir dans la vie future.

PAN-SOU , prenint la lettre.

J'ai f espoir de faire réussir votre projet de bonheur; mais, si ma démarche reste sans succès, vous pourrei m accabler de justes reproches. Monsieur, le temps va vous paraître bien long; il Êiut cependant que j aille rendre réponse à madame.

( EUe tort ) PÉ-MIN-TCHONG.

Fan-sou vient de partir. Elfe se charge de pré- senter ma lettre. Dans quelques instants peut-être elfe aura vu Siao-man. Si elle obtient de sa jeune maîtresse une réponse favorable, ce sera pour moi le comble de la félicité; mais si elle éprouve des obstacles , quelle figure pourrai-je faire dans le monde et comment sou- tiendrai-je les regards des hommes? Hélas! quelle que soit l'issue de cette affaire , ma vie touche maintenant à son terme, car je succombe sous fe poids des cha- grins que l'amour me fait endurer.

(Iliort.)

SCÈNE V.

SIAO-MAN, seule.

Depuis quelques jours une idée me trouble et ifta- grte. Je pense qu'en jetant le sac d*odeur dans le jardin j ai causé la maladie de ce jeune homme , et encore je n'ose pas envoyer quelqu'un demander de ses noi|- velles. On ma dit tout à f heure que ma mère avait

DÉCEMBRE 1834. 5fd^

chaîné Fan-sou de le visiter. Je vais attendre le mo- ment où e&e sera de reto«ir ; aiors^ fêlant de tout ignorer, je tâcherai d'obtenir d'efle quelques éclaircis- sements à ce sujet.

SCÈNE VL

SIAO-MAN ET FAN-SOU.

rAN-80ir.

C'est moi qui suis Fan-son. Dans un instant, j^irai porter la réponse à madame ; mais je veux auparavant présenter à Siao-man la lettre de Pé-min-tcboag : je suis curieuse de voir comment elle la recevra.

( Elle aperçoit Siao-man. ) SIAO-MAN.

Fan-sou 9 doîi viens-tu?

FAN-SOU.

Madame m'avait chargé de visiter Pé-min-tchong^ qui est malade.

SÎAO-MAN.

Comment va ce jeune homme?

FAN-SOU, à port.

Il paraît qu'elle s'intéresse beaucoup à IuL ( A Srao- man.) Son état s'aggrave de plus en plus; la maladie va le conduire par degrés au tombeau.

SlAO-MAMy à part.

Est*i( possibfe qu'il soit réduit à cet état ! Je n'ose l'inteFroger arec trop d-instances. Comment doncfeire? Queî remède?

524 JOURNAL ASIATIQUE.

FAN-SOU , à part

La question que mademoiselle vient de m adresser décèle à fond les sentiments de son cœur. II n'y a pas d'inconvénient à lui parler franchement. (A Siao-mn.) Mademoiselle, je viens de visiter Pé-min-tchong, qui est malade. Ce jeune homme m'a chai|;é de vous re- mettre une lettre ; j'ignore ce qu'elle contient.

SIAO-M AN , prenant la lettre et la lisant , affecte im ton nrité.

Vile créature ! il faut que tu sois bieu ef&onlëe !

FAN-SOU.

Que voulez-vous dire?

p .

SIAO-MAN.

Fan-sou , viens ici et mets-toi à genoux.

FAN-SOU.

Je n'ai commis aucune faute; je ne m'agenouillenù pas.

SUO-MAN.

Indigne suivante» tu déshonores ma famille! Sais4u . bien tu es? Tu oses manquer à ce point aux con- venances, comme si je ne les connaissais pas! N'est- ce pas ici la maison d'un ministre d'état? Je n'ai pas encore engagé ma foi ; malgré cda, tu vas prendre la lettre d'un jeune homme pour venir ensuite' me sé- duire! Si ma mère, qui est d'un caractère emporté, venait à le savoir, tu serais perdue. Petite scélérate, je devrais te briser la figure ; mais on dirait que je suis une jeune fille qui ai la méchanceté d'un démcm; on ne manquerait pas de me calomnier: mon unique de-

DECEMBRE 'l«a4. 525

voir est de prendre cette lettre et d aller la montrer à ma mère. Misérable suivante! éHf te lustigera< comme il faut. ' , :'

FAN-SOU y se mettant à genoux et riant.

Eh bien ! me voilà à genoux. Ce jeune homme ma chargé de vous remettre un billet; je ne savais pas ièn vérité ce qu'il avait écrit. Mademoiselle , si vous allez le dire à madame , »

(Elle chante. ) Vous me perdrez ainsi que le jeune amant de la ville de Lo-jang.

SIAO-MAN.

" I 11

Petite scélérate , tu es bien impudente !

FAN-SOU, tirant le sac d*odear.

Mademoiselle , ne vous fâchez pas tant.

( Eile chante. ) Votre suivante ne fera pas de bruit; mademoiselle, gar- dez-vous de vous emporter.

(EUe parie.)

Voici un objet qui a une destination.

(Eiie chante. ) Dites-moi à qui il était destiné.

( Elle parle. )

Regardez un peu.

( Eiie chante. ) Cherchez , expliquez d'où il vient.

SIAO-MAN , regardant le sac.

( A part. ) Comment se fait-il qu il se trouve dans ses mains?

526 JOURNAL AâHATiaUE.

FAN-MU.

Ne m av€z-vous pas dit : Tn es bien hnpudéate, petite misérable; sais-tu bien tu demeures?

( Elle chante. )

JN'est-ce pas ici le palais du minière d'état! CouHMnt oserais-je venir ici pour vous séduire!

(Elle parie.)

Et qui étes-vous, mademoiselle?

(Elle chante.) Vous êtes une jeune personne; comment oierai»-}e tous séduire par des propos indiscrets! Quand madame ^ qoî est d'un caractère si bouillant, aura vu cette servante qui déshonore sa maison , c'en est fait d*e!le ! Permettez-moi de vous quitter promptement

( Elle parie. )

Je vais aller trouver madame^

( Elle chanter ) Afin qu'elle me châtie comme je le mérite.

SIAO-MABr.

Fan-sou , je veux raisonner sérieusement avec toi.

PAN-SOU.

Feu le ministre detat a gouverné sa maison avec tant de sévérité que les domestiques et les servantes n osaient pas faire une démarche contraire aux rites. Aujourd'hui, mademoiselle^ vous mettez en oubli les instructions que vous avez reçues dans votre en&nce; vous ne cultivez pas les vertus de votre sexe; vons désobéissez à votre tendre mère , au point d'envoyer des billets à un jeune homme. Vous faites comme ces amantes qui franchissent les murs ou les percent pov

DÉCEMBRE 16M. «7

voir lobjet de leur passion. Vous promettez votre cœur a un jeune homme et vous lui donnez un gage de votre tendresse. Ces jours derniers vous étiez fa- tiguée de broder; vous vous disiez atteinte de cette lassitude qu occasionne f influence du printemps: il paraît que c'était pour cela. Voilà le larcin découvert! Cest à vous maintenant de demander pardon : loin de là, vous voulez avoir un entretien sérieux. Reje- tant vos fautes sur moi , vous maccablez de reproches. Est-ce ainsi quon traite les gens? Je ne vous fais/ qu'une seule question : Sur ce sac d'odeur vous avez brodé deux oiseaux qui enlacent leurs ailes; quelle était votre pensée?

(Elle chaoïe. ) II faut convenir qu'ils sont brodes avec art.

( EHe parle. )

Voici une touffe de nénuphars.

( Elle chante. ) Vous aviez sans doute vos raisons pour les broder aussi. Cette conduite d'une personne distinguée comme vous l'êtes ne peut manquer d'exciter la raillerie et les sarcasmes du public. ( Elle se met à courir. ) Je cours montrer à ma- dame ce sac d'odeur en soie violette.

SIAO-MAN , Tarrétant.

Tout à l'heure je plaisantais avec toi; pourquoi veux-tu aller chez ma mère ?

FAN-SOU.

( Elle chante. )

Vous ^tes une jeune personne; pourquoi agissez-vous

ainsi?

528 JOURNAL ASIATIQUE.

SIAO-M AN , la retenant tonfonn.

C'est un tort que j'ai eu.

FAN-SOU.

Mademoiselle, iie vouliez-vous pas me fustiger les reins?

( Elle chante. ) Je vous en prie, lâchez-moi!

SIAO-BIAN.

i Fan-sou , attends encore un peu.

FAN-SOn.

Est-ce bien vous, mademoiselle?

( Eilc chante. )

Comment! vous me suppliez, moi qui suis une mîseraUe senaute, de vous accorder du répit!

SIAO-MAN.

Je conviens que j'ai eu tort.

FAN-SOU.

Mademoiselle, tout à l'heure n'avez- vous pas voulu me frapper?

(Elle chante.)

Ne vouliez-vous pas meurtrir cette bouche de Fan-sou qui est vermeille comme la cerise ^ ?

^ Pe-Io-tien avait deux concnbines , Fane appelée Fan-son et l'antre Sîao-man. Fansoa chantait avec art; Siao-man ezceUah dam la danse. On trouve ce passage dans nne pièce de vers de In même ëpoque : «La bouche de Fan-sou e'tait vermeHIe comme In cerise; « la taille de Fan-eon était sonpie comme Tosier. ( Hûtairt àtt Tang.)

DÉCEMBRE l63C 5S9

SIAO-KAN.

Eh bien ! frappe-moi deux coups.

FAN-SOU. (Elle chante.) Qui oserait meurtrir ces reins sveltes comme la branche du saule?

(Elle parie.)

Venez ici ^t mettez-vous à genoux.

(Elle chante.)

Notre râle est change ; c'est maintenant ï moi de vous châtier.

(EHe parie.)

Mademoiselle^ vous paraissez émue.

SIAO-MAN.

Il y a bien de quoi être émue.

FAN-SOU.

Mademoiselle^ est-ce que vous avez peur?

SIAO-ACAN.

Certainement que fai peur.

FAN-SOU.

Mademoiselle/ nayez aucune crainte : je voulais seulement plaisanter avec vous.

SIAO-MAN.

Tu as failli me faire mourir de peur.

FAN-SOU.

Mademoiselle^ parlez -moi sérieusement. Est-ce VOUS qui avez donné ce sac dodeur à Pé-min-tchotig?

XIV. 34

530 JOURNAL ASIATIQUE.

■lAO-MAll.

Oui.

FAN-80D.

Pourquoi vous étes-vous cachée de moi?

BUO-MAN.

Craignant quon ne vint à le savoir, je n'ai pas osé te faire cette confidence.

«

FAN-80U.

Ce badinage a fait naître dans ie cœur de Pé-BÛn- tcliong l'espérance du bonheur. II est tombé malade et ne sest point levé. Depuis ce moment son état s'aggrave de plus en plus, et bientôt les seoouca de l'art deviendront impuissants. Il m*a découvert tout à l'heure le secret du mal qui le consume. Il s'e$t pros- terné trois fois jusquà terre pour éxprimisr devant moi les sentiments que vous lui avez inspirés. II m*a dit que s'il ne peut s*unir à vous dans cette vie^ son unique vœu est de vous revoir dans l'autre monde. En achevant ces mots , ses yeux se sont baignés de larmes , et moi-même je n'ai pu m'etnpécher par- tager son émotion. Voilà pourquoi, mademoiselle, je n'ai pas craint de m'exposer k votre eoière; ipoifit pourquoi j'ai osé vous communiquer cette nouvelle» au risque de faire rougir votre visage, qui est beau comme le jade. A mon avis, les traits de ce jeune homme ressemblent à une pierre précieuse : ie& joues ont le coloris du vermillon. Par fédat de ses paroles^ par l'étendue de ses connaissances, 'A l'empvt^ sur tous les beaux esprits des siècles passés. Ui^'|ouif A

décembre; itii: ssi

résoudra , en présence de f empereur, les hautes ques- tions de politique et de législatioii.:!! ne peut mc|niifiier d'arriver aux premiers hpnneiirs littéraires. II ioi est aussi facile d'acquérir des distinctions et det ridiesses que de puiser dans un sac ouvert. Mademoiselle, si véritablement vous avez de l'attachement pour lut y on dira qu'une belle femme a épousé un.hompie de talei^t. Qui est-ce qui peut .s'opposer à cette union? Pé-min- tchong nourrit dans le fond de son cœur une passion qui le mine et le consume; il désire même que la mort mette un terme à ses tourments. Mademoiselle, l'humanité veut qu'on aime les hommes. Quel bon^ur n éprouve-t-on pas lorsqu'on adoucit les peines de ses semblables?

SI AD -M AN.

Ma compagne d'étude , tu es tout à fait dans Ter- reur. 'Est-ce que tu n'as pas entendu dire : « Quand u on reçoit des présents de noces on devient épouse ; « quanél on néglige les rites prescrits on dévient u femme de second rang? » Songe donc que je isuis la fille d'un ministre d'état. Si je désobéis à ma tendre mère et que je contracte avec un jeune homtne une union illicite, comment oserai-je ensuite soutenir les regards du public? Pé-min-tchong, à cause d'une jeune fille, néglige le soin de sa réputation; il désobéit à ses parents; il étouffe les sentiments vertueux que le ciel a mis en lui , au point de compromettre son exis- tence. Si Pé-min-tchong est un homme, il faut con- venir qu'il n'a guère d'humanité pour lui-même; et d'ailleurs corafment puis- je le sauver ? i

34.

DÉCEMBRE 1834.' IsS

u lever une pagode à sept étages. » II ii*est pds 'besbin de tant réfléchir pour compr^dre cefe; MâéeiÊioi* selle, quels ordres avez-vous à me tmnsmettm/pour que j aille rendre réponse k ce jeune hoBâtine?"»^^' ;

SIAO-MAN.

' i " > ' i ' "i ' f f f * : j' ' ' .

Attends que j'écrive une lettre; si vas lui rendre réponse , il la lira et connaîtra mes sentiments pQiir lui.

( Eue remet la lettre a Fan-«oo. )

FAN-SOtJ.

Eh bien , je vais la porter.

SIAO-MAN.

A qui la portes-tu ? *

L 7 f^^lU] <iiiy/

.*' t'i' il- /.|J''>/ ;■?,

., l'MÎf; -mf,', Ir*. >

FAN-SOU.

V-.'

»■■..!■•>•■ •/•

A madame.

SIAO-<MAN. /:. » ci .! !? ;j:'.»j;i / "

Mademoiselle 9 il faut que vous alliez la remettî^ë'â ce jeune homme; si vous la donnez à madame, vous me perdrez injusteiiiént. m .. /.i'

FAN-SOtJ.

Mademoiselle, ne vous troublez pas; c'est au ba- chelier que je vais la porter. ^j..; ^

* (Elles «ortent ensemble. )

PÉ-MIN-TCHONG et FAN-SOU.

■•''•■■ ' '■•■'

PE-MIN^TCHONG.

. .. . . .I,-.,. . .■■•■• ■'.' .

Tout à Theure, Fan-sou , après-avoir pris ma lettre

534 JOURNAL ASIATIQUE.

et le Mc d*odeur, est allée de ma part trouver sa jeune maîtresse ; mais corn Ae je ne reçois pas> de nouvdies, il me semble quil y a un siècle qu elle est partie. Si par hasard die rencontre des difficultés i que devieii- drai-je? Je vais m appuyer sur cette table et &ire semblant de dormir. ( FiiMoa entre dui le cabinet d*étnile.) (Pé-min-tchong se leTUit et la terrant dans se* bni.) Made-

moiselley vous voilà donc venue !

FAN-SOU.

Vous aussi, vous voilà venu.

PÉ-MIN-TCHONG.

Je vous prenais pour une autre. Eh bien ! ou en est notre affaire?

PAN-SOU. ( Elle chante. ) Aujourd'hui la soubrette vous a rendu un service si- gnalé.

PA-MIN-TCHONG.

1

Mademoiselle a-t-elle daigné recevoir ma {ettre?-

FAN-SOU y faisant claquer ses doigts. ( Elle chante. ) J*ai eu recour» à un petit stratagème et j'ai arrange votre affaire.

PÉ-MIN-TCHONG.

Si VOUS avez quelque bonne nouvelle , fiûtes^ moi connaître ? (|^

FAIHWir.

(Elle chante.) J'ai un billet de sa main , oh. elle a exprime ses senti- ments.

bBCEMBRE }834. 535

PB-Mlll-TCHONG.

Quel bonheur! une réponse de madémoisenê! lais- sez-moi ia voir.

FAN-SOU , timnt de soq sein la lettre sfcOi la montrer.

. « ' f * ;■ . I

( Elle chante. ) Oh ! dans cet endroit personne n'a pu la Toir.

PÉ-MIN-TCHONG.

^ . " .

., Pourquoi êtes vous insouciante à ce pçônt? Si je ne puià {a voir, ô ciel ! je mourrai d'impatienceK

FAN-SOXÎ.' ( EJle chante. ) ' Lettre stupide,'qui n*ent^ndez rien aux afiaîreft! Eh bien , votre sort est dans cette main-là.

PÊ^Ilf«-TCHO!fO. :•■■.»'

Héfeis! vous me faites mourir de crainte. (Phn-son

remet lettre à Pë-mxn-tchong.) (Pé-min-feh'engisè métitaot àge^

nouxpoar la recevoir.) Cest une lettre de mademoiselle T Comment oserais-je faf'traiter d*uile manière irrespec- tueuse ? A ttendez^ que fallume un r ëch^^ de» purfîlm . Mademoiselle^ saluez cette leUre et rfaiies; une pricore pour moi.

FAN-SOU.

Je ne comprends pas.

PE-MlN-TCHONG.

«Vous ne voulez pas; je prierai moi-mémev -

FAN-ârou. ' '*''"'

Mademoiselle n'en ferait pas autant pour vous.

( Elle chante. ) Qu'a donc cette lettre de si extraordinaire pour que ibi^s

536 JOURNAL ASIATIQUE-

brûliez des parfums en son honneur! Est-il possible que vous portiez la démence au point d'adorer an morceau de papier!

PÉ-iaN-TCHONG.

Je vais ouvnr cette lettre et h lire. Justement

voici des vers.

( Il lit les vers. ) La jeune fille est silencieuse dans sa chambre solitaire; mais lorsqu'elle pense aux plaisirs de cetïe nnit, eHe pent encore e'crire des vers. Elle est confuse de songer qu'elle aime le jeune homme qui est pre'sent à sa vae. Qui pouvait prévoir ce qui arrive aujourd'hui? Je vous ai canse bien des chagrins. Comment vous en recompenserai-jeT

FAN-son.

Vous le voyez , je viens de remplir pour vous mie mission délicate; je me suis compromise peutr-étre. J'essaierais en- vain de vous raconter tout ce que fai fait.

PÉ-MIN*TCH0N0.

Mademoiselle me promet un rendez-vous pour cette nuit; mais j'ignore à quel moment elle viendra.

m

FAN-SOU.

Elle m*a adressé une recommandation pressante.

( Elle chante. ) Elle a pensé que le jeune homme qiA occupe le cabinet est triste et isolé et qu'il ressemble à l'amant qui était plaoé dans le lointain sur la tour de Hong-taif.

PÉ-MIN-TCHONG.

*

Comment mademoiselle me traitera -t- elle cette nuit?

DECEMBRE 1834^ '• «37

( Elle chinte. ) . 4-.

Elle sera avare de sa tendresse dans la crainte d'effacer sa beauté; et cette nuit, avec rovisi:.,,

PÉ-MIN-TCttONG'.' ' ' *

Cette nuit comment se ccmdùirâ-t-âfe avec moi?

FAN-SOU ) rinterrompftnt.

(Elle chante.) ...

Le mot était venu sur le l&out de ma langue; véritable- ment je l'ai avale'.

PB-MIN-TCQONG.

Comment avez-vous pu Pavaler? Vite, pronppce^ ce mot; mettez le comble à ma joie.

FAN-SOU, kpart. (Elle chante.) ' ' .

Si je ne Te dis pas , je le tetài mourir de chàgfrin. ? '

PE-MIN-TCHONG.

Ou est-ce que mademoiselTe vous a reconunandé?

FAN-SOU. » ( Elle chante. )

Elle m'a ordonne de vous dire à voix basse.. .^. .

■»•■■■.

t.

De mediréqudi?

FAN-SÔU. (Elle chante. ) : . Qu'elle vous engage à ne pas dojrnûr ^apldjaipuit sera

i r «If

avancée.

PE-MIN-TCHONG.

Comment pourrais-je dormir cettei nuit !

■.•..i)n »t ./

...♦ .

538 JOURNAL ASIATIQUE.

FANHSOU.

Eile vous prie d attendre.

PE-MIN-TCHONG.

Pourquoi , une seconde fois^. ne pas parler daire- ment? Que veut-elle que j'attende?

FAN-SOU. ( Elle chante. ) Elle vous ordonne d'attendre ( ter. ) jasqn'i demaiD niàtini

PÉ-MIN-TCHONG.

Mademoiselle^ ne plaisantez pas. Hâtez- vous de parier clairement.

FAN-SOD. ( Elle chante. ) Elle veut que de la capitale on entende voa poupirs; die veut que voila trouviez votre oreiller trop large. et votre couverture trop froide.

PÉ-MIN-TCHONG.

La nuit approche ; je pense que Ife sôïeil va se cou- cher.

FAN-SOU. ( Eile chante. ) Nous sommes justement à Phenre de midi. Jamais je n'ai vu un lettre que l'amour ait rendu fou à ce point

PÉ-MlN-TCHONG.

Mademoiselle^ dites-moi sans détours à quelle heure de la nuit elle viendra.

FAN-SOU. ( Elle chante. ) Attendez que le tambour ait annoncé l'arrme do la

OÉCEMfiRE 1834. .

539

nuit; attendez que tout le monde de ce palais soit plongé dans un profond sommeil; attendez qu'un bruit qui se prolonge au loin parte du haut de la tour; que la goutte d'eau tombe sur la clepsjdre de j^de sofiore ; qu'une brise printanière fasse (Vernir Faigrette du phénix qui doFt sur les bananiers; que la fleur. qui croit dans ie palais de. la lune abaisse son ombre sur la. c/roe des arbres; que la jeune beauté sorte furtivement de sa chambre, d'où s'exhale un doux parfum ; qu'elle quitte ses rideaux brodés ; qu'en agitant sa robe ondoyante elle franchisse le cheroîn entouré d'une balustrade; qu'elle soulève moBeroént* fa jalousie ornée de* perles; attendez qu'un léger bruit se fasse en- tendre de la fenêtre : c*est le moment on elle viendra.

(Elle sort.)

PÉ-MIN-TCHONG9 seol.

Fan-son est partie! Lie bonheur que j'éprouve

me fera monrir; Ce iVest pas en vain que depuis quelque temps fêtais malade d amour; mais quand je reçus tout à Theure la lettre de Siao-man^ ma joie a été à son comble. Je sens en ce moment que mon appétit commence reve;nir; il j&ut que jefÂ'enne de la nourriture et que, m'habiilant ensuite avec rie- cherche, j'attende l'arrivée de mademoiselle. Quand nous nous trouverons ensemble , iiotre joie sera sem-^ blable k celle du poisson qui boudit. dans les flots, notre félicité douce comkne celte de Yu-feï. Je crains seulement que ce quart d'heure^ ne soit pour made- moiselle une source d'amertume.

I

(II sort)

PIN DU DEUXIEME Acifis.

{La suite au prochain cahier. )

. s

Xi.-

i»^

.ViO JOURNAL ASIATIQUE.

ESSAI

D'une traduction des Séances de Hariri, précède de qui- ques obserrations sur la poésie arabe, par M: S. MvinL

En offimit à des lecteurs français quelques échan- tillons d'un des plus célèbres écrivains «anbes, dont le nom 9 au moyen âge^ retentissait depuis les froih tiéres de ia Perse jusqu'aux colonnes dUereide, el dont les poésies faisaient les délices des beaux esprits ' de rOrient et de FOccident^ je ne me cache pas tont ce qu'un sembiaMe essai a de téméraire et de )aé- somptueux; car les formes dont ce poêle a fe^u M compositions spirituelles , et qui ont tant de chanae dans la langue originale , ne sont que trop éliai^g[èm aux habitudes de notre goût, et j'ai besoin de réoh- mer. l'indulgence du lecteur pour cette flew orintdb transplantée sur le sol européen.

Parmi les gens du monde , à qui cet essai est par^ ticulièrement destiné^ il n'y en aura peut-âti||^Bjiiii petit nombre qui connaissent le nom dei Haiîri^.dy pour leur parler convenablement de cet dGfiiwn,t je suis obligé de remonter plus haut dans l'histoire de Ja poésie arabe. : . ..

On se forme ordinairement^ dans le monde ^ une idée peu exacte de Fancienne poésie arabe ; on croit retrouver l'Orient avec son imagination ardente, ti^^ images hardies et ses hyperboles. Lioin de fit, b

f

\

i*

DÉCEMBRE 1834. Ml

poésie arabe ^ 'avant Mahomet, pèche par ie dé&ut contraire. Elle est souvent d'une simplicité monotone comme les sables du désert; on n'y rencontre presque jamais de ces idées élevées qui exaltent fàme , de ces sentiments nobtes qui touchent le cœur. On est* tout d'abord étonné quand on met ies chants detf Arabes à côté la Bible; on se demande comment deux peuples issus de la même souche, habitant le même climaè, environnés de la même nature^ et dont les langues ont tant d'analogie, ont pu être, l'un si éminemment' poétique; l'autre totalement abandonné de la muse. Quelles que soient vos croyances, que vous regardiez fa Bible comme une Révélation divine, ou que vous la lisies»comme un livre profane, si vos préjugés n'ont pas été assez forts pour étouffer dans votre cœur la dernière étincelle de sentiment poé- tique , vous ne serez pas indifférent aux beautés du chantre de Sion.

Chez aucun peuple , la poésie lyrique ne s'est élevée à la hauteur des psaumes et des prophètes ; mais tandis que les prophètes font retentir leur voix éloquente, qu'ils inspirent à ceux qui les entourent une sainte terreur par la sévère vérité avec laquelle ils dépeignent le vice, la plus douce espérance par leiirs touchantes consolations, l'Arabie est encore' dans un profond sommeil; aucun souffle de poésie ne pénètre dans la tente du Bédouin,' ni dans les palais brillants d'or et de pierres précieuses et embaumés des parfums les plus exquis. Plus de dix siècles avaient passé sur les tombeaux des prophètes lorsque f Arabe fit retentir

Mi JOURNAL ASIATIQUE.

les premiers sons de ses chants monotones. Mais cette diATérence entre les Hébreux et les Arabes s'espUqae facilement r c'est que ces derniers mani|aaient non- seulement de la grande idée qui inspirait le poSte hébreu, mais en général de presque tous les élémeats de la poésie. La religion tles anciens Arabes, le aa« béisme, était trop peu polythéiste pour fournir & une riche mythologie; eHe était trop païenne pour povt voir inspirer les sentiments élevés que nous adaûrons tant dans les psaumes. Les Arabes, avant Mahomet, n'ont jamais joué un grand râle dans fhistoîre; ik ne s'est conservé chez eux aucune tradition de héros fih buleux/ ou de quelque événement mémorable de lantiqgité. Deux choses s'opposaient à ce que l'amour inspirât à l'Arabe ces sentiments* noliles et ^cette mé^ iancolie qui en forment toute h poésie : la dégradation de la femme , et le manque de sensibilité dont leurs «inciens poètes se font ^oire. u On pleure sur noms, » dit l'un d'entre eux, mais nous ne pleurons sur per^ «sonne, car nous avons le cœur plus dur que Ses u chameaux ^ » Et comment avoir une poésie sans rch ligion^ sans amour/ sans mythologie, sans histoire ?■,• Ce- n'est que peu de temps avant Mahomet que te A rabes com mencen t à sortir de leur léthai^e. Un grand événement se prépare pour les peuples arabes; cet évé- nement ne peut être regardé comme un simple Imsard; il doit avoir son fondement dans le besoin de Fépoqi»,

* Hamâsa, pag. 99i, Le commeotateiir Tebmi obaerye'qpM les anciens Arabes se vantaient d*étre durs, et qae c^étaît cbei enx nne chose honteuse que rerser des larmes.

IMÉCEMBRE 1SS4; ; Md

dans le besoin qu'éprouvaient ces peuples «le tourner enfin leur pensée vers quelque cbose plus noble que les querelles des tribus et les vengeances. Ce bèscôn .se fait sentir vaguement , mais les Arabes ne possèdent pas les moyens de le satisfaire; il faut. attendre que des secours viennent du dehors (ib leur seront otktu par ia religion. .Le. judaïsme etle christkinfsmè vien- dront, enfin leur ouvrit un noiiveaii monde d'idées et de sensations; et la voix. des. propt^ètes ^ après tant de siècles, trouvera enfin quelque retentissement parmi les nomades du désert. En attendaÉii le vague désir d'élever son âme, d'ennoblir ses passions, donne i l'Arabe quelques écfairs d'ejithousiasme; il a quelques élans poétiques, mais qui ne peuvent pourtant l'en- traîner hors du cercle étroit de ses idées. Un beau

chameau, lin noble coursier, une lance droite, une flèche rapide, une épée étincefante, quelquefois une belle femme: voilà à peu près tous les objets qu'il sait décrire. L'hospitalité, voilà toute sa vertu; ia ven- geance, voilà toute sa passion; valeur, voilà sa gloire. Ce sont les idées que vous voycjz se repro- duire sans cesse dans les poèmes qui précèdent l'ar- rivée de Mahomet, et que l'on peut regarder comme les précurseurs du Coran.

La plupart des chants arabes roulent sur la valeur; mais la valeur, pour être noble, a besoin d'une noble cause. Or ce qui l'ennoblit le plus, le patriotisme ^ est une vertu entièrement inconnu^ aux anciens Arabes. I^ patrie de l'Arabe, c'est sa tente; sa famille, sa tribu: les différentes tribus sentretuent quelquefois

544 JOURNAL ASIATIQUE.

pour la plus petite chose, et la victoire remportée dans une expédition de piilage est le d%ne sujet de leurs chants de guerre. Peu leur importe cjue k vic- toire soit noble par elle-même , ik ne célèbrent point la valeur comme vertu ; elle n'est pour leur insuppor- table orgueil qu'une occasioti de sèche vanterîe. Celle observation n'a pu échapper au plus profond peitteor des Arabes , Timmortel Abou I-Waiid ibn>-Roachd.

Averroes che 'I gran commento feee,

dans son commentaire sur la poétique d'Arisfote, s'ex- prime ainsi au sojet de la poésie drabe : « Les diants «arabes 9 comme ie dit Àbou-Nasr\ ne traitent, en u grande partie^ que de choses lascives; car le genre « qu'ils appellent erotique n'est qu'une excitation au « vice. On devrait donc en écarter tes jeunes gens et « ne leur laisser lire que ceux Ton encourage à la « valeur et à la gloire ; car les Arabes n'ont câSxé a dans leurs poèmes que ces deux vertus, quoique au ufond ils nfen parlent pas pour encourager les (( autres, mais seulement par manière de vanteriez » Des sentiments plus élevés animent qufiîqués-uns de ces poètes qui eurent l'honneur de voir ledks poèmes affichés à la porte du temple de la Mecque. Ils ont des accents pour un amour plus noble que celui dont parle Averroes; di et la ils ofirent des traces de vertus bien au-dessus de F^obme de ienn contemporains. Lébid, l'un des plus célèbres parmi eux 9 vit paraître le prophète, qui, au nom du Dieu

^ Cest le philofophe Aboa-Nasr al-Farabi.

DÉGBMBRE 1834. M6

unique^ annonça aux peuples effraya le graiid four du jugement.

« Ceux^ dit Mahomet, qui ont abandonné bt^dixtc» «tion, pour prendre en' échange f erreur, n ont tire a aucun profit de ce commerce et nont pas été bien (t guidés. Us ressemblent à ceux qui se sont efforcés «d allumer un feu, et lorsqu'il faisait dair autour « d'eux, Dieu leur a enievé la lumière et les a laissés « dans les ténèbres, ils ne distinguaientiplus rien; « ils sont sourds, muets et aveugles, et ne trouvent « plus de retour. Ou bien ils se sont trouvés comniè u dans un orage du ciel qui reqferme les ténèbres , le «tonnerre et la foudre, et au mugissement du ton- a nerre ils mettaient les doigts dans les oreilles ^ oraF- « gnant de mourir; mais la divinité entoure les « incrédules. Souvent la foudre était près de leur «n- « lever la vue; lorsque brillait Téclair ils faisaient quel- ce ques pas , mais subitement ils s arrêtaient, enveloppés « de ténèbres. II dépendait de Dieu de leur ravir l'ouXe u et la vue; car Allah est grand et tout-puissant. » Lorsque Lébid eut entendu ces paroles de tonnerre, il brisa sa lyre et se résigna^; car certes il y avait

m ' -

^ Le verbe arabe aslam (k Tmûnhif isidm) yeat dire soumeitre, résigner; de se résigner à la volonté de Dieu, An participe .on dit moslim. De viennent les mots musulman (homme résigne), et islamisme (rësignation). Le'bid, dit-oft, 9*a fait que ce seul vers après sa conversion : « Grâces soient^ rendues à Dieu de ce que « Theure de mon tre'pas n*est point arrivée avant que |e me fusse « revêtu du manteau de Tisiamisme. Voyez Caliia et Dimna , ou Fables de Bidpai suivies de la moallaka de Lébid, par M. SflVeitre de Sacy, pag. 128. " ...

XIV. ' 35

i. il denk cent tb» am «HÉMipMMB de Toaiiiie aunoBe cdom «fin reaHaiièiftàaM voaft, £ cen^ u ouavau avec rwa» kar [iiatii lUfi. ■laift OR recul cunme amcie de for qK'on paaial meux ocre uiHt le Cuian, cl ceinict, mil y mtmtét ;bqi nniaufe uaDan», un ^lifaoB, fmfy^lmfimt

La Petse . li vru . d. pn navv' le Cunn : sa» la ( >aire lea Arase» «t ie» Pn'iiM C3iai danaairi ::XBiau une cmumiKn ancienBe qa» ^HtV' dnw- atenr 'W l'isHimBiH: na puesinpor; EtitfpgB-^ vfatMjiKc s DU mouiiiw ie çvbib pnéhy rfai Bt— > -^ iuL (louDcr une MMiveîi» (iinctÎDa, nMék S hh fi :e uer. Chez ies Antoea, lu coutnire, leConn <b- ntt <iveâier ie i^enie et crver iW pniitw; iMi vaM Toon ^t fe tetDtniiese pénétrer (te ceqa.'B y wmI rfi? ^M>nqu« iJana ilslani . le dogme prévdKt, et fc i«ttre toa ie i^iiie. Lcâ poète», penas» fiat SHmtf «Hi^ ia p(W^ie In dinin "t -es légendes s Is li >inatîon He la Perse, et ils ont prodoit ^fï.cKfit (i'aravrt; n»is aucun lies versificutous a

DÉCEMBRE 1834.. 547

se mesurer avec les Firdousi, les Djami, les Hafiz^ et si quelques écrivains ont prodigué le nom de grand poète à 1 ampoulé , à lorgueilleux Moténabbi ^ celuî-ci a trouvé 9 parmi les Arabes eux-mêmes , des critiques sévères qui refusaient de lui reconnaitre même un ta- lent médiocre. En effet il a les, défauts des anciens poètes arabes sans avoir leur simplicité.

Sous le khali&t d'AImansour^ le besoin matériel, et non pas le goût, porta les Arabes vers les sciences de la Grèce. Les chefs-d'œuvre des poètes classiques leur restaient inconnus ; on fit traduire du grec en syriaque, et du syriaque en al^be, une fdule de livres scienti- fiques , et ce furent surtout les œuvres d'Aristote qui devinrent le foyer d*une nouvelle civilisation parmi les Arabes. On les cpmmentait, on tâchait de les mettre d accord avec le Coran , et une tendance analogue à celle du scolasticisme se manifesta dès lors dans f esprit des Arabes. Cette tendance n était pas propre adonner de lessor à la poésie, et bientôt la science grammati- cale, poussée à un. excès de subtilité et de sécheresse dont un Européen peut difficilement se former une idée , acheva de tout prosaïfier et de noyer dans des commentaires prolixes et sans goût les véritables beau- tés poétiques, déjà si rares chez les anciens Arabes ^

Le scalpel des grammairiens se mît aussi à analyser les beautés extérieures des anciennes poésies. Si clFiez. les Grecs tout qui a trait à la poésie est un don

^ Le commentaire de Zoiixeni sur les sept IfoalUkAt fah ioï une honorable ezcejltion, et mérite d*élre signale à causa de sa fo- cîditë et de sa concision.

35,

M8 JOURNAL ASIATIQUE.

d'Apollon et des Mnses , H n'en est pas ahut chez let Arabes. Dans leun riiythmes on ne trome pu k musique des vers grecs et romains ; excepté deux on trois au plus, ces rfaythmes n'ont rien d'harmonieiiz- pour Toreilie. Aussi faliut-il à Khaltl ben- Ahmed, inventeur de l'art métrique, un singulier fausnl pour lui faire découvrir la prosodie des vas ancieni. L'a- necdote que l'on raconte à ce sujet est trop cnact^ ristique, tant pour la prosodie arabe elle-inéme que pour l'esprit des grammairiens, pour cjue Ton ne itie permette pas de la citer ici : Khalil se promenait on jour dans la me des Foulons , k Basra ; les battements des fouloira frappèrent ses oreilles par lenr cadence variée; il entendit dans une maison dak, dins ane autre dak dak, dans une troisième dakak dakak. Tout rempli de cette douce harmonie, Khalil rentm

chez lui et trouva fc prosodie arabe K

Lie goût se corrompait de plus en plus; h rime, que l'on trouve déjà dans les poésies ancieniies et dans le Coran , commença à jouer un très-grand rNe dans les compositions des Arabes; elle devint presque indispensable, même pour la prose; tout écrivain

' VojH le commcnUire lar lei Séancci de Hariri ,^Mg. 451. Ia connaiiunce de la prosodie tat abialameat nécMnin ptnr rintelligcnce ia ven arabei, et Ici orientalUtei iontaU Mvoîr gréiVt. SilTeilre de Sscy d'avoir traité cette mMîère diaa U wh^. Telle iditàoa de m grammuré arabe kTCe la clarté al bi précWM qu'on Iniconuail. L'ifcrit du célèbre orientdiatc, qui poite le titre modeste de Traité élémentaire de U proMdi« et de Tut mAt«f>* dei Arabet, reofenne toat ce quT i^e qui eit digne d'dtre an.

DÉCEMBRE 1834. &49

qui se piquait d*ël^nce ne pouvait se dispenser d'é- crire au moins la pré&ce de son ouvrage en prose rimée ; niais on alla jusqu'à employer cette nianière d'écrire dans des ouvrages d'histoire, qu'on rimait d'un bout à l'autre.

Bientôt on ne se contenta plus de la rifné, qui était devenue trop commune et qu'on commençait à trouver monotone.. Les écrivains élégants tâchaient donc de donner à leur styie un nouveau charme par toutes sortes d'allitérations, d'assonances, de jeux de mots, etc. Ainsi.de la corruption du : goût ^ naquit chez les Arabes lin nouveau geiire de poésie,, line es- pèce de prose rhythmique, qui, bien icxécutée, avait ie plus grand charme pour l'oreille. Cette prose; se composait de petits membres rimes et consonnants; et souvent le parallélisme des différents membres va si loin que chaque mot de l'un trouve sa rime ou sa consonnance dans un * mot de f autre, comme par exemple dans la première makama :

II cadençait avec harmonie ses idées pr^'cieuses ; II annonçait à la compagnie des pensées sérieuses. '

Et dans la troisième :

Et lorsque nous engageâmes d'aimables conversaft)onif , Et que nous nous égayâmes par d'agréables iimprovisatîons. En jouissant des attraits d'une gracieuse éloquence, Et en bannissant les traits de (a hideii|e médisance.

Dans une langue aussi <iche en mot£» que la langue arabe , et dont les formes grammaticales ofibent assez de facilité pour la rime et la consonnance , cette prose

la.

550 JOURNAL ASIATIQUE.

rimée est phis facHe que dans aacane antre tangée^ et H nen est aucune H soît aussi aîaé de frire um long discours sans rien dire, en répétant toujounia même idée par d'autres parties. Aussi la plupart de ces compositions rhythmiques n'ont de WÉriie que dans la forme ; ie contenu est souvent frivole et oltme absurde. Nous devons donc d'autant ]dus adinnnel' M poète qui , en donnant à ses composîtîoiis les feraies les plus gracieuses , a su en même temps eilDoblir eés formes par un esprit pétillant, ^r une iinaginiMiSÉ vive, et qui, dans un chef-d'œuvre d'éloqtenoi/S tracé le plus grand , le plus riche tableau lies moMrt de son siéde et de la sphère inteHectuêflc de aéa eob^ temporains. Ce vaste génie, c'est Abou-MobauÉBied al-Kasem aUHariri, qui, par ses makamaooaéaEoees^ a acquis ie plus juste titre à f immortalité.

Le mouvement hritellectbel imprimé buk An£ês par l'étude des sciences et de la philosophie des Grecs, en fit, comme Ion sait, le peuple ie plus civSîaé'dv moyen âge. Le besoin de s'instruire alla toujours crois- sant: on établit des universités, des académies,: 2 se forma des sociétés savantes , et rien, à ce qu*il paraît, ne fut plus fréquent que ces réunions littéraiifèrf/où le bel esprit faisait briOer son talent par dea impiûln' sations spirituelles, par des nouveifes amusritttés^et par des tours de génie de tout genre. Une settibiBoIe réunion s'appelak medjlis ou makama, et ce dernier nom a été donné aux nouvelles mêmes qu'on y 'ra- contait. Plusieurs poètes composèrent des nmivcUii sous le titre de maka$na; un des plus c&iblipm hk

DÉCEMBRE 1634. SBi

Hamadani , sum^mmë B^di al-Zéniân (fo prod^é du siècle)^ qui en compitifia jtisqu'à quatre cent»;'^ mais; s'il &ut eh juger par le^ eitrfiits publiés par MMU^ii* vestre de Sacy et Gningerét éti Lagi«iig6/4e8<«ëaticès de Hamadani sont bien infiérièures à celles de'Hàpitt. li'y a dans ie style du prétmer bearucojyip iiM^ihs)d'artj éi ses personnages manquent tout ^ =£Mtf€{e -oe.jqué Harirrasudonner aux siens sjpirituel^ détpi^attt et d ordinal. 0èst donc Une' trop* grandv'biodqslia'y ior^ue ce dernier^ dslns stf pr(^oe> s'aj)peHeiIuiHpeiéiné uii boiteu3b,<{m ne saurait atteindre iti(«r»ifrMA»j(iia^ màdani). Aussi i'onvrtfgè de^Hamaidbhisi^^^i sét)iUia(tiè^. remafit n^igë par les savants arabe», tandis qui^efehii dè'Harirî a trouve une foule ccntittieiitafléùra.*' ^^i* - De Basra, oii florissE^it Hariri , i h fiti^ JûC" sièete^j son nom s était répandu jusqu'en Espagne^ etîiivprf* nétra dans les éoclee des^ntbfeins, qai-prenaieiit ilors une part si ^active aux études des fmistthiq[ni;'''Uîi rabbin espagnol du xtil^ siècle^ Yéliduda'al^liariaFj qui^ après avoir traduit en hébreu les séài^ces fla^ riri^ composa un ouvrage du même genrosbus^ié'licr^ de ThéêhkémonP, (Biij danfi»- la pré&ce de oa^ciemîer ouvrage, un éloge pompeux du |k)ëté afàbe ,j«k H-dit ebtre autres choses , en jouant sur les mots JLd pàèté «te plus célèbre est Hariri, et tout poète aiftre que « lui est «nW ^ w ■■! I. ■]■■ - -ri '>ii ...

I

^ II mourut Tan 516 de Thëffire, vers 1 ISâ de l'ère ciirétieniie.

* Voyez sur cet ouvrage la notice de M. SHyçstre de SecTf in- sërëe dans le Journal asiatique , mois d*tfctobre ISoal

' Aririi'^'^y), en hébreu, vent ê^re sêmà ekJbkW/MiiriiB,

DECEMBRE 1834. â53

Bon cœur, el, qui plus est, sa boune, car c'est le but principal d'Abou-Zéid , qui n'a jamais le 90U, «t qui pourtant aime la bonne' chère. Par ses talents di^ tingués il aurait pu souvent foire fortune et être âevé à de hautes places, mais il ne peut se résoudre à s'ar- rêter nulle part; H n'est heureux que dans la vie tk- gabonde , couvett de haillons et tenant dans sa main le bâton de pèleriiiage. Tantôt nous le rencôatrans comme prédicateur; ses sermons font verser- des biv mes, et lui pourtant, dans son intérieur, se rit (Us préceptes rdigieux. Tantôt H est plaideur^ et H se trouve alors qu'il s'est entendu avec son advcnéirc pour duper le juge. Ici itest tàéndiant, boheuxou aveugle; maître d'école,' improvisateur ou médecinL Partout il rançonne les gens; fâat de mendiaint lui parait le-^meilleur que l'on puisse choisir, et c'eat.cet état que vers la £n de ses jours il recommande vive- ment à son fîls. Enfin , lorsqu'il sent «pprocher le terme de sa vie aventarî^e, il sa convertit sincère- ment, K se retire à Saroodj, sa viflcnatale, et là., solitaire et adonné aux pratiques rdigieuaes , il attend son heure suprême. lei Hareth ie voit pour der< nière fois, et les deux amis, avec Knisincèréfattendrisr sèment, se disent les dernier^ adieux. C'est le canevas sur lequel Hariri a' composé ses cinquante

S'il était permis de trouver une all^rie dans le personnage d' Abou>Zéid , je croirais que c'est le génie arabe personnifié. Abou-Zéfd résume en lui ce génie avec ses tendances variées, avec ses formes multipliées;

bM JOURNAL ASIATIQUE.

l'empire du inonde lui appartient, il est partout^ et ne trouve pas de bornes à fëtendue de. sa domination. Ce vaste génie nhinit en lui toutes les qualités inteUeçi> tudieSy i{ a cultivé tous les arts et toutes, les acienpea; mais le vrai repos, la vraie consolation , il neiesItodvÉ enfin que dans la résignation deflsbin. . ri

. Plusieurs des séances de Hariri ont été lndiutes.0|i fnuiçais: deui par M. S3vestre.de ^acfjiJaai wk Chressomathie arsbe, et quelques aotrea.idana'Jks Bfines de FOrient et le Journal asiatique. i. I . ...jai

J'ai voulu essayer de donner au lecteur. fran|fiîs^4Nf échantillon du style Hariri. en Mivaniifevnpli donné par le rabbin Haran, dans sfi -tlvdufithmilMf braïque, et par M. Frédéric Rûckert9«dans.awi|iAfti morphoses d'Abou-iZéid ^ •. !. iu^>.',>.*î

Le premier essai de ce genre £iiL :en. languie ftiOf çaîse pourra servir au moins à at>peier raitentiqp jdps littérateurs sur le poète, qui £nt le plus giMjcI^daas le seul genre de poésie les Arabes aient' eiocAî; J'di tâché d*imiter fidèlement la: fonne. de Ao|%Jnai arabe. Cette finrine. consiste en une prose*riniM^.tf8i que je lai décrite plus baift, et qui est eoJtnmUâ^ÂÊi vers, l'on retrouve en. général tbutés ieSi «pkrtîoiir

' Die Verwandlnngen dei Ebù-Seîd Ton Sènf oder diè^ me* des Hariri. 1 voL lii-8«. If. Rflckeit «voivar lement Favantage d*an grand talent, maû anad celui ^éapfp^jiu» une langue pitfi riche, et qui se prête daTantage à cette aoiiie compositions. Nëanmoins il a' dh et se permettre*^ tiprm siens un peu forcëes et des liee&ces dans les rimes, floas qp iifp port, ii m'a fallu suivre son exemple; mais je ii*«i en mtbÊJbfffl^* ni même le de'sir ^embellir les vers arabes, comme Ta trop aonfeiit Fait Fing^nienz traducteur allemand. '' " !" '

DÉCEMBRE 1834. "" S6b

larités des anciens poèmes arabes : ce sont dés pîècies de vers qui ont d un bout h Tautre fa même mue. Ordinairement ces poèmes, appelés kassida, se di- visent par bétts, ou distiques, et la rime ne se trouve qu'à la (in de chaque béit; mais quelquefois, et chez Hariri bien souveAt, la rhne se retroÛTe à chaque vers; et les grammairiens prétendent que dans ces vers, q^'iIs appellent meschtour, il y a suppression d'un hémistiche entier. Les deux morceaux de la troi- sième makama sont de ce genre. J*ai tâché autant que possible de rendre vers par ytT% , et nia tradtic* tion n en a ni plus ni moins que f original. Ces* vers sont presque toujours inférieurs à la prose, et en gé^ néral peu poétiques; on y remarque plutôt destonrfc de force et des difficultés vaincues que tiè f inspiiiî'- tion.

Le Style des Mille et une Niifts a sou Vent de f ana- logie avec celui des Séances; inàis en général /il est moins recherché, h Hme et le parallélisme y sont moins fréquents et d'autant jdùs agréables lorsqu'ils se présentent. La traduction de ' Gaifahd , (|uèl que soit son mérite, iie peut donner qùuiië idée impar- faite de loriginal; et s'il est vraf qu'il 's'y trouvé des passages qu'il serait impossible de reprodàire danslirie traduction / des passages qui auraient &ît rougir fa chaste société du Décaméron , il y a d'un autre côté maint trait caractéristique que Galfand a effacé sans nécessité, et on y trouve de très-joIis vers dont tra- duction française n offre aucune frace. ''

Si les morceaux qu'on va lire sont àocuèvUîs^ 2t1/^

556 JOURNAL ASIATIQUE.

faveur, je me propose de publier un choix des Séances de Hariri et de traduire aussi de rhébren quelques séances du Thahkémoni du rabbin atlIariD.

PREMIÈRE MAKAMA.

LE PREDICATEUR.

Hareth ben-HaDunâm raconta :

Forcé par la misère de visiter une terre étnm- gère^ je préparai le bâton du voyage et Je wêb séparai des compagnons de mon £ge; et voilà que le sort me mène à Sanaa, dans fe Yemàne* En y entrant , je vis dépouillée ma vdiae, pat'^'soo^ liers ni de chemise , pas un sou à cacher dans ma poche y rien à mâcher dans ma sacoche.— Je par- courus les rues comme un hcmime qui flaoe^.fe yolai par les sdiées comme un oiseau qui plane. Sur les marchés ennuyeux je cherchai des yeux rr^. un homme généreux —pour lui ouvrir viaîèns— net découvrir ma misère, ou un hoQime lâeQ Sefi dont le sourire aimable pût délasser mon casur-^ec le dire agréable e&cer ma douleur. Enfin',' an beat de ma course, je cherchai une ressouiy ...datw des demandes d'adresses faites avec pc^itetieal-rrr Avec ce moyen , je parvins enfin ,-r-. par .ime.gé-i néreuse indication, à une nombreuse réuqiony^r*^ je vis prendre des alarmes, et répandre dm larmes. Je coudoyai de tout côté pour pénétmir

dans, ce mystère , pour connaître la chose eritîèfe ,

DECEMBRE 1834. 5S7

la cause des larmes améres; et je vis au milieu un personnage dans fappareil du plèlerînage. II avait la stature^chétive et maigre^ la voix plaintive et aigre ; il cadençait avec harmonie ses idées pré- cieuses;— il annonçait à la compagnie des pensées sé- rieuses. — Et autour de lui la foule bourdonnait et Tenvironnait^ comme le halo entoure f astre de la nuit et le calice le fruit. Et sans bruit de lui je m approche pour écouter ses reproches et pour ramasser avec attention une parole de son sermon, une perle de sa leçon. Et voici' ce qu'il dit avec vigueur et articulation , avec ardeur et gesticulation, dans la chaleur de l'improvisation:

« O toi qui t'oublies dans les joies et les folks ; tt qui flânes, --r-' qui te pavanes dans l'appareil « de l'orgueil, qui t'emportes dans ta stupidité, M qui te portes vers des futilités; jusqu'à quand u répéteras-tu tes erreurs et te repaitraS'tu de tes u horreurs? Jusqu'à quand veux- tu t'adonner à tes tt forfanteries et ne pas abandonner tes plaisante- « ries , braver par ton allure le maître de ta che- a velure*, irriter par ta conduite indiscrète cdui « qui connaît tes voies secrètes, te dérober à la vue tt de ton prochain , tandis que tu es vu de ton gar- «dien, cacher à l'esclave ton chemin, et rien « n est caché à ton souverain ? Crois- tu que ton en-

^ Littëraleinent le maître on le roi de ton toupet, Cest une af- iniion à un verset dn Coran ( ch. xcvi ; T. 1 5 ), Dieu dit : Certes « 8 H ne s^abstient pas ( da pëcbé) , nons rentraîneronB par le toi^eC <i ( dans Tenfer ). »

558 JOURNAL ASIATIQUE.

« tourage te servira quand l'heure dii voyage arrî- ii vera? que ta possession te gardera qaand Ion « action te perdra 7 que ton r^ret te dëbnHifflen a quand ton pied s embrouillera? que ta, fioniBe a te surveillera quand le cercueH t'aocnefflen?— r a As-tu marché dans le chemin de k-raison?- u cherché le moyen de ta guëriaon? -> aa-ta a f aiguillon de la rébellion 7 as-tu repousse ie tow* « billon de ta passion? Quand f heure mdheoraue a arrivera y quelle ceuvre pieuse te snnrnria?-— u Quand ta tête blanche te TannonGera»' qu'est-ce « que tu avanceras 7 Quand dans la tombe ta repcH « seras, qu'est-ce que tu opposeras aux question* « qu'on te posera ^ ? Quand devant Dieu tn pbide- « ras , qui est-ce qui t'aidera ? Depuis longleips tfles années t'atteignaient pour t'éveiller,-— màistu u feignais de sommeiller; on avait beau te dësabnisr a et t'avertir, tu as refusé de te convertir.— ^Detant u les amples exemples tu faisais Taveugie; devut^ia u clarté de la vérité tu méconnaissais la règle. Mainte u fois la mort s'est présentée à tes yeux, mais tu ues oublieux; mainte fois le sort ta firéaeaté un

* Selon U croyance des moBnimaiM, le d^fînat; nimëdîtlaaiat après la se'pnltnre et avant de se présenter devant le joge anpriMff, subit un interrogatoire de la part de denx anges terribiea de figure et de voix , et appele's Monkir et Nakir. Après atoîf fidt Tàme dans le corps, ib adressent an de'fnnt les qnettiona Qnel est ton maître? Quelle est ta religion? Qnci ot tam pn^to? Si rhomme fait les réponses convenables, il s'uidoil eia^.jipp»- ments jouissent d*un doux repos ; si , an contraire , il 9t.■^t fp |n^. pondre , den chàtîmtrnis terribles lui sont réservés.

DÉCEMBRE '1834. 560

« remède pour ton aide ; i-tu le voyais, *— mais ne <i l'employais. Tu aimes mieux prendl^ tme obole « que d'apprendre une parabole ; élever un édi- if fice 'de géant' que de prélever un bénéfice pour a Tindigent; soHiciter un subside temporel que « de te féliciter d un guidé spirituel. Tu préfères « les oripeaux et ia vaine parure au repos de la vie « future; tu connais mieux ia valeur des pierres « que les heures des prières ; -^ tu aimes mieux en- a chérir sur une belle moitié^ que de secourir le « pauvre avec amitié; les bons mcH'ceaux te sont «plus précieux que les beaux morceaux des livres f religieux ; tu sais mieux dire une gravelure « que de lire l'écriture. Tu prêches aux autres d'être « généreux , pour toi, tu le trouves onéreux ; «► tu a te récries contre Imgratitude, - et tu oublies tt gratitude; ^ tu te défends contre l'injustice,-***- u mais tu n'exerces pas la justice; , tu crains le « mortel, et tu braves Tétemei.

a Malheur à toi , mortel frivole

a Qui, plein d'erreur et plein de songes,

<^ Demeures totrjouk? dànk'Pîtresse, <ySans revenir de tes' mensonges.

a Viderais-tu l'amer calice,

(<Si tu savais tu te plonges ?x>

^ On sait que chez les Orientaux le mari acquiert sa femme par «n cadeau qn'il fait à son père , et qnî varie selon fes qualités la femme et de sa famiile, Le mémeuigge existait cbes les lascienfl Germains, dont Tacite dit : «Dotem non uxor marito, sed. uxori «maritus, offert.» Chez ies Arabes, ce cadeau s*appelle tnahr ou sadouka.

560 JOURNAL ASIATIQUE.

Et il cessa ses dameura et sécha ses pleim,

et il reprit son sac de voyage et son bAton de pèlerinage. Lorsque la foule vit ses préparatifs et son départ hâtif , chacun mit la main dlsns la bourse pour lui £iire goûter une goutte de sa source, en lui disant, c'est pour subvenir a tes besoins

ou pour porter à tes amis de tendres soins. II I accepta en baissant les yeux, et les remercia en faisant ses adieux. Il congédia ceux qui tâchaient de le suivre , pour leur cacher sa manière de vivre,

et il les renvoya de bonne manière, pour qu'ils ne connussent pas sa tanière. Hareth ben-Ham- mâm dit : Je le suivis en cachette, et sans qu'il me vit, je me mis en vedette. Arrivé sur son tar^ rain , il se glissa dans un souterrain; je lui laissai le temps de délier ses souliers et de laver ses pieds souillés. Ensuite je m'avance rapidement— ?• et je m'y lance brusquement-, et voilà notre- honune aux graves préceptes vis-à-vis d'un brave adepte, et devant eux des tartines de fleur de fiuine,

d'un cabri rôti la savoureuse poitrine de vin pétillant une mousseuse chopine. «AfaI dis-je, a est-ce ta vie intérieure et ta conduite supé- « rieure? » Alors il rougit de chaleur et rugit de fureur ; et par le regard qu'il me lançait j'étais ter- rifié, — et je pensai d'être pétrifié. Mais peu à peu sa fureur expira , et sa bonne humeur Finspin ;

et, avec un air moins sévère, il récita ces vers :

DÉCEMBRE. 1634. «61

«Je me revêts 4u trop pour bàri^- boni^ phjir^» ^ : .

<^£t je tends mes filets à .tout bord de nyierç. uje fais de mes sermons mainte espèce de rets,

<rPour prendre le gibiéi', selon tôtitéinàiDiëiré. A Pousse par le destin , j'use de tout^rWièr'f î '

crJe poursuis le lion jusque dans atkiaklmAti* «Du sort je puis sans peur Toir lefi Yiçissitudfjjij;^ .

«Je ne tremble jamais ni ne march^ en arrière u Ce n'est pas un cœur bas , ni la vile avarice .

«Qui me mène à la source oh. je mié di^éaltère." ' «Si le sort e'tait juste , on iiè verMt jarasfs ••"■'' .

«Les méchants don^iner sur. Fentier hemispfaire. »

Ensuite il me dit : « Viens, ici et rëcrëe ton àtnè^ « ou , si tu aimes mieux , reste et déclame. » Je clignai les yeux et je laiiçai à Télève un regard cu- rieux. — « Je t'en conjure, lùî dis-jë, par cèltiî qui « détourne le dommage, que tu me fasses' èbnhàttre « ce personnage. Cest, répondit-il, AÏ>ô'ù->Ziéîd le a Saroudji, le phare dés orateurs,— la tiare des littë- « rateurs. » Et je m'éloignai, je vous TasSûre, •^— tout émerveillé de cette aventure. '* * " '

TROISIÈME MAKAMA.

LES DUCAti.

.■■;■■((..

Hareth Ben-Hammàm raconta : . ,

Je me trouvai un jour dans une réu^on,^ ;^ù régnait toujours une tendre union ^ les soi;icis des amis furent toujours partagés, les malheurs des demandeurs furent toujours soulagés. Eti<H^ue nous engageâmes d'aimables conversations, ^et que

XIV. 36

501 J OURN Ai; : An AUQUE.

nous iMMt!i é^yimti'^'€«giriallhei 'init>roviafttions,

en I6Ùisâht ^és iiUi-âitf dTiifié gniiiiJfhiife^ÔqiienM et en bànnîsâint les traiu de fa hideuse médisance,

il se préisçnta à nous un. bpiteui^ personnage» en misérabk équipage ) ^-«-«et i[ dit : « O brillants mé» « iéàm de t'huttianitë, ^^ vaHIants mataddr» tie la «tsociëtj; je vous souhaite Un mâtih heiffienz, a un dejeuDer ^voureux. Jetez un fegard^ de com- « passion -»— sur un anciei^ compi^on— rquî fréqnen- ti tait aouvem votre réunion matinale ^«-^npiî ^sëaentait des présents d'une main libérale , qui posa^dait <f des biens y —des terrains^ -^ qui régalait ses hâtes fc d*ahecdotes. Hélas! le (destin au visage aôsterê u -9: changé les festins en ravac^e -et misère: Je

tt sort envieux ma accablé de lassitudes. de no^es

i:^.i; i"" ' , .; , '■ ;■ i i ■î;^.■

. If viçissitudes ; je ne tiens rien dans ma mam;

tt pUis de liaison dans ma maison : 19a ooune

« est vide, ma source fétide , mes' appartements

u encombrés, mes vêtements déiabrést mea tames

M desservies, mes etabies dégarmes; n ne me

«reste p^s un ze^tp,— r.ppiH* jaçhj^e un petit

a pain, une miette pour' niés batnbiàsi L'envie

ce elle-même se désespère.?:— de notre misère; la

« haine eHe-méme s'approche en deuil de notre

>. seuil ; notre chaussure est f eil^flùfê ; -^fàtteiUmM

'u Yiôll-e hbttV^riture; —notre ivrfeiie -^te 'fartsléssris

"-Aifetios^nuits, ImscMàAie^'-^iésttetxMpagnieji^JBbB

i .L^çriginal porte : «noo* ntutifaTdfiif 4'i|wnwak:Y>0ll'fM^f(V> ies OrieDtaaz se peiimeiit les yeaz- cTone «espèce de fard qa*fti ■»■ pelieDt cohoi, '

« pierre notre cheval, -^-J-Ia tijrre notre duv/slirfrrHeu- « reux si Fheure'pirédestînée''' accomplit noM •desti- «née, si noti'e sort ffidiève; si la ïmdiiJL nous « enlève. -— Troùyèr^î-jié parmi vous, un ooeuir géné- « reux, un remède à ma soufinince^ -^un aide à a ma subsistance ?'4«^t J'en jwe-por 4kHni cpA bi*âifait « sortir d une noble s^cbe'^ qu-&iif<rtincl'htti'^ftti rfai a rien mis dân^ mal>boucHdy»'i»-« ^ue pour Mir^je N^n-ai plaide ^dcfcïêJi^^--^Hareth Ben^Heh&piâm dite Au rë<îit de«on malheUr^--*' fetts''ie'«aiuf>^^ViaW de doutevr; ^— etypOsT «bulager sittr itïdigeûùè^m encourager son ':ëi6c|uencè y ^-^fe itÎFftî de- iK^ibôbrse im ducat-^d'Un'briUant 0ckit;-^et'iie lurîdift ^«dTPffte wiune pièce dd Vers à sa Idtiange /«^ «t fa taftfs h tf'jîrféce entière en échange. » ^'Et il^n'hésita-pasmli instant, -^ et il récita suMe*chanip îes'ver^'^duvvallf»:

»;:: ■■ '■■■■ ■• Y»; ■■ ^,^:;.''f;^ Î)rï0'i'>r a Qu il est beau ce rond jaune et d un éclat riant j

«11 parcourt f univers de 1 ouest à Torient;.

<.Etson métal sonore, etfefon lustre'brHIftttV^M^^** ^ '

(t Rend le riche joyeux par son air f oorîant,

oute anaire prospère a lui se mariant. . ^

u Que le mortel 4;herit son regard semiQant ! .

f< On le diVait d^ cœurs souffle vivifiant, , . ,

a Si ma bourse renferme ^ alors je suis régnant^

u Fut même ma tribu 'â^i]is iin sort défaillant. ' , "

w Quelle belle Juéur, o quel fêu pétilla'ntT ' ^ '

u Que sa splendeur ravit le pauvre mendiaiit ! . '

u Tel maître vous prescrit plus a un ordre enrayant ,

u Qui sans lui resterait docile et suppliant ,,

uDc^^aiit lui cKàgrin se dissipe en fujaht! ' '

, «Telle lune s'éteint, pour lui s'humitiant .

u Et Ton a vu maint homme, en soOiCpuriHlfûxhoàilIfint.

36.

>64 J OURN AL ' ASIÀTf QUE.

u Ailaiici devant lui vpreiidre un toii biénveUlânt;" i.(Am H vu de« captifs quî:y sur Jvis'appujiiQt». /• , , . " ^i HF."? " (B^^^'s ) .^ JO<!i^i 1*^^ p|be,^ûn se frayant.

Je voudrais l'adorer en le (Horifiant:

■«L* L I ', '"■il I' "•■

Mais |e crains, graiicT AlIaH| 'ton poùroli

.-.•t

poÙTolr foudrbjâni «

> I 1 1 i < » * ' . . 1 a : .J / t , «

htl il mf. tondit la. main -rrrèt^M cUt à bifin : -rr u L'Iiùiuoie d'ikonnèur déffu^e^M promesse t/rr-.Mr Je tttQnii!eiwp|}é^ge;£a verset* »rrr' JiQiiiî .cbMiniaî. kr du- cttt, Tr-.qû!il invoqua --*r. en lui. 4«Mit; «»!llo«^ ^r^ my-^foesl-dei'.ihQifl'ÇQSfiÂÙ » --tttiiSMt «dans «hajibQvdie i^s épices 7-^iel dit ; ^ Que Dieu vi)us soitpf^i^pît^pi -tr^.Ët:ap)rës^cCra;ac<iuittc,de SQqjr9iQeFçiqi^t|jrr7Tâ voUlutî nQU3.;quiUer dqns ie mptlienli))-TT^mmj]çtM9 «i onciUanlc ^-r- de. ce. qu'i {AvAît.icbaot^ st-nn^^Ufli/ji? micnt^^t^ï de le. retenir; -rr et, je, iiw WQai^i epf^té l>ç!W;teiPéfQuir,-7--£t.pourj{uil chu^K^t-r je tfiMWI second ducat ^. et je lui dis : a De flétrir sçn ravage « te sens-tu le courage .N— Il ny avisa KQfre et improy/u^^cjc cette manière ;;r;r , ,. ,

t* 01 vuua 1 cAftiiiiiicïy tt VUS yeux ii.ingiaiiey,

uËt de Tôbjet aime'^r^'spléhd^iirjQnàgnïngaiei' \ uEt du nombre aiiiôiirebx la pâleur uiorBîlfqu^' jes veL*tueux ont dit: Quiconque s'y appliquai ollai du Créateur, est un. vil hérétique. u bans lui vous uc verriez au monJe pacinqi^ei M Ni crimes a punir, m vol, ni fraude, inique* tfPour Tavarc'Ia nuit n'aurait pbini '4é panique.

I^*eaU| la'ptiii'cj en géncràt l^tiumidit^ ^ eill''ëUei2 Mt Anhm*

l'imige'ae ra'gdnJrbsit'd. '

'\ iiKi: iiiK 1,1 J. / I. I

DÉ€EHBREIJ834. ;l SM

(*Ni ch^npç prafervan^t^,4;çpjfjçux.w^ .^ .^

t'Si le pervers vous aide en un moment critique, a Ce: n'(9st •qii'en «'epfujanil^cbp'ofaennn estobOque. uHenreux qui sait bonnir cje.metd wàgnétique , a Et li'est pasiébloi^ panson^Instre^magiqiifi; .t... uQui^dit jaVeo dédain à. ce bico* ohâneoiqae ii. " <^Loin d(î mcà !i|e4»faa»i; tafaybnpîe lÛdiquéU

, " . »:».«' li »)!•'«';•» !' :. ■>■ ■'.♦« if II . f .

Je lui dis : u Tu réjouis par ta &çgnde.-rT.çQmnie a fa pluie qui abonde ; » —^ et il me répondit : « Garde a pour toi tes caresses^ et garUe^iiÀiles promesses. » Je lui sacrifiai de nouveau -rs-.et je le gratifiai dun second cadeau , en lui disant : « Loue la divinité « de sa bonté. » II joignit la pièce bien-aimée à sa sœur aînée ; et^ se louant de sa matinée, ;il quitta la loge et fit l'éloge de la SdÈieté ef de sa générosité/-^ Alors'inen cœur «aé. dîtjSquiéOcé&iît Abou-Zéid, notre rusé personnage 9. çt son, pied estropie un pur badinâge. Je le fis revenir et je lui dis r u On reconnaît ia monnaie par ,spfv enAjNcrâiti^^ « .1 mais, va droit sans crainte. -, C'est toi, me dit-iL « mon cher Ben-Hammâm^ je te salue de toute « mon âme; pui^sçs-tu Vivfé heuFclix:. -^ fWniiijôf^ « généreux ! ^^Oui, dis-je, je suis tes amis fid[èles^^ a donne -moi donc de tes nouvelles." Mbncher," << «tté^ t-H , mon terrestre voyage -i-^ se.pitttàige «•^^enAoe « les soupirs et les plaisirs; un jour, dans i orage

iu <

18 JOUHHAL ASIATIQUE

- .\ioi3 son sourcil se fronça, et le soaci iaatooçi ;

-«tea me tournaDtson reven, flniunmn ce5*en :

O r'cm pH par plùirijua je &ift le boitaUf CcK afin de fnpprr «n Mail on foo aonUgc;

.Jesuia&bra, mua &dii Mt fM> nuaMB Am*, 'Jen'MeB^àloiNr ikaa iia grand pÀtun^

' Et tt TCu me blùnaz , ji mai d»^ Ewun» ' ' On De peut acciuer ou boiteux p

L£$ PAUVRES.

I.

' Cocit <l't I* commcuttirs anbe, al a

t Ici Arabn , len^uHi fiMH fi^lM k J li <Ic lui ïetcr Ib corda inrlr dM; nr I ' '' -

•lia jpOMTCil l'aaqitehcr de ptitre.

I

DÉCEMBRE* 1834. - 897

^4>^ (:JvAa$ îwi 4^1 J>^ l? oa^ <^^>^ Cijvi^ l

TRADUCTION. -— r.--

On apprend par la traditiofi qti'ua homixre riche et couvert d'un vêtement propre 9e rçndjt auprès du prophète (que Dieu répande sur lui sa bénédiction ! ) et s'assît. Bientôt parut tm pauvre dont \m haiÂts étaient sales, et il rassit à c<!^té de f homme riche. Ce- lui-ci retira son vêtement de dessous celui du pauvre. Alors le prophète dit au riche : « As-tu craint que cet « homme ne te communiquât quelque chose de sa pau- « yreté? Non, répondit fe riche^ n A3*tu çrtint « quune portion de ta puissance ne lui. fôt Vnmmi&^l « -—Non.'— Tu as donc cr&int que ton vét^ioe|it.9e « fiit $ouiHé?— -Non,— Pourquoi donc w-tu.!agî.>ifc tf W ^rte? Q prophète de Dieu, In i^nçupipil^ii<c^ » et Satan %ont pour moi une si mauvaise owip0|^iif , « qu<t(3 om^ot L9 mal à mçsf yeui , et me feiat paraître a le biett un mal. Or je veux, pour fréparer ce. que

568 JOURNAL ASIATIQUE.

« j'ai fah^ donner à ce pauvre la moitié de mes ri- « chçsses. » Alors le prophète adressa h parole an pau- vre : « Acceptes-tu foSre que te fait ce riche? Non^ tf repondit le pauvre. Et pourquoi? dit le riche.— « C'est, repi^it le pauvre, que je craindrais de devenir u semblable à toi. »

II.

•<>MtToliMi^ j\ fj^ jS' ùJk^ A^^ u!^^ 1^'*

TRADUCTIOH.

La tradition nous apprend que Mahomet a dit : Ao « four de ia résurrection on verra une foule dliomniies « se lever et s'avancer jusque porte du paradis. * Alors les anges leur diront : « Qui êtes- voua? » Bs ré* pondront : « Nous sommes des pauvres. Qocrf , lé- M pliqueront ies onges, sans avoir rendu de-eomptt, u vous vous présentez à ia porte» du paradis I » Et 'les pauvres répondront : « Quel compte pourriona-noos

DÉCEMBRE 1834.

a rendre ; puisque rien ne nous a été donné? n Alors Dieu dira : a Vous avez dit la vérité : entrez dans le « paradis. » f ' " . .

III.

ii\jÛ (5^ àOt^iKMJyjJuê Lmi\ KfJ^ f^yA «Ut \^^jJa^^j\

r

' I f *

; il- ,•., ./j

TKADUCTIOH.

Cki tient de rimam Mpusa (qu^ le. salut. SQÎt, suip lui ! ) cette parole du Dieu très-haut : « Je n'ai point M rendu les riches puissants^ pôui^ qu'ils se montrent « généreux envers moi ^ et je n ai p^s privé lès pau- « vres de tout^ pour quxis raient méprisjablf^^^à in^ij «yeux; mais fai voulu éprouver les riçjjjies p^ ;Ii^ «pauvres. Si les pauvres n existaient pas, Jamai» leé « riches ne seraient dignes d'entfer dans ie paradis j*)^ -

G. Dij L..

; . I

I

ko . . ;.

570 JOURNAL ASIATIQUE.

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

' -

Séance du /*' décembre 1834,

M

m

M. Van der Maelen , fondateur de Fe'taUîueinent. géfh. graphique de Bruxelles, écrit au conseil pour remôtcter de s% nomination comme membre de h Société.

M. le chevalier Gaïetan Milanta, consul général du roi de 5ardaigne à Odessa, écrit au conseil pour loi.eiivojer un exemplaire de FHistoire des Kirghis-Kaiçaks , par M. de Lerrchm. Les remercitnentt du conseil seront adressa i M, Gaïetan Milanta, pour qu'il veuille bien les transmettre à M. de Lewchin.

M. le baron Silvestre de Sacy, président honoraire de h Société, présente au conseil l'exemplaire raaoMflcîntde la Géographie arabe d'Abouifeda qu'il vient de recevoir da Lejde pour la Société. U propose en.nUme;leoiy8.fllfipfii- seil de charger de la publication de cet ouvrage ^M« Rci- naud et le baron de Slane , auxquels M. Janbert, président la Société, veut bien s'adjoindre. M. de Sût j abnohce en m^me tempe qu'il commukiiquera à la oonimlbsioii tous les renseignements qu'elle pourra désirer. Cette |inqiofî> tion e>( adopte, et M. de Sacj re^oh le^ ren^eraiiieiiM*-^^ conseil.

Un membre appelle Fattention du conseil sur la néicessile de faire quelques corrections à la liste des souveraine orien- taux publiée dans le Journal asiatique an commencement de chaque année. Après avoir entendu les observations de plusieurs membres, on arrête qu'il sera inséré dans le Journal asiatique une note annonçant que le conseil,

DÉCEMBRE 1834. :' 571

rant obtenir des reiLseignemeots exacts sur F-état actuel des cours deFOrient, a cru devoir ajottraer<la.publicatîon de cette liste jusqu'à ce que ces renseignemeDts lui soient

parvenus. <■ , •....-•

/ /

^UYRAGES OFFEITS A I«A SOCIETE. ,■ ( Séance dn !• décembre 16^4. )'

Par* les auteurs. L'Inde française, ou- Collection de des^ sins lithographies reprisei^aM les 'diçiniiés, tenipleSi pa- godes, etc. /fubViée par MM.Geringeret Ghabrelieçiavec un texte explicatif par M. E. Bubnouf. Paris , 1 830. 8 liv. , depuis la 1 5* jusqu'à la 99* inclusivement. In-folio.

Par le traducteur. Les Aventures de Kamrup, parTah- cin-Uddin , tradalt de Findoustanî pkr M. GabcikdeTàsi^. Paris, Imprimerie royale, 1834. Iir-8*: ' Par Fauteur. Sur V utilité des langues orientales pouf Vétude de Vhistoire de Russie, par M. Charmot. Saint- Pe'tersbourg , 1834. In-4*».

Par Fauteur. Relation de Masoudy et d'autres auteurs musulmans sur les anciens Slaves, par M. Charmot. (Ex- trait des Me'moires de Facademie de SaintPetersbourg.) 1833. In-4<».

Par Fauteur. Précis de chronologie ancienne, par M. Tou- LOUZAN. Tome P'. Marseille^ 1834. In-4*.

Journal de l'Institut historique, V* année. Octobre. 3* livraison. 1834. In-8^

Par Fauteur. Poeseos sinensis commentarii. On thepoetry of the Chinese [from the royal asiatie Transaetiêns ) to wkick are added translations and -detoehed. pièces, hj John Francis Davis. Macao, China, 1834; ia-8-. .

'Par Fauteur. Description des ^hordes, et des eteps des Kirghis Kaiçaks, par M. Lewchin. En russe^ Saint-Péters- bourg, 1832. 3 vol. in-8*».

579 JOURNAL ASIATIQUE.

La Société asiatique a reçu, jaiqu'an 1*' décembre 18S4| les journaux «uivanta , publiés dans divers pays dePOrient: 1* Le Moniteur ottoman, en langue turque | fannéa

1950 de l'hégire (1834)9 n"' 89 et 90; 9" Le Moniteur ottoman, en français , n^ 88 ; I^ Moniteur du Caire, en turc et en arabe, depuis

le n^ 553-579, c'est4-dire depuis le 91 djetbasi el okhra

de 1949 de l'hégire jusqu'au 99 de tA? A evvei de

l'année 1950; 4** Le Journal de Smyme, sept 'nnméroavMdepaÎB le

30 août 1834 jusqu'au 11 octobre; Le l*"* numéro du Moniteur algérien^ du B.octebre.-

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M. Rûppei, savant allemand^ a apporté » diç mu vipjUB en Abyssinie, un manuscrit de la Bible doit se Ipca^ff un livre de Salomon, un ou deux livres d'EpdfiMy.j^ ad- ditions considérables au livre d'Esther^-jûnsi.qiiflS'Je tifre attribué à Enoch, et quinze psaumes nojuveaux. .

Elssad EfTendi, historiographe de l'empila ottàUafi, di- recteur de l'imprimerie impériale à Constahàoiople, et.iJU Moniteur ottoman, auteur de l'Histoire la destrucUoii des janissaires ( ouvrage traduit en franc^ par M.' Cfiis- sin de Perceval ) , vient d'être appelé pu: I^orare^ii sùHan à remplir les fonctions de jugé suprême d^ Cpiîifaidtmople {Istamboul kadhissi). ' * ** *"■/

La Bibliothèque royale de Beriin vieat de réoètoôv dfi missionnaires prussiens MM. Gutziaff et'Rbëttgmii «|iiite trouvent actuellement en Chine, un grand nomlinaiidi livres, manuscrits et imprimés, en diflférentca ianjgnfl^Mle l'Asie orientale. ■• A ...'. •."•'#^

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DÉCEMBRE ISMi ^ 6?3.

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Carminum Abulfaragii Bàlhaghœ spécimen ex codice go- ^ thaha^une^prtmini^ediàk/'iaiin^^ertit^ udn&èalitmUms

ingirtiïtit ^f*/* Woii. '>fce#^^£ tf/t<^ài^uoar«Rfi^ ' •I8hiWBi/Lip$!8è/■lJ834i^Iil-8^to*]|Mlge»i^•lno•^ . . ^s-

Aboulfaradj , surnommé IjL^uJl /e Perroquet, est un poëte du x*' siècle de notre eré; il mourut l'an 1007. Les poèmes qusetM^ \^oI£ft oboisi)? ppul^\(^tt|s publiçjiUîan ,^Qnt jextHLÎts âè fouFrage.de .XhaUb intitlilé. fd I^^rl^y^te^s, II y a ajouté trois lettres poétiques adressa; pafr.Apou Ishak à Aboulfaradj, et deuxjréponses de celui-ci. La pré- face contient des détails sur la vie du poëte^ tirés de Thaleb

et diBii icïîàiiicàiï , iiv^è^ ^mq^^ mif^iiu éâr^r^ ètthik-

tère cïe1a poésie' taiitéiïVi^N '^^*' > ^^^^^--^;^;^ y^^v-.

Cet ouvrage est la réimpression du mémoire de M. Davis sur la poésie chinoise, qui avait paru dans le second vo- lume des Transactions de la Société asiatique de Londres, avec quelques additions* Il ^ i^n^né par quelques mor- ceaux qui n'avaient pas encore été imprimés. (Pages 111- 159) Extraits du journal tenu par Tauteur pendant son voyage à Pelcin avec Tambassade de lord Amherst; il con- tient de nouveaux détails sur la célèbre affaire du Koton. (Pages 160-193) Des extraits du roman historique intitulé Histoire des trois royaumes; M. Davis en donne deux spécimens, texte et traduction en regard. (Pages 193-199)

574 JOURNAL ASIATIQUE.

Note sur la justice criminelle en Chine et sur ia possibilité' défaillir à Canton une cour martiale anglaise , pour faire juger selon les lois les Anglais qui se seraient rendus cou- pables d'homicide sur fe territoire chinois. (Page 199) Une ode latine on l'honneur de Camoëns.

IVémJering in new South Waleâ, BatMnmyPêdir Cëost, Sinf^pou and China, heing the Journal of a fUiiut^âlist in thèse eountries during 183Sè'4, bj George. BUACT. London, 1834. 9 vol. in-8^

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CaroU magni Agreltii supplementa eyntaàeoa ayrimm»

prtffatus est J.-G.-L. KoBBGARTBN. GfjfhwiMimf

1834. In-8*. . J

A sketch of chinese history ancient and moderUm eomprî' sing a retrospect of the foreign intercourse akd tirade with China, by the rev. GiitziaiT. 9 vol. cart LondoUy 1834.

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Cet ouvrage a ete très-sevèremcat juge JtansT^mAc Journal, octobre 1834.

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PIN DU TOME XIV. ' "

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TAHiJE Glint^RALE

DES ARTICLES CONTENUS DANS LE XIV* VOLUME.

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f MEMOIRES... ■■;...■:/.:(

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Notice nu* les trç^f po€tet mb!^ytiàUih.i?^r:oz(U^ pi Djé- f

rir, par M. Caussin de Perceval. ( Fin. ) . . . . ^ , , .,'.4 . i . , 6

Conp xfœiJ. historique .snr les. peuples, et la littëimtÉr^ ée ■' t l'Orient^ par M* N^ùiCAifH . 1. «^ .»'v.bk« .w<.%'4^«« »•"' 30

FVftgraeDts d '-un mémoire snr le système tbeogoniqne et enk^ raogooiqne des^ Assjrrietis on des Cbrfdéènir d'AMjrie-, 'par "" ^ M. F. Laja«d. . . . ..... .-.•.;. i . . . ;■ '.'114

Notice sur quelques auteurs géorgiens j par M.'BkoÎÉBT. 143

(SuKe èf fin:}.. :::::::::,:..........::. v. . i3i

I f. . j . :■.■..,

Discours prononcé par M. le baron Silvbstiie ds Sact dam la séance de Chambre des Pairs, le 19 mai 1834. . . . 164

Brève notizia del regnp del Thibet, dal frà Fr%ncefço Ojê^ \: zio DELLA Penna di Billi. .1730. . .. . ... .y^ /,. .^,., * ,.i i7jy

( Suite. ) S73

(Suite «t fiik)b..p«.^.^ .»#. ô 406-

Notice sur fa vie et les travaux de M. J. P. Abel-Rémusat. par'M. Landresse . . . ' ..'..■..'.■. ^ . . .' , .".'i Ï05

rsûite.)! .,."; ;..:.'.:.;• Sfl6

Remarques relatives aux extraits de lliistoire de Rachid-ed: .: din, commentés dans le Nouveau Joom^i asiatique. /par

IW.. DE nAMMER. ,. .. ......... ..•. •■,■.... ^, .«ffk.f.-. '^4o

Aperçu général de la tangue géorgienne , par M. Brosset. 369

Note sur les idoles colossales à Bamian, par AI. Burnes,

lieutenant dans farmée de Bombay 470

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TABLE. CRITIQt'E UTTÉRAIRB.

TEZTCS ET TlUDtlCTIONS.

Vfti p«n*n>. (Q. DM L.).

MuiniM. (G. peL.) .;.;

Sonliiiu "D Ux-uriTun arnL (D.....I.) ,.

Lcmtyyd atarab , pntme île Sétinmn . iT«it»daB «Bwi'fSe , [m M. PumiXi i . y , 1 .,.'.'. i ,1 , ^ .V. .'; ',.'.,.;'. t', . .

CiMupA. (GjMI'L.)... Ui,j.,.i.....y..t.\..,tr..

1^ mon Xabalr. <ffii*uiL; tini «ta raniu JtÀOO». pf H. A. < CAi»snr DK pKitcn'M.. .., ..t.'.. , .

ATii-CCuBl»}...., ,..,. .^, _^

TcliMi-airt-liMiig, vu iM./iMrvcvM «('iMfi.fMln'iw^ epntidb ctinutUc Iruioûr jiv M. Bi^fr|i,. ......... .. .....,,..

LA.WB '......'v. .:....,,..,

Ijt l>«rMii«.(G. DiL).'.....'.'...!..~.'...l :...

Kfù d'util tnAocIlàJi dei Situeti ie'fttnn, ftécéH ■!■ i|n(lqiiei obicTTiitioiu for b pnéait vi(p«, par It. 8.

(C.mL.>...

"<iï . ^ NODVBLLES ET MBLAK6E8.

fliCT«léiiie.'(G- M '■■)•- - *- -■-",

ÙonninoDla Itaoïrlcni. «ppeldi TiiftM daa* le ttaàfÊ^ Bcaiftan îadiaituv diîcouiriirtr d>M ka <»*iron> de Cb-

boai. (M. )...... 1. ;......... .V,.. .....'

RuvDii «ll«^f« par tea iti«lJoni«iiiù.paiu-V^tt«r TÊwioA. '■'Traduitdf r»Mfc».(E.J.)... :.....;;,.;.:'.. "..■.'.. L'. '